15, 16, 17… elle arrêta là, de compter les entailles présentes sur son bureau. Tiens, il y en avait une toute petite là… 17.5.
Soupirant bruyamment en fermant les yeux, elle eut beaucoup de peine à avaler sa salive. Son activité mathématique n'avait bien sur qu'accaparer une petite partie de son esprit et les évènements de ces derniers jours lui revinrent d'un coup en mémoire. Petit à petit ses yeux s'embuèrent…
"Aller, du calme Sam, inspire, expire, …". Elle avait versé assez de larmes comme cela. Mais ces derniers jours étaient particulièrement éprouvants. Tout d'abord, la disparition de Daniel, probablement mort par les soins de son propre double réplicateur. Puis la mort subite de son père. Ajouter le fait que la lutte qu'elle menait en secret depuis 8 ans semblait enfin arriver à son terme, et qu'elle allait enfin se marier dans un peu moins d'un mois, vous obtenez une Samantha Carter plus proche d'un amas d'émotion qu'autre chose.
"Tu peux encore avoir tout ce que tu veux". Cette phrase ne cessait de passer en boucle dans son esprit torturé. Les dernières volontés de son père en somme…
Bon sang, il n'aurait pas pu lui dire quelque chose comme "Tu as fait le bon choix j'en suis sûr, il saura te rendre heureuse, adieu…" ou quelque chose dans le style non ? Pas un "Ne laisse pas un règlement t'empêcher d'être heureuse…". Message reçu papa! Encore maintenant, elle tentait de se dire que son père avait tort, que tout ce qu'elle souhaitait c'était se marier avec Pete et vivre heureuse à ses côtés. Un travail de tous les jours depuis plusieurs mois maintenant, ébranlé par les quelques mots qu'avait prononcés son père avant de mourir…
"Ok, aux grands maux les grands remèdes! " Que voulait-elle le plus au monde en cet instant, se demanda-t-elle en inspirant profondément et en fermant les yeux ? Aussitôt un regard brun et profond lui apparut… secouant la tête, elle eu bien du mal à le faire disparaître.
… et fut totalement incapable d'y superposer celui de son fiancé…
Test débile.
C'était le même résultat à chaque fois... !
Alors pourquoi tenter de nier à chaque fois ce que son cœur semblait lui crier. Ce que son père avait si justement deviné.
Un nouveau soupir, tremblant cette fois, passa le barrage de ses lèvres. Elle était à bout, elle en avait assez de lutter contre elle-même. N'était-ce pas complètement ridicule? Voila, elle savait ce qu'elle voulait, ce qu'elle voulait c'était…
"Lui"… son regard venait de plonger dans les yeux soucieux de son supérieur. Jack O'Neill.
Depuis combien de temps était-il là ? Aucune idée. Il avait du la surprendre les yeux dans le vague, le coude sur la table, son menton au creux de sa paume. Super…
- Mon général ? Sursauta-t-elle, surprise de le voir à une heure si avancée. Il était minuit passé!
- Carter… ça va…?
- Oui oui, répondit-elle précipitamment en se redressant et jeta un coup d'œil sur son bureau, sur quoi était-elle sensée travailler avant de s'atteler à la tâche du décompte des rayures sur son bureau de labo ?
- Vous êtes sure ? demanda-t-il peu dupe.
Soupirant, elle consentit enfin à relever la tête et observa avec attention le visage de son supérieur. Il semblait sincèrement inquiet. Elle lui fit un mince sourire.
- Mieux je vous assure.
Il sembla se détendre un peu. Elle continua de l'observer, ses yeux semblaient incapables de se détacher de ses traits durs et virils. Déglutissant avec peine, elle rencontra de nouveau son regard. Il semblait pour l'heure indéchiffrable. S'approchant doucement du bureau, à présent plus proche de la jeune femme, jack passa machinalement une main sur sa nuque. Hypnotisé par ce mouvement si familier, elle retint de justesse un gémissement. Oui, c'était lui qu'elle voulait. Personne d'autre, songea-t-elle, limite désoeuvrée.
- A quoi pensez-vous ? Murmura-t-il doucement, revêtant ainsi leur conversation d'une connotation étrangement intime.
- A ce que je veux… répondit-elle machinalement.
Elle se figea aussitôt. Mais pourquoi ses mots avaient-ils franchi ses lèvres? Peut-être sa manie à répondre à ses ordres par automatisme. Eh ben elle était dans de beaux draps maintenant, il allait certainement chercher à comprendre...
Et ça ne manqua pas.
- Et que voulez-vous ? demanda-t-il la regardant avec curiosité et douceur mêlés.
Voila. La question était posée. Encore.
Test débile.
Cette fois cependant, elle se retint de lui répondre "vous". Quelque chose lui disait que c'était peut être un peu trop direct. Elle se surprit à penser que ce qui l'effrayait le plus à cet instant était qu'il ne fuit une fois de plus cette discution. LA discussion. Redressant la tête, elle observa avec attention les traits agités de son supérieur. Il semblait comme elle, se livrait une sorte de combat intérieur.
- A quoi bon, je ne peux avoir que ce qui est à ma porté.
- Vous pouvez encore avoir tout ce que vous voulez Carter… répondit-il, répétant sans le vouloir les dernières paroles de Jacob.
Il avait certainement lancé cette phrase sans réellement se rendre compte de sa signification ou alors elle n'avait pas de signification particulière à ses yeux.
- Je ne sais pas, répondit-elle finalement, cherchant à présent ses mots avec soin avant de s'adresser à lui…
Il finit par lui sourire doucement… tendrement ?
- Vous savez ce que l'on dit… Il suffit de souhaiter suffisamment fort quelque chose pour l'obtenir!... Vous qui analyser toujours toutes choses, peut être devriez-vous cesser de tant vous torturer et vous laisser parfois un peu aller…
Avait-il seulement conscience de ce qu'il lui proposait à l'instant ? Que se disait-elle déjà avant qu'il n'arrive? Ah oui "Aux grands mots, les grands remèdes!"
Fébrile, et avant même de se rendre compte de ce qu'elle était en train de faire, elle se leva et contourna rapidement son bureau. Jack cessa aussitôt de respirer en voyant son second l'approcher avec un regard décidé, une lueur nouvelle au fond de ses yeux bleus. Mais il ne songea pourtant pas un seul instant à bouger. Alors, prenant doucement le visage du général entre ses mains, elle approcha doucement ses lèvres des siennes et les effleura tendrement. Leurs cœurs firent aussitôt un bond énorme dans leur poitrine. C'était doux, presque timide. Elle quitta quelque seconde sa bouche, le temps pour Jack de demander d'une voix hachée :
- Qu'est ce que vous faites ? souffla-t-il, troublé.
- Ce que je veux, répondit-elle contre ses lèvres avant de les prendre avec cette fois un peu plus de force. Elle n'osa cependant aller plus loin, repoussant le plus possible le moment où elle devra réaliser ce qu'elle était en train de faire. C'est-à-dire embrasser son supérieur.
- Carter… on n'a pas le droit… fit-il alors qu'elle quittait de nouveaux ses lèvres
- Je sais… mais elle ne s'arrêta pas pour autant, s'en sentant pour l'heure totalement incapable.
Cette réponse sembla pourtant tout à fait convenir à Jack. Incapable de réfléchir plus en avant, plus rien ne semblait compter pour lui que la douceur des lèvres de Sam sur les siennes. De SES lèvres sur les siennes. Alors n'y tenant plus, il répondit enfin à son baiser avec fièvre. Deux mains vinrent naturellement saisir la taille de la jeune femme afin de le coller un peu plus à son corps. Ne se faisant pas prier, elle enroula fermement ses bras graciles autour de son coup et enfuit une de ses mains dans ses cheveux poivre et sel. Ils gémirent à l'unisson quand ils approfondirent enfin ce baiser. Celui-ci devint alors dévorant, craignant presque tout les deux que ce contact ne soit rompu. Jack finit par les faire pivoter et pousser prestement la jeune femme contre le bureau, tout en fouillant sa bouche avec impatience et sensualité, les rendant tous les 2 haletants. Lorsque Sam heurta le meuble, son corps se coula un peu plus encore au corps robuste et chaud de son supérieur, ses reins contre les siens, ravivant encore plus le feu qui les consumait. Une multitude d'émotions les saisit alors, et ils eurent l'impression enivrante de perdre pied. Enfin. Ils ne contrôlaient plus rien. Tout ce qui n'était pas l'autre leur sembla pour l'heure dérisoire et ils ne semblaient pas se préoccuper que quelqu'un puisse les trouver ainsi enlacés.
"bip bip bip…"
Grognant leur mécontentement ils finirent cependant par mettre fin à ce… baiser, alors qu'un bruit strident et répétitif provenant du laboratoire, ne semblait pas vouloir cesser. D'un même mouvement ils regardèrent une machine bipper furieusement.
- L'expérience est terminée… répondit Sam à sa question muette, semblant totalement ailleurs. Et pour cause, 2 cuises puissantes enserrer toujours l'une de ces jambes, elle avait toujours ses bras entourant la nuque de son supérieur et leurs lèvres étaient encore humides de leur récent échange…
Semblant reprendre ses esprits, Jack laissa ses mains glisser le long du dos de Sam et s'écarta doucement de la jeune femme, toujours accolée au bureau. Posant sagement une main de chaque côté du corps de son second, il ne put immédiatement se résigner à la quitter complètement. Aussi, serrant la mâchoire et fermant les yeux dans une dernière tentative de recouvrir tout son sang froid, il baissa la tête se retrouvant à quelque centimètre de l'épaule de Sam, sa joue touchant presque la sienne.
La jeune femme n'en menait elle-même pas large. Sans pouvoir esquisser le moindre geste, elle réalisait avec difficulté ce qu'il venait de se passer… et à son initiative en plus!!
Le bruit répétitif cessa enfin et jack se remis doucement à une distance raisonnable du corps au combien désirable à cet instant, de son second. Voila, il perdait l'esprit… enfin ILS perdaient l'esprit, serait plus juste, se dit-il en redressant enfin la tête et rencontrant le regard encore troublée de la jeune femme.
Toujours immobile, Sam regarda son supérieur. Il semblait faire de grands efforts pour éviter de lui sauter à nouveau dessus, réalisa-t-elle alors qu'un frisson parcourut délicieusement son échine à cette idée. La tension était palpable et un geste de l'un ou de l'autre risquait de les embraser aussitôt.
C'est ce qu'en déduit également Jack car d'une voix légèrement rauque, il grommela plus qu'il ne dit :
- Je… je vous laisse…
Sam semblait en mode "pause" depuis que les mains de son supérieur avaient déserté son corps. Et elle ne put que le ragarder quitter la pièce. Plus tard, elle sait qu'elle se traitera sans aucun doute de folle, qu'elle se sermonnera en se disant que jamais elle n'aurait du ainsi se laisser aller. Mais pour l'heure, tout ce dont elle était capable, était de songer à ce baiser pour le moins inoubliable. Jamais jusqu'alors on ne l'avait embrassée de cette façon. Jamais.