Citations du moment :
Le monde se divise en deux catégories de gens : ceux qui lisent des livres et ceux qui écoutent ceux qui ont lu des livres.
[Bernard Werber]
Imagine

Dulcissime, chapitre 3: L'abandon : Chapitre 1

 

Auteur : Ariel

 

Courriel : Tasha_Yar@hotmail.com (indiquez le titre de la fic dans objet s’il vous plaît)
                                                         
Site : www.geocities.com/ariellilyc/fanfictions4everyone.html

 

Disclaimer : Je ne suis pas payée pour cette histoire, les personnages ne m’appartiennent pas.  La chanson ne m’appartient pas également. 

 

Note de l’auteur : Je suppose que vous me voyez déjà venir avec mes gros sabots pour ce qui arrive à Sam.  J’espère que vous allez apprécier quand même.  Encore une fois, je vous supplie de m’envoyer vos commentaires.

 

NE PAS PUBLIER SANS MON AUTORISATION !

 

 

 

L’abandon

 

-    Cette fois-ci les conséquences auraient pu être fatales, Sam.

-         Tu ne trouves pas que tu exagères ?

-         Non.  Sam, j’ai trouvé quelque chose dans ton sang lorsque j’ai fait les analyses, la semaine dernière.

 

À ces mots, Sam pâlit.  Ce ne pouvait pas être si grave ?!?!  Elle regarda son amie avec de la peur dans les yeux.

 

-         Qu’est ce que j’ai ?

-         Sam, je ne sais pas comment te l’annoncer.  Je devrais peut-être attendre que tu sois sur pieds.

-         Janet !  Je veux savoir ce que j’ai !

-         D’accord !  Reste calme !  Ne t’énerve pas !

 

Janet prit une grande inspiration.  Elle ne savait pas comment Sam allait prendre la nouvelle.  Ce serait un choc à coup sûr.

 

-         Tu… tu es enceinte, Sam.  Tu vas avoir un enfant dans sept mois.

 

Sam se mit à respirer de plus en plus fort, de plus en plus vite.  Redoutant une crise d’hyperventilation, Janet la força à respirer lentement et profondément.  Une fois calmée. Sam fut envahie par une foule d’émotions.  Un bébé… elle allait avoir un bébé !  Un bébé normal qui allait grandir à une vitesse normale.  Pendant une seconde, elle le détesta.  Il allait vivre alors que sa petite fille était morte.  Mais cela ne dura qu’une seconde.  L’instant d’après, elle fut submergée de bonheur.  La vie lui donnait une autre chance d’être mère et cette fois elle ne laisserait rien arriver à son enfant.  Puis ce fut de la peur.

 

Qu’est-ce que Jack allait dire lorsqu’il l’apprendrait ?  Ils n’avaient pas eu le temps de parler de leur avenir ensemble, alors encore moins d’avoir des enfants à nouveau !  Et si cet enfant mourrait à son tour ?  Elle n’était pas prête à revivre cette expérience !  Devant le trouble de son amie, Janet hésita à lui apprendre qu’elle devait rester à Washington pour les quatre prochains mois.  Mais elle préférait dire la vérité tout de suite plutôt que de la réconforter, la mettre en état de choc à nouveau et la réconforter une fois de plus.

 

-         Sam… ce n’est pas tout.

-         Quoi ?  Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de plus ?

-         Lorsque j’ai demandé au général de rester ici jusqu’à ton retour à Colorado Springs, il m’annoncé que tu ne rentrerais pas avant juillet.

 

Les yeux de Sam devinrent ronds comme des billes.  Kinsey avait appris son escapade et maintenant elle payait.

 

-         Ça te laisse le temps de te refaire une santé, dit Janet pour l’encourager.

 

Sam ne répondit pas.  Curieusement, ça ne la dérangeait pas de rester.  À peine quelques minutes plus tôt, son plus cher désir était de rentrer à la maison mais l’annonce de sa grossesse lui avait fait changer d’idée.  Elle devait d’abord prendre soin d’elle et de sa santé avant de faire quoi que ce soit.  De plus, elle ne savait pas comment Jack allait réagir.  Elle ne lui avait pas écrit ou parlé depuis plus d’un mois et elle ne savait pas s’il avait appris sa visite éclair une semaine plus tôt.

 

-         Tu ne dis rien ? demanda Janet après quelques secondes de silence.

-         Je réfléchissais.  Qui est au courant pour le bébé ?

-         Toi et moi.  Je n’en ai parlé à personne.

-         J’aimerais que ça reste ainsi.  Personne ne doit savoir.

-         Pas même le colonel ?

-         Surtout pas le colonel !

-         Mais pourquoi ?  Il a le droit de savoir qu’il va être père !  Je croyais que vous étiez enfin ensemble tous les deux ?

-         Oui, mais je ne veux pas qu’il se sente obligé de rester avec moi à cause du bébé.

-         Sam, c’est ridicule !  Jack t’aime plus que tout au monde ! 

-         Tu crois ?

-         Sam, depuis que tu es partie, ce n’est plus le même homme.  Il bougonne tout le temps et il est pénible avec tout le monde !  Il n’y avait que lorsqu’il recevait de tes nouvelles qu’il retrouvait un peu de civilité mais depuis un mois, rien !  Il tourne comme un lion en cage et il passe son humeur sur un sac de sable ou sur Daniel !  Tu devrais l’appeler pour lui expliquer ce qui se passe avec Kinsey et lui dire pour le bébé.

-         NON !  Non, il ne doit rien savoir de tout ça !  S’il apprend que Kinsey me fait chanter, il va se retrouver en prison pour meurtre ou nous irons en cour martiale et je ne peux pas faire ça à sa carrière.

 

Connaissant le tempérament de Jack et sa haine de Kinsey, Janet se dit que son amie n’avait pas tout à fait tort.

 

-         Je persiste à dire que tu devrais le mettre au courant pour le bébé.

-         Janet, c’est ma décision et je souhaite que tu la respectes.  Jure-moi sur la tête de Cassie que tu ne parleras de ça à personne.

 

Le docteur soupira.  C’aurait été plus facile de faire entendre raison à un mur.  Néanmoins, elle promit.

 

-         J’ai faim, annonça Sam.  Tu veux quelque chose ?

-         Non merci, j’ai mangé pendant que tu dormais.  Tu dois manger léger pendant quelques jours car ton organisme n’est plus habitué à recevoir de la nourriture solide.

 

Janet retira le soluté avant de préparer un petit repas pour son amie.  Pendant les deux semaines qui suivirent, Janet traita Sam aux petits oignons.  Lorsqu’elle repartit pour Colorado Springs, son amie allait nettement mieux et elle avait repris des couleurs et un peu de poids.  Les semaines qui suivirent furent cependant un enfer.  Les nausées à n’en plus finir, les hormones et le stress rendaient Sam de plus en plus angoissée.  Par-dessus tout, c’était l’absence d’homme à ses côtés qui lui faisait mal.  À la base, Jack n’était plus endurable.  Il ne parlait presque jamais sauf pour émettre des commentaires désobligeants.  Daniel avait confié à Janet que Jack avait le même comportement qu’à l’époque de la première mission sur Abydos. 

 

Le pauvre colonel ne cessait de se poser les même questions : pourquoi n’avait-il reçu aucune nouvelle de la part de Sam depuis près de cinq mois ?  Peut-être qu’elle avait rencontré quelqu’un d’autre et qu’elle l’avait oublié ?  Au début, il s’était dit qu’elle était débordée de travail et qu’elle n’avait tout simplement pas le temps de l’appeler.  Puis il avait été blessé et elle n’était même pas venue le voir !  Il s’en voulait.  Peut-être avait-il fait ou dit quelque chose qu’il ne fallait pas.  Ou peut-être était-ce le contraire ?  Sam avait eu des attentes face à lui et il ne les avait pas remplies.  Il ne savait plus où il en était.  Lorsqu’il allait voir Hammond pour lui demander pourquoi Sam ne revenait pas, il se faisait invariablement répondre qu’il n’y avait rien à faire d’autre qu’attendre.  Un jour de juillet, cependant, la réponse fut différente.

 

-         Elle arrive ce soir Jack, je compte sur vous pour aller l’accueillir à l’aéroport.

 

Jack crut sentir son cœur exploser dans sa poitrine.  Enfin !   Sam serait enfin avec lui après tout ce temps !  Il se retint pour ne pas sauter de joie et sortit du bureau du général avec un immense sourire aux lèvres.  À plusieurs kilomètres de là, Sam finissait de faire ses bagages.  Elle avait reçu la veille les papiers lui annonçant qu’elle était maintenant le docteur Samantha Carter et ne voulait plus passer une seconde de plus éloignée de Jack.  Tout en vidant les armoires, elle parlait à voix haute à son bébé.  Elle avait toujours trouvé un peu ridicules les femmes qui le faisaient mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.

 

-         On va voir papa !  Aïe !  Arrête de me donner des coups de pieds !

 

Elle n’en revenait pas d’avoir l’air d’être enceinte d’à peine quatre mois alors qu’elle en était à son sixième mois.  Six longs mois qu’elle était à Washington et elle en avait plus qu’assez.  Lorsque enfin elle embarqua dans l’avion, elle était à la fois épuisée et énervée.  Le bébé le ressentit et il ne cessa de donner des coups de pieds pendant tout le voyage, empêchant sa mère de dormir.

 

À l’aéroport, Jack faisait les cents pas, impatient de retrouver Sam.  Lorsqu’il la vit de l’autre côté de la douane, son visage son fendit d’un large sourire qui se figea dès qu’il aperçut son ventre rebondi.  C’était donc ça la raison de son silence.  Elle avait rencontré quelqu’un d’autre et elle l’avait jeté aux oubliettes.  Elle était au moins enceinte de quatre mois donc il ne pouvait pas être le père.  Il avait l’impression qu’une flèche empoisonnée venait de lui transpercer le cœur.  Il avait été un bel idiot.  Il l’avait attendue pendant six mois et pendant ce temps elle se payait du bon temps avec un autre ! 

 

Il n’eut pas le temps de réagir qu’elle franchissait la barrière et marchait vers lui, un sourire hypocrite aux lèvres.  Elle le serra dans ses bras, heureuse de le voir.  Il sentit la bosse que formait son ventre et fut envahit par une colère sourde.  Lorsqu’elle voulut l’embrasser, il lui serra le bras si fort qu’elle poussa un petit cri de douleur.  Elle s’écarta de lui, effrayée par son comportement.

 

-         Jack, qu’est-ce que tu as ?  Lâche-moi tu me fais mal !

-         Et ma douleur à moi, Samantha, tu y as pensé ?  Tu as pensé à moi quand tu t’envoyais en l’air avec lui ?  Je suis quoi pour toi ?  Un jouet ?  Maintenant que tu m’as eu, tu peux me jeter aux poubelles ?  Si c’était seulement pour le sexe que tu me voulais, tu aurais dû le dire avant, je n’aurais pas attendu tout ce temps et je serais passé à autre chose !  Tu me dégoûtes !  Je t’aimais comme un fou, j’aurais pu faire n’importe quoi pour toi !  Mais toi, tu as tout gâché !  Tu n’es qu’une…

 

SHLACK !  Sam venait de le gifler de toutes ses forces.

 

-         …garce…

 

Cette fois, Sam lui mit carrément le poing à la figure avec toute la force qu’elle avait pu trouver.  Elle était en larmes et furieuse contre lui.

 

-         COMMENT OSES-TU ? hurla-t-elle.  Tu ne sais même pas par quoi je suis passé !  Tu…

 

Elle éclata en sanglots et voulu le frapper à nouveau.  C’est alors qu’un membre de la sécurité de l’aéroport intervint.  Tout le monde avait assisté à la scène et fut désolé pour eux.  L’homme attrapa le bras de la jeune femme avait qu’il n’atteigne sa cible.  Doucement, calmement, malgré toutes les vociférations de Sam, il l’emmena dans une petite pièce pour qu’elle se calme.  Jack ne fit rien pour l’en empêcher et quitta l’aéroport, furieux.  L’homme de la sécurité tentait du mieux qu’il pouvait de contenir Sam mais elle était dans un état qui frôlait l’hystérie.

 

-         Madame… madame, calmez-vous vous allez faire du mal à votre bébé !

 

Elle se calma aussitôt.  Elle savait que les privations de nourriture au début de sa grossesse auraient pu être fatales au bébé et elle ne voulait plus lui faire de mal.  Elle ne voulait pas le perdre comme elle venait de perdre Jack.  L’homme s’approcha doucement.

 

-         Vous avez une amie à qui téléphoner, madame ?  Je crois que votre mari est reparti sans vous.

-         Ce n’est pas mon mari.

 

La voix était éteinte, presque un murmure.  Lentement, Sam plongea la main dans son sac à main et sortit son cellulaire.  Elle composa le numéro de Janet.

 

-         Fraiser !

-         Jan… c’est moi… tu pourrais venir me chercher à l’aéroport ?

-         Sam ?  Mais qu’est-ce qui s’est passé ?  Le colonel devait passer te prendre !

 

La seule mention de Jack fit monter les larmes aux yeux de Sam.  La voix étouffée dans un sanglots, elle supplia son amie :

 

-         Je t’expliquerai… j’en t’en prie, je n’ai pas envie de prendre un taxi.

 

Le docteur entendit la détresse dans la voix de son amie et se douta que les cachotteries de son amie n’avaient pas eu les résultats attendus.

 

-         D’accord, j’y serai dans quinze minutes.

-         Merci…

 

Sam raccrocha et rangea son téléphone en pleurant.  L’homme regarda la avec compassion.  Quinze minutes plus tard, Janet débarquait en catastrophe.  Devant l’état de son amie, elle s’abstint de poser toutes les questions qui lui étaient venues à l’esprit pendant le trajet et la pris dans ses bras.  Les sanglots de Sam redoublèrent.  L’homme s’éclipsa discrètement, laissant les deux femmes en paix.  Janet consola son amie du mieux qu’elle put avant de la ramener à la voiture.  Sur la route, les sanglots de Sam se calmèrent jusqu’à devenir quelques hoquets par-ci par-là.  Exténuée par toutes ces  émotions, la jeune femme s’endormit, bercée par le roulement du moteur. 

 

Derrière la volant, Janet faisait des efforts considérables pour rester concentrée sur la route.  Elle savait que le colonel avait dû faire ou dire quelque chose de terrible pour mettre Sam dans cet état.  Elle gara la voiture devant sa maison et alla demander l’aide de Teal’c pour sortir Sam.  Lui, Daniel et Cassie avaient prévu faire une petite fête en l’honneur de Sam mais le docteur estimait que son amie ne serait pas en état de s’amuser ce soir.  Le Jaffa extirpa son amie du véhicule comme si elle ne pesait rien et la porta dans la chambre d’amis de la maison des Fraiser.  Puis il rejoignit Daniel et Cassie qui essayaient de comprendre ce qui s’était passé.

 

-         Maman, tu savais que Sam était enceinte ? demanda Cassie.

-         Oui, c’est moi qui lui ai appris. 

-         Pourquoi ne nous avoir rien dit ? demanda Daniel.

-         J’avais promis à Sam de ne rien dire.  Je suis désolée.

-         O’Neill ne devait-il pas passer prendre le major Carter et l’emmener ici pour notre fête surprise ?

-         Le colonel n’était pas au courant de la grossesse de Sam.  Je suppose qu’il a eu toute une surprise en la voyant et qu’il est reparti mais je n’en sais pas plus.  Il faudra demander à Sam lorsqu’elle se réveillera.

-         Me demander quoi, Janet ?

-         Sam !  Tu ne dors plus ?

-         Le bébé n’arrête pas de me donner des coups de pieds.

-         Sam ! dit Cassie en se jetant dans ses bras.  Je suis tellement contente de te voir !

 

Sam serra la jeune fille contre elle et alla s’asseoir sur le sofa, la jeune fille à ses côtés.

 

-         Pourquoi oncle Jack n’est pas venu te chercher à l’aéroport ?

 

Sam blêmit.  Elle n’avait pas envie de repenser à ce qui c’était passé.  Cependant, devant l’air insistant de Cassie et ceux de ses amis, elle se décida à se confier. 

 

-         Lorsque j’ai voulu l’embrasser en sortant de la douane, il m’a serré le bras et a commencé à m’insulter, dit-elle doucement.  Jamais je n’aurais crû qu’il pouvait être aussi méchant.  Il a dit que j’avais couché avec un autre homme, que je l’avais blessé, que je n’étais qu’une… garce…

 

Elle éclata en sanglots une fois de plus tandis que les autres digéraient ce qu’elle venait de leur apprendre.  Cassie fut la première à reprendre ses esprits.

 

-         Il a dit quoi ?!?!

-         Tu as très bien compris, Cassandra, lui répondit sa mère.

-         Est-ce que Jack savait qu’il est le père de votre bébé ? demanda Daniel.

 

Voyant que Sam était incapable de parler, Janet expliqua aux autres ce qui c’était passé dans les six derniers mois.  À la mention de Kinsey, le visage de Teal’c se rembrunit et il fronça les sourcils.  Daniel lui était totalement abasourdis.  En un sens, il comprenait un peu la réaction qu’avait eu son ami.  Il se tourna vers Sam qui avait séché ses larmes.

 

-         Jack est bien le père de cet enfant ? demanda-t-il.

 

Sam acquiesça.

 

-         Pourquoi ne pas lui avoir dit ?  Que vous lui ayez caché le chantage de Kinsey, ça, je peux le comprendre, vous vouliez le protéger.  Mais que vous lui ayez caché l’existence de cet enfant…  Il avait le droit de savoir avant aujourd’hui !

-         Il ne sait pas, Daniel…

-         Quoi ?  Vous ne lui avez pas encore dit ?

-         Je n’ai pas eu le temps ! se défendit Sam.  Il a dit toutes ces horreurs et puis je l’ai frappé et la sécurité m’a emmenée pour que je me calme.

 

Elle sentait les larmes envahir à nouveau ses yeux mais elle les retint.  Elle commençait à en avoir marre de pleurer tout le temps mais les hormones ne la laissaient pas tranquille.

 

-         Mais qu’est-ce que vous attendez pour le lui dire ?!?! s’exclama l’archéologue.

-         Papa !  Ce ne sont pas de tes affaires !  Sam a le droit de dire ce qu’elle veut à Jack !

 

Sam regarda Cassie avec étonnement et sa mère lui jeta un regard noir.

 

-         Depuis quand tu appelles Daniel "papa" ?

-         Je t’avais dit que je voulais lui annoncer moi-même !

-         Je suis désolée, maman, c’est sorti tout seul.

-         Toi et Daniel êtes ensemble ?

-         Oui, lorsque je suis revenue de Washington, j’étais bouleversée, il m’a consolée et ça a commencé comme ça.

-         Mais c’est génial !  Je suis tellement heureuse pour vous !

 

Sam se précipita dans les bras de ses amis pour les féliciter.  Daniel la ramena cependant à leur discussion.

 

-         Qu’avez-vous l’intention de faire avec Jack ?

-         Je ne sais pas, Daniel.  Je ne sais plus quoi penser.

-         Vous devez penser à votre bébé, Sam, c’est tout ce qui compte.  Vous ne pouvez pas le priver de son père et vous ne pouvez pas enlever cet enfant à Jack.

-         Je ne lui ai rien enlevé !  C’est lui qui l’a refusé en m’insultant de la sorte !

-         Lui avez-vous donné la chance de l’accepter ?  Non !  Vous ne lui avez rien dit !  Vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’il saute de joie ?  On dirait que vous êtes enceinte de quatre mois et il ne vous a pas vue depuis six mois, c’est normal qu’il doute !

 

Le visage de Sam se décomposa au fur et à mesure que Daniel parlait.  Il avait raison.  Elle n’avait pas été franche avec Jack.  Elle aurait dû lui écrire pour lui annoncer la venue du bébé, quitte à rester à Washington encore plus longtemps.  Furieuse contre elle-même, elle alla s’enfermer dans la chambre d’ami pour réfléchir à ce qu’elle avait fait et à ce qu’elle allait faire.  Elle s’endormit au milieu de ses pensées, la main posée sur son ventre.

 

De son côté, Jack était rentré chez lui complètement bouleversé.  Comment avait-elle pu lui faire ça ?  Après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble ?  Il avait cru qu’elle l’aimait.  Quel idiot !  Un parfait crétin !  Un bel imbécile !  Il avait mal d’une douleur qui lui était inconnue jusqu’à maintenant.  Il bu d’un trait la première d’une longue série de bières.  Elle ne le méritait pas !  Et dire qu’il avait failli abandonner sa carrière pour elle !  Tout ce qu’il lui restait à faire à présent était de mourir au bout d’une lance Jaffa car sans elle, la vie ne valait plus la peine.  Il pouvait vivre avec elle à ses côtés en sachant qu’un jour elle serait sienne, il l’avait fait pendant sept ans.  Mais il ne pouvait pas vivre en sachant qu’elle était avec un autre.  Qu’un autre que lui la touchait, la désirait, l’aimait.  Il s’endormit d’un lourd sommeil d’alcool en murmurant son doux prénom.

 

Il rêva d’elle toute la nuit, revivant sans cesse les moments magiques qu’ils avaient vécus avant son départ.  C’était tout ce qui lui restait d’elle.  Tout ce qu’il n’aurait jamais.  Des souvenirs et beaucoup de regrets.  Il partit travailler avec un mal de tête à vous faire sortir les yeux des orbites.  Il passa la journée à éviter tout le monde et presque à souhaiter que les Tok’Ra viennent demander leur aide pour une mission suicide où il pourrait se faire exploser avec une tête de serpent et ne plus souffrir.  Sam, quant à elle, passa la journée à se poser des questions.  Elle décida d’aller parler à Jack dès le lendemain à son retour à la base.  Il avait fait une erreur et elle devait la réparer au plus tôt pour le bien de son enfant. 

 

Mais le lendemain, malgré tous ses efforts et toute sa bonne volonté, elle ne parvint pas à lui parler.  Il l’évitait purement et simplement et ne s’adressait à elle que lorsque c’était absolument nécessaire et en l’appelant par son titre.  Ce comportement blessa Sam au plus profond d’elle-même.  C’était fini, il n’y avait plus d’espoir, il ne l’aimait plus.  Elle pleura beaucoup pour la relation qu’ils avaient presque eue et surtout pour son bébé qui ne connaîtrait jamais son père.  Un mois s’écoula et l’ambiance au SGC était tendue.  Jack et Sam ne s’adressaient plus la parole qu’en cas d’absolue nécessité et Daniel, Janet et Teal’c étaient déchirés entre les deux mais avaient décidé d’un commun accord de se mêler de leurs affaires.

 

Sam avait prit du poids et affichait maintenant un ventre proéminent.  Elle faisait beaucoup de marche à pieds car selon Janet, cela faciliterait l’accouchement.  Lorsqu’elle se promenait dans le parc près de chez elle, Sam voyait souvent des couples heureux qui promenaient leurs bébés dans des landaus.  Cela lui faisait mal de voir tous ces gens heureux alors qu’elle ne l’était pas.  Ils étaient deux pour élever leurs enfants, elle serait seule.  Elle rêvait souvent d’une famille heureuse où Jack serait présent.  Depuis son retour à Colorado Springs, le rêve se finissait toujours de façon similaire : elle voyait quelqu’un qui voulait lui parler mais elle n’arrivait pas a saisir le sens des paroles.  Un soir, après une journée épuisante à se quereller avec Daniel pour qu’elle parle à Jack et des remarques blessantes de la part de ce dernier, elle s’endormit sur le sofa, complètement épuisée. 

 

Elle rêva à nouveau à sa famille heureuse mais le rêve se transforma en cauchemar lorsque le bébé se mit à hurler : « Tu m’as privé de mon père ! » en pointant un doigt accusateur vers elle.  Elle se réveilla en sueur, sous le choc des accusations.  Elle alla à la cuisine prendre un verre d’eau pour calmer les battements de son cœur puis elle retourna se coucher.  Curieusement, le rêve reprit exactement là où il s’était arrêté.  Le bébé ne cessait de l’accuser de l’avoir privé de son père.  Elle voulu fuir mais il la retenait.  Puis tout devint blanc et une forme vaporeuse apparut.  « Tu dois lui dire, maman, il a le droit de savoir. »  Élisabeth venait de se matérialiser devant elle.  « Tu dois lui dire ou tu ne trouveras jamais le repos. »  Sur ces mots, l’apparition s’évapora.  Sam se réveilla à nouveau mais elle était plus calme que la première fois.  Elle devait parler à Jack sinon elle allait devenir folle.

 

 Elle chercha longuement le meilleur moyen d’y parvenir.  Il ne voulait plus lui parler, encore moins l’écouter alors inutile de lui téléphoner et de se faire raccrocher au nez.  Une lettre ?  Non, il allait la déchirer sans la lire et elle devait lui apprendre la nouvelle de vive voix.  Elle chercha jusqu’au petit matin et lorsque son radio-réveil se mit en marche, elle eut enfin l’idée de génie qu’elle cherchait.

 

Lorsqu’il rentra chez lui deux jours plus tard, Jack trouva un disque parmi son courrier.  Intrigué, il le fit jouer.

 

« Jack, je t’en prie n’arrête pas ce disque avant de l’avoir écouté jusqu’au bout.  Il faut que je te parle et c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour que tu m’écoutes.  Malgré tout ce que tu penses, je t’aime et je n’ai jamais cessé de t’aimer.  C’est toi le père de l’enfant que je porte, Jack.  Je ne sais pas pourquoi tu t’es mis dans la tête que c’était quelqu’un d’autre mais c’est toi.  Si je ne t’ai rien dit c’est parce que quelques temps après mon arrivée à Washington, Kinsey m’a enlevée et m’a bien fait comprendre que je ne devais pas te contacter jusqu’à ce que je sois redevenue civile, sinon il nous envoyait en cour martiale.  Je n’ai pas eu le choix, Jack, je ne pouvais pas faire ça à ta carrière et surtout à toi.  J’ai appris que j’étais enceinte un mois plus tard et j’aurais tellement voulu t’appeler pour te l’annoncer !  Si tu savais comment j’ai souffert loin de toi !  Je t’aime tellement que si je dois passer encore un jour comme ceux que nous venons de vivre, je n’y survivrai pas.  Je ne sais plus quoi faire pour que tu me pardonnes et que nous mettions cette histoire derrière nous.  Je n’ai pas les mots pour te dire à quel point je suis désolée, alors j’ai emprunté ceux de Bryan Adams.  Je ne te les chanterai pas car je chante comme une casserole mais néanmoins je veux te dire ces mots :

 

Please forgive me – I know not what I do
Please forgive me – I can’t stop lovin’ you
Don’t deny me- this pain I’m going through
Please forgive me- if I need ya like I do
Please forgive me – every word I say is true
Please forgive me- I can’t stop lovin’ you

 

Je t’aime, Jack!  Pardonne-moi…

 

Sam »

 

Il resta de marbre pendant quelques secondes, attendant la suite.  Puis il décrocha le téléphone et composa son numéro.  Elle décrocha après deux sonneries.

 

-         Allô ?

-         Excellent plan pour me jeter la paternité sur le dos, docteur !  Vous n’étiez pas capable de supporter que le père de cet enfant vous ait abandonnée et vous voulez désespérément trouver un idiot pour l’élever à votre place car il est évident que vous ne serez pas capable !  Je ne suis pas complètement stupide !  Vous veniez d’avoir un enfant lorsque nous avons couché ensemble, il est physiquement impossible que vous soyez enceinte de moi, vous ne m’aurez pas !  Vos excuses j’en fais de la bouillie pour les chats car c’est ce que c’est !  Maintenant, j’apprécierais beaucoup que vous ayez un comportement professionnel avec moi !  Bonne journée, docteur !

 

Il raccrocha avant qu’elle n’ait pu dire un mot.  À l’autre bout de la ligne, Sam avait éclaté en sanglots dès ses premières paroles.  Cette fois-ci il n’y avait aucun doute, plus d’espoir.  Il l’avait rayée de sa vie, il ne l’aimait plus.  Elle s’effondra en pleurs sur le plancher et se recroquevilla sur elle-même.  Janet la trouva dans cette position deux heures plus tard lorsqu’elle vint la chercher pour aller dévaliser les boutiques de vêtements pour bébé.

 

-         Sam !  Sam, qu’est-ce qu’il y a ?

 

Seuls les sanglots lui répondirent.  Soudain, Sam mit les deux mains sur son ventre en poussant un petit cri de douleur.  Janet plaça sa main également et sentit le bébé  bougeait beaucoup comme s’il cherchait à sortir.  Elle appela la base pour demander une qu’une équipe médicale les attende à la surface.  Elle aida Sam à s’asseoir dans la voiture puis fonça à toute vitesse à la base.  Quelques heures plus tard, Sam dormait paisiblement dans un lit de l’infirmerie, les mains posées sur son ventre comme si elle voulait le protéger du monde extérieur.  Daniel et Teal’c étaient à son chevet, inquiets.  Lorsque Janet entra pour vérifier l’état de sa patiente, Daniel se précipita vers elle.

 

-         Qu’est-ce qu’elle a ?  Elle va bien ?

-         Du calme, Daniel, elle va bien.  C’était une fausse alerte.  Sam va bien, le bébé va bien, tout va bien.

-         Mais qu’est-ce qui a provoqué ça ?

-         Je ne sais pas.  Je l’ai trouvée en larmes et je ne sais ce qui l’a mise dans cet état. 

-         Jack.

-         Quoi ?  Pourquoi tu parles de lui ?

-         Je suis convaincu que c’est à cause de lui qu’elle est dans cet état.

-         Je suis d’accord, Daniel Jackson.  O’Neill est désagréable avec le docteur Carter depuis son retour.

-         Je vais aller lui parler, j’en ai assez de les voir se faire la tête !

 

Janet ne tenta pas de le convaincre de changer d’idée.  Elle savait que lorsqu’il parlait sur ce ton c’était qu’il était décidé à faire quelque chose.  Teal’c accompagna l’archéologue dans sa mission périlleuse et elle retourna auprès de sa patiente.  Daniel entra dans le bureau de Jack telle une tornade.  Il se planta devant le colonel qui le regarda avec étonnement.  Teal’c surgit derrière Daniel, il avait l’air en colère mais le laissa parler.

 

-         Qu’est-ce que vous lui avez fait, Jack ?

-         Qu’est-ce que j’ai fait à qui ?

-         Ne jouez pas à ça avec moi !  Qu’avez-vous fait à Sam ?

 

Le regard de Jack fut illuminé pendant une milliseconde par une étincelle d’inquiétude et fut remplacé rapidement par le regard dur qu’il abordait depuis plusieurs mois.  Mais Daniel l’avait vue et il se dit que tout espoir n’était pas perdu pour ses amis s’il arrivait à faire entendre raison à la tête de mule qu’il avait en face de lui.

 

-         Je n’ai absolument rien fait au docteur Carter, répondit Jack en accentuant les derniers mots.

-         Sam est à l’infirmerie, Jack.  Elle a bien failli avoir son bébé.

-         J’en ai rien à cirer, Daniel.  Sortez de mon bureau !

 

Daniel ne put se retenir et lança son poing à la figure de son ami.  Il en résulta une grande douleur dans les doigts de l’un et dans la mâchoire de l’autre.

 

-         Vous allez m’écouter, bon sang !  Sam est malheureuse depuis son retour !  Elle va avoir un bébé et ce devrait être les plus beaux moments de sa vie mais à cause de vous, ce sont les pires !

-         Elle m’a utilisé, Daniel !  Elle a joué avec moi, puis elle est partie s’envoyer en l’air avec un type et maintenant elle est toute seule pour élever son enfant et elle essaie de me mettre la paternité sur le dos alors que je sais très bien que c’est impossible !

-         Avez-vous reçu un coup sur la tête pendant notre dernière mission ?  C’est vous le père de ce bébé, Sam n’aurait jamais couché avec un autre homme, elle est trop amoureuse de vous !  Qu’est-ce qu’il vous faut pour comprendre ?

-         Daniel, nous avons couché ensemble avant son départ et elle venait d’avoir sa fille à peine quelques jours auparavant !  Je ne connais peut-être pas grand-chose aux femmes mais je sais que ça prend au moins un mois avant de concevoir un autre enfant !

-         Janet dit que l’entité n’a pas influencé le système de Sam.  C’est comme si Sam n’avait jamais eu d’enfant !  Si c’est un test de paternité qu’il vous faut, Janet en a fait un et il n’y a aucun doute possible quant à l’identité du père.  C’est vous.

-         N’importe qui peut trafiquer un test et lui faire dire ce qu’il veut.  Maintenant sortez de mon bureau.  Tous les deux.

 

Daniel sortit comme il était entré et Teal’c regarda Jack avec un regard à glacer le sang.

 

-         Vous ne la méritez pas, O’Neill.  Pas plus que cet enfant.  Dommage pour lui.

 

Et il partit sans rien ajouter.  Jack  se rua en salle de sports pour sortir toute la fureur et l’agressivité qui s’étaient accumulées en lui depuis les derniers mois.  Il  en ressortit trois heures plus tard, épuisé et en sueur.  Il prit une douche rapide et s’effondra sur son lit.  Le sommeil l’enveloppa et il fit un rêve étrange. 

 

Charlie se tenait devant lui, tout habillé de blanc.  Sans dire un mot, le garçon prit la main de son père et lui montra quelque chose à l’horizon.  Jack plissa les yeux et se reconnut en compagnie de Sara et de Charlie, en train de s’amuser dans un parc.  C’était l’un de ses plus beaux souvenirs.  Ils étaient heureux et sans soucis.  Il se tourna pour sourire à son fils mais celui-ci avait disparu.  Son souvenir s’était évaporé avec lui.  Il fit un tour sur lui-même et se retrouva face à face avec Élisabeth également vêtue de blanc.  Tout comme Charlie, elle lui prit la main sans dire un mot et lui montra l’horizon. 

 

Cette fois, ce furent des événements qui avaient eu lieu quelques mois auparavant.  Jack se revit en compagnie de la petite fille à étudier les étoiles et à jouer avec le petit chien sous le regard attendri de Sam.  Il se laissa émouvoir par l’image de la famille qu’ils formaient.  La vision s’estompa aussi rapidement que la précédente et l’image d’Élisabeth disparut comme celle de Charlie.  Il était à nouveau seul.  Soudain, il entendit les pleurs d’un bébé.  Il chercha pendant quelques minutes et trouva le petit être emmitouflé dans une couverture.  Il le prit dans ses bras et se mit à le bercer doucement.  Le bébé se mit à hurler.  Jack le serra un peu plus contre lui mais l’enfant s’évapora à son tour.

 

 Déçu, il leva les yeux et eut une vision de lui-même, âgé et seul.  Il y avait dans son regard une tristesse et une douleur infinies.  La vision changea et il vit Sam, âgée elle aussi, avec un regard qui faisait écho au sien.  Puis il y eut ce cri.  Ces paroles déchirantes qui fendirent l’air.  « Pourquoi mon père m’a abandonné ? »  Ce cri qui atteint Jack en plein cœur.  Il voulut savoir qui criait ainsi mais la vision s’effaça comme les autres.  Il leva alors les bras au ciel et se mit à hurler :

 

-         Pourquoi ?!?!  Qu’est-ce que vous me voulez ?!?!

-         Ils ne vous répondront pas, O’Neill.

 

La voix était surgie de nulle part.  Il la connaissait.  Il se retourna et vit des cheveux noirs comme l’ébène au-dessus d’un visage mutin.

 

-         Skaara ?  Qu’est-ce que tu fais ici ?

-         Je suis venu vous montrer le chemin du bonheur, O’Neill.

-         Quoi ?

-         Ce que vous venez de voir sont le passé, le présent et le futur.  Votre futur.

-         Quoi ?  Mais c’est impossible !  Je ne veux pas de ce futur !

-         Il n’en tient qu’à vous de le changer O’Neill.

-         Comment ?

-         Vous trouverez la voie.

 

L’Abydossien s’évapora comme les trois enfants.  Jack se réveilla en sursaut, ébranlé par son rêve aux allures de cauchemar.  Malgré toute la fatigue accumulée, il ne put se  redormir tant sa tête était pleine.  Il tourna et retourna les événements des derniers mois.  C’était tout à fait le genre de Kinsey de faire du chantage seulement par vengeance…  Il n’y connaissait pas grand-chose en entité extraterrestre alors peut-être que Janet avait raison et que Élisabeth n’avait pas influencé le système de Sam et qu’il était vraiment le père de cet enfant. 

 

Peu à peu, la vérité fit son chemin jusqu’à lui.  Daniel avait raison également.  Sam était trop amoureuse de lui pour l’avoir trompé.  Bon sang, elle avait abandonné sa carrière militaire pour lui !  Il était vraiment un imbécile de la pire espèce !  Il devait aller lui parler.  Là, maintenant, tout de suite !  Son radio-réveil indiquait trois heures du matin.  Peu importe. Il s’habilla rapidement et se rendit à l’infirmerie.  Sam était endormie dans un coin,  les mains sur son ventre.  Jack s’approcha doucement pour ne pas la réveiller.  Il replaça délicatement une mèche de cheveux qui lui tombait sur les yeux.  Au contact des doigts contre sa peau, Sam ouvrit les yeux.  Lorsqu’elle reconnut Jack, l’étonnement, la joie et la colère s’emparèrent d’elle.  Elle se força à durcir son regard, à cacher son sourire et à contrôler les bondissements de son cœur dans sa poitrine.

 

-         Colonel, qu’est-ce que vous faites ici ?

 

Il y avait longtemps qu’elle avait rayé le « mon » colonel de son vocabulaire.  Désormais, il ne lui appartenait plus.  Jack sourcilla mais continua de lui caresser les cheveux.  Sam prit sa main et le força brusquement à arrêter.

 

-         Qu’est-ce que vous voulez ?

 

Sa voix était dure et tremblait sous l’émotion.

 

-         Je suis venu voir comment tu allais.

 

Sam le regarda, totalement déboussolée.  Pourquoi avait-il soudainement changé d’attitude avec elle ?  Il était venu la blesser encore plus.  Ou pire encore.  Son père avait été tué pendant une mission, c’était pour ça qu’il était tout mielleux.  Ce ne pouvait pas être autre chose.

 

-         Qu’est-ce que vous me voulez ? répéta-t-elle.

-         Sam… je…

-         Docteur Carter ! le coupa-t-elle.

 

Il la regarda sans comprendre.

 

-         Je vous interdis de m’appeler par mon prénom, c’est réservé à mes amis.

 

Il encaissa le coup sans dire un mot.  Il l’avait mérité.

 

-         J’aimerais discuter de ce qui s’est passé le mois dernier à l’aéroport.

-         Il n’y a rien à discuter, monsieur, vous avez été très clair, il n’y a rien à redire.

 

Il encaissa le nouveau coup.  Elle était dure avec lui mais elle n’avait pas le choix.  S’il n’était pas venu lui parler de son père, c’est que ce dernier allait bien et donc qu’ils n’avaient plus rien à se dire.

 

-         Sortez, vous n’avez rien à faire ici.

 

Elle n’en pouvait plus.  S’il restait une seconde de plus, elle allait craquer et se jeter dans ses bras.  Il ne fallait absolument pas qu’elle cède à ses hormones, il fallait qu’elle se contrôle.  Il tenta une dernière fois de lui parler.

 

-         Sam… implora-t-il.

-         SORTEZ !  Sortez immédiatement ou je crie tellement fort que toute la base va se réveiller !

 

Résigné, il sortit.  Sam réussit à se calmer avant que les moniteurs ne s’affolent et n’avertissent Janet.  Elle ne réussit à se rendormir que plusieurs heures plus tard.  De son côté, Jack se sentait misérable.  Pire que misérable, il se sentait minable.  Il avait bousillé toutes ses chances avec Sam.  Jamais elle ne lui pardonnerait d’avoir été aussi odieux avec elle.  Il retourna dans ses quartiers mais ne parvint pas à dormir.  Il cherchait une solution.  Il ne voulait pas d’un futur où ils étaient seuls, chacun de leur côté et où un enfant était privé de père.  Il ne serait pas un père indigne.  La vie lui donnait une seconde chance, une chance de se reprendre comme père.  Comment lui dire qu’il était désolé, qu’il s’excusait et qu’il l’aimait ?  Elle ne voulait plus lui parler encore moins le voir.  Puis il repensa à la méthode que Sam avait employée pour se faire entendre et décida de l’imiter. 

 

Mais pour se faire, il devait retourner chez lui.  Il était trop tôt pour aller voir Hammond et lui demander une journée de congé, aussi s’installa-t-il à son bureau pour remplir ses rapports en retard.  Comme ça, il impressionnerait le général et obtiendrait son autorisation de sortie plus facilement.  À sept heures tapantes, il frappait à la porte du général et lui remit ses rapports.  Hammond fut si étonné qu’il lui donna l’autorisation de quitter la base pour la journée sans même réfléchir.  De retour chez lui, Jack se débattit toute la journée contre son enregistreuse.  Lorsqu’il réussit enfin à enregistrer son message, la nuit était tombée depuis longtemps.  Il était trop tard pour la suite de son plan alors il décida d’aller se reposer quelques heures.  Il dormit mal, inquiet quant à la réaction de Sam.  Si elle le rejetait, il ne lui restait plus qu’à aller se terrer au fond de son chalet au Minnesota ou à aller se faire tuer au fin fond de la galaxie.  Il avait compris qu’il ne pouvait plus vivre sans elle.  Sa vie était complètement vide lorsqu’elle n’était pas là. 

 

Il se leva quelques heures plus tard et téléphona à l’infirmerie pour savoir si Sam était retournée chez elle.  L’infirmière lui répondit que le docteur Carter était rentrée chez elle la veille.  Jack, raccrocha, s’habilla et se rendit en ville pour faire quelques achats nécessaires au bon déroulement de son plan.  Sur le coup de midi, il déposa un disque sur le pas de la porte de Sam, sonna et alla se cacher comme un gamin.  Elle ne devait pas le voir tout de suite.  Elle sortit mais ne vit personne.  Elle allait fermer la porte lorsque le reflet d’un rayon de soleil attira son attention sur un objet au bas de sa porte.  Elle ramassa le disque et entra à l’intérieur pour le faire jouer.

 

« Sam, à mon tour de te supplier de ne pas arrêter ce disque avant la fin.  J’ai été un véritable idiot depuis un mois et je ne sais pas comment me faire pardonner.  Je ne me pardonne pas moi-même.  Si tu savais comme je suis désolé, Sam.  J’ai sauté les plombs lorsque je t’ai vue à l’aéroport.  Je n’aurais jamais dû dire de telles horreurs.  J’ai tellement honte de moi.  J’ai crû mourir quand je croyais t’avoir perdue au profit d’un autre.  Ça m’a tué.  Jamais je n’avais pensé avoir aussi mal après la mort de Charlie.  Tu dois te demander pourquoi j’ai soudainement changé d’avis.  J’ai fait un rêve étrange où j’ai vu ce que serait ma vie sans toi et sans notre enfant et je n’ai pas pu le supporter.  Il fallait à  tout prix que je change ce futur car c’est avec vous deux que je veux le vivre.  Je sais que tu ne voudras probablement plus jamais me revoir après ce que j’ai dit hier mais je tente ma chance quand même.  Je t’aime, Sam.  Je t’aime comme un fou, comme je n’ai jamais aimé avant.  Je n’ai pas moi non plus assez de mots pour te dire à quel point je suis désolé, à quel point je m’excuse et à quel point je t’aime, c’est pourquoi j’ai emprunté ceux de Francis Cabrel :

 

Nos pas dans les mêmes empreintes

Vers les mêmes lendemains

Nos habits sur les mêmes cintres

Qu’est-ce que t’en dis ?

 

Nos couverts sur la même table

Nos corps dans le même bain

Nos châteaux dans le même sable

Qu’est-ce que t’en dis ?

 

Deux âmes jumelles, parallèles, assorties

 

Ça peut paraître sommaire ou banal

Oh, l’ordinaire parcours

Et si c’était au contraire au final…

 

Nos héros sur la même estrade

Nos laisses sur le même chien

Nos portraits dans les mêmes cadres

Qu’est-ce que t’en dis ?

 

Deux cœurs ordinaires, locataires, à crédit

 

Ça peut paraître sommaire ou banal

Oh, l’ordinaire parcours

Et si c’était au contraire au final

De l’amour

 

Dans nos passés tout cabossés

Dans nos petits cœurs d’occase

Lorsque se seront effacées les ardoises

On pourra s’offrir un répit

Un tapis de laine épaisse

Et en dessous ensemble enfouir

Nos éternelles promesses

Qu’est-ce que t’en dis ?

 

Et quand le monde devra disparaître

Vendu, fendu, mal en point

On nous aura oublié peut-être

Qu’est-ce que t’en dis ?

 

Deux âmes jumelles, parallèles, à crédit

 

Ça peut paraître sommaire ou banal

Oh, l’ordinaire parcours

Et si c’était au contraire au final

De l’amour

 

Qu’est-ce que t’en dis ?

Qu’est-ce que t’en dis de l’amour ?

Qu’est-ce que t’en dis ?

Je t’aime, Sam et pour te prouver à quel point, je voudrais que tu ailles ouvrir la porte, il y a une surprise qui t’attend.

 

Je t’aime, mon ange.

 

Jack. »

 

Les larmes coulaient sur les joues de Sam qui n’avait jamais entendu une aussi belle déclaration.   Elle se rendit aussi vite qu’elle le put à la porte et l’ouvrit toute grande, certaine de voir Jack de l’autre côté.  Sur le pas de la porte se trouvait non pas son homme mais un petit chien qui avait un écriteau dans le cou où il était écrit : « Veux-tu m’épouser ? »  Sous l’écriteau se trouvait un écrin de velours qui contenait une bague sertie de diamants et de lapis-lazulis.  Elle referma l’écrin et regarda partout autour d’elle à la recherche de son amour.

 

-         Jack ?  Jack où est-ce que tu te caches ?

 

Le chien se mit à courir vers l’arrière de la maison et elle le suivit.  Jack se tenait debout dans son jardin avec dans les bras la plus grosse gerbe de roses rouges qu’elle n’avait jamais vue.  Le chien tout excité se mit à tourner autour des jambes de son nouveau maître avant de revenir vers elle.  Jack la regardait avec un sourire nerveux.  Elle avança lentement vers lui, encore sous le choc de sa déclaration.  Elle voulait lui dire tant de chose à la fois mais les mots se mélangèrent dans son esprit et tout ce qu’en sortit fut une question idiote :

 

-         Pourquoi un chien ?

-         C’est la loi sur Terre.  Chaque enfant doit en  avoir un.

 

Ils se sourirent, ne sachant plus quoi faire ou dire.  Jack était visiblement très nerveux et impatient de connaître la réponse à sa question.  Ils se dévisagèrent pendant quelques minutes avant qu’il ne s’avoue vaincu et demanda :

 

-         Alors, c’est oui ou c’est non ?

-         À quel sujet ? répliqua Sam avec un sourire en coin.

-         Sam !  Je t’en prie ne te moques pas de moi !

-         Peut-être…

-         Peut-être ?!?!  Tu as besoin de temps ?  Je vais trop vite ?  Tu m’en veux encore ?

-         Non…

-         Non quoi ?

-         Non, je n’ai pas besoin de temps.  Non, tu ne vas pas trop vite.  Non, je ne t’en veux plus.

-         Alors ?

-         Alors, fait moi cette demande dans les règles de l’art !

-         Sam…

-         S’il te plaît !  C’est mon rêve de petite fille qui se réalise et je veux qu’il soit comme je l’ai imaginé !

 

Il soupira mais posa tout de même un genou au sol et lui prit sa main.

 

-         Samantha Carter, voulez-vous faire de moi l’homme le plus heureux de l’univers et devenir ma femme ?

-         Oui !

-         Oui ? demanda-t-il, n’en croyant pas ses oreilles.

-         OUI !!! réitéra-t-elle avec toute la conviction dont elle se savait capable.

 

Jack bondit sur ses pieds en hurlant : « Elle a dit oui !!! »  Puis il lança son bouquet dans les airs avant de la prendre dans ses bras et de la faire tourner.  Il riait aux éclats et son rire était contagieux.  Il la serra contre lui à l’étouffer, heureux de ne pas l’avoir perdue.  Ses lèvres cherchèrent les siennes et il les goûta avec un appétit dévorant.  À bout de souffle, il finit par s’écarter.

 

-         Jack, il faut qu’on parle.  Allons à l’intérieur, mes jambes me font mal.

-         Tout ce que tu voudras, mon ange.

 

À sa grande surprise, il la souleva et la porta jusqu’à l’intérieur où il la déposa sur le sofa.  Elle riait à gorge déployée mais reprit son sérieux lorsqu’il s’assit à côté d’elle et posa sa main sur son ventre.

 

-         De quoi voulais-tu qu’on parle ?

-         Je veux que tu m’expliques ce qui t’est passé par la tête à l’aéroport.

-         Sam… tu n’as pas envie d’oublier cette histoire ?

-         Non, Jack, je ne pourrai jamais oublier la peine que tu m’as faite.  Cependant, je peux apprendre à vivre avec et à la mettre derrière nous.  Mais d’abord, je veux comprendre ce qui s’est passé.

 

Il ne dit rien et réfléchit pendant quelques secondes.

 

-         Quand je t’ai vue j’étais au summum du bonheur.  Mais quand j’ai vu que tu étais enceinte j’ai perdu les pédales.  Lorsque Sara attendait Charlie, elle avait la même allure que tu avais le mois dernier, à quatre mois de grossesse.  Puisque ça faisait six mois que tu étais partie et que je n’avais pas eu de nouvelles j’ai pensé que tu m’avais oublié et que tu avais quelqu’un d’autre dans ta vie.  J’ai crié après toi alors que c’était après moi que j’aurais dû le faire.  Je ne voulais pas croire que je n’avais pas su te montrer à quel point je t’aimais et que tu m’avais laissé pour cette raison.  Je ne sais pas comment j’ai fait pour revenir chez moi mais je me rappelle avoir bu jusqu’à ne plus me souvenir de l’origine de ma douleur.  Si tu savais comme j’ai souffert de te voir à chaque jour, seule avec ton bébé.  Mais j’étais trop drapé dans mon orgueil pour venir m’excuser.  Il a fallu que Skaara vienne m’ouvrir les yeux.

-         Skaara ?  Skaara est mort, Jack.

-         Je sais mais il est apparu dans mon rêve et m’a fait comprendre que sans toi et sans notre enfant, ma vie n’avait plus de sens et que je finirai seul avec mes regrets.

 

Sa voix était étreinte par l’émotion.  Sam lui prit la main et le regarda dans les yeux.

 

-         Tu ne finiras pas seul, je serai toujours là.  Et lui aussi.

-         C’est un garçon ?

-         Je ne sais pas.  Je disais « il » pour le bébé.

-         Tu n’as pas demandé à Janet si c’était une fille ou un garçon ?

-         Je veux garder la surprise jusqu’à la fin.

-         D’accord.  Moi, je te dis que c’est un garçon.

-         Et moi je te dis que c’est une fille.

-         Tu dis ça seulement pour me contredire !

-         Exactement.  On est réconciliés ?

-         Avant, je veux savoir ce qui s’est passé à Washington avec Kinsey.

-         Je revenais de travailler un soir et je me suis fait attaquer puis on m’a mise de force dans un camion.  Kinsey était à l’intérieur et il m’a dit que si j’avais encore le moindre contact avec toi jusqu’à mon retour à la vie civile, il allait nous traduire en cour martiale.  Je n’ai pas eu le choix de lui obéir, Jack.  Quand tu as été blessé, je n’ai pas réfléchi une seconde et je suis venu aussi vite que j’ai pu.  J’ai eu tellement peur de te perdre, de ne pas avoir eu le temps de vivre avec toi.  Mais tu es revenu et moi je suis repartie parce que j’avais peur des conséquences.  Kinsey a appris que j’étais venue et c’est pour cette raison que je suis restée là-bas si longtemps.  Mais maintenant c’est terminé, Kinsey ne peut plus rien contre nous et je veux mettre cette histoire derrière nous.

 

Jack acquiesça et se mit à l’embrasser doucement d’abord puis avec de plus en plus d’ardeur.  Elle répondait à ses baisers avec plaisir mais les conseils de Janet lui revinrent en mémoire et elle se sépara de lui à regret.

 

-         Qu’est-ce que tu as ? demanda-t-il, inquiet.  Peut-être allait-il trop vite ?

-         Quand tu es venu me voir à l’infirmerie il y a deux jours, est-ce que tu savais pourquoi j’y étais ?

-         Non, Daniel m’a seulement dit que tu y étais et que tu avais failli avoir le bébé.  Tout va bien ?

-         Le placenta s’est décollé, c’est pour ça que j’ai failli avoir le bébé.  Janet m’a ordonné de rester coucher le plus possible jusqu’à la fin de ma grossesse. 

-         Justement ce que j’ai en tête se pratique couché…

-         Jack, j’ai aussi interdiction de… je… on… je ne peux avoir aucune activité…hum… sexuelle pendant cette période…

 

Elle avait rougi jusqu’à la racine des cheveux, sans savoir pourquoi parler de ce sujet la gênait.  Jack la regarda avec étonnement.  Il ne la croyait pas si prude mais peut-être était-ce les hormones.

 

-         Mais est-ce que je peux t’embrasser ?

-         Bien sûr !  Quelle question !

 

Elle rit et il se remit à l’embrasser passionnément mais s’arrêta avant de perdre le contrôle et d’aller trop loin.  C’est à se moment que le chien sauta sur les genoux de ses nouveaux maîtres les faisant sursauter.

 

-         Qu’allons-nous faire de celui-là ? demanda Sam.

-         Tu n’en veux pas ?

-         Jack, nous allons avoir un bébé dans deux mois, nous n’aurons pas le temps de nous occuper d’un chien et…

 

Jack serrait l’animal contre lui et il la regarda avec des yeux pleins d’eau digne de Bambi.

 

-         … et c’est la loi sur Terre, chaque enfant doit en avoir un, finit-elle.

-         Tu veux qu’on le garde ?

-         Est-ce que j’ai le choix ?  Tu es déjà dingue de lui !

-         Est-ce que tu savais que je t’aime ?

-         Je crois bien que oui mais répète donc pour voir !

-         Je t’aime, Sam !

-         Je t’aime aussi, Jack !

 

Ils s’embrassèrent tendrement sous le regard du chien qui ne comprenait rien à la situation et qui n’en avait rien à faire.  Les deux mois qui suivirent se déroulèrent sans incidents pour les deux tourtereaux.  Leurs amis étaient très contents de les voir à nouveau ensemble.  Sam avait emménagé chez Jack peu de temps après leur réconciliation.  Ils étaient officiellement fiancés mais ne projetaient pas de se marier avant l’été suivant.  Sam passait la majeure partie de ses journées allongée dans son lit à travailler sur son ordinateur portable.  La grossesse se déroulait normalement et le bébé bougeait beaucoup.  Un soir au début du mois de septembre, Jack rentra chez lui et constata que la maison avait été nettoyée de la cave au grenier.  Il se rendit aussitôt à sa chambre pour trouver sa fiancée assise sur le lit en train de travailler sur son ordinateur.

 

-         Sam ?

-         Hum ? demanda-t-elle distraitement.

-         Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?

-         J’ai travaillé sur mon ordinateur.

 

Il s’assit derrière et se mit à lui masser les épaules.  Elle se dégagea comme si le contact l’avait brûlée.

 

-         Ne me touche pas !

-         Pourquoi ? demanda-t-il, surpris.

-         Parce que j’ai les hormones dans le plafond et que j’ai tellement envie de toi que si tu me touches, je ne pourrai pas me retenir et je vais faire du mal au bébé.

-         Ce n’est quand même pas au point que je ne puisse plus te toucher !

-         Oh que oui, c’en est à ce point !!!  Maintenant bouge tes fesses de là avant que je te saute dessus !

-         Et si moi j’ai envie que tu me sautes dessus ?

 

Contrairement à ce qu’il attendait, Sam éclata en sanglots.  Ne sachant trop que faire, il s’approcha doucement et la prit dans ses bras.  Elle se calma au bout de quelques minutes, enivrée par son odeur.  Elle laissa balader ses mains mais il les emprisonna dans les siennes tandis qu’il en avait encore la force.

 

-         Sam…

 

Elle réalisa ce qu’elle était en train de faire et rougit comme une pivoine.

 

-         Excuse-moi Jack, mais les hormones vont me rendre folle !  Mon corps a un manque du tien et il n’y a rien que je puisse faire pour le contenter si je ne veux pas faire de mal à notre bébé.  J’avais tellement d’énergie aujourd’hui, il fallait que je fasse quelque chose sinon je crois bien que je me serais rendue à la base et que je t’aurais violé.

-         Je ne suis pas sûr qu’Hammond aurait apprécié mais moi certainement.

-         Jack ! dit-elle en lui donnant un coup de coude dans les côtes.

-         Mais bien sûr, tu es restée à la maison et tu l’as nettoyée de fond en comble.

 

Sam acquiesça avec un air coupable.

 

-         Sam, tu devais rester au lit !

-         Je suis désolée, c’était plus fort que moi, dit-elle en étouffant un bâillement.

-         Tu es épuisée, viens dormir.

 

Elle se laissa faire et il l’allongea sur le lit avant de la recouvrir d’une couverture.  Il alla se changer et revint se coucher près d’elle.  Elle passa la nuit à tourner et à changer de position et ne dormit pas bien et lui non plus.  Ils se levèrent aux aurores, les yeux encore gonflés de sommeil.  Jack dévora son petit déjeuné mais Sam ne fit que picorer dans son assiette.

 

-         Tu ne manges pas ?

-         Je n’ai pas très faim…

 

Elle se leva pour débarrasser les assiettes lorsqu’elle sentit de l’eau couler le long de ses jambes.  Une contraction lui déchira l’abdomen et elle laissa tomber les assiettes qui se fracassèrent sur le sol.  Jack se retourna brusquement pour voir Sam pliée en deux et haletante, les pieds dans une petite mare d’eau.  Il se précipita à ses côtés.

 

-         SAM !!! Sam, qu’est-ce que tu as ?

-         Le bébé… il arrive !

-         Il arrive ?  IL ARRIVE !!!  J’appelle l’hôpital !

-         La base… Jack… appelle la base, je dois aller à l’infirmerie !

-         Pourquoi ?

-         Jack, laisse faire les pourquoi et appelle la base tout de suite !

 

Jack finit par reprendre ses esprits et appela l’infirmerie.  Janet lui dit de venir tout de suite et il enveloppa Sam dans une couverture et l’aida à s’installer dans la voiture.  Il conduisit comme un fou mais à cette heure, les routes étaient plutôt désertes et il ne provoqua aucun accident.  Janet et une équipe médicale les attendaient à l’entrée de la base.  Jack aida Sam à sortir de la voiture et il l’installa lui-même sur le brancard, refusant toute aide.  La petite troupe se dirigea rapidement vers l’infirmerie où résonnèrent des cris pendant quelques heures.  Soudain, un cri plus aigu, plus perçant que les autres se fit entendre.  Janet nettoya le poupon avant de l’envelopper et de le mettre dans les bras de son père qui le regardait béatement.  Sam était épuisée mais elle eut tout de même la force de demander :

 

-         Qu’est-ce que c’est ?

-         C’est un bébé, répondit Jack, béat.

-         Jack !  C’est un garçon ou une fille ?

 

Jack ne répondit pas complètement émerveillé par le petit être qu’il tenait dans ses bras.

 

-         C’est une belle petite fille, Sam, répondit finalement Janet.  Colonel, vous pourriez peut-être présenter ce petit ange à sa mère, se moqua-t-elle.

 

Jack la regarda avec l’air de sortir d’un rêve puis il tendit le bébé à sa mère.  Sam le serra contre elle et se mit à pleurer sans retenue.  Elle tenait enfin son enfant entre ses bras.  Son véritable enfant qui ne mourrait pas avant elle.  Qui ne la quitterait jamais.  Elle pensa à son autre enfant, celui qui était venu d’ailleurs et ses sanglots redoublèrent.  Le bébé laissa échapper un petit cri et elle concentra toute son attention sur ce petit bout d’amour qui ne demandait qu’à être aimé.  Jack regardait sa petite famille avec émotion.  Il cru que son cœur allait exploser tellement il était heureux.  Hammond, Daniel et Teal’c vinrent les féliciter et prendre des nouvelles de Sam.  Celle-ci s’était endormie suivit de près par le bébé, toutes deux exténuées par l’accouchement.

 

-         Comment allez-vous l’appeler ? demanda Daniel, curieux.

-         Carolyn Alexandra Carter-O’Neill.

-         C’est très joli, dit le général.

-         Merci, monsieur, il a fallu plusieurs heures de discussion pour en arriver là.

-         Toutes mes félicitations, colonel, je vais de ce pas annoncer la bonne nouvelle au Président.

 

Le général retourna dans son bureau et Jack ne pouvait détacher ses yeux de ses femmes.  Il laissa échapper une larme de bonheur que Daniel s’empressa de remarquer.

 

-         Une poussière dans l’œil ?

-         Je suis heureux, Daniel.  Je ne pensais pas pouvoir l’être à nouveau.

-         Sans oublier que vous avez failli tout gâcher.

-         Oh, ça va Daniel, vous n’avez pas à me rappeler tout ça.

-         Votre fille est magnifique, Jack.

-         Merci, Daniel.  Quand allez-vous vous y mettre avec le Doc ?

-         En fait, colonel, c’est déjà fait, dit Janet.

 

Daniel la regarda bouche bée.  Il ouvrait et fermait la bouche mais aucun son ne sortait, on aurait dit un poisson hors de l’eau.

 

-         Quoi ?  Depuis quand tu le sais ?

-         Depuis ce matin mais je n’ai pas eu le temps de te le dire à cause de l’accouchement.

 

Daniel prit Janet dans ses bras et la serra à l’étouffer en riant aux éclats.

 

-         C’est génial !

 

Dans l’embrasure de la porte, quelqu’un regardait tous ces gens heureux.  Un sourire mauvais lui vint aux lèvres.  Bientôt, ils regretteraient le temps où ils étaient heureux.

 

À suivre…
 
 
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