Citations du moment :
Si tu as envie de travailler, assis toi là et attend que ça passe. -proverbe corse
Imagine

Avec Carter : Chapitre 1

 
-         Noooonnnnnnnnnnn !
      Jack fut réveillé en sursaut par son propre cri. Assis dans son lit, la respiration haletante, trempé de sueur, il sentit son estomac se nouer tandis qu’il revenait peu à peu à la réalité.
Carter…
La porte…
Disparue…
      Le souffle coupé, sentant monter en lui une terreur qui lui était dès lors si familière, il eut soudain un éclair de conscience… Il se souvint… Le vaisseau qui explose, le cri derrière lui, son regard si limpide croisant le sien…
Elle était là. Elle était revenue. Ils l’avaient enfin retrouvée…
      Prenant conscience de cela, il sentit son corps se mettre brusquement à trembler de façon  incontrôlable tandis qu’il levait une main vacillante vers son visage comme pour en ôter les dernières images de ce cauchemar... Il ne comprenait pas pourquoi il rêvait encore de ça. Il s’était couché avec la sensation incroyablement libératrice que tout allait bien. Pour la première fois en cinq mois, il n’avait plus ce nœud à l’estomac, ce poignard dans le cœur, cette sensation étrange de saigner de l’intérieur… Et voilà qu’il refaisait encore cet horrible rêve… Une réminiscence de ce qu’avait été sa vie sans elle. De ce que serait sa vie sans elle… réalisa-t-il soudain tandis que son corps se détendait enfin, peu à peu…
      Et cependant, le nœud dans son ventre ne disparaissait pas… Il avait compris, bien avant cela d’ailleurs, que la situation entre eux ne pouvait plus rester telle qu’elle l’était avant sa disparition. Il en était arrivé à un point où il ne le supporterait plus. Même avant ces cinq mois d’enfer, déjà l’ambiguïté de leurs rapports était devenue extrêmement difficile à gérer pour lui mais maintenant… Maintenant qu’il avait eu un aperçu de ce que son absence pouvait engendrer dans sa vie, ou plutôt dans sa non-vie, cela devenait tout simplement impossible…
      Et pourtant il se sentait bloqué. Impuissant. Il n’y avait pas de solutions. Au-delà de cette loi, de ce règlement aberrant, il y avait les sentiments de Carter. Qui pouvait dire ce qui se passait dans la tête de son second ? Elle semblait, tout comme lui, souffrir de cette situation et cependant, à plusieurs reprises, il l’avait vue prendre de la distance à chaque fois qu’il y avait eu un semblant de rapprochement entre eux. C’était à ne rien y comprendre.
      Certes, il avait le cœur solide, et la frustration, il connaissait… Mais là, Jack en était arrivé à un point où son self contrôle, qu’il parvenait à garder dans n’importe quelle situation, commençait à lui faire sérieusement défaut. Il suffisait de voir son comportement de ces derniers mois…
      Passant une main nerveuse dans ses cheveux, il finit par soulever sa couverture et sortit du lit. Le réveil affichait 03h21… Encore une nuit sans sommeil… Visiblement, une partie de lui estimait que tout n’était pas réglé, sinon comment expliquer ce cauchemar et son incapacité à dormir.
      Il resta debout quelques instants, immobile au milieu de la pièce, ne sachant trop quoi faire. Puis, pris d’une soudaine envie, il s’habilla rapidement, sortit de ses quartiers et se dirigea d’un pas fébrile vers l’infirmerie.
      Il avait envie de la voir. De regarder son visage. De sentir sa présence. Elle lui avait manqué à un point inimaginable… Ce n’était même pas descriptible. Il aurait souhaité ne pas la quitter, rester avec elle à l’infirmerie mais Janet le lui avait interdit, l’obligeant à aller dormir. Il avait finalement acquiescé sagement, comprenant que son corps avait besoin lui aussi de repos. Mais voilà… Son esprit, lui, ne semblait pas de cet avis.
      Soudain fiévreux à l’idée de la voir, Jack accéléra le pas, le cœur battant la chamade. Ce fut donc presque en courant qu’il fit les derniers mètres qui le séparaient de l’infirmerie. Il ralentit cependant l’allure et entra dans la salle le plus silencieusement possible. Deux membres de SG7 se trouvaient en ce moment même sur des lits proches de celui de Carter. Ils étaient tous néanmoins séparés par des rideaux afin de leur permettre d’avoir un minimum d’intimité. Il n’y avait pas un bruit, si ce n’est le bip répétitif et familier des moniteurs électroniques. S’avançant doucement jusqu’au lit de son second, il tira un peu plus le rideau de séparation afin de les isoler davantage et s’arrêta enfin devant elle. Les mains dans les poches, il scruta le visage maigre et fatigué de la jeune femme. Son cœur se serra aussitôt, n’osant songer à ce qu’elle avait dû traverser pendant ces cinq interminables mois. D’autant que, son expérience aidant, il savait parfaitement que prisonnier, on avait souvent tendance à percevoir le temps différemment… Pour elle, ces cinq mois avaient dû paraître une année au moins…
      Jack soupira, le cœur lourd, espérant ainsi faire disparaître le malaise qui ne semblait pourtant pas vouloir le quitter. Il prit la chaise derrière lui, la rapprocha doucement du lit et s’assit. Que devait-il faire ? Quel comportement adopter ?  Arriverait-il à agir comme s’il ne s’était rien passé ? …
 
 
      Sam émergea lentement, attirée par la lumière blanche qu’elle pouvait percevoir à travers ses paupières closes. Le sarcophage, songea-t-elle, le ventre noué, refusant d’ouvrir les yeux et de retrouver l’horrible réalité. Cependant, fronçant les sourcils, elle perçut au loin un bruit bien particulier qui, sans qu’elle arrive à en déterminer la raison, lui apparut comme réconfortant. Un bip régulier qui lui était étrangement familier…
      Désireuse d’en avoir le cœur net, elle ouvrit péniblement les yeux et tenta de concentrer toutes ses forces pour ne pas gémir lorsqu’elle sentit son corps courbaturé s’éveiller à son tour… Elle battit rapidement des paupières afin d’habituer sa vue à la lumière agressive et pourtant tamisée de la pièce. Elle scruta le plafond qu’elle avait sous les yeux et son cœur ne fit qu’un tour. Ce plafond blanc, elle le connaissait. Retenant son souffle, Sam tourna péniblement la tête vers sa droite et une chaleur intense inonda son corps. Elle sentit aussitôt des larmes lui piquer les yeux et glisser silencieusement sur ses joues pâles.
Depuis combien de temps n’avait-elle pas pleuré ?
Longtemps…

Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas vu ?...
Une éternité…
      Elle resta, là, incapable de réfléchir, trop bouleversée par les diverses émotions qui affluaient en elle. Au-delà du fait de se savoir enfin sauvée, découvrir son visage au réveil était la plus belle chose qui lui avait été donnée de voir depuis si longtemps. Il était assis sur une chaise à ses côtés, les bras repliés sur son lit et sa tête posée dessus était tournée vers elle. Il dormait, tout simplement. Ce visage… ces traits virils et si beaux… Dieu qu’il lui avait manqué. Comment avait-elle pu tenir aussi longtemps loin de lui, loin de sa présence si rassurante… ? C’était un véritable miracle. Mais elle savait qu’il la cherchait et c’est surtout ça qui lui avait permis de tenir le coup.
      Tandis que, peu à peu, elle commençait à s’accoutumer aux émotions envahissantes qui avaient pris possession de son corps, Sam revit comme un flash les dernières minutes avant son évanouissement.
      Elle se souvint avoir pris les anneaux de transport qu’elle avait réussi à trouver grâce au bruit de déflagration causé par une grenade. C’est en arrivant sur la terre ferme qu’elle aperçut au loin une équipe SG s’enfoncer dans la forêt. Cela n’avait duré qu’une fraction de second mais cette vision lui avait redonné toutes ses forces, ou tout du moins lui avait permis de puiser dans ses dernières réserves. Elle s’était alors élancée à leur suite, la peur au ventre d’être arrêtée, ou pire, de les voir partir sans elle. Et puis il y eut l’explosion dans son dos. Réalisant qu’elle était beaucoup trop proche du vaisseau, elle avait redoublé d’effort, le cœur au bord des lèvres, un voile devant les yeux, trébuchant et pourtant continuant de courir, encore et encore. Et enfin, elle était parvenue à les rejoindre, devant la Porte des Etoiles. Mais tandis qu’elle s’apprêtait à hurler pour attirer leur attention, quelque chose vint la frapper par derrière, étouffant son cri, lui ôtant le peu de force qu’il lui restait. Alors, sentant ses jambes se dérober sous elle, comprenant en une fraction de seconde que tout était perdu, elle jeta un dernier regard vers l’équipe SG  qui fuyait par la Porte. Son cœur fit littéralement un bond dans sa poitrine lorsque, incrédule, elle reconnut sa haute silhouette à quelques mètres seulement d’elle. Sam le vit se retourner doucement, au ralenti, et croisa son regard…
      Elle put lire tant de choses dans ces yeux, sur ce visage si habituellement inexpressif… Comme s’il avait soudain perdu toutes ses défenses, ses inhibitions  Il semblait à la fois en état de choc et bouleversé au plus profond de lui-même. Jamais elle ne lui avait vu ce regard à la fois perdu, terrorisé, où pourtant elle put lire une lueur d’espoir… Il l’avait enfin reconnue. Elle eut alors l’impression étrange de se perdre totalement en lui, tandis qu’une myriade d’émotions affluait et que ses forces l’abandonnaient. Elle se sentit partir mais une phrase ne cessait de résonner en elle.
« Il m’a retrouvée… »
« Il m’a retrouvée… »

      Et en effet, il l’avait retrouvée, soupira-t-elle, sans pour autant cesser de pleurer. Elle eut l’impression qu’à travers ces larmes si longtemps retenues, toutes ses peurs et ses souffrances quittaient peu à peu son corps… Tout cela mélangé au bonheur de le revoir, lui…
      Elle le contempla un long moment, enregistrant ses traits tirés, fatigués et le pli soucieux qui barrait son front. Lentement, du bout des doigts, elle effleura sa tempe comme pour s’assurer qu’il était bien réel. Comme il ne réagissait pas, elle caressa doucement sa joue brunie par le soleil. Ils avaient du faire beaucoup de missions à l’extérieur pour qu’il ait le teint aussi mât… songea-t-elle attendrie. Voyant qu’il dormait toujours aussi profondément, elle se permit de raffermir ses caresses, si heureuse de pouvoir le toucher… lui… qu’elle n’avait même pas le droit d’effleurer…
      Sam fit glisser ses doigts tremblants sur son front, souhaitant faire disparaître ce pli qui, malgré le sommeil ne voulait pas le quitter. Alors, peu à peu, sous sa main aimante, il se détendit complètement, un léger sourire sur ses lèvres sensuelles. Elle sourit aussi. Ses larmes se tarirent enfin et elle s’endormit. 
 
 
      Il était presque 7h et comme tous les matins, elle était la première sur place. En sa qualité de responsable, il était normal qu’elle soit toujours irréprochable, mais aujourd’hui, la certitude de retrouver son amie l’avait faite sortir de son lit avant même que son réveil ne sonne.
      Son cœur battant plus vite qu’à l’ordinaire, Janet passa rapidement devant les deux hommes de SG7, regardant cependant au passage si leurs signes vitaux étaient normaux puis se glissa doucement derrière le rideau qui la séparait de Sam.
Un sourire vint aussitôt éclairer son visage.
      Evidement. Elle aurait dû s’en douter... Elle lui avait pourtant ordonné d’aller se coucher dans ses quartiers mais lorsqu’il s’agissait de son second, le Colonel O’Neill était plus têtu qu’une mule ! Mais comment lui en vouloir... ? C’était justement grâce à ce trait de caractère que Sam se trouvait à présent dans ce lit, en sécurité. Alors non, elle ne pouvait se résoudre à le réveiller. D’autant qu’il manquait cruellement de sommeil, elle le savait. Sa tension était au plus bas.
      Mais peu importe... A présent, tout allait s’arranger maintenant qu’elle était revenue… La vie allait enfin reprendre son cours normal… 
      Un sourire constant sur le visage, Janet s’approcha silencieusement de la jeune femme afin de voir si ses signes vitaux étaient normaux mais fut attirée par l’étrange position de la main de son amie. Celle-ci était posée sur la nuque du Colonel...
Elle s’est réveillée ! réalisa-t-elle soudain, son coeur faisant un bond dans sa poitrine.
      Et si elle s’était réveillée, cela signifiait qu’elle ne courait absolument plus aucun danger... Ainsi pleinement rassurée sur le sort de Sam, Janet s’apprêtait à les laisser tranquille lorsqu’elle se figea, inquiète. Devait-elle ou non déplacer la main de son amie ou la laisser à sa place ? Si jamais le Général venait les voir et les découvrait ainsi, elle n’était pas certaine qu’il approuverait l’ambiguïté de ce geste. D’un autre côté, il était peu probable qu’il fasse une visite si tôt puisqu’il n’était pas à la base... Elle hésita encore un instant puis finalement décida de ne rien faire. Elle espérait juste que le Colonel O’Neill se réveillerait en premier...
 
 
      Un bruit lui parvint au loin, le sortant peu à peu du brouillard dans lequel il se trouvait. Et comme tous les matins depuis plusieurs mois, son cœur s’affola aussitôt en plongeant de nouveau dans la réalité… Il ouvrit brusquement les yeux, le corps tendu, indifférent à la déchirure que lui infligeait la lumière vive mais se figea aussitôt…
Elle était là, devant lui…
      Son coeur fit de suite une embardée mais, peu à peu, se calma tandis qu’un sentiment étrange de sécurité l’envahissait… Il sentit alors tous ses muscles se détendre et s’appuya de nouveau de tout son poids sur ses bras afin de se perdre dans la contemplation de la femme allongée près de lui. Encore engourdi par le sommeil, il sourit doucement, songeant qu’elle était toujours aussi belle. Certes, elle avait maigri et son visage portait encore les traces d’une fatigue, d’un épuisement profond mais elle restait « elle »… La même bouche si sensuelle, le même joli nez, les mêmes pommettes saillantes… Dieu ! Comme il avait envie de se noyer dans ses yeux et de mourir sous son sourire… Que n’aurait-il donné pour qu’elle se réveille enfin…
      C’est à cet instant précis qu’il réalisa que quelque chose de chaud était posé sur sa nuque… S’arrachant à la contemplation de Sam, il baissa les yeux et tourna légèrement la tête pour découvrir le bras de la jeune femme se perdre vers l’arrière de son cou...
      Son cœur s’affola aussitôt… Elle s’était réveillée ! Elle s’était réveillée et avait dû le trouver endormi à son chevet.
      Bénies soient ses insomnies ! Il n’y avait rien de pire que sortir du coma et de se retrouver seul à l’infirmerie... S’il était resté sagement dans ses quartiers, elle aurait émergé au milieu du vide sans savoir combien elle avait manqué… sans visage ami à ses côtés… Dieu merci, ça n’était pas arrivé ! Il avait été là… endormi, certes, mais là.
      Reportant son attention sur le visage de Sam, il remarqua alors un détail qui lui avait échappé auparavant… Elle souriait… Ce n’était pas évident à voir au premier abord mais il la connaissait suffisamment bien et il était certain qu’elle souriait… Elle se savait en sécurité.
      Fermant les yeux, il savoura la tranquillité de cet instant, la chaleur de cette main sur lui, la certitude de sa présence… Mais les bruits de plus en plus forts et persistants dans la pièce, les voix derrière le rideau qui les séparait de la réalité rompirent finalement le charme et Jack se décida à se lever.
      Il se redressa doucement pour ne pas la réveiller, fit glisser la main de la jeune femme contre sa joue… doucement… lentement… pour la poser sur le lit, puis tourna légèrement la tête et s’arrêta aussitôt. Une douleur fulgurante venait de traverser sa nuque.
Mmmm… Ce n’était décidément plus de son âge de dormir sur une chaise…
      Il tenta alors de déplier son dos et eut toutes les peines du monde à ne pas hurler… Aussi, petit à petit, avec précaution, il s’étira afin de détendre un maximum ses muscles endoloris et put enfin se mettre debout. Il continua quelques exercices d’assouplissements afin de lutter contre un torticolis éventuel, se massa doucement le bas de son dos puis finalement se tourna vers la jeune femme.
      Son cœur cessa aussitôt de battre tandis qu’il plongeait son regard avec incrédulité dans un océan bleu azur… Figé, il sentit un trouble profond prendre possession de son corps et il eut toutes les peines du monde à garder un minimum de réserve sur son visage.
      Ils restèrent ainsi un long moment à se regarder en silence puis peu à peu un sourire vint éclairer le visage de Jack.
Sam, elle, souriait déjà… 
      Elle le regardait depuis un moment, s’étirer, détendre son corps après lui avoir fait subir une immobilité forcée de plusieurs heures. Elle l’avait observé avec délectation se cambrer vers l’arrière, bombant son torse puis se pencher vers l’avant laissant apparaître sa nuque bronzée, celle-là même qu’elle avait eu la chance de caresser … Son cœur s’était réchauffé peu à peu à tel point que, maintenant que son regard noisette était posé sur elle, elle se sentait comme dans un cocon de douceur et de sécurité. Si seulement il pouvait rester près d’elle… toujours.
-         Bonjour Dorothée… Dit-il simplement, les yeux brillants.
      A ce sobriquet, la jeune femme sourit de plus belle. Elle voulut lui répondre mais ne put prononcer le moindre mot tant sa gorge était sèche. Il le comprit rapidement car il se dirigea aussitôt vers la table de chevet et lui versa un peu d’eau dans un verre. Elle leva la main pour le prendre mais il secoua doucement la tête.
      -    Laissez…
      Elle le regarda s’approcher d’elle, précipitant les battements déjà désordonnés de son coeur… Il glissa l’une de ses mains dans ses cheveux puis l’aida à se redresser lentement avant de la faire boire. Elle leva instinctivement sa main vers le verre et la posa sur celle de Jack, ne réalisant l’incongruité de son geste que trop tard. Confuse, elle continua cependant de se désaltérer sans pour autant rompre le contact. Après tout, quel mal y avait-il ?
      Une fois le verre vide, Sam redressa doucement la tête attendant qu’il s’éloigne… mais il ne s’écarta pourtant pas. Il restait là, penché, à l’observer... L’intensité de son regard la secoua au plus profond d’elle-même. Le cœur au bord de l’explosion, elle eut la folle impression qu’il luttait pour ne pas l’embrasser… Son trouble dut se lire sur son visage car il reprit aussitôt ses esprits et se redressa, rompant le charme. 
-         Ca suffira pour le moment…
Pourquoi eut-elle le sentiment que cette phrase avait un double sens ? Chassant cette pensée ridicule, Sam finit par retrouver un peu de son calme.
-         Merci... murmura-t-elle, la voix enrouée.
Il reposa le verre sur sa table et se tourna de nouveau vers elle.
-         Depuis combien de temps... ? commença-t-elle au bout d’un instant sans parvenir pourtant à terminer sa phrase...
-         ... Environ cinq mois.
Elle acquiesça simplement, enregistrant l’information... Elle avait l’impression que cela faisait une éternité... Cinq mois seulement...
Ils se regardèrent encore un long moment en silence puis Jack soupira.
-         Vous nous avez fait peur...
-         Je suis désolée... répondit-elle aussitôt inutilement.
Nouveau silence...
-         Vous nous avez manqué... finit-il par murmurer.
« Vous nous avez manqué » ? Non pas « Vous m’avez manqué » ? C’est étrange parce que son regard criait l’inverse... Sam s’en rendit parfaitement compte et cette constatation lui réchauffa le coeur.
-         Vous aussi... répondit-elle donc, à son tour.
      Il sembla comprendre le message car il sourit sans pour autant la quitter des yeux.
La voix de Janet retentit alors derrière le rideau et ils se tournèrent d’un même mouvement tandis que celle-ci passait juste sa tête pour voir s’ils étaient réveillés. Lorsqu’elle découvrit le Colonel debout et Sam les yeux fixés sur elle, elle tira le rideau et s’approcha du lit, un sourire gigantesque sur les lèvres.
-         Sam !! s’exclama-t-elle en s’avançant vers eux.
-         Janet !
Celle-ci passa devant Jack et s’arrêta près de son amie.
-         Comment te sens-tu ?
-         Fatiguée, courbaturée mais ça va.
-         Tant mieux... répondit-elle, scrutant son visage amaigri.
Quelque peu émue par ces retrouvailles, elle finit par se tourner vers Jack.
-         Colonel ! Décidément vous n’en faites qu’à votre tête ! Il me semblait vous avoir ordonné de rester dans vos quartiers ?!
Gêné, celui-ci sourit tout en se grattant la tête.
-         J’arrivais pas à dormir...
-         J’ai pourtant eu l’impression inverse ce matin... Une vraie marmotte.
Il ne sut quoi répondre à cela... Aussi Janet sourit de plus belle. C’était plutôt rare de le voir manquer de répartie !
-         Quoiqu’il en soit, Colonel, interdiction de remettre les pieds à l’infirmerie pendant les... Allez, je ne vais pas être trop méchante... les six prochaines heures. Sam a besoin de se reposer. D’autant que Teal’c et Daniel ne devraient plus tarder...
-         Raaah ! Vous êtes un vrai tyran, Doc ! s’exclama Jack tout en souriant pour démentir ses paroles.
Il se tourna alors vers Sam.
-         Reposez-vous, Carter... Je repasserai plus tard !
Il hésita quelques secondes puis rajouta :
-         Peut-être même plus tôt que prévu... Je suis assez bon pour infiltrer les terrains hostiles !
-         Colonel !!! gronda gentiment Janet.
-         C’est bon, je m’en vais, fit-il avec un clin d’oeil de connivence à Sam.
Il tira le rideau et s’apprêtait à sortir lorsqu’il fut interpellé par celle-ci.
-         Mon Colonel ?!
Jack revint sur ses pas et croisa son regard.
-         Oui ?
-         ... Merci.
Devant les yeux interrogateurs de son supérieur elle dut s’expliquer.
-         Merci de m’avoir retrouvée...
Il sourit doucement.
-         C’est vous qui nous avez retrouvés. Vous m’êtes littéralement tombée dans les bras.
Mais Sam ne souriait pas. Elle secoua la tête et posa son regard fatigué sur lui.
-         Non... Merci de m’avoir cherchée si longtemps...
Jack retrouva aussitôt son sérieux. Il comprenait son besoin de prouver sa reconnaissance et il l’accepta.
-         De rien, Carter. Nous n’aurions jamais abandonné...
Sur ces mots, il lui sourit une dernière fois et sortit.
Les deux jeunes femmes le regardèrent s’en aller puis Janet soupira en se tournant vers son amie.
-         Eh bien ! Ca fait plaisir de le revoir aussi détendu...
Sam sourit.
-         J’imagine qu’il a dû vous en faire voir.
-         Tu n’as pas idée ! ...
Elle accentua ces paroles en secouant la tête, pensive.
-         Non, tu n’as vraiment pas idée... Enfin ! finit-elle par s’exclamer. C’est du passé ! Tu nous es revenue !
Janet pressa la main de Sam tandis que ses yeux s’embuaient légèrement.
-         Si tu savais combien tu nous as tous manqués... Ne pas savoir si tu étais vivante ou... Un véritable cauchemar...
-         J’aurais parfois préféré être morte... murmura Sam, le regard sombre.
Son amie l’observa en silence. Que pouvait-elle dire à cela... « Je sais » ? Non... Elle ne savait pas... Elle n’avait jamais vécu ça.
-         Tu veux en parler ? dit-elle au bout d’un moment.
-         Non. Je ne préfère pas... Pas encore.
-         Je comprends... Mais tu connais la procédure, Sam...
-         Je sais. Je vais devoir suivre une thérapie afin de voir si je suis encore apte... Mais pour le moment, je ne veux pas y penser.
-         Je comprends.
Janet s’affaira en silence autour de la jeune femme, lui faisant les quelques tests nécessaires puis Sam finit par sourire.
-         Alors ? Comment vont les autres ? Quoi de neuf en cinq mois ?
-         Eh bien... Pas grand chose en fait. A croire que le monde s’est arrêté de tourner pendant ton absence... Tu sais, ça a été difficile ici...
Puis réalisant que ses propos étaient vraiment déplacés, elle se reprit aussitôt.
-         Pardon… Je sais… je sais que ce n’était rien en comparaison de ce que tu as dû vivre...
-         Janet, arrête, l’interrompit Sam en posant une main rassurante sur son bras. Parle-moi. Toi. Comment as-tu vécu tout ça ?
Le Docteur Frasier eut un sourire un peu forcé.
-         Pas très bien, pour être honnête. Je ne pensais pas que le moral de SG1 était si déterminant pour l’ambiance générale de la base... Les missions se succédaient à un rythme fou sur ordre du Colonel O’Neill et ... nous avons eu de nombreux cas de dépression...
-         Janet... l’interrompit de nouveau Sam. Je veux parler de toi.
-         Moi ?... Eh bien... Ce fut difficile. Tu m’as manquée, le travail était dur... Cassy est devenue insupportable. Bref...
-         Je suis désolée...
-         Je t’en prie, tu n’as pas à l’être...
Un silence se fit puis Sam le rompit de nouveau.
-         Et les autres ? Daniel, Teal’c ?
Janet retrouva un peu de son entrain.
-         Je crois que tu ne reconnaîtras pas Daniel ! Il a suivi un entraînement intensif avec Teal’c et le Colonel ! Tu ne vas pas en revenir !
-         Vraiment ? s’exclama Sam, incrédule. Mais... Pourquoi ?
-         Eh bien, depuis ta disparition, SG1 a cessé les missions diplomatiques et d’exploration pour se concentrer exclusivement sur les Goa’ulds... Pour te retrouver, en fait. Je crois bien que Daniel ne voulait pas être un poids pour le Colonel...
-         Il ne l’a jamais considéré comme un poids !
-         Je le sais. Mais Daniel a certainement estimé qu’il devait s’améliorer pour être plus efficace...
Sam sentit son coeur s’attendrir face à une telle preuve d’amitié... Lui qui détestait tellement se battre...
-         Et Teal’c ?
-         Plus morose que jamais... Je crois qu’il ne parlait plus qu’au Colonel et à Daniel. Même à son arrivée à la base, il y a sept ans, il était plus bavard... C’est te dire...
Tout cela aurait dû la peiner mais Sam ne put s’empêcher de sourire malgré elle. C’était si rassurant de voir que ses amis tenaient si fort à elle.
-         ... Et le Colonel ? finit-elle par demander timidement.
Janet ne fut pas dupe mais ne releva pas.
-         Le Colonel... Que te dire sur lui. Il a fait pleurer la totalité des infirmières de la base si bien qu’il n’y a plus que moi pour l’examiner. Plus personne n’ose lui adresser la parole sous peine de se faire casser, en deux minutes chrono... Et pas une blague n’a franchi sa bouche depuis près de cinq mois... Bref...
A ces mots, Carter baissa simplement la tête. Son pouls venait de prendre des allures de marteau piqueur...
-         C’est la première fois que je le vois sourire depuis ta disparition Sam... Je ne l’avais jamais vu comme ça. Je ne sais pas combien de temps encore il aurait pu tenir à ce rythme-là.
La jeune femme acquiesça, sentant monter en elle des larmes qu’elle se refusa de verser. Elle qui croyait en avoir fini cette nuit...
-         Et mon père ? finit-elle par demander, voulant changer de sujet pour son propre bien.
-         Nous l’avons fait appeler dès que tu es arrivée. Il ne devrait plus tarder. Inutile de te dire qu’il était mort d’inquiétude. Ca n’a pas été évident entre le Colonel et lui...
Sam redressa aussitôt la tête.
-         Pourquoi ?
-         Eh bien, je pense que le Général Carter en a beaucoup voulu à Jack de ne pas avoir su te protéger...
-         Mais c’est ridicule ! Il ne pouvait absolument rien faire. Je...
Elle s’interrompit, trop furieuse qu’on puisse lui reprocher sa propre incompétence. Si elle avait grimpé cette fichue corde plus rapidement... Non, ce n’était vraiment pas sa faute !
-         N’en veux pas à ton père, Sam. C’est le chagrin qui lui a fait voir les choses de cette façon...
La jeune femme acquiesça, mais elle n’était cependant toujours pas calmée... Elle ne voulait surtout pas qu’on en veuille à Jack... Surtout pas Jacob...
-         Je... J’irai m’excuser auprès du Colonel pour mon père... Je ne veux pas qu’il se sente responsable...
Janet s’inquiéta de voir son amie s’agiter ainsi, aussi posa-t-elle une main rassurante sur son bras.
-         Ne t’inquiète pas... murmura-t-elle. Détends-toi. C’est fini, maintenant.
Face au regard anxieux du Docteur Frasier, Sam se força à se calmer. Il était inutile de songer à cela pour le moment. Elle se tourna donc vers son amie et lui sourit.
-         Je commence à avoir faim...
Janet lui sourit aussitôt.
-         Ca, c’est très bon signe !
 
 
      Jack venait de sortir de l’infirmerie et se dirigeait d’un pas enjoué vers le mess. Le sourire constant qu’il affichait fit se retourner bon nombre de personnes sur son passage et certains eurent même la surprise de s’entendre saluer par lui. Le retour de Sam avait bien évidemment fait le tour de la base et tout le monde était plus ou moins curieux de voir les conséquences que cela auraient sur le comportement du Colonel O’Neill...
Inconscient de ce qui pouvait se dire à son sujet, Jack fit son entrée au mess :
-         Salut tout le monde ! s’exclama-t-il tandis que le silence le plus total se faisait dans la salle.
      Passées les quelques secondes d’incrédulité que ce signe de bonne humeur provoqua autour de lui, les réponses affluèrent précipitamment, réflexe de non-contrariété qui risquait de persister pendant encore quelques temps. Particulièrement indifférent à tout cela, Jack se servit copieusement en céréales, se permit de rajouter deux croissants et un café puis se dirigea vers la table de SG1 où l’attendaient déjà Teal’c et Daniel. Visiblement, les habitudes étaient difficiles à perdre... Ils auraient très bien pu dormir jusqu’à midi pour récupérer leur sommeil en retard mais ils avaient gardé le pli de se réveiller aux aurores !
-         Hello ! salua Jack en posant son plateau sur la table.
-         Salut !
-         Bonjour, O’Neill.
Une fois assis, celui-ci jeta un oeil amusé vers ses amis.
-         J’ai l’impression que je ne suis pas le seul à mourir de faim ce matin !
En effet, les plateaux des deux hommes étaient remplis à ras bord, chose pour le moins inhabituel depuis quelques mois.
-         J’avalerais un boeuf entier, s’exclama Daniel en commençant son troisième croissant. 
-         Vous venez avec nous voir si le Major Carter est réveillé, O’Neill ?
-         Je suis hélas interdit d’infirmerie !... Et pour info, Carter est déjà réveillée.
Aussitôt les deux hommes relevèrent la tête.
-         Vraiment ?? Comment va-t-elle ?
-         Selon ces propres mots : fatiguée et courbaturée mais ça va.
-         Vous êtes passé la voir juste avant de venir ici ? demanda Daniel, curieux.
Jack hésita quelques secondes et en profita pour avaler la fin de son croissant.
-         Plus ou moins...
A ces mots, le jeune archéologue sourit.
-         Vous avez désobéi à Janet... J’en étais sûr !
-         Et j’ai eu raison ! Carter s’est réveillée cette nuit. Si je n’avais pas été là, elle se serait trouvée seule à l’infirmerie.
-         Vous avez très bien fait, O’Neill, confirma Teal’c en enfournant la totalité d’un pain aux raisins.
 
« Activation de la Porte non programmée »
 
L’alarme retentit et Jack se redressa aussitôt sur sa chaise, l’oreille tendue. C’était peut-être Jacob. Il avait demandé à être prévenu dès son arrivée... Il attendit quelques secondes puis une voix retentit à travers les hauts-parleurs.
 
« Le Colonel O’Neill est demandé en salle d’embarquement. »
 
Celui-ci se leva aussitôt.
-         C’est Jacob.
      Avant de partir, il attrapa quand même le deuxième croissant sur son plateau qu’il enfourna de suite et sortit en courant du mess suivi de près par ses deux amis.
      Lorsqu’ils parvinrent en salle d’embarquement, Jacob les y attendait déjà. Ayant un rendez-vous important avec des personnes de l’état major, le Général n’était pas encore à la base et le Colonel Reynolds était en charge de la Porte en son absence. D’ordinaire, c’était à Jack de s’en occuper, mais vu l’état d’épuisement des membres de SG1, Hammond avait estimé plus judicieux de les laisser se reposer un peu. O’Neill avait toutefois demandé expressément d’être appelé si la Tok’ra se manifestait. Il voulait apprendre lui-même la bonne nouvelle à Jacob. Celui-ci regarda donc les trois hommes arriver jusqu’à lui et fut surpris de les voir sourire à pleines dents. Une bouffée d’espoir vint aussitôt le prendre à la gorge et il se tourna vers Jack, attendant des explications. Ce dernier enfonça simplement les mains dans ses poches.
-         Il y a quelqu’un qui vous attend à l’infirmerie, dit-il simplement, ne voulant faire attendre plus longtemps le père de Sam.
      Celui-ci sentit aussitôt son coeur se figer, immobile l’espace d’un instant, puis sans un mot, il s’engouffra dans les couloirs.
      Les trois amis se regardèrent en souriant de plus belle et se décidèrent d’un commun accord silencieux de suivre Jacob.
      Le Tok’ra fit le trajet au pas de course, bousculant au passage les quelques personnes qu’il croisait sans pour autant en avoir vraiment conscience. Il était dans un état second et n’avait plus qu’un seul et unique but : arriver à l’infirmerie le plus vite possible. Lorsqu’il pénétra dans celle-ci, il jeta un regard fiévreux sur les lits puis, découvrant enfin sa fille dans l’un d’eux, il resta immobile quelques instants, incapable de faire le moindre mouvement. Il attendit que l’information parvienne jusqu’à son cerveau embrumé puis, recouvrant l’usage de ses jambes, s’élança vers Sam, renversant au passage un petit chariot qui en tombant fit un bruit métallique assourdissant, attirant l’attention de tous sur lui.
      Lorsque la jeune femme croisa son regard, son visage s’illumina aussitôt et, levant les bras, elle accueillit son père avec tendresse.
-         Papa…
      Celui-ci se contenta de la serrer désespérément contre lui, incapable de prononcer le moindre mot. Bien que très faible, celle-ci supporta volontiers ces effusions et sentit de nouveau confusément des larmes altérer sa vue. Elle se força à se contenir, ce que son père, à sa grande surprise ne parvint à faire. De toute sa vie, c’était la seconde fois qu’elle le voyait pleurer. La première fois avait été juste après la mort de sa mère. Elle l’avait surpris un jour assis par terre dans leur chambre, la tête entre ses mains... Elle ne lui avait pas signalé sa présence, trop abasourdie par ce qu’elle venait de découvrir... Son père, l’homme le plus solide, le plus fort qu’elle connaissait... pleurait comme un enfant. Cette vision l’avait alors profondément choquée.
      Aujourd’hui, elle ne fut pas choquée mais terriblement émue. Aussi, ne pouvant se retenir davantage, elle laissa à son tour s’échapper quelques larmes… 
      Janet, témoin silencieux de ces retrouvailles, tira doucement le rideau afin de les isoler un peu. Connaissant la fierté du Tok’ra, elle désirait lui éviter la gêne qu’un tel débordement devant une tierce personne risquait de susciter en lui. Elle sut aussitôt qu’elle avait bien fait lorsqu’en se retournant, elle découvrit sur le pas de la porte de l’infirmerie les trois autres membres de SG1. Elle les arrêta aussitôt en leur disant que Jacob et Sam avaient besoin de se retrouver quelques instants. Ceux-ci acquiescèrent et partirent attendre patiemment dans le couloir. 
      Quelques minutes plus tard, Janet jeta un coup d’œil discret derrière le rideau puis, ayant constaté qu’elle ne dérangeait pas, leur indiqua que SG1 désiraient voir Sam. Ni une, ni deux, le rideau fut tiré et ses amis s’avancèrent vers elle, émus.
      Jacob, assis sur le lit et tenant la main de sa fille dans les siennes, se leva et recula quelque peu afin de laisser sa place.
-         Nous sommes très heureux de vous revoir, Major Carter, déclara solennellement  le Jaffa avec un sourire qui dénotait pourtant le ton neutre de sa voix.
-         … Moi aussi, Teal’c… Je suis heureuse d’être rentrée.
-         … Sam, murmura alors simplement Daniel, trop bouleversé pour parler davantage.
      Il se pencha doucement vers elle et serra tendrement la jeune femme contre lui. Ce faisant, celle-ci croisa par-dessus l’épaule de son ami le regard de son supérieur et réalisa, un pincement au cœur, qu’elle n’avait même pas eu droit à cela de sa part… Elle, qui avait songé, lors de son emprisonnement, aux gestes qu’il aurait pu avoir envers elle en la retrouvant… Mais elle chassa très vite cette idée déplacée de son esprit et profita de l’étreinte réconfortante de son ami en fermant les yeux.
      Lorsqu’il se redressa, elle se força à ignorer le regard scrutateur de son supérieur posé sur elle.
-         Vous nous avez fait peur, Sam… finit par dire Daniel, un faux reproche dans la voix.
Ces paroles firent sourire la jeune femme. C’était exactement ce que lui avait dit Jack… Décidément, ces deux là…
-         Je suis désolée, se sentit-elle donc obligée de répondre tout en croisant le regard amusé et complice d’O’Neill…
Sam sourit mais ce faisant, ne put totalement réprimer le bâillement qu’elle sentait monter en elle. Elle se sentait complètement vidée… Bien sûr, sa grimace n’échappa pas à l’œil expert de Janet qui aussitôt s’approcha de la jeune femme.
-         Je vais vous demander de sortir… Sam a besoin de repos.
Celle-ci réagit aussitôt. Certes, elle était fatiguée mais elle n’avait aucune envie de les voir partir.
-         Ca va aller, je t’assure…
-         Non, déclara Jacob, catégorique. Tu dois te reposer un peu… s’il te plait, rajouta-t-il rapidement devant la mine butée de sa fille.
-         Je vous assure que…
-         Major… C’est un ordre, intervint alors doucement Jack, un sourire aux lèvres pour contrebalancer ces propos formels.
La jeune femme croisa de nouveau son regard puis devant l’assurance de son supérieur finit par acquiescer. Elle n’avait pas la force de lui tenir tête de toute façon… La force, ni l’envie pour tout dire…
-         Si c’est un ordre… fit-elle donc en bâillant encore une fois et cependant, hésitant encore à les laisser partir.
Mais comme s’il avait lu en elle, Jack la rassura :
-         Nous ne sommes pas loin de toute façon…
Luttant encore pour rester éveillée, la jeune femme reçut ces mots avec le sourire… Elle se détendit alors complètement et avant même qu’ils ne soient tous sortis de l’infirmerie, Sam s’était endormie.
 
 
      D’un commun accord, ils prirent tous la direction du mess. Certes, ils avaient mangé mais pas suffisamment… Une fois sur place, ils y trouvèrent Mike déjà attablé. Tous chargèrent leurs plateaux comme il se doit, leur table ayant déjà été nettoyée juste après leur départ, et le rejoignirent. Après les salutations d’usage, Summers se tourna vers son supérieur.
-         Vous avez vu le Major Carter ? Comment se porte-t-elle ?
-         Plutôt bien.
-         Elle est surtout très fatiguée, intervint Daniel tout en commençant son deuxième petit déjeuner avec appétit.
      Mike acquiesça en silence, quelque peu perdu dans ses pensées. Qu’allait-il devenir maintenant que la jeune femme était revenue ? Car il lui semblait évident que tous étaient ravis de son retour. Lui également, bien évidemment. Cependant, comment ne pas se faire de soucis quant à son avenir au sein de cette base ? Le Colonel O’Neill était toujours si dur, si froid… A la moindre erreur, il lui tombait dessus et passait ses nerfs sur lui… Ok… Il faisait ça avec tout le monde… C’est vrai… Mais il était bien difficile pour lui de savoir s’il était, oui ou non, apprécié par lui.
      Des éclats de voix le sortirent soudain de sa torpeur. Surpris, il se tourna et resta éberlué. Trop inquiet pour son avenir, il n’avait pas prêté attention aux changements qui s’étaient opérés dans le comportement de ses coéquipiers. A présent, ils les regardaient avec effarement se taquiner sans pour autant quitter des yeux le contenu de leurs plateaux…
-         Non ! Je vous assure que non ! s’exclama alors Daniel.
-         Et moi je vous dis que si ! répondit Jack aussitôt.
-         Non !
-         Si !
      Incroyablement surpris par cet échange pour le moins… ridicule et puéril si diamétralement opposé à la sécheresse des propos froids et sérieux dont ils étaient coutumiers, Mike se tourna vers Teal’c pour découvrir celui-ci en train de regarder ses deux amis se chamailler, un immense sourire sur les lèvres ! Il ne savait même pas que le Jaffa savait sourire !
      Incrédule, il reporta son attention sur ses deux autres compagnons qui continuaient de se chicaner comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. 
-         Vous semblez surpris, intervint alors Jacob en regardant Mike, amusé.
-         Eh bien oui… un peu…
-         Ils sont pourtant comme ça tout le temps…
-         Pas depuis que je les connais !
Le Tok’ra le regarda, étonné, puis finit par acquiescer.
-         Je vois. Vous êtes arrivé au SGC après la disparition de Sam… Je pensais qu’on vous avait transféré d’une autre équipe SG.
-         Non. J’ai de suite été incorporé à SG1.
-         Je comprends mieux alors… Et bien maintenant vous avez un aperçu de leurs véritables … caractères… répondit Jacob avec une grimace d’excuses, jetant un coup d’œil gêné vers Jack et Daniel…
      Mike, toujours un peu troublé, se tourna vers les deux hommes. On le lui avait pourtant dit, à son arrivée : les altercations continuelles entre le Docteur Jackson et le Colonel O’Neill et le mystérieux sourire que Teal’c n’adressait qu’à ses coéquipiers… Il en avait entendu parler mais n’en avait jamais été témoin. Jusqu’ici, il n’avait vu que froideur et dureté chez eux, si bien que Mike en avait complètement oublié ces rumeurs…
      Quelle n’était donc pas sa surprise de voir son supérieur et le docteur Jackson se chamailler comme s’ils étaient des gosses de 10 ans… et tout ça sous le regard bienveillant du guerrier Jaffa…
-         Daniel !
-         Jack !
-         Daniel !!!
-         Jack !!!
-         Raahh !! Fermez-là !
      Ainsi se conclut l’étrange dialogue entre les deux hommes et cependant aucun d’entre eux ne se montra particulièrement vexé ou en colère par les propos de l’autre… Ils souriaient tous deux lorsqu’ils se tournèrent vers Teal’c et Jacob qui discutaient à présent d’une fête éventuelle pour le retour de « l’enfant prodigue »…
      Peu à peu, l’incorporation de Sam dans l’équipe fut abordée. Mike, désireux de savoir un peu plus où il allait, intervint :
-           Mon Colonel ? Sauriez-vous me dire où je vais être affecté ?
A la surpris de tous, Jack se rembrunit aussitôt.
      -  Nous n’en sommes pas encore là… répondit-il simplement, buvant tranquillement une gorgée de son café.
      -     Comment cela, O’Neill ? Le Major Carter va pouvoir reprendre sa place dans quelques jours, réagit de suite Teal’c, le sourcil levé.
      -     Rien n’est moins sûr… Elle va tout d’abord devoir passer des tests d’aptitude psychologiques…
Jack avait parlé avec tellement de froideur que tous le regardèrent avec surprise.
-         Sam en a vu d’autre. Il ne fait aucun doute qu’elle…
-         Elle a été séquestrée, torturée et je ne sais quoi encore pendant 5 mois, Daniel. Vous n’avez aucune idée de l’impact que cela peut avoir sur le mental d’une personne. Pour le moment, SG1 est au complet. Le sujet est clos.
      Les dernières paroles de Jack tombèrent comme un couperet, jetant un froid parmi les personnes autour de la table. Tout en disant ses mots, il s’était tourné vers Jacob qui était resté étrangement silencieux jusqu’ici, son regard perçant posé sur lui. Gêné d’être ainsi sondé et n’ayant visiblement pas l’esprit tranquille, O’Neill se ferma un peu plus encore et reporta son attention sur la tasse de café qu’il tenait dans la main.
      Un long silence se fit alors mais désireux de ne pas le prolonger à outre mesure, Jack finit par relancer la discussion sur un autre sujet et ils acceptèrent de jouer le jeu sans rechigner.
      Finalement, une fois leurs assiettes vides, O’Neill se leva ; suivi rapidement de ses compagnons.
-         Je vais aller me défouler en salle de sport. Teal’c, ça vous dit ?
-         Avec plaisir, O’Neill.
-         Daniel ?
Celui-ci n’hésita qu’un instant et finit par décliner l’invitation, un sourire aux lèvres.
-         J’ai des traductions qui m’attendent ! SG12 a ramené un artefact très intéressant et j’aimerais l’étudier.
      A ces mots, Jack ne put réprimer un sourire. Il regarda son ami en silence, pendant un court instant. Daniel s’était tellement donné pendant ces derniers mois pour améliorer sa technique, niant sa propre passion, faisant ce qu’il détestait le plus… se battre. Il ne s’était jamais plaint et l’avait suivi dans chacune de ses décisions, lui faisant une confiance aveugle… Il avait été un soutien inestimable… Et à présent, il était là devant lui, les yeux lumineux à l’idée de se plonger de nouveau dans ses recherches. Attendri malgré lui, Jack sourit de plus belle tout en tapotant la joue du jeune archéologue.
      -     Très bien, petit scarabée ! Amusez-vous bien avec vos cailloux !
Daniel fit la grimace, faussement choqué par ces propos réducteurs, mais dans le fond, profondément touché par la lueur de fierté qu’il put lire dans les yeux de son ami…
-         Summers ?
-         Je vais aller voir le Major Carter.
-         Elle doit être en train de dormir…
-         J’attendrai.
Jack acquiesça.
-         Jacob ?
-         Je vais en salle de Briefing. George ne devrait plus tarder.
-         Très bien… A toute à l’heure !
Sur ce, le groupe se divisa.
 
 
      Cela faisait presqu’une heure que Mike était au chevet de Sam. Perdu dans ses pensées, il finit par se tourner vers le visage de la jeune femme.
Elle était belle.
Malgré ses traits tirés et sa maigreur, il sut apprécier à sa juste valeur les courbes régulières de son visage, son nez droit et sa bouche joliment dessinée… Mais ce qu’il voulait voir nécessitait qu’elle soit éveillée. N’était-elle pas reconnue par les hommes de la base pour son regard expressif et son sourire éblouissant ? Entre autre chose, évidemment…
      Il se sentait singulièrement proche de cette femme. Il ne l’avait jamais vue jusqu’ici, ne la connaissait pas… et cependant il avait si souvent entendu parler d’elle qu’elle lui était étrangement familière. Il se faisait une idée assez précise de son caractère et savait sans même l’avoir demandé quelles étaient les choses qu’elle aimait et qu’elle n’aimait pas…
      Si elle avait un peu faim il savait que de la gelée bleue lui ferait plaisir et si elle avait un peu soif un soda light, parce qu’elle adorait le goût… En revanche, il était hors de question de lui parler d’un certain McKay, scientifique qu’elle détestait au plus haut point !… Tous ces petits détails, il les avait inconsciemment enregistrés. Enfin… peut être pas aussi inconsciemment que cela.
      Mike devait bien avouer qu’il était depuis quelque temps déjà fasciné par cette femme. Ne devait-elle pas être extraordinaire pour susciter autour d’elle une telle adoration de la part de ses amis et un tel respect de la part des autres… ?
      Le bruit d’un plateau métallique tombant sur le sol le fit soudain sursauter. Il entendit alors Janet gronder une infirmière, lui sommant de faire plus attention afin de ne pas troubler le sommeil de ses patients. Mike se tourna vers Sam et découvrit un regard d’un bleu limpide accroché au sien. Son cœur s’affola aussitôt. Il se reprit cependant très vite, se sermonnant de réagir comme un adolescent.
-         Bonjour, parvint-il à dire au bout d’un instant.
La jeune femme le regarda quelque peu surprise, une lueur de curiosité dans les yeux, puis finit par lui sourire.
-         Bonjour.
-         … Je suis le Major Summers. C’est moi qui vous ai remplacée pendant votre absence.
Elle acquiesça, ayant visiblement compris cela d’elle-même puisqu’elle ne montra aucune surprise à cette annonce.
-         Je m’en doutais… Cela fait combien de temps que vous avez intégré SG1 ?
-         Quatre mois.
Elle sourit de nouveau.
-         Alors vous devez être un excellent élément pour que le Colonel O’Neill vous ait gardé aussi longtemps… J’imagine qu’il n’a pas du être tendre avec vous.
Mike, quelque peu surpris, acquiesça à son tour. Visiblement, elle connaissait bien son supérieur.
-         Au début surtout oui. Mais je ne sais pas vraiment s’il estime que je suis un bon élément.
-         Il le pense, croyez-moi. Sinon vous ne seriez pas resté quatre mois sous ses ordres.
Il lui rendit aussitôt son sourire, quelque peu soulagé par ces propos pleins de logique. Il est vrai que si le Colonel avait été mécontent, il n’aurait sans doute pas attendu plus d’une semaine ou deux pour se débarrasser de lui.
-         Quoiqu’il en soit, je suis content de vous rencontrer enfin ! reprit-il avec entrain. Depuis le temps que j’entends parler de vous ! Vous êtes une légende ici !
La jeune femme haussa les sourcils, surprise puis secoua la tête en signe de dénégation.
-         Non, je vous assure, insista Mike avec sincérité. Je n’ai pas rencontré une personne dans cette base qui ne vous apprécie. Ils n’ont jamais douté que SG1 vous retrouverait. D’ailleurs, eux-même n’ont jamais abandonné.
Il s’arrêta quelques instants, cherchant ses mots puis finit par redresser la tête.
-         Je n’avais jamais vu une telle entente dans un groupe… une telle dévotion pour l’un de ses membres…
      Il vit les yeux de la jeune femme se voiler tout à coup et un sourire tremblant apparaître sur ses lèvres. Ces mots la troublaient visiblement. Elle avait toutes les peines du monde à se contenir et Mike s’en voulut un peu. Elle était suffisamment épuisée pour qu’en plus il en rajoute en la faisant pleurer… Aussi, avant de se lever pour la laisser se reposer, il finit par conclure.
-         Ils seraient allés jusqu’en enfer pour vous chercher, Major Carter… Tous les trois. Sans hésiter un seul instant.
Sur ces mots, il la salua en souriant et sortit, la laissant seule…
      Sam serra confusément ses poings, tentant une nouvelle fois de se contenir. Décidément, elle était une véritable fontaine depuis son retour. Ce devait être ses nerfs qui lui jouaient ce vilain tour…
      Elle avait été surprise d’avoir réussi à faire preuve d’autant de sang froid pendant sa détention et pensait s’être endurcie. Elle en était presque arrivée à se dire qu’elle ressemblait de plus en plus au Colonel. Ce qui en soit, ne lui aurait pas déplu, bien au contraire. Elle enviait tellement ce calme, ce self contrôle qu’il parvenait à garder même lors des pires situations… Et voilà qu’à présent, à la moindre allusion envers ses amis, elle se mettait pratiquement à fondre en larmes !… Pathétique…
      Très en colère contre elle-même, elle parvint finalement à refouler le torrent qui menaçait de la submerger… Elle respira lentement, calmant les battements précipités de son cœur tout en retrouvant peu à peu ses esprits.
      Malgré sa fatigue, Sam re-songea à ce court entretien avec le Major Summers. Il semblait gentil et ne pas lui en vouloir d’avoir été retrouvée alors qu’il risquait, ce faisant, de perdre sa place dans l’équipe. Elle avait été un peu surprise de savoir que le Colonel avait gardé le jeune homme aussi longtemps. Elle aurait pensé qu’il allait faire se succéder ses remplaçants mais visiblement, ils avaient de suite trouvé la bonne personne… Et en y repensant… ce n’était pas très rassurant… Et s’il était meilleur qu’elle ?
      Non… Ce n’était qu’un militaire, à première vue… Elle, elle était experte dans la Porte des Etoiles en plus d’être un bon soldat. Est-ce que ça ne la rendait pas irremplaçable ?… Non ?...

« Oh !! Arrête de te prendre la tête, Sam ! Bien sûr qu’ils veulent que tu reviennes ! C’est évident ! »

      Après s’être copieusement réprimandée, la jeune femme finit par fermer les yeux et commença à se détendre…
      Elle somnolait déjà depuis quelques minutes lorsqu’un bruit retentissant et des voix fortes la firent de nouveau se réveiller. Difficile de se reposer dans cette base…
      Elle redressa aussitôt la tête tandis que Janet, suivie de plusieurs aides soignants et d’un brancard, arrivait en trombe dans l’infirmerie. Les rideaux étant légèrement ouverts au niveau de ses pieds, la jeune femme découvre avec horreur que l’homme allongé et responsable de ce remue-ménage n’est autre que le Colonel O’Neill !
      Le ventre noué, elle tenta aussitôt de se redresser mais, trop faible, finit par s’affaler piteusement sur son lit. Frustrée, elle se pencha donc vers sa gauche pour attraper le rideau et le tirer afin de lui permettre de voir ce qui se passait derrière mais en vain. Elle était trop loin.
-         Janet ? appela-t-elle la voix désespérément faible.
Sam entendit celle-ci s’affairer autour de son supérieur, donnant des ordres d’un ton dramatiquement anxieux… Son regard fut alors attiré par Teal’c qui entrait à son tour dans l’infirmerie. A peine la porte passée, il empoigna le téléphone mural.
-         Daniel Jackson ? Je me trouve à l’infirmerie. O’Neill a eu un malaise… Très bien.
      Une fois le combiné raccroché, le Jaffa croisa le regard affolé de Sam et sans plus attendre, il s’avança vers elle et tira le rideau de séparation afin qu’elle puisse, elle aussi, voir ce qui se passait de l’autre côté. Reconnaissante, la jeune femme attrapa la main de son ami, la serra tout en reposant sa tête sur l’oreiller et se tourna vers son supérieur qu’on avait installé sur le lit à sa gauche.
      Janet s’affairait toujours autour de lui, fébrile, toute son attention étant dirigé vers son nouveau patient. Quelques interminables minutes plus tard, elle finit par se redresser, un pli agacé sur ses lèvres. Elle contempla O’Neill quelques instants, en silence puis finit par soupirer.
-         Docteur Fraisier ? demanda Teal’c sous la pression des doigts de Sam, lui demandant ainsi ce qui se passait.
Celle-ci se tourna vers eux et finit par sourire.
-         Ca va. Rien de méchant… La fatigue, le stress… et une bonne dose de comé…
Mais elle finit par s’arrêter au milieu de sa phrase. Elle secoua la tête, un sourire amusé aux lèvres.
-         Il a besoin de repos ! conclut-elle tandis que Daniel arrivait en trombe dans l’infirmerie.
-         Comment va-t-il ??
A peine avait-il dit ses mots qu’il sentit ses jambes se dérober sous lui. Teal’c, toujours très réactif, le rattrapa avant qu’il ne s’effondre totalement par terre. Ni une ni deux, Janet s’avança vers eux, soudain furibonde.
      -   Bon sang ! Vous êtes infernales tous les deux ! Lorsque je vous dis de vous  reposer ce n’est pas pour aller en salle de sport ou courir comme des fous dans les couloirs !! Vous allez me faire le plaisir de vous enfermer dans vos quartiers et dormir au moins jusqu’à demain !
Sur ces mots, elle se retourna et partit chercher quelque chose dans un placard puis revint vers Daniel et lui mit plusieurs cachets et un verre d’eau dans les mains.
-         Avalez ça immédiatement !
Aussitôt le jeune homme se rebella mais face au regard glacé de Janet finit par obtempérer, penaud.
-         Bien ! sourit-elle satisfaite, avant de se tourner vers le Jaffa. Emmenez le jusque dans ses quartiers et veillez à ce qu’il y reste, Teal’c. Merci.
      Celui-ci s’inclina de suite et soutenant son ami, qui déjà commençait à s’endormir sous l’effet du sédatif, sortit de l’infirmerie.
      Sam observa alors Janet, un sourire amusé aux lèvres. C’était plutôt rare de la voir perdre son sang froid, et regarder ce petit bout de femme donner des ordres à des géants comme Teal’c était finalement assez cocasse…
      Elle la vit ensuite se retourner vers le Colonel, les mains sur les hanches, hésitant visiblement sur la marche à suivre… puis finalement haussa les épaules et tira les rideaux autour de lui afin de l’isoler.
-         Janet ? intervint alors Sam.
-         Oui ?
-         … Peux-tu le laisser ouvert ? demanda-t-elle tandis que le docteur Frasier s’apprêtait à les séparer en tirant celui entre les deux lits.
      Janet sourit puis acquiesça. Elle fit le tour de son amie et les isola tous les deux du reste de la pièce.
      Une fois seuls, Sam tourna la tête vers Jack et observa un long moment son visage, en silence. A sa grande surprise, elle vit soudain ses lèvres s’étirer en un sourire amusé et croisa alors son regard.
-         Vous voyez que je suis très bon pour les infiltrations… murmura-t-il avec un clin d’œil.
Incrédule, la jeune femme le contempla un moment avant de rire le plus silencieusement possible.
-         Vous n’avez pas fait ça… ?
-         Ben… J’ai quand même eu un malaise, je dois l’avouer… m’enfin, pas au point de tomber dans les vapes !
Sam pouffa de plus belle.
-         Je comprends mieux le comportement de Janet ! Elle a fini par comprendre !
-         Ah bon ? demanda Jack inquiet. Vous croyez ?…Raaah ! Je sens qu’elle va me faire payer ça d’une façon ou d’une autre…
Il fit une grimace désespérée sous le regard amusé et attendri de la jeune femme.
-         C’est gentil en tout cas de risquer la colère de Janet pour me tenir compagnie, Mon Colonel.
Jack s’installa sur le côté avant de lui répondre. Il était à présent complètement tourné vers elle, un bras replié sous sa tête. Sam sentit son cœur s’affoler devant cette soudaine intimité.
-         Je dors mal en ce moment… en revanche j’ai dormi comme un bébé à côté de vous tout à l’heure alors, je vais pouvoir vérifier si vous avez réellement un pouvoir … 
-         Dites tout de suite que je suis soporifique ! réagit-elle aussitôt, amusée, en se tournant à son tour sur le côté pour lui faire face.
Ils se regardèrent en souriant.
      Sam sentit son cœur se gonfler, chaud dans sa poitrine. Elle se sentait tout à coup si bien. En paix, heureuse. Après un cauchemar de cinq mois, la plus petite attention lui semblait si douce… Alors avoir cet homme devant elle qui la regardait avec tendresse… C’était presque trop pour elle. Ses yeux s’embuèrent de nouveau à son grand désarroi mais cette fois-ci se refusa de se contenir.
      Le sourire de Jack s’accentua un peu plus lorsqu’il vit glisser quelques larmes sur les joues pâles de la jeune femme.
-         Vous m’avez manqué, murmura-t-il alors.
Sam sourit de plus belle, un sanglot dans la voix.
-         Vous aussi.
Cette fois-ci, les mots étaient vraiment dis. Sans ambiguïtés, sans non dits…
      Bien que profondément fatiguée, la jeune femme lutta pour rester éveillée et profiter un maximum de sa présence, de cet instant. Parler lui permettrait sûrement de ne pas s’endormir… et partager des choses avec lui.
-         J’ai beaucoup pensé à mon retour à la base… lorsque j’étais prisonnière… Ca me permettait de ne pas songer à…
Elle ne put finir sa phrase mais Jack n’en eut pas besoin. Il se rembrunit aussitôt, un nœud à l’estomac.
Afin de chasser l’ombre qui venait de voiler le visage de son supérieur, Sam lui sourit tout en poursuivant :
-         Je ne pensais pas que ces retrouvailles seraient si… intenses.
Il retrouva aussitôt le sourire.
-         Intenses ?
-         Toute cette affection… Teal’c, Daniel, Janet…
-         … Et moi ? 
Sam baissa les yeux, troublé et finit par murmurer :
-         Je me suis demandée comment vous alliez …
Elle s’arrêta cependant, incapable de poursuivre. Ça devenait peut être un peu trop personnel… Et s’il le prenait mal… ?
-         Comment j’allais quoi ? demanda-t-il doucement, l’incitant à poursuivre.
Elle lui jeta un coup d’œil puis, rassurée par son regard encourageant, elle se décida.
-         Je me suis demandée ce que vous feriez si vous me retrouviez… Quel geste… Une poignée de main ? Une accolade ? … Je sais c’est bête mais … je n’ai rien eu, finit-elle avec un clin d’œil afin de tourner sa remarque en boutade pour éviter la gêne d’une telle révélation.
Le cœur battant, elle eut l’impression que le regard de son supérieur se faisait plus pénétrant encore. Il finit par répondre faussement outré :
-         Je vous ai prise dans mes bras en revenant sur Terre. Demandez à Daniel, j’arrivais plus à vous lâcher…
A ces mots, elle eut l’impression qu’elle allait tout simplement s’évanouir… Les joues brûlantes, bouleversée, elle tenta de lui répondre sur le même ton :
      -    Je ne m’en souviens même pas. Ça ne compte pas...
      Elle savait parfaitement qu’elle jouait avec le feu mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. Il y eut un court silence puis, son cœur fit une embardée lorsqu’elle le vit se redresser. Il se leva, fit les deux pas qui les séparaient et s’assit sur son lit.
      Inconsciemment, la jeune femme s’était remise sur le dos, tournée vers lui, dans l’attente de ce qui allait suivre. Retenant son souffle, elle vit Jack se pencher, passant ses mains chaudes derrière elle et, doucement, la redresser afin de l’appuyer contre lui. Instinctivement, elle enroula ses bras faibles autour de son cou et posa la tête sur son épaule.
      Sentant Sam s’accrocher à lui, O’Neill resserra son étreinte et fit glisser ses mains afin de la presser un peu plus encore contre lui. Il tressaillit aussitôt. Ses doigts venaient d’entrer en contact avec la peau de la jeune femme. En effet, les tuniques de l’infirmerie étant retenues à l’arrière uniquement par quelques cordelettes, elle était nue à certains endroits…
      Terriblement troublé, l’esprit égaré, il pencha alors la tête et enfouit son visage dans le cou de la jeune femme, s’enivrant de son parfum, de sa douceur… Sans même réaliser la portée de son geste, Jack colla doucement sa bouche contre sa peau et l’embrassa…
Il la sentit aussitôt se raidir.
      Réalisant tout à coup que ses lèvres étaient en contact direct avec le cou de Sam, il s’écarta brusquement, les yeux exorbités.
-         Je… Je suis désolé, Carter… bredouilla-t-il, ôtant précipitamment ses mains, songeant qu’il avait cette fois-ci perdu totalement l’esprit…
      Gêné, il croisa le regard incroyablement troublé de la jeune femme et se releva vivement. L’esprit embrumé, encore tout étourdi par son geste, il ne sentit qu’au dernier moment une résistance lorsqu’il tenta de s’écarter d’elle. Il baissa la tête, sans comprendre puis découvrit la main de Sam accrochée à son tee-shirt. Jack plongea alors de nouveau ses yeux dans ceux de la jeune femme et retint son souffle.
-         S’il vous plait… murmura-t-elle en tendant son autre main vers lui, le regard suppliant.
      Il hésita un court instant puis finalement se rassit. Elle n’avait visiblement plus aucune force et s’affala contre lui sans avoir l’énergie suffisante pour glisser ses bras autour de son cou… Il la reprit donc contre lui, mais gardant cependant ses mains sagement contre le tissu de son vêtement.
      Peu à peu, il finit par se détendre et sentit le corps de Sam s’amollir doucement dans ses bras.
Elle s’était endormie…
      Il la garda serrée contre lui encore un instant puis finit par reposer sa tête délicatement contre l’oreiller. Jack caressa alors le visage de la jeune femme et une irrésistible envie vint le tirailler, lui nouant sournoisement l’estomac… Il jeta un œil autour de lui… Personne. Aucune caméra…
Lentement, centimètre par centimètre, il se rapprocha d’elle…
Sa raison aussitôt l’interpella :
« Tu es fou ! … Arrête ! Tu perds la tête ! »
      Mais son corps ne lui répondait plus et il continua encore de se pencher vers son visage… jusqu’à, enfin, se trouver si proche de ses lèvres qu’il put sentir la chaleur de son souffle. Il frôla alors sa bouche, délicatement, savourant la douceur de ce contact, jouant avec, puis finalement accentua la pression, l’embrassant avec plus de force, partagé entre l’envie et la peur qu’elle se réveille. Mais elle resta immobile, les paupières closes.
Il finit cependant par se redresser et retrouva peu à peu la raison.
« Qu’est ce qui t’a pris !? Tu es devenu fou ?! … » songea-t-il, abasourdi…

      Dans un soupir, Jack se releva, perdu, réalisant avec effroi qu’il n’arrivait même plus à se contrôler… Le cœur serré, il retourna dans son lit dans l’espoir un peu vain de retrouver ses esprits et son self contrôle légendaire qu’il avait visiblement égaré sur P8X521…


 
 
 
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