Citations du moment :
Il importe peu de descendre du singe ; le tout est de ne pas y remonter
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Trame : Chapitre 1

  L’Interlude des amants : Jack O’Neill
 
Whisper (murmure)…
 
Quand rien ne va plus, quand tout semble sombre, alors je redresse la tête et écoute les chants du Vent…
 
Sing (chant)…
 
Ses murmures à l’oreille, mon cœur s’emplit d’espoir et les mélodies de mon âme s’élèvent…
 
Soul (âme)…
 
Je me rappelle alors  que, si je ne peux prétendre à ton cœur, j’en possède au moins la moitié…
 
Share (partage)…
 
Et n’oublie jamais; il en va de même pour le mien…

 
                                     L’aube sur Terre et la sentence d’un amour interdit
 
L’astre illumine le monde de ses flèches dévastatrices.
 
Silence.
 
Le moment est brisé. Le manteau de la nuit a disparu et l’aube maudite est revenue.
Comment en sont-ils arrivés à haïr le jour ?
Depuis qu’il leur refuse sa protection. Celle-là même que la nuit leur accorde.
Miséricordieuse, elle abrite leur rêves et les conserve vibrants et entier. N’attendant que leur retour.
 
Contre nature pourrait sembler leur préférence. Humains, fils du jour. Elles ne les écarte que davantage de leur monde et de leurs amis.
Ainsi qui est présent pour les guider ? Nulle âme, nulle main secourable ne s’est tendue vers eux en le jour.
 
Le jour s’est détourné d’eux quand la nuit leur a offert la sécurité…

 
                                             L’amertume de Samantha
 
 
« Non ! »
Tant de violence et de haine en si si léger mot. Trois arabesques tenant lieu de lettre ont brisé nos vies.
Nous n’avons aucun moyen d’échapper à ses tentacules. Aucun miroir où nous réfugier.
Ceux-ci traîtres nous le renvoient à l’identique…
 
Nos rêves. Même ces derniers nous ont été arrachés et piétiné. Les flamboyants étendards de nos souhaits claquent désormais au dessus d’armées décimées.
Ces armées, nos volontés, nos espoirs ; lambeaux épars d’existences assassinées.
 
Si la lumière ne se reposait à tout moment sur ces landes écorchées désormais, l’espoir se faisait toujours présent au cœur des rigoles parcourant jadis ce pays. Il était dans le chant sylvestre des forêts massives ou dans la caresse des pierres.
 
Aujourd’hui, ne rappellent la forêt que ces troncs violés, des ruisseaux leurs cours desséchés, craquelés…
Mais les pierres, elles, demeurent fidèle mémoire où ne résident plus cet espoir.
Elles ont déjà vu tant de souffrance mais de celle-ci elles ne trouveront pas rédemption dans leur réalité.
 
Aux amants les bras murmurants des limbes.
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                                           La position de Daniel
 
Mon monde, sans frondaisons.
Mes rêves, sans songeurs.
Mes amis, à la déraison.
 
Je ne sais réellement ce qui a pu avoir lieu…
Mon cœur, comme tant d’autres jours, me portait alors vers d’autres horizons, mes mains lascives épousant une statuette.
 
Puis ces songes ont été pénétrés et brisés. Rêve puis silence de l ‘ esprit avant de se plier à l’intrusion du réel.
 
Un dernier baiser aux ruines d’une antiques cités et je rêve à la réalité.
 
Mes 2 amis se tiennent gravés, figés dans cet utérus de béton. Ils sont en face du général qui m’a fait mandé ainsi que Teal’c.
Arrivant de derrière il ne m’est pas donné de voir leur visage mais leur posture parle d’elle-même.
Je ne peux que rester dans une attitude de fascination morbide sentant que devant moi se joue un destin.
Aucun contact entre eux si ce n’est leur main jointe.
 
Se seraient-ils tenus au cœur d’un blizzard qu’ils n’en auraient pas été autrement.
 
A dire de blizzard, si la violence n’était pas visible, la température et la tension, elles, étaient impératrices de l’instant.
Le vent né de ce blizzard imaginaire s’engouffrait entre leur corps, hurlant de fureur après avoir pris de naissance à leur pied par désespoir.
Son sifflement inaudible était à mes oreilles insupportable. Mais de ce vent, de ce loup je n’étais pas la cible.
 
Le gris de ses yeux étincelait à l’encontre de l’homme devant le couple et fondait sur lui cherchant à l’arracher, le disloquer avant de crier sa frustration au monde entier.
Rayer le monde et cet homme, tous les obstacles de cet amour…
 
Ce vent, ce vent, il s’enroule autour de moi et me serpente, m’entrave. Je sens qu’il me tient désormais à l’écart de la tempête devant moi. Ma vue se brouille  et il me semble sentir l’attaque des grêlons acides contre mon esprit.
 
Je suis impuissant, mes amis m’écartent volontairement. Et près de moi, Teal’c, je puis le dire avec certitude, en est tout aussi conscient.
Cela va de mal en pis…
Que s’est-il passé pour que tant de haine soit désenchaînée ?
 
De la haine des hommes d’un amour, de la peur des hommes d’une ombre… enfin je comprends.
 
Cette ombre aujourd’hui est éveillée, elle a voulu être aimée à la lumière des nouveaux-nés. Mais aucune main n’a écarté le rideau à part les siennes et aucune chaleur ne l’a réconfortée.  A  tout à chacune, elle a été déchirée et éventrée, brûlée et n’a laissé que ses cendres noires que le vent a emporté vers l’obscurité.
 
Leur amour ne verra jamais le jour ici mais dans la nuit.
 
Cette ombre, fragile promesse qu’il était à l’aurore, le Jour n’en a pas voulu et il ne mûrira pas sous les rayons du Crépuscule.
Bordé d’acacias et de jonquilles, son sépulcre s’est fermé au Jour pour mieux s’ouvrir la Nuit.
 
Ainsi, je me tiens près d’eux en un lieu où ne flâne même plus leur âme.
 
Les brumes se lèvent ; ils s’éloignent…

 
                                 George Hammond, messager de la sentence
 
Je me lève. Ou plutôt l’ai-je tenté.
Ce mot résonne dans mon esprit, le heurte et le meurtrit.
C’est un diktat que jamais rien n’assagira ni ne calmera. C’est une sentence à mort, la leur et je dois être leur bourreau.
 
Ainsi ai-je été désigné, ceci devait arriver un jour ou l’autre, je le savais. J’ai toujours assumé mon rôle. Mais la lumière des évènements soudainement me semble trop perverse pour être naturelle.
 
L’aurore colorée et glacée où ils se trouvent aurait dû en être réchauffée, elle n’en sera que carbonisée, vitrifiée. L’oxygène viendra à leur manquer et de leur monde clos ils devront sortir, sous cette lumière artificielle d’un jour nouvellement façonné pour cette aurore inattendue et indésirable ce matin.
 
Là ils sont figés au seuil de mon bureau, au seuil de leur exécution et de leur perdition.
L’un arrimé à l’autre pour affronter le naufrage qu’ils semblent anticiper. Ce n’est que leur regard tranché qui me décide.
 
Le vent n’est pas encore levé, seule son absence chante à nos oreilles. Mais il ne sera en aucun point clément et leurs gréements ne devraient pas tenir éternellement.
 
Le mot que je vais laisser ma langue former, dérivant légèrement oh si légèrement la culpabilité, ne leur offre aucune liberté, aucun refuge. Il leur renverra toujours la même image d’eux brisés et ils me verront, je n’en doute pas, la piétiner.
 
Mais ceci n’a jamais été mon souhait. Peut-être est-il encore temps de sauver ce qui peut l’être.
« Non ! »
Ma langue traîtresse a bougé et le mot a roulé.
 
Le Crépuscule tombe : où est leur fil d’Ariane ?
                                                      La décision des amants
 
Nous nous tenons ici, elle et moi, sans ambages, sans étendards désormais. Nous sommes morts pour ce monde, ici, en silence.
Même notre colère ne devait être car elle était le fruit d’une éclipse occultant la lumière de ce jour.
 
Désormais compte tenu du fait que notre place n’est plus ici, ils nous ont rayé de leur registre. Mort pour la lumière, inexistant pour le jour. La lumière agressive nous aveugle et nous brûle la peau. Elle nous enveloppe et nous rend invisibles à leur regard.
 
Le sable s’écoule inéluctable, peu à peu, nos âmes quittent ce monde. Nous n’errerons plus ici. Même les murs ne garderont empreintes de notre passage. Seul le messager de la sentence le chérira car il sait que nous reviendrons. Aucun enfant du jour ne reste au sein de la nuit bien longtemps.
 
Mais si d’ici désormais nous ne sommes plus, où nos cœurs doivent-ils nicher ?
Ce mot est le égal en tout ; « Non ! » dans l’air, « Non ! » dans le miroir. Aucune façon de le fuir. Et tandis que je réalise le seul chemin encore ouvert, Samantha tourne la tete vers moi  et l’incline.
 
Ainsi la même idée nous a traversé l’esprit, je peux le voir dans ses yeux flambés. Qu’ils soient maudits de nous avoir bannis ! Cela ils vont le regretter amèrement durant notre absence.
Nous agirons ce soir, puisque d’un commun accord, la nuit est devenue notre cape.
 
La nuit se lève, nous sommes perdus pour eux.

 
 
 
                                      Dans les bras de Lune, goa’uld déchue.
 
Je suis souveraine ici bas, dans ce royaume sans âmes. Je suis reine de l’impalpable, je ne possède que des ombres.
Le vent les charrie, désespérées, inutiles et n’existant plus ailleurs.
Moi, je tisse de ma chevelure sur l’écheveau, des rêves à la mesure de leur illusion.
 
Depuis l’aube des nuits, j’offre asile car il m’a été refusé si souvent que le seul chemin encore tracé était celui de traverse.
Si les miens m’ont rayée de leur mémoire, les autres races elles n’ont pas oublié et me reconnaissent toujours pour l’hôte des nuits ; Geb et Nouit ne furent pas les premiers.
 
Et voici que devant moi paraissent 2 êtres. Ils ont subi les mêmes désillusions que tant d’autres, connu les mêmes chemins obstrués. Ainsi finalement seul leur visage compte à mes yeux. Leurs âmes saignées n’étant que le reflet de leurs prédécesseurs.
 
Je vais écouter leur cri aux 4 vents, laper leurs plaies sanguinolentes afin de repaître mon corps immatériel. C’est à cause de cette soif que sont ainsi exaucées leurs suppliques.
J’ai faim de souffrance et de larmes, j’ai soif de haine et de violences. J’ai besoin de combler ce vide en moi, j’ai trop nourri d’espoirs en mon sein, et cette vipère me ronge…
Ce serpent, je le leur donne, la souffrance comme récompense de l’espoir flagorneur.
Venez mes fleurs, laissez-moi respirer votre odeur de bête affolée. Laissez-moi mêler vos larmes à mon nectar, redresser votre corolle.
 
Ainsi est ma petite vengeance personnelle envers les miens. Détruire ce qu’ils ont pu bâtir. Tôt ou tard chaque action qui n’aurait pas eu lieu d’être sans mon intervention sert ma cause, les fera saigner à blanc.
 
Et alors que ces 2 êtres pantelants approchent, je discerne leur aura… Je voie leur portée.
Avec eux sera donné le coup fatal, par leur peuple. Finalement le destin ne manque pas d’ironie après avoir manqué de discernement.
Il se corrige de lui- même, panse ses plaies. Je l’en ai forcé par mes interventions.
Quoi de mieux qu’être maîtresse du néant et d’avoir accouché des ciseaux déchirants les voiles de la réalité ?
 
Tout ceci pour en créer des neufs favorables à mes desseins.
A l’habitude, je joue avec mes suppliants. Aujourd’hui point n’est besoin de cette partie de dames rituelle qui est depuis que Thot est intervenu pour Geb et Nouit, frappé par Ra.
 
Geb et Nouit furent la seule exception à laquelle j’accordais grâce pour des gens de ma race car Geb fut mon amant.
Mon acceptance de son vœu contre le souvenir vivant de ses caresses. Ma bénédiction contre un peu de cette chaleur à laquelle je n’ai plus droit.
 
En fin de compte, tout en ayant voulu m’éloigner de ma race, toute paria que je puisse être, en ceci je ne diffère pas d’eux.
J’ai toujours besoin d’autrui pour respirer dans cette trame verglacée où je suis prisonnière en mon propre royaume.
 
Alors pour vivre et ressentir, je vais tisser et sacrifier une partie de moi- même, de ma chevelure. Je suis là pour leur tenir la main là où la mienne s’englue, solitaire.
 Je vais engendrer les trames d’un avenir où tout leur sera possible, souhaitant que quelqu’un fasse de même pour moi. Je vais ensuite les regarder se cacher puis s’en aller. Et j’attendrai la fin, qui à mes yeux ne saurait être  longue.
 
Une vie d’homme n’a jamais été la référence. Elle n’est même pas celle d’un moustique à nos oreilles.
Mes mains commencent à jouer dans mes cheveux…
 
Et alors doucement, comme s’il craignait de la briser, l’homme prend sa compagne dans ses bras et mon fantôme de cœur éclate. Lentement ses mains valsent sur son dos tandis qu’il lui murmure des paroles de réconfort. Il me semble agoniser en captant une once du regard qu’il lui destine : puissant, inébranlable, confiant et aimant. Puis comme elles étaient venues ses mains se retirent et la jeune femme chancelle un moment désespérée de l’abandon du contact.
Mais elle glisse sa main contre la sienne et leur peau doucement luit de leur amour…
 
Une note une étoile, une seconde la lune puis le ciel et finalement la nuit entière pour les couvrir d’une mélodie fluctuante selon l’humeur du jour. Ainsi vont-ils vivre durant ces jours…
 
Cachés derrière un voile, un monde pour eux seuls. Il les abritera jusqu’à ce qu’enfin le moment soit venu pour eux de revenir au lieu où leur mémoire a été éradiquée.
Doucement de mes doigts fins surgit le chant qui maintiendra l’équilibre, le voile pour berceau et ses accents lancinants amènent en moi leur souffrance. Le souvenir de ma poitrine se tend somme pour tenter de respirer encore une fois.
 
Leurs espoirs déçus seront mon garde fou par-dessus lequel je me tiendrai lascivement penchée vers les eaux glacées. Ils seront mon Iceberg et ma race un paquebot. Ils m’ont évincée, contournée, je les enverrai par le fond.
 
Je veux entendre leurs cris tandis que mes mains les givreront, tandis qu’ils s’empêtreront dans mes cheveux perlés d’échardes de glace.
Je veux sentir entre mes doigts le dernier battement de cœur quand cette écharde le pénétrera et me repaître de cette viande encore chaude pour combler ma faim harassante.
 
Et sentir couler le sang sur mes lèvres gercées pour couvrir de rouge mon miroir brisé. Ce sang coulera entre les rigoles craquelées et âgées, il soudera les fragments de ce qui a été et mon monde sera de nouveau tel que je l’ai connu.
 
Ce rouge ne s’effacera jamais, ni ne déteindra en aucun cas, sous aucune main. Pas même la mienne.
Avoir été brisée vierge et naître ensanglantée. Tel est l’histoire que je m’entrevois.
 
Que cette mélodie soit leur clairon, qu’ils portent mon étendard et soufflent en mon cor.
Désormais, leurs espoirs et leurs souffrances seront miennes. Ainsi ai-je parlé, ainsi soit-il pour le reste avenir.
 
Le manteau diurne a été paré : ils sont à moi…  

 
                                                               Epilogue
 
Le messager de la sentence
 
Dans ce monde je cherche l’ombre mais elle a été éradiquée depuis longtemps. Mes amis ont fui, je ne peux que penser à leur bien malgré mes ordres. Lentement tombe sur moi le voile de la fin. Ils vont revenir sous peu et alors tout changera…
 
Les amants
 
Nous sommes devenus des enfants de la nuit. Elle allaite nos rêves et nous sommes 2 nouveaux-nés collés à ses flancs, aspirant sa vie à pleine dent, nous pourléchant les lèvres des festins à venir.
 
Doucement se referme le voile. Il se scelle pour un moment, une éternité ; 5 jours ou 5 nuits. Puis de nouveau nous serons présents, Samantha…

 
 
                                               L’interlude des amants : Samantha Carter
 
Share…
 
Que les mots peuvent blesser, que la plume peut écrire des lettres de sang.
 
Soul…
 
Par ces mots, ces verbes, ces syllabes ce qui reste de mon âme s’envole vers toi.
 
Sing…
 
Ne me demande pas plus, il ne me reste rien, seulement l’amour que j’éprouve pour toi.
 
Whisper…
 
Mais nous reviendrons à notre monde paré de notre amour, Phénix…
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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