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Quand j'étais petit à la maison, le plus dur c'était la fin du mois... Surtout les trente derniers jours ! -Coluche
Imagine

Devoir et sacrifice : Chapitre 1

-          … et pour l’amour du ciel ne dites rien ! J’ai déjà tout essayé, le Président est catégorique.
Daniel Jackson, le lieutenant colonel Samantha Carter et Teal’C ne répliquèrent pas. Leurs visages étaient sombres, leurs esprits à nouveau emplis des tragiques circonstances dans lesquelles la dernière expérience du même genre s’était déroulée.
L’archéologue soupira finalement :
-          Et cette petite… expérience commencera quand ?
-          D’un jour à l’autre. L’équipe devrait arriver très bientôt, ils règlent les dernières formalités. Ils seront trois, comme la dernière fois.
-          Est-ce que ce sera Monsieur Bregman ?
-          Non. Une femme, grand reporter. Helena Cornwell.
Daniel fronça les sourcils :
-          Une femme ? Elle connaît les risques qu’impliquent le passage de la… ?
Il se tut soudain, conscient de ce qu’il venait de dire, et tourna lentement la tête pour rencontrer le visage fermé de Sam. Il balbutia :
-          Non, enfin Sam, je ne voulais pas dire… enfin….
-          Enfin QUOI Daniel ?
-          Non, rien, je ne pensais pas à vous quand je disais « une femme », je…
-          Ah bon ? Et vous pensiez à quoi alors ?
Jack sourit et murmura :
-          Oula, je ne voudrais pas être à votre place, Danny boy…
-          En effet, renchérit Teal’C.
L’archéologue soupira :
-          Je suis désolé Sam, ce n’est bien sûr pas ce que je voulais dire, mais bon pour une mission de terrain ils auraient pu envoyer… je ne sais pas moi… un ancien militaire reconverti… Bref, quelqu’un qui aurait peut-être davantage eu sa place ici que… que…
-          Qu’un archéologue à lunettes ? demanda Sam avec un sourire ironique.
Jack se cacha brusquement derrière un rapport pour éclater de rire et un mince sourire se dessina sur les lèvres du jaffa. Daniel soupira :
-          Ok, ok, je n’ai rien dit…
Sam sourit plus largement et, sur un geste de Jack, ils quittèrent le bureau du général.
Les trois membres de SG1 continuèrent leur discussion dans les couloirs du SGC en rejoignant le mess. Daniel était très animé :
-          Franchement, il était très bien le reportage d’Hemett Bregman ! Il leur en faut toujours plus, maintenant ils nous collent une équipe sur le terrain. Et en plus il faut que cela tombe sur nous. Merveilleux.
-          Je sais Daniel, mais vous avez entendu le général, on ne peut rien faire.
-          Je suis sûr que O’Neill a tout essayé pour l’éviter, ajouta Teal’C.
-          Je sais, je sais…. soupira Daniel. C’est juste que…
-          … que cela nous rappelle à tous la mort de Janet, murmura Sam.
Ils gardèrent le silence quelques instants, puis la voix grave du jaffa s’éleva à nouveau :
-          Je fais confiance à O’Neill pour écourter cela au maximum.
Daniel et Sam acquiescèrent. Ils arrivaient au mess.


 

Trois jours plus tard, SG1 se trouvait à nouveau réunie en salle de briefing avec le général O’Neill. Ils levèrent les yeux quand Walter ouvrit la porte et s’effaça pour laisser passer trois personnes, une femme et deux militaires. Jack se leva :
-          Je suis le général O’Neill. Je vous souhaite la bienvenue au SGC.
Les deux militaires se mirent au garde à vous et la femme sourit.
Elle avait une quarantaine d’année. C’était une eurasienne, de taille moyenne et menue. Ses traits d’une extrême finesse étaient illuminés par de magnifiques yeux noirs. Sur son superbe visage se lisaient l’assurance, la détermination, et l’admiration quand elle s’approcha d’un pas décidé, tendant la main à Jack :
-          Helena Cornwell. C’est un honneur de vous rencontrer, général O’Neill.
Jack sembla hésiter un court instant, puis son visage se détendit et il serra la main fine en souriant :
-          Vous verrez, ça vous passera. Repos messieurs.
Les deux soldats quittèrent le garde à vous. Sam fronça très légèrement les sourcils et Teal’C haussa le sien. Daniel se racla la gorge et Jack se tourna ver lui :
-          Ah oui, laissez moi vous présenter SG1, que vous allez suivre pendant ces quelques jours : le colonel Carter, Daniel Jackson et Teal’C.
Helena les salua en souriant d’un signe de tête. Avant que Jack ait pu à nouveau ouvrir la bouche, son visage redevint sérieux et elle dit :
-          Je vous remercie beaucoup d’accepter notre présence ici. Je sais que le Président ne vous a pas laissé le choix, et je suis parfaitement consciente que notre intrusion doit surtout vous gêner. Mais mon équipe et moi-même serons à votre disposition. J’ai couvert dans mon métier plusieurs conflits armés, et j’ai déjà suivi des troupes sur le terrain. Pas celui-là, bien sûr. Je ne l’aurais même jamais rêvé. Mais je tiens juste à vous faire savoir que j’essayerai au maximum de ne pas être un fardeau trop lourd à porter.
Le général resta un instant silencieux, manifestement pris de court, et répondit en souriant :
-          Et bien je vois que nous sommes d’accord. Euh… Carter, vous voulez bien accompagner Madame…
-          Vous pouvez m’appeler Helena si vous le souhaitez.
Le sourire de Jack s’élargit encore et il acquiesça :
-          Bien, alors Carter, accompagnez Helena à ses quartiers.
Un frisson de colère parcourut Sam mais elle ne laissa rien paraître et avec un visage parfaitement neutre précéda la jeune femme dans le couloir.

Helena, vêtue d’un jean et d’une veste simple, suivait facilement les pas rapides de Sam. Elles croisèrent de nombreux soldats et la journaliste, consciente de certains regards étonnés et appuyés, demanda :
-          Colonel, ce n’est pas trop dur, vivre ici enfermée dans cette base, ce monde d’hommes…
-          Non. Je suis traitée parfaitement d’égal à égal, nous travaillons tous ensemble, c’est tout.
-          Mais justement, à force d’être traitée d’égal à égal – ce dont je ne doute pas, entendez bien – n’en avez-vous pas perdu un peu… de votre féminité, au milieu de tous ces soldats ?
Elles étaient arrivées devant les quartiers des invités et Sam s’immobilisa :
-          Comment cela ?
-          Non rien, ajouta Helena avec un sourire franc, mais cela doit être agréable de retrouver la surface, de s’occuper de soi, redevenir jolie… Quand j’étais en reportage sur le front, je pense que c’est une chose que je trouvais à la fois agréable et désagréable, le fait de devenir l’une des leurs… et par là même, de disparaître parfois en tant que femme. Non ?
Sam regarda la femme ravissante qui se trouvait devant elle, souriant avec franchise, magnifiquement sûre d’elle et féminine, et le colonel sentit son cœur se serrer. Elle répondit rapidement :
-          Sûrement… Je dois vous laissez, installez-vous aussi confortablement que possible, je vous montrerai les vestiaires des femmes plus tard. Le briefing pour la mission est demain à 8 heures. D’ici là…
-          J’ai rendez-vous avec le général pour un entretien dans une heure, et il doit me faire visiter la base d’après le planning. Merci beaucoup colonel. J’apprécie vraiment beaucoup de pouvoir suivre une équipe SG aussi illustre que la vôtre.
-          Ne me remerciez pas, ce sont les ordres.
-          Bien sûr, répondit Helena en souriant toujours.
Sam, gênée, fit à son tour un petit sourire maladroit et regagna son laboratoire.


 

La militaire referma la porte et se tint immobile un instant, cherchant des yeux ce qu’elle savait qu’elle ne trouverait pas : un miroir.
Elle avança alors vers une vitrine de plexiglas encombrée de produits et appareils divers et sa silhouette se dessina dans la surface transparente. Elle s’observa en silence.
Elle n’était pas maquillée. Enfin si, un trait de noir sur le bord des paupières. Ses paupières alourdies par le surcroît de travail et le manque récurrent de sommeil. Elle se trouva pâle, le teint blafard, les joues creuses. Elle ne se dit même pas que c’était sûrement du à l’éclairage aux néons de la pièce. Elle leva le regard vers ses cheveux blonds légèrement ébouriffés. Avec une mèche rebelle sur le côté qu’elle tenta en vain de discipliner.
Elle observa sa tenue. Son uniforme kaki, le pantalon dont les multiples poches cachaient ses formes, la veste large qui gommait le galbe de sa poitrine.
Elle soupira. Elle ne ressemblait à rien. Elle avait plus de trente cinq ans, pas de mari, pas d’enfants, et elle ne ressemblait déjà plus à rien.
Sa féminité, avait dit Helena Cornwell (si fine, si jolie, si bien maquillée, elle !). L’image de Kerry Johnson, revint soudain à l’esprit de Sam. Kerry Johnson si belle avec son ample chevelure auburn, si sûre d’elle, si pulpeuse… si féminine.
Où était-elle sa féminité, à elle ? Oubliée depuis sa rupture avec Pete. Avec lui, au moins, elle avait fait des efforts, voulu être jolie, voulu couper avec sa vie souterraine du SGC. Avec Pete, elle avait voulu oublier ; oublier son travail, ses responsabilités, le SGC,… Jack.
Elle avait échoué. Ou réussi. Réussi à se rapprocher de lui, à revoir dans son regard ce qui lui manquait depuis si longtemps. Passer quelques jours dans son chalet, enfin. Avec Daniel et Teal’C, bien sûr, mais de toutes façons rien n’était possible. Rien n’était encore possible.
Un frisson la parcourut et elle fronça les sourcils :
Quelque chose serait-il UN JOUR possible ?
Quelque chose de plus que quelques regards ? Qu’une promesse tacite ?
Quelque chose de plus que passer quelques jours avec trois hommes à pêcher, discuter et s’affaler tous les quatre devant la télé ?
Pourquoi tout ceci prenait-il soudain un goût si amer ? Pourquoi ce qui, quelques heures avant, était un souvenir si magnifique et si précieux lui donnait soudain l’envie de hurler ?
Ils la traitaient d’égal à égal. C’est pourtant ce qu’elle avait toujours voulu et toujours eu… non ?
Non ?
Elle se mordit la lèvre pour ne pas pleurer et se dirigea rapidement vers son bureau. Travailler.


 

Le lendemain matin, quand les membres de SG1 se retrouvèrent en salle de briefing, Sam avait peu dormi. Sa nuit avait été hantée par les visages de son père, de Janet et de Kerry Johnson.  Les deux soldats, les lieutenants Carlson et Wenders, avaient installé la caméra et le micro pour enregistrer la réunion. Teal’C avait les mains croisées devant lui, impassible. Daniel feignait d’oublier la caméra en restant plongé dans ses notes. Sam faisait de même, se mordillant la lèvre nerveusement.
Ils levèrent les yeux quand des rires leur parvinrent. Jack apparut, la mine réjouie, descendant lestement l’escalier de métal, suivi par la journaliste qui riait. Le général se laissa tomber sur son fauteuil et Helena l’imita. Sam et les deux soldats s’étant mis au garde à vous, Jack les mit à l’aise d’un geste distrait et s’intéressa enfin au dossier placé devant lui :
-          Bien, donc vous partez dans deux heures pour P7X367…. Qui s’annonce très calme, non ? Carter ?
-          Oui mon général. Le MALP est donc revenu avec des clichés de ruines assez intéressantes mais manifestement abandonnées depuis des siècles. Il est possible que la civilisation ait un rapport avec celle des Anciens.
Sam, oppressée par le manque de sommeil et la présence de la caméra, avait parlé doucement, d’une voix peu assurée. Le timbre clair et enjoué de Helena s’éleva alors :
-          Colonel Carter, vous avez donc toutes ces informations grâce au MALP ?
-          Oui, cette sonde terrestre ou aérienne nous transmet toutes sortes de données, que l’ordinateur confronte avec toutes celles que nous possédons déjà. Cela permet des recoupements indispensables.
-          L’information la plus importante pour moi est la température ! ajouta Jack.
Helena le gratifia d’un sourire magnifique et radieux qui fit à Sam l’effet d’une balle en plein cœur. Jack jeta un coup d’œil à son second :
-          Carter, j’ai décidé de vous accompagner sur cette mission, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
-          Non, bien sûr mon général.
Il venait avec eux. Elle aurait du s’en réjouir. Elle s’en serait réjoui s’il était venu pour elle, et non pour… une autre.
Sam ferma les yeux un instant, cherchant à chasser de son esprit ces idées ridicules et puériles. En vain.
La voix chaude de Jack s’éleva à nouveau :
-          Bien, alors si tout le monde est d’accord, on se retrouve à 9h20 dans la salle de la Porte ?
Il se leva, imité immédiatement par Helena, Daniel et Teal’C. Sam ajouta soudain, alors que Jack était déjà à la porte de son bureau :
-          Mon général, je dois vous signaler que je n’ai pas de relevés électromagnétiques, la sonde doit avoir subi un disfonctionnement à ce niveau.
Il fronça les sourcils, manifestement contrarié :
-          Ah, et est-ce un problème ?
Elle hésita… le brouillard dans lequel son esprit se trouvait freinant sa réflexion.
-          Carter ?
-          Euh… Non, a priori non… Tout le reste fonctionne…
-          On maintient la mission ?
-          Oui, je pense que oui.
-          Bien. Alors 9h20.
Il disparut. Sam leva les yeux. Helena, radieuse, donnait quelques explications devant la caméra. Sa voix était décidée, son teint parfait, ses yeux en amandes légèrement et magnifiquement maquillés. Ses longs cheveux d’un noir de jais retombaient souplement sur ses épaules.
Sam récupéra à toute allure ses papiers et quitta la pièce.


 

Le colonel Carter était à l’armurerie, prenant des chargeurs dans l’épaisse armoire d’acier. Elle entendit des soldats entrer dans la pièce en discutant :
-          ….  Super mignonne la journaliste !
-          Tu m’étonnes…. Je comprends que O’Neill parte en mission pour une fois.
-          En plus c’est une sacrée nana il paraît. Elle a couvert l’Irak, c’est mon cousin qui me l’a dit, elle avait suivi l’équipe d’un copain à lui. Il paraît qu’elle était extra, très pro. Ils étaient tous dingues d’elle !
-          C’est qu’on n’a pas beaucoup l’occasion de se rincer l’œil ici… à part….
-          Oh pardon mon colonel !!! s’exclama soudain l’un des soldats en découvrant Sam qui avait refermé bruyamment la porte de l’armoire.
Le second soldat balbutia :
-          oui, excusez nos propos, on… on ne vous avait pas vue…
-          Je sais, ce n’est pas grave, murmura Sam en sortant rapidement, son P90 sous le bras.


 

Quand elle arriva dans la salle de la Porte, elle fut surprise d’être la dernière. Jack regardait en souriant Helena s’extasier sur l’immense structure de naquadah. Les deux soldats étaient empêtrés entre leurs armes et la caméra. Seule la journaliste n’avait pas de P90. Daniel se tourna vers Sam et fronça les sourcils :
-          Sam ? ça va ? Vous avez l’air fatiguée.
-          Un peu, rien d’important, tout va bien. Merci Daniel.
L’archéologue lui sourit alors que les premiers chevrons s’enclenchèrent. Sam regarda à nouveau Helena, bouche bée devant la Porte des Étoiles, ses cheveux ramenés dans une longue tresse élégante. Le vortex se forma et les trois membres de l’équipe TV eurent un sursaut. Sam monta sur la rampe, prenant la tête de l’équipe. Elle jeta un dernier coup d’œil derrière elle avant de traverser, le temps de voir Jack qui faisait élégamment signe à Helena de passer devant lui.
De l’autre côté, une nature accueillante les attendait comme prévu. Daniel et Teal’C apparurent quelques instants plus tard. Le jaffa retint de justesse le caméraman qui trébucha à la sortie du vortex. Helena et Jack apparurent côte à côte et la journaliste, manifestement secouée, s’agrippa un instant au bras du général. Elle murmura :
-          C’est…. C’est extraordinaire….
Jack lui sourit chaleureusement avant de se tourner à nouveau vers Sam :
-          Carter, on vous suit !
Ils s’avancèrent, le colonel Carter et Daniel en tête, suivis par Jack et l’équipe de tournage, puis Teal’C fermant la marche. Sam pouvait entendre son supérieur répondre vaguement aux questions de la journaliste. Elle tentait de garder l’esprit fixé sur la mission et baissa les yeux à nouveau vers ses instruments de mesure. Elle fronça les sourcils : par instant, les chiffres s’effaçaient, se modifiaient puis revenaient à la normale. Elle donna un petit coup avec la paume sur le côté du boîtier et ouvrit la bouche pour prévenir Daniel…. Qui au même instant annonça fièrement :
-          ça y est, nous y sommes, voilà les ruines !
Ils venaient de grimper une colline et, en contrebas, apparurent devant eux les vestiges d’une cité avec en son centre ce qui avait du être un temple majestueux. Ils s’arrêtèrent quelques minutes, le temps pour Daniel de prendre quelques photos et pour l’équipe de tourner quelques plans. Helena conseillait à merveille les techniciens, repérant d’un seul coup d’œil les meilleurs angles de prise de vue. Sam baissa à nouveau les yeux vers ses instruments : tout semblait redevenu normal. Elle haussa légèrement les épaules et se massa sa nuque raidie par le manque de sommeil.
Son geste n’échappa pas au général, qui fronça les sourcils mais ne dit rien.
-          Sam, on y va ? demanda l’archéologue.
-          Oui. Je ne détecte aucune présence. Descendons.
Ils continuèrent leur progression, entrant dans la ville. Daniel expliquait à Helena qu’il devait s’agir d’une cité vieille de plusieurs milliers d’années, appartenant manifestement à une civilisation très évoluée, peut-être en rapport avec les Anciens… Sam et Teal’C surveillaient toujours les alentours mais l’endroit, si ce n’est la planète entière, semblaient parfaitement déserts. Ils arrivèrent enfin à l’entrée du temple dont ils montèrent les marches. Ils pénétrèrent lentement dans l’édifice gigantesque.
Daniel demanda distraitement :
-          Sam, pas de soucis, on peut continuer ?
Elle baissa à nouveau les yeux et murmura machinalement :
-          Oui, je vérifie juste que…. Euh… attendez !
Une des aiguilles de ses instruments venaient de s’affoler soudain.
Mais Daniel avait déjà fait un pas, passant entre deux statues aux formes étranges. Il se retourna vers Sam, ouvrit la bouche pour parler, quand sa voix fut couverte par un grondement intense : une imposante porte de pierre venait de boucher en un instant la porte de l’édifice. Ils se retrouvèrent coincés, dans le noir total. Jack et Teal’C se précipitèrent sur la paroi, pour constater qu’elle était bien trop lourde et massive pour tenter quoi que ce soit. Ils allumèrent leurs lampes et constatèrent avec dépit qu’une autre porte s’était fermée en même temps que la première, les bloquant dans un espace réduit, une sorte de vestibule. Une vive inquiétude se lisait sur les visages de la journaliste et des deux soldats, mais ils ne disaient rien, attendant les ordres. Jack grommela :
-          Merveilleux. Daniel, vous auriez du attendre l’ordre de Carter !
-          Quoi ? Mais elle a dit d’avancer ! Ce n’est qu’après que….
L’archéologue s’arrêta net, gêné soudain, et regarda Sam dont le visage avait encore blêmi à la lueur blafarde des lampes.
-          Sam, je suis désolé, je n’aurais pas du…
-          Non Daniel, vous avez raison.
-          Là n’est pas de savoir qui a raison ou non, coupa Jack d’une voix tranchante. Sortons-nous d’ici.
Ils observèrent la pièce en silence. Sam jetait de fréquents coups d’œil inquiets à ses instruments qui s’affolaient toujours. Daniel murmura :
-          C’est étrange… Il n’y a aucune inscription… La pierre semble parfaitement lisse… Je me demande à quoi pouvait servir cette pièce…
-          Nous ne sommes pas ici pour nous amuser à trouver de quoi lire, Daniel ! aboya Jack.
L’archéologue se retourna et braqua sa lampe sur lui :
-          Il faut bien trouver un moyen de sortir non ??
D’un geste sec, le général poussa la lampe de son ami. La voix de Sam s’éleva :
-          Il y a un problème. Je pense savoir d’où venait la panne du MALP. Il semble que cet édifice ait une très importante charge électromagnétique qui a du perturber les mesures et….
-          Carter ! En quoi cela nous intéresse-t-il exactement ??
Elle soupira :
-          La charge est en train de se concentrer depuis que la porte s’est refermée. Les niveaux d’ondes montent de façon inquiétante. Je crains que ce soit une arme.
Helena et les deux soldats devinrent livides et échangèrent un regard inquiet, mais n’intervinrent pas. Le visage de Teal’C était toujours aussi fermé. Sur celui du général se lisait une colère à peine contenue. Daniel demanda :
-          Une arme ? Comment cela ? Que va-t-il se passer ?
-          Il est possible… que les ondes se concentrent pour être envoyées ici, dans cette pièce à présent close.
-          Et ? demanda Jack d’un ton exaspéré.
-          Et… c’est comme si nous étions dans une sorte… de micro–onde géant, mon général. Et très puissant.
Un silence total accueillit les paroles de la jeune femme. A cet instant, les lampes clignotèrent un instant, puis s’éteignirent. La voix de Jack résonna dans l’obscurité :
-          Pour l’amour du ciel, Carter, vous êtes le chef de cette équipe, sortez-nous de là !
-          Oui mon général.
Elle se concentra un instant, tentant d’évaluer l’épaisseur de la porte, le recul nécessaire à une explosion… Elle annonça :
-          Teal’C, nous allons faire sauter la porte.
-          Bien colonel Carter. C’est aussi ce que je pense être le plus raisonnable.
Se guidant à la voix, elle rejoignit le jaffa près de la porte et ils s’agenouillèrent, préparant les pains de plastique. Des gerbes d’étincelles brillèrent soudain et les soldats poussèrent un même cri en lâchant la caméra. La voix de Sam s’éleva :
-          Tout ce qui est électronique va griller. Mettez tout au sol ou vous risquez d’être brûlé.
Chacun ôta à toute allure les divers instruments qu’il portait. Sam et Teal’C venaient de finir de préparer les explosifs. Elle murmura :
-          J’espère que le détonateur va fonctionner…
La voix de Jack s’éleva tout près de Sam, la faisant sursauter très légèrement :
-          Carter, nous ne disposons que de très peu de recul…
-          Je sais mon général. Il faudra protéger en priorité Mademoiselle Cornwell et les lieutenants.
-          Bien.
Le ton du général n’était plus teinté de colère, mais d’inquiétude. La voix calme du jaffa retentit à nouveau :
-          J’ai fini, colonel Carter.
-          Moi aussi. Reculons-nous. Mettez-vous tous le plus loin possible, protégez-vous le visage en priorité.
A tâtons, elle s’écarta de la porte, tenant dans sa main le détonateur. Il fallait faire vite, elle ignorait le temps dont ils disposaient avant que la puissance de l’arme ne devienne dangereuse pour eux. Elle heurta doucement un des soldats et se plaça entre lui et la porte, espérant le protéger au maximum du souffle. Elle supposa que Jack était à côté, protégeant Helena comme il pouvait.
Elle posa le doigt sur le détonateur :
-          Bien. Je compte jusqu’à trois et je fais sauter la porte. Si ça marche, protégez-vous bien des débris et de la poussière en vous levant. Un, deux,…
Elle perçut soudain son souffle dans son cou et le bras puissant de Jack vint entourer ses épaules. Elle le sentit se déplacer à peine, la protégeant par là même un petit peu de son corps. Elle ferma les yeux :
-          … trois.
Elle appuya sur le détonateur et la porte vola en éclat. Le bras de Jack se resserra contre elle. Quelques secondes passèrent avant qu’elle n’ouvre à nouveau les yeux. La lumière du soleil entrait par l’ouverture. Ils étaient toujours blottis les uns contre les autres, toussant, recouverts de poussière. Elle demanda :
-          Tout le monde va bien ?
Plusieurs voix s’élevèrent, y compris celle de Jack à côté d’elle, pestant contre l’état de son dos. Le bras du général avait quitté ses épaules dès la fin du souffle.
Sam fronça les sourcils et appela d’une voix inquiète :
-          Teal’C ? TEAL’C ?
Le silence lui répondit. Elle sauta sur ses pieds. Le corps du jaffa, le plus proche de la porte, ne bougeait plus. Sam se précipita, suivie par Jack, et cria :
-          Teal’C est blessé ! On évacue immédiatement et on regagne la porte !
Le jaffa était évanoui. Son dos portait d’importantes blessures. Jack et Daniel le soulevèrent et glissèrent leurs bras sous ses larges épaules. Sam s’écria :
-          Il faut que je récupère quelque chose ! Allez-y, j’arrive.
Jack fronça les sourcils mais ne posa pas de question. Les trois hommes et l’équipe de reportage quittèrent les lieux. Sam ramassa le plus possible des instruments qu’ils avaient tous jetés au sol quelques minutes plus tôt, et partit au pas de charge vers la Porte des Étoiles.
Quand elle arriva, les autres avaient doucement étendu Teal’C dans l’herbe. Le jaffa était revenu à lui mais souffrait manifestement beaucoup. Il avait encaissé une grande partie du souffle de l’explosion en protégeant de son corps imposant ses camarades.
Dès qu’il la vit arriver en courant, Jack s’écria :
-          Carter ! On ne peut plus envoyer notre signal ! Les GDO ne fonc…
-          Je sais mon général. Je vais tâcher de réparer cela.
Elle se pencha au-dessus de Teal’C et dit d’une voix douce :
-          ça va aller ? je vais nous ramener au SGC.
Il murmura :
-          Je sais. J’ai confiance en vous colonel.
Elle ferma les yeux un instant et étala sur le sol les différents appareils qu’elle avait récupérés. Attrapant dans sa poche un tournevis, elle se mit à les décortiquer.
Jack, agenouillé près de Teal’C, le visage fermé, la regardait faire. Daniel avait retiré la veste du jaffa et arraché son t-shirt, et tentait de nettoyer au maximum ses plaies.
Helena et les deux soldats se tenaient un peu à l’écart, silencieux et inquiets, n’intervenant pas pour ne pas les gêner.
Sam avait à présent étalé devant elle toutes sortes de fil, de résistances, de circuits, les testant comme elle pouvait, montant à toute allure les éléments minuscules. Elle jura entre ses dents, un énième circuit venant de griller entre ses doigts. Le général s’impatienta :
-          Carter ! Il va falloir vous presser ! On a besoin de rentrer, maintenant !
-          Je sais mon général…
-          Oh ça va Jack ! Laissez la travailler ! aboya Daniel.
Le général se tourna à nouveau vers lui :
-          Je vous rappelle que si vous n’étiez pas entré dans ce fichu temple nous n’aurions pas un homme à terre !
-          Et comment pouvait-on savoir ce qui allait se….
-          En interprétant convenablement les problèmes du MALP !!!
Sam serra les mâchoires mais ne dit rien. Il avait raison. Elle avait été déconcentrée. Elle n’avait pas pris suffisamment de précautions. Et maintenant elle était à l’autre bout de la galaxie à essayer de les ramener sur Terre, et Teal’C était blessé. Par sa faute.
Et il y avait même une équipe de reportage pour assister à cela.
Et Jack.
Au bout de quelques minutes, elle ouvrit le DHD pour y brancher le GDO et s’en servir comme source d’énergie, puis se releva d’un bond :
-          Cela devrait être bon, nous devrions être capables de faire passer notre code d’identification.
Elle composa les symboles. Le vortex s’ouvrit et, tenant le GDO débordant de fils, elle composa le code de SG1. Ils attendirent quelques instants et Jack demanda :
-          Vous êtes sûre que ça a fonctionné, colonel ?
Elle leva la tête et leurs regards se rencontrèrent. Il ajouta :
-          Vous n’avez vraiment pas droit à l’erreur cette fois.
-          Je sais. Je suis sûre que cela a marché.
-          Bien. Alors on y va.
Daniel et Jack relevèrent doucement Teal’C et ils traversèrent tous le vortex. Quelques instants plus tard, ils arrivèrent tous sur la rampe métallique du SGC. Jack hurla :
-          Une équipe médicale, vite !!!!
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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