Bureau de Daniel
Aidé de Teal’c, le jeune archéologue passa plusieurs heures, à travailler sur les photographies. De la dizaine qu’il avait sélectionnée il n’en retint que deux.
Sam lui avait fait part des conclusions au sujet de la coupure de courant, celle-ci s’était produite à 18 h 17 ce 13 avril. Fort de cette information il avait fait des recoupements. Ce matin aidé de ses amis il avait trié et classé une foule d’objets, et selon son habitude il les avait photographiés immédiatement.
-Je suis sûr que je manipulais un de ses deux objets puisque l’heure de la prise des clichés correspond.
Teal’c avait en main les deux photographies. Sur l’une on voyait une tablette que Daniel avait répertoriée comme étant de la 3ème dynastie, et sur l’autre un objet de forme allongée d’origine inconnue.
La traduction de la tablette ne donna aucune indication, ce n’était que le récit d’une bataille menée par le pharaon. Un texte historique important mais qui n’apportait aucune explication aux événements étranges.
-Il faut se concentrer sur cet objet dit Teal’c en le regardant avec attention. Avez vous d’autres photos Daniel Jackson ?
-En général je photographie les objets sur toutes les coutures, je vais regarder.
Dans son ordinateur, Daniel retrouva une quinzaine de clichés de l’artéfact. Sur une des faces, un texte gravé lui sembla des plus intéressant. Avec Teal’c il se plongea dans la traduction.
Salle de briefing.
-Mon général, je crois que nous avons trouvé dit Sam sans même attendre qu’O’Neill ait prit place.
-Je suis impatient de connaître le fin mot de cette histoire dit-il en s’asseyant.
-Tout a commencé le 13 avril à 18 h 17. Le système a reçu une surcharge qui a coupé le courant quelques instants. C’est à ce moment là que nous sommes passés dans un autre monde.
-Un monde parallèle ?
-Non, en fait il s’agit d’un monde qui s’est créé à partir de ce point précis, dit elle en montrant les diagrammes.
-Expliquez vous ! dit le général qui sentait venir avec désespoir des explications scientifiques qui allaient lui donner la migraine.
-Daniel c’est à vous dit Sam.
Le jeune homme fit circuler les photos sur lesquelles ils travaillaient depuis leur retour.
-Vous souvenez-vous de cet objet ?
O’Neill soupira :
-Il y en avait des centaines dans votre bureau Daniel, comment voulez vous qu’on se rappelle d’un en particulier ?
Daniel continua sans s’occuper de l’interruption de Jack, il avait l’habitude.
-Je tenais cet objet entre les mains lorsque a eu lieu la surcharge. Comme vous pouvez le constater sur les photos, il y a un texte qui n’apparaît pas à l’œil nu. J’ai donc fait un agrandissement de la photo d’origine, dit-il en leur faisant passer d’autres clichés.
Jack commençait à s’impatienter
-Et si vous en veniez au fait ?
-Ce texte est un dérivé de l’Ancien mais grâce à mes connaissances de cette langue et l’aide de Teal’c j’ai ….
Un coup d’œil furieux de Jack l’interrompit dans son élan.
-D’accord, j’abrège dit-il avec regret. Cet objet était un dispositif des anciens destiné à créer un nouvel univers. C’était une sorte de prison.
O’Neill les sourcils froncés se tourna vers son second.
-Carter ?
-C’est exact mon général, en touchant cet appareil à un endroit bien précis, le point le plus foncé ici sur la photo, on pouvait créer un nouvel univers.
Lorsque nous avons reçu le flux de données d’Atlantis, il y avait un descriptif de cet objet et une sorte de mode d’emploi mais nous ne savions pas que le docteur Langford allait en donner un à Daniel.
-Pourquoi parlez vous de prison ?
-parce que les Anciens était un peuple pacifiste et qu’ils ne concevaient pas d’enfermer les gens dans des prisons, alors il savaient fabriqué ce dispositif qui permettait de créer un nouvel univers dans lequel ils envoyaient leurs criminels. Une manière pour eux de s’en débarrasser d’une façon pas trop inhumaine. Naturellement c’était une punition radicale et définitive, il n’y avait aucun retour possible. La personne démarrait à l’instant même une nouvelle vie sans même s’en rendre compte.
-Une chose que je ne comprends pas dit O’Neill, Daniel aurait du être le seul à disparaître ! pourquoi nous ?
-Sans doute parce que nous étions dans la même pièce au moment où Daniel a touché l’artéfact. L’énergie nous a englobé tous les quatre. Normalement cela n’aurait pas du se faire. L’appareil est sans doute défectueux ce qui nous a permis de revenir.
-On l’a échappé belle dans ce cas, conclut O’Neill.
Le général O’Neill garda le silence un moment et se tournant vers Sam.
-Dites moi Carter, mais tout ce que nous avons vécu depuis cet incident…
-Cela ne nous concerne plus mon général …
-Mais.. pourtant cela était vrai !
-Bien sûr tout à fait vrai ! Ce monde continue sans nous, cela ne nous concerne plus.
-Tant mieux, ces Ori étaient terrifiants.
Quartiers de Sam quelques jours plus tard.
Sa situation n’avait guère changé depuis le retour dans leur réalité. Bien sûr le général O’Neill n’était pas à Washington, mais à la base. Le rapprochement n’était que géographique. Pas une seule fois elle n’avait pu échanger quelques mots avec lui. Plusieurs fois elle s’était avancée jusqu’à sa porte, sur le point de frapper, mais elle avait reculé. A quoi bon ? Le cœur serrée elle avait renoncé.
Ce soir signait la fin de leur aventure. Les rapports étaient faits. Elle venait de rendre le sien qui serait ajouté à la longue liste confidentielle de tous les comptes-rendus de missions.
Demain serait un nouveau jour, avec Teal’c et Daniel elle devait partir en exploration de P9N765, un planète d’un lointain système solaire susceptible de posséder du naquadah. Elle soupira.
Incapable de trouver le sommeil, elle retourna dans son labo terminer une expérience. Le travail lui avait toujours réussi. Au bout de plusieurs heures de travail, elle retraversa la base silencieuse, et gagnant ses quartiers, elle se coucha et trouva rapidement le sommeil.
Quelques semaines plus tard
-Demain matin à 10 heures réunion de tout le personnel dans la salle d’embarquement, jeta O’Neill.
Ce fut de cette façon qu’il termina le débriefing ce jour là.
Sam, étonnée du ton abrupt de son chef voulut intervenir :
-Mon général…
-Plus tard Carter l’interrompit-il.
Il disparut dans son bureau en refermant aussitôt la porte. Daniel regarda ses amis d’un air surpris.
-C’est très rare les réunions en salle d’embarquement, dit-il. C’est réservé aux cérémonies habituellement, et…
Sam perplexe, ne l’écoutait pas. Elle ne savait plus que penser. O’Neill était distant depuis le retour dans leur réalité. Ils ne s’étaient pas dits trois mots, et ce mutisme inquiétait Sam. Elle était loin leur connivence d’autrefois. Déjà Sam lui cherchait des excuses. Sans doute l’épreuve qu’il vient de traverser, les blessures qu’il avait eu, sa crainte de ne pouvoir rentrer.
Tous ces évènements les avaient perturbés. Elle-même avait du mal à reprendre le fil de sa vie d’autrefois. Sans cesse elle revivait son angoisse de l’avoir perdu quand la porte de Minera avait été détruite. Elle aurait aimé qu’il leur parle, leur explique ce qui n’allait pas, car visiblement il y avait un gros problème. Elle le voyait à travers la vitre, les sourcils froncés, au téléphone écoutant son interlocuteur.
A regret elle quitta la pièce. Comme à l’habitude son labo serait son refuge où elle pourrait oublier pour un temps ses soucis en se plongeant dans des travaux qui lui prenaient son corps et son âme.
Elle revit Daniel et Teal’c à l’heure du repas. Ils se perdaient en spéculation. Daniel à son habitude envisageait toutes les possibilités. Personne ne répondant à ses propos il finit par se taire et le dîner s’acheva dans le silence.
Sam essaya de voir le général ce soir là, mais il avait quitté la base lui apprit Harriman. Elle hésita à l’appeler, fit le numéro puis au dernier moment raccrocha. Finalement elle termina sa soirée dans la salle de sport où elle s’épuisa de longues heures aux haltères et au putching ball. Cela évacua un peu de sa tension.
Le lendemain elle se dirigea vers la salle d’embarquement. Tout le personnel était là sur plusieurs rangs. Sur la rampe il n’y avait pas d’estrades, rien qui n’indiqua une cérémonie officielle. Le silence se fit et Sam ordonna le garde à vous.
O’Neill et Hammond venaient de pénétrer dans la salle. Ils avaient revêtu tous les deux leur grand uniforme, la poitrine bardée de décorations.
Hammond monta sur la rampe pour voir l’ensemble de l’assistance. Puis il commença un discours où il loua les qualités de O’Neill et il le remercia pour tout le travail accompli au cours de ces mois passés à la tête du SGC. Il retraça sa carrière exemplaire et conclut par ces mots :
-Je regretterai beaucoup votre départ mais je comprends parfaitement votre décision.
L’assemblée resta muette de stupeur. Le cœur de Sam fit un bond dans sa poitrine. IL partait, sans le lui dire, sans doute pour aller à Washington comme dans la ligne du temps qu’il venaient de vivre. Le président avait dû faire appel à lui. La colère gronda en elle, il ne l’avait même pas prévenue.
C’est dans un brouillard qu’elle entendit O’Neill parler de retraite, de quitter l’armée. Les mots se frayaient un passage difficilement jusqu’à sa conscience tellement elle était bouleversée. Elle ne retint que ces mots : « « retraite », « salle » « 14 heures » « accueil » « nouveau commandant ». Non il ne partait pas pour la capitale fédérale mais pour se retirer. Dans ce cas pourquoi n’en avoir parler à personne ? Même pas à elle, ni a SG1…
Les commentaires allaient bon train, le général O’Neill prenait sa retraite, c’était la stupéfaction. O’Neill était un chef apprécié de tous, la, plupart des personnes présentes étaient là depuis le début du projet et O’Neill avait su se les attacher, par son charisme et ses compétences.
Sam sortit de la salle sans parler à personne. Elle avait besoin d’être seule pour digérer la nouvelle.
Elle passa les heures suivantes au fond de son labo, mais sans pouvoir réfléchir un seul instant à autre chose qu’à la nouvelle de son départ.
Les minutes s’égrenaient lentement. Finalement
Une haute silhouette en civil s’avança. Le regard de Sam se brouilla. LUI ! Elle entendit à peine Hammond prononcer les mots d’accueil.
-Je vous présente le nouveau commandant de la base : Monsieur Jack O’Neill.
Jack était souriant, toute tension semblait avoir disparu de ses épaules. Son regard accrocha celui de Sam. Il ne la lâchait pas des yeux pendant qu’il s’exprimait brièvement.
Un joyeux brouhaha envahit bientôt la salle d’embarquement. Elle s’éloigna un moment, profitant de ce qu’il était accaparé. Ses pas la conduisirent tout naturellement vers son labo, dont elle ferma la porte.
Elle ne savait plus que penser. Il avait démissionné de l’armée, quel gâchis ! une si belle carrière écourtée d’une manière aussi radicale. Il avait quitté l’armée ! Pour elle ? Certainement pas. Ils s’étaient éloignés l’un de l’autre depuis si longtemps, à se demander s’il y avait encore une amitié entre eux. Elle repensa au moment intense qu’ils avaient vécu il y avait de ça plus de cinq ans. D’un commun accord ils avaient décidé de ne jamais en reparler. Leurs carrières respectives empêchaient tout rapprochement.
« Mais maintenant, pourquoi a t-il fait ça, sans m’en parler ? ». Elle hésitait entre la colère et la joie. Tout était possible, et son regard dans la salle d’embarquement l’avait transpercée, lui faisant battre le cœur douloureusement et l’obligeant à sortir, au bord du malaise.
Elle n’entendit pas cogner contre le battant. Il était là devant elle, en civil sa veste à la main, elle, assise à sa table, comme il y a deux ans, lors de cette entrevue où elle lui avait montré la bague, reçue de Pete.
-Deux sous pour vos pensées, belle dame ?
Elle le fixait sans pouvoir articuler un seul mot, la bouche sèche et la gorge serrée. Il l’avait fait pour elle, elle en était sûre maintenant.
-Pourquoi ne nous avez vous rien dit ?
elle insista sur le nous, ne voulant pas donner d’emblée un tour trop personnel à la conversation.
-Parce que ce n’était pas gagné du tout. Depuis notre retour je ne pense qu’à ça, mais le président refusait. Il avait tout un tas de bonnes raisons. Finalement j’ai du accepter de rester à la base. Il refusait ma retraite. Mais quitter l’armée paraissait un compromis acceptable.
-Mais …
Il la coupa :
-Carter, ne me dites pas que vous ne comprenez pas pourquoi j’ai voulu quitter l’armée.
-Votre carrière…
-J’étais général, c’est déjà pas mal. Qu’est ce que cela m’aurait donné d’avoir une étoile de plus ?
-Un meilleur salaire peut être ? dit-elle avec malicieusement.
Il hocha la tête et se rapprocha d’elle, toujours assise à sa table.
-Je l’ai fait pour vous Carter, pour nous…J’ai compris beaucoup de choses au cours de cette année durant laquelle j’ai dirigé cette base, autant sur le plan professionnel que personnel. Et j’en suis arrivé à la conclusion qu’aucune faveur, aucun poste, ne valait que l’on sacrifiât sa vie personnelle.
Il avait changé, ce qu’il avait vécu durant les quelques mois de leur « autre vie », lui avait prendre conscience de l’essentiel. Coincé par la destruction de la porte de Minera, il n’avait pu supporter l’idée qu’il ne la reverrait peut être jamais.
Maintenant debout devant elle, il le lui disait, plus par son regard que par des mots, car il avait toujours été avare de paroles. C’était un langage qu’elle comprenait parfaitement. Pour la première fois depuis bien longtemps elle se laissa aller, quelques larmes coulèrent sur ses joues qu’il essuya de son pouce, et il la prit tendrement dans ses bras.
FIN