- C’est bon, tu n’es pas trop fatiguée ?
- Un peu Papa.
- Alors on va s’asseoir.
Jack prît la main de sa fille Emma et la dirigea vers un banc à proximité. Ils s’affalèrent déçus en soupirant. Ils venaient de faire le tour complet du parc et ça les avait bien fatigués. En silence, ils partagèrent une passion que Jack avait communiquée à sa fille, observer les gens qui passent, tenter de deviner leurs vies par leurs attitudes.
- Oh regarde Papa, il est vieux ce monsieur ! s’étonna l’enfant
Jack éclata de rire, quand il vit l’homme que désignait sa fille, il avait à peu près son âge.
- Je sais ma chérie, mais lui et moi avons peut-être vécu notre enfance dans la plus belle période qui soit.
- Ah bon ? s’intéressa Emma.
- Oui, on pouvait jouer dehors, sans problème, enfin c’était le bon temps, soupira t’il… un jour tu connaîtras peut-être ça.
- J’espère Papa.
- Moi aussi mon cœur, moi aussi. Dit-il, avec une pointe de nostalgie en serrant plus fort la main de sa fille.
Après quelques instants de silence, Jack attrapa le sac à dos d’Emma et sortit un sachet.
- Et si on donnait à manger aux pigeons ?
Enthousiasmé par cette idée, la plus jeune des O’Neill arracha le sac qui contenait le pain des mains de son père et jeta toutes les miettes autour d’elle et même un peu sur le militaire à la retraite en riant. Lorsque les pigeons s’approchèrent d’eux, ils se levèrent et firent semblant de leur donner des coups de pieds.
Emma riait. Cette enfant était la joie de vivre personnifiée. Son rire résonnait dans tout le parc, et cela rendait Jack heureux. La naissance d’Emma avait effacé toutes les souffrances qu’il avait pu avoir, et même si Charlie restait au fond de son cœur, grâce à Emma et sa joie de vivre, il pouvait repenser à son fils sans que la douleur soit réveillée.
Emma rata un mouvement et se retrouva sur les fesses, toujours en riant. Elle attrapa la cheville de son père. Jack se laissa tomber à côté de sa fille et la prit dans ses bras.
- Dis Papa, t’étais comment petit ?
- Oulà ! Je faisais plein de bêtises, mais surtout, je mangeais plein de bonbons, on les piquait chez le marchand, mes copains et moi, continua t’il avec nostalgie, oubliant un peu que c’était à sa fille qu’il parlait, même si les caramels n’étaient qu’à 15 cents. Mais les meilleurs, c’était les mistrals gagnants.
La petite fille se releva et regarda son père, le sourcil levé, comme son oncle Teal’c.
- Tu sais, c’est pas bien de voler Papa. !
Devant le sérieux de la petite fille, Jack ne put que réprimer un éclat de rire.
Sentant quelques gouttes tomber sur eux, Jack se releva et tendit la main pour aider Emma à en faire de même.
- Il pleut, on rentre. Dit-il avec un peu d’autorité sachant que sinon la petite n’écouterait pas.
Emma prit la main de Jack avec une moue. Jack la regarda avec un sourire
- Tu sais mon cœur, sur Terre, c’est pas étonnant qu’il pleuve, c’est ainsi, et au moins on peut avoir de l’eau partout, et y’a des arbres, et des fleurs.
- Et de l’eau pour les poissons de notre lac !Emma douta un peu des paroles de son père. Elle ne connaissait sa mère que douce et travaillant dans le labo de la base, elle ne l’avait jamais vu se battre, ni même entendue crier, sauf quand elle faisait un bêtise, mais ça s’était normal.
- Tiens, on va la faire un peu râler ta mère, j’adore quand elle en colère.
Sur ces mots, Jack entama une course, entraînant sa fille et tout deux sautèrent à pieds joints dans une flaque, et ainsi, ils avancèrent en sautant de flaque d’eau en flaque d’eau.
- Papa, stop. Réclama Emma, complètement essoufflée, plus par les rires que par les sauts.
- OK…
Jack aussi était essoufflé d’avoir trop rit. Il regarda les bottines de sa fille, et ses baskets.
- Je crois que demain, on va devoir faire un tour dans les magasins de chaussures.
- Ouais, Maman elle va vraiment râler, on a cassé nos chaussures.
Cette réflexion n’empêcha pas la petite de rire de plus belle. Et Jack la rejoignit. La pluie s’intensifiant, Il la souleva et la prit dans ses bras, et couru jusqu'à l’abri de bus le plus proche. Un peu étonné, la fillette s’arrêta un instant, puis s’esclaffa à nouveau lorsque son père s’amusa à slalomer entre les arbres qui ornaient le trottoir.
Assis sous le petit abri de verre, attendant que la pluie passe, Emma regarda son papa et lui fît les yeux de cocker battu.
- Papa, je peux avoir un bonbon ?
- Chérie, il est déjà 6 heures !
- S’il te plait, fît-elle en accentuant sa moue.
Jack soupira et sortit un paquet de crocodile menthe de sa poche et lui donna en soupirant.
- Merci Papa.
- Je sais pas comment tu peux avaler ces cochonneries. A mon époque, c’était meilleur, les carambars, avec leurs blagues, les roudoudous.
- Y’a encore des Roudoudous Papa.
- Non, moi je te parle des vrais roudoudous, ceux qu’on mangeait et qui nous coupaient la lèvre, et qui nous envoyaient vite fait chez le dentiste… Sans parler des mistrals gagnants... ajouta t’il, avec un air rêveur.
La pluie s’intensifia encore, et le peu de soleil qui restait, disparu derrière de nouveaux nuages gris qui arrivaient.
- En ce temps là, continua Jack, tu ne peux pas savoir combien on était heureux, il n’y avait pas de problèmes comme aujourd’hui.
- Y’avait pas de Orii et de Goa ?
- Non, on était tranquilles dans notre petit coin de galaxie… mais c’est fini tout ça.
- Pourtant, le copain de Papy Georges il m’a dit que c’était de notre faute si la Terre elle était plus tranquille.
- Non mon cœur, il a tort. Les méchants dans l’histoire, c’est pas nous, ils seraient venus quand même… peut-être un peu plus tard, mais ils seraient venus.
- Le copain de Papy Georges, il m’a dit aussi que tu étais fou, et que c’était idiot de te laisser le commandement de la base. Que tu étais un fou. Dis c’est pas vrai, t’es pas fou hein ?
- N’écoute pas ce que peux te dire Kinsey. Et surtout c’est pas un ami du Général Hammond.
- Mais dit t’es pas fou ? s’inquiéta la petite fille.
- Dis toi une chose ma chérie, si moi je suis barge, ce n’est que de tes yeux.
- Pourquoi ? sourit, enfin, l’enfant.
- Parce qu’ils ont l’avantage d’être deux.
Cette blague fît rire Emma. Ce qui étira un sourire sur les lèvres de Jack.
- Dis Papa, Pourquoi tu souris ?
- Parce que j’aime entendre ton rire, mon cœur, qui s’envole aussi haut, que s’envolent les cris des oiseaux.
- Pff, t’es bête ! décréta Emma.
La pluie s’était calmée, Emma sauta du banc pour rentrer et tira son père pour qu’il se lève aussi. Jack suivit le mouvement, et lentement ils rentrèrent chez eux. Emma trouva son père bien penseur sur le chemin du retour. Rentrés chez eux. Jack changea Emma, qui était trempée.
- Dis Papa, à quoi tu penses ?
- Tu veux me promettre une chose ?
Devant le soudain sérieux de Jack, la fillette acquiesça, attentive à ce que disait son père.
- je veux que tu me promettes de toujours vouloir vivre, de toujours aimer ta vie et l’aimer même si…
Jack ne comptait pas poursuivre, mais c’était sans compter la curiosité de sa fille.
- Même si quoi Papa ?
Le regard de Jack se porta sur une photo de Charlie.
- Même si le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants… et les mistrals gagnants.
Même si Emma ne comprit pas ce que voulait dire son père, elle sentit, du haut de ses 6 ans, que c’était important pour lui, alors elle promit. Elle enroula ses bras autours du cou de son papa et lui fît un bisous sur la joue.
FIN
N’oubliez pas les reviews…. gmainou@caramail.com