- Je vous écoute ma fille.
- …
- Ma fille ?
- Mon père, j’ai… J’ai besoin d’aide.
- Parlez, mon enfant, je suis là pour ça.
- C’est assez délicat, mon père.
- Laissez parler votre cœur. Tous ce que vous me direz restera entre vous, moi et le Seigneur.
- Mon cœur… C’est bien là le problème.
- Je vois… Une blessure de l’âme ?
- Mon âme… Je doute même d’en avoir encore une.
- Ma fille, pour que je vous aide, il faut me parler. Est-ce qu’un homme vous a fait souffrir… physiquement ?
Il n’était pas rare au prêtre de recevoir en confession des femmes de tout âge, déboussolées et paniquées après avoir été abusées par des hommes.
Elle soupira.
- Non, mon père. Ce… Elle hésita. Ce n’est pas un homme mon problème. Mais… hum… une femme.
- Oh…
- Oui, "Oh".
Le prêtre se reprit :
- Ma fille, je sais que l’église a un certain à priori vis à vis de l’homosexualité mais pour ma part…
Elle l’interrompit.
- Mon père, mon père ! Je ne suis pas… Oh, en fait, je n’en sais rien… C’est compliqué.
- J’ai le temps. Racontez-moi.
- Vous êtes bien tenu par le secret professionnel ?
- Le secret de la confession, oui. Ne vous en faites pas.
- Tant mieux, parce que ce je m’apprête à vous raconter est classé top-secret.
Le prêtre tiqua.
- Comment cela, ma fille ?
- Je travaille pour l’armée, mon père. Ici, à Cheyenne Mountain.
- Je comprends.
- Et j’espère que vous êtes aussi large d’esprit que vous le laissez apparaître.
Il ne répondit rien.
- Je suppose que malgré le fait que vous soyez prêtre, vous ne vivez pas totalement reclus et vous savez ce qu’il se passe dans cette montagne.
- Je me tiens informé, mon enfant. Ce que vous essayez de me dire c’est que vous travaillé avec des formes de vie extra-terrestre ?
- En fait, mon père… J’ai moi-même été un extra-terrestre…
- Pardon ?!
Il se reprit :
- Que dites-vous là, ma fille ?
- Il y a eu suffisamment de reportages là-dessus pour que vous sachiez ce qu’est un Goa’uld.
- J’ai, en effet, vu un grand nombre d’émissions parlant de ces… créatures. Des plus farfelues aux plus sérieuses.
Elle sourit.
- J’ai été, pendant presque cinq ans, sous le contrôle de l’un d’entre eux.
- Je… Je suppose que vous n’étiez pas volontaire ?
- Non, mon père. J’ai passé toutes ces dernières années comme marionnette du "dieu" Osiris.
- Osiris, la divinité égyptienne ?
- Lui-même.
Il y eut un silence.
- Mon père ?
- Pardon ma fille, je méditais sur ce que vous venez de me dire. Mais continuez.
- Osiris m’a fait faire et dire des choses vraiment horribles. J’ai… Il a tué, torturé et commis d’innombrables atrocités sous mon apparence. Et je l’ai vu faire sans pouvoir intervenir.
Sarah se tut pour reprendre son calme.
- Ma fille, je comprends votre détresse et je compatis, bien que je ne puisse imaginer ce que vous avez vécu. Mais, d’après votre propre parole, vous étiez comme prisonnière et donc ne pouvez être tenue responsable des actes de ce… cette chose. Peut-on condamner pour crime des prisonniers de guerre obligés de construire une voie de chemin de fer où circulait par la suite un train qui menait des innocents à la mort ?
- Mon père… Merci, mais… Le problème n’est pas là. J’ai déjà… plus ou moins, accepté le fait que ce n’est pas moi la responsable de tout cela, mais Osiris. Bien que je vivrai sans doute toute ma vie avec les cris de ses victimes en moi.
- Dans ce cas là, ma fille, que puis-je pour vous ?
Elle soupira.
- Osiris était un monstre…
- Oui ?
- Il faut comprendre une chose sur les Goa’uld. Sur leur forme de base, ils sont asexués. Ils n’ont de genre qu’une fois dans un hôte. Osiris avait toujours eu des hôtes masculins, c’est comme ça que l’histoire se souvient de lui. Et c’est comme cela qu’il se comportait, comme un homme.
- Mais… Et vous ?
- Je suis l’exception à la règle. Un hôte d’urgence dans une situation désespérée.
Silence.
- Un esprit homme dans un corps de femme ? Demanda le prêtre.
- En quelque sorte. Les Goa’uld sont persuadés qu’il n’y a pas de fusion mentale entre l’hôte et le parasite. Ils n’en démordent pas. Nous ne sommes que des marionnettes que, soit disant, ils contrôlent. Quelle foutaise !
- Ma fille ?
- Pardon, mon père.
- Ce n’est pas ça. Que voulez-vous dire par là ?
- Un jour…j’ai… Disons qu’à plusieurs occasions, Osiris a eu un comportement plus humain, allant jusqu'à épargner des vies. Probablement grâce à moi.
- Mais c’est une bonne chose.
- Oui, sans doute. Avoua Sarah sans grande conviction. Mais…
- Mais ?
- Il a… avec des femmes. Murmura-t-elle.
- Encore une fois, vous n’y étiez pour rien. Je peux comprendre le fait que vous vous sentiez… souillée…
- Vous ne comprenez pas mon père ! Ce n’est pas le passé le problème, c’est le présent !
- … ?
- Je l’ai influencé mais de son côté il m’a lui aussi influencée ! A présent, je regarde les femmes dans la rue ! Je me retourne sur elles ! Et je suis attirée par une femme… La fin de sa phrase avait été étouffée par les sanglots. Tout ça à cause de lui !
Le prêtre fit quelque chose de peu conventionnel. Il sortit de son confessionnal et alla s’asseoir près de Sarah.
- Pardon, je n’aurais pas dû vous crier dessus.
- Ce n’est rien. Quel est votre prénom ?
- Sarah.
- Ecoutez Sarah. Aimer une autre femme n’a rien de honteux. Bien que, je vous l’accorde, l’origine de votre attraction ne soit pas conventionnelle, vous n’êtes pas plus un monstre que les autres femmes et hommes dans votre cas.
- C’est fou ce que ça me rassure… Ironisa Sarah.
- Ecoutez votre cœur, ma fille. C’est mon seul conseil.
- Mais que vont dire mes amis, ma famille ?
- S’ils vous aiment vraiment, ils vous accepteront ainsi.
- A vous entendre, ce n’est pas bien compliqué.
- Pourquoi ça le serait ?
Silence.
- Merci, mon père.
- Je vous en prie. Allez en paix et que Dieu soit avec vous.
Sarah esquissa un sourire ironique :
- Dieu est mort, mon père. Nous l’avons tué.
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La pièce était en préfabriquée. Elle avait été aménagée en urgence juste à coté de celui d’Hammond à l’emplacement qui à l’origine servait à l’aide de camp du Général.
- Asseyez-vous, Major.
- Merci, madame. Mon Général.
Si Devi Bannerjee était assise dans le fauteuil en cuir du bureau, le Général Hammond était quant à lui dans un des deux fauteuils de visiteur. Natalia s’enfonça dans le second siège.
Depuis l’arrivée de Mme Bannerjee à la tête du SG-C, le Général Hammond était devenu le conseiller militaire de la base. Il aurait dû être, normalement, muté à un poste quelconque, bien loin de tout ce qui concernait la Porte des Etoiles mais la secrétaire adjointe avait demandé à ce qu’il reste, expliquant que son expérience du sujet pourrait lui être utile car elle débutait dans le métier. Bannerjee l’ignorait, mais elle avait ainsi évité de se mettre à dos les trois quarts du personnel de la base, pas vraiment heureux du changement.
- Alors ? Demanda Romanov.
- Le conseil de sécurité de l’O.N.U. va se réunir.
- Enfin, ce n’est pas trop tôt. Avoua la Russe. Au bout de presque un mois d’attente. Ils ne sont pas pressés. Excusez-moi, madame, mais leur avez-vous vraiment expliqué la situation ? Il y a quand même une force extra-terrestre qui fait passer les Goa’uld pour des enfants de cœur, qui menace la galaxie. Galaxie dont fait partie la Terre, je le rappelle.
- Major… Reprit à l’ordre Hammond.
- Pardon, madame, mais…
- Je suis consciente du danger, croyez-moi. Mais les membres du conseil de sécurité sont plus réticents.
- Réticents ?
- Comprenez, tout cela est trop éloigné pour eux. Limite de la science-fiction.
- Oui, bien sûr, ils trouveront tout cela très "science-fiction" quand les Bannis viendront désintégrer leurs…
- Major…
- Pardon, mon Général.
- Vous m’avez l’air très motivé, Major. Reprit Devi. J’espère que vous le serez autant devant le conseil de sécurité.
- Devant le… ? Pardon.
- Madame la secrétaire et moi-même sommes d’accord pour que ce soit vous ainsi que le reste de votre équipe qui présente le problème à l’O.N.U.
- Moi ? A… A New-York ? Aux… Nations Unies ? Devant les représentants de tous les pays ? Avec les caméras de télévision ?!
- Ce sera bien à New-York mais seulement avec les quinze membres du conseil de sécurité et en huis clos.
- Oh ! Je suis rassurée, c’est fou…
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- Capitaine O’Neill, quelqu’un veut vous voir. Appela un homme.
Rachel soupira :
- J’arrive.
Elle leva la tête de ses microprocesseurs et de ses fils puis descendit de son échafaudage. Elle vit la personne qui la demandait :
- Major Romanov ? Quel bon vent vous amène ici ?
- Vous, Capitaine. Ce sera tout, Sergent.
- A vos ordres.
Et le sous-officier qui l’avait accompagnée se retira laissant Romanov et O’Neill en tête-à-tête.
- Alors ? Questionna la fille O’Neill
- Où en es-tu avec cet engin ?
Natalia désigna le vaisseau nommé I.S.S. Excalibur que SG-1 avait récupéré, il y a un peu plus d’un mois. En fait de vaisseau, c’était plutôt ce qui en restait. Un nombre impressionnant de scientifiques y travaillait et l’avait, pour ainsi dire, éventré dans le but de découvrir tous ses secrets.
- Ça avance, ça avance.
- Tes copains et toi pourraient le remonter, j’espère ? D’ici peu, nous risquons d’en avoir besoin.
- Aie confiance, femme de peu de foi. Viens avec moi. Je voudrais te montrer quelque chose que nous avons découvert récemment.
Elles firent quelques pas.
- Docteur Markov ! Appela Rachel.
Une femme tourna la tête dans leur direction.
- Major Natalia Romanov voici le docteur Zetlana Markov (Voir 4.xx :Eau Trouble/Watergate.) . C’est elle la grande patronne ici. Expliqua le Capitaine.
- Major. J’ai beaucoup entendu parler de vous.
- Docteur. J’ai moi aussi entendu parler de vous. Encore une femme à la tête d’un projet. Après le docteur Gardner pour le département Histoire, Madame Bannerjee pour le SG-C et maintenant vous pour le département Scientifique…
- …Plus vous à la tête de la prestigieuse équipe SG-1.
- "Girl Power" ! Lança Ray en levant le poing
Les trois femmes se mirent à rire.
- Heureusement qu’il nous reste le Général Hammond pour les forces militaires. Nota Romanov.
- C’est une question de parité... Ironisa le docteur.
- Vous vouliez me montrer quelque chose, Capitaine ?
- Oui, Major. Nous pouvons faire un essai, docteur ?
- Je vous en prie, Capitaine.
- Par ici. Ray invita Nat à la suivre.
Elles firent quelque pas et se placèrent devant la fameuse console qui occupait tant Markov quelques minutes auparavant.
- Et maintenant ?
Natalia n’avait pas remarqué que les deux militaires s’étaient placés sur une sorte de rectangle métallique.
- Ça va vous plaire. Quand vous voulez, docteur… Pardon : « Energie Scotty ».
Et un rayon de lumière les fit disparaître.
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- Bonjour Major. Re-bonjour Capitaine.
- ‘jour Jonas. Lança Rachel à son équipier.
Natalia regardait tout autour d’elle.
- Téléportation ?
Avec un grand sourire et des yeux pétillants, elle acquiesça de plusieurs mouvements de la tête :
- Oui !
- J’aurais juré que c’était un système Asgard.
- Ça l’est. Confirma Jonas Quinn.
Natalia se gratta le menton visiblement contrariée :
- Et qu’est-ce qu’ils ont dit les Asgards là-dessus ?
- Ben, euh…
- Ne me dites pas que personne ne leur a dit ?
- Les "huiles" ont peur qu’ils veuillent reprendre tout ce qui est issu de leur technologie. Expliqua le Capitaine.
- Ce qui serait normal, vu que c’est à eux. Nota Jonas.
- Nous avons quand même essayé de les prévenir ! Se défendit Ray.
- Laissez-moi deviner : Ils n’ont pas répondu ?
- Exact.
- C’est vrai. Confirma Quinn. J’y étais.
- Et je suis sûre que personne n’est pressé de réitérer l’appel ?
- Euh…
- Donc, avant qu’ils soient mis au courant et qu’ils récupèrent leur bien, vous en profitez pour tirer le maximum d’informations de toute la technologie qui se trouve sur cet engin.
- Euh, oui… Avoua Rachel, penaude.
- N’avais-je pas dit qu’elle le prendrait mal ? Demanda le Kelownan.
- Ne trouvez-vous pas que c’est limite question morale ?
- C’est exactement ce que je leur ai dit. Expliqua Jonas.
- Merci de votre soutien, Jonas. Lança Rachel.
- De rien.
- Personnellement, je serais vous, je préparerais une explication pour…
Natalia ne put finir sa phrase. Elle disparut dans un flash de lumière.
- Que… ? Jonas, c’est vous qui… ?
- Mais non, ce n’est pas moi !
- Mais alors… ? Oh…
- Asgards ! Annoncèrent-ils tous les deux.
- Oups…
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- … les Asgards quand ils débarqueront.
Natalia regarda autour d’elle et vit la "baie vitrée" qui donnait sur une vue plongeante sur la Terre.
Le "petit gris" apparut à son tour.
- Salut, Thor. Finalement, vous avez dû recevoir notre message.
- Non.
- Non ?
- Non.
- Euh… Alors qu’est-ce que vous faites là ? Visite de courtoisie ?
- Non. Un de nos vaisseaux croisant dans le secteur a détecté de nombreuses signatures énergétiques propres à la technologie Asgard. J’ai été prévenu et me voilà.
- Justement. Notre message, c’était pour cela. Mais vous connaissant, vous avez déjà dû regarder en bas et devez savoir ce qu’il se passe.
- En partie seulement. Je sais que vous possédez un vaisseau ayant une technologie qui est supérieure à votre niveau d’évolution. Et qu’une partie de cette technologie est d’origine Asgard. Mais j’ignore comment vous l’avez eue.
- Et bien en fait, nous l’avons trouvé.
- Trouvée ?
L’Asgard pencha la tête sur le coté, incrédule.
- Si, si, si. Je vous assure. En gros, nous nous sommes écrasés sur une planète après une rencontre fracassante avec un vaisseau Bannis. Sur cette planète, nous avons trouvé l’Excalibur, c’est le nom de l’appareil. Grâce à lui, nous avons mis une raclée aux Bannis et puis nous sommes rentrés à la maison. Ah oui ! L’engin, il est Terrien, mais il vient d’un futur et d’une dimension parallèle. Ne me demandez pas comment, je n’en sais rien, vous savez, l’espace-temps et moi… Faudrait demander à O’Neill et Quinn pour ça.
- …
- Enfin, bref, nous avons donc un engin futuriste et hybride qui contient entre autre de la technologie Asgard. Nous voulions vous rencontrer pour vous mettre au courant et savoir si vous voulez récupérer tout ça ou si vous seriez d’accord pour nous la laisser… Un certain temps du moins.
- C’est un récit des plus inhabituels. Même pour moi.
- Je tiens à préciser que la technologie de ce vaisseau a sans doute été volée ou récupérée par conquête.
- … ?
- Il semble que nos homologues futuristes et outre-dimensionnels soient quelque peu belliqueux et moins enclins aux scrupules que nous. Avoua Natalia, visiblement très gênée.
- Une telle décision ne dépend pas de moi. Je vais en informer le Haut-Conseil Asgard.
- Bien, bien. Informez donc… Attendez ! Attendez avant de me renvoyer !
- Oui ?
- Vous faites quoi dans trois jours ?
- … ?
- Je risque d’avoir besoins de vous.
- Pour quoi faire ?
- Pour m’aider à convaincre les dirigeants de mon monde de l’importance de la menace des Bannis.
Thor inclina la tête en signe d’approbation.
- Je serais présent.
- Vrai ?
- Oui, pour être franc, nous comptons sur l’humanité pour faire face aux Bannis.
- Euh… Vous m’inquiétez, car nous, nous comptions sur vous.
- Comprenez bien une chose Major, le peuple Asgard n’est pas un peuple de soldats ou de guerriers. Nous avons bien une flotte de défense mais elle est insuffisante pour contrer la race des Anciens Bannis, qui eux ne vivent que pour combattre.
- Il faut donc un peuple capable de se battre avec autant de motivation qu’eux.
- Plus même.
- Vous comptez sur notre humanité et notre instinct de survie ?
- Ainsi que sur la fabuleuse capacité d’adaptation de votre race.
- Mais seuls, nous ne ferons rien. Que peut faire un monde contre toute une galaxie d’envahisseurs ?
Thor ne répondit pas.
- Oh ! Bien sûr... Elle secoua la tête. Nous ne sommes pas seuls. Seth l'a dit à Rachel : Nous devons unir la galaxie. (Soupir) Je vais avoir plus de travail que prévu à New-York. Je vais vraiment avoir besoin de vous.
- Comme vous le dites sur Terre : Nous allons devoir faire équipe.
Elle sourit.
---------------------
Natalia réapparut devant le vaisseau Excalibur.
Plusieurs personne dont Jonas et Rachel vinrent en courant vers la Russe.
- Major, tout va bien ?
- Ça va, Jonas, ça va.
- Je m’attendais presque à ce que tout disparaisse.
Rachel désigna le vaisseau :
- T’as arrangé le coup ?
- Euh, non. Enfin oui, Presque, quoi.
- Euh… oui. Hum ! Et qu’est-ce qu’il a dit au juste Thor ? Si c’était bien lui.
- Oui, oui, c’était bien lui, Capitaine. Nous avons discuté et pris rendez-vous dans trois jours.
- Trois jours ? Pourquoi dans trois jours ?
- Ce qui me ramène au but premier de ma visite ici.