Citations du moment :
Le peuple est un enfant capricieux qui veut toujours le contraire de ce qu'il a déjà.
[Bernard Werber]
Imagine

Pire que la mort : Chapitre 1

Aurélia
Fic 39
Octobre 2004
aurelia.J.M@wanadoo.fr
aurelia_m21@hotmail.com
Saison : la 7, après Fragile Balance, avant Heroes.
Spoilers : aucun
Episodes : Evocation  des épisodes suivants : Hathor. Portés Disparus. La colère des Dieux. Fragile balance. Entité.
Rating : Accord parental souhaitable.
Disclaimer : Pas à moi, pas de sous…
Genre : aventure, romance.
Résumé : Jack se fait piéger par un Goa’uld.
Chapitre 1
Il reposait sur son lit de mort. Le repos éternel n’avait ni adouci, ni rajeuni ses traits. C’était un vieillard que Perséphone  veillait.
La salle était plongée dans une pénombre incitant au recueillement. Le peuple était invité à saluer une dernière fois la dépouille mortelle de son roi. Mais personne n’était encore venu. Elle était seule sans doute à le pleurer.
Cela faisait trois mille cinq cents ans maintenant qu’il l’avait enlevée, pris d’une folie pour cette  adolescente au corps jeune et vigoureux. Amour qui ne s’était jamais démenti au cours des siècles. Pour lui, elle avait tout quitté, pour elle, il avait bravé les dieux de l’Olympe. Ils avaient vécu leur amour au grand jour depuis  ce temps là.
Les épreuves ne les avaient pas épargnés, mais ils avaient su faire front, ils avaient su remplir leurs tâches. Celle d’Hadès était difficile, car il était le gardien du royaume des morts. Il avait vu passer des milliers d’âmes en quête d’absolu, et il avait fait son possible pour leur trouver le chemin qui serait le leur pour l’éternité. Mais cette époque là était révolue depuis longtemps. Un jour Hadès avait quitté les enfers,  lassé de trop de souffrances et de trop de douleurs, il avait laissé Cerbère accomplir son travail et lui était parti vers d’autres cieux emmenant avec lui son épouse bien aimée. Ils s’étaient retirés dans ce coin de la galaxie et ils y avaient établi  leur royaume. Ils n’avaient plus jamais revu son père Cronos, occupé lui aussi à d’autres conquêtes.
Hadès vieillissait et l’abus du sarcophage avait altéré son jugement le détournant de ses devoirs premiers, et entraînant dans sa folie Perséphone son épouse bien aimée et tout un peuple à travers une dizaine de planètes.
 
Perséphone était assise près de son époux, ou du moins l’enveloppe de son époux. Elle savait le symbiote bien à l’abri dans une jarre scellée, jarre qu’elle ne quittait pas des yeux, et promenait partout avec elle de peur qu’une âme malveillante ne s’en empare et ne la détruise. L’urne était gardée en permanence et quatre serviteurs parmi les plus fidèles étaient chargés de porter la chasse en or dans laquelle le précieux fardeau était emprisonné.
Elle laissait ses pensées dériver et était surprise de trouver si attachant le corps de l’hôte de son époux. Un hôte qu’elle avait toujours connu, c’est à travers lui qu’ils s’étaient aimés, car il n’avait jamais changé de corps. Elle revoyait ce jeune homme brun aux traits si purs, courir dans le soleil à sa rencontre, lui déclarer sa flamme, et faire d’elle son épouse pour l’éternité. Du corps magnifique il ne restait plus rien, et  ce visage avait changé lui aussi, il était détruit et ravagé, mais elle y retrouvait  encore la douceur des traits du jeune pâtre de son enfance.
Une larme coula de ses yeux et elle en fut surprise, car elle savait que son époux n’était pas mort.
            -Ce n’est  qu’une enveloppe avait-elle pensé !  Ce n’est rien qu’un hôte ! Et pourtant c’est ce que je vois, et c’est ce que je pleure !
Hadès était habitué à cet hôte et ne voulait pas en changer. Durant des siècles il avait utilisé le sarcophage, mais au fil du temps le corps s’était dégradé et il avait fini par mourir.
Perséphone ne put s’empêcher de frissonner à l’évocation de cette scène. La maladie était venue, une sorte de peste qui emportait les goa’ulds, les symbiotes, mais surtout les hôtes. Alors il lui avait demandé l’ultime service.
            -Je vais mourir, ma reine, mais tu peux encore me sauver.
Et comme elle avait voulu  le mettre dans le sarcophage, il l’avait retenue  d’une main.
            -Non, laisse mourir l’hôte et sauve –moi.
Alors la mort dans l’âme elle l’avait laissé partir et quand le symbiote s’était échappé du corps, elle l’avait recueilli et déposé avec amour dans cette jarre, attendant le moment de la renaissance.
Avant de s’éteindre il lui avait fait  promettre de rechercher un hôte parfait.
            -Prends ton temps ma  reine avait-il dit, mais donne-moi un homme fort et puissant que je puisse faire alliance avec lui et profiter de sa force.
Etrange parole dans la bouche d’un Goa’uld, mais peut être pas totalement dénuée de sagesse.
Perséphone attendait l’hôte parfait qui se présenterait devant elle. Elle fit venir des milliers de jeunes hommes, mais aucun ne lui convint. Elle ne voulait pas d’ un hôte terrorisé, Hadès l’aurait écrasé mais n’en aurait pas profité.
Sur sa planète, elle fit razzier les villages, détruire les récoltes ; elle fit régner la terreur. Mais jamais elle ne vit celui qui aurait l’honneur de devenir l’hôte d’Hadès.
Alors elle laissa couler le temps, les semaines, les mois, les années passèrent. Sa patience était infinie.  Son époux lui manquait, mais elle voulait que l’hôte lui plaise à elle aussi, cela était indispensable. Alors elle rêvait…  Elle rêvait d’un homme qui viendrait, peut être par le shapaï !
Elle avait tout son temps, cela ne comptait pas pour elle, alors quand un jour, des voyageurs arrivèrent par l’anneau de lumière, elle sut tout de suite que c’était lui. Elle l’avait reconnu, l’hôte parfait pour son époux. C’était un homme grand, il avait fière allure, un regard insolent, il semblait sûr de sa force. Elle trouva beau son visage aux traits sévères. Il avait une manière de la regarder droit au fond des yeux, qui la fit frissonner.
Oui, c’était l’hôte qu’elle recherchait depuis si longtemps. Il avait un nom un peu étrange, il s’appelait Jack O’Neill. Mais qu’importait le nom de l’hôte, elle savait que dans très peu de temps il serait Hadès.
Elle essayait d’imaginer son corps  sous les étranges vêtements qu’il portait, il avait l’air fort, oui, elle le trouvait parfait, elle savait qu’elle aurait plaisir à défaillir dans ses bras, à  se laisser emporter par la passion comme seul savait lui dispenser son époux.
*******************
Tout le monde était là pour le briefing qui devait démarrer à 8 heures précises.
            -Docteur Jackson, dit Hammond ! Parlez nous de la planète Grenada.
Daniel fouilla parmi les nombreuses feuilles étalées devant lui et il commença à projeter des images.
            -Comme vous le voyez Grenada est une planète de type agricole. C’est la principale ressource avec l’élevage. La végétation est parfois très dense, et il y a de nombreuses espèces inconnues sur terre. Ce qui nous a intrigué c’est le bâtiment qui se trouve au milieu de la forêt, ici dit-il en montrant du doigt une grande bâtisse haute de plusieurs mètres.
D’après SG16  ce serait une sorte d’usine. Voici quelques images de l’intérieur. On peut remarquer de grandes cuves, des machines dont je ne peux déterminer l’origine ni la raison d’être. Mais ce qui est étonnant c’est qu’ils semblent fabriquer une sorte de combustible à partir des plantes. On voit en effet sur le côté des silos contenant un grand nombre de végétaux.  D’après le rapport de SG16, Il y aurait en effet quelques véhicules automobiles qui fonctionnent avec ce carburant.
Ces véhicules ressemblent en fait à des tracteurs et servent pour les travaux dans les champs. Les habitants les utilisent  aussi pour se déplacer.
C’est la principale originalité de cette planète. Le continent sud par contre est à éviter, car il regorge de naquadah. Et qui dit naquadah, dit Goa’uld.
            -Dangereux ces Goa’ulds ? demanda Sam.
            -Forcément dit O’Neill, vous avez déjà vu des goa’ulds inoffensifs, major ?
Sam sourit sans répondre.
            -Oui en fait très dangereux, répondit Daniel sans tenir compte de l’interruption de Jack. Il s’agit d’Hadès.  Mais je pense qu’il vaut mieux éviter  le sud, une  porte est d’ailleurs située sur le continent nord, à une distance assez proche de l’usine de plantes.
Hammond avait écouté cet exposé d’un air attentif :
            -Et ce Hadès, qui est –ce ?
            -Hadès est le dieu des enfers dans la mythologie grecque, et ce qui est fabuleux…
            -Avons-nous besoin d’en savoir plus ? Demanda Hammond d’un air pressé.
            -Oui général Hammond, car il y a une particularité sur cette planète,  dit Sam, c’est qu’elle possède une seconde porte des étoiles, qui semble être la plus active.
            -Et on a les coordonnées de cette seconde porte ? Demanda Teal’c.
            -En fait oui et non, dit Sam. Comme nous n’avons pas de tableau de commande nous ne pouvons pas être sûrs à cent pour cent que nous arriverons au bon endroit. Il me faudra faire des calculs très précis de l’inclinaison de la planète et de son ellipse, pour que notre porte se trouve sur le trajet du shapaï nord. SG16 a eu beaucoup de chance lors de son précédent voyage. Mais nous ignorions à ce moment là qu’il y avait deux portes.
            -Bien SG1 vous irez sur Grenada voir d’un peu plus près cette usine et vous essaierez de négocier un traité avec ses habitants. Si on peut obtenir des plantes servant à fabriquer un carburant propre et économique, je crois que ça vaut le coup d’essayer. Des questions ? fit-il en regardant les visages autour de la table ?
            -Général Hammond, je ne vous ai pas encore parlé d’Hadès, dit Daniel en levant le doigt, c’est très intéressant par ce que…
Mais il fut coupé par O’Neill :
            -Daniel, nous n’allons pas au sud, mais au nord, donc pas de Goa’ulds. Gardez vos explications pour un autre jour, dit-il sèchement.
Daniel très frustré se contenta de soupirer et de maugréer en rangeant ses papiers. Il se demandait parfois à quoi il servait ici au SGC, puisque personne ne voulait l’écouter.
            -Autre chose ? Demanda Hammond.
Personne ne répondit. Alors le général Hammond conclut :
            -Départ dans une heure SG1 vous avez deux jours.
Le shapaï se referma sur les explorateurs qui déboulèrent bientôt sur Grenada, par la porte sud.
            -Major ! dit O’Neill interloqué, il ne devait pas y avoir une grande forêt ?
            -Oui mon colonel, je ne comprends pas ce qui s’est passé. Elle regarda ses instruments, Oh nous   sommes à la porte sud ! Il faut rentrer de toute urgence à la base mon colonel.
            -Je crois que c’est trop tard dit Teal’c d’une voix calme.
En effet un nuage de poussière se profilait à l’horizon.
            -Vite le code hurla Jack !!!
            -Lâchez vos armes et ne bougez plus dit une voix grave. Ils se retournèrent des lances jaffas les menacèrent. Il était trop tard, beaucoup trop tard.
            -Il faudra que l’on ait une petite explication au sujet de cette erreur d’aiguillage, major !  dit O’Neill d’une voix sèche. Elle jeta un regard vers son supérieur, mais celui-ci, le visage dur,  leur faisait signe de déposer leurs armes. Ils enlevèrent aussi leur gilet et leur ceinture et ils attendirent.
Ils étaient devant le shapaï du continent sud. Le climat était très chaud et sec, la poussière partout présente, et au loin  une nappe de brouillard faite de fines particules de poussière indiquait la position des mines de naquadah.
Entourés de Jaffas armés mais non menaçants ils parcoururent une centaine de mètres. Là on les poussa dans une cabane, sorte de réduit où une température de four  les fit bientôt suer et suffoquer.
Ils enlevèrent leurs vestes, ils n’avaient rien à boire et parlèrent peu pour économiser leurs forces.
O’Neill essaya bien de taper dans la porte, mais celle-ci était épaisse et on ne devait pas les entendre de l’extérieur.
            -Vous perdez votre temps Jack dit Daniel.
            -Si je n’essaie rien, je deviens fou, ça vous pouvez le comprendre  Daniel !
Daniel n’insista pas, inutile de provoquer O’Neill, il était assez en colère comme ça de s’être fait piéger. C’était lui le responsable de l’équipe, il le savait et s’en voulait toujours quand la situation lui échappait.
Jack se rapprocha de Sam et s’assit tout près d’elle.
            -Major ? Que s’est-il passé ?
Elle soutint le regard du colonel.
            -Je n’ai pas fait d’erreurs, Monsieur,
            -Je ne vous accuse de rien Carter, dit-il d’une voix beaucoup plus douce, mais je rage de voir que nous sommes encore en danger alors que tout devait bien se passer. Alors une explication ?
            -Je n’en vois qu’une seule, mon colonel, Il y a deux portes sur cette planète comme sur la terre. Mais je n’ai pas pris en compte qu’il pouvait y avoir une porte dominante. C’est ce qui s’est produit. Et c’est logique monsieur, puis que le naquadah se trouve de ce côté –ci de la planète.
            -Donc une porte principale et une porte secondaire ajouta Daniel venant se joindre à eux.
            -J’avais compris, Dit Jack, rageur. Une solution  Daniel, pour nous sortir de là ? Reprit O’Neill sarcastique.
La nuit avait été pénible, glaciale. Ils s’étaient couchés les uns contre les autres pour préserver leur chaleur. Sam était allongée près de son supérieur et elle sentait dans son dos le corps chaud de celui-ci.  Elle était bien, il avait passé un bras autour de sa taille, et dormait tout en la maintenant le plus possible serrée contre lui pour qu’elle ne prenne pas froid. Elle sentait son souffle chaud dans son cou. N’eut été l’angoisse de leur situation, elle aurait apprécié ce moment à sa juste valeur. Elle savourait ces quelques instants de paix avant le retour de la chaleur.
Le lendemain on les laissa mijoter au propre comme au figuré. Il faisait de plus en plus chaud et cela faisait vingt quatre heures qu’ils étaient enfermés dans ce cagibi surchauffé, sans air, ni nourriture, ni boisson.
La porte s’ouvrit à la volée  le surlendemain vers midi. Ils furent mis debout  sans ménagement. On les poussa le long d’un chemin et ils entreprirent  de grimper en plein soleil, le chemin qui montait jusqu’aux mines de naquadah. Daniel était épuisé, O’Neill et Teal’c le soutenaient l’obligeant à rester éveillé, et à avancer un pied puis un autre. Sam aussi était au bord de l’épuisement. De temps à autre Jack l’encourageait du regard, alors elle reprenait courage, il fallait continuer, ne pas faiblir…
Perséphone avait été avertie de la présence des étrangers. Elle avait demandé qu’on lui signalât immédiatement toute arrivée par le shapaï. Des jaffa étaient en route lui dit-on avec des humains. Trois hommes et une femme.
            -Amenez-les moi avait-elle dit à son prima d’un ton sec.
Les étrangers, sales et assoiffés furent conduits devant la reine. On les mit à genoux devant elle sans ménagement.
Perséphone  savait depuis deux jours qu’ils étaient là. Mais elle agissait toujours de la même façon, amoindrir les visiteurs en les laissant dans la chaleur et le froid sans boire ni manger. Elle avait remarqué que ce petit séjour qui confinait à la torture adoucissait les étrangers et les rendait plus dociles. Cela aussi asseyait son pouvoir, car il lui fallait être forte pour son peuple et montrer de l’autorité ce qui n’était pas forcément dans sa nature. Son époux lui manquait, il était temps de  lui trouver un hôte, d’arrêter sa quête de l’hôte parfait, elle ne le trouverait jamais. Elle prit la décision de prendre un des trois hommes qui étaient là devant elle.
Tout de suite elle repéra un homme grand aux cheveux châtain et aux yeux très bleus, mais il portait d’étranges choses sur les yeux, comme du verre ….L’autre homme attira aussi son attention. Malgré sa fatigue, on le sentait fort, il redressait la tête dans un geste hautain et la regardait droit dans les yeux. Elle aima son regard hardi. Ses vêtements déchirés laissaient voir une bonne musculature, de larges épaules, une peau bronzée. Il était à genoux mais pas du tout soumis comme il aurait du l’être. Elle se détourna du troisième qui portait la marque d’un dieu sur le front. Un jaffa !
            -Qui êtes vous ? demanda t-elle d’une voix forte.
Ils ne répondirent pas. Elle remarqua que la femme portait en sautoir une chaîne avec une sorte de bijou. Elle fit un signe au jaffa qui le lui arracha, et la porta à la reine.
            « Major Samantha Carter, 366349  US Air Force.”
            -C’est votre nom?
Sam regarda du côté de Jack pour voir si elle pouvait répondre. Il lui fit un petit signe de tête.
            -Oui dit-elle. C’est mon nom.
Ainsi l’homme hautain c’est leur chef, je l’aurai parié.
            -Des guerriers de la Taur’i !  J’ai entendu parler de vous. Mais ici sachez qu’il n’y a plus de guerriers, ni de soldats, ni de visiteurs,  rien que des gens qui travaillent pour moi. Vous ne repartirez jamais d’ici. On ne s’échappe pas des mines de naquadah de Grenada.
-Toi viens ici dit-elle à O’Neill.
Il se mit debout et s’avança près de la reine. Il la dominait d’une tête, se tenait très droit.
Il ferait un excellent hôte pour mon époux.
Daniel et Sam étaient l’un près de l’autre et murmuraient :
            -Je croyais que c’était Hadès, le Goa’uld  de cette planète ? Dit Sam
            -Oui, en effet, mais je pense que cette femme est Perséphone, son épouse.
            -Mais que veut –elle au colonel ? Demanda Sam inquiète. En effet Perséphone s’était rapprochée de O’Neill à le toucher. Celui-ci maintenu en respect par les jaffas était totalement immobile.
La reine donna quelques ordres et les jaffas emmenèrent les prisonniers dans le palais.
On les fit se baigner, et ils durent revêtir la tenue traditionnelle de la planète. Un pantalon  et une tunique blanche et courte, sans manches.
Ils furent invités à la table de la reine. Evènement sans précèdent qui mit en émoi les servantes du palais. Jamais Perséphone depuis le décès de son époux n’avait invité quelqu’un à sa table. Autrefois il y avait de grandes fêtes  et les murs du palais  se souvenaient encore de la musique et des danses. Mais les flonflons de la fête étaient éteints depuis fort longtemps. Ce soudain intérêt pour les étrangers projeta le trouble dans l’entourage de la reine. Seuls quelques personnes étaient dans la confidence du désir secret de redonner au palais en même temps que son maître le faste imposant qui y avait régné durant des siècles. Depuis ce jour funeste vingt cinq années plus tôt qui vit le décès de son roi et d’une bonne partie de la population, la vie était devenue très calme et très rude. Une vie tournée vers la survie, le naquadah, les vaisseaux,  et sa lutte pour garder sa préséance dans ce secteur de la galaxie. Le peuple avait été sacrifié à son ambition personnelle. Il fallait qu’elle redevienne  forte pour elle-même mais surtout pour son époux.
O’Neill sentait sur lui le regard perçant de Perséphone. L’eau verte de sa prunelle le dévisageait, semblait le jauger.
Il était inquiet pour ses amis. Ils n’avaient toujours rien bu ni mangé depuis leur détention dans le cabanon de Perséphone. O’Neil  se méfiait, et si la nourriture était empoisonnée ?
La reine pouvait suivre ses pensées sur son visage, car elle voyait les signes désespérés qu’il faisait à ses amis pour les inciter à la prudence. Mais ils avaient trop faim et trop soif, et malgré le doute qui effleura leur esprit à ce moment ils se jetèrent sur la nourriture.
Perséphone rit. Elle avait un rire cristallin et ne ressemblait pas beaucoup à une Goa’uld. Mais les Goa’ulds n’ont pas toujours la voix rauque et les yeux qui brillent.
Trop faim, trop fatiguée, pensait Sam, Mais qu’est ce qu’elle lui veut au colonel O’Neill ?  Elle n’arrête pas de le regarder. Quelle goa’uld étrange ! De temps à autre c’est elle, et puis d’un coup c’est l’hôte !  Elle était inquiète et trouvait cette réception tout à fait anormale, cela ne cadrait pas avec ce qu’elle savait des Goa’ulds.
 Daniel était  dans le même état et avait du mal à tenir les yeux ouverts. Il était archéologue, son rêve le plus cher, faire des fouilles, explorer des planètes en toute tranquillité, pouvoir traduire des textes et des tablettes. Les traductions lui apportaient une grande satisfaction intellectuelle. Mais il se sentait frustré parfois du manque de compréhension qu’il ressentait autour de lui pour son travail. Mais il était archéologue, bon sang !  Pas guerrier ! C’était la partie la plus difficile de ce qu’il avait  à faire. Il en connaissait la nécessité, l’obligation, et s’en faisait aussi un devoir, mais tirer sur des êtres vivants avait toujours été une épreuve pour lui. Il n’en parlait jamais à ses amis. Seule Sam le savait et le sentait. Il pensait qu’il pourrait en parler à Teal’c, lui le grand guerrier le comprendrait sûrement,  il avait parfois d’étranges comportements humains. Mais O’Neill ?  Il entendait déjà le rire sarcastique de son  ami, et les blagues vaseuses qui ne manqueraient pas de suivre. Oui il préférait souvent se taire.
Mais là c’était de trop, ils étaient faits prisonniers, par un concours de malchance, personne n’était responsable. C’était trop dur pour Daniel, qui sentait le poids de toutes ces missions peser sur ses épaules. Sans qu’il puisse s’en expliquer la raison, il avait peur. Pourtant la situation était identique à d’autres bien souvent rencontrées. Qu’y avait-il de différent cette fois –là ? Peut être l’attitude étrange de cette femme ?  Son désir de se rapprocher de Jack ? Il ne savait pas, mais il ne pouvait empêcher une  sourde inquiétude monter en lui.
 Sur Teal’c plus résistant, la fatigue était moins visible. Il attendait. Il connaissait suffisamment les Goa’ulds pour savoir que sous ces airs affables cette Goa’uld était comme les autres, et cachait des instincts pervers. Que voulait-elle à O’Neill ?
Sur un signe de la reine, quatre jaffas apportèrent  une châsse en or. Ils  s’avancèrent jusqu’aux pieds de la déesse et mirent  un genou  à terre. 
Elle fit venir O’Neill près d’elle. Il était toujours sous la menace des armes et il obéit tout en lançant un regard interrogatif du côté de ses amis. Daniel eut un geste d’impuissance et Carter le regarda avec un petit sourire contraint. Elle ne comprenait pas non plus ce qui se passait et était inquiète.
Ils se tenaient debout sur le parvis devant les grandes colonnes qui marquaient l’entrée du monument.
Quelques vingt marches plus bas la foule se tenait  sur l’esplanade. Ils avaient été amenés directement des mines, c’était un peuple fatigué, las, passif qui se prosternait devant la reine comme on le lui avait appris. Tous étaient nés dans l’esclavage, ils n’avaient rien connu d’autre, et ne concevait pas une autre vie, n’ayant pas de modèles pour comparer.
La reine prit la main  de Jack et le présenta devant son peuple qui s’était agenouillé le front contre terre.
            -Je vous présente le nouveau roi de Grenada.
Sam poussa un cri vite étouffé par la main de Daniel quand elle vit  ce que contenait le coffre en or. La reine tenait maintenant  une urne transparente dans laquelle on pouvait voir remuer  doucement un symbiote goa’uld.
O’Neill aussi avait compris et dans un mouvement désespéré il s’empara de la reine et la tint devant lui, il cria :
            -Si vous faites un mouvement je l’étrangle.
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
[ Me contacter ]