C’était très certainement égoïste de sa part, mais c’était comme ça. C’était LEUR balcon, et personne d’autre qu’eux n’avait le droit d’y mettre les pieds.
C’est pourquoi, lorsqu’il découvrit McKay et Zelenka en pleine conversation sur ce fameux balcon, il leur lança un regard noir lourd de sens, qui les dissuada de rester plus longtemps sans qu’aucun mot ne fut échangé.
Elle n’allait pas tarder à arriver, et il ne tolérerait aucune présence extérieure pendant leur petit moment de tranquillité. A eux et rien qu’à eux.
Les étoiles brillaient déjà dans le ciel lorsqu’il entendit la porte coulisser et le bruit feutré de ses pas sur le sol. Sans même regarder il savait d’instinct que c’était elle. Il poussa un léger soupir, sourit, puis se retourna :
- Je commençais à croire que vous ne v…
Mon dieu mon dieu mon dieu… du calme John !
C’était de la provocation. Elle le provoquait délibérément, voilà.
- Ne me dites pas que vous avez traversé la base dans cette tenue, dit-il, en se tournant de nouveau vers la mer, avec la ferme résolution de ne pas laisser dévier son regard.
- Bien sûr que non, John, c’était spécialement pour vous, fit-elle avec un sourire angélique.
Ggnnnnnn self-control, tronc droit, bras prêts à intercepter la cible en cas de dérapage, attention maximale… non non non, il ne faut surtout pas y faire attention, regarde la mer, voila c’est ça, la mer !
Sa veste d’uniforme noire et rouge qu’elle tenait à la main témoignait en sa faveur.
- Et puis-je savoir où est passé ce charmant T-shirt rouge qui vous va à ravir ? demanda t-il, évitant autant que possible de la regarder, les yeux obstinément tournés vers la mer.
- Dans mes quartiers, répondit-elle, avec toujours ce petit sourire à la bouche. Elle mit ses bras sur la balustrade.
Arggg… la vue est encore plus plongeante maintenant.
- Alors pourquoi mettre… ceci ?
Ne pas y penser, surtout ne pas y penser. Elle porte un énorme polaire marron pelucheux particulièrement moche… voilà c’est ça !
Il tenta de se composer une moue dédaigneuse, mais sans succès.
- Vous n’aimez pas ?
- Bien sûr que si m… enfin je veux dire… vous ne trouvez pas que c’est un peu… affriolant ?
Ce n’est pas le terme exact, mais de toutes manières…
- Affriolant ? sourit-elle.
- Un peu… trop court peut-être… chuchota t-il alors qu’elle se rapprochait imperceptiblement de lui.
- Je vous signale qu’il m’arrive bien au-delà du nombril, avança t-elle, faussement indignée.
Le sourire angélique avait disparu pour faire place à un sourire carnassier.
- Je parlais de la partie haute, grimaça t-il, alors qu’elle s’étirait langoureusement en arrière.
Réflexion faite, il n’y avait pas vraiment de partie haute dans son débardeur… plus ou moins translucide selon l’angle sous lequel il regardait
Et cette partie se trouve au niveau de… NON NON ET NON ! se fustigea t-il.
Ce vêtement allait lui faire perdre la tête avant la fin de la soirée, et visiblement c’est ce qu’elle cherchait.
- Pas ce soir, Elizabeth, je suis sincèrement désolé, mais…
Il n’eut pas à finir sa phrase, car la porte s’ouvrit, et Ford, qui conversait avec le Sergent Bates, lui fit un salut militaire. Elizabeth remit précipitamment sa veste.
Ouf, ça y est, la torture est finie…
Les deux autres s’approchaient. Ford prit la parole et dit :
- Y a du monde au balcon, ce soir, vous ne trouvez pas ?
FIN