Citations du moment :
Il faut rire de tout. C'est extrêmement important. C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans.
[Pierre Desproges]
Imagine

L'Age de Glace : Chapitre 1

Titre : L'Age de Glace

 

Auteur : Lisa

E-mail : littleshare@wanadoo.fr

Résumé : Par le plus grand des hasards, tout commença par une mission de routine sur une planète toute de glace recouverte.

Statut : 1/2 ou 1/3, ça déprendra.

Catégorie : Oh… romance, et pas qu’un peu. Doit y avoir des résidus de stupidité aussi.

Spoilers :  /

Rating : PG

Disclamers : Stargate SG-1 et ses personnages sont la propriété de MGM, Gekko Film Corp. et Double Secret Production. Je n’ai reçu aucune prime dans l’écriture de cette histoire. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite.

 

Notes de l’auteur :

 

C'est l'histoire d'une fille qui va à un match de hockey avec une bande de Gaters et qui promet *le* truc qui faut pas : une fic sur le hockey. Elle met six mois à l'écrire et intègre le match de hockey dans quelque chose de beaucoup plus grand.

 

Je situerai cette fic après la saison 7, bien évidemment parce que Jonas *et* Daniel sont présents, mais surtout à cause de la relation un peu différente que Sam et Jack entretiennent. Si l'on considère que la saison 1 représente la Rencontre, la 2 la Découverte, la 3 les Doutes, la 4 l'Ivresse, la 5 la Définition des Limites, la 6 l'Equilibre Tranquille, la 7 l'Equilibre Précaire, alors l'Age de Glace se situe encore au-delà. Quelque part entre la Plénitude et la Passion.

 

A Cae, Fabou, Trekkie, Sheyrazade et Nadine, sans ordre particulier… Ainsi qu’à Méli et Ecco qui n’ont pas pu venir. Y'a une scène spécifique qui est dédiée à toutes les petites vicieuses de ce groupe (elles se reconnaîtront et elle reconnaîtront la scène) J

 

Une dernière chose (oui je sais, la prochaine fois je ne ferai pas des Notes de l'auteur mais un Préface) : un énorme merci à Laetitia et Sabrina pour respectivement la partie technique et la partie… loufoque du match de hockey !!

 

www.geocities.com/lisafics/

 

~*~

 

Jack émergea du vortex…

 

ZWIP-ZWIP-VLAM !

 

… suivit de Daniel…

 

ZWIP-VLAM !

 

… de Teal’c…

 

VLAM !

 

… de Jonas…

 

ZWIP-ZWIP-ZWIP-VLAM !

 

… et de Sam.

 

SWIZZZZZZZZ !

 

Un silence relativement long suivit cette arrivée fracassante. Le nez misérablement collé au sol, écrasé sous l’énorme sac qu’il avait au dos, Jack roula sur le côté et libéra son buste du poids qui le compressait.

 

« Major, quand vous disiez ‘glacé’, ça voulait dire… »

 

« De glace, mon colonel »

 

« C’est bien ce que je pensais »

 

Les membres de son équipe se remettaient progressivement du choc de leur atterrissage. Ils tentaient de se redresser, les mains sur les côtes avec, peinte sur le visage, une telle expression de douleur et d’exaspération que la scène prenait une connotation tragi-comique.

 

Non, pas tous les membres de son équipe, en vérité.

 

Carter avait glissé cinq mètres plus loin et avait tant bien que mal réussi à garder son équilibre. Elle tapait du pied sur le sol pour en déduire la consistance. Mais Jack n’avait pas réellement besoin de confirmation autre que celle que son postérieur lui fournissait. C’était vraiment, vraiment gelé. Aucun doute là-dessus.

 

Il vit alors apparaître, le surplombant, une silhouette. Un visage. Puis plusieurs. Tous l’observant de haut d’un air déconcerté.

 

Il se sentait un peu petit…

Un peu ridicule aussi.

 

Pour faciliter sa remise sur pieds, il se débarrassa de son sac et s’y appuya. Oui, la vie était bien plus belle du haut de son mètre quatre-vingt-six.

 

Le loisir d’observer ce qui l’entourait s’offrit alors à lui. Carter le lui avait dit, il avait pu le vérifier et Carter le lui avait redit, c’était glacé. Assurément. Et assez surprenant d’ailleurs, car l’étendue blanche s’étendait à perte de vue, une surface parfaitement plane d’où émergeaient par-ci par-là quelques rares buissons bleus.

 

Une bonne dizaine de personnes l’entourait, lui et son équipe. Ils étaient vêtus d’un long manteau laiteux, pas si large, mais qui les recouvrait entièrement. Certains se différenciaient des autres, mais uniquement à cause d’un petit bonnet d’une nuance parfaitement identique qu’ils portaient enfoncé sur les oreilles. Ils étaient pâles, très pâles… Des cheveux blonds et raides tombaient sur leurs épaules, mais leur plus frappante caractéristique était sans aucun doute ce ton bleu électrique dont leurs prunelles étaient colorées.

 

« Wow… »

 

« Et encore, vous n’avez pas vu derrière vous Jack »

 

Ce dernier redoutait ce qu’il allait trouver derrière lui. Lorsque Daniel était fasciné par quelque chose, ce n’était vraiment pas bon signe. Question d’expérience.

 

« Wow !! » répéta-t-il, alors que ses yeux glissaient littéralement sur le gigantesque bâtiment qui se trouvait à quelques centaines de mètres de là.

 

C’était tout simplement indescriptible… Ou peut-être redoutait-on de le décrire de peur de l’abîmer de mots creux qui n’en étaient pas dignes. L’ensemble était haut d’environ une vingtaine de mètres, mais il y avait beaucoup d’inégalités dans la construction. Toute la surface était faite de glace, sculptée en de milliers de petits détails tous plus remarquables les uns que les autres. Des voûtes en ogive servaient d’ouvertures, aussi bien pour les entrées principales que pour ce que l’on pouvait qualifier de fenêtres. Et ça s’étendait sur des centaines de mètres, voir des kilomètres… Cubiques, sphériques, pointues, courbés, coniques, en spirale, les toitures rivalisaient d’ingéniosité et d’esthétisme.

 

 

Lorsqu’il sortit de sa contemplation, Daniel et Jonas étaient en grande conversation avec ce qu’il pensait être les habitants de cette cité. Rien n’était surprenant à cela, c’était lorsque l’on prêtait attention au contenu de la conversation en elle-même que l’on restait perplexe.

 

Daniel gigotait, Jonas gesticulait, et leurs interlocuteurs restaient de marbre. Le tout dans un parfait silence.

 

 

Interloqué, Jack adressa un regard interrogateur aux deux autres membres de son équipe, mais il abandonna tout espoir de recevoir une explication lorsqu’il découvrit le sourcil anormalement élevé du Jaffa et l’expression qu’affichait le visage de son second.

 

« Euh… dites ! » interpella-t-il en dressant son index.

 

 

N’obtenant aucune réponse, il répéta son action, mais dut aller jusqu’à claquer des doigts devant le nez de ses compagnons pour obtenir leur attention.

 

« Jack ! On ne vous a jamais appris à ne pas interrompre de la sorte une discussion ? » protesta Daniel.

 

O’Neill grimaça. Il se foutait de lui, c’était évident… Il s’apprêtait à répondre à sa façon, mais une voix féminine le devança, posant discrètement sa main sur son bras pour lui conseiller de ne pas répliquer et de la laisser régler ça à la manière douce.

 

«  Je crois que ce que le colonel essaye de vous faire comprendre, c’est qu’il faudrait que vous fassiez profiter tout le monde de cette discussion qui vous tient tant à cœur… »

 

« Oui, exactement, c’est ce que je voulais dire… » ajouta Jack avec un air d’érudition. 

 

 Les deux hommes ignorèrent sa remarque et froncèrent les sourcils.

 

« Que voulez-vous dire ? »

 

 

« Je veux dire, Jonas, que vous pourriez peut-être utiliser vos cordes vocales… »

 

Le jeune homme ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun son ne sortit. Au lieu de ça, il la referma bientôt et se tourna vers un des aliens, affichant une expression attentive. Daniel le fixa, surpris.  De temps à autre, son collègue (et ami depuis peu) acquiesçait, haussait les épaules…

 

« Ok, je crois comprendre… même si ça parait plutôt incroyable… » articula l’archéologue.

 

 

Lorsque Jonas se retourna finalement vers eux pour leur demander ce qu’ils en pensaient, ses soupçons parurent confirmés.

 

 

« C’est une sorte de communication télépathique, dirigée vers la personne choisie apparemment… Et celle-ci hériterait de la capacité de répondre de la même façon… ». Il baissa les yeux et sembla réfléchir un instant, avant d’ajouter  « C’est étrange, je suis incapable de me souvenir des mots exacts qu’ils ont utilisés, comme si… ». De nouveau, il s’interrompit, mais cette fois pour regarder un des autochtones un bref instant.  « Oui, c’est bien ce que je pensais, ils ne s’expriment pas avec des mots, plutôt avec des sentiments, des impressions… Des idées peut-être, ce n’est pas très clair dans mon esprit… »

 

« Ouais, on avait remarqué ça » lança Jack, recevant les foudres de tous les autres. Puis, aussitôt, il s’immobilisa et ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. Peu après, il acquiesça vivement et resta silencieux.

 

 

La main toujours posée sur son bras resserra imperceptiblement son étreinte, et lorsqu’il baissa la tête, il rencontra les yeux de son major qui semblaient attendre une explication. « C’est vraiment impressionnant » exposa-t-il sincèrement en pointant son front du doigt.

 

« Que vous ont-ils dit, en définitive ? » interrogea Teal’c, soucieux d’en venir au fait.

 

« Eh bien pour résumer, nous sommes les bienvenus ici si nos intentions sont pacifiques, sinon ils nous préviennent que c’est à nos risques et périls… Bien évidemment on leur a répondu que notre petite troupe n’était pas belliqueuse. »

 

« Et ? »

 

« Et je vous avais vous trémoussant dans mon champ de vision »

 

Si Sam n’avait pas sourit, il aurait vraisemblablement mal pris la remarque. Toujours est-il que même s’il avait eu l’intention de répliquer, il n’en aurait pas eu le temps. Tous les regards étaient tournés dans la direction de la cité, où un petit nombre d’autochtones identiques aux autres arrivaient en… glissant ? Il ne voyait pas trop comment à cause des longs manteaux qui les recouvraient jusqu’aux pieds, mais ils glissaient.

 

A son grand regret, Sam retira sa main de son avant-bras et avança de quelques pas, s’arrêtant aux côtés de Jonas. Il ne manqua pas d’aller lui aussi aux côtés de Jonas, simulant une curiosité égale à celle de ses compagnons pour les nouveaux venus.

 

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’interrogea Jonas lorsqu’il reçut de ceux-ci deux objets identiques dans les mains.

 

Les quatre autres observèrent les leurs sous tous les angles.

 

« Des patins je crois… » affirma Sam, un petit sourire aux lèvres.

 

« Savez-vous quelle peut bien en être l’utilité ? » continua Teal’c, dubitatif.

 

« Vous enfilez ça aux pieds et vous vous élancez sur la glace » expliqua Daniel avec une grimace.

 

Jack seconda le sourire de Sam. Deux aliens et un Daniel sur des patins promettaient d’être distrayants…

 

« Je ne trouve guère cette pratique plus sage que le parachute, O’Neill »

 

~*~

 

Sam enfila le patin qui s’adapta immédiatement à sa pointure. Intriguée, elle leva les yeux vers l’homme qui le lui avait donné. Elle reçut l’explication, mais celle-ci ne fut pas tant surprenante que la façon dont elle lui avait été transmise.

 

 

Elle avait connaissance de quelques films fantastiques où effectivement, la télépathie était monnaie courante. Bien sûr, pour les besoins du film, la communication se faisait tout de même sous forme de mots, ce qui ne l’avait toujours dérangé : les mots étaient le propre de l’oral, formés par les cordes vocales… Mais si tout ce passait au niveau psychique, sans que jamais les télépathes n’aient eu la capacité de s’exprimer autrement, comment se faisait-il que les mots en eux-mêmes puissent exister ?

 

 

Déjà petite, elle remettait tout en question. Et maintenant elle avait l'opportunité de vérifier ses théories. Nul besoin de dire que cela l’enchantait particulièrement, surtout qu’elle pouvait aussi les expérimenter.

 

 

Pour ce qui était du patin, il était fait d’une matière particulière contenue dans les buissons bleus qui parsemaient leur pays. Elle prit note d’aller les étudier de plus près, puis enfila l’autre et se redressa.

 

Déjà debout, Jack observait son petit monde en faisant machinalement patiner son pied droit d’avant en arrière. L’envie de s’élancer sur une telle étendue parfaitement lisse le démangeait, il n’avait pas chaussé de patins depuis ses jeunes années, celles qu’il avait en grande partie passées à la patinoire municipale, une crosse à la main.

 

Ayant repéré que Carter se remettait sur pieds, il glissa jusqu’à elle, obéissant bientôt à une stupide -stupide- idée qui venait de lui traverser l’esprit : bien qu’étant parfaitement à l’aise sur la glace, il fit mine de ne pas être en mesure de s’arrêter.

 

 

Elle en était encore au stade de défroisser consciencieusement son uniforme kaki (il adorait quand elle faisait ça, c’était si féminin de toujours porter un minimum d’attention à son apparence) lorsqu’elle réalisa qu’il se dirigeait dangereusement vers elle d’un air peu assuré.

 

« Colonel ? »

 

 

Il ne répondit pas.

 

« Colonel ! » répéta-t-elle en tendant ses mains devant elle.

 

Il réprima un sourire et ne s’arrêta pas pour autant.

 

Doucement, car il n’allait pas si vite, son torse s’appuya sur ses main. Elle tenta de le stopper, reculant de ce fait d’un mètre ou deux, puis le repoussa légèrement. Ce fut à son tour de reculer, et par reflex il se rattrapa à elle pour s’immobiliser. Leurs avant-bras se frôlèrent un instant, puis leurs mains se rencontrèrent et s’agrippèrent pour trouver une stabilité mutuelle.

 

« Ca va aller sur vos patins ? » demanda-t-elle, sceptique.

 

Il réfléchit un instant. Il avait été le leader d’une équipe de hockey en son temps, et dieu sait qu’une telle expérience ne se perdait pas…

 

 

Mais en même temps…

 

« Je ne sais pas, vous avez vu ce que je suis capable de faire… »

 

« Un vrai danger public… » assura-t-elle.

 

Un bruit retentissant se fit entendre.

 

Un Jaffa venait de s’essayer au patin à glace.

 

Il décida quelques minutes plus tard qu’il se contenterait de suivre la petite troupe au pas de course, pour plus de sûreté. Daniel et Jonas avaient opté pour une solution qui leur paraissait meilleure, chacun pendu au bras d’une jolie autochtone.

 

 

« Jack, vous exagérez… » lui glissa Daniel à son oreille, « Où est passé l’homme qui se vantait de son passé de Roi de la Glace… ? »

 

« Englouti dans les vertiges de l’amour » lui répondit-il sur le même ton.

 

Daniel ricana en secouant la tête et indiqua à sa cavalière qu’ils pouvaient s’éloigner.

 

 

Lorsqu’il était revenu de son ascension, il avait eu la surprise de trouver un Jack bien plus à l’aise avec ses sentiments, sans trop qu’il ne sache pourquoi. La métamorphose de ce qui était autrefois le Tabou Sam l’avait fait tomber de haut… Mais depuis, parfois prétexte à taquineries, parfois non, le sujet était récurent et agréable à discuter pour l’un et l’autre.

 

 

Jack repositionna plus confortablement sa main sur l’épaule de sa compagne et fit mine d’être déséquilibré dans le but qu’elle lui enveloppe plus amplement la taille.

 

Voilà, comme ça, c’était parfait.

Il avait vraiment l’impression d’exagérer, mais c’était parfait.

 

~*~

 

Ils arrivèrent bientôt dans les rues de la cité.

 

Les habitants qui déambulaient ou apparaissaient aux fenêtres étaient bien entendu identiques à ceux qui étaient venus les saluer, mais ils découvrirent aussi des individus plus petits qu’il prirent pour des enfants et qui portaient quant à eux des tenues légèrement plus foncées.

 

 

Dans un domaine plus surprenant, certains traînaient avec eux une bestiole rampante, asymétrique et translucide.

 

 

Chacun fidèle à lui-même, Teal’c haussa un sourcil, Jonas sourit de toutes ses dents, Daniel réajusta ses lunettes, Sam ouvrit de grand yeux et Jack grimaça.

 

« Qu’est-ce que c’est que ces choses ? » demanda vivement Jack alors qu’une passait dangereusement près de lui, devançant les questions plus polies que les autres membres de son équipes se préparaient à formuler.

 

Quelques instants plus tard, ils avaient pris connaissance de la petite histoire. Leur civilisation avait longtemps pesé le pour et le contre, mais en définitive, les femmes avaient décidé que porter des enfants nuisait à la parité qu’elles cherchaient à instaurer entre le sexe masculin et le féminin. Ces ‘choses’ avaient alors été créées, et justement nommées les incubateurs. Il fallait les balader de temps à autres pour les habituer à l’environnement comme l’aurait fait une mère. 

 

« C’est incroyable ! » s’écria Jonas.

 

« C’est répugnant ! » grogna Daniel.

 

« C’est inhumain » déclara Teal’c.

 

« Comment procédez-vous à l’insémination ? » demanda Sam.

 

« Est-ce que ça veut dire que vous ne… enfin… je veux dire… plus jamais de… rapports ? »

 

 

Hum… Jack.

 

Nous ne vous demandons aucun commentaires sur nos coutumes ou nos décisions, par ailleurs nous ne vous dévoilerons rien de nos technologies.

 

« Non, sans rire, y’a vraiment des fœtus dans ces limaces ? »

 

« Jack ! » chuchota Daniel d’une voix outrée.

 

« Quoi ? »

 

« Il serait temps de vous mettre à la diplomatie vous ne croyez pas ? »

 

« Mais ils ne savent même pas à quoi peut bien ressembler une limace » protesta-t-il, « Et puis vous les avez entendu, pas de technologies à la clé… »

 

« Mais des alliés potentiels… » soupira-t-il, se demandant quand son ami allait intégrer la leçon, « Et quoi qu’il en soit, on en a pour une semaine ici, il faudrait peut-être partir sur de bonnes bases… »

 

~*~

 

Il s’ennuyait ferme.

 

Il avait pourtant espéré que pour une fois, leur semaine de ‘routine’ serait un peu plus excitante que certaines autres… Eh, après tout ils étaient sur un terrain de hockey géant ! Mais Sam avait souri à sa proposition et était partie assister à une conférence sur les origines des Esthekians en compagnie de Daniel, qui avait tout simplement haussé les épaules.

 

Il en était à présent à expliquer à Jonas ce qu’était le hockey.

 

Bien sûr, il ne pouvait trouver meilleur élève, mais il préférait largement l’action aux grands discours et le jeune extraterrestre n’était pas encore assez à l’aise sur des patins pour appliquer ce qu’il apprenait.

 

Jack s’ennuyait fermement.

 

Ce fut donc avec soulagement qu’il vit réapparaître Sam dans le cadre de la porte, traînant derrière elle Daniel qui faisait de son mieux pour garder son équilibre.

 

« Vous avez eu raison de nous conseiller cette conférence Jonas, c’est tout simplement incroyable… »

 

« N’est-ce pas ? » souligna celui-ci en se levant prudemment de sa couche. Les intérieurs des habitations étaient eux aussi faits de glace, et la température qui était la même qu’à l’extérieur avoisinait les –5°Celsius. Seules les couches étaient recouvertes du même tissus dont les chauds manteaux des autochtones étaient faits. Ce n’était bien sûr pas du goût de tout le monde, mais il fallait faire avec.

 

« Absolument ! » s’enthousiasma l’archéologue, ayant trouvé en Sam un appui stable, « Ces gens ne sont en fait pas tout à fait humains… Bien sûr certains de leurs ancêtres étaient des Hommes de la Terre déportés par les Goa’ulds, mais ceux-ci les abandonnèrent promptement à cause des conditions météorologiques… Ils se trouvèrent alors confrontés à une race semi-aquatique avec laquelle ils avaient assez de similitudes pour se mélanger ! Ils ont donc une apparence humaine, mais ils ont gardé une ossature bien particulière et surtout des branchies au niveau du cou ! C’est dommage, leurs ancêtres aquatiques ont disparus lors de la glaciation de la planète il y a plus de… »

 

Jack décrocha à cet instant là et laissa choir sa tête sur la table à laquelle il était assis.

 

 

Il était maudit. 

 

 

~*~

 

Il passa sous la monumentale ogive qui servait d’entrée Ouest à la cité et se rattrapa au dernier moment à un des pylônes qui l’encadraient.

 

Lorsqu’il s’était réveillé (car il s’était effectivement endormi), Teal’c, qui était entre temps rentré d’une visite des alentours, l’avait informé que Daniel et Jonas s’étaient rendus à une seconde conférence universitaire et que Sam était peu après sortie sans fournir au Jaffa de raison particulière.

 

 

Il était donc tout naturel qu’il fut immédiatement parti à sa recherche.

Et après plus d’une heure, il venait enfin de la trouver. De dos, les bras enroulés autour de son torse. Immobile, face à l’étendue argentée illuminée par un soleil si blanc qu’il tirait vers le bleu.

 

 

Mais bien que tout simplement admirable, l’image qui s’offrait à lui n’était pas sa principale préoccupation … L’environnement était si parfaitement silencieux que son inaudible arrivée avait trouvé le moyen de se faire entendre.

 

Surprise, elle effectua un petit arc de cercle et se retourna. L’appréhension, l’anticipation et l’indécision l’envahirent soudainement. Elle acceptait pleinement ce petit jeu auquel ils se prêtaient ces derniers temps, mais cela restait tout de même un jeu… Par définition, elle s’y adonnait sans aucune arrière-pensée, simplement pour profiter du plaisir du funambule, marchant prudemment sur le fil et tirant une extrême satisfaction du danger.

 

Mais elle avait toujours quelques réticences à se retrouver sans public… 

 

Et il était là, à une vingtaine de mètres à peine, tout d’abord immobile, puis glissant lentement vers elle. Elle recula, gagnée par cette crainte indéfinie et absurde. Mais plus elle s’éloignait, plus il se rapprochait… Elle exécutait de rapides citrons arrières, et il faisait en sorte que la distance qui les séparait restât intacte.

 

Avec un sourire en coin contagieux, ils s’éloignèrent de plus en plus rapidement de la cité, si bien que Sam finit par faire volte-face pour avoir la possibilité de progresser aussi vite qu’elle le souhaitait pour lui échapper.

 

Pour lui… échapper ? Allons donc, ils jouaient à chat à présent…

 

La vitesse à laquelle ils allaient devenait réellement enivrante, à tel point que Jack eu beau essayer de calculer le temps qu’ils avaient passé à se poursuivre, il n’y parvint jamais.

 

Etrangement, la végétation se faisait plus abondante, si tant est qu’une vingtaine de buissons au kilomètre carré pouvaient être qualifiés de végétation abondante. Ils étaient bleu nuit, quasiment sphériques et dépassaient à peine le genou. Pour un humain, leurs milliers de petits bulbes grands comme le pouce les classaient dans la catégorie des plantes grasses.

 

Il avait entendu dire que Sam voulait les examiner de près, et il se souvint toujours avec un amusement non-caché qu’elle avait été exaucée.

 

C’était à cause d’un simple animal. Une petite bestiole ayant d’étonnantes similitudes avec le lapin qui sortit vivement de sous son buisson.

 

La jeune femme tenta de freiner du mieux qu’elle put. Mais freiner en pleine lancée sur des patins n’est pas chose aisée. Ses bras se mirent à jouer aux moulins à vents, et en moins de deux elle s’écroulait dans la demeure de la créature qui, effrayée, ouvrit deux paires d’ailes et s’envola.

 

A seulement quelques mètres derrière, Jack s’arrêta avec plus de style et la rejoignit en quelques secondes.

 

« Ca va ? »

 

« Hum… »

 

 

Pour sûr, elle était sonnée.

 

Mais l’arbuste avait amortit sa chute, y laissait tout de même quelques bulbes qui roulèrent dans toutes les directions ou bien explosèrent, répandant leur liquide bleu sur la glace immaculée.

 

Lorsqu’il fut certain qu’elle n’avait rien de bien grave, Jack sourit jusqu’aux oreilles.

 

« Je suppose que j’ai gagné ? »

 

« Qui vous a dit que je jouais à quoi que soit ? » répliqua-t-elle en s’extirpant du végétal pour s’asseoir un peu plus loin, ne se sentant pas encore d’attaque pour réunir la force de se remettre sur pied.

 

« Je ne vous savais pas tant mauvaise perdante, Carter… »

 

 

Il décida de s'installer derrière elle, faisant face au point cardinal opposé.

 

« Eh ! Je suis fair-play ! Mais encore faut-il jouer à quelque chose… »

 

« Hum hum… »

 

L’amusant était que chacun se trouvait devant un astre maintenant rougeoyant qui se couchait à l’horizon. Observant quelques minutes le sien, Sam s'étira avec paresse, rencontrant là avec surprise le dos de son compagnon qu’elle pensait un peu plus loin.

 

Si elle était déjà glacée au sens propre, elle le fut au figuré. Le contact la troubla autant qu’il la réchauffa, et cette chaleur qu’il lui apporta additionnée au certain confort qu’elle y trouva la décida à ne plus bouger d’un poil.

 

Ses mains, emmitouflées dans de légers gants de fabrication locale étonnamment chauds, décrivirent un arc de cercle autour d’elle et -oh surprise !- rencontrèrent celles de son colonel.

 

Lorsque leurs petits doigts s’étreignirent - simplement leurs auriculaires - et qu’ils contemplèrent silencieusement les couchers de soleils, dos à dos, un frisson de plaisir lui parcourut l’échine.

 

 

Le moment sembla durer éternellement.

 

 

Jusqu’à ce que…

 

« Le mien est couché… Le vôtre ? »

 

« Couché aussi… »

 

« Peut-être faudrait-il rentrer avant que l’obscurité ne soit totale. »

 

« Peut-être… »

 

Le docteur Samantha Carter n’avait jamais eu moins de mots à son vocabulaire qu’à cet instant là. Mais son compagnon se releva bientôt, ne relâchant qu’une seule de ses mains pour l’aider à se relever avec l’autre.

 

« Pour quelle raison étiez-vous sortie au fait ? »

 

« Pour prendre un échantillon de ça » dit-elle en désignant la tâche bleue qui s’étendait sur son pantalon, et son supérieur ne manqua pas de profiter de l’occasion pour faire glisser ses yeux un peu plus bas. « Eh ! » s’écria-t-elle en lui donnant un petit coup dans l’épaule droite, « Ne vous gênez pas surtout ! D’ailleurs, si je ne m’abuse, vous étiez sensé ne pas tenir sur des patins il y a à peine vingt-quatre heures… Comment expliquez-vous ça ? » demanda-t-elle en se dirigeant vers l’arbuste pour en prendre un grain et le glisser dans une pochette plastique.

 

« Ca doit être ce qu’on appelle un miracle… » offrit-il avec un sourire innocent, les yeux toujours fixés sur cette superbe tâche particulièrement bien placée qui lui sautait littéralement aux yeux alors qu’elle se baissait pour prélever son échantillon.

 

« Ne vous fatiguez pas, colonel… Daniel a laissé échapper quelques mots sur votre passé de hockeyeur tout à l’heure… avant de poser sa main sur sa bouche avec un ‘woops’ confus. »

 

Daniel, Daniel…

 

Il se demandait vraiment comment cet homme avait pu lui manquer l’année passée.

 

« Ok, ok, j’avoue… C’était simplement la reprise qui était un peu laborieuse »

 

La jeune femme zippa sa pochette, la glissa dans sa poche et leva les yeux vers lui. ‘A d’autres…’ semblaient-ils lui dire. Elle le dépassa ensuite pour reprendre la direction de la cité.

 

Le retour fut plus long, plus calme. Peu de paroles furent échangées.

 

Si ce n’est…

 

« J’aurai ma revanche » lui murmura-t-elle à l’oreille alors qu’il arrivaient en vue de la Porte des Etoiles.

 

Jack afficha un sourire victorieux en l’entendant confesser sa défaite.

 

 

« Comment comptez-vous vous y prendre ? »

 

« Comment voulez-vous être battu ? »

 

« Une crosse à la main » dit-il pour reprendre la proposition qu’il avait faite plus tôt dans la journée. « Mais j’en doute fort si vous voulez mon avis »

 

Son second le dépassa brièvement pour lui barrer le passage et lui tendit la main.

 

Il fronça les sourcils.

 

 

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle prenne sa proposition au sérieux, et encore moins à ce qu’elle accepte tout en ayant conscience de son expérience dans ce sport.

 

Néanmoins, il glissa sa main dans la sienne et la secoua vigoureusement.

 

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
[ Me contacter ]