Maison de Retraite Militaire de l’Us Air Force, avril 2025
Chapitre 1 : Pour la postérité Jack, pour la postérité...........
Une jeune femme blonde la trentaine et dynamique montait d’un pas pressé le perron. Elle ouvrit la porte et se dirigea vers l’ascenseur. Dans le couloir, elle croisa une infirmière.
La jeune femme : Bonjour Julie
J : Bonjour, Mlle Summers. Il vous attend.
Summers : Appelez moi Beth, on commence à bien se connaître depuis deux mois que je viens trois fois par semaine.
J : Bien Beth. Il est assis dans son fauteuil "de Général", comme il aime le dire. Vos entrevues lui font du bien, me semble-t-il . Il semble avoir repris goût à la vie ces derniers temps, même si parfois………
B : Oui, quoi ?
J : Quelques fois après votre départ, il reste là des heures à fixer un point imaginaire, sans parler, ni même se rendre compte de ce qui l’entoure. Il doit être là bas avec son équipe, je suppose……Mercredi, je l’ai même vu pleurer. Cela était déroutant de voir cet homme si triste, lui qui préfère d’habitude martyriser les infirmières……..
B : Vous savez bien que c’est un jeu ! Reprenant son sérieux :Comment ça il a pleuré ?
J : Oui, je ne sais pas ce que vous vous êtes dit, mais cela a dû faire resurgir de douloureux souvenirs. Depuis, deux ans qu’il est parmi nous, c’est la première fois que je le vois dans cet état.
B : Nous avons simplement abordé un sujet qu’il refoule et pour lequel je n’arrive pas à le faire parler. Il va falloir pourtant que j' y arrive, car je dois finir mon livre. Je repars à New York dans deux jours. Mon éditeur m’attend.
J : Bon, je dois poursuivre ma tournée, je vous souhaite bonne chance et peut être à bientôt. Vous m’enverrez un exemplaire, j’espère ?
B : Bien sûr, bonne journée Julie.
Et elle se dirigea vers la chambre n° 302. Elle frappa deux coups et entendit une voix ferme lui répondre : Entrez !
Elle ouvrit la porte et entra. Il était là, face à la fenêtre.
B : Bonjour, Jack. Comment ça va ce matin ?
Sans se retourner : Ca va, puisque je suis encore en vie !
B : Vous êtes un dur à cuire, vous n’êtes pas près de nous quitter !
Elle crue entendre " Malheureusement ". Puis elle s’installa sur une chaise près de lui, elle sortit son magnétophone le posa sur une table en s’emparant d’ un stylo et d’un bloc notes.
B : Bon, vous êtes prêt pour notre dernière entrevue !
J : C’est déjà fini ! On a bien bossé, dites donc !
B : C’est grâce à vous et à votre phénoménale mémoire, Jack !
J : C’est bien la première fois qu’on me dit que j’ai de la mémoire. Daniel me disait toujours que celle-ci était un vrai gruyère ! C’était pour cette raison selon lui, que j’étais systématiquement en retard au briefing et que je ne retenais pas ce qui s’y disait.
B : C’est plutôt parce que cela ne vous intéressait pas, non ! Je commence à bien vous connaître !
J : C’est vrai, la seule chose vraiment intéressante durant les réunions, c’était que je pouvais tranquillement…..Il s’arrêta.
B : Oui, quoi ? Vous pouviez tranquillement quoi faire, Jack ?
Le vieux général hésita. Pourquoi, lui dirait-il ? Cela était son jardin secret.
B : Alors, j’attends !
Après tout ce dit-il, quelle importance……
J : Je pouvais l’observer tranquillement, sans avoir à surveiller les alentours, sans avoir les autres sur le dos pour nous espionner………Je pouvais admirer les contours de son visage angélique, voir la passion sur celui-ci quand elle s’enflammait pour une idée ou une remarque, remarquer son front se plisser quand quelque chose la contrariait…..Enfin bref, lors de ces réunions ELLE était le seul sujet de mes réflexions et de mon attention. De plus, je n’étais pas obligeais d’écouter les " très longs " exposés ennuyeux à souhait de Daniel. Après, Carter me faisait toujours un résumé des données essentielles. Alors, pourquoi perdre mon temps ? Je préférais la contempler ELLE, cela était tellement plus plaisant !
B : Plaisant ? A ce point ?
J : Pathétique, non ?
B : Pas du tout, vous l’aimiez………..
J : Et cela n'a pas suffit, je l’ai quand même trahie !
B : Quand Jack ? Ceci à un rapport avec votre mission sur PX 302 ? Continuez à me raconter ce que vous aviez commencé Mercredi.
J : Non, je ne veux pas ………
B : Il le faut ! Je dois terminer mon bouquin. Que s’est-il passé durant cette mission, pour vous pousser à démissionner et à quitter vos amis et Colorado Springs ?
J : Vous n’avez qu’a lire le rapport !
B : Ce qui m’intéresse n’est pas dedans ! Je préfère entendre votre version !
J : Elle est morte, et je n’ai rien fait pour la sauver !
B : Qu’elle soit décédée, cela je le sais ! Mais pourquoi cette peine et cette colère ? Je connais votre attachement pour elle, mais il y a autre chose……… Parlez-moi, Jack, vous vous sentirez mieux après, j’en suis sûre .
J : Je n’ai rien à vous dire !
B : Le livre de votre vie ne peut pas se terminer sur les notes d’un rapport officiel, dénué de sentiments et d’humanisme ! Votre histoire ne mérite pas cela, faites le pour Sam !
Jack se retourna alors furieux : Pour Sam ! Mais la seule chose que j’aurais dû faire pour elle, c’était d’être présent plutôt qu’en train de ……..Il s’arrêta dans sa colère, sentant qu’il allait trop en dire.
Beth se leva d’un coup : En train de faire, quoi ? Quel est ce secret qui est pour vous si douloureux ! Dites le moi, vous devez vous en libérer, il vous tue à petit feu depuis 20 ans !
J : Il aurait dû me tuer plus vite…….Si j’avais été plus courageux, j’aurais mis fin à ce calvaire depuis longtemps……Mais, je ne suis qu’un lâche ! Je n’ai pas eu plus de courage qu’après la mort de Charly…….
B : Comment pouvez vous penser cela de vous ! VOUS, qui avait sauvé la planète plusieurs fois, VOUS qui étiez un militaire hors pair et un commandant respecté de tous ! Vous êtes un homme d’exception, Jack O’Neill !
Jack hurlant : Non, je suis un salaud, je l’ai trahi et elle en est morte ! Son visage était défiguré par la colère, ses lèvres tremblaient…….Il se rassit, muet.
Beth attendit deux minutes, rien ne se passa. Elle devait pourtant faire aboutir cet entretien…….
Avec une voix douce, elle reprit : Général, parlez moi, je suis votre amie.
J : Mes seuls véritables amis, je les ai perdus avec Carter sur cette maudite planète !
B : Alors pour la postérité Jack, pour la postérité……Je vous jure de ne pas vous juger quoi que vous ayez fait…..
J : Et vos lecteurs ? Seront-ils aussi indulgents à mon égard ?
B : Ils le seront sûrement, et sans aucun doute plus que vous ne l'êtes avec vous même !
Jack après cinq minutes de réflexion : Ok, puisque vous y tenez et pour la postérité…..Je vais vous montrer qui je suis en réalité……Je vous aurais prévenue, cela ne va pas vous plaire……C'est la fin d'un mythe....……….