Citations du moment :
Les talons hauts ont été inventés par une femme qui en avait assez d'être embrassée sur le front.
Imagine

Une histoire de point de vue : Chapitre 1

 
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      Le claquement familier de volets qui se ferment la fit se redresser sur son énorme séant. Mademoiselle Pot, prononcé « PotE » et non pas « Pot » comme elle se tuait à le répéter, posa sa tartine de pain grillé près de son bol de café au lait et s’approcha discrètement de la fenêtre de sa cuisine.
      Le coffre de la voiture de sa voisine, la familiale et non la petite rouge très « m’as-tu-vu » et de fort mauvais goût, était grand ouvert.
 
Barbie partait pour le week-end.
 
      Attrapant vivement sa tartine beurrée, Mademoiselle Pot la fit rapidement disparaître dans sa large bouche et resserra les pans de sa robe de chambre rose à petites fleurs bleues. Elle se dirigea ensuite vers la porte d’entrée, s’arrêta un instant devant le miroir du couloir pour juger de sa mise et attendit d’entendre le pas de la jeune femme sur le gravier pour sortir de chez elle.
      La fraîcheur de la matinée la surprit mais elle serra les dents et s’avança tranquillement en direction de sa boîte à lettre. Il était un peu tôt pour vérifier le courrier, le facteur ne passant d’ordinaire que vers dix heures, mais elle laissait toujours un prospectus à l’intérieur, au cas où…
 
-         Bonjour Mademoiselle Pot ! entendit-elle avec satisfaction.
 
      Le « E » n’avait pas été oublié.
      Elle se tourna dignement vers la jeune femme qui s’était arrêtée un court instant pour la saluer.
 
-         Bonjour. Comment allez-vous ?
-         Très bien, je vous remercie. Et vous ?
-         Bien également.
 
      Elle se tut un instant avant de désigner la voiture un peu plus loin.
 
-         Vous partez en vacances ?
-         Oui, répondit la jeune femme en souriant. Je vais passer quelques jours dans le Minnesota.
 
      Mademoiselle Pot se contraignit à lui rendre son sourire. Cette petite pimbêche se sentait obligée de se vanter d’un tel voyage, mais que croyait-elle ? Qu’elle l’enviait de partir là-bas ? Elle y était déjà allée, elle aussi ! C’était il y a quelques années, certes, mais elle se souvenait parfaitement des magnifiques forêts et des grands lacs qui parsemaient la région…
 
-         Eh bien amusez-vous bien, alors.
-         Merci, vous aussi.
 
      Se forçant à ne pas tiquer sur ces derniers mots, Mademoiselle Pot acquiesça en ouvrant sa petite boite à lettre tandis que sa voisine s’éloignait déjà pour rejoindre son véhicule.
      S’il s’agissait de vacances en amoureux, Barbie aurait pu choisir des vêtements un peu plus seyants. Un jean. Non mais franchement ! Les femmes d’aujourd’hui ne faisaient même plus d’efforts et croyaient que tout leur était dû ! Il suffisait de voir avec quelle facilité cette poupée, certainement siliconée, faisait marcher son fiancé  à la baguette ! Pensait-elle vraiment qu’elle parviendrait à le garder de cette façon ? Elle n’allait pas rester jeune et belle éternellement ! Un jour ou l’autre, bientôt même, songea Mademoiselle Pot avec perspicacité, tout allait tomber et la froideur de la jeune femme à l’égard de son galant ne pourrait plus être compensée par son joli minois !
      Mademoiselle Pot savait, elle, comment il fallait s’y prendre pour retenir un homme ! Un bon repas, une attention constante, une grande disponibilité… voilà quels étaient les ingrédients nécessaires pour garder son époux le plus longtemps possible. Si seulement son Simon n’avait pas perdu la tête juste avant leur mariage…
 
      Reprenant ses esprits, se contraignant à repousser au loin cette pensée amère, elle reporta son attention sur la jeune femme qui refermait vivement le coffre de sa voiture et s’installait derrière son volant.
      Son assurance était vraiment agaçante et pourtant elle n’avait vraiment pas de quoi minauder ! Après tout, elle approchait de la quarantaine et n’était pas encore mariée ! Elle se donnait de grands airs, avec ses sourires par-ci et ses « Bonjour » par-là  mais Mademoiselle Pot voyait clair dans son jeu ! Elle devinait aisément les propos mesquins que cette Samantha Carter échangeait avec ses collègues de travail ! Elle avait bien vu le regard suffisant que posaient sur elle l’homme noir aux bonnets ou bien celui à lunettes qui passaient parfois.
      A cette pensée, Mademoiselle Pot renifla dédaigneusement tout en sortant de la boite à lettre le prospectus laissé à dessein.
      Cette fille savait apparemment s’entourer d’hommes de toute sorte ! Et pas des plus vilains, en plus de cela, songea-t-elle avec agacement. Celui qui avait retenu son attention et qui passait, à son sens,  beaucoup trop rarement, était grand, mince, les cheveux poivre et sel et un regard…  qui vous transperçait jusqu’aux tréfonds de votre âme… C’est sur cet homme-là que Barbie aurait dû jeter son dévolu, et non sur le petit grassouillet ! Décidément, cette fille avait tout de la blonde superficielle et sans jugeote et le fait qu’elle soit si entourée l’agaçait encore plus. Mais les hommes étaient stupides et faibles ! Un profond décolleté et ils devenaient vos meilleurs amis ! A elle aussi, c’était arrivé ! Il y a quelques années…    
      Mademoiselle Pot suivit la voiture de la jeune femme du regard puis renifla de nouveau lorsque celle-ci disparut au coin de la rue.
      En y réfléchissant, tous ces hommes à ses côtés ne signifiaient pas grand chose. Après tout, elle faisait partie de l’armée ! Elle devait certainement travailler dans les bureaux, être l’une des nombreuses secrétaires qui devaient pulluler à Cheyenne Mountain. Rien de très passionnant de toutes façons ! Quel intérêt y avait-il à la construction de satellites, mis à part bien sûr le gain de chaînes TV ? Elle imaginait aisément Barbie derrière son bureau, faisant ses ongles et s’interrompant uniquement pour aller dans le bureau de son supérieur, un petit plateau dans la main et un sourire de commande sur les lèvres.
« Un café, Monsieur ? »
Et dire que c’était ses impôts qui payaient cette femme ! Honteux !
 
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      Bill regarda s’engager la familiale bleue et sourit largement en reconnaissant son occupante. Glissant son chiffon sale dans la poche arrière de sa salopette, il s’avança à sa rencontre d’un pas claudiquant, la voiture se stabilisant devant les pompes.
 
-         Bonjour Colonel ! Comment allez-vous ? demanda-t-il en faisant le tour du véhicule.
-         Très bien merci. Et vous ? répondit-elle en souriant, la vitre baissée.
-         Ça va, ça va ! Je vous fais le plein ?
-         Oui, s’il vous plait. 
 
      Bill dévissa le bouchon du réservoir et bientôt le grondement sourd et familier de la pompe se fit entendre.
      Il n’y avait pas beaucoup de femmes dans l’Armée et il avait beaucoup d’admiration pour celles qui parvenaient à s’y faire une place, surtout lorsqu’elles étaient aussi gentilles que le Colonel Carter. Alors il aimait bien l’appeler par son grade, surtout devant d’autres clients. C’était pour lui un signe de respect et ça l’amusait toujours de voir les gens hausser les sourcils, surpris en découvrant que le dit « Colonel » était en fait la jolie blonde en civil à ses côtés.
      Aujourd’hui encore, pas d’uniforme ni de treillis. Et le petit sac et l’anorak matelassé qui trônait sur la banquette arrière de la voiture laissaient présager un week-end tranquille à la campagne, chose qu’elle devait certainement mériter. Combien de fois l’avait-il vue passer à sa station-service, la mine fatiguée, de retour de Cheyenne Moutain ? Surtout ces derniers jours.
      Bill s’était souvent demandé ce que renfermait la montagne et la version officielle concernant les satellites militaires ne lui semblait que peu probable.
      Non mais sans rire ? A qui cherchait-on à faire gober ça ? Vous imaginez le Président des Etats-Unis d’Amérique se déplacer plus de cinq fois en huit ans pour si peu ? A moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse de satellites high-tech, comme dans les films, capables de rayer une ville de la carte en un seul tir.
      Quoiqu’il en soit, la jeune femme à quelque pas de lui jouait certainement un rôle important. Il l’avait vue passer de Capitaine à Major, puis de Major à Lieutenant Colonel en l’espace de huit petites années, sans compter les décorations qui s’accumulaient sur son bel uniforme. Un jour, il s’était amusé à répertorier les dernières apparues et lorsqu’il en avait découvert la signification, ses soupçons s’étaient brusquement vus confirmés ! On ne donnait pas la « National Defense Service Medal » à n’importe qui. Il fallait être au minimum à l’origine d’un véritable exploit pour la mériter. Et ce n’était certes pas en bidouillant des satellites que cela pouvait arriver…
 
      Un profond soupir le tira de ses pensées. Jetant un coup d’œil sur le visage de la jeune femme qu’il voyait parfaitement dans le rétroviseur latéral, il lui trouva les traits étrangement tendus et le bruit répétitif de ses doigts fins tapotant machinalement le rebord de la fenêtre renforçait cette impression. Elle se redressa brusquement, tendit le bras afin d’allumer la radio mais l’éteignit tout de suite après avant de soupirer de nouveau. Elle avait tout d’une boule de nerf ! Peut-être que parler la détendrait un peu.
 
-         Vous partez pour le week-end ? demanda-t-il donc la faisant sursauter.
 
      Elle se retourna aussitôt et passa la tête par la fenêtre ouverte, un gentil sourire sur les lèvres.
 
-         Pour la semaine.
-         Le travail ?
-         … Le loisir. Enfin… Pour me détendre. Me changer les idées.
 
      Bill acquiesça, la mine compatissante.
 
-         Dure semaine ?
-         Dure année, répondit-elle avec une note d’humour dans la voix. Et du changement dans l’air.
-         Vous partez ? demanda-t-il, désolé.
-         Je ne sais pas encore. Tout dépendra de cette semaine, je pense.
 
      Comme elle restait volontairement évasive, Bill ne se sentit pas de lui poser davantage de questions. Il trouvait juste dommage qu’elle s’en aille, si elle s’en allait, bien sûr. Les gens prenaient rarement le temps de discuter avec lui. Tout le monde était toujours si pressé. Alors lorsqu’il tombait sur une femme comme elle, simple, ouverte et, cerise sur le gâteau, belle comme un ange, ça le peinait d’imaginer qu’il ne la reverrait plus.
 
-         Mais j’ai bon espoir… murmura-t-elle alors, glissant une mèche rebelle derrière son oreille.
 
      Elle semblait perdue dans ses pensées et Bill sourit doucement.
 
-         Bon espoir de rester ou de partir ?
-         De partir. De changer de vie.
 
      Elle accompagna ces quelques mots d’un large sourire et il ne put qu’acquiescer devant tant d’espérance.
 
-         Alors je vous le souhaite, dit-il avec sincérité.
 
      Le clic significatif et le blocage de la pompe lui indiquèrent le plein du réservoir. Après avoir précautionneusement secoué le manche, il le reposa et vissa le bouchon.
 
-         Voilà !
 
      La jeune femme lui donna quelques billets et il lui rendit la monnaie avant de se redresser, rajustant sa casquette sur la tête.
 
-         J’espère vous revoir bientôt malgré tout, dit-il en souriant.
-         Moi également. Mais si je pars, ce ne sera pas tout de suite. Bonne journée Monsieur Lance.
-         Bonnes vacances, Colonel. Reposez-vous bien.
 
      Elle lui fit un petit salut de la main avant de démarrer et il la regarda rejoindre doucement la chaussée.
 
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      Emily redressa la tête lorsqu’une voiture se gara à proximité de sa maison. Décidément, depuis quelques minutes c’était le défilé chez son cher et d’ordinaire si paisible voisin.
      Les mains pleines de terre, à genoux devant ses hortensias, elle tendit le cou afin de voir par-dessus la balustrade et haussa machinalement les épaules en reconnaissant la jolie blonde qui était déjà venue à plusieurs reprises. Moins depuis un an, c’est vrai…
      A peine celle-ci venait-elle de faire quelques pas dans la petite allée qu’ « il » ouvrait la porte pour l’accueillir. Il s’avança tranquillement vers la nouvelle venue et cette dernière s’immobilisa, un sourire qu’Emily jugea figé sur ses lèvres.  
      Elle les avait pourtant vus plus détendus…
 
-         Bonjour, dit-il, avec un sourire à tomber par terre.
 
      Emily en lâcha sa petite pelle.
 
-         Bonjour. Ils sont déjà là ?
-         Oui, vous êtes la dernière. Finalement, au lieu de nous séparer en deux groupes, on a décidé de tous monter dans le Pick-up ! Ca vous évitera de longues heures de conduite.
-         Ça ne m’aurait pas dérangée, vous savez…
-         Laissez couler, Carter. Cette petite semaine est pour vous ! Je vais prendre vos affaires.
 
      Souriante, la jeune femme acquiesça et ils s’avancèrent d’un même pas jusqu’à la voiture. Emily les regarda s’arrêter devant le véhicule avec envie. La jolie blonde allait passer quelques jours avec « lui »…
 
      Lorsqu’elle avait entendu son voisin s’affairer ce matin aux aurores, ce qui, selon ses sources,  était généralement signe d’un départ pour le Minnesota, elle s’était jetée sur ses vêtements, avait foncé dans le garage et pris son matériel de jardinage. Elle s’était ensuite postée devant son parterre d’hortensias stratégiquement situé, lui donnant une vue imprenable sur la maison du dénommé Jack O’Neill. Faisant mine de s’occuper de fleurs dont elle ne connaissait en fait que le nom, elle s’était employée à observer les faits et gestes de l’homme qui s’activait autour de son Pick-up.
      Il avait revêtu pour l’occasion des vêtements simples et pratiques : jeans, sweat et chemise qui lui allaient comme un gant.
      Mais de toute façon, tout lui allait comme un gant…
      Même rien, en fait…
      Un sourire béat sur les lèvres, Emily se remémora le jour où il avait laissé la fenêtre de la salle de bain entrebaîllée tout en prenant sa douche matinale… Le vent l’avait brusquement ouverte et elle avait eu l’occasion, hélas unique, de le voir dans le plus simple appareil. Quel souvenir mémorable ! Impérissable !
      Depuis, elle guettait cette fenêtre avec espoir… en vain. Jack O’Neill ne semblait pas homme à se montrer imprudent en commettant deux fois la même erreur.
      Et c’était bien dommage…
      Quoiqu’il en soit, depuis son réveil, elle avait passé près d’une demi-heure à observer son voisin, à genoux devant ses fleurs, le cou tendu à s’en déboîter les cervicales. Dieu merci, pour un militaire, il ne semblait pas très observateur. Il ne l’avait pas vue !
      Il faut dire qu’aujourd’hui Jack O’Neill avait apparemment la tête ailleurs. La bonne humeur qu’il affichait était presque communicative. Tout en rassemblant ses affaires, il sifflotait gaiement un air familier dont elle désespérait de trouver le nom ! Foutue mémoire ! Et il agrémentait le moindre de ses gestes de petits commentaires succins.
      Oui, sa bonne humeur était flagrante. Bien évidemment, elle avait aussitôt songé à la jolie brune avec laquelle il entretenait une relation depuis quelques semaines, maintenant. Mais l’arrivée impromptue du grand noir et du jeune intello vint rapidement la détromper.
      C’est donc avec un soulagement définitivement absurde qu’elle les regarda s’activer tous les trois autour du Pick-up afin de le remplir en conséquence.
      Et oui, « absurde », elle en convenait parfaitement. Certes elle avait un grain, mais elle, au moins, en avait parfaitement conscience.
      Depuis combien de temps s’était-elle entichée de lui, en fait ?… Ou plus exactement… depuis combien de temps vivait-elle dans le quartier ?
      Ah oui… trois ans quand même… Déjà…
      Ça faisait trois ans qu’elle habitait juste à côté de chez lui et trois ans… qu’elle attendait le bon moment pour lui adresser la parole. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé. A plusieurs reprises même… Mais, après chaque raclement de gorge pour s’éclaircir la voix, elle finissait toujours par s’aplatir au sol, le nez dans la terre et ses fichues hortensias.
 
      Soupirant de lassitude, Emily se tassa sur elle-même lorsque le couple passa à proximité afin de rejoindre le Pick-up. Il avait pris les sacs les plus lourds, déchargeant un maximum la jeune femme.
      Quel homme merveilleusement galant…
 
-         Il y aura assez de place dans votre coffre ?
-         Ne vous inquiétez pas. Et dans le cas contraire, j’attacherai Daniel sur le toit.
 
      Et drôle en plus…
      La porte de la maison s’ouvrit alors, laissant le passage aux deux hommes de tout à l’heure.
 
-         On a fini les sandwichs pour la route ! … Ah ! Salut, Sam !
-         Bonjour Colonel Carter.
-         Bonjour, répondit la dite « Colonel » en souriant.
 
      Eh bien ! Elle n’avait pas vraiment l’allure d’une militaire… Emily l’aurait plus vue… secrétaire, un plateau à café dans les mains…
      Argg !!! se fustigea-t-elle aussitôt. Voilà qu’elle devenait aigrie maintenant ! A son âge !
      Se secouant mentalement, elle fit mine de tripoter ses fleurs tandis que les deux hommes, un sac contenant certainement leur repas du midi dans la main, passait à quelques mètres d’elle. Une fois les bagages de la jolie blonde rangés dans le coffre, Jack O’Neill se tourna vers le groupe, un large sourire sur les lèvres.
      Roooh ! Trop beau… songea Emily, un brin désespérée.
 
-         Bien ! Les garçons, vous montez derrière, ça vous va ?
-         Parfaitement, répondit l’armoire à glace.
 
      Et tandis que tous s’installaient dans le Pick-up, Jack O’Neill rejoignit sa maison afin de la fermer à clef. Les mains crispées sur son jean maculé de terre, Emily tendit le cou pour ne pas rater une miette de ce spectacle.
      Avec quel dynamisme il marchait dans l’allée ! Avec quelle souplesse il grimpait les marches du perron ! Avec quelle nonchalance il tournait les clefs dans la serrure…
      Ahhhhhh…
      Enfin, après un rapide tour de la maison, il rejoignit au pas de course sa voiture et s’installa derrière le volant.
 
-         C’est parti ! s’exclama-t-il avec entrain.
 
      Il referma vivement la portière avant de démarrer… avec aisance
      Et quelle marche arrière… tout en puissance et maîtrise.
      Quelques secondes plus tard, Emily regardait le Pick-up disparaître et soupira de déception. Se redressant avec difficulté, compte tenu du temps passé à genoux sans bouger, elle tapota sur son jean afin d’ôter en partie la terre qui le recouvrait. Puis, baissant les yeux, elle jeta un œil à sa montre.
7 heures 58 ! Il était grand temps de réveiller sa marmotte ! Certes ils ouvraient le magasin à 10 heures mais Gary mettait toujours un temps interminable à se préparer !
 
-         Les hommes, j’vous jure !
 
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      Allez ! Plus que quelques dizaines de mètres et elle était arrivée ! Quelle idée d’avoir acheté ce foutu vélo ! Et quelle idée de construire des routes qui montent ! Les descentes, c’était tellement mieux !
      Jetant un œil au feu, qui, devant elle, passait au rouge, Josie choisit de ne pas le griller et s’arrêta, le souffle court. Trop épuisée et soufflant comme un buffle, elle ne prêta que peu d’intérêt à la grosse voiture noire qui s’était arrêtée à ses côtés. Pourtant, par réflexe et peu encline à se voir surprendre par une connaissance dans une situation si peu valorisante, elle jeta un œil à l’arrière du véhicule et se redressa aussitôt.
      Les fenêtres étaient toutes baissées et un magnifique spécimen mâle, la trentaine avancée, cheveux châtains, yeux bleus, petites lunettes très seyantes et sourire ravageur trônait à l’arrière, juste à ses côtés. Apparemment très peu intéressé par ce qui se passait à l’extérieur de la voiture, il se pencha vers le conducteur.
 
-         Bizarre votre voisine, Jack.
-         Oui, je sais… Je crois qu’elle a grain.
-         Elle a surtout un faible pour vous, Mon Général.
-         Elle a un grain, c’est bien ce que je disais…
 
      Le feu repassa au vert et Josie vit avec désespoir le bel inconnu s’éloigner à vive allure…
      Elle aurait mieux fait d’acheter une moto… 
 
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Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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