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La dictature, c'est "ferme ta gueule", et la démocratie, c'est "cause toujours". - Coluche
Imagine

Une vie à vivre : Chapitre 1

L’endroit ne lui avait jamais paru aussi calme. Seuls deux soldats en faction, tentant de rester éveillés dans la salle d’embarquement, et le sergent Harriman devant son écran en salle de commande, animaient les lieux.

Depuis la salle de briefing, Samantha Carter observait la Porte des Etoiles, majestueuse et toujours impressionnante malgré les années. Elle soupira, cette fois l’aventure s’achevait pour SG1.

 

Daniel était parti trois jours plus tôt sur le site Alpha, Teal’c sur Dakara le même jour. Il y a à peine une heure le Général Jack O’Neill avait quitté la Base pour Washington. Elle soupira, elle même partait en zone 51 le lundi suivant. SG1 était officiellement dissoute et ils se retrouvaient tous éparpillés aux quatre coins.

Elle tourna le dos à l’anneau de naquada et jeta un coup d’œil circulaire à cette salle qui les avait accueillie depuis plus de huit ans. Elle sourit un instant en repensant à la première fois où elle y était entrée. Elle fit quelques pas pour redresser un des drapeaux puis sortit.

Elle croisa peu de monde, il faut dire que depuis la victoire sur Anubis tout était très calme et des permissions supplémentaires avaient été accordées. Elle s’arrêta une seconde devant le bureau du Général, déjà le nom du nouveau dirigeant y figurait. Elle ne s’attarda pas, il lui fallait finir de ranger ses affaires pour partir à son tour.

Elle entra dans son labo et souffla un coup, il fallait qu’elle s’y mette. Elle fit un léger tri et entassa les objets dans différents cartons de façon très ordonnée. Elle y passa deux bonnes heures. La dernière chose qu’elle prit était une photo de SG1 avec Janet et Cassandra quelques jours seulement après que la jeune extra terrestre soit adoptée par le docteur Frasier. Elle sourit tristement, il s’en était passé des choses depuis.

 

Voilà tout était en ordre, il ne lui restait plus qu’à partir, des soldats lui livreraient les cartons le lendemain, Sam prit uniquement celui contenant ses affaires personnelles. Après un dernier regard, elle éteignit la lumière et ferma la porte.

 

En sortant de l’ascenseur, elle prit une inspiration et salua le garde puis dans l’obscurité, elle alla jusqu’à son véhicule puis posa son bien dans le coffre et monta à bord, soulagée de s’asseoir. Alors qu’elle allait mettre le contact, sa main trembla et elle éclata en sanglots. Le corps secoué et la tête sur le volant, rien ne semblait vouloir s’arrêter.

La pression des derniers jours retombait enfin, la laissant face à sa vie. Son père était mort, il y a à peine dix jours, elle avait rompu ses fiançailles et il ne lui restait plus rien de son ancienne vie. Depuis quelques temps déjà, elle accumulait sans se rendre compte, il y avait tellement à faire, pas le temps de pleurer la perte de son père ou de rompre délicatement avec celui qui avait failli devenir son mari. Non, pas le temps. Même les deux jours dans le Minnesota ne lui avaient laissés guère de repos. Aujourd’hui enfin tout sortait, libérant le poison de ses veines durement…Aujourd’hui, elle réalisait qu’elle n’avait plus rien. Alors elle pleura, cria en tapant sur le volant, longtemps, très longtemps, elle y serait probablement encore, si deux bras puissants ne l’avaient pas extirpée de la voiture. Elle regarda celui qui venait troubler sa peine et vit deux yeux bruns inquiets la sonder. S’en fut trop, ses jambes cédèrent tandis que les sanglots redoublaient. Il la retint et la serra contre lui.

 

-         Pourquoi, il ne m’a rien dit, on aurait pu le sauver

-         Jacob était un homme fier

-         Il m’a encore laissé tomber

-         Je suis désolé.

Elle serra le cuir de la veste continuant de pleurer dans les bras de son supérieur, elle ne s’étonna pas de sa présence, et s’accrocha à lui. D’une main douce il lui caressait le dos d’un geste se voulant apaisant. Ils restèrent un moment comme ça, jusqu’à ce que Jack entende un bruit de pas. Il n’avait pas envie qu’on les surprenne et il savait surtout que Sam n’aurait pas voulu qu’on la voie dans cet état.

 

-         Venez, je vous ramène

-         Non, je vais me débrouiller affirma t’elle en s’écartant de lui

 

Elle se tourna vers sa voiture, Jack lui saisit le bras et la souleva de terre la posant sur son épaule tel un sac.

 

-         Je ne vais certainement pas vous laisser conduire ce soir

-         Ma voiture…objecta la femme en essayant de descendre

-         Quelqu’un vous la ramènera chez vous demain avec vos cartons. On ne discute plus maintenant, la coupa t’il d’une voix qui ne permettait aucune objection

Il la porta jusqu’à sa jeep où il l’installa, puis ils partirent en silence vers la maison du Colonel Carter.

Arrivés à destination, elle descendit du véhicule d’un pas mal assuré et alla ouvrir sa porte. Sans allumer la lumière elle s’affala dans son canapé. Il l’avait suivi jusque là, prenant soin de fermer la porte d’entrée puis il s’assit à ses côtés, attendant qu’elle dise un mot ou qu’elle fasse un geste.

La voir comme ça ne le surprenait guère, il avait même cru qu’elle aurait craqué avant. Mais non, elle tenait. Il ne savait pas ce qui l’avait fait craquer ce soir mais il était plutôt satisfait qu’enfin elle laisse sortir sa peine. Et surtout satisfait d’avoir été là.

 

Elle était épuisée, vidée quand elle cessa enfin de pleurer. Elle s’était tu d’un coup, réalisant sans doute inconsciemment qu’elle avait baissé sa garde et qu’elle était en présence de quelqu’un et pas n’importe qui. En présence de Jack O’Neill.

 

Elle se leva sous son regard attentif et se dirigea vers la cuisine. Elle revint deux minutes après, deux bières à la main et s’étant recomposée un visage un peu plus neutre. Elle lui tendit la bouteille et se rassit à ses côtés

 

-         Je vous croyais déjà arrivé à Washington

-         L’avion n’a pas voulu décoller, il y a un gros orage sur la capitale, je pars à la première heure demain

-         Je vois

-         Je suis passé chez vous et comme il n’y avait personne, j’en ai déduit que vous étiez encore à la Base et me voilà

-         Vous vouliez quelque chose de particulier ?

-         Non, je me suis dit que pour ma dernière soirée dans le Colorado, être avec une amie serait sympa

-         Désolée de gâcher cette soirée

-          Ah les femmes ! A chaque fois qu’elles ouvrent la bouche c’est pour dire des conneries

-         Hey ! râla t’elle en lui donnant un coup de coude dans les côtes

-         Attention je vais devoir faire un rapport pour coups et blessures sur votre supérieur direct

-         Techniquement vous ne l’êtes plus

-         Plus directement certes. Mais je suis tout de même plus gradé que vous. Alors un peu de respect, dit t’il faussement autoritaire

-         Ok, je respecte mes aînés de toutes manières

-         Hey, ça va, je ne suis pas si vieux dit t’il la bousculant à son tour.

-         Bien sur que non mon Général, vous êtes un enfant en comparaison de Teal’c

-         Carter, c’est la fessée qui vous guette

 

 

Il ne réalisa ses propos qu’en la voyant rougir. Gêné, il but une gorgé de bière alors que des images grivoises se formaient dans sa tête.

 

-         Vous avez faim ? demanda t’elle pour changer de conversation

-         Un petit creux oui

-         Des spaghettis carbonara vous conviendraient ?

-         Largement

 

 

Elle se leva et alla à la cuisine pour leur préparer un petit repas. Il la rejoignit pour l’aider en mettant la table.

Elle fixait l’eau en train de chauffer, perdue dans ses tristes pensées. La présence de Jack lui faisait du bien mais lui rappelait sa solitude, demain il ne serait plus là.

 

-         Ca va ? demanda t’il doucement

-         Hein ?…euh, oui, je réfléchissais

-         Laissez moi faire, asseyez vous, dit t’il en la poussant doucement

 

Elle ne s’y opposa pas et le regarda faire, l’esprit déjà envolé ailleurs.

 

 Il mangeait avec appétit alors qu’elle se contentait de mélanger ses pâtes silencieusement. Il se tut, dans d’autres circonstances il lui aurait fait un sermon sur la nécessité de manger, juste pour la faire rire mais là, il valait mieux se taire.

 

Au bout d’un long moment, il débarrassa la table, tandis qu’elle sortait de la cuisine. Il la retrouva dans le canapé les yeux fixés sur un point visible d’elle seule. Il s’approcha, s’assit et passant un bras sur son épaule la força à poser la tête sur lui. Ainsi positionnés, ils s’enfonça dans le canapé et attendit.

 

-         Tout le monde est parti cette fois, on se retrouve tous éparpillés loin des autres, je ne sais pas si je saurais vivre autrement.

-         C’est vrai que ça a changé, mais je suis sûr que ça ira

-         Je ne sais pas. Nous avons vécu dans une sorte de bulle à quatre et j’ai l’impression d’avoir perdu mes repères

-         Je sais ce que vous ressentez. Je sais aussi que cette impression est plus vive pour vous parce que votre père vient de nous quitter.

-         Possible, mais tout est différent. C’est fini à présent

-         Carter, nous allons tous nous revoir, nous appeler, on ne coupe pas les ponts

-         C’est ce qu’on dit, et on le fait au début puis on oublie, on devient des étrangers

-         Faut arrêter le naquada en poudre Carter. Vous croyez réellement que nous n’aurons plus aucun contacts ? Vous ne pouvez pas penser ça, nous sommes tous amis, d’accord on se verra moins souvent mais je doute sérieusement que nous devenions des étrangers les uns pour les autres. Pas après ce que nous avons traversé.

-         J’espère

-         En plus on travaille tous encore sur le même projet, on est obligé de se voir. Vous verrez, vous nous trouverez sans doute même envahissants.

-         Ne faites pas attention, je dis n’importe quoi ce soir

-         Je vois ça. Je suis sûr que vous allez vous amuser comme une petite folle en zone 51, vous allez être au Paradis là bas avec tous ces trucs qui clignotent

-         Probable, et puis je me rapproche de Cassy

 

Elle souffla et se composa un sourire, il avait l’air inquiet pour elle et elle ne voulait surtout pas ça.

Jack la sentant se détendre, prit la télécommande et alluma la télévision, sans bouger, ils regardèrent une comédie. Avant le générique de fin, il sentit la tête de Sam s’alourdir, elle dormait. Avec précaution, il se leva et se pencha sur elle pour la porter jusqu’à sa chambre

 

 

-         Qu’est ce que vous faîtes ? demanda t’elle dans un demi sommeil

-         Je comptais vous mettre au lit

-         Oh, fit t’elle pleine de sous entendus

-         Je comptais redescendre ensuite, j’espérais que vous me prêteriez votre canapé jusqu’à demain

-         Comme vous voulez. Suivez-moi, je vous donne un oreiller et une couverture

-         Merci

 

 

Sam lui donna ce dont il aurait besoin pour la nuit puis lui laissa la salle de bain. De son côté Jack se sentait un peu perturbé, elle était si près de lui, et cette lueur dans les yeux qu’elle avait eu quand il lui avait offert de la coucher, lui avait donné des sueurs froides. Il s’était imaginé un instant avec elle dans cette chambre faisant un combat au corps à corps que l’armée n’apprenait pas à ses recrues. Il se regarda dans le miroir et se vit avec un air niais. Un bruit dans la chambre de Sam le fit sursauter, la jeune femme avait poussé un léger cri et un objet était tombé ensuite. Il alla frapper à la porte puis timidement entra sans attendre la réponse

 

-         Un problème ?

-         C’est rien, j’ai marché sur un objet et je me suis énervée, j’ai un peu shooté dedans

-         Résultat vous vous êtes fait encore plus mal

-         Ca va, râla t’elle en se frottant l’orteil

-         Faites voir ça…Vous allez avoir un beau bleu, dit t’il moqueur

-         Alors, que faites vous là, vous veniez me border ? fit t’elle sur le même ton

-         Non, je venais voir si vous alliez bien, comme vous avez crié…mais si vous y tenez, je veux bien vous border, affirma t’il amusé

-         Chouette, j’attends, dit t’elle en entrant dans le lit, un sourire aux lèvres de le voir surpris qu’elle accepte

-         Ok, une histoire en plus ?

-         Je ne suis pas contre

-         Allez dodo mademoiselle, il est trois heures et je pars à 8h pour prendre cet avion

 

Il se fit un devoir de la border correctement sous le regard amusé de la jeune femme, puis s’assit

 

-         Merci

-         C’est un plaisir

-         Non, merci pour tout

-         Je vous en prie.

-         On se voit avant votre départ, je vous accompagne à l’aéroport ?

-         Si vous voulez, ça me ferait plaisir

-         Vous allez me manquer, dit t’elle tristement en le serrant dans ses bras

-         Vous aussi, Répliqua t’il en répondant à cette étreinte.

 

 

Ils profitèrent quelques minutes l’un de l’autre, ayant chacun l’impression de perdre quelque chose. Il lui caressait la nuque du pouce alors qu’elle s’accrochait à lui. Elle frissonna et il s’écarta légèrement d’elle pour la regarder

 

-         Vous avez froid ?

-         Non, murmura t’elle troublé de la proximité du visage de Jack

 

Il lui sourit tendrement et repoussa une mèche de cheveu sans la quitter des yeux. Il déglutit un peu, conscient qu’ils étaient proches, trop proches mais pourtant sans envie de s’éloigner. Elle avança d’à peine un millimètre mais il le remarqua et combla l’espace pour poser les lèvres sur celles de Sam. Cela ne dura que quelques secondes, il s’écarta aussi vite.

 

-         Non, on n’a pas le droit, ce n’est pas bien

-         Mais je

-         Non, on s’en voudrait, nous finirions par le regretter demain. Il vaut mieux que je descende

-         Attendez

-         Bonne nuit Carter, dit t’il en quittant la chambre précipitamment.

 

 

Sam laissa sa tête retomber lourdement sur l’oreiller, il l’avait laissée plantée là. Comment pouvez t’il lui faire ça ? Elle pesta dans son lit puis au bout de vingt minutes, n’y tenant plus elle se leva. Il faudrait qu’il s’explique, qu’il le veuille ou non.

 

Doucement elle descendit les marches et se rendit dans le salon. Il n’était pas là, elle fit le tour de la maison et ne le trouva pas. Soulevant un rideau, elle découvrit que sa voiture avait disparu. Jack O’Neill avait fui.

 

*****

 

Sam prit son poste en zone 51 comme prévu et s’occupait de Cassandra le plus possible. Celle ci avait des soucis personnels et Sam la soutenait.  Le travail du Colonel Carter était moins prenant que l’autre mais lui permettait de s’isoler pour travailler. Elle avait Daniel au téléphone assez souvent ou grâce à la web cam. Teal’c donnait lui aussi des nouvelles dès qu’il mettait un pied sur Terre. Quant à Jack, elle n’en entendait plus parler ou presque. Uniquement si la situation professionnelle l’exigeait. Elle l’avait vu trois fois et il se montrait froid. Au départ, elle s’était dit qu’il agissait de la sorte parce qu’ils n’étaient pas seuls mais elle avait vite comprit que cela ne changeait rien. Aucun souvenirs de leur complicité d’antan. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, il lui avait demandé de retourner au SGC, le Général Landry voulait qu’elle revienne dans SG1. Elle avait accepté, se disant qu’au moins elle serait avec des amis.

 

 

*****

 

Jack bougonnait, qu’est ce qu’il lui avait prit d’accepter de rendre service à un copain. Il avait l’air fin maintenant. Faut dire que lorsque Jim était arrivé démoralisé en disant qu’un de ses bénévoles venait de le laisser tomber, Jack s’était proposé naturellement pour l’aider, juste en dépannage.

 

-         Je dois aller à Colorado Springs cette semaine là,  j’irai à Denver avant d’aller dans le Minnesota,  avait t’il dit

 

Bien sûr, trop content Jim avait accepté immédiatement. Aussi quand Jack arriva en début d’après midi, et qu’on lui expliqua ce qu’il devait faire, il avait failli faire demi tour

 

-         S’il te plait Jack, tu ne peux pas nous laisser tomber, les gosses attendent ça depuis longtemps

-         Tu aurais pu me le dire avant

-         Je croyais que tu avais compris

 

Voilà comment le Général Jack O’Neill se retrouvait avec une barbe blanche, un ventre qui l’empêchait de voir ses pieds et un ridicule costume rouge. Lui qui détestait Noël. Cependant l’après midi passant, le sourire et les yeux illuminés des enfants, le rendait fier.

Il ne lui restait à présent que la soirée à passer en costume, pour les enfants des bénévoles.

 

 

-         Jim, héla t’il doucement. Je peux avoir un verre ? Je crève de chaud là dessous.

-         Ok, je t’amène un jus de fruits.

-         T’as pas une bière ?

-         Ca va pas, pas d’alcool dans ce costume. Que vont penser les gosses ?

-         Je te jure que je me vengerai.

-         Tiens, lui dit il en lui offrant un jus d’orange. « Voyons c’est presque fini Jack, ajouta t’il

Des éclats de rire coupèrent la conversation. Trois jeunes femmes arrivaient en riant. Jack crut avoir un infarctus en voyant Samantha Carter. Il fallait qu’il se cache, il allait être ridicule dans ce costume. Elle passa près de lui et ne lui jeta aucun regard. Il fut soulagé, il est vrai qu’ainsi accoutré et avec les lunettes il était méconnaissable.

 

-         Voilà une de mes bénévoles préférées, soupira béatement Jim

-         Qui ça ?

-         La blonde, Samantha. Elle vient parfois donner des cours aux enfants et aussi il lui est arrivé de réparer des trucs ici et là. C’est dingue, j’aurai jamais cru qu’une femme avec un tournevis pouvait être aussi excitante.

-         Elle vient depuis longtemps ? demanda t’il en essayant de ne pas répliquer à cette remarque

-         Oh oui, huit ans environ. Je ne sais pas ce qu’elle fait parce qu’elle s’absente souvent mais elle est fidèle au poste. Quand elle ne peut pas venir, elle envoie des amis et de l’argent

-         Elle vient depuis tout ce temps et tu ne sais rien d’elle ?

-         C’est la devise ici Jack, que l’on soit bénévole ou dans le besoin on a le droit à l’anonymat, seul le directeur connaît les dossiers des bénévoles pour des raisons de sécurité naturellement

-         Ouais. Et les autres ?

-         C’est justement des amies à elle, Samantha nous les a envoyé une fois et elles reviennent. Kate est avocate, elle nous aide dans bien des domaines. Mary possède un restaurant en ville, elle nous offre des repas et vient aider à la cuisine parfois. Elles sont toutes formidables

-         Je veux bien te croire, dit t’il en suivant des yeux Sam

-         Hey, prends un ticket Jack, je l’ai vue avant toi

-         Si tu te poussais toi, les enfants ont peur de venir quand t’es là

 

 

Jim le laissa et en profita pour aller saluer le trio de jeunes femmes. Jack s’assombrit soudain. Elle lui manquait beaucoup. Ca faisait un moment qu’il ne l’avait pas vue et leurs rapports n’étaient pas des plus chaleureux. Au contraire. Il en était responsable et en était conscient mais il n’avait trouvé que cette méthode pour s’empêcher de se jeter sur elle pour l’embrasser et pour ne pas laisser libre cours à ses désirs. Il ne pensait vraiment pas la voir. Il s’était même arrangé pour que son intervention dans le Colorado se passe alors qu’elle serait en mission. Il avait réussi, quand il était arrivé ils étaient tous partis et sa réunion avec Landry s’était passée sans souci. Et voilà qu’elle se trouvait là ce soir. Jamais il n’avait su qu’elle donnait un peu de son temps pour cette association, elle n’en n’avait jamais parlé. Par humilité, pensait t’il. Il l’observa en train de sourire à Jim tandis que celui ci se faisait charmeur. Jack sentit la jalousie lui nouer l’estomac mais se reprit, s’était ridicule, surtout maintenant. Il les vit tous les quatre rire et se sentit mal. Une chose le gênait affreusement et il ne savait pas quoi. Aussi, il se fit plus attentif. Au bout d’à peine quelques secondes, il trouva ce qui le dérangeait. Sam avait changé, beaucoup changé. Son corps était plus maigre même si sa musculature le cachait bien. Son sourire était éteint, sans âme. Ses éclats de rire sonnaient faux pour quelqu’un comme lui qui la connaissait bien. Elle n’était pas heureuse, c’était clair pourtant, elle se cachait derrière ce masque de gaieté et personne ne le voyait, sauf lui.

 

Il fut sorti de ses pensées en entendant le rire des deux jeunes femmes accompagnant Sam se rapprocher.

-         Allez Sam, c’est marrant

-         J’ai passé l’âge Kate

-         Et alors, je t’en prie ne fais pas ta sainte Sam, je t’ai connue plus fofolle que ça, dit Mary avec un sourire de défi

-         Elle a raison Sam, allez, moi j’y vais, et faites une belle photo dit t’elle en riant et en s’avançant vers le père noël

Jack se raidi en voyant les femmes devant lui, surtout que deux d’entres elles avaient l’air décidé à passer commande au père noël. Bien sur, ça l’amusait et il s’en fichait des deux autres, mais il avait peur que si Sam le faisait, elle ne le reconnaisse. Il inclina la tête cependant et tendit la main à la jeune femme qui arrivait. Elle s’installa sur ses genoux d’un air malicieux ;

 

-         Bonsoir Père Noël

-         Bonsoir Kate dit t’il amusé en faisant mine de lire son badge

-         J’ai été très sage vous savez

-         Je n’en doute pas, alors que voulez vous pour Noël, jeune demoiselle ?

-         Voyons…ah oui, je veux que l’équipe nationale de foot perde dès le début et que mon mari m’emmène en vacances plutôt qu’il reste devant la télé à les regarder courir après ce stupide ballon

-         Ah là, ce serait contre mes principes de faire perdre l’équipe mais je verrai si je peux faire quelque chose pour le voyage

-         Merci, je peux faire un bisou au Père Noël

-         Oh mais j’accepte tous les présents dit t’il amusé alors qu’elle s’exécutait pendant que son amie faisait une photo

 

 

Elle descendit de ses genoux et laissa la place à Mary qui s’installa confortablement.

-         Salut père noël

-         Je vous salue Mary

-         Oh vous êtes un comique vous

-         Alors que voulez vous ?

-         10 ans de moins…Non je voulais juste m’asseoir sur vos genoux c’est un fantasme les barbus bedonnants

-         Dans ce cas, ravi de vous faire plaisir. Alors c’est comment ?

-         Parfait

Elle le remercia en riant avant de descendre à son tour

 

-         Allez Sam, vas-y pour la photo

-         Non, c’est ridicule

-         T’es pas drôle, je vais vraiment finir par croire que tu es aussi coincée que certains le disent

-         Bon ça va, mais pas longtemps, juste pour la photo

-         Ok, répondirent ses amies en cœur

 

Sam se dirigea pas très décidée vers le Père Noël. Jack, lui, retenait sa respiration en espérant qu’elle ne le reconnaîtrait pas. Elle le scruta un instant, suspicieuse

-         Un problème ? demanda t’il en modifiant sa voix

-         Non, je me demande juste si vous êtes un pervers qui en profite quand il a une femme sur ses genoux

-         Rassurez vous Samantha, je n’ai pas ce genre de perversité, mais si vous y tenez

-         Non merci, répondit t’elle amusée en s’asseyant sur lui

-         Alors belle jeune femme que désirez vous pour Noël ?

-         Rien. Je n’aime pas Noël, je suis là pour la photo. (élevant la voix) Alors les filles vous faites quoi ?

-         Attends, je change les piles

-         Super, râla doucement Sam

-         Noël ne dure qu’un temps, après le traditionnel repas familial vous serez débarrassée

-         Noël sera devant ma télé

-         Pas de famille, de mari pour faire la fête ?

-         Non rien de tout ça…

-         Une femme comme vous ne peux pas être seule, un petit ami ? demanda t’il pour comprendre ce qu’elle voulait dire

-         Non, personne, mon ex passe noël dans ce qui me reste de famille et comme je ne suis pas la bienvenue la-bas, je préfère rester seule

-         Vous m’en voyez désolé, dit t’il encore sous le choc

-         Pas moi

-         Je peux vous poser une petite question personnelle ?

-         Vous verrez bien si je vous réponds

-         Vos deux amies ne voient pas que vous êtes triste et que vous ne faites que jouer la comédie pour paraître heureuse ?

-         Qu’est ce que vous en savez ?

-         Je suis le Père Noël, je sais tout

-         Oui j’oubliais…Je vais bien, je suis juste fatiguée, et puis ce soir elles m’ont dit de venir m’amuser avec elle, c’est qu’elles ne sont pas si dupes

-         Mais elles ne voient pas quand même, pas totalement

-         Ca y’est, elles ont mis des piles neuves, dit elle en se composant un magnifique sourire

-         Vous êtes douée, murmura t’il

-         Merci.

-         Vous êtes sûre de ne pas vouloir quelque chose ?

-         Vous seriez incapable de me donner ce dont j’ai besoin, affirma t’elle fataliste

-         Vous ne devriez pas être seule demain pour le réveillon

-         Ce n’est pas grave.

-         Des amis

-         Ils sont occupés, mon meilleur ami est en voyage, l’autre dans son pays, ma filleule en France et…

-         Et ?…

-         Et rien, lui est beaucoup trop occupé à me fuir…enfin, laissez tomber, merci pour la photo et bonne fête de fin d’année à vous monsieur

-         J’ai aimé parler avec vous

-         Moi aussi, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs…comme si je vous connaissais

-         La magie de noël

 

 

Elle lui fit un petit sourire et rejoignit ses copines. Jack était perturbé. Il venait d’apprendre que Sam était célibataire, il était pourtant sûr qu’elle devait épouser ce flic. Oui il savait que le mariage avait été repoussé et il trouvait ça logique après la perte de Jacob mais il ignorait qu’ils avaient rompu, il se demandait depuis quand. Il se demandait aussi pourquoi son frère ne voulait pas la voir, il les croyait en bons termes maintenant.

C’est le cerveau en ébullition qu’il rentra à son hôtel ce soir là.

 

Lendemain

 

Sam rentra de la Base de bien mauvaise humeur, elle avait appris que le Général O’Neill était passé la veille et ne les avait même pas attendu pour dire bonjour. Elle savait très bien que c’est elle qu’il évitait et pas Daniel et Teal’c. D’ailleurs s’ils avaient su ça avant de partir, ils auraient été furieux, enfin Daniel surtout.

Elle alla se changer, enfila un short et un petit débardeur dévoilant son nombril. Il fallait qu’elle se défoule, un jogging lui ferait le plus grand bien. Cependant, en redescendant, elle sentit son courage fondre. Il était 18h30, c’était le 24 décembre et elle était seule, prête à partir courir dans les rues de Colorado Springs. Elle renonça et alla s’allonger dans le canapé, un pot de glace à la main.

Elle regarda les émissions proposées où s’étalaient visions de bonheur et de générosité surfaites pour noël.

 

Ridicule pensa t’elle. Les gens sont uniquement gentils une journée par an et faudrait leur décerner une médaille.

 

Elle se leva en entendant sonner à sa porte, elle ouvrit et découvrit sa voisine en tenue de fête lui faire un sourire

 

-         Bonsoir mademoiselle Carter, désolée de vous déranger ce soir

-         Ce n’est rien, je peux faire quelque chose pour vous ?

-         Je venais voir si vous auriez un tire bouchon, nous venons de casser le notre

-         Oui, je vous apporte ça…Voilà et bonne soirée

-         Merci, je vous le ramène au plus vite

 

 

Sam referma la porte, en s’imaginant déjà la voisine se lamenter encore en disant « la pauvre elle est seule ce soir on dirait ». Reprenant son pot de glace elle retourna devant la télé où un film commençait. Elle soupira, ce film elle l’avait déjà vu, ça finissait en un drame horrible. Tant mieux, c’est toujours moins pénible que tous les bons sentiments des films où tout fini bien.

 

Peu après la sonnerie de la porte retentie de nouveau. Sam pesta, elle n’avait pas envie d’être dérangée, elle n’avait qu’à le garder ce fichu tire bouchon. Elle resta assise tandis qu’on insistait. Se levant d’un bond, agacée, elle ouvrit la porte sèchement.

 

-         Fallait le gar…Général ? dit elle surprise en découvrant Jack derrière sa porte

-         Bonsoir Carter, dit il timidement

-         Qu’est ce que vous faites là ? demanda t’elle un peu sèchement

-         Je passais et… enfin je suis là

-         Oh,

-         Je peux entrer ?

-         Si vous voulez, dit elle alors qu’elle retournait à son film. Faites comme chez vous, vous connaissez, quand vous en aurez marre vous partirez discrètement

-         Je vois, vous m’en voulez

-         Du tout. Alors que faites vous là vraiment ?

-         En fait, je suis allé à la Base, et je passais dans le quartier quand j’ai vu de la lumière chez vous. Je me suis dit que je pourrais venir vous dire bonjour.

-         C’est aimable à vous

-         Je ne dérange pas, vous attendez peut être du monde ?

 

 

Elle se regarda puis reposa les yeux sur lui

 

-         J’ai l’air prête pour faire la fête là ?

-         Euh…non, dit il en remarquant la tenue qu’elle portait ou le peu de tenue, se reprit t’il

-         Et vous ?

-         Y’a longtemps que je ne fête plus Noël, répondit t’il tristement

-         Désolée, affirma t’elle sincèrement en pensant au fait qu’il avait perdu son fils donc toute envie de fêter ce genre d’évènement familial

-         Vous me semblez bien morose ?

-         Non, ça va

-         Faut dire qu’avec ce genre de film, y’a de quoi déprimer…Voyons Carter y’a de superbes comédies ce soir

-         Si vous le dites

-         Et vous comptez vous nourrir de glace à la vanille uniquement ?

-         Non, j’ai déjà avaler celle au chocolat

-         Oh, vous avez raison c’est plus nourrissant

-         Vous êtes venu pour me donner des conseils alimentaires ?

-         J’ai un aveu à vous faire

-         Allez y

-         En fait, j’ai cru comprendre que vous étiez seule ce soir en allant à la Base, vous savez Siler, vous lui avez dit qu’il pouvait vous appeler que vous ne faisiez rien

-         Et ?

-         Et, je me suis dit que l’on pourrait dîner à deux et je suis passé dans un supermarché, prendre de quoi manger

-         C’est gentil mais je n’ai pas très faim

-         Je fais la cuisine

-         Comme vous voulez, dit elle lasse en se tournant vers l’écran

 

 

Jack alla à sa voiture chercher le repas, elle avait dit oui mais il n’était pas satisfait, elle avait accepté comme ça, n’ayant pas envie de discuter. Jamais il ne l’avait vu aussi abattue même après la mort de son père. Il était encore plus inquiet maintenant.

Il prépara le tout sans qu’elle ne vienne voir ce qu’il faisait dans la cuisine. Il chercha donc ici et là ce dont il avait besoin. Au bout d’une longue heure, il revint dans le salon. Elle n’avait pas bougé, toujours assise, les jambes par dessus l’accoudoir et le pot de glace terminé. Il ne dit rien et alla jusqu’à la table de la salle où il dressa une jolie table, mettant même un bouquet de fleurs qu’il avait acheté.

 

 

-         Vous venez, c’est prêt

-         Quoi ? demanda t’elle semblant prendre conscience de sa présence

-         Le dîner, tout est prêt de l’entrée au dessert

-         Bon appétit

-         Allez, venez Carter, debout, dit t’il la tirant par le bras

 

 

Mollement elle se laissa faire, surprenant Jack qui pensait la voir résister. Mais non, elle s’installa sans motivation, restant silencieuse. Passé l’entrée qu’elle avait à peine touchée, Jack prit la parole

 

-         Cassy m’a appelé avant de s’envoler pour Paris

-         Oui, elle me l’a dit

-         C’est une bonne idée ce voyage en France

-         Oui

-         Elle dit que si cela se passe bien elle voudrait y retourner cet été comme jeune fille au pair

-         Je sais

-         Elle a grandi la petite fille de douze ans

-         Oui

-         Vous êtes peu bavarde ce soir

-         Sûrement que je n’ai rien à dire

-         C’est étonnant de vous

-         Je vous avais dit que nous deviendrions des étrangers l’un pour l’autre

-         Ok, vous avez raison, je n’ai pas été disponible pour vous depuis mon départ

-         Ca n’a plus d’importance

-         Si au contraire, je suis navré de ne pas avoir été là

-         Je ne vous reproche pas d’être un homme occupé

-         Je le suis, c’est vrai

-         Je vous reproche juste votre froideur envers moi et d’avoir failli à votre promesse

-         Je sais, j’ai été nul sur ce coup là, vous m’en voyez désolé. Je crois que j’ai un peu paniqué la dernière fois et après j’étais mal à l’aise

-         Au point de me traiter comme une étrangère…c’est pas grave, je vous l’ai dit, ça n’a plus d’importance

-         Je suis là ce soir et

-         Oui c’est la trêve de Noël sans doute, après tout redeviendra comme avant

 

 

Jack l’observait, elle parlait d’un ton fataliste, même ses reproches se faisaient d’un ton las. Elle était épuisée moralement, ça se voyait, elle le cachait à peine, sachant probablement qu’il n’était pas dupe lui. Il se leva et alla chercher le dessert. Quand il revint, elle avait la tête appuyée sur sa main et les yeux dans le vague. Machinalement, elle joua avec la part de gâteau au chocolat sans pour autant la manger.

 

 

-         Excusez moi, dit elle en se levant et en quittant la salle

 

Il entendit la porte des toilettes claquer et soupira. Il ramassa alors leurs assiettes et retourna vers la cuisine. Jack stoppa devant la porte où elle était enfermée. Il entendit la jeune femme pleurer et son cœur se serra.

 

Assise par terre, elle tentait de réfréner ses larmes, en vain. Depuis quelques temps déjà, elle pleurait sans raison apparente sans pouvoir se calmer. Ce soir, elle aurait voulu ne pas craquer, surtout devant lui. Elle savait que s’enfermer dans les toilettes était idiot, Jack allait deviner, il devinait toujours quand elle n’allait pas bien, elle ne pouvait pas lui cacher grand chose. Mais elle faisait comme si et lui aussi. Elle entendit son pas s’arrêter derrière la porte et au lieu de se taire, les pleurs redoublèrent. Elle aurait voulu qu’il ne vienne pas, son absence était difficile à supporter mais le voir était pire finalement. Jack O’Neill était associé au respect, à l’espoir, à la quiétude, la sécurité mais aussi à beaucoup de souffrance. Et maintenant elle ne percevait plus que ce sentiment de souffrance, le reste était trop loin, trop fugace…

 

Quand elle ressorti enfin, Jack était dans le canapé un verre de vin à la main. Elle alla à la cuisine puis réapparu peu après. Il lui tendit un autre verre qu’elle accepta. Il fit mine d’ignorer son teint blanc et ses yeux rouges, tout comme elle fit mine d’ignorer son inquiétude. Elle but son verre rapidement et se resservit sans commentaire de Jack. Il se leva simplement et alla préparer du café, c’était ses deux premiers verres de la soirée mais il pensait qu’il valait mieux qu’elle s’arrête là. Ouvrant un placard pour prendre les tasses, il vit sur le rebord de l’évier, un flacon de médicaments renversés, il l’attrapa et regarda l’étiquette. Des somnifères. Il retourna précipitamment dans le salon, Sam était encore éveillée mais paraissait  déjà s’endormir.

 

-         Combien ?

-         Hein ? demanda t’elle amorphe

-         Combien avez vous avalé de ce truc ?

-         Sais plus

-         Gardez les yeux ouverts Carter et répondez moi, dit il en élevant la voix et en la secouant

-         …deux

-         C’est tout, vous êtes sure ?

-         Hum, affirma t’elle en s’enfonçant dans le sommeil

 

 

Il soupira soulagé et la vit s’endormir totalement. Elle venait de lui flanquer la trouille de sa vie. Il prit son pouls à tout hasard, il était régulier tout comme sa respiration. Rassuré, il la prit dans ses bras et la conduisit jusqu’à sa chambre.

Plusieurs fois pendant la nuit, Jack alla voir si elle dormait normalement, s’il n’y avait pas de problèmes. Tout semblait pour le mieux.

 

Elle se réveilla vers midi, la bouche pâteuse et avec un mal de crâne horrible. Elle fila sous la douche rapidement pour essayer de reprendre ses esprits. Elle enfila une robe noir toute simple et descendit. Elle fut surprise d’entendre un bruit dans la cuisine et s’y rendit. Jack était là en train de lire un journal. Il leva la tête et lui sourit

 

-         Bonjour, bien dormi

-         Vous êtes encore là ?

-         Oui, je me suis permis d’emprunter votre canapé, je n’ai pas de chambre d’hôtel et la Base ne me disait rien

-         Oh

-         Venez voir, dit il en l’entraînant dans le salon

 

 

Elle écarquilla les yeux, tout était décoré. Un sapin, des guirlandes, les chaussettes à la cheminée.

 

 

-         Je ne trouvais pas le sommeil alors j’ai trouvé de quoi m’occuper dans votre grenier

-         C’était inutile de décorer

-         Ca ne vous plait pas ?

-         Si mais

-         Tant mieux alors. Si nous allions prendre l’air un petit peu ?

-         J’ai pas envie de sortir, désolée

-         Tant pis. Venez ouvrir votre cadeau alors

-         Mon cadeau ?

-         Tenez, dit ’il en lui tendant un petit paquet rouge

-         Je ne pensais pas vous revoir, j’ai rien

-         Aucune importance, on dira que vous me devez une faveur, sourit t’il avec un petit clin d’œil

-         C’est très joli, dit elle en voyant un bracelet en or tout simple mais finement travaillé

-         Je me suis souvenu que vous aviez perdu le votre lors d’une mission et que vous étiez déçue, alors je me suis dit que ça vous ferait plaisir

-         Oui, merci beaucoup. Ca me gêne de n’avoir rien pour vous

-         Et si on disait que vous venez avec moi dans le Minnesota cette semaine en compensation

-         Je ne sais pas, j’ai

-          Vous êtes en congé et vous avez besoin de repos d’après ce que j’ai pu constater. Ca vous fera du bien, réfléchissez y, on part ce soir.

 

 

Il ne la laissa pas cogiter plus et la fit asseoir à table. Il lui proposa un repas simple fait de crêpes. Elle sourit et en fit au chocolat. Jack fut rassuré de voir qu’elle avalait quelque chose et à son tour se servit.

 

 

-         Comment ça se fait que vous n’êtes pas chez votre frère avec Peter ? demanda t’il espérant enfin comprendre un peu mieux

 

Elle leva la tête vers lui, se demandant ce qu’elle pouvait bien lui dire. Elle n’avait prévenu personne de sa situation familiale ni de sa rupture avec Pete. Pourquoi, elle l’ignorait. Quand Daniel lui avait demandé des nouvelles du mariage, elle avait simplement dit qu’ils avaient préféré le repousser à cause du décès de son père. Elle chercha donc quoi lui raconter sans toutefois trouver, elle n’avait même plus la force de mentir à ce sujet.

 

 

-         Mon frère et moi nous sommes en froid depuis la mort de mon père

-         Pourquoi ?

-         Il a appris de Pete que mon père était dans le Colorado depuis quelque jours. Peter lui a dit qu’il lui avait parlé.

-         Et alors ?

-         Alors, il ne comprend pas pourquoi je ne l’ai pas prévenu, il m’en veut de ne pas avoir pu dire au revoir à notre père

-         Quand Peter est venu, Jacob allait bien et après la Base était en alerte, toute arrivée extérieure était interdite, surtout des civils

-         C’est ce que j’ai essayé de lui faire comprendre mais il m’a resservi le couplet : L’armée est pourrie elle nous a privé d’une vie de famille, d’une mère et en plus refuse à un fils de dire adieu à son père

-         Il était en colère c’est tout

-         Il a appris ça le jour des obsèques, alors entendre dire par son meilleur ami que son père aurait pu lui dire au revoir et apprendre que sa petite sœur venait d’annuler le mariage et de planter ce même meilleur ami à ce moment là, ça fait beaucoup, non ?

-         Le mariage est annulé ?

-         Oui, j’ai quitté Pete le jour de la mort de mon père

-         Pourquoi n’avoir rien dit ?

-         Parce que j’en avais pas envie

-         Donc depuis ce temps là Marc ne vous parle plus ?

-         Exact

-         Je suis désolé

-         Vous n’y êtes pour rien

-         Pourquoi ?

-         Parce que ce n’est pas votre faute si Marc

-         Non la reprit t’il. Pourquoi avoir rompu avec Peter ?

-         Je vous l’ai dit, plus ça avançait plus je me disais que je faisais une erreur, mon père…Excusez moi

 

 

Elle se leva et quitta la pièce un moment, il savait très bien ce qu’elle faisait mais ne désirait pas la déranger pour le moment, elle voulait être seule. Il savait que de l’avoir fait parler de ça risquait de la rendre triste mais au moins il savait et pouvait peut être l’aider. Il soupira en pensant à Peter. Il se souviendrait toujours du visage de Sam quand elle avait découvert Kerry chez lui alors, il le savait, qu’elle allait lui parler d’eux deux. Il s’était senti coupable même si elle était sur le point de se marier. Kerry avait vite comprit et c’était effacée devant l’évidence. Maintenant, ils étaient seuls tous les deux. Mais Sam n’allait pas bien.

 

 

Quand Sam réussit à se reprendre, elle redescendit et rejoignit Jack. Il était debout dans le salon en train de lire la pochette d’un CD qui passait. Il leva la tête vers elle et sourit

 

-         Je me suis permis

-         Vous avez eu raison, faites comme chez vous

-         Mademoiselle, dit ‘il en lui tendant la main pour l’inviter à danser

 

Elle le regarda comme si il était devenu fou, cela l’amusa et il lui prit d’office la main et l’attira à lui.

 

 

-         J’ignorai que vous dansiez

-         Oh mais je sais faire beaucoup de choses. C’est ma tante qui m’a appris quand j’avais 7 ans

-         Ma mère m’a appris, dit elle avec un sourire nostalgique.

 

 

Elle se laissa entraîner dans la danse, tout doucement en gardant une distance raisonnable. Ils ne dirent rien et passèrent le premier slow. Elle émit une sorte de petit rire

 

 

-         Quoi ?

-         Rien, je pensais à mon père. Quand il a vu ma mère m’apprendre à danser en disant que les slows avaient un avantage indéniable, il a décidé de m’apprendre à danser ça correctement selon lui

-         C’est à dire

-         Comme ça dit elle en s’écartant de lui au maximum et en le touchant le moins possible

-         Sacré Jacob, il ne voulait pas qu’un garçon s’approche de sa petite fille on dirait, sourit il en la faisant se rapprocher de lui

-         Il détestait ça. Il a toujours détesté mes petits amis. « charmant garçon », voilà ce qu’il a dit de Peter qui était supposé être son futur gendre

-         Que voulez vous, vous étiez toujours sa petite fille, même à votre âge

-         Sans doute, murmura t’elle en s’approchant plus pour poser la tête sur l’épaule de Jack

-         Et qu’aurez t’il dit de ça ? dit il sur le même ton

-         Rien, il vous aurait jeté dehors à coup de pieds aux fesses, dans le meilleur des cas

-         Je vois

-         Il me manque.

 

 

Il ne répondit pas et la serra davantage alors qu’elle s’accrochait à lui. Bientôt ils arrêtèrent de danser, elle restait simplement dans ses bras, pleurant en silence. Jack lâcha la main qu’il tenait entre eux deux et lui caressa tendrement les cheveux, alors qu’elle passait son bras autour de lui.

 

 

Elle se sentait bien dans ses bras, comme plus apaisée. Elle appréciait la discrétion dont il faisait preuve en ne lui faisant aucun commentaire sur le fait qu’elle pleure dans ses bras et si souvent. Il lui avait affreusement manqué, à se demander comment elle avait pu faire pour supporter ça. Elle avait besoin de lui, de l’entendre parler, de le voir évoluer autour d’elle. Elle soupira et cessa de pleurer tout en restant dans ses bras. Elle appréciait la caresse sur ses cheveux, sa douceur, le léger balancement qu’il effectuait pour la bercer. Puis elle réalisa. Il allait repartir. Il allait de nouveau la laisser seule, brisée une fois de plus. Il partirait comme un voleur, l’éviterait et un jour réapparaîtrait comme en ce moment. Et de nouveau elle se sentirait un peu mieux avant d’être brisée encore et encore. Ses yeux coulèrent une fois encore, elle supportait mal cette gentillesse à présent.

 

 

-         Alors vous venez avec moi dans le Minnesota ? demanda t’il doucement en déposant un baiser dans ses cheveux

-         Arrêtez ! cria t’elle en se reculant vivement

 

Jack ne comprit pas le brusque changement d’humeur de Sam. Elle s’était éloignée de lui, le regard plein de reproches, inondé et douloureux

 

-         Carter ? dit il en s’approchant d’elle

-         Non, ça suffit, j’en ai marre ! Laisser moi tranquille ! J’en peux plus, cessez de me faire ça

-         De vous faire quoi ?

-         D’être gentil, d’être là en sachant que demain vous serez loin et qu’encore une fois vous m’éviterez

-         Mais

-         Ne dites pas le contraire, je le sais, c’est toujours comme ça. Mais là je sature, partez. Partez maintenant parce que de toutes façons vous le ferez. Partez !!! hurla t’elle en se laissant glisser contre le mur, cachant sa tête entre ses jambes en sanglots

 

 

Jack était figé, jamais il n’aurait pensé la voir dans cet état. Il la savait triste mais là, il était bien obligé de constater que c’était plus grave que ça. Elle souffrait, il se savait en parti responsable mais il y avait autre chose. Carter si maîtresse d’elle même, venait de s’effondrer comme un château de cartes. Refusant de la laisser seule, il se baissa à sa hauteur et lui passa la main dans le dos. Il sentit les tremblements de son corps se faire plus violents.

 

 

-         Carter, calmez vous, je

-         Non hurla t’elle encore en se claquant la tête contre le mur. Laissez moi, je vous en supplie, laissez moi

 

 

Il se leva et alla directement à la salle de bain, hors de question de la laisser comme ça, ni de l’emmener à la base. Il chercha dans l’armoire à pharmacie où il avait rangé les somnifères la veille. Il tomba sur une autre boite, il lut la notice et fut satisfait. Une sorte de tranquillisant.

Il dilua une dose dans un verre d’eau et retourna près d’elle

 

 

-         Buvez ça s’il vous plait

-        

-         Carter, regardez moi

-        

-          Vous savez que d’un geste je peux vous le faire avaler, ne m’obligez pas à employer la manière forte

-         Je n’en veux pas, dit elle en tentant de repousser le verre

-         Oh, doucement, dit il en lui bloquant le bras. Venez par là

 

 

Il s’assit par terre et l’obligea à se mettre entre ses jambes de dos. Ainsi il lui bloqua les bras et porta le verra à sa bouche. Elle résista un peu mais n’en n’avait pas la force. Alors elle se calma. Il la fit boire et posa la main contre sa bouche pour éviter qu’elle ne recrache, ce qu’elle, il était certain, allait faire. Elle avala et il la lâcha. Sam rampa jusqu’au mur sans cesser de pleurer. On aurait dit un animal blessé, Jack ne supportait pas cette vision. Il se mit à ses côtés et l’entoura pour qu’elle se repose sur lui. Sans plus aucune volonté propre, elle abdiqua.

Jack sentit son corps se relâcher petit à petit, les médicaments faisaient effet. Une fois apaisée, Sam s’endormit. Il la déposa sur le canapé et prit les choses en main.

 

Il téléphona en premier à la Base. Il avertit que Sam s’absentait. Heureusement personne ne l’interrogea sur le fait que ce soit lui qui appelle. Il soupira, et maintenant quoi faire ? Il voulait l’aider mais n’avait pas les compétences requises. Si seulement Janet était encore là, pensa t’il. Il se leva d’un bond à cette pensée. Sam lui avait parlé d’une amie médecin. Il s’en souvenait parce qu’elle avait un nom français. Carter lui avait même confié que c’était une de ses rares amies de Washington avec qui elle gardait le contact. Il réfléchit, il fallait qu’il retrouve son nom

 

 

-         Ah c’est pas possible ça, moi et les noms…Bon première chose l’avion pour Washington. Je verrai ensuite

 

 

Il téléphona à l’aéroport militaire et dit qu’il devait retourner dans la Capitale avec le Colonel Carter. On lui donna rendez vous en fin de journée. Il espérait juste que Sam puisse tenir debout parce que expliquer son état ne serait pas simple.

 

Il fut au rendez vous à l’heure, il avait fait quelques bagages pour Sam et l’avait porté à la voiture. Elle émergeait quand ils arrivèrent

 

 

-         Ecoutez moi Carter, vous ne dites rien Je vous demande juste de faire comme vous le faites si bien. Paraître

-         A vos ordres, répondit elle machinalement

 

 

Malgré sa pâleur, elle se composa un visage neutre qui passa inaperçu. Elle était très forte s’avoua Jack, pensant qu’il avait dû se faire berner plus d’une fois. Elle monta dans le petit avion et s’affala sur un siège, comme si tout ça lui avait demandé un effort incommensurable. C’était le cas assurément, imagina Jack.

On les laissa à deux, Jack avait précisé qu’ils devaient travailler. Il chercha sur Internet la liste des médecins à Washington. Il soupira, y’en avait des tas, de plus il ignorait si elle avait une spécialité. C’est tout à coup que le nom lui revint. Leroy. Il sourit et tapota sur le clavier. Comme il le pensait il n’y en avait qu’un. Docteur Jessica Leroy.

Il composa le numéro fébrilement en espérant la trouver en ce jour de fête.

 

 

C’est une petite voix douce mais ferme qui lui répondit

 

-         Oui

-         Bonsoir, excusez moi de vous déranger, je suis bien chez le Docteur Leroy ?

-         En effet, que puis je pour vous ?

-         Je suis le Général O’Neill

-         Mon Dieu, Sam va bien ? demanda t’elle en faisant immédiatement le rapprochement

-         Elle est à côté de moi

-         Vous m’avez fait peur. Je vous écoute

-         C’est quand même pour elle que j’appelle. Je sais que c’est noël mais je me demandais si vous pouviez passer chez moi à Washington.

-         Oui, bien sur. Qu’est ce qu’elle a ?

-         Vous verrez par vous même. Nous sommes dans l’avion. Chez moi à 20h, ça vous va ?

-         Oui pas de soucis Général.

 

 

Jack lui donna son adresse et raccrocha, soulagé.

 

Chez Jack

 

Il entra et jeta ses clés sur un petit meuble de l’entrée, tournant la tête il ne vit pas Sam, il se retourna et la découvrit sur le seuil, l’air hébété. Il lui prit le bras et la fit entrer. Décidément ces médicaments avaient un drôle d’effet.

Il porta les bagages de Sam dans une chambre et revint, elle n’avait pas bougé d’un pouce, il leva les yeux au ciel et lui fit faire un tour rapide des lieux. Il fit couler un bain et lui conseilla de s’y plonger. Elle obéi et il la laissa tranquille.

L’interphone sonna et il s’empressa d’aller répondre. C’était l’amie de Sam. Jack lui ouvrit à distance le sous sol pour qu’elle gare son véhicule et lui dit de monter.

 

Quand elle frappa à la porte et qu’il lui ouvrit, il fut surpris de voir un petit bout de femme, vêtue d’une tenue de motard. Elle lui sourit et tendit la main

 

-         Bonsoir, je suis le Docteur Leroy, dit elle avec un petit accent français

-         Bonsoir, entrez je vous en prie. Je suis le Général O’Neill

-         Enchantée de vous connaître Général, depuis le temps que j’entends votre nom

-         Carter est dans son bain pour le moment

-         Bien, vous n’avez qu’à m’expliquer en attendant

-         Ok, suivez moi, lui indiqua t’il en la menant jusqu’au salon.

 

 

La jeune femme ôta sa lourde veste de cuir et posa son sac à dos sur le sol. Jack l’observait, elle devait faire à peine 1m55 pour un maximum de 45kg. Les cheveux aux épaules châtain foncé, les yeux bruns, elle dégageait une sorte d’autorité naturelle, contrastant avec son air fragile. Elle le surprit en train de l’examiner et lui sourit

 

-         Vous savez pas besoin de faire 1m80 pour faire mon métier, j’ai le droit à un marchepied pour les opérations dit elle avec humour

-         Désolé, je ne vous imaginais pas, enfin

-         Ce n’est rien. Alors racontez moi, si vous m’appelez pour Sam, c’est qu’elle a un problème ?

-         Oui, en effet. Je ne sais pas vraiment comment vous expliquer. Elle ne va pas bien, moralement j’entends. Je suis allé chez elle hier et j’ai bien vu que ce n’était pas la forme, mais je me suis dit que c’était qu’un coup de blues

-         Mais c’est plus sérieux sinon vous ne m’auriez pas appelé

-         Oui, elle pleure tout le temps, elle s’est mise à hurler d’un coup, vous l’auriez vue…Ecoutez, je pense que vous la connaissez bien, Carter n’est pas du genre à

-         Perdre le contrôle ?

-         Oui

-         Depuis quand elle est comme ça ?

-         Je l’ignore, ça faisait des mois que je ne la voyais pas vraiment et personne n’a rien remarqué

-         Je m’en doute

-         Je savais qu’elle n’avait pas le moral depuis la mort de Jacob mais

-         Jacob est mort ? demanda elle en blanchissant

-         Oui, je suis désolé de vous l’apprendre, ça va aller ?

-         Euh, oui je ne savais pas quand est ce arrivé ?

-         Il y a plusieurs mois

-         Ce n’est pas possible, Sam et moi on s’appelle une fois par semaine, elle me l’aurait dit

-         Apparemment ce n’est pas le cas

-         Oui. Mais ce truc qu’il avait, le serpent, ça ne devait pas l’aider ?

-         Je ne comprends pas ? dit il sur ses gardes

-         Sam ne vous a pas dit que je travaille pour le Pentagone, je travaille sur le projet parfois

-         Non, je l’ignorai. Pour Jacob, Selmak, son serpent, c’est lui qui était mourant et qui l’a entraîné dans la mort.

-         Je comprends…Et l’autre, le Peter, il est où lui si elle ne va pas bien ? demanda t’elle un brin agacé faisant sourire Jack

-         Elle a quitté Peter le jour de la mort de son père

-         Oh, c’est bien enfin… Je peux la voir ?

-         Oui allez y, c’est par là

-         Merci

 

 

Jack l’accompagna jusqu’à la porte, lui indiqua la chambre de Sam au cas où et la laissa. Il entendit juste Sam prononcer faiblement « Jess ».

La jeune femme ressortit une heure plus tard, le visage plus triste. Jack lui tendit un café et elle le remercia d’un signe de tête en s’installant sur un des tabouret de la cuisine américaine.

 

-         Alors Docteur ?

-         Je vous en prie, appelez moi Jess

-         Jack, répondit t’il avec un petit sourire

-         Vous avez raison, elle ne va pas bien du tout.

-         Elle vous a parlé ?

-         Peu, vous la connaissez. Je ne sais pas ce qui l’a fait craquer mais y’a longtemps qu’elle déprime, ça ne date pas d’hier.

-         Personne n’a rien vu, même moi j’ai cru un coup de cafard dû à Noël sans son père

-         Sam est très douée pour cacher ses sentiments

-         Oui, c’est certain elle est…

-         Manipulatrice. C’est tout elle. Vous lui avez donné quelque chose elle m’a dit ?

-         Oui ça, dit il en sortant un flacon de sa poche

-         Ok, je vais lui donner de quoi dormir, on verra comment elle sera demain. Ca vous gêne si je reste près d’elle cette nuit, je voudrai être sûre que

-         Non pas du tout, au contraire. Je pense que si elle se réveille, elle préférera vous voir que moi

-         Merci, dit elle en reposant sa tasse

-         Euh, vous voulez peut-être téléphoner chez vous pour prévenir votre mari ? demanda t’il en remarquant une alliance. Il va vous attendre et s’inquiéter.

 

 

Elle avala une autre gorgée de café et leva la tête vers son interlocuteur

 

 

-         Ca ira, personne ne m’attend, dit elle tristement

-         J’ai dit une bêtise peut être, grimaça t’il en la voyant triturer son alliance

-         Non, affirma t’elle. Le voyant pas convaincu elle reprit. Mon mari est mort il y a presque trois ans

-         Désolé, je suis vraiment doué pour mettre les pieds dans le plat.

-         Ne vous inquiétez pas. C’est stupide mais je n’arrive pas à m’en séparer, avoua t’elle en montrant l’anneau à sa main gauche

-         Je comprends.

-         Sam m’a fait comprendre une fois que vous n’étiez pas un citadin, vous supportez Washington ? demanda t’elle pour clore la discussion précédente

-         Non, c’est un calvaire mais je n’ai pas le choix. J’allais mettre une pizza à chauffer, ça vous dit ?

-         Oui merci. Je vais voir Sam

-         Ok

 

 

Jessica alla donc voir son amie. Sam ne parlait pas et était couchée en position fœtal pleurant doucement. Le médecin lui injecta un sédatif puis recouvrit sa patiente. Elle attendit quelques minutes qu’elle s’endorme et retourna dans le salon.

Jack lisait son courrier en attendant. Quand il la vit, il reposa le tas d’enveloppe et lui fit signe de s’asseoir.

Il la trouvait sympathique, d’office elle lui avait plu. Bien que différente physiquement de Sam, c’était même son contraire, elles se ressemblaient beaucoup. Il comprenait pourquoi elles étaient amies.

 

 

-         Comment avez vous connu Carter, si j’en juge par votre charmant accent vous n’êtes pas d’ici

-         C’est exact. Je connais Sam depuis le collège. Nous correspondions à l’époque. Elle est venue chez moi en France et je suis venue chez elle.

-         Carter parle français ?

-         Avec un mignon petit accent qui faisait craquer mes camarades de classe

-         Et comment une française a choisi de venir vivre ici, pays de la débauche

-         Tout simplement. Mon père a eu un poste ici quand j’ai eu 17 ans, on l’a suivit. Nous avons atterri dans le Montana. Ca m’a permis de voir Sam plus souvent, j’allais en Californie plus facilement

-         Je m’en doute

-         Ensuite, j’ai fait mes études là bas.

-         La France ne vous manque pas trop ?

-         Si, surtout à l’heure des repas, dit elle amusée. Ma mère est repartie vivre là bas à la mort de mon père, j’y vais de temps en temps.

-         Je vois

-         Au fait, en parlant famille, Marc est où ? Je pensais qu’elle était chez lui pour Noël

-         Ils sont en froid, il en veut à sa sœur de ne pas avoir pu dire au revoir à Jacob

-         Il est toujours aussi buté celui la, je me demande ce que j’ai pu lui trouver, dit elle en levant les yeux au ciel se parlant à elle même

-         Vous et son frère ?

-         Oh, nous étions jeune. J’avais 15 ans, il était plus vieux, conduisait déjà, bref tout pour séduire une jeune adolescente ria t’elle. En tout cas je vais l’appeler, il va m’entendre

-         J’espère qu’il vous écoutera

 

 

Lendemain

 

Jack et Jessica prenait un café silencieusement quand Sam arriva. Ils levèrent la tête en même temps

 

-         Bonjour

-         Salut Carter

-         Bonjour ma grande dit elle alors que les deux jeunes femmes s’étreignaient

-         Je suis contente que tu sois là, hier je

-         C’est rien, laisse tomber, coupa la jeune femme en posant une main amicale sur le bras de Sam

-         Vous prenez un café ?

-         Oui merci monsieur. Comment ça se fait que tu sois ici ?

-         Jack m’a téléphoné pour que je vienne te voir, il m’a dit que tu avais pris enfin des congés et que tu venais dans la capitale

-         Hum, oui

-         Tenez Carter, installez vous. Y’a de la brioche et des croissants

-         Merci

-         Y’a longtemps qu’on ne s’était pas vu, on a du temps à rattraper

-         Oui, c’est vrai.

-         Bien, je vais passer chez moi me changer et je reviens, on discutera

-         D’accord.

 

 

Jack la raccompagna jusqu’à l’entrée

 

-         Ne vous fiez pas aux apparences, elle semble mieux qu’hier mais dans le cas de dépression, l’humeur peut changer d’une seconde à l’autre. Et il ne faut pas oublier que Sam manie avec facilité l’art du faux semblant

-         Oui, je sais. Merci à vous

-         Merci à vous de prendre soin d’elle, je n’aimerai pas la perdre dit elle en sortant de l’appartement.

 

 

Jack referma la porte et retourna près de Sam qui semblait perdue dans ses pensées.

 

 

-         Elle est très gentille votre amie

-         Elle est formidable

-         J’ai un peu gaffé hier, je lui ai demandé si elle voulait téléphoner à son mari pour le prévenir qu’elle ne rentrait pas

-         Oh, et qu’à t’elle répondu ?

-         Qu’il était mort depuis presque 3 ans

-         Tom s’est tué dans un accident de voiture avec leur fille

-         Elle a perdu sa fille en même temps, la pauvre elle doit…

-         Oui, c’est très dur, Jess m’impressionne beaucoup. Tom serait fier d’elle.

-         Vous avez l’air de bien le connaître.

-         C’est moi qui lui ai présenté. Tom était un ami d’enfance. Il est mort la même semaine que Daniel annonça t’elle amère avant de quitter la cuisine pour s’enfermer dans la chambre

 

 

Jack resta là sans bouger, il y avait toute une partie de Sam qu’il ne connaissait pas. Il se passa une main sur le visage et se rappela la détresse de Carter quand elle avait vu Daniel mourir. De la façon dont il l’avait rembarré par la suite. Il n’en avait jamais été fier mais là il se sentait encore plus mal. La même semaine Sam avait perdu deux de ses amis les plus proches. Depuis Daniel était revenu mais, il savait que la blessure de sa perte ne se refermerait jamais vraiment.

 

Les jours suivants, le docteur Leroy vint très souvent, elles discutaient toutes les deux la plupart du temps parfois à trois. Sam était toujours aussi triste, pleurait toujours autant et semblait se renfermer toujours un peu plus, préférant rester cloîtrée. Jess conseilla à Jack de la pousser à sortir comme elle le faisait. Il fallait qu’elle voit du monde, pour se changer les idées.

 

 

Jack arriva dans le salon avec un grand sourire.

 

-         Mesdemoiselles, salua t’il

-         Jack

-         Général

-         Carter vous pouvez me rendre un petit service ?

-         Je ne sais pas, de quoi s’agit il ?

-         Demain c’est la soirée pour la nouvelle année à la Maison Blanche, je dois y être. Je pensais que vous pouviez m’y accompagner, je suis sûre qu’avec vous à mes côtés, ces vieux politiciens n’oseront pas m’ennuyer avec leurs discours

-         Je sais pas, je n’aime pas vraiment les cocktails mondains.

-         Moi non plus mais à deux ce sera amusant.

-         Jess pourrait vous accompagner

-         Désolée Sam, mais moi je me tape déjà celui du Pentagone

-         Ma pauvre, dit Jack d’un air désolé

-         Oui, enfin je préfère mon cas au votre Jack. Allez vas y Sam, c’est pas tous les jours qu’on va faire la bringue chez le Président. D’ailleurs, debout on va te trouver une robe splendide, tu vas leur en mettre plein la vue.

-         Attends

-         Mais non, ça fait des mois que je n’ai pas couru les magasins, on va pouvoir s’éclater comme avant. Allez Sam ne te fais pas prier.

-         Ok, je veux bien mais pas longtemps. Je vais me préparer

-         D’accord dit elle en la suivant des yeux

-         Merci

-         Je suis sûre que cela lui fera du bien.

-         Vous avez vraiment une soirée au Pentagone ?

-         Oh que oui, ça me navre. N’y voyez rien d’offensant mais tout ces vieux généraux qui parlent de leurs souvenirs de guerre me rendent chèvre

-         Là croyez moi, je vous comprends

 

 

Sam réapparut puis s’en alla faire les boutiques avec son amie. Jack était assez content, c’était une bonne idée. Ok, il avait un peu menti, il n’était pas obligé d’y aller mais bon cela ferait une occasion de la faire sortir. En plus, il pourrait la présenter au Président. L’homme ne tarissait pas d’éloges sur elle quand il lisait les rapports et quand il était venu à la Base, il n’avait pas eu le temps de lui parler.

 

 

Quand les deux femmes revinrent, Sam alla directement s’enfermer dans sa chambre. Jessica secoua la tête en signe d’impuissance. Elle donna quelques consignes à Jack puis les laissa.

 

 

Lendemain

 

Sam était restée enfermée et n’avait même pas voulu répondre au téléphone quand Jessica l’avait appelé de son travail. Jack se demandait même si elle allait se préparer pour la fête de ce soir. Il lui rappela à tout hasard au travers de la porte close mais elle ne répondit pas.

 

 

Allongée sur son lit, Sam ne savait plus quoi faire. Elle se sentait attirée vers le fond sans pouvoir faire quoique ce soit. Elle essayait bien de lutter, de se débattre contre cet ennemi invisible mais rien y faisait, elle glissait chaque jour davantage dans l’abysse. Elle se sentait vide, seule et très lasse. Parfois, elle avait l’impression d’entrevoir la lumière mais ça ne durait jamais bien longtemps, comme un mirage la lumière disparaissait la laissant dans un monde tout en noir. Elle aurait aimé comprendre pourquoi rien ne l’aidait, Jessica et Jack faisaient tout leurs possible, elle s’en rendait compte mais au fond d’elle, Sam savait qu’elle les perdrait eux aussi. D’ailleurs, il y a longtemps qu’elle avait perdu Jack. Sam ne croyait plus en rien, et une peur inexplicable grandissait en elle.

Quand elle entendit Jack la prévenir qu’il fallait qu’elle soit prête à 20h, elle soupira. Lentement, elle se leva et entreprit les travaux de ravalement comme elle se disait. D’abord, avoir figure humaine, ensuite elle tacherait de jouer la comédie au moins pour ce soir. Elle devait bien ça à son supérieur. Une fois habillée et maquillée, elle sortit de la chambre.

 

Elle se heurta à Jack en tenue de cérémonie. Son cœur s’affola aussitôt, il était si séduisant mais elle se reprit, rien ne servait de rêver, elle l’avait trop fait. Jack lui évita la chute en la retenant par le bras. Sans la lâcher, il s’écarta et l’admira. Elle était superbe. Sam portait une longue robe blanche légèrement brillante, le haut décolleté sans excès était retenu par une fine chaîne de brillants derrière le cou, dévoilant ainsi son dos. Le bas, droit, était fendu jusqu’à mi cuisse, lui dessinant des jambes interminables, jusqu’à des escarpins blancs à talons vertigineux selon Jack mais qui ajoutaient au charme de sa cavalière. Il lui sourit en voyant le bracelet qu’il lui avait offert. Elle était restée très simple dans sa tenue et ses bijoux mais le résultat était époustouflant pour le Général qui ne pouvait pas la quitter des yeux.

 

 

-         Vous êtes magnifique

-         Merci dit elle en rougissant

-         On y va ? demanda t’il en lui proposant son bras

-         Je prends mon sac

 

 

Une voiture les attendait en bas de l’immeuble, le chauffeur leur ouvrit la porte et les invita à monter à bord. Jack jetait un œil de temps en temps, elle était encore très fermée et triste si bien qu’il se demandait si l’idée était bonne. Il ne fallait surtout pas qu’on remarque que l’un des piliers du SGC, s’enfonçait dans la dépression, elle risquait sa carrière. Il avait foi en elle, et savait qu’elle s’en sortirait, il lui fallait juste du temps et du repos loin de la base.

Ils arrivèrent enfin à la Maison Blanche, Jack sortit en premier de la limousine puis aida Sam. Il l’entendit soupirer discrètement et quand il se retourna sur elle, elle arborait un visage plus serein et même un sourire. Il en fut épaté, puis triste.

 

 

-         Quoi ?

-         Rien, je me disais que vous êtes forte pour donner le change

-         Vous l’êtes tout autant. L’armée apprend à sourire sur commande dit elle avec une dureté qui contrastait avec le sourire qui lui fendait les lèvres.

 

 

Il n’ajouta rien, elle n’avait pas vraiment tort.

 

Quelques personnes tournèrent la tête quand ils entrèrent dans la grande salle de réception. Jack se gonfla presque d’orgueil d’arriver si bien accompagné. Il y avait déjà du monde, des militaires en tenues officielles, des femmes enserrées dans des robes de grands couturiers, des politiciens en smoking…

Jack avança tranquillement en incitant, d’une main dans le dos de Sam, à le suivre. Il lui présenta quelques personnes avant que le Président et sa femme soient devant eux.

 

-         Général O’Neill, content de vous voir

-         Merci Monsieur le Président. Madame salua t’il élégamment sa femme.

-         Enchanté Général

-         Moi de même, Monsieur le Président, vous vous souvenez du Colonel Samantha Carter

-         Oui en effet, même si j’avoue avoir eu peine à la reconnaître en civile. Heureux de vous revoir

-         Moi de même monsieur

-         Non, repos Colonel. Chérie, voici le fleuron de notre armée.

-         Je dois dire qu’elle est bien représentée, Colonel vous êtes la preuve qu’une femme peut être un soldat brillant mais aussi une jeune femme sublime

-         Merci madame répondit l’intéressée en rougissant.

 

 

Sam fut soulagée que les deux personnes les abandonnent rapidement. Jack lui fit un clin d’œil. Peu après une jeune femme rousse, la quarantaine, souriante arriva près d’eux

 

 

-         Ah Général vous êtes là ?

-         Oui comme vous voyez. Comment ça se passe ?

-         Bien, les grincheux sont de sortis répondit elle en riant

-         J’ai vu ça.

-         Vous ne me présentez pas ?

-         Si pardon. Carter voici Lindsay mon assistante, les mauvaises langues disent ma baby sitter. Lindsay, voici le Colonel Samantha Carter

-         Enchantée de faire enfin votre connaissance Colonel.

-         Merci.

-         Lindsay, je vous la confie un instant, le Général Cook m’appelle, vous savez comme il peut être saoulant

-         Ne vous inquiétez pas Général, je vais lui expliquer qui est qui

-         Allez y mon Général, je reste avec elle ajouta Sam en le voyant hésiter

-         Ok Carter, à tout de suite

-         C’est un des rares ici qui n’ai pas la grosse tête

-         Ce n’est pas son genre

-         Bon qu’est ce que je pourrais vous dire de bien intéressant sur ces gens. Vous voyez le vieux monsieur là bas qui tend l’oreille

-         Oui

-         Il est gentil, il radote et prétend être sourd mais ne vous y fiez pas, c’est une excuse pour s’approcher des femmes et lorgner sur leur décolleté. Un vrai coureur malgré ses 85 ans

-         Je vois

-         Les trois femmes la bas, de vraies chipies pour être polies. Des petites bourgeoises qui se croient meilleures parce qu’elles ont épousées des milliardaires. La grande brune  près de la fenêtre, c’est Déborah, elle est très bien, assez froide au premier abord mais très sympa et bosseuse. Sans compter qu’elle aime bien rire

-         Vous connaissez tout le monde on dirait ?

-         C’est vrai. Ah oui, un truc important Colonel

-         Samantha dit elle gentiment à la femme qu’elle trouvait amusante

-         D’accord Samantha. Alors voilà, je vais vous montrer les 3 plus beaux partis du bureau.

-         Les trois plus beaux partis ?

-         Oui, c’est ce qu’il y a de plus intéressant.

-         Si vous le dites

-         En tout cas, ce sont les trois fantasmes des femmes travaillant avec nous. Alors lui, celui qui parle avec le vice Président. C’est Adam Lewis. Rien à dire, un physique de rêve, un sourire publicitaire, sympa, charmant et célibataire le seul souci c’est qu’il a dû avoir la plupart de ses collègues féminines dans son lit. Intéressant si on veut s’amuser

-         La plupart ? demanda t’elle plein de sous entendus

-         Hey, j’aime m’amuser moi ! Voyons, le grand brun qui fait mine d’écouter notre sourd, Mickael Garner, le mieux, un des plus convoité, gentil, poli, adorable, serviable, un corps d’athlète, célibataire mais Gay !

-         Oh je vois dit elle en se pinçant les lèvres devant la mine fataliste de Lindsay

-         C’est du gâchis n’est ce pas ?

-         Je dois l’admettre dit elle en constatant en effet qu’il était bel homme

-         Ouais, certaines tentent leurs chances mais non, il les repousse aimablement.

-         Et le troisième ?

-         Oh lui dit elle avec un sourire espiègle. Vous êtes arrivée avec lui Samantha

-         Le Général O’Neill ?

-         Voyons ne me dites pas qu’il n’a pas de charme. Désolée de vous dire ça, mais ce soir vous venez de vous mettre sur la liste noire de beaucoup de femmes.

-         J’y suis habituée. Pas sur votre liste noire quand même ?

-         Non, du tout, c’est vrai qu’il est craquant mais vous voyez le beau blond la bas, c’est le mien

-         Je comprends

-         Voilà vous savez l’essentiel.

-         Merci, je tiens à préciser quand même que le Général est un ami simplement

-         Oui, oui. Dit elle en se lançant dans un autre sujet de conversation.

 

 

Sam écoutait, cette femme était gentille et bavarde mais peu importait au moins elle n’avait pas besoin de parler. Un peu plus loin, Jack était lui aussi accaparé par un vieux Général tout aussi volubile. Il leva la tête et croisa le regard de Sam, il lui sourit d’un air navré et elle lui répond d’un autre sourire.

Alors que Jack allait s’échapper le Président vint se joindre à eux, il n’avait vraiment pas de chance.

 

Sam de son côté avait du mal à suivre la conversation, fort heureusement son interlocutrice s’excusa un instant. Le Colonel se retourna donc et se dirigea vers le bar. Alors qu’elle allait passer commande, une coupe de champagne apparue devant ses yeux. Elle regarda qui était l’inconnu. Elle reconnu aussitôt l’un des beaux partis nommés par Lindsay.

 

-         Bonsoir dit l’homme le sourire charmeur

-         Bonsoir

-         On trinque ensemble ?

-         Si vous le voulez dit elle en prenant la coupe

-         J’ai cru voir que vous vous ennuyez ici

-         Un peu

-         Je peux vous inviter à danser ?

-         Je suis accompagnée dit elle peu intéressée par ce dragueur

-         Alors c’est un idiot de vous laisser seule

-         Il est très occupé

-         Rien est important à côté d’une femme telle que vous

-         Je parie que ça marche avec toutes les femmes ce genre de phrase ?

-         Je ne sais pas, possible. Je vous prie de me croire si je vous dis que vous êtes charmante et que j’aimerai parler avec vous pour faire connaissance. Et aussi quand je dis que jamais je ne vous laisserais seule si vous étiez ma cavalière

 

 

De loin, Jack observait la scène, il avait vu l’homme s’approcher de Sam et à le voir, il la draguait ouvertement. Cependant, il ne pouvait pas bouger, le Président parlait et s’en aller aurait été mal vu. Aussi jetait il un œil, en écoutant, discrètement

 

 

-         Général O’Neill, vous devriez retourner auprès du Colonel Carter, avant que ce play boy ne l’ennuie de trop dit il avec un demi sourire

-         Carter sait très bien éloigner ce genre d’individu et elle a le droit de discuter

-         Je m’en doute mais allez y, elle doit s’ennuyer elle ne connaît que vous ici

-         Merci monsieur le Président.

 

 

Jack les laissa enfin et avança près des deux personnes

 

-         Je pourrais vous surprendre monsieur dit elle en portant le verre à sa bouche

 

 

Elle n’eut pas le temps de boire que Jack lui saisit le verre et lui fit un clin d’œil

 

-         Merci pour le verre, je meurs de soif

-         Général O’Neill ? Bonsoir… vous vous connaissez ?dit l’homme pas très ravi de le voir

-         C’est lui mon cavalier

-         Oh, pardon je l’ignorais. Mais alors vous êtes

-         Le Colonel Samantha Carter, oui, c’est bien elle coupa Jack

-         Jamais je n’aurais deviné que vous étiez militaire

-         J’ai dit que je pouvais vous surprendre

-         Oui, je vois ça. Je vais vous laisser, dit il gêné face au regard sombre de Jack

 

 

L’homme s’empressa de fuir, s’il avait su que Jack était venu avec cette femme, jamais il ne s’en serait approché. Il avait déjà du faire face aux colères du Général et il n’avait pas envie de revoir ça, surtout si c’est parce qu’il marchait sur ses plates bandes.

 

Sam soupira, contente de le voir partir. Au début cela l’avait amusé puis elle s’était vite lassée, quand Jack était intervenu, elle était à deux doigts de remettre le type à sa place. Elle regarda O’Neill boire une autre gorgée de champagne qu’il lui avait subtilisé et d’un regard attendit une explication à ce soudain sans gêne.

 

 

-         Pas d’alcool pour vous Carter, pas avec les médicaments que vous prenez en ce moment dit il discrètement

-         Ce n’est pas ça qui

-         On ne discute pas. la coupa t’il alors que d’un geste il demandait un jus de fruits. Tenez, ça c’est meilleur, ça ne vous fera pas de mal

-         Merci quand même

-         Ben dites moi, il n’est pas si gay que ça ce type, dit Lindsay en s’approchant d’eux

-         Je peux vous confirmer que non

-         Vous pensiez qu’il n’aimait pas les femmes ? demanda Jack

-         Ben oui, on ne l’a jamais vu avec une, en plus il a repoussé certaines qui n’en n’ont pas l’habitude

-         C’est le genre d’homme qui aime l’inaccessible, ce qui est gagné d’avance ne l’intéresse pas. Carter est un beau défi

-         Sympa pour moi merci

-         Vous m’avez compris Carter, vous n’êtes pas une de ces dindes qui se trémoussent devant lui en exposant leur décolleté. Le côté froid et mystérieux plait beaucoup

-         Et qu’est ce que vous en savez, peut être que j’étais intéressée affirma Sam avec aplomb

-         Vous plaisantez, je connais votre air quand vous êtes agacée

-         Ah oui, êtes vous sûr de si bien me connaître ?

-         Oui…enfin…Vous étiez…Non, je sais que non… Carter ? demanda t’il soudain plus si sûr de lui alors qu’elle finissait son jus de fruit d’un air mystérieux.

-         En tout cas poursuivit Lindsay. Samantha vous venez encore de confirmer votre place sur la liste noire des dindes, vous devez même être première dit elle amusée

-         Vous m’en voyez attristée, répondit Sam ironiquement

-         C’est quoi cette liste noire et pourquoi Carter y serait ?

-         C’est un truc de filles Général. Dit Lindsay en faisant un sourire complice à Sam. Je vous laisse, je vais voir mon Roméo.

 

 

 

La fête continuait tranquillement, Jack ne quittait plus Sam et la présentait aux personnes venant converser. En l’observant, il se dit que s’il ne la voyait pas au quotidien, jamais il n’aurait pu croire qu’elle était en pleine dépression. Elle souriait gentiment aux personnes, riait un peu parfois. Elle n’était certes pas très bavarde mais nul n’aurait pu deviner à quel point elle était au plus mal. Il sourit tristement devant cette évidence.

Quand minuit sonna enfin, les invités se souhaitèrent la bonne année avant d’aller assister sur les balcons au feu d’artifice.

Jack et Sam s’étaient fait une bise en échangeant des vœux sincères.

 

Passé l’effervescence due à la nouvelle année, la soirée reprit un cours normal, avec une musique agréable sur laquelle dansaient plusieurs couples. Sam s’était absentée un instant pour aller au toilette et Jack s’inquiétait de ne pas la voir revenir. Après hésitations, il alla à sa rencontre. Il la trouva dans un couloir, elle observait par la fenêtre la fontaine illuminée du parc de la Maison Blanche.

 

 

-         Je me demandais ce que vous faisiez

-         Je ne suis pas à l’aise dans ce genre de soirée, c’est un peu plus calme ici

-         Oui, c’est vrai. Ca va ?

-         Oui

-         Vous désirez quelque chose ?

-         J’aimerai rentrer s’il vous plait, dit elle en le regardant d’un air presque suppliant

 

 

Elle était épuisée, visiblement tous les efforts qu’elle faisait pour paraître en forme la fatiguaient beaucoup. Jack s’en voulut de ne pas l’avoir vu de suite et d’être resté si tard ici. Il aurait du lui proposer de partir après les vœux.

 

 

-         Bien sûr, on rentre

-         Vous pouvez rester, je peux rentrer seule

-         Non, j’en ai assez aussi. Venez, on va aller saluer le Président et on s’en va

-         Merci dit elle soulagée

-         Ca ira ?

-         Oui, ne vous inquiétez pas.

 

 

Ils retournèrent dans la grande salle et allèrent vers le Président. Sam s’était d’office recomposé un visage souriant.

 

 

-         Monsieur le Président, nous allons prendre congé.

-         Déjà ?

-         Oui, nous ne sommes pas habitués à ce genre de festivités

-         Je sais, c’est pour ça que je suis heureux que vous ayez fait l’effort de venir tous les deux. J’étais content de vous revoir Colonel Carter

-         Moi de même monsieur

-         J’ai cru comprendre que vous étiez depuis quelques jours chez le Général, vous comptez rester dans la capitale encore un peu, on se reverra peut être ?

-         Je ne sais pas encore dit elle gênée

-         Carter connaît mieux Washington que moi, elle doit me faire découvrir les lieux

-         Vous avez raison, c’est une charmante ville. Je suis sûre que vous y viendrez plus souvent maintenant Colonel dit il d’un air entendu. Passez une bonne nuit et au plaisir de vous revoir

-         Merci monsieur dirent ils en cœur un peu embarrassés.

 

 

Ils s’esquivèrent vite, Jack n’avait jamais dit que Sam vivait chez lui, il avait préféré ne pas ébruiter l’affaire pour éviter les problèmes. Il avait été surpris d’entendre le Président y faire référence et des sous entendus qu’il avait fait. Visiblement, il était sûr qu’ils étaient ensemble. Jack sourit intérieurement finalement, parce que le Président n’avait pas l’air de s’en offusquer, il n’y voyait aucun inconvénients.

 

C’est donc content qu’il descendit les marches du perron et qu’il demanda que sa voiture soit avancée. Il souffla dans ses mains provoquant un peu de buée. Il faisait très froid en cette période. Il se tourna alors vers Sam qui ne possédait qu’une fine étole de soie sur les épaules. Il grogna et ce chauffeur qui ne venait pas ! Il ôta son long manteau et le déposa sur les épaules de la jeune femme. Elle sursauta légèrement puis le remercia d’un sourire, elle était frigorifiée. Restant derrière elle, sur une marche de plus, Jack lui frottait les bras pour qu’elle se réchauffe. Il n’avait pas très chaud non plus mais lui au moins avait une veste d’uniforme épaisse et puis il ne voulait surtout pas qu’elle attrape froid.

Sam fut surprise de ce geste et se laissa faire, à vrai dire elle aimait ça aussi. Ce qui l’étonnait c’est qu’il se permette un geste aussi familier qui plus est dans un endroit pareil. De toutes façons pensa t’elle, le Président semble penser que nous sommes ensemble alors, il ne doit pas être le seul en plus.

 

 

Quand la limousine se présenta enfin, Jack la laissa entrer la première et indiqua au chauffeur qu’ils rentraient. Celui ci leva ensuite la vitre entre eux pour les laisser à deux.

Sam regardait par la fenêtre d’un air absent et fatigué. Il passa un bras sur ses épaules, et l’invita à se blottir contre lui, elle avait encore un peu froid. Elle s’installa sans se poser de questions et ferma les yeux. Le chauffeur les avait prévenus que le chemin du retour risquait d’être un peu plus long vu le nombre de personnes dans les rues qui fêtaient la nouvelle année. Jack s’en moquait, elle était contre lui et il aurait pu rester des heures ainsi.

La sentant encore trembler légèrement, il lui remonta le col du manteau sur son cou et appuya sur l’interphone

 

-         Vous pouvez remonter le chauffage s’il vous plait s’adressa t’il au chauffeur

-         Ce n’était pas la peine dit elle doucement sans pour autant bouger

-         Vu la circulation, on est là pour un moment, on ne va pas s’enrhumer

-         Merci

-         Ce n’est rien

-         Non, merci pour tout. Je sais que vous n’étiez pas obligé d’aller à cette réception, vous avez simplement voulu me changer les idées.

-         Un peu j’avoue. Je suis désolé de vous avoir menti. En plus je ne sais pas si c’était une idée si brillante, vous êtes complètement crevée

-         Ca m’a fait du bien de voir du monde et Lindsay est très sympa

-         Oui c’est vrai elle est gentille et contrairement aux apparences, elle sait être discrète. Elle est juste très bavarde

-         Oui, j’ai remarqué

-         Vous ne regrettez pas d’être venue alors ?

-         Non, même si je suis soulagée de rentrer

-         Merci d’avoir accepté mon invitation, j’ai passé une bonne soirée avec vous. Et c’est toujours flatteur d’être accompagnée d’une jolie femme comme vous

 

 

Elle ne répondit pas et se pelotonna plus, tentant de se réchauffer, il resserra son étreinte. Jack la sentit se relâcher complètement un quart d’heure plus tard, elle dormait à présent. Il sourit, attendri, et la déplaça pour qu’elle ait la tête sur ses genoux. Il veilla à ce que le manteau la couvre bien et bascula un peu la tête en arrière pour qu’elle repose sur le dossier. Il ferma à son tour les yeux.

 Il avait du dormir un peu car le bruit de la portière avant le fit sursauter, ils étaient enfin  arrivés. Jack passa la main dans les cheveux de sa partenaire et murmurant un Carter doux. Elle remua et ouvrit les yeux pour le voir penché sur elle. Elle mit quelques secondes pour émerger totalement et se décider à bouger

 

-         Il est quelle heure ? demanda t’elle encore endormie

-         Presque 4h. Il a fallu 2 heures pour se sortir de ce bouchon. Ahhh, je hais les villes ! Allez venez, sortons

 

 

Il l’aida à descendre de la voiture et lui proposa son bras pour monter les quelques marches. Une fois dans l’ascenseur, elle ôta ses chaussures avec un soupir de soulagement. Il sourit, elle était adorable comme ça, emmitouflés dans son manteau de l’armée, les cheveux en bataille et le visage chiffonné.

Jack ouvrit la porte de son appartement, et la laissa entrer la première. Celle ci posa son sac sur le meuble de l’entrée et déboutonna le manteau de Jack. Galamment il l’assista pour l’enlever et elle l’en remercia.

 

-         Je suis morte de fatigue

-         Prenez la salle de bain en premier et allez vous coucher

-         Merci, dit elle en dénouant derrière son cou le lacet qui retenait la robe.

 

 

Il la regarda faire et déglutit légèrement quand elle retint le haut de justesse. Il secoua la tête, ce n’était pas le moment d’avoir des pensées salaces. Jusqu’ici, il avait tenté d’ignorer qu’elle était sous le même toit que lui, qu’elle se servait de sa salle de bain, qu’elle dormait à a peine quelques mètres de lui séparé par un mur fin. Il le fallait pour sa santé mentale mais si elle commençait à avoir de tels gestes, il ne se contrôlerait plus bien longtemps. Avait elle seulement conscience de ce qu’elle faisait ? Apparemment non, le fait d’être là depuis plusieurs jours, faisait qu’elle prenait ses aises et agissait naturellement comme elle le ferait chez elle.

 

Il dénoua sa cravate, et alla dans sa chambre attendant son tour. Il en profita pour ranger sa veste de costume et retirer ses chaussures. Quand il entendit la porte de la salle de bain se fermer, il sut qu’il pouvait y aller. Une bonne douche avant de dormir lui ferait le plus grand bien.

Sauf que sous le jet d’eau, il sentait les effluves du parfum de la jeune femme, elle avait d’ailleurs laissé son gel douche sur la tablette et il ne put s’empêcher de le sentir. Il soupira d’aise à cette odeur, il adorait ça.

 

Il ressortit une dizaine de minutes après, apaisé. Il passa devant la chambre de Sam et vit la porte entrouverte, il la poussa légèrement et l’aperçue allongée sur les couvertures encore enroulée dans une serviette. Elle dormait à poings fermés. A coup sur cette image allait hanter ses rêves. Il s’approcha tout de même et ouvrit le plus doucement possible un placard pour prendre une couette qu’il posa sur elle. Il n’avait pas envie qu’elle ai froid. Il passa une main douce dans ses cheveux blonds encore humides puis éteignit la lampe de chevet et sortit à pas de loup.

 

 

Lendemain

 

Jack était assis en train de lire le journal une tasse de café à la main. Il leva la tête en entendant les pas de Sam retentir sur le plancher. Il faillit s’étouffer avec son café et recracha tout sur le quotidien. Sam venait d’entrer vêtue uniquement d’un t-shirt noir lui arrivant mi cuisses et les pieds nus. Elle paraissait encore un peu endormie et d’un geste, elle secoua ses cheveux. Jack était suspendu à ses mouvements alors que son petit déjeuner coulait sur son menton et la table.

 

 

-         Salut, vous vous êtes brûlé ? demanda t’elle inconsciente de l’effet qu’elle avait sur lui

-         Ce n’est rien se reprit il en épongeant les dégâts

-         Il est plus de onze heures, vous auriez dû me réveiller

-         Non, nous sommes rentrés tard et puis je suis debout depuis seulement 10 minutes

-         Ok. J’avale un café et je me prépare dit elle en s’asseyant sur le tabouret à côté de Jack

-         Euh oui dit il sans comprendre ce qu’elle racontait

-         Jess nous attend ce midi chez elle, vous vous souvenez ?

-         Jess ?…Ah oui, si, si je me souviens, affirma t’il en se forçant à ne pas regarder les longues jambes du Colonel alors qu’elle les croisait

-         Vous avez vu, il a encore neigé

-         Oui, j’ai vu ça. C’est sur que ce n’est pas aussi doux que les hivers du Colorado

-         Oui mais j’aime ça la neige.

-         Vous paraissez reposée ce matin

-         N’aillez pas peur des mots, ce matin je me sens assez bien et j’ai pas envie de me jeter d’un pont pour le moment

-         Vous m’en voyez ravi. A propos de…

-         De ?

-         L’autre jour, chez vous au réveillon… Quand vous avez avalé ces médicaments, vous ne vouliez pas…

-         Non, je voulais juste dormir. Sans quoi j’aurais tout avalé et je me serais arrangée avant pour vous mettre dehors

-         Oui, c’est vrai. Vous m’avez fichu la trouille Carter, ne recommencez jamais ça

 

Elle avala son café d’une traite et alla directement sous la douche. Jack souffla et se détendit enfin. Il avait du mal à ne pas laisser son esprit vagabonder. Depuis la veille, il avait des pensées loin d’être sages qui lui trottaient dans la tête. Pas que c’était inhabituel, il avait déjà eu à mainte reprises ce genre d’images croustillantes qui lui brouillaient le cerveau. Seulement en général, il se reprenait vite et passait à autre chose, les gardant pour des moments où il serait seul. Mais là, rien qu’en posant le regard sur elle, à chaque instant, il se voyait l’embrassant, la caressant… A croire que le fait qu’il n’y avait plus d’entraves professionnelles entre eux le laissait partir à la dérive de ses fantasmes.

 

 

Une heure plus tard, ils étaient en voiture pour aller chez Jessica. Elle habitait une petite ville dans la banlieue de Washington aussi Jack avait pris sa voiture.

 

 

-         Comment une civile comme Jessica a pu entrer au Pentagone et travailler pour les militaires ?

-         C’est à cause de mon père, il a proposé son nom lorsqu’un haut gradé de l’armée française a eu un malaise chez nous. Cet homme n’avait pas confiance en nos médecins, alors mon père a fait venir Jess. Elle est restée.

-         Je comprends

-         J’étais ravie de la voir aussi souvent quand je suis arrivée au Pentagone

-         Je m’en doute… Comment est ce arrivé ? Je veux dire l’accident

-         Tom avait été chercher leur fille à l’école, ils rentraient quand une voiture a grillé un feu et les a percuté de plein fouet. Le chauffard n’a rien eu bien sur et il était ivre. Tom est mort dans l’ambulance, leur fille un peu plus tard sur la table d’opération

-         C’est affreux

-         Jessica avait tout pour être heureuse, un travail passionnant, un mari génial qui l’aimait comme un fou, une adorable petite fille et le temps d’un claquement de doigt elle a tout perdu.

-         Vous connaissiez son mari depuis longtemps ?

-         Oui, depuis l’enfance, son père travaillait avec le mien.

-         Elle parle parfois de lui mais jamais de leur fille

-         Vous parlez de Charlie vous ?

-        

-          Je crois que vous avez compris

-         oui, désolé de ma curiosité, je sais que cela vous a touché aussi

-         Tournez à gauche, c’est la maison au bout de l’impasse

 

 

Jack se gara devant une maison toute de briques, un chemin de dalles amenait jusqu'à une grande porte en bois. Une grande baie vitrée en demi cercle avançait légèrement sur la pelouse impeccablement tondue. Sur la boite aux lettres on pouvait encore lire Monsieur et Madame Fuller et leur fille.

 

-         Fuller, ce n’est pas Leroy ?

-         Jessica si, enfin son nom de jeune fille, elle a toujours gardé pour son travail

-         Oui, logique. Y’avait un Général Fuller avant à l’Etat Major

-         Oui, le père de Tom

-         C’est vrai ?

-         Oui

-         Cet homme est un héros

-         Je sais, Dit elle en frappant à la porte de son amie

-         Bonjour, dit elle gaiement en ouvrant la porte. Bonne année

-         Bonne année à toi répondit Sam en lui faisant une bise

-         Meilleurs vœux Jessica

-         A vous aussi Jack, venez entrez. Et merci pour les fleurs

 

Ils laissèrent leurs manteaux dans le vestibule et Jess leur indiqua de la suivre jusqu’au salon. L’odeur du feu bois réchauffait l’atmosphère. Devant eux, la grande pièce lumineuse décoré dans des tons rustiques, était très accueillante. Un grand canapé à l’air confortable occupait le centre de la pièce, en face contre un mur la télévision diffusait les informations tandis que crépitait la cheminée sur la gauche. Au fond une arcade laissait voir la salle à manger ou la table était déjà dressée. Ici et là, des tableaux ou des photos décoraient les murs clairs. Dans le reste du salon, un piano trônait donnant un charme supplémentaire aux lieux.

 

La maîtresse de maison leur proposa de prendre l’apéritif ici et alla chercher les verres.

 

-         J’aime beaucoup cette maison dit Jack

-         Oui, j’aime aussi, on n’a pas l’impression d’être en ville ici

-         C’est clair, ça fait du bien

-         Sam je t’ai pris un cocktail sans alcool

-         Super, vous vous êtes donnés le mot ?

-         Hein ?

-         Hier je l’ai empêché de boire une coupe de champagne

-         Oh, il a raison Sam, ça ne fait pas bon ménage avec les anti dépresseur

-         Je sais merci. Ta soirée s’est bien passée ?

-         Super, j’ai encore eu le droit aux exploits de guerre des vétérans, sans parler qu’en plus j’ai eu l’occasion d’admirer leurs jolies cicatrices…

-         Vous vous êtes amusée comme une folle je vois, dit il moqueur

-         Oui en effet et vous deux ?

-         Ca a été, le buffet était délicieux, surtout les petits fours sucrés

-         Oui, j’ai vu que vous aviez apprécié Général, vous vous êtes gavé pour un siècle

-         Il a raison, le buffet était le seul truc sympa au Pentagone

-         Et ces roses, c’est de qui ?

-         Paul soupira t’elle

-         Paul, le Paul ? demanda Sam surprise

-         Oui lui.

-         Il est gentil

-         Je sais

-         Paul Davis mon Général

-         Le Major ? Et ben, il cache bien son jeu celui là

-         Depuis quand il t’envoi des fleurs alors ?

-         Depuis quelques temps, nous avons dîné ensemble une fois

-         Et ?

-         Et rien, il est gentil.

 

 

La sonnerie du portable de Jack stoppa la conversation.

 

-         O’Neill ?…Bonjour Siler et bonne année…Moi qui croyais que vous m’appeliez juste pour les vœux…je plaisante, alors ?…Carter ? vous avez tenté sur son portable ?…ok, chez une amie je crois….elle ne vous a pas laissé ses coordonnées…attendez je cherche, elle a du me laisser ça…555 678 934 chez le Docteur Leroy…D’accord au revoir.

-         Un souci ? demanda Sam

-         Le SGC essai de vous joindre, un problème avec la porte, j’ai dit que vous habitiez ici

-         Oui, je comprends. Je n’ai pas allumer mon portable depuis que je suis à Washington, il est resté chez vous en plus

-         Vous avez bien fait Jack, d’ailleurs ça doit être eux, je vais répondre, Sam tu peux aller dans le bureau, je te passerai l’appel

-         Merci.

 

 

Sam les laissa et y alla en soupirant. Il la suivit des yeux laissant son regard s’attarder tendrement. Quand elle disparut derrière la porte, Jack vit Jess le regarder un sourire aux lèvres. Il fit un sourire gêné et elle ne dit rien.

 Jessica s’excusa un instant pour aller vérifier le repas. Jack se leva et s’approcha de la cheminée pour regarder les photos. Au centre il y avait celle de mariage, la jeune mariée avait un sourire éblouissant et le marié la regardait avec une infinie douceur. A droite, une photo de famille, le couple tenait un bébé dans les bras les yeux baignés de larmes de joie. A gauche, Sam riait, elle était grimpée sur le dos de l’homme et semblait le taquiner. Faisant demi tour, Jack alla près du piano sur lequel plusieurs cadres étaient posés. Il y avait de tout, le couple seul, avec leur fille, avec Sam. Une autre fit sourire Jack, Sam tenait contre elle la petite fille d’environ 5 ans, toutes les deux arboraient un sourire jusqu’aux oreilles. Jack s’avança et prit un portrait de l’enfant, elle ressemblait beaucoup à sa mère et avait une lueur d’espièglerie dans les yeux.

 

 

-         Elle avait 5 ans dit doucement Jess en arrivant

-         Pardon dit il en reposant le cadre sur le piano

-         Ce n’est rien

-         Elle vous ressemblait beaucoup

-         Je sais mais elle avait les yeux de Tom et son sourire

 

 

Jack la regarda et vit dans les yeux de la jeune femme la même douleur que la sienne. Il mit la main à sa poche et en sortit son portefeuille.

 

-         C’est Charlie, il avait 8ans

-         Il vous ressemble beaucoup aussi

-         Sans doute. Dit il en regardant son fils sourire à l’appareil en tenant fermement sa batte de base-ball

-         Sam était la marraine de Gaëlle

-         Gaëlle ?

-         Oui c’est français, de Bretagne même.

-         C’est joli

-         Merci. Vous voulez un autre verre ?

-         Je veux bien merci dit il en rangeant sa photo. Comme elle, il n’avait plus envie de parler de ça pour le moment et accepta ce changement de conversation

-         Et la soirée s’est bien passée pour Sam ?

-         Oui, je crois qu’elle a apprécié même si elle était épuisée en rentrant

-         Ce n’est rien ça, au moins pendant ce temps là, elle ne se morfond pas

-         C’est juste

-         Elle réfléchit dix fois trop et accumule trop aussi.

-         Je sais. Pourtant jamais j’aurai cru qu’elle s’effondrerait comme ça. Elle m’a vraiment fait peur la semaine dernière.

-         J’imagine pour que vous m’appeliez. Ce qui est certain, c’est que c’est plus sérieux que la dernière fois

-         La dernière fois ?

-         Sam a déjà fait une dépression à la mort de Catherine, mais c’était différent, elle a surtout fait des bêtises

-         Jacob m’a dit une fois qu’elle lui en avait fait voir

-         C’est clair, il avait sa part de responsabilités d’ailleurs. Mais bon Sam a toujours brûlé la vie. Elle a un côté autodestructeur depuis longtemps

-         C’est à dire ? demanda t’il inquiet

-         Regardez la vivre, regardez les trucs insensés qu’elle fait. Je sais que son travail impose ça mais c’est autre chose. Tom m’a raconté des trucs qu’elle faisait petite fille et je l’ai vu faire des trucs fous à l’adolescence.

-         C’est vrai qu’elle n’a pas froid aux yeux mais elle sait ce qu’elle fait

-         C’est justement ce qui est inquiétant parfois. Elle sait qu’elle met sa vie en danger. Tom l’a récupéré plusieurs fois en train de marcher sur le toit les yeux bandés, jouant les équilibristes, elle avait à peine dix ans à l’époque. Enfant, elle restait parfois au milieu de la route pour voir si les voitures allaient s’arrêter. A l’adolescence, elle faisait des courses de motos alors qu’elle n’avait pas le permis, elle a plongé dans un lac presque gelé pour voir combien de temps elle resterait sans respirer, juste comme ça pour un pari ridicule.

-         Et personne n’a jamais rien dit ?

-         Tom la couvrait souvent, son père était absent, nul ne se doutait. Que pensez vous d’une jeune fille qui crie sa haine contre l’armée et qui le soir de ses dix-huit ans, arrive avec un sourire en disant qu’elle s’est engagée ?

-         J’ai toujours cru que c’était par envie

-         Oui envie encore de jouer avec sa vie sans doute. Elle a accepté des missions dangereuses, des stages de survie très durs. Là où Tom a eu peur c’est quand elle a été appelé dans le Colorado. Il ne savait pas ce que c’était mais savait que c’était très dangereux. A chaque fois qu’elle revenait avec des blessures étranges ou sérieuses, il angoissait. Il savait que Sam aurait pu se contenter de rester dans son labo mais il savait aussi qu’elle irait sur le terrain.

-         Je crois que rester dans le labo n’est pas son genre, c’est sur

-         Elle est partie là bas pour encore se défier. Cependant, Tom bien qu’inquiet a été soulagé parce qu’il a eu l’impression qu’elle avait enfin quelque chose à laquelle se raccrocher, qui ferait qu’elle voudrait encore vivre et qu’elle se battrait. Elle a trouvé des amis là bas

-         Oui, c’est vrai aussi. En y réfléchissant, je me souviens qu’en effet elle n’a jamais eu peur de mettre sa vie en péril…mais de là à imaginer que c’est parce qu’elle a un côté suicidaire

-         Vous même Jack vous n’êtes pas parti pour la gloire…

-         Hum

-         Je ne dirais quand même pas qu’elle est suicidaire, non, je pense au contraire que c’est pour se prouver qu’elle est vivante. Sam adore les montées d’adrénaline, sous pression elle fonctionne mieux et plus vite.

-         C’est vrai qu’elle ne perd pas souvent son calme même dans des situations dangereuses

-         Le problème c’est qu’à force de vivre sous pression, ça finit par exploser. Là, Sam a atteint ses limites.

-         Je crois aussi, je me demande ce qui a bien pu déclencher tout ça quand même.

-         J’en sais rien, elle finira par se confier

-         J’espère. Dit il en regardant l’heure puis vers le bureau

-         Jack, je sais que vous vous inquiétez beaucoup pour elle, c’est normal mais faites attention à vous aussi. Le stress que vous accumulez n’est pas bon, faudrait pas tirer sur la corde

-         Je vais bien, je ne suis pas stressé

-         Oui, c’est ça. Enfin, ménagez vous un peu.

 

Il se tut, et jeta à nouveau un coup d’œil vers le bureau. Jessica lui posa une question banale et ils reprirent une conversation tout aussi banale, parlant de tout et de rien, tandis que Jack laissait son regard se poser sur la porte derrière laquelle Sam était. Jess fit mine d’ignorer cela, ce n’était pas encore le moment de parler de la relation étrange de ses deux invités.

 

Sam sortit au bout d’un très long moment, le visage sombre, elle se laissa tomber dans un fauteuil et attrapa son verre de jus de fruit, faisant une grimace en avalant. Elle aurait volontiers prit un truc un peu plus fort.

 

-         Y’a un problème grave à la Base Carter ?

-         Non, juste un souci avec la porte mais y’avait personne à l’extérieur

-         Alors pourquoi cet air morose Sam, tout le monde va bien là bas ?

-         Oui, oui c’est juste…

-         Juste quoi ? demanda Jack inquiet

-         Juste que mes vacances sont finies demain, que je dois être la bas dans deux jours, et franchement j’ai pas envie d’y aller dit elle au bord des larmes

-         Ben n’y va pas, je te fais un arrêt de travail, de toutes manières même si tu voulais y retourner, je ne t’aurais pas laissé faire

-         Mon Général ? demanda t’elle à Jack pour avoir son avis

-         Elle a raison c’est trop tôt pour vous, et puis vous êtes la bienvenue chez moi vous le savez

-         Je ne veux pas vous déranger, je peux rentrer chez moi

-         Non, ruminer chez vous ne sert à rien et puis y’aura toujours quelqu’un du SGC qui viendra vous ennuyer. En plus ici, je suis là et Jessica aussi, vous éloigner de Cheyenne Mountain est le mieux pour vous

-         Je suis d’accord avec lui Sam. Cesse de te tourmenter, tu n’as jamais prit de vacances ou presque, ils devront se passer de toi. En plus, tu restes joignable en cas de gros problèmes alors…Je m’occupe de ton certificat médical

-         Qu’allez vous y mettre ?

-         Juste qu’elle a besoin de repos, que c’est une grosse fatigue générale, ne vous en faites pas, je ne ferai pas mention de dépression

-         Ca vaut mieux, je crois, affirma Jack

-      Allez passons à table, dit joyeusement Jessica

 
 
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