Citations du moment :
Pourquoi "Abréviation" est-il un mot si long ?
Imagine

Magie enfantine 2 : Chapitre 2

 

Rodney se réveilla en gémissant. Un mal de crâne épouvantable lui vrillait les tempes, l’obligeant à tenir sa tête entre ses mains. Il se massa légèrement le temps de laisser la douleur s’atténuer, puis il se redressa difficilement. Ce qu’il vit alors autour de lui le tétanisa sur place.

 

Le paysage de désolation qui s’offrait à lui ne ressemblait en rien à ce qu’il avait vu plus tôt en débarquant sur la planète. A la place du village abandonné se trouvait désormais un cratère béant et fumant. Et les souvenirs rejaillirent alors dans un flot incessant.

 

L’équipe, une fois la porte franchie, s’était dirigée vers le village d’où émanaient les flux d’énergie attestant la présence de ZPM. Bien que la planète était déserte, chacun restait sur ses gardes. Mais une humeur bon enfant se faisait sentir entre les quatre compagnons. Rodney se montrait particulièrement excité au fur et à mesure qu’ils approchaient des ZPM. Les plaisanteries allaient bon train. Et c’est alors que l’enfer s’était abattu sur l’équipe. Ils venaient d’arriver aux ruines de l’ancien village. Sans savoir comment, ni pourquoi, ils subirent des tirs ennemis d’une incroyables vitalité. Réagissant au quart de tour, John agrippa Rodney par le col et le mit à l’abri. Ronon et Teyla s’étaient également abrités un peu plus loin. La surprise et l’incompréhension se reflétaient dans leurs regards, et tous se mirent à dévisager Rodney.

 

John : McKay ! Je croyais qu’il ne devait y avoir personne sur cette planète !

Rodney : Je ne comprends pas ! Tous les relevés confirmaient l’absence de vie sur cette planète. C’est impossible !

John : Ouais, ben apparemment, vous avez oublié un petit détail en route. Parce qu’on n’est pas seuls sur cette planète !

Rodney : C’est impossible !!!!

 

Il n’arrivait pas à comprendre comment il avait pu passer à côté de ça. Complètement abasourdi, il évita un tir de justesse grâce à John qui le bouscula.

 

John : McKay ! C’est pas le moment de dormir ! Attrapez-moi ces ZPM et foncez à la Porte.

Rodney : Mais….

John : Pas le temps de discuter Rodney !

 

Résigné, Rodney commença a partir à reculons, couvert par ses amis. L’ennemi étant difficile à cerner, tous trois ripostaient dans la direction des tirs, mais ils avaient l’impression de tirer dans le vent.

 

Alors que Rodney s’éloignait en direction de la source d’énergie indiquant les ZPM, une explosion le fit se retourner.

 

Rodney : NOOOOOOONNNN

 

Soufflé par la force de l’explosion, il fut projeté plusieurs mètres en arrière et s’évanoui sous la force du choc. Et le vacarme des armes fit place à un silence de mort.

 

Il dévisageait maintenant ce qui restait de l’endroit où se trouvaient plus tôt ses amis. Il n’en restait qu’un amas de cendres. Il avait rarement connu une attaque d’une telle violence et aussi soudaine. Ils n’avaient rien pu faire. Et maintenant, il se retrouvait seul sur cette planète maudite.

 

Dans un sursaut, il reprit ses esprits et cria après ses amis d’une voix désespéré. Envahi par un fol espoir qu’ils auraient pu malgré tout s’en sortir, Rodney se précipita à la recherche de ses compagnons. Durant plusieurs minutes qui lui parurent des heures, il chercha, il héla à s’en faire perdre la voix. Ce n’est que lorsqu’il trouva les plaques militaires de John qui brillaient dans les cendres qu’il réalisa que cette fois, tout était fini.

 

Sans savoir comment, il se retrouva devant la Porte des Etoiles en train de composer les coordonnées d’Atlantis. Serrant fortement dans sa main les plaques de celui qui fut son meilleur ami, il composa le code avant de s’élancer dans le vortex sans un regard en arrière.

 

 

 

La mise en route de la porte annonçant l’arrivée d’un voyageur fit précipiter Elizabeth hors de son bureau, dans un état fébrile.

 

Elizabeth : Avons-nous un code d’identification ?

Samuels : Oui. C’est celui du Docteur McKay.

 

Elizabeth donna l’ordre de baisser le bouclier. Elle descendit à la rencontre de l’équipe. Caldwell et Lorne arrivèrent à leur tour. Ils attendaient tous le retour de l’équipe. Cela faisait 28 heures qu’ils n’avaient donnés aucun signe de vie.

 

La masse bleue était face à eux et l’équipe mettait du temps à arriver. Elizabeth espérait qu’aucun d’eux n’était blessé. C’est à ce moment, que Rodney passa la porte. Il ralentit lorsqu’il vit Elizabeth face à lui.

 

La porte se referma. Elizabeth sentit la peur s’emparer d’elle. Elle s’approcha du scientifique.

 

Elizabeth : Rodney, où sont les autres ?

 

Rodney resta silencieux à fixer la femme qui se tenait devant lui. Il ne savait pas quoi dire… ni comment le dire. Il avait toujours su que leurs missions étaient dangereuses, qu’ils prenaient énormément de risques. Mais cette fois-ci, ça devait être différent. Cela aurait dû être différent. Jamais il ne s’était préparé à cela. Personne ne pouvait être prêt pour ça.

 

Elizabeth se rapprocha de Rodney.

 

Elizabeth : Rodney ?!!

Rodney : Je…

 

Il baissa un instant les yeux. Soutenir le regard des personnes en face de lui était au dessus de ses forces.

 

Caldwell : Dr McKay !!

 

Il leva les yeux.

 

Rodney : On n’a rien vu arriver… Ils nous sont tombés dessus sans prévenir… On n’a rien pu faire.

 

Tout le monde avait peur d’entendre la suite et le visage de Rodney n’avait rien de rassurant. Il semblait tétanisé, en état de choc.

 

Elizabeth commençait à avoir le souffle qui lui manquait… son rythme cardiaque s’accélérait. Non, c’était impossible. Pas encore.

 

Rodney : Le Colonel Sheppard m’a ordonné d’aller récupérer les ZPM… et c’est là…

 

Il reprit sa respiration et essaya d’aller jusqu’au bout.

 

Rodney : C’est là qu’il y a eu cette explosion….

 

Beckett arriva avec son équipe médicale. Lorsqu’il ne vit que Rodney, il s’arrêta. L’atmosphère était lourde à cet instant.

 

Rodney : C’était impossible d’y échapper !

Lorne : Etes-vous sûr que le Colonel Sheppard et son équipe ont péris dans cette explosion ?

 

Rodney resta silencieux. Il les tenait toujours dans sa main. Il baissa les yeux et regarda sa main. Il l’ouvrit pour montrer ce qu’il tenait à l’intérieur. Les plaques militaires firent leur apparition.

 

Rodney : Ils n’ont pas survécu…

 

Tout s’arrêta. Plus aucun bruit, plus aucun mouvement…. Elizabeth fixait un point invisible devant elle. Les derniers mots prononcés résonnèrent encore.

 

Rodney : Ils n’ont pas survécu…

 

Rodney répéta ces mots comme pour essayer d’y croire lui aussi. Tout le monde était sous le choc. Elizabeth n’avait pas bougé, ni dit un mot. Elle restait immobile avec un regard vide.

 

Jamais elle n’aurait pu un jour imaginer pouvoir être aussi vide et avoir aussi mal. Cette douleur en elle prenait le dessus, s’emparait d’elle et elle n’avait aucune envie de la combattre. Non elle n’en avait pas la force. Sa vie venait de la quitter avec lui.

 

Aucun mot ne pourrait sortir de sa bouche et les larmes se refusaient à couler. Elle se retourna en laissant les personnes près d’elle. Elle marchait, montait les escaliers mais son corps avait perdu la vie qui l’animait.

 

Beckett était encore sous le choc de la nouvelle. Il leva les yeux et regarda Rodney comme pour attendre une solution miracle. Mais pour une fois, le scientifique resta silencieux. Il venait de perdre ses amis… sa famille alors que lui avait survécu. Comment allait-il pouvoir vivre avec ça ?

 

Rodney : Personne… Il ne devait y avoir personne…

 

Caldwell regarda Elizabeth s’éloigner. Il n’arrivait pas non plus à réaliser ce qu’il venait de se produire. Ils venaient de perdre, il devait l’admettre, la meilleure équipe de cette expédition et la perte d’un militaire comme le lieutenant colonel Sheppard était inestimable.

 

Lorne avait tout de suite voulu retourner là-bas…mais il avait vu Rodney et son regard et il avait comprit qu’il était trop tard. Qu’ils ne pourraient plus rien faire. Ils auraient voulu récupérer les corps mais Rodney, toujours dans un état second, lui avait montré les plaques militaires de John, avant de quitter la salle d’embarquement.

 

Elizabeth avait traversé la salle de contrôle sans un regard pour quiconque. Ses yeux étaient vides. Chacun pouvait à peu près imaginer sa peine. Ils les avaient vu se chercher, s’affronter, se rapprocher, s’aimer… et aujourd’hui… être séparés.

 

Lorsqu’elle entra dans son bureau, son regard s’arrêta sur la boule… Celle qui lui avait offerte il y a de ça quelques jours. C’était la seule chose qu’elle voyait dans la pièce comme si tout le reste avait disparu. Elle la quitta des yeux comme si cela allait faire disparaître sa douleur.

 

Elle avança jusqu’au mur en face d’elle, posa le front contre celui-ci et ferma les yeux. Elle posa ses deux mains contre la face froide et dure.

 

Les larmes qui avaient refusées de couler tout à l’heure, firent leur apparition… et elle savait qu’il n’y aurait aucun moyen d’arrêter ça. Sa douleur devenait de plus en plus forte et les larmes ne demandaient qu’à sortir… à essayer d’évacuer toute cette peine, cette tristesse….

 

Elle se laissa glisser contre le mur et se retrouva adossée contre celui-ci et assise par terre. Son corps ne la soutenait plus. Il n’en avait plus la force, ni l’envie. Elle ferma les yeux en laissant les larmes couler et les sanglots sortirent.

 

En plus de son désespoir, une sourde colère s’empara d’elle. Une colère contre la vie qui lui avait prit la seule personne qui comptait plus que tout pour elle. Pourquoi fallait-il que cela recommence ? Elle avait pourtant voulu éviter ça. De s’attacher pour tout perdre à nouveau. Son père et maintenant John.

 

Elle réalisa alors que cette fois, il ne tiendrait pas sa promesse.

 

 

 

Etoile des neige, sèche tes beaux yeux
Le ciel protège les amoureux…
 

Elle entendit ses paroles comme un murmure qui ne lui était pas inconnu. Mais elle ne voulut n’y prêter aucune attention… pas maintenant…. Et pourtant, cela se répéta et se rapprocha de plus en plus. Elle redressa la tête, le visage ravagé par les larmes, et c’est là qu’elle vit la fillette en face d’elle.

 

Elle était à bout de force et elle n’avait aucune envie d’écouter la fillette lui dire que tout irait bien car cela n’allait pas être le cas. IL était mort et personne n’y pouvait plus rien.  Ces pensées lui brisèrent à nouveau le cœur.

 

Elle ferma de nouveau les yeux pour se laisser aller et pour que les larmes puissent couler librement. Elle voulait laisser la douleur s’emparer totalement d’elle en pensant que tout se finirait peut-être.

 

Ne perds pas courage, il te reviendra
Et tu seras bientôt encore entre ses bras

 

Elle secoua légèrement la tête pour montrer qu’elle n’était pas d’accord et qu’elle n’y croyait plus. Elle n’en avait plus la force, ni le courage.

 

Etoile des neige, sèche tes beaux yeux
Le ciel protège les amoureux…

 

Elle posa les mains sur ses oreilles pour ne pas l’entendre à nouveau.

 

 

 

 

Caldwell avait demandé à Rodney et Lorne de se rendre en salle de briefing pour éclaircir toute cette histoire. Le Docteur Beckett y avait émis une réserve au vu de l’état de choc prononcé dans lequel se trouvait Rodney, mais Caldwell avait voulu comprendre ce qu’il s’était passé dès que possible. Ils n’avaient pas revus Elizabeth depuis le retour de Rodney deux heures plus tôt et Caldwell savait qu’elle allait avoir besoin de temps.

 

Ils étaient tous le choc de cette nouvelle mais la vie de la cité devait continuer…. Et Elizabeth n’avait pas la force de continuer pour le moment. Il avait de nombreuse fois espérer prendre la tête de ce programme mais pas lors de circonstances pareilles.

 

Caldwell : Dr McKay, il va nous falloir les détails de cette mission et de ce qu’il s’est passé.

 

Rodney en avait assez. Encore choqué par la disparition de ses amis, il s’était retrouvé obligé d’assister au briefing le plus difficile de sa vie beaucoup trop rapidement. Il avait encore du mal à réaliser. Il ne le voulait pas. Il ne pouvait pas. La colère montait peu à peu en lui.

 

Rodney : Oh et voulez savoir quoi ? Combien de temps il a fallut avant qu’ils ne rendent leurs derniers souffles ou alors savoir ce qu’il restait de leurs corps ?!

Caldwell : Dr McKay !!!!

 

Rodney s’était levé précipitamment, excédé de colère.

 

Rodney : Ils sont morts, c’est tout ce que nous avons à savoir !

 

A cet instant, Elizabeth entra dans la pièce. Elle s’était fait violence pour venir assister à ce briefing et elle ne savait pas trop ce qui la maintenait hors de l’eau. Tout ce qu’elle savait c’était à quel point elle avait mal et à quel point elle se sentait seule.

 

Elle se tenait là ; debout face au Colonel Caldwell et au Major Lorne. Elle était là pour passer la main et uniquement pour ça. Rodney remarqua Elizabeth et s’en voulu immédiatement.

 

Elizabeth alla s’asseoir en face de Caldwell. Elle évitait de croiser leur regard de peur de voir sa propre peine dans leurs yeux. Elle ne voulait pas de leur pitié. Elle n’en avait pas besoin.

 

Elle avait besoin de savoir ce qu’il s’était passé. Pourquoi ? Elle n’en avait aucune idée. Mais ne pas savoir la rendait encore plus folle.

 

Elizabeth : Dr McKay, j’aimerai que vous nous expliquiez en détails ce qu’il s’est passé sur cette planète.

 

Elle avait dit cela en levant à peine les yeux vers lui. Elle s’était contentée de croiser les mains devant elle et d’attendre. Rodney l’avait fixé un long moment ainsi que les deux militaires présents dans la pièce.

 

Les trois hommes la respectaient encore plus en la voyant présente, ici, à cet instant. Et de nombreuses personnes dans sa situation auraient tout laissé tomber. Mais Elizabeth Weir était présente et assurait son rôle de leader de la Mission Atlantis.

 

Rodney vint se rasseoir, toute colère l’ayant déserté. Elizabeth leva enfin les yeux vers lui. Elle ne savait pas si elle était vraiment prête à l’entendre.

 

Ce que Rodney lut dans le regard d’Elizabeth le tétanisa. Son regard était vide. Elle semblait comme morte à l’intérieure. Alors il comprit que pour elle, il devait revivre ce cauchemar. Parce qu’elle avait, plus que quiconque, le droit de savoir comment était mort l’homme qu’elle aimait. C’est donc d’une voix peu assurée qu’il fit le rapport le plus difficile de sa vie.

 

Un silence s’était installé. Personne ne su quoi dire. Mais dans ces moments là, il n’y a rien à dire.

 

Elizabeth avait le regard fixé sur la table devant elle. Elle savait maintenant… mais la même douleur était toujours présente et plus rien ne serait comme avant.

 

Elizabeth : Colonel Caldwell…

 

Elle leva les yeux vers lui tout en se levant.

 

Elizabeth : Je vous passe la main. Vous devenez le responsable de cette expédition…

 

Elle commença à s’éloigner.

 

Caldwell : Dr Weir, je ne pense pas que…

Elizabeth : A compter de maintenant !

 

Elle le regarda une dernière fois avant de s’en aller. Rodney resta sous le choc de la nouvelle, même si au fond, il ne fut guère surprit. Tout s’écroulait. Caldwell et Lorne n’en revenaient pas non plus. C’était la première fois qu’ils voyaient Elizabeth abandonner aussi facilement.

 

Caldwell : Dr… avez-vous réussit à récupérer des ZPM ?

Rodney : Non mais je rêve !

Caldwell : Dois-je vous rappeler à quel point cela pourrait nous être utile pour Atlantis ?

 

Rodney se leva, hors de lui. Alors que son monde venait de s’écrouler, il n’arrivait pas à croire que seuls les ZPM l’intéressaient.

 

Rodney : Je viens de perdre mes amis et vous, tout ce que vous voulez savoir c’est si j’ai récupérez les ZPM !!

Caldwell : Docteur, je comprends que c’est dur pour vous, mais n’oubliez pas que nous sommes toujours sous la menace d’attaques des Wraiths. Je déplore la perte des membres de votre équipe, mais cela ne doit pas nous détourner de notre priorité, qui est de protéger la cité.

Rodney : Vous déplorez ? Ne me faites pas rire ! Qu’est ce que ça peut bien vous faire à vous ? Vous ne supportiez pas les membres de cette équipe !

Caldwell : Veuillez mesurer vos propos Docteur McKay !

Rodney : Si vous y tenez tant que ça, allez les chercher vous-même vos maudits ZPM !

 

Enervé, il quitta la salle précipitamment. Le Major Lorne se tourna vers Caldwell.

 

Lorne : Il va avoir besoin de temps lui aussi pour accepter !

Caldwell : Major, j’aimerai que vous rappeliez toutes les équipes en exploration. Nous ne savons pas à quoi nous avons à faire et je ne veux prendre aucun risque.

Lorne : Bien monsieur !

 

Caldwell fixa l’endroit où McKay les avait quitté.

 

Caldwell : On va tous avoir besoin de temps.

 

Il regarda une dernière fois Lorne puis sortit à son tour.

 

La nuit avait été très dure et très longue pour tous les résidents de la cité. La disparition du lieutenant colonel Sheppard, de Teyla et de Ronon avait secoué énormément de monde.

 

Rodney s’était enfermé dans son laboratoire sans pour autant travailler, mais il avait ce sentiment de culpabilité qui le rongeait de l’intérieur : ne pas avoir disparu avec ses amis. Lui était revenu. Pourquoi ? C’était la question qui ne cessait de résonner dans sa tête.  Qu’avait-il fait pour ne pas périr lui aussi ?

 

Il fixa un long moment les plaques militaires de John. Il aurait donné n’importe quoi pour changer ce qui venait de se passer. Mais il n’y avait rien qu’il ne pouvait faire… aucune solution scientifique à étudier, ni de probabilité sur leur chance. Il n’y avait plus aucune chance, plus aucun espoir.

 

Pour la première fois de sa vie, il se sentait complètement inutile et aurait préféré être mort. Lui, le Docteur Rodney McKay, d’habitude si peu enclin à risquer sa vie, souhaitait ne pas s’en être sortit… Cette idée n’arrêtait pas de lui revenir et il aurait donné n’importe quoi pour que ses amis reviennent. Malheureusement, il n’y avait rien à faire… à part être là et survivre. Et c’était beaucoup trop difficile.

 

C’est ce que John lui aurait dit. Il lui aurait même botté les fesses. Maintenant que Sheppard n’était plus là, Rodney réalisait à quel point leur amitié pouvait compter pour lui. Même s’ils pouvaient parfois ressembler à deux gamins à se lancer des piques, ils éprouvaient un respect mutuel que Rodney n’avait jamais espérer rencontrer avant le lancement de cette expédition.

Il n’était pas idiot. Il savait ce que la plupart des gens pensaient de lui. Mais Sheppard l’avait accepté tel qu’il était. Il n’arrivait toujours pas à croire qu’il n’allait plus le revoir passer cette porte pour le taquiner sur une nouvelle mission.

 

Les plaques militaires de John étaient posées sur son bureau. C’était la seule chose qui leur restait de lui. Il n’avait jamais compris l’esprit militaire mais aujourd’hui, ces plaques représentaient énormément. Il était le dernier lien avec lui.

 

Il referma sa main sur les plaques. Il ne pu s’empêcher alors de penser à Elizabeth. C’était elle qui devait les avoir.

 

 

….

 

 

Elle ne répondait pas mais il s’y attendait. Il l’avait vu quitter la salle de briefing sans un mot, sans un regard.

 

Respirant profondément, il ouvrit les portes et vit la pièce plongée dans le noir. Il avait du mal à distinguer quoique ce soit. Il avança doucement… osant à peine entrer. Il ne savait pas comment elle allait réagir à sa présence.

 

Elle aurait raison de lui en vouloir. Il était le premier à se reprocher d’être vivant. Il avait peur de voir sa douleur et sa peine. Il ne savait pas s’il allait pouvoir supporter.

 

Rodney : Elizabeth ?!

 

Silence. Celui-ci était lourd et pesant. Il ne voyait toujours pas la jeune femme et pourtant il avait fait plusieurs fois le tour de la pièce lorsque ses yeux avaient commencé à s’habituer à l’obscurité. Mais il pouvait entendre sa respiration et de très légers sanglots comme si elle essayait de sa calmer.

 

Rodney : Elizabeth… je … je suis…

 

Il s’arrêta. Que voulait-il dire ? Qu’il était désolé ? A quoi cela servirait-il ? Cela n’allait pas effacer sa douleur et sa peine ? Ni enlever son sentiment de culpabilité. Non, lui dire qu’il était désolé n’allait rien arranger.

 

Il sentit une présence à sa droite. Il se tourna et vit Elizabeth contre le mur, le regard baissé vers le sol. Il ne l’avait jamais vu aussi silencieuse et… vide. Mais il comprenait tout à fait sa réaction. Il avait été témoin de nombreuses fois de moments particuliers et partagés entre John et elle. Il savait à quel point ils tenaient l’un à l’autre. Il l’avait vu de nombreuses fois s’inquiéter pour lui.

 

Sa douleur et sa souffrance devaient être immense. Il pouvait presque même la ressentir… comme si elle était présente avec eux dans la pièce. Ce qui était en fait le cas.

 

Il tenait toujours les plaques dans sa main. Il ne savait absolument pas comment dire à Elizabeth ce qu’il voulait lui dire. Il n’était pas doué pour ce genre de chose et il était beaucoup trop atteint lui aussi pour pouvoir être d’un bon soutient.

 

Il baissa les yeux pour regarder les objets dans sa main.

 

Rodney : Je…je ne vais pas vous déranger longtemps…

 

Il leva les yeux vers elle mais elle avait toujours la tête baissée et n’avait pas réagit depuis tout à l’heure.

 

Rodney : Je voulais simplement vous donner ça !

 

Il s’approcha d’elle et lui tendit les plaques. Sa main tremblait et il ne savait absolument pas pourquoi. Il la vit lever doucement les yeux vers sa main.

 

Silence. Ils restèrent un long moment comme cela. Lui la main tendue et elle fixant les objets métalliques.

 

Rodney : J’ai pensé que… enfin… elles vous reviennent !

 

Elizabeth fixait toujours les plaques et ne bougeait pas. Il n’avait jamais vu cette femme aussi désemparée. Rodney ne bougea pas et garda la main tendue vers elle. Il accentua son geste. Elizabeth leva doucement la main vers la sienne et attrapa la chaîne avec les plaques.

 

Elle déroula lentement la chaîne et suspendit les plaques devant elle. Rodney avait du mal à voir le visage d’Elizabeth et encore moins son regard. Mais il pouvait voir ses larmes même dans le noir. Il avait envie de lui dire quelque chose pour qu’elle aille mieux mais il savait que c’était impossible. Rien ne pourrait la consoler.

 

Il baissa les yeux. Il n’arrivait même pas à soutenir son regard même quand elle ne le regardait pas. Il devait la laisser seule. Il fit quelques pas en arrière avant de se retourner entièrement pour sortir.

 

Elizabeth : Comment vais-je faire ?!

 

Rodney sursauta presque en entendant sa voix. Il ne s’y attendait vraiment pas. Il se tourna vers elle. Elle avait prit les plaques dans sa main.

 

Rodney : Je vous demande pardon ?

 

Il vit Elizabeth lever les yeux vers lui. Elle ne savait pas pourquoi elle venait de lui dire ça mais il avait fallu que ça sorte. Comme si cela allait lui permettre d’aller mieux. Mais rien. Elle était toujours aussi mal….et cette douleur qui ne voulait pas disparaître. Cette douleur qui lui était si familière.

 

Elle avait réussit à dire au revoir à son père mais en aucun cas, elle n’avait voulu le faire avec John. Non… elle avait besoin de lui… et pourquoi…

 

Elizabeth : Comment vais-je faire sans lui ?

 

Elle savait que personne n’avait la réponse à sa question. Personne ne pourrait l’aider. Elle serra fort les plaques dans sa main comme pour s’y accrocher. S’accrocher à John.

 

Rodney la regardait. Il vit son visage changer et les larmes commençaient à couler. Il ne savait pas quoi faire pour essayer d’atténuer sa douleur. Il la vit faire quelques pas vers lui et il vit enfin son regard. Si désemparé, tant de tristesse.

 

Elizabeth se laissa aller. Les larmes qu’elles avaient tant versées auparavant, réapparaissaient. Ses jambes allaient de nouveau refuser de la porter. Rodney la vit vaciller et vint la soutenir. Elle s’effondra contre lui. Il hésita un instant avant de passer ses bras autour d’elle.

 

John l’avait quitté et elle n’allait jamais s’en remettre. Comment le pourrait-elle ? Tout cela n’avait plus aucun sens sans lui. Elle avait envie de que tout s’arrête… que ça ne soit qu’un mauvais rêve… mais non, tout continuait comme si rien ne s’était passé.

 

Les sanglots redoublèrent et Rodney eut du mal à la soutenir. Il sentait sa gorge se nouer et les larmes menacer. Alors lentement, ils glissèrent tous deux sur le sol, emmurés dans une peine qu’ils étaient les seuls à comprendre. Tenant fermement Elizabeth contre lui, Rodney laissa les larmes inonder son visage et pleura ses amis en silence. Ce sera la seule et unique fois. Après, il devrait être fort pour aider Elizabeth.

 

 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
[ Me contacter ]