Citations du moment :
L'air c'est beau en meme temps tu peux pas le voir, c'est doux et tu peux pas le toucher.....L'air c'est un peu comme mon cerveau... - J.C. Vandamme
Imagine

Adrian : Chapitre 1

Grèce, site archéologique au Sud-Est de Mycènes.
-          Professeur ! Les ultrasons indiquent bien la présence d’une cavité derrière la dalle !
Le Professeur Calvine, de l’Ecole française d’Athènes, se précipita et regarda à nouveau le boîtier que lui tendait son assistant. Il s’épongea le front, réfléchit un instant et murmura :
-          Alors au travail. On ôte la dalle délicatement.
L’équipe se remit à travailler, décelant le lourd bloc de pierre en grattant centimètre par centimètre. Des heures plus tard, quand les cordes furent attachées solidement au roc, le professeur ordonna :
-          On y va. Très délicatement.
Le système de poulies et de leviers se mit en marche et la dalle se détacha petit à petit de la paroi dans un nuage de poussière, puis vint lentement se poser sur le sol. Le professeur attendit que le nuage se soit en partie dissipé et, enjambant la dalle, passa la tête dans l’ouverture. Il alluma sa lampe torche et balaya la pièce qui s’offrait à lui. Cela ressemblait à une chambre funéraire avec, en son centre, un caveau en marbre. L’assistant du professeur, le jeune Grégoire Maton, regarda à son tour et laissa échapper un sifflement d’admiration.
-          Ca alors ! Un tombeau ici !
-          Oui.
La voix du professeur Calvine était teintée d’inquiétude. Son assistant le regarda, étonné :
-          Mais professeur, cela ne semble pas vous réjouir ! Nous avons peut-être découvert le mausolée d’un des héros de l’Iliade !
-          Un tombeau grec avec des hiéroglyphes, Grégoire ?
Le jeune homme resta bouche bée et suivit du regard le faisceau de la lampe : des hiéroglyphes recouvraient le bloc de marbre. Il murmura :
-          Mais c’est impossible… Qu’est-ce qu’on fait ?
-          Rien pour le moment, on n’y touche pas. Je vais aller téléphoner.


 

Un an plus tard, base de Cheyenne Mountain, Colorado :
Le colonel O’Neill étant enfin arrivé, le général Hammond commença le briefing. Les quatre membres de SG1 avaient noté la présence d’un inconnu, un homme d’une cinquantaine d’années, en civil, dont les traits durs étaient manifestement tirés. Il avait salué les membres de l’équipe d’un bref signe de tête à leur entrée dans la pièce.
-          Bien, SG1, je vous présente le colonel Rilay, actuellement détaché au Pentagone, et qui a des informations importantes concernant votre nouvelle mission assez… atypique je dois dire ! Je vous en prie, colonel.
Le colonel Rilay prit alors la parole, d’une voix à la fois fatiguée et décidée.
-          Depuis plusieurs mois maintenant, des informations classées « secret défense » ont une fâcheuse tendance à disparaître des dossiers du Pentagone, et à réapparaître entre des mains, disons, inamicales. Nous avons envoyé des agents sur cette affaire, mais tous ont disparu dans des circonstances… pour le moins inhabituelles.
-          En quoi la disparition de ces dossiers nous concerne-t-elle ? demanda abruptement Jack.
-          Ils concernent tous, de plus ou moins loin, le projet Stargate.
-          Ah. D’accord, oui, là en effet cela peut nous concerner… murmura le colonel O’Neill en fronçant les sourcils.
-          Les informations perdues ne sont pas d’une importance cruciale. C’était en grande partie les dossiers sur les recherches de la porte en Egypte. Rien ne semble avoir filtré en ce qui concerne l’actuel projet Stargate, le SGC, ou les équipes SG. Pour l’instant du moins.
Hammond prit la parole :
-          En concertation avec le Président, j’ai donc décidé de vous envoyer enquêter sur ces disparitions.
-          QUOI ??? s’exclama Jack, Mais mon général, ce n’est pas du tout notre affectation ! Envoyez des gars du FBI, ils feront cela très bien ! Nous sommes ici pour explorer d’autres mondes par la Porte des Etoiles, au cas où vous l’auriez…
-          Je n’ai rien oublié du tout, colonel O’Neill ! Mais cette affaire nous concerne en différents points. Continuez colonel Rilay.
L’homme n’avait pas prêté la moindre attention à l’intervention de Jack. Il reprit :
-          Nous avons déjà envoyé plusieurs agents, comme je vous l’ai dit précédemment. Deux des corps ont été retrouvés. Et nous sommes arrivés à la conclusion que ce qui les a tués… est une arme Goa’uld.
-          Comment ? Une arme Goa’uld sur Terre ?
-          Oui Docteur Jackson. A priori une arme de poing, ajouta le général Hammond.
Rilay continua :
-          Voilà pourquoi nous avons pensé faire appel aux équipes SG, qui sont plus familiarisées que nos hommes avec ce type… d’adversaire. De plus nous craignons que l’identité de nos agents n’ait été divulguée, vue la vitesse avec laquelle ils ont été neutralisés.  Alors que vos dossiers sont parmi les mieux protégés contre ce type… d’indiscrétion.
-          Ouai… Enfin à priori vous n’êtes plus très sûr de rien, grommela Jack.
Là encore le colonel ne réagit pas et continua.
-          Les quelques pistes que nous ayons pour le moment – mais comme l’a fait remarquer le colonel O’Neill nous ne sommes plus sûrs de rien – nous conduisent toutes vers cet homme, que vous connaissez certainement.
Le général Hammond appuya alors sur le boîtier qui se trouvait devant lui et la photo d’un homme apparut sur le mur. Daniel et Sam s’écrièrent en même temps :
-          Adrian Massertie !
Jack les regarda, surpris :
-          Et qui est-ce ?
Sam, soudain très excitée, se tourna vers Jack :
-          Adrian Massertie ! Tout le monde connaît Adrian Massertie !
Jack et Teal’C échangèrent un coup d’œil perplexe. Sam leva les yeux au ciel et soupira :
-          Enfin, presque tout le monde… Adrian Massertie est un milliardaire français. Il a fait fortune en investissant très tôt dans des sociétés Internet extrêmement fructueuses et, accessoirement, dans les marchés pétroliers. Il a une grande passion pour toutes sortes de sciences, c’est une des rares personnes à soutenir des projets à priori voués à l’échec, à apporter son aide financière à toutes sortes de chercheurs. Une sorte de mécène extrêmement apprécié dans la communauté scientifique.
-          Je confirme ce que dit Sam, renchérit Daniel. Cet homme est aussi très connu pour son aide dans le monde de l’archéologie. Il a une passion pour les civilisations anciennes.
-          Tiens tiens… murmura Jack.
-          Jack, à part vous, beaucoup de monde s’intéresse aux civilisations disparues, pas seulement les Goa’ulds ! grogna Daniel.
-          Le Major Carter et le Docteur Jackson ont parfaitement présenté notre homme, je n’ai rien à rajouter si ce n’est qu’il est à priori blanc comme neige, dit Rilay.
Sam fronça les sourcils :
-          Pourtant vous disiez…
-          Que les pistes menaient vers lui, oui. Ou plutôt vers différentes sociétés qui appartiennent au groupe Massertie. Mais toutes nos recherches sur lui n’ont rien donné. Il faut dire aussi qu’il a des protections en très haut lieu. Cependant un fait nouveau, récent, nous a décidé à faire appel à vous.
-          Et c’est ?... demanda Jack.
-          Adrian Massertie serait en train de monnayer des armes. Très très cher. Et des armes de type « inconnu jusqu’à présent », d’après nos sources. Il aurait rendez-vous avec différents contacts dans une semaine à Paris, à l’occasion…
-          … de la conférence internationale ? acheva Sam.
Ses trois coéquipiers et Hammond se tournèrent vers la jeune femme. Rilay sourit.
-          Tout à fait Major. Et c’est là que VOUS entrez en piste.
-          Moi ??
La jeune femme écarquilla les yeux.
-          Oui. Votre présence à cette conférence se justifie parfaitement d’après vos travaux en astrophysique.
-          Attendez, cela fait des années que mes travaux ne font plus l’objet d’aucune parution dans la communauté scientifique. Ils sont tous classés…
-          Nous savons cela Major, la coupa doucement Hammond. Mais votre brillante carrière suffit à justifier votre retour dans cette communauté scientifique internationale, et nous pourrons sans problème justifier ces sept ans… d’absence.
Hammond marqua une pause, s’appuya sur la table et dit :
-          Vous allez donc partir tous les quatre pour Paris dans quelques jours. Je ne veux pas apprendre qu’un Goa’uld traîne sur Terre sous les traits d’un magnat de la finance, et vous êtes les mieux placés pour faire face à ce genre de situation. Une fois sur place, nous vous laissons carte blanche pour approcher Massertie et tâcher de découvrir s’il y a un lien entre ces fuites d’informations et lui, et s’il y a vraiment du Goa’uld là-dessous.
Rilay enchaîna :
-          Nous vous avons préparé le terrain et fabriqué pour l’occasion de fausses identités.
Rilay ouvrit la mallette qu’il avait apportée avec lui et en sortit quatre passeports.
-          Docteur Jackson, vous êtes Daniel Jarod, archéologue détaché de l’université de Californie. Vous venez à Paris pour consulter les archives du Louvre. Teal’C, vous êtes Murray Dickinson, spécialiste en civilisation égyptienne, vous accompagnez le Docteur Jackson… euh Jarod. Et vous, colonel O’neill…
-          Bond ? James Bond ? demanda Jack le plus naturellement du monde.
Sam retint un rire et Daniel leva les yeux au ciel. O’Neill continua :
-          Et bien quoi ? Un milliardaire fou, Paris, de fausses identités… même une James Bond Girl ! finit-il en désignant Sam de la main, faisant instantanément rougir sa coéquipière.
Daniel demanda, ironique :
-          Vous vous prenez pour Pierce Brosnan, Jack ?
-          Ah non, Sean Connery était beaucoup mieux dans le rôle !
-          Pour une fois je suis d’accord avec le colonel, ajouta Sam en souriant.
Daniel tourna les yeux vers elle :
-          Mais il a quoi… soixante-cinq, soixante-dix ans !
-          Sachez Daniel, que les hommes plus mûrs sont souvent beaucoup plus séduis…
Sam s’arrêta au milieu de sa phrase, réalisant toute l’ambiguïté de ce qu’elle venait de dire, et devint soudain écarlate. Daniel et Hammond écarquillèrent les yeux, Teal’c haussa un sourcil et Jack se retourna vers Sam avec un sourire radieux :
-          Carter, j’ai toujours dit que vous étiez d’une rare intelligence !
Le général Hammond sourit et dit à Jack :
-          Colonel O’Neill, je vous trouve bien présomptueux de prendre cette remarque du major pour vous ! Je vous signale que je suis moi-même beaucoup plus proche de l’âge de cet acteur !
Les membres de SG1 restèrent figés une seconde, puis éclatèrent de rire. Sam soupira, reconnaissante au général de l’avoir tirée de ce mauvais pas.
Rilay les regardait, atterré. Il finit par s’éclaircir la gorge, et les cinq personnes tournèrent à nouveau leur attention vers lui, retrouvant le plus grand sérieux.
-          Non colonel, désolé. Vous êtes seulement Jack O’Neill, le secrétaire du Docteur Jarod.
-          PARDON ????????????
Daniel éclata de rire. Sam se mordit la lèvre. Même Teal’C sourit devant la mine déconfite de Jack, qui se leva et rugit :
-          Hors de question ! je veux bien combattre les Goa’ulds, risquer ma vie, vivre dans une base souterraine, subir les pires tortures, mais je refuse d’être le… le…
-          Se-cré-tai-re… souffla Daniel avec un sourire machiavélique.
Jack le foudroya du regard et se tourna vers Hammond et Rilay :
-          Mais enfin ! C’est ridicule ! Je ne serai absolument pas crédible !
-          C’est vrai, vous savez à peine écrire… murmura Daniel.
Jack se retourna vers lui et pointa son doigt vers l’archéologue :
-          Vous… vous….
-          Calmez-vous colonel ! ordonna Hammond. Cela ne figurera que sur vos papiers, nous avons surtout décidé de cela afin que le Docteur Jackson, Teal’c et vous puissiez rester ensemble sans attirer l’attention.
Jack se rassit en maugréant. Rilay se tourna alors vers Sam :
-          Major, vous gardez votre identité, mais toute référence à l’armée sera temporairement effacée de votre dossier. Vous êtes donc le Docteur Samantha Carter, spécialiste en astrophysique.
La jeune femme acquiesça. Le briefing se termina un quart d’heure plus tard. Quand Jack passa la porte de la salle de réunion, Daniel l’appela :
-          Eh, Jack !
O’Neill se retourna, sourcils froncés. L’archéologue continua, avec un grand sourire :
-          Bien serré mon café je vous prie !
Il évita de justesse le bloc note que O’Neill venait de lui lancer en quittant la pièce, furieux.


 

Jack regardait Sam en souriant, debout dans l’allée de l’avion, appuyé au dossier du siège de la jeune femme. Elle était plongée dans ses papiers quasiment depuis le décollage. Les sourcils légèrement froncés, la moue concentrée, elle griffonnait à toute allure dans la marge d’un énorme pavé qui semblait ne contenir que des signes mathématiques inconnus. Jack s’arracha à sa contemplation et se laissa tomber sur le siège vide à côté de Sam qui sursauta puis sourit en découvrant Jack assis à ses côtés.
-          Mon colonel ?
-          Ca va ? Vous travaillez bien ?
-          Jusqu’à il y a quelques secondes, oui, très bien.
-          Vous n’avez même pas regardé le film ?
-          Je crains que non. C’est que, voyez-vous mon colonel, j’ai eu à préparer une conférence en moins d’une semaine, et d’ailleurs je ne suis pas prête du tout ! acheva-t-elle avec un soupir.
-          Carter, vous serez parfaite, comme toujours ! Vous en savez bien plus que tous ces barbons qui assisteront à cette fichue conférence. Le seul problème que vous ayez, c’est au contraire qu’il va falloir sembler moins brillante que vous l’êtes réellement et taire une grande partie de vos travaux !
Elle secoua la tête en souriant. Jack se dit que jamais il ne se lasserait de la voir sourire. Il se pencha légèrement vers les notes de Sam, effleurant ainsi le bras nu de la jeune femme qui frémit à ce contact. Il se recula légèrement pour ne pas la mettre mal à l’aise.
-          Vous m’expliquez ?
-          Quoi ?? L’intervention que je prépare ??
-          Et bien oui. Pourquoi pas ?
-          Mon colonel….
-          Allez, essayez au moins, et après je vous parlerai de ma collection d’hameçons !
Elle rit plus franchement et Jack fit une petite moue déconfite en haussant les épaules.
-          Bien, tant pis, je vais devoir demander à Teal’C…
Mais O’Neill redevint soudain sérieux et ses yeux bruns fixèrent ceux de Sam qui cessa à son tour de rire.
-          Ca va aller, Carter ?
-          Comment cela mon colonel ?
-          La mission… Je veux dire, ce n’est pas vraiment dans vos prérogatives habituelles de… de…
-          De jouer les hameçons ?
Il sourit malgré lui. Les grands yeux bleus de Sam le regardaient avec gratitude et calme. Il enchaîna, mal à l’aise :
-          Oui, enfin… Vous savoir avec ce…Maserati…
-          Massertie.
-          Oui, comme vous voulez… S’il se révèle être ce que nous craignons…
-          Je le saurai immédiatement mon colonel, grâce aux particules de… qui vous savez.
-          Oui, oui, d’accord… Mais bon, quand même… N’oubliez pas vos émetteurs, et n’hésitez pas à appeler, nous ne serons pas loin…
-          Mon colonel, puis-je me permettre de vous rappeler que je ne suis pas une petite fille ?
Bien sûr qu’elle n’était pas une petite fille. Elle était un excellent soldat, un chercheur mondialement reconnu, mais plus que tout cela une magnifique jeune femme qui lui semblait –à tort- souvent si fragile… Qu’il aurait tellement aimé protéger… alors qu’elle n’en avait nul besoin. Jack soupira.
-          Bien sûr Carter… Je suis désolé, c’est que nous faisons rarement ce genre de mission.
-          Paris, au mois de juillet, avec un passe pour la conférence scientifique de la décennie, personnellement je trouve que les choses s’annoncent plutôt bien mon colonel.
-          Mouai, enfin moi les conférences scientifiques… Bref, faites attention à vous Carter.
Ils restèrent silencieux quelques instants. Puis Jack se leva en souriant :
-          Allez, je retourne embêter Daniel, il y a longtemps que je ne me suis pas rappelé à son bon souvenir !
-          N’oubliez pas son café ! Bien serré !
Jack grimaça et s’éloigna dans l’allée.
Sam regarda par le hublot. La couche nuageuse immaculée s’étendait au-dessous d’eux. Malgré tout ce que la jeune femme avait pu voir dans ses années au sein du SGC, elle continuait de trouver cela magique. C’était en partie pour cela qu’elle avait choisi l’Air Force : pouvoir voler et survoler les nuages, tout simplement. Un rêve de gamine. Elle n’aurait jamais espéré que son souhait serait exaucé bien au-delà de ses plus folles espérances…
Sam sourit et ferma les yeux. Elle aimait sa vie. Elle était pleinement consciente de la chance qu’elle avait de travailler au SGC, et d’avoir rencontré des êtres exceptionnels tels que le général Hammond, Daniel, Teal’C et Jack… Jack…
Sam cessa de sourire. Ce nœud dans son ventre, ce nœud qui ne la quittait quasiment jamais – ou peut-être seulement lorsqu’il était près d’elle et la faisait rire – ce nœud se fit plus présent encore. Elle tenta de chasser cette pensée de son esprit – en vain, comme d’habitude. Elle rouvrit son dossier.
Quelques minutes plus tard, une hôtesse annonça que l’avion commençait sa descente vers Paris.


 

Le Palais des Congrès, porte Maillot, était comble. Les plus grands scientifiques du monde entier se pressaient à cette conférence. Jack, Daniel et Teal’C (un superbe chapeau noir sur la tête) attendaient tous trois dans le hall le début des interventions du jour : c’est Sam qui devait commencer. Ils avaient repéré de loin Massertie, qui évoluait parfaitement à son aise, toujours entouré par deux ou trois jeunes femmes et quelques journalistes. Les trois amis gagnèrent l’intérieur de la salle de conférence. Les milliers de fauteuils rouges étaient tous réservés. Ils s’installèrent à leur place, tout au fond de la salle. Un quart d’heure plus tard, c’est dans un silence religieux que l’un des officiels annonça l’intervention du Docteur Carter, de la NASA, annonce relayée immédiatement en des dizaines de langue dans les oreillettes des participants.
Elle s’avança, minuscule sur la scène gigantesque et s’installa devant le pupitre qui avait été préparé. Les écrans géants renvoyèrent immédiatement l’image de la jeune femme dans la salle. Jack sourit.
Ils ne s’étaient pas revus depuis leur descente d’avion, la veille. Ils avaient convenu que, bien que demeurant au même hôtel, ils resteraient séparés pour ne pas attirer l’attention sur les trois hommes. Daniel était cependant discrètement passé voir Sam dans sa chambre en fin de soirée pour s’assurer que tout allait bien. Il avait raconté à Jack et Teal’C que la jeune femme était au comble de la nervosité, faisant les cent pas dans sa chambre dont le sol était jonché de dizaines de piles de papiers et de CD-Rom. Les deux ordinateurs portables reposaient allumés sur le lit de Sam qui, par contre, n’avait même pas déballé ses affaires personnelles. Daniel avait tenté de la rassurer, et ne l’avait quittée qu’après lui avoir fait promettre qu’elle se coucherait dans l’heure. Promesse que l’archéologue doutait qu’elle ait tenue.
La voix de Sam résonna dans l’oreillette de Jack. Claire, déterminée, passionnée. La jeune femme avait manifestement retrouvée toute son assurance. Jack ne comprenait pas un traître mot de ce dont elle parlait, mais son attention était cependant toute acquise à sa jeune coéquipière. Elle était vêtue d’un tailleur bleu marine sous lequel apparaissait une chemise blanche. Les schémas, les montages remplaçaient souvent l’image de Sam sur les écrans, mais dès que le visage de la jeune femme réapparaissait, Jack ne pouvait s’empêcher de sourire largement. Il avait réalisé qu’il était là pour passer une heure – ou deux ? Combien temps cela durait-il, une conférence ? – à regarder Sam. Et ça, il pouvait le faire, avec plaisir même. Les occasions étaient rares pour Jack de pouvoir observer sa coéquipière tout à loisir. Il le savait, et comptait bien profiter de cette chance. Elle était sublime.
Les cheveux courts de Sam – quand avait-elle trouvé le temps de passer chez le coiffeur ?? – encadraient parfaitement son visage délicat. Quelques petites mèches blondes retombaient gracieusement sur son front. Jack remarqua immédiatement qu’elle était légèrement maquillée. Les lèvres fines étaient un tout petit peu plus roses et brillantes que d’habitude. Un trait de crayon noir faisaient ressortir encore davantage ses yeux bleus. D’un bleu à la fois clair, limpide, et hypnotisant. Ses yeux dans lesquels on ne pouvait que se noyer quand elle les posait sur vous. Ses yeux dans lesquels des milliers de chercheurs avaient instantanément plongé quand le visage de la jeune femme leur était apparu.
Des yeux qui représentaient pour Jack à la fois sa perte et son salut.
Daniel donna discrètement un coup de coude à Teal’C qui tourna lui aussi la tête vers O’Neill. Ce dernier considérait l’écran en souriant. La fierté de Jack se lisait sur ses traits. Sa fierté et autre chose que Daniel et Teal’C reconnurent aussitôt. L’archéologue et le jaffa se regardèrent d’un air entendu. Daniel pensa un instant à titiller Jack, mais y renonça, préférant laisser son ami profiter de ce moment qu’il savait si rare et si précieux.
-          …. Voilà, je vous remercie de votre attention.
Sam s’éloigna légèrement du pupitre, regardant à nouveau la salle, semblant prendre soudain conscience de la quantité de personnes qui la regardaient, toujours silencieuses. Elle parut gênée, ramena maladroitement ses mains derrière son dos comme une petite fille, et jeta un regard inquiet vers l’un des organisateurs qui s’avançait vers elle.
Ce fut un tonnerre d’applaudissements. Le professeur reprit le micro, réclama le silence et, se tournant vers Sam en souriant :
-          Nous vous remercions, Docteur Carter, pour cet exposé. Et le fait que des travaux de cette qualité soient effectués par une aussi ravissante et jeune femme nous laisse encore espérer que la science ait de beaux jours devant elle !
Sam rougit et un magnifique sourire illumina son visage sur tous les écrans de la gigantesque salle de conférence. Les applaudissements retentirent de plus belle alors qu’elle redescendait précipitamment de la scène.
Les gens commencèrent à se lever. Les trois coéquipiers de Sam entendirent les commentaires des personnes qui se trouvaient près d’eux :
-          … brillant ! Cette jeune femme nous ouvre des horizons !
-          … ses travaux sont remarquables, et son exposé d’une clarté rare.
-          … et elle est absolument ravissante ! Ces américains ont décidemment un truc pour repérer des perles pareilles ! Pour une fois que des recherches de cette qualité ne sont pas le fait d’un sexagénaire à lunettes !
Daniel, Teal’C et Jack se regardèrent en souriant. Ils étaient fiers. Ils étaient si fiers d’elle. Ils savaient tous trois ce que représentait pour elle la reconnaissance de ses travaux, de toutes ses nuits passées à travailler sur des hypothèses mathématiques d’une complexité inouïe. Et encore, elle n’avait pu exposer ici qu’une infime partie de son travail, sans quoi elle aurait révolutionné devant cette assemblée les bases mêmes de la physique quantique.


 

Quand Sam se retrouva dans le hall de réception après la fin des conférences de la matinée, des dizaines de personnes se précipitèrent vers elle. La jeune femme, toujours souriante bien que très mal à l’aise, tentait de répondre à chacun, de remercier, d’expliquer certains points, … Jack, Daniel et Teal’C, qui étaient restés au bar en attendant la fin des autres exposés, la regardait répondre avec patience et bonne humeur à tous ceux qui se pressaient autour d’elle. Massertie était sorti de la salle, avait jeté un coup d’œil à la jeune femme mais était parti discuter avec d’autres personnes à l’autre bout du hall.
Au bout d’un moment, Sam parvint à s’éclipser et se dirigea rapidement vers la sortie pour prendre un petit peu l’air. Elle se retrouva seule dans la brise fraîche, sur l’esplanade du Centre. Elle ferma les yeux et respira profondément pour tenter de calmer les battements de son cœur. C’était trop d’émotion. Cela lui avait manqué, de pouvoir partager ses travaux avec ceux qui pouvaient les comprendre… enfin, un peu de ses travaux… Tout s’était bien passé… Elle avait oublié de justifier les résultats de l’expérience de mai 2001, mais sinon, tout s’était bien passé… Son travail avait été accueilli… pas si mal que cela… enfin…
-          Vous avez été extraordinaire. Je n’ai rien compris, mais vous avez été extraordinaire.
Elle sursauta et son cœur s’emballa à nouveau au son de sa voix. Elle se retourna. Jack était à côté d’elle.
Elle pâlit en le voyant. Il portait un costume noir, sobre mais parfaitement coupé, avec une chemise bleu pâle et une cravate noire elle aussi. Ses éternelles lunettes de soleil étaient accrochées négligemment à sa poche de veste. Il la regarda, amusé, puis sourit et ajouta doucement :
-          Vous les avez tous conquis. Je suis fier de vous, Carter.
Sam sentit  son cœur gonfler sous l’émotion et fit un effort pour ne pas trembler. Elle ne répondit rien, mais un magnifique sourire se dessina sur ses lèvres. Qu’importait l’avis de tous ces gens ? IL était fier d’elle.
Ils restèrent ainsi à se sourire quelques secondes à peine. Puis le visage de Jack redevint soudain sévère et il porta la main à son oreille. La voix de Daniel venait de retentir dans l’émetteur discret qu’il portait depuis le début de la journée.
« Jack, Massertie se dirige vers la sortie, vous devriez le voir arriver d’ici quelques secondes. »
O’Neill ne regarda même pas Sam. Il murmura :
-          Massertie vient par ici. Bonne chance Carter.
Il descendit lestement les marches de béton et s’éloigna calmement. Sam suivit un instant du regard sa haute silhouette, sa démarche féline, tout en force et en souplesse… Elle se mordit la lèvre. La lourde porte de verre s’ouvrit derrière elle et elle entendit quelqu’un s’approcher. Elle sentit son odeur, un parfum à la fois épicé et subtil.
-          Docteur Carter ?
Sam se retourna. Adrian Massertie était face à elle.


C’était un homme d’une quarantaine d’années, grand, d’à peu près un mètre quatre-vingt cinq. Il portait un complet beige clair superbe, avec une chemise blanche. Il avait un corps mince bien que musclé et carré aux épaules. Ses cheveux bruns, presque noirs, semblaient délicieusement ébouriffés – mouvement soigneusement étudié par l’un des coiffeurs les plus en vue de la capitale française. Force et détermination se lisaient sur les traits de son visage, parfaitement réguliers. Le teint légèrement hâlé de sa peau accentuait l’étonnante couleur de ses yeux d’un vert extrêmement intense. Il avait un sourire franc et éblouissant. Il était très bel homme. Il le savait.
Sam ne détectait en lui aucune présence de larve Goa’uld. Elle sourit à son tour :
-          Tout à fait. Et vous êtes Monsieur Massertie, si je ne m’abuse ?
Elle parlait un français parfait, chantant, à peine teinté d’un léger accent américain. Adrian lui tendit la main, qu’elle serra.
-          Parfaitement. Je suis honoré que vous connaissiez mon nom !
-          Ne soyez pas modeste. Tout le milieu scientifique connaît votre générosité. Permettez moi d’ailleurs de saisir cette occasion unique pour vous remercier de votre soutien sans faille dans beaucoup de projets, souvent rapidement jugés peu… rentables par certains gouvernements.
-          J’aide comme je peux. N’ayant pas votre intelligence, je me contente d’apporter ma modeste contribution à l’évolution scientifique de notre siècle.
Sa voix grave était, étrangement, d’une grande douceur. Sam sourit plus franchement :
-          C’est moi qui devrais être honorée que vous me connaissiez. Je ne suis qu’une scientifique de plus parmi tant d’autres, et ma contribution au monde sera au final certainement bien inférieure à la vôtre.
-          Ne vous moquez pas. Votre exposé était… lumineux. Je dois reconnaître avoir raté quelques subtilités, mais l’ensemble de vos théories est beaucoup plus intéressant que ce que j’ai pu entendre depuis bien longtemps. Comment se fait-il que nous ayons si peu entendu parler de vos travaux jusqu’à aujourd’hui ? Car je crois sincèrement que si j’avais eu l’occasion de vous croiser avant… je m’en serais souvenu.
Le sourire de Massertie était sans équivoque. Sam se sentit rougir. Elle répondit rapidement :
-          J’ai travaillé ces dernières années pour la NASA, donc…
-          Ah, ces américains et leurs petits secrets ! Mais je comprends qu’ils aient voulu vous garder pour eux.
Un homme d’une cinquantaine d’années, au visage austère, était sorti sur le perron et attendait manifestement Adrian. Ce dernier lui jeta un coup d’œil agacé, soupira et sourit à nouveau à Sam :
-          Pardonnez-moi, je dois vous laisser…
-          Je me doute que vous êtes quelqu’un de très occupé.
-          Mais je ne voulais pas manquer de faire votre connaissance. Vous suivez toute la conférence, je suppose… Serez-vous au dîner, ce soir ?
-          Bien sûr.
-          Alors nous aurons l’occasion de nous recroiser très bientôt, Docteur Carter.
Sam lui tendit à nouveau la main, qu’il serra en s’inclinant légèrement sans pour autant lâcher le visage de la jeune femme des yeux.
-          Alors à ce soir, Monsieur Massertie.
Adrian avait gardé la main de Sam dans la sienne. Il la serra légèrement, sourit une dernière fois à la jeune femme, et semblant s’arracher à regret à sa contemplation suivit son secrétaire à l’intérieur du bâtiment.
Sam jeta un coup d’œil à la broche discrète qu’elle portait au revers de sa veste : son micro. Elle savait que ses trois coéquipiers avaient suivi la conversation. Et Jack parmi eux. Elle soupira.


 

-          Entrez !
Sam venait de finir de se préparer, elle avait passé un tailleur pantalon gris bleu et un petit haut noir. Elle était rentrée à peine une heure auparavant des conférences de l’après-midi, et s’apprêtait à repartir sous peu pour le dîner.
Jack entra dans la pièce, en jean et chemise blanche.
-          Tout va comme vous voulez, Carter ? Pas de problème cet après-midi ?
-          Aucun mon colonel. Les interventions étaient passionnantes, mais je doute que vous ayez envie que je vous les raconte !
Jack fit une petite grimace de dégoût et Sam sourit.
-          Carter, j’ai déjà fait le suprême effort de vous écouter ce matin sans m’endormir, alors je pense que j’ai mon quota de discours scientifique pour les dix prochaines années au moins !
-          Et vous, qu’avez-vous fait ?
-          Rien de passionnant. On est passé voir les différents labos de Massertie, on a repéré les lieux, mais de loin. C’est très surveillé. Ah si, figurez-vous que Daniel veut absolument que nous allions au Louvre !!!
-          Au Louvre ??
-          Oui, figurez-vous que nous avons appris que la fondation Massertie a emprunté ces derniers mois pas mal d’objets des collections permanentes du Musée, et Daniel voudrait savoir lesquels… il prétend que cela peut nous aider… Pfft, si vous voulez mon avis, il veut surtout sauter sur l’occasion de se balader dans un musée de plus !
-          Le Louvre n’est pas « un musée de plus », mon colonel…
-          Mouai… De toutes façons je me doutais que vous seriez de son avis…. Bon, on vous retrouve après votre dîner ?
-          Tout à fait. De toutes façons je garde la broche sous ma veste, vous saurez quand ce sera fini.
Le sourire de Jack disparut soudain, son regard quitta celui de la jeune femme, et il demanda d’un ton faussement détaché en regardant par la fenêtre de la chambre :
-          Et avec Massertie… Tout a l’air de… bien se passer, non ?
-          Bien, mais je lui ai juste parlé deux minutes. Il a apprécié mon intervention.
-          Pas seulement à priori.
Jack avait à peine murmuré sa remarque avec amertume. Sam écarquilla les yeux, déstabilisée :
-          Pa… pardon, mon colonel ??
-          Non, rien Carter… Bon, et bien bonne soirée.
Il avait répondu à toute allure et sèchement, sans la regarder, et était sorti de la chambre avant qu’elle ait pu ajouter quoi que ce soit, laissant Sam bras ballants au beau milieu de la pièce, ne sachant pas si elle devait s’offusquer ou se réjouir de la remarque de Jack.


 

Sam avait enfin trouvé sa place sur le plan de table et s’installa donc au beau milieu d’une des tables immenses qui avaient été magnifiquement dressées dans les salons de réception. Quelques instants plus tard, elle vit Adrian Massertie se diriger vers le même endroit, et s’asseoir face à elle en souriant.
-          Bonsoir, Docteur Carter. C’est un plaisir de vous retrouver si rapidement.
-          Un plaisir… et une sacrée coïncidence que nous soyons à la même table, Monsieur Massertie.
Sam, tout en disant ces mots, lui désigna discrètement le vieil homme furieux qui, à l’autre bout de la salle, parlementait depuis cinq minutes, manifestement outré que sa place en face de Monsieur Massertie ait été finalement attribuée à quelqu’un d’autre. Adrian fit une petite moue désolée et sourit plus largement, sourire que Sam lui rendit bien volontiers.
-          Désolé Docteur Carter, je n’ai pas résisté à la tentation d’avoir si bonne compagnie que la vôtre pour le dîner… Vous avouerez que vos théories sont nettement plus… attrayantes que celles de cet obscur chercheur…
-          Cet obscur chercheur est l’un des plus grands spécialistes mondiaux de chimie particulaire, mais je ne vous apprends rien.
-          Vous m’en voulez ?
-          Non.
Ils se sourirent à nouveau, puis se tournèrent comme tout le monde vers le Président de la conférence qui allait commencer son discours.
La soirée fut délicieuse. Le dîner était, bien évidemment, absolument succulent, et Sam était ravie de pouvoir discuter de ses centres d’intérêt avec des personnes nouvelles et passionnées par les mêmes sujets. Adrian Massertie était un convive absolument charmant. Il savait se montrer drôle, passionnant, avait écouté les théories de Sam avec la plus grande attention, et ses questions pertinentes prouvaient à la jeune femme qu’il s’intéressait sincèrement à son travail et le comprenait dans l’ensemble. Sam se sentait très à l’aise, et devait faire des efforts pour ne pas oublier le véritable but de sa présence à cette soirée. Elle avait donc essayé d’interroger Massertie sur certains sujets un peu sensibles qui auraient pu laisser penser qu’il avait connaissance du projet Stargate. Mais à chaque fois Adrian avait échappé à la question sans que Sam sache s’il l’avait évitée ou s’il avait naturellement rebondi vers un autre sujet… Tout le visage d’Adrian s’animait lorsqu’il parlait à la jeune femme, et les magnifiques yeux verts du milliardaire ne l’avaient pas quittée de la soirée. Au grand désespoir de la jeune et brillante journaliste qui avait du vendre au moins son âme pour obtenir une place à la droite d’Adrian ! Celui-ci n’avait quasiment pas parlé à sa belle voisine brune de toute la soirée, préférant manifestement se noyer dans le regard et le sourire de Sam.
C’est donc tout naturellement qu’à la fin du dîner, ils se retrouvèrent ensemble à quitter la salle de réception. Massertie, tout en aidant Sam à passer une veste légère, proposa :
-          Puis-je me permettre de vous raccompagner à votre hôtel ?
-          Je vous remercie, Monsieur Massertie, mais je vais prendre un taxi. Nous nous reverrons demain, pour la suite de la conférence, je suppose ?
-          Bien sûr. Cette soirée en votre compagnie a été délicieuse, Docteur Carter. Je suis cependant tenté d’abuser de votre gentillesse et de vous demander une dernière faveur.
Sam le regarda avec curiosité.
-          Bien sûr, laquelle ?
-          Accepteriez-vous de m’appeler Adrian ?
Elle rit doucement, secouant légèrement ses cheveux blonds.
-          A une condition… Que vous m’appeliez Samantha.
Adrian sourit largement en s’inclinant sur la main de la jeune femme. Ils descendirent les marches et, pendant que la voiture d’Adrian s’approchait, celui-ci héla un taxi pour Sam. Il lui ouvrit la portière et elle se retourna vers lui au moment de monter en voiture :
-          Alors à demain, Adrian.
-          A demain Samantha. A demain.
La voix d’Adrian était soudain plus grave. Ses traits étaient redevenus sérieux, et ses yeux étaient rivés à ceux de Sam. Elle se sentit rougir et monta rapidement dans le véhicule. Adrian regarda la voiture s’éloigner puis rejoignit la sienne.

 
A peine Sam était-elle entrée dans sa chambre que le téléphone sonna. La voix de Jack était parfaitement neutre.
-          Bonne soirée Carter ?
-          Oui mon colonel, mais je crains ne pas avoir progressé. Impossible d’apprendre quoi que ce soit. Soit il est vraiment blanc comme neige, soit il est très fort.
-          Oui, d’accord, on verra cela plus tard. Habillez-vous, on part au Louvre.
-          Au Louvre ?? Mais il est… 23 heures ! le Louvre est fermé !
Jack soupira.
-          Pas pour Daniel… Il était tellement impatient qu’il a passé je ne sais quels coups de fils, et nous sommes attendus là-bas dans trente minutes.
-          Une visite privée du Louvre la nuit ? C’est une chance extraordinaire !
-          Mouai… C’est justement ce que je me disais. Quelle chance de pouvoir arpenter des kilomètres de couloirs poussiéreux quand tout le monde dort bien sagement dans son lit. On vous y précède, rendez-vous devant la pyramide. Je commence à en avoir un peu assez, moi, des pyramides… je pensais qu’il n’y en avait qu’en Egypte… ou ailleurs.
Il raccrocha et Sam sourit en imaginant la tête de son supérieur, à onze heures du soir devant la porte d’un musée. Elle appela la réception pour demander un taxi passa rapidement un jean, un petit haut blanc et sa veste en cuir noir.
Quand le chauffeur la déposa devant la Grande Pyramide, Sam s’arrêta un instant pour regarder le spectacle qui s’offrait à elle. Les bâtiments de l’ancien palais s’ouvraient devant elle autour de l’esplanade, magnifiquement éclairés, tels un écrin doré autour de la pyramide centrale. Celle-ci luisait dans la nuit, s’élançant fièrement vers le firmament étoilé. La pyramide et les étoiles… Sam sourit en pensant à ce que cette image évoquait pour elle… Elle distinguait trois silhouettes devant les portes de verre et s’avança. Jack, bras croisés, observait le monument translucide, pendant que Teal’c essayait avec une difficulté manifeste de suivre les explications de Daniel. L’archéologue semblait au comble de l’excitation et s’extasiait sur l’architecture de l’immense musée. Jack sourit en voyant Sam sortir de la pénombre, et Teal’C jeta un regard étonné à la jeune femme :
-          Je suis surpris de l’architecture de ce lieu, Docteur Carter.
-          Cela ne m’étonne pas. Mais je ne pense pas forcément qu’il faille y voir un rapport quelconque avec… qui nous savons. François Mitterrand, le président français qui a supervisé la construction de la pyramide, était un très grand amateur d’art, et l’Egypte ancienne reste pour tous un objet inépuisable d’admiration. Mais Daniel a déjà dû vous expliquer tout cela… Murray.
-          Oui. Mais je comprends mieux ce que vous me dites. Les explications du Docteur… Jarod sont un peu confuses.
Daniel, qui n’avait cessé de parler, s’interrompit soudain :
-          Confuses, mes explications ? Alors que je connais ce musée comme ma poche ? Méfiez-vous Murray, Jack déteint sur vous d’une façon inquiétante !!
O’Neill haussa les épaules et dit :
-          Ah, ça bouge enfin à l’intérieur.
En effet, un homme d’une quarantaine d’année montait l’escalier accompagné d’un gardien. Il sourit en arrivant au sommet et en apercevant les quatre membres de SG1. Le gardien ouvrit la porte de verre et l’homme sortit à leur rencontre. Il était assez petit, vêtu d’un complet marron, avec de petites lunettes rondes. Daniel s’avança :
-          Professeur Delarge ?
-          Tout à fait, et vous êtes le Docteur Jarod je présume ?
-          C’est cela. Et voici Monsieur O’Neill, le Docteur Carter et le professeur Dickinson.
-          Monsieur Falène, le conservateur, vous prie de l’excuser de ne pas vous recevoir lui-même, il avait des obligations de longue date auxquelles il n’a pu se soustraire. Mais Madame Langford lui a parlé de vous en des termes tellement élogieux qu’il était navré de ne pouvoir vous rencontrer !
Les quatre membres de SG1 sourirent à l’évocation de leur vieille amie. Daniel enchaîna :
-          Nous vous remercions de l’exceptionnelle faveur que vous nous faites en nous permettant cette visite.
-          Pensez-vous ! Monsieur Falène est un grand ami de Catherine Langford, lui rendre ce petit service n’est rien, je vous assure. Mais je vous en prie, suivez-moi.
Ils descendirent l’escalier vers l’intérieur de la pyramide. Un silence quasi religieux régnait dans le gigantesque hall d’accueil, d’habitude rempli de touristes.  Les trois accès aux collections dominaient cet espace désert depuis le haut des galeries en mezzanines. Daniel était en grande conversation avec le professeur Delarge qui les précéda vers l’escalier qui menait à la galerie Sully où se trouvait la plupart des collections concernant l’Egypte ancienne. Sam, Teal’C et Jack suivaient un peu en arrière. La jeune femme demanda à son supérieur :
-          Vous n’êtes jamais venu au Louvre ?
-          Si, mais avant les travaux de rénovation et la construction de la pyramide. Je dois avouer que le résultat est surprenant et impressionnant.
-          Cette fascination pour ce qui a trait à L’Egypte ancienne me met toujours assez mal à l’aise, je réalise encore mal qu’elle ne symbolise pas la même chose pour moi que pour le commun des terriens, ajouta Teal’C.
-          Je vous rassure, Murray. Moi c’est tous les musées qui me mettent mal à l’aise, grogna Jack.
Il sourit à Sam qui rit doucement. Arrivé aux premières salles concernant l’Egypte ancienne, le professeur Delarge se retourna :
-          Nous y voilà. J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez. Je vous quitte, je suis attendu. Cela a été un plaisir. Baladez-vous aussi longtemps que vous souhaitez, le musée est à vous ! Quand vous aurez terminé, retournez à la Pyramide et demandez à un gardien de vous ouvrir, ils sont prévenus. Et transmettez mes meilleurs souvenirs à Madame Langford.
Ils le remercièrent à nouveau et le petit homme les laissa à l’entrée des salles. Les quatre amis s’avancèrent lentement dans le musée désert, mis à part les gardiens silencieux qu’ils croisaient de temps à autre. Teal’C observait avec étonnement tous les objets de l’ancienne Egypte qui reposaient tels des trésors derrière les parois translucides. Daniel n’avait nul besoin du plan et se repérait sans aucune difficulté dans les salles qu’il connaissait parfaitement. Il allait d’une vitrine à l’autre, notant ça et là des références. Sam et Jack suivaient, marchant doucement côte à côte. Sam surveillait son supérieur du coin de l’œil, et celui-ci observait attentivement les objets exposés, sourcils froncés. Elle sourit : elle savait qu’il aimait cela. Elle savait qu’il s’intéressait à tous ces objets, à toutes ces civilisations, même à ses explications scientifiques parfois… mais qu’il ne l’aurait jamais reconnu, surtout en présence de Daniel ! Jack O’Neill était curieux, intelligent et fin. Mais se faire passer pour un militaire borné était pour lui un plaisir, une facette de plus du personnage qu’il adorait jouer. Et du personnage qu’elle adorait, elle. Elle murmura, pour le plaisir de le voir bondir :
-          Vous savez, il n’y a pas de honte à demander quelques explications à Daniel…
Il se redressa vivement, comme elle l’avait prévu :
-          Vous plaisantez Carter ! Pour avoir droit à une conférence de deux heures sur chaque morceau de terre cuite ! Merci bien…
A la place d’une dizaine d’objets reposaient des cartons marqués « actuellement prêté à la Fondation Massertie ». Daniel nota les références, puis dit :
-          Bon, nous avons encore des salles à voir !
-          Pardon ? demanda Jack. Mais on a fait toute l’Egypte, là !
-          Oui, mais tous les objets empruntés ne sont pas des pièces égyptiennes. Il y en a aussi dans les collections grecques et mycéniennes.
Sam fronça les sourcils :
-          mycéniennes ? Mais pourquoi ?
-        
 
 
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