Quelques jours s’écoulèrent tranquillement permettant à Carter de recouvrer ses forces. Une bonne alimentation et beaucoup de repos, la présence constante de ses amis autour d’elle lui permirent de retrouver la santé rapidement. Sam fut tout d’abord surprise de constater une légère froideur de la part du Colonel mais elle en comprit rapidement la raison. Le geste qu’il avait eu à l’infirmerie devait le contrarier et l’incitait à prendre ses distances… Elle le regrettait fortement, d’autant qu’elle n’y voyait aucun mal. Ca n’avait été qu’un simple baiser après tout. Un geste de réconfort… Non ?
Elle aurait tellement souhaité que cela soit plus mais elle connaissait suffisamment Jack pour savoir qu’il ne se serait jamais permis un geste déplacé. Et en aucun cas, elle ne pouvait l’imaginer perdre le contrôle de lui-même…
Quoiqu’il en soit, Sam se sentait à présent prête à rejoindre SG1. Elle avait réussi jusqu’ici à repousser le test psychologique mais sachant parfaitement qu’elle devait en passer par là pour reprendre sa place dans l’équipe, elle dut se soumettre…
Le docteur Gibs était un homme un peu plus âgé qu’elle, au visage avenant, et Sam se sentit de suite à l’aise avec lui. Souriant, patient, il la mit rapidement en confiance, du moins suffisamment pour que la sourde angoisse qui ne la quittait plus depuis quelques jours à l’idée de cet entretien, finisse par s’atténuer enfin.
Sam lui parla donc de son arrivée sur Tin’ac. Cette façon humiliante d’être traitée comme des choses sans valeurs, sans conscience. Les travaux forcés sur cette planète inconnue pendant près de quatre mois… Sa confrontation avec le Goa’uld Ammon et enfin… les tortures…
Gibs écouta patiemment la jeune femme, notant certaines de ses paroles, l’aidant à reprendre pied lorsque parfois Sam replongeait un peu trop profondément dans des souvenirs traumatisants. Lorsqu’enfin son récit fut terminé, Carter eut la surprise de voir son interlocuteur les mains croisées devant lui, attendant visiblement qu’elle poursuive.
- C’est tout, précisa donc Sam au bout d’un moment de silence.
A ces mots, Gibs sourit.
- Certes, vous m’avez fait une description détaillée des évènements mais ce que j’ai besoin, moi, c’est de savoir ce qui se passait dans votre tête pendant tout ce temps.
Gênée, Carter sentit son appréhension revenir tout à coup.
- Que dire… J’avais peur… J’ai eu peur sans discontinuer pendant ces cinq mois. Peur qu’on ne me retrouve jamais, que jamais je ne revienne sur Terre… Ca a été très dur.
- Mais vous avez tenu le coup…
- En effet.
- Vous n’avez jamais abandonné ?
Sam mit quelques instants avant de répondre.
- Je ne pouvais pas abandonner. Je savais qu’on me cherchait.
- Qui ?
- Mon équipe… Mon père. Je savais qu’ils ne m’abandonneraient pas. On ne laisse jamais personne derrière nous… Et j’avais raison. Il m’a retrouvée.
Gibs haussa les sourcils, son crayon en suspend.
- Il vous a retrouvée ?
Réalisant de suite sa bévue, Sam rougit violemment et se reprit aussitôt.
- Ils m’ont retrouvée.
Un silence se fit dans la pièce et la jeune femme sentit son cœur s’affoler…
- Vous avez utilisé le singulier…
- C’était une simple erreur.
- Je ne pense pas.
Nouveau silence.
- Parlez-moi des membres de votre équipe, poursuivit-il au bout d’un moment.
- Ce n’était pas un lapsus.
- Votre insistance me prouve le contraire, pourtant.
Sam se ferma aussitôt. Le docteur Gibs comprit rapidement qu’il n’obtiendrait plus rien d’elle dans ces conditions.
- Ecoutez, Major Carter. Je ne suis pas là pour faire votre procès et encore moins pour juger l’affection particulière que vous avez pour l’un de vos coéquipiers. Ces sentiments sont pour moi tout à fait sains et normaux. Le contraire, d’ailleurs, serait de ne rien ressentir. Je ne vous demanderai donc pas le nom de cette personne mais simplement de me parler de ce que vous avez ressenti pendant ces cinq mois. C’est tout ce qui m’intéresse… Et c’est tout ce dont j’ai besoin pour vous permettre de rejoindre SG1, conclut-il avec un sourire encourageant.
- L’armée nous interdit d’avoir…
Mais Sam s’interrompit avant de poursuivre aussi Gibs lui répondit de suite.
- Je ne suis pas l’armée, Major. Je suis psychothérapeute et cette conversation est confidentielle.
La jeune femme resta un moment, silencieuse puis finit par acquiescer. Ses deux mains serrées l’une contre l’autre sur la table prouvaient sa peur de dévoiler des choses dont elle ne se sentait pas le droit de parler. Mais Gibs comprit qu’elle en mourrait d’envie, qu’il lui suffisait simplement de l’aider pour qu’elle s’ouvre enfin.
- En quoi vous a-t-il aidée ?
Carter baissa la tête, ouvrit la bouche… la referma… puis l’ouvrit de nouveau…
- Il… Il avait déjà vécu cela… Plus longtemps, bien plus longtemps que moi… J’admirais… J’admire sa force, sa volonté… C’est en voulant lui ressembler que j’ai réussi à tenir le coup…
Elle se tut un instant puis finit par continuer.
- Il n’abandonne jamais. Il arrive à rester toujours si maître de lui… Parfois cependant, ça me…
Elle s’arrêta, cherchant ses mots ou n’osant aller plus loin…
- Ca vous agace ? proposa-t-il alors, perspicace.
Sam redressa la tête et croisa son regard chaleureux. Elle sourit, embarrassée.
- C’est vrai… Parfois. Mais ce n’est pas le sujet…
- Le sujet, c’est vous. Et visiblement, il tient une grande place dans votre vie alors au contraire je crois qu’il est utile d’en parler.
Elle le regarda un moment en silence, puis acquiesça de nouveau.
- Ca m’agace, parfois, oui.
- Pourquoi ?
- Parce que… Il m’est arrivé de le voir perdre le contrôle… Très rarement, cependant mais…
- Mais ?
- Mais… A chaque fois, j’ai eu l’impression que ça nous… rapprochait.
Sam rougit soudain violemment. Comment en était-elle arrivée à parler de ça ? Il ne lui avait pourtant demandé qu’une chose : en quoi, penser à « lui », l’avait-il aidé… Et voilà qu’à présent, elle faisait allusion à des choses qui n’avaient plus aucun rapport avec cette mission.
Gibs remarqua de suite son embarra mais décida de ne pas s’en préoccuper.
- Pensez-vous que vos sentiments sont réciproques ?
Elle jeta un œil vers lui puis croisa ses mains moites avec nervosité.
- Je pense, oui. Du moins… j’en ai l’impression.
- Alors pourquoi ne rien faire ?
Devant l’air à la fois choqué et surpris de la jeune femme, il enchaîna de suite :
- Je connais la loi mais si vous souffrez tellement, il y a toujours des moyens de la contourner. Il vous suffit juste de savoir ce que vous désirez vraiment.
- Les choses ne sont pas si simples…
- Au contraire. Analysez la situation, Major Carter et vous verrez combien tout cela est simple.
« Analysez la situation, Major Carter et vous verrez combien tout cela est simple. »
Cette phrase résonnait encore en elle deux jours plus tard, tandis qu’elle se dirigeait d’un pas nerveux vers le bureau du Général Hammond.
Elle avait en effet analysé la situation le plus objectivement possible :
[((X +Y) – Z)] = 0 … [(X)+((Y)-Z)]= X+Y ! Tout simplement !
Aussi… La première chose qui lui venait à l’esprit après une telle évidence était d’en parler au premier intéressé…
Cette seule idée la fit rire… jaune. S’il y avait bien une personne avec qui ce genre de discussion était impossible, c’était bien « lui ». Alors comment savoir s’il était prêt à l’accepter en cas de démission… Elle risquait gros de le mettre ainsi devant le fait accompli… si jamais il ne voulait pas d’elle… D’un autre coté, qui ne tentait rien…
Arrivée à destination, Sam prit le temps de soupirer un peu afin de détendre ses nerfs qui étaient inévitablement noués par l’angoisse. Elle toqua à la porte, attendit quelques secondes puis entra lorsqu’on le lui en donna l’autorisation.
Son cœur s’affola aussitôt et, tout en se mettant au garde à vous, elle jeta un coup d’œil nerveux vers le moins gradé de ses supérieurs présents dans la pièce.
- Repos, Major. Le Colonel et moi avons une bonne nouvelle.
Devinant parfaitement de quoi il s’agissait, Sam se tourna en souriant vers Jack mais eut la surprise de découvrir un regard froid posé sur elle.
« Curieux… » songea-t-elle avec un peu d’appréhension.
- Vous faites de nouveau partie de SG1, continua Hammond, un sourire satisfait sur les lèvres.
La jeune femme acquiesça en soupirant. L’espace d’un instant elle avait cru…
- Merci mon Général. J’en suis très heureuse, répondit-elle joyeusement.
Elle jeta un nouveau coup d’œil vers O’Neill mais celui-ci, le visage toujours fermé, regardait à présent un point imaginaire au dessus de la tête d’Hammond. Son angoisse réapparut aussitôt.
- Et le Major Summers ? demanda-t-elle alors.
- Il va rejoindre SG2 aux côtés du Colonel Parker. Il a déjà été mis au courant et est très satisfait.
- Tant mieux…
Un silence se fit ensuite dans la pièce. Le Général était à présent tourné vers Jack, attendant que celui-ci intervienne pour féliciter son second, mais il restait immobile, plus grave que jamais.
- Colonel ?
Celui-ci, comprenant enfin ce qu’on attendait de lui, se tourna vers la jeune femme.
- Bienvenue dans l’équipe, Carter.
Un nouveau silence accueillit ces mots dit sur un ton pour le moins… indifférent.
- Bien… finit par déclarer Hammond, quelque peu surpris. Vous pouvez disposer tous les deux… Briefing dans vingt minutes.
- A vos ordres, dirent-ils en cœur avant de sortir.
Lorsque Sam referma la porte derrière elle, O’Neill s’était déjà éloigné de quelques mètres. Elle dut courir pour le rejoindre et finit par l’interpeller.
- Mon Colonel !
Sa voix s’était presque faite suppliante. Pourquoi se montrait-il si distant tout à coup ?
Il se retourna, à contre cœur visiblement, et posa un regard neutre sur elle.
- Carter ?
Elle s’arrêta devant lui, nerveuse.
- Mon Colonel… Vous ne semblez pas très heureux de mon retour dans l’équipe…
Son hésitation lui déchira le cœur.
- … Pas du tout, Major, nia-t-il cependant au bout d’un instant.
Serrant les poings, Sam finit par baisser la tête, la respiration courte, une atroce douleur à l’estomac.
- Vous auriez préféré garder le Major Summers… dit-elle, incapable de le regarder en face.
Il attendit quelques secondes – une éternité ? – avant de répondre.
- Non...
Incertaine quant à la véracité de sa réponse, la jeune femme redressa la tête.
- Vous savez bien que non… Carter… continua-t-il, alors, un gentil sourire sur les lèvres.
Sur ce, sans attendre sa réaction, il se détourna et disparut au détour du couloir.
…
« Non… Vous savez bien que non… Carter… »
Alors pourquoi ce comportement lunatique ? Pourquoi cette hésitation à lui répondre ?...
Jack s’engouffra dans ses quartiers et referma brutalement la porte derrière lui. Dans un soupir rageur, il s’adossa contre cette dernière et passa une main tremblante sur son visage.
Il n’arrivait plus à se maîtriser… C’était complètement fou… C’est comme si, du jour au lendemain il ne savait plus faire ses lacets, ou boutonner sa chemise… Pour lui, garder son self contrôle était aussi simple et évident que ces petits gestes de tous les jours… Alors pourquoi tout à coup, cela lui devenait impossible ? Que s’était-il passé ? Pourquoi réagissait-il comme ça ?
Certes, il n’était pas complètement fou. Il connaissait les raisons de sa détresse et de sa colère… Mais ce qu’il ne comprenait pas c’était pourquoi il n’arrivait plus à les maîtriser…
Il aurait dû être un minimum plus joyeux lorsque Hammond avait annoncé à Carter son retour dans l’équipe… Mais il était tellement concentré à ne pas montrer son désarroi, à éviter d’exploser qu’il n’avait réussi qu’à peiner la jeune femme…
Bien sûr qu’il préférait avoir Carter à ces côtés plutôt que Summers. C’était une évidence ! Qu’elle ait pu en douter un seul instant lui semblait ridicule…
Et forcément, dès qu’il avait vu le doute et la tristesse de Sam, il n’avait pu s’empêcher de fondre littéralement… Il avait l’impression qu’elle pouvait faire n’importe quoi de lui, à présent… Il avait beau tenter d’être distant et froid, il s’amollissait complètement dès qu’il la voyait triste…
Mais il ne voulait pas qu’elle revienne. Il ne voulait pas qu’elle réintègre une équipe SG… C’était égoïste de sa part, il le savait bien, il en avait parfaitement conscience cependant... Il ne voulait pas risquer de la perdre encore et cette fois-ci... peut-être pour toujours...
Lorsque Jack pénétra en salle de Briefing, quelques minutes plus tard, avec le faible espoir d’avoir retrouvé la raison, ses trois coéquipiers se trouvaient déjà sur place, félicitant chaudement la jeune femme pour son grand retour dans l’équipe. O’Neill réussit à se montrer souriant mais cela sonnait faux et il était persuadé qu’ils l’avaient tous remarqué. Ils se connaissaient trop bien... L’arrivée d’Hammond avait heureusement empêché les questions gênantes de Daniel et tous se concentrèrent sur la prochaine mission à venir.
Rien de bien sorcier pour celle-ci. Le Général avait songé commencer en douceur avec Sam et les envoyait sur une planète déjà explorée pour faire des analyses. La tension de Jack se relâcha quelque peu.
Après s’être rapidement préparés, tous se rejoignirent en salle d’embarquement. La Porte fut alors ouverte et Jack observa le visage, étrangement confus de la jeune femme, tourné vers le vortex lumineux. Il y avait un mélange de joie intense et de crainte, lui sembla-t-il. Une joie certaine de pouvoir de nouveau passer la Porte et une crainte sourde au souvenir de sa dernière mission qui avait eu pour résultat, un cauchemar de cinq mois...
Teal’c et Daniel s’avancèrent donc en premier, particulièrement joyeux. Ils jetèrent tous deux un oeil vers la jeune femme avant de passer le vortex et lui sourirent avec entrain. Sam, ainsi encouragée, s’avança à son tour vers la flaque bleutée et luminescente, mais s’arrêta à quelques centimètres d’elle seulement. Elle se tourna vers Jack, tenta un sourire qu’il n’eut le courage de lui refuser en retour et il la regarda passer la Porte avec une sourde appréhension...
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Quelques semaines plus tard... Jack se redressa en criant. Les yeux exorbités, trempé de sueur, il tentait de retrouver son souffle et de ralentir les battements désordonnés de son coeur. Encore un cauchemar. Toujours le même...
Il la revoyait passer le vortex et puis plus rien. Disparue...
Depuis le retour de Sam dans l’équipe, ces rêves devenaient de plus en plus sombres et angoissants. Il dormait donc peu et restait continuellement angoissé. Janet lui avait conseillé de lever le pied mais comment aurait-il pu prendre quelques jours de repos en sachant Carter avec une autre équipe risquant je ne sais quoi, je ne sais où.
Au moins, lorsqu’il était là, il pouvait un minimum gérer la situation. Même si, il devait bien l’avouer... il ne gérait plus grand chose... et encore moins son comportement vis à vis d’elle.
Leur relation s’était affreusement détériorée depuis quelques semaines et il devait bien avouer qu’il en était seul responsable... Mais il n’arrivait plus à se contrôler en mission. Son seul souci étant de la ramener vivante au SGC il ne la laissait plus rien faire seule, l’interdisant de prendre la moindre initiative et lui criant dessus à la plus petite rebuffade.
Il savait parfaitement comment elle devait analyser un tel comportement. Elle pensait qu’il n’avait plus confiance en elle, ce qui, évidement était complètement faux mais... il ne fit rien pour la détromper, préférant la voir le détester plutôt que souffrir. Il était plus facile pour lui de supporter sa colère que sa peine.
Il se souvenait de leur première rencontre avec des Jaffas. Bien que la logique aurait voulu que Daniel et Teal’ passent le vortex avant eux, il avait fait tout un cirque pour que ce soit elle qui le traverse en premier. De retour sur Terre, elle l’avait regardé avec un mélange d’incompréhension et de colère qui n’était que le prélude de nombreuses querelles à venir.
En y songeant, une douleur violente et sournoise lui lacéra soudain l’estomac. Comment allait être la prochaine mission... ? Rien de bien méchant à première vue... L’exploration d’une nouvelle planète. Mais que leur réservait P8X667 ?
P8X667 était assez standard. Climat tempéré, peuple pacifique, aucune présence de Naquada donc de Goa’ulds... Seul bémol, l’esclavagisme des femmes et le regard de convoitise du chef de la tribu pour Carter. Les nerfs de Jack, déjà mis à rude épreuve par une jalousie on ne peut plus malvenue, finit par perdre toute patience lorsque Sam ôta son casque et que l’homme ouvrit des yeux émerveillés devant la blondeur de ses cheveux, chose inexistante chez eux, visiblement.
- Teal’c ! rugit-il, faisant alors sursauter toutes les personnes présentes autour de lui.
- Oui, O’Neill ? répondit le Jaffa, s’approchant un peu plus de son ami.
- Vous ramenez Carter à la base !
Celle-ci se tourna aussitôt vers lui, incrédule, tandis que le Jaffa levait un sourcil d’incompréhension.
- Je vous demande pardon ? finit-elle par demander, sentant la colère monter en elle.
Cela faisait pas mal de temps maintenant qu’elle n’avait plus aucune patience avec Jack... Indifférent à la question de Sam, O’Neill poursuivit sans quitter Teal’c des yeux.
- Vous m’avez entendu ? Exécution !
Tandis que le Jaffa inclinait déjà la tête en signe d’acceptation, Sam s’avança vers son supérieur et lui agrippa le bras pour le tourner violemment vers elle. Le regard glacé et furieux de Jack ne l’arrêta pourtant pas.
- Il est hors de question que je rentre !!
D’un geste sec, il se dégagea et attrapa à son tour la jeune femme pour l’éloigner brutalement du groupe afin de pourvoir « parler » sans être entendu.
- Je ne vous demande pas votre avis, MAJOR ! Et je vous conseille d’éviter ce ton avec moi !
- Je refuse de partir ! Je ne vois pas pourquoi je devrais retourner au SGC !!
- Ces hommes, déclara-t-il en pointant un doigt vers les membres de la tribu, sont des brutes qui pensent que les femmes sont des objets qu’on s’approprie sans état d’âme ! Ils ne rêvent que d’une chose, vous rajouter à leur collection !
Ces mots adoucirent quelque peu Sam qui comprit qu’il ne réagissait comme cela que par peur pour elle.
- Ecoutez, Mon Colonel. Ce n’est pas la première fois que nous nous trouvons dans ce genre de situation. Il ne m’arrivera rien. Il suffit de leur faire comprendre que je suis avec vous...
Puis devant l’ambiguïté de ces propos, elle rajouta précipitamment :
- Que... j’appartiens à la Terre, je veux dire... A mon peuple.
- J’avais compris, Major, répondit-il acerbe. Inutile de préciser... Mais si vous vous souvenez bien, ça n’avait pas empêché votre enlèvement il y a sept ans ! Alors non ! Vous rentrez, et c’est un ordre !
Devant l’entêtement de son supérieur, Sam perdit de nouveau son calme.
- Vous n’avez pas le droit de faire ça ! Vous mettez en danger le reste de l’équipe !
Jack agrippa alors le col de la jeune femme et rapprocha son visage du sien. Il était partagé en la fureur et une angoisse qui ne le quittait plus.
- Vous allez m’obéir sans discuter, Major, persifla-t-il d’une voix étrangement calme, avant de rajouter en hurlant... C’est un ORDRE !!!
Il la relâcha alors brutalement ce qui eu pour effet de la faire tomber lourdement sur le sol. Il resta devant elle, la dominant de toute sa taille puis retourna sans un mot vers le chef de la tribu, ayant parfaitement conscience qu’à l’instant, il ne valait pas mieux que les brutes avec lesquelles il allait s’entretenir... Mais seul la sécurité de la jeune femme comptait. Uniquement ça, songea-t-il tout en croisant les regards outrés de Daniel et de Teal’c qui accouraient vers Sam pour l’aider à se relever.
Du coin de l’oeil, il observa ses amis s’entretenir avec elle pendant quelques minutes. Le ton montait de temps en temps mais il était trop loin pour comprendre leur propos. Enfin, il vit Teal’c et Carter s’éloigner en direction de la Porte. Rassuré, Jack reporta son attention sur le chef de la tribu...
Apparemment, il venait de faire une forte impression et avait gagné, du coup, un nouvel « ami », songea-t-il avec écoeurement.
Sam était partagée entre la fureur et l’humiliation. Comment avait-il osé se comporter de la sorte avec elle !!? Elle le détestait ! Oh oui, comme elle le détestait à cet instant !! Si seulement il n’avait pas été son supérieur, elle lui aurait flanqué son poing dans la figure ! Avec quelle délectation elle aurait entendu les os de son nez craquer sous le choc !!!
Elle marchait aux côtés de Teal’c depuis quelques minutes déjà lorsqu’elle finit par exploser :
-
Je le hais, Teal’c ! Je ne le supporte plus ! Mais pourquoi fait-il ça ?? S’il ne veut plus de moi, qu’il le dise et je changerai d’équipe le jour même !
Le Jaffa resta silencieux quelques secondes puis se tourna vers elle.
- Ce n’est pas ce qu’il veut, Major Carter.
- Vraiment ? C’est pourtant l’impression que j’ai ! Il est sans arrêt sur mon dos, à critiquer tout ce que je fais. J’ai le sentiment d’être plus un boulet qu’autre chose ! Un caillou dans sa chaussure ! Je suis sûre qu’il n’a qu’une envie: se débarrasser de moi !
- Pas comme vous le pensez.
Sam le regarda de travers tout en continuant de marcher avec rage.
- Et selon vous ? Que cherche-t-il ? Pourquoi est-il comme ça ?!
- Il souffre, répondit simplement Teal’c, imperturbable.
A ces mots, la jeune femme cessa d’avancer tout en attrapant le tee-shirt du Jaffa pour qu’il s’arrête à son tour. Toute colère venait soudain de la déserter.
- Il souffre ? Mais... pourquoi ? demanda-t-elle, un noeud à l’estomac.
- Il a peur.
- Peur ? Peur pour quoi ? Pour l’amour du ciel, Teal’c ! Soyez un peu plus explicite !
Le Jaffa sourcilla à peine en entendant l’expression préférée de Jack dans la bouche de la jeune femme.
- Il a peur pour vous. Il ne veut pas qu’il vous arrive quelque chose.
Incrédule, Sam fixa son ami pendant quelques instants, enregistrant l’information, l’analysant rapidement puis finit par secouer la tête en reprenant la direction de la Porte.
- C’est ridicule, maugréa-t-elle pour elle-même, le doute cependant dans son esprit.
Ils restèrent silencieux la durée du trajet restant et lorsqu’enfin le vortex fut ouvert, Teal’c empoigna sa radio :
- O’Neill ?
-
Oui.
- Nous sommes devant la Porte. Le Major s’apprête à rentrer.
Il y eut un moment de silence où Sam crut qu’il avait changé d’avis mais bien au contraire :
-
Passez la Porte avec elle et revenez ensuite.
Le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour !
- Je n’ai pas besoin de baby-sitter !!! rugit-elle dans le talkie-walkie.
-
Je ne vous demande pas votre avis, Major ! Vous frisez l’insubordination !
Plus que « friser » en fait, songea-t-elle, mais Sam n’en avait plus rien à faire.
- Vous rendez-vous compte du prix que cela coûte d’ouvrir un vortex à partir de la Terre ? C’est complètement stupide ! Si Teal’c restait ici...
- Carter, coupa Jack d’une voix autoritaire et glaciale, si vous ne passez pas cette foutue Porte dans les dix prochaines secondes, je me ferai un plaisir de vous vendre à nos hôtes !!!
A ces mots, un brouhaha joyeux se fit entendre derrière le Colonel O’Neill.
- Il vaudrait mieux y aller, intervint Teal’c en secouant la tête, une main apaisante sur l’épaule de Sam qui se retenait d’exploser.
Comment osait-il plaisanter dans un moment pareil... S’il plaisantait vraiment... Comprenant qu’elle avait finalement de la chance qu’il ne la relève pas tout simplement de ses fonctions pour insubordination, elle finit par acquiescer et pénétra d’un pas rageur dans le vortex.
- Elle vient de passer, O’Neill, j’y vais à mon tour.
-
Bien... répondit Jack, un soupir dans la voix.
On vous attend. Terminé. De retour de mission, après un tour à l’infirmerie, il avait été appelé par Hammond dans son bureau afin d’expliquer le choix d’avoir fait rentrer Carter. Jack lui exposa le danger inutile qu’elle aurait couru en restant avec eux, en plus du fait que sa présence aurait été une barrière pour le traité qu’ils étaient censés passer avec cette tribu. Le Général accepta ces explications, faisant confiance à son jugement mais lui dit que de toute façon, ils ne traiteraient pas avec une tribu aux moeurs si contraires à ceux de leur pays.
Jack s’attendait évidement à cela. Comme il n’y avait pas la moindre trace de Naquada sur cette planète, il était inutile de se lier davantage à eux.
Quelques minutes après être sorti du bureau du Général, O’Neill avait croisé Sam dans un couloir mais elle ne l’avait même pas salué. Il aurait évidement pu l’arrêter, c’était une nouvelle fois de l’insubordination pure et simple mais il n’en eut pas le courage. Il s’en voulait suffisamment comme cela. Elle payait cher ses craintes à lui, inutile d’en rajouter.
Mais une chose, qu’il avait du mal à pardonner, était la présence répétée de Summers aux côtés de la jeune femme. Depuis le retour de Carter, il était littéralement accroché à ses basques et Jack commençait à en être prodigieusement agacé... Agacé... Le mot était peut être un peu faible... furieux, était certainement plus proche de la réalité.
Bref, tout ceci n’arrangeait rien à son état mental déjà on ne peut plus perturbé. Il avait sérieusement pensé tout laisser tomber, songeant que tout ça ne rimait plus à rien mais l’idée de laisser Carter seule dans une autre équipe, à des années lumières sans savoir ce qui lui arrivait, lui était tout simplement insupportable. Alors il serrait les dents et continuait, crevant littéralement de peur à l’idée qu’il lui arrive quelque chose, accablé à l’idée qu’elle tombe sous le charme de ce type...
Il ne voyait pas d’issue...
Daniel, Teal’c et Sam se trouvaient au mess depuis quelques minutes déjà et la discussion dévia inévitablement vers le Colonel O’Neill.
- Je ne veux pas en parler, Daniel ! s’exclama aussitôt Carter, exaspérée...
Le seul nom de « Jack » lui était devenu insupportable. Dès qu’elle l’entendait, une inévitable rage venait la submerger aussitôt.
Ils furent interrompus par l’arrivée de Mike qui s’assit en face de la jeune femme un plateau dans les mains.
- Laissez-moi deviner ! Vous parlez du Colonel O’Neill !
De suite, il eut droit à un regard furibond de la jeune femme et un sourire amusé de Daniel.
- Exactement, acquiesça ce dernier.
- Je n’ai pas compris pourquoi Sam était rentrée avant vous. Elle n’a rien voulu me dire.
- Jack l’a renvoyée !
- Daniel ! intervint la jeune femme, humiliée et furieuse. Il ne m’a pas « renvoyée » !
Elle ne put cependant rien rajouter car, apparemment, elle n’était pas certaine d’avoir raison...
- O’Neill a simplement choisi de mettre le Major Carter à l’abri, expliqua Teal’c, sans lever la tête de son assiette.
Mike fixa attentivement le visage de Sam.
- Vraiment ?
- ... Il semblerait, selon Teal’c... murmura la jeune femme embarrassée. Mais je n’en jurerais pas...
- Intéressant... murmura Mike tout en plongeant sa fourchette dans son assiette.
- Qu’est ce qui est intéressant ? demanda Daniel.
- Rien...
Un silence se fit où tous se concentrèrent sur le contenu de leur plateau jusqu’à ce que Sam sursaute. Mike la regarda passer d’écarlate à livide, puis de nouveau écarlate ce qui lui apprit, sans même se retourner, que le Colonel O’Neill venait de faire son entrée au mess. Tandis que Summers s’apprêtait à prendre son plateau afin de laissait la place à ce dernier, Sam posa de suite une main sur son bras, ce qui eut pour effet de lui couper tous ces moyens.
- Non, ne bougez pas. Je n’ai plus faim, fit-elle en se levant avant de quitter les lieux, ceci sans un regard vers son supérieur.
Ce dernier posa son plateau sur la table sans le moindre commentaire et lança une oeillade meurtrière à Mike.
O’Neill avait visiblement vu le geste de Sam à son égard, songea le jeune homme, sentant que sa théorie se confirmait... Pendant longtemps, il n’avait pas compris le comportement incohérent du Colonel jusqu’à ce qu’il croise, il y a deux semaines, son regard étrangement expressif posé sur le Major Carter... Pensant certainement que, d’où il était personne ne le voyait, il l’avait fixée un long moment avec une intensité qui ne laissait que peu de doute sur ses sentiments. Mike trouvait étrange qu’il se soit permis un tel regard au risque d’être vu par une tierce personne mais aux dires des membres de SG1, le Colonel O’Neill ne semblait plus dans son état normal.
Ils s’étaient confiés à lui à ce sujet avec la confiance de personnes ayant passés plusieurs mois ensemble à risquer leurs vies, côte à côte, et Summers avait été heureux de constater que ce lien qui les avait unis n’était pas rompu…
Ses pensées furent brusquement interrompues par la voix sèche de son supérieur.
- Vous connaissez la loi de non-fraternisation, je présume ? lui demanda Jack à la surprise de tout le monde.
Mike rougit violemment, furieux contre lui-même qu’il ait si facilement remarqué son attachement pour le Major Carter et qu’il y fasse allusion, ainsi, comme si de rien n’était, devant Teal’c et Daniel... Sentant le regard des trois hommes posés sur lui, il serra confusément sa fourchette dans la main, le front brûlant.
- ... Euh... Bien sûr, Mon Colonel...
Son ventre se noua tout à coup devant l’expression glaciale et peu amène de son supérieur. Il n’était pas bon d’être l’ennemi de Jack O’Neill. Il le savait parfaitement...
- Bien... Je voulais juste en être sûr...
Sur ces mots, le Colonel s’attaqua à son assiette sans tenir compte du regard interrogateur de Daniel et de Teal’c... Le reste du repas se fit en silence.
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Sam se tournait et retournait dans son lit, cherchant en vain le sommeil. Finalement, en désespoir de cause, elle se redressa dans un soupir et s’assit en serrant les poings.
Jamais elle n’avait été aussi confuse dans ses sentiments.
La plupart du temps les choses étaient simples : soit elle aimait, soit elle détestait, soit elle était indifférente... Mais là, Sam était désespérément partagée. Elle l’aimait et elle le détestait comme jamais elle n’avait aimé et comme jamais elle n’avait détesté de toute sa vie.
Elle avait éperdument envie de lui tout en devant se réfréner à chaque fois qu’elle le croisait pour ne pas le rouer de coups. Elle brûlait littéralement du besoin de caresser sa peau tout en songeant avec quel plaisir elle la lui lacérerait...
Bref ! Ses sentiments à son égard étaient plus violents que jamais. Certes, elle continuait de l’aimer mais, depuis quelques mois, la tendresse avait fait place à un désir que sa colère n’avait fait qu’exacerber. Désir et colère. Amour et haine... Elle ne comprenait plus rien.
Lorsqu’elle parvenait à dormir, elle se réveillait en sueur avec la dérangeante impression qu’elle venait de passer sa nuit à se battre contre lui ou à lui faire l’amour... C’était violent, c’était brutal mais Dieu ! que c’était bon ! Bon mais tellement frustrant !
Ce feu en elle, cette rage ne disparaissait pas hélas. Dès qu’elle le revoyait, à l’instant même où elle croisait son regard, son corps se mettait littéralement à brûler. Ses muscles se tendaient. Ses poils se hérissaient... Elle devait alors faire un suprême effort sur elle-même pour ne pas lui sauter à la gorge... ou lui sauter dessus...
Une poussée de désir monta tout à coup en elle ce qui la rendit encore plus furieuse contre sa propre faiblesse. Jamais elle ne pourrait continuer dans ces conditions... A la prochaine mission, si ça se passait mal... elle demanderait à être mutée...
L’ambiance dans le groupe était on ne peut plus tendue... A peine arrivés sur P4X103, ils s’étaient mis en marche dans un silence pesant qu’aucun membre de l’équipe ne se sentait le courage de briser. Lorsqu’ils parvinrent aux ruines que la sonde avait détectées quelques centaines de mètres plus loin, pas un mot n’avait été prononcé.
- Jack, déclara enfin Daniel. Je vais avoir besoin de Teal’c pour traduire ça.
Aussitôt le Jaffa s’avança vers l’archéologue mais O’Neill l’arrêta au passage.
- Après. Nous allons nous séparer et faire le tour des lieux pour être sûr qu’il n’y a rien à craindre. Carter et vous resterez près de la Porte.
- Sam peut très bien s’en occuper avec vous. Autant commencer tout de suite la traduction, dit pourtant Daniel, indifférent au regard noir que son ami posait sur lui.
- J’ai dit que j’y allais avec Teal’c !
Ces mots secs furent reçus par un silence pesant et Daniel ne put s’empêcher de jeter un oeil navré vers la jeune femme. Celle-ci serrait les poings avec rage et semblait avoir du mal à se contenir mais finalement, parvint à garder le silence.
Teal’c et Jack se séparèrent donc chacun de leur côté et Sam, d’un regard, convainquit Daniel de ne faire aucun commentaire. Elle ne l’aurait pas supporté.
Il s’écoula une bonne quinzaine de minutes avant que leur radio ne grésille.
-
O’Neill ?
-
Oui ?
- Je viens de découvrir un camp Jaffas. Ils sont à la solde de Ba’al.
-
Très bien. Ne bougez pas, on vous rejoint... Donnez nous votre position.
Ceci fait, la voix d’O’Neill retentit de nouveau :
-
Carter !
- Oui ?
-
Retrouvez Teal’c et restez cachés jusqu’à ce que j’arrive... Est-ce que c’est clair, Major ? se sentit-il obligé de rajouter.
La jeune femme ferma les yeux, tentant de refouler de nouveau la colère qui montait en elle...
- Parfaitement clair, parvint-elle à répondre, les dents serrées.
Se tournant vers Daniel, elle l’incita à ranger ses affaires rapidement puis ils partirent rejoindre leur ami Jaffa. Comme prévu, ils arrivèrent avant Jack.
Couchés à même le sol, munis de jumelles, ils observaient l’activité en bas de la colline.
- Que font-ils ? demanda Daniel.
- On dirait qu’ils attendent quelqu’un... déclara Teal’c.
En effet, des dizaines de Jaffas étaient alignés, en rang, à quelques mètres d’un vaisseau Al’kesh. Mais curieusement, la personne qui en sortit n’était pas Ba’al mais une femme qui leur était inconnue. Intriguée, Sam tenta de voir son visage mais ils étaient beaucoup trop loin pour ça.
- Je vais me rapprocher et essayer de prendre une photo...
Teal’c posa aussitôt une main sur son épaule.
- O’Neill nous a dit de ne pas bouger.
Carter rougit violemment et se dégagea d’un mouvement brusque.
- Le Colonel n’est pas là et en attendant, je suis la plus gradée.
Normal, le Jaffa et Daniel n’étaient pas militaire, songea-t-elle un peu trop tard…
Sans plus attendre, elle recula et s’éloigna afin de contourner le rocher qui les cachait. Jackson et Teal’c se regardèrent, songeant qu’ils allaient avoir droit à une sacré scène dès que Jack arriverait.
Quelques minutes plus tard, celui-ci les rejoignit au pas de course, passablement essoufflé.
- Où est Carter ? demanda-t-il de suite, à peine arrivé à leurs côtés.
Teal’c pointa un doigt vers une forme aplatie au sol à quelques mètres seulement des troupes Jaffas. Le coeur de Jack s’emballa aussitôt tandis qu’une sourde angoisse lui nouait l’estomac.
- Qu’est ce qu’elle fout la-bas !!! explosa-t-il de suite, empoignant déjà sa radio.
Mais il arrêta aussitôt son geste. A cette distance, le moindre bruit la ferait repérer... Jetant un regard noir sur deux coéquipiers, il finit par rugir :
- Je vous avais dit de rester cachés !!!
Daniel fit un geste d’impuissance et Jack finit par grogner tout en commençant à s’éloigner à son tour. Il se retourna cependant.
- Vous ne bougez pas !!
Rassuré par les acquiescements répétés de l’archéologue, il finit par se fondre dans les bois afin de rejoindre son second.
Jack eut un mal fou à garder le peu de calme qu’il lui restait encore. Il devait pourtant avancer avec prudence et lenteur afin de ne pas se faire remarquer. Il était à mi-parcours, lorsqu’un léger bruit le fit s’arrêter aussitôt, le doigt sur la gâchette de son P90. Lorsqu’il redressa prudemment la tête, il se retrouva nez à nez avec Carter.
Passés la surprise et le soulagement, une rage indescriptible due à la peur atroce de la perdre le submergea tout à coup. Elle s’en rendit certainement compte puisqu’elle eut un mouvement de recul en croisant le regard sombre de son supérieur.
- Carter ! Je pourrais vous faire passer en cours martiale pour ça ! s’exclama-t-il à voix basse cependant.
Les yeux de la jeune femme se mirent aussitôt à lancer des éclairs.
- J’ai pris de photos de...
- Je ne veux rien savoir ! explosa-t-il en attrapant le poignet de Sam. Vous avez désobéi à un ordre direct !
Elle grimaça sous la douleur tandis qu’il resserrait encore son étreinte.
- Lâchez moi, grogna-t-elle furieuse.
- Oh non ! Vous seriez capable d’aller courir tout droit dans les pattes de ces jaffas !
- Comment osez-vous ?! J’ai fait mon travail ! Celui-là même que vous m’empêchez de faire depuis plusieurs mois, d’ailleurs !
Jack allait répondre lorsque sa radio se mit à grésiller.
-
O’Neill !
- Quoi ?!!
-
Cinq Jaffas arrivent vers vous, à dix heures.
Aussitôt les deux militaires s’aplatirent au sol, le coeur cognant dans leurs poitrines. Jack n’avait pourtant pas lâché le poignet de Sam qui faisait toujours des gestes désespérés pour se libérer.
- Arrêtez ça, persifla-t-il, rageusement.
- Vous me faites mal !
Réalisant qu’en effet, il la tenait peut être un peu trop fort, il finit par desserrer son étreinte mais se refusa à la lâcher.
- Vous êtes buté ! grogna-t-elle tentant cependant un dernier mouvement mais hélas, ce faisant, son pied dérapa et quelques graviers roulèrent en bas du léger dénivelé faisant un bruit qui leur sembla assourdissant.
Ils entendirent alors des pas rapides se rapprocher dangereusement d’eux, suivis aussitôt de tirs venant des hauteurs. Leurs amis avaient certainement estimé qu’ils devaient faire diversion, les jaffas s’apprêtant à les découvrir.
Ni une ni d’eux, Jack et Sam se levèrent d’un bond et tirèrent à leur tour. Pris ainsi en sandwich, l’ennemi ne put rien faire. Mais, en revanche, les dizaines d’autres qui, alertés par l’attaque venaient de tourner la tête vers eux, constituaient un réel danger! Aussi, sans demander leurs restes, les quatre membres de SG1 prirent leurs jambes à leurs cous !
Une longue course poursuite commença. Grâce à l’épaisseur de la forêt, ils purent rester à l’abri du vaisseau Al’kesh qui avait décollé et tirait plus ou moins à l’aveuglette. Quelques minutes plus tard, ils rejoignirent la Porte et Daniel entra les coordonnées. Une fois le vortex créé, Jack empoigna brutalement le bras de Sam et la poussa vers celui-ci.
- Allez-y ! s’exclama-t-il tandis que des tirs commençaient à siffler autour d’eux.
Elle le regarda avec colère puis tendit la main vers le docteur Jackson qui s’était à présent retourné pour les couvrir.
- Daniel ! On y va !
- Carter !!! Je vous ai donné un ordre ! s’écria alors O’Neill.
Celle-ci hésita quelques secondes, suffisamment pour qu’un tir passe si près d’elle qu’il lui effleura le bras. Dans un cri de surprise plus que de douleur, elle posa précipitamment la main sur sa blessure ce qui fit aussitôt réagir Jack.
- Carter !!! s’exclama-t-il en se précipitant vers elle l’obligeant à s’accroupir derrière le DHD.
Otant avec autorité la main de Sam afin de regarder la blessure, il ordonna à Daniel de passer le vortex. Celui-ci ne se fit pas prier et bondit dans la flaque luminescente. Réalisant que sa blessure n’était en fait qu’une égratignure, son anxiété se mua de nouveau en colère.
- Passez cette putain de Porte, Major !!
Sur ce, il la prit par le bras et s’engouffra avec elle dans le vortex.
Une fois sur Terre, il la lâcha brutalement et ouvrit la bouche pour demander la fermeture de l’iris mais il fut stoppé net avant même d’avoir commencé.
- Non !! avait alors hurlé Sam, à ses côtés.
Incrédule, encore plein de rage, son coeur cessa de battre lorsqu’il découvrit le visage horrifié de son second. Elle l’incita alors à se tourner vers la Porte et quelques secondes plus tard, Teal’c fit son apparition. Alors seulement, Sam le lâcha et de sa voix la plus forte ordonna la fermeture de l’iris.
Dans un état second, Jack comprit que sans la présence d’esprit de Carter, il aurait tué Teal’c. Il avait tellement été obnubilé par son besoin de mettre Sam en sécurité qu’il avait complètement oublié que le Jaffa n’avait pas encore passé la Porte !
Horrifié, il croisa le regard interdit de la jeune femme qui se radoucit soudain lorsqu’elle comprit combien il était bouleversé. Elle s’approcha de lui, posant une main rassurante sur son bras mais, furieux contre lui-même il se dégagea, la repoussa brusquement et envoya d’un geste violent son casque contre le mur de la salle, faisant sursauter les personnes présentes autour de lui.
Seule Sam savait pourquoi il était si bouleversé. Personne n’avait vu l’erreur qu’il s’apprêtait à commettre car elle l’avait arrêté juste avant, aussi, c’est avec une incompréhension totale que le Général Hammond vit son second passer devant lui sans un geste et disparaître dans les couloirs.
- Colonel !!! S’exclama-t-il alors afin de l’arrêter.
- Mon Général, intervint Sam arrivant près de son supérieur. Il est parti à l’infirmerie... Nous vous ferons un rapport lors du débriefing... Il faut juste qu’il... décompresse.
Hammond hésita quelques secondes puis finit par acquiescer, jetant un oeil inquiet sur la tâche de sang qui maculait la chemise de la jeune femme.
- Votre bras...
- Ce n’est presque rien...
- Très bien. Allez tous à l’infirmerie. Débriefing dans vingt minutes.
Lorsqu’ils arrivèrent à l’infirmerie, Jack s’y trouvait déjà. Le regard sombre, il restait immobile, se prêtant aux examens avec une docilité qui surprit Janet. Elle tenta de le faire parler à plusieurs reprises mais finit par abandonner devant l’air accablé du Colonel.
En s’occupant de Sam, elle essaya de tirer quelques informations de son amie mais en vain. Aussi, finit-elle par les laisser repartir pour le débriefing.
- Alors ? commença Hammond une fois SG1 installée. Colonel ?
Celui-ci resta cependant silencieux, perdu dans la contemplation de ses mains. Sam intervint.
- Nous sommes arrivés sur P4X103, tout était calme. Daniel et moi sommes alors restés près des ruines à quelques centaines de mètres de la Porte, et le Colonel et Teal’c sont partis repérer les lieux.
- J’ai découvert un groupe de Jaffas qui portait le symbole de Ba’al, intervint alors Teal’c, mais le Goa’uld avec eux était une femme qu’on ne connaissait pas.
- Daniel et moi l’avons rejoint en premier et je me suis rapprochée pour prendre des photos... Le Colonel est ensuite arrivé et... nous avons hélas été découverts. Nous avons fui puis sommes rentrés sur Terre...
Sam jeta un oeil vers Jack qui avait gardé les yeux baissés tout au long de son récit. Mais à présent, il la regardait avec une expression indéchiffrable, attendant presque qu’elle le crucifie sur place...
- C’est tout, conclut-elle alors.
Elle vit aussitôt le Colonel froncer les sourcils puis s’apprêter à ouvrir la bouche mais la jeune femme le devança.
- C’est tout ! répéta-t-elle avec plus de force.
Tous se tournèrent vers elle, mais elle baissa les yeux vers ses mains serrées l’une contre l’autre, espérant qu’O’Neill resterait silencieux.
Hammond, sentant qu’on lui cachait quelque chose finit par se tourner vers son second.
- Colonel ? ... Est-ce tout ?
Sam releva aussitôt les yeux vers ce dernier, le regard inflexible, lui suppliant mentalement de garder sous silence l’histoire de l’iris.
Il fronça de nouveau les sourcils, serrant les dents... Il se sentait visiblement responsable d’avoir failli tuer son ami et passer cela sous silence était à ses yeux l’une des pires choses qu’il pouvait faire... Mais à présent, s’il disait la vérité, c’est Carter qui aurait des ennuis. Elle avait menti pour lui...
- C’est tout... Mon Général... acquiesça finalement Jack, un regard indéchiffrable posé sur Teal’c qui n’avait visiblement aucune idée du pourquoi de son hésitation.
- Bien. Ces photos nous seront sûrement utiles. Bon travail SG1.
Sur ce, Hammond se leva et disparut dans son bureau. Sans un mot, Jack se redressa à son tour et, après un dernier regard vers Carter, sortit de la pièce. Celle-ci, hésitante, finit par le suivre. A sa vitesse et à sa façon lourde de marcher, elle comprit rapidement qu’il était furieux. Elle savait qu’elle aurait dû l’éviter mais il était temps qu’ils aient une petite discussion tous les deux. Compte tenu du désastre de cette mission, il était à présent hors de question qu’elle restât plus longtemps dans cette équipe...
Elle le vit se retourner légèrement, visiblement conscient qu’il était suivi. Lorsqu’il découvrait qu’il s’agissait d’elle, il fit encore quelques pas et finit par s’arrêter brusquement. Il ouvrit la porte à sa droite, passa la tête à l’intérieur puis voyant la pièce vide, attrapa la jeune femme par le bras au moment où elle parvenait à sa hauteur et s’engouffra avec elle à l’intérieur. Il s’agissait de la salle de surveillance de l’étage. Des dizaines d’écrans les entouraient. Le capitaine Jennings qui était censé s’en occuper devait être parti faire une pause...
- Je ne vous ai jamais demandée de me couvrir ! commença Jack en lâchant son bras avec brusquerie.
Furieuse qu’il ne soit pas plus reconnaissant, Sam sentit le peu de bon sentiment qui lui était revenu à son égard, s’évaporer en un instant.
- Mais de rien, Mon Colonel ! C’était un plaisir de vous aider, railla-t-elle exaspérée.
- J’ai commis une erreur qui a failli coûter la vie à un de mes hommes ! Je n’avais pas le droit de le cacher !
Sam vit rouge :
- On ne fait que ça, se cacher depuis des semaines ! Moi je couvre votre comportement totalement incohérent et vous mon insubordination ! Au point où on en est...
Jack attrapa de nouveau le bras de la jeune femme.
Pourquoi faisait-il toujours ça, en ce moment ? A croire qu’il avait besoin de la toucher toutes les deux minutes !
- Là il s’agit de la vie de Teal’c !
- Et les autres fois de la mienne ! hurla-t-elle sentant les doigts de son supérieur marquer un peu plus sa chair tandis qu’il resserrait son étreinte.
- Vous n’obéissez plus à mes ordres, Carter !! Comment voulez vous que je gère mon équipe correctement quand mes hommes me désobéissent sans arrêt !
- Vos ordres sont totalement illogiques ! Est-ce que vous vous en rendez seulement compte ??
- Les ordres sont les ordres!! Si je vous demandais de sauter par une fenêtre du dixième étage, vous seriez censée le faire !
- Désolée d’avoir un cerveau et de m’en servir, Mon Colonel ! Ce qui n’est visiblement pas le cas de tout le monde ici !
C’est à cet instant qu’elle comprit qu’elle était allée trop loin... Elle vit le poing de son supérieur se refermer et sentit dans ses yeux l’envie qu’il avait de le lui balancer dans la figure. Mais elle-même se contrôlait difficilement et finalement aurait préféré qu’il la frappe pour pouvoir à son tour se défouler ! Peut-être que si elle insistait encore un peu, il finirait par perdre le contrôle !
- Faites attention Carter... Je suis un cheveu de vous...
Mais il ne finit pas sa phrase tant sa fureur était grande...
- Allez-y, Mon Colonel ! Je n’attends que ça ! s’exclama-t-elle se préparant déjà à esquiver les coups.
Mais la nature de l’attaque ne fut pas celle qu’elle escomptait... Elle fut projetée brutalement contre le mur et son coeur s’arrêta de battre lorsqu’elle sentit contre ses lèvres la bouche vorace de Jack.
Il lâcha aussitôt son poignet et ses mains commencèrent à la caresser avec fièvre tandis qu’il se collait à elle en gémissant. Ainsi prise en sandwich, son premier réflexe fut de tenter de se dégager. Elle détourna la tête mais ne fit que déplacer le problème...
A présent, il faisait glisser ses lèvres sur la peau de son cou, pressant ses reins contre les siens, lui ôtant soudain toute envie de se débattre. Un gémissement s’échappa de ses lèvres lorsqu’elle sentit son corps se tendre instinctivement vers lui, brûlant sous ses mains, attendant avec désespoir qu’il parvienne à sortir le tee-shirt de son pantalon pour que sa peau entre enfin en contact avec la sienne...
C’était surréaliste… C’était lui, contre elle. Lui, le Colonel O’Neill, Jack, qui l’embrassait avec passion, qui la caressait, qui se pressait avidement contre elle. C’était sa peau, ses mains, son odeur, son visage, son corps… Elle sentit ses jambes faiblir sous elle, tant les émotions qui l’envahissaient étaient puissantes…
Tentant de retrouver un semblant de raison, pour ne pas sombrer totalement, elle ouvrit les yeux et regarda autour d’elle… C’est à cet instant, dans son esprit fiévreux, qu’elle reconnut le capitaine Jennings sur l’un des écrans. Son estomac se noua aussitôt. Il venait vers eux !
La peur au ventre à l’idée qu’on les découvre, Sam finit par recouvrer ses esprits et tenta de repousser Jack.
- Il arrive... dit-elle, aussitôt bâillonnée par la bouche avide de son supérieur.
L’espace d’un instant, elle perdit totalement la notion de ce qui l’entourait et son corps fut de nouveau parcourut d’un violent frisson de désir. Elle écarta instinctivement les lèvres répondant à son baiser avec ardeur et fièvre tandis que les mains de son supérieur glissaient sur ses fesses pour la coller un peu plus encore contre lui… puis la réalité lui revint à l’esprit.
Sam reporta son attention vers les écrans et découvrit avec horreur que Jennings n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres d’eux !
Elle posa alors ses mains sur le torse de Jack et tenta de le repousser une seconde fois mais il était aussi dur que l’acier, les muscles tendus, la respiration haletante. Il avait perdu tout contrôle sur lui-même, songea la jeune femme avec un dérangeant mélange de crainte et d’excitation. Et s’il continuait comme ça, c’est elle qui le prendrait de force...
Aussi, dans un geste désespéré, elle finit par lui mordre brusquement la langue. Il recula aussitôt en grognant, mais curieusement, cela ne l’arrêta pas pour autant. Tandis qu’il s’apprêtait à fondre de nouveau sur elle, Sam leva la main et le gifla violemment.
Cette fois-ci, il stoppa net, une main contre sa bouche. La respiration saccadée, le regard perdu, il finit par redresser la tête. Devant l’expression bouleversée et troublée de la jeune femme, il recouvra ses esprits et recula précipitamment. Il la regarda un long moment et Sam, encore partagée entre un désir violent et le besoin de se trouver une contenance ne put que le fixer silencieusement…
Elle finit cependant par faire un pas vers lui afin de lui expliquer pourquoi elle l’avait repoussé mais déjà il ouvrait la porte et se précipitait à l’extérieur. Elle voulut en faire de même mais ses jambes ne la portaient plus. Elle remit d’une main tremblante son tee-shirt dans le pantalon, arrangea ses cheveux juste à temps pour voir entrer Jennings dans la pièce.
Celui-ci s’arrêta aussitôt en la découvrant.
- Major ? Que...
Afin de cacher son trouble, Sam se tourna vers le jeune capitaine et fronça les sourcils.
- Vous n’êtes pas censé laisser cette pièce sans surveillance, Jennings !
Aussitôt celui-ci se mit au garde à vous, livide.
- Je... Je suis désolé, Major.
- Que cela ne se reproduise pas ! Est-ce clair, Capitaine ?
- Tout... tout à fait clair, balbutia le pauvre homme.
Sans un mot de plus, Carter le contourna et s’apprêtait à sortir de la pièce lorsque Jennings l’interpella.
- Major ?
- Quoi ?
- ... Le sergent Siler vous cherche... Il y a un problème avec l’iris...
Sam soupira...
- Très bien.
Et elle sortit. Une fois dans le couloir, elle songea à aller voir de suite le Colonel O’Neill pour parler de ce qui venait de se passer... Mais elle fut stoppée net dans son élan :
« Le Major Carter est demandé en salle de commande de toute urgence »
Dans un soupir de frustration, Sam serra les poings, tenta de retrouver un rythme cardiaque à peu près acceptable et chasser de ses pensées les baisers fiévreux et le regard brûlant de son supérieur... en vain...
Sam passa les heures suivantes dans un état second. La réparation qui d’ordinaire lui aurait demandée une heure tout au plus se prolongeait dramatiquement, au grand damne de la jeune femme. Difficile de se concentrer lorsqu’à chaque instant votre esprit est inexorablement transporté à quelques dizaines de mètres de là, dans une pièce étroite, avec l’homme que vous désirez depuis plus de sept ans... Cet homme qui vous observe comme s’il allait vous dévorer... Son regard brûlant posé sur vous... Son regard...
- Major Carter ?
Sam revint aussitôt à elle en rougissant.
- Oui... ? Teal’c ?
- Vous vous sentez bien ? Vous fixez le mur depuis au moins cinq bonnes minutes sans bouger...
La jeune femme sourit, passablement gênée, puis se remit de suite au travail.
- Oui merci, Teal’c... J’ai juste du mal à me concentrer, aujourd’hui.
Le Jaffa acquiesça seulement avant de s’éloigner.
Sam se fustigea alors mentalement, songeant que plus vite elle aurait fini cette fichue réparation et plus vite elle pourrait aller voir le Colonel... Le Colonel... Le visage du Colonel... Les mains du ...
- Bon sang ! s’exclama-t-elle en fronçant les sourcils, exaspérée.
Heureusement, Teal’c était déjà parti. Elle se remit donc au travail et réussit enfin à terminer. Elle fit rapidement les tests de vérification puis put rejoindre ses quartiers. Il fallait juste qu’elle change de tee-shirt avant de se présenter chez lui.
Le coeur battant à se rompre, un noeud à l’estomac, la jeune femme marcha fébrilement jusqu’à sa chambre. Une centaine de questions tourbillonnait dans sa tête.
Pourquoi l’avait-il embrassée... ? Si on pouvait appeler ce qui s’était passé, un simple baiser...
Que ressentait-il pour elle ?
Pourquoi se comportait-il avec elle de façon aussi... détestable puis l’instant d’après... ?
Bref... Il fallait qu’elle lui parle.
Sam fit les derniers mètres qui la séparaient de ses quartiers en courant, entra en coup de vent à l’intérieur, enfila un tee-shirt propre, se lava les mains, jeta un oeil dans le miroir et fut quelque peu effrayée par l’expression d’excitation et de fébrilité qu’elle put lire sur son visage.
« Il faut que tu te calmes, ma fille ! Dis-toi bien qu’il ne va pas te faciliter les choses ! Tu le connais ! Il est bien capable de tout nier en bloc ! »
Après un ou deux coups de peigne, elle s’apprêta à ressortir lorsqu’elle aperçut un papier au sol, près de la porte. Elle ne l’avait pas remarqué en entrant...
Son coeur fit aussitôt un bond dans sa poitrine. Elle se précipita jusqu’à lui, dut s’y prendre à trois fois pour réussir à l’attraper tant ses mains tremblaient puis le déplia enfin. C’était bien son écriture, songea-t-elle aussitôt.
« Pardonnez-moi »
Elle fut un peu déçue par ce message court mais qu’espérait-elle de lui ? Un roman ? Une déclaration ? ... Ridicule.
Enfin... Au moins, il ne niait pas.
Enfonçant le papier dans sa poche, elle sortit précipitamment de sa chambre et se dirigea d’un pas fébrile vers les quartiers de son supérieur. Arrivée enfin devant, elle s’arrêta.
Elle avait les mains moites, le coeur sur le point d’exploser, la respiration saccadée... Sans parler du tremblement de ses jambes. Comment pouvait-elle être dans un état aussi lamentable à la simple idée de voir un homme alors qu’elle réussissait à garder son calme face à la mort elle-même?
Qu’allait-elle lui dire d’ailleurs ? ... Comment allait-il la recevoir ? Et s’il lui refermait la porte au nez ? On ne pouvait pas dire que c’était la grande entente entre eux depuis quelques temps... Pourtant, il avait suffit d’une étreinte pour que toute sa rancoeur à son égard disparaisse. Il n’y avait plus de haine, de colère et de soif de vengeance... Juste de l’amour, de la passion et du désir... Et quel désir...
Sam sentit ses jambes se remettre à trembler mais cette fois-ci, l’appréhension n’en était pas la cause.
- On se détend... murmura-t-elle alors en tentant de respirer le plus profondément possible.
Passablement calmée, très passablement, Sam leva une main tremblante et toqua à la porte. Elle attendit quelques secondes, les battements de son coeur résonnant jusque dans ses oreilles... Rien... Elle réitéra plusieurs fois son geste mais personne ne répondit. Elle tenta un
« Mon Colonel ? » tremblant... Toujours rien.
Terriblement déçue, une étrange envie de fondre en larmes, Sam finit par se détourner. Il était peut être en salle de sport avec Teal’c ?
Ni une ni deux, elle se remit en marche mais sans plus de succès... Elle alla au mess, chez Daniel... Personne. En désespoir de cause, elle se dirigea vers le bureau du Général et toqua à sa porte.
« Pas là non plus... » songea-t-elle en se mettant au garde à vous devant son supérieur.
Trop déçue pour s’en rendre compte de suite, elle finit par trouver l’expression d’Hammond des plus étranges. Il ne l’avait toujours pas saluée alors que cela faisait bien trente secondes qu’elle était en face de lui, à attendre, le bras levé.
- Mon Général ? ça ne va pas ? demanda-t-elle, gardant cependant la pose.
Hammond releva la tête, presque surpris de trouver quelqu’un dans son bureau, puis réalisant qu’il s’agissait de Carter, il s’éveilla quelque peu.
- Pourriez-vous m’expliquer... ça ? bredouilla-t-il en lui tendant alors une enveloppe qu’il tenait dans ses mains depuis qu’elle était entrée dans la pièce.
Hésitante, une sourde appréhension affluant en elle, Sam finit par baisser le bras et prendre ce qu’on lui tendait. Elle reconnut de suite l’écriture penchée et dynamique de son supérieur direct.
« Lettre de démission »
Son coeur se serra aussitôt.
- Quand vous a-t-il donné ça ?
- ... Il y a deux heures... Je n’ai eu droit à aucune explication.
Sam regarda Hammond. Celui-ci semblait vraiment peiné...
- Je n’ai même pas eu le temps de lui dire... commença-t-il avant de se taire dans un soupir.
Il passa une main lasse sur ses yeux avant de s’enfoncer un peu plus dans son siège.
- Lui dire quoi... Mon Général ?
- ... L’état major a décidé de le nommer Brigadier Général. Je pensais pouvoir enfin prendre ma retraite et lui laisser les commandes de la base.
A ces mots, Sam sourit aussitôt.
- Waouh ! C’est fantastique, il ...
Mais elle se tut, songeant à l’enveloppe qu’elle tenait encore dans sa main... Elle ne pouvait pas laisser faire cela. Elle comprenait aisément les raisons de sa décision mais elle se refusait à les accepter. Certes, il y avait quelques points sombres dans son comportement, mais elle était certaine qu’une bonne discussion avec lui résoudrait tous les problèmes !
Posant l’enveloppe sur le bureau d’Hammond, la jeune femme redressa la tête :
- Le Colonel est rentré chez lui ?
- ... Oui, juste après être passé ici.
- Je vous demande l’autorisation de sortir de la base, Mon Général.
Celui-ci fixa quelques instants la jeune femme, puis devant son air décidé, il se détendit quelque peu. S’il y avait une personne capable de le faire changer d’avis c’était bien elle.
- Accordé, Major.
Sam lui sourit, encourageante, le salua, puis sortit de la pièce. Elle ne prit même pas le temps de se changer, récupéra les clefs de sa voiture, et se dirigea d’un pas vif jusqu’à l’ascenseur.
« Existe-il un engin plus lent que ce fichu monte-charge ? » se demanda-t-elle au bout de dix bonnes minutes tandis qu’elle arrivait enfin à la surface.
Elle salua à peine les quelques gardes en faction à l’extérieur, monta dans sa voiture et démarra sur les chapeaux de roue ! Il lui fallut au moins vingt bonnes minutes pour arriver jusque chez lui mais découvrit avec désespoir les volets fermés et aucune voiture garée devant...
« Il n’est pas là... » songea-t-elle découragée, en s’adossant lourdement sur son siège. Son corps ne supporterait plus aucune hausse de tension... A ce rythme là, elle était bonne pour la crise cardiaque...
- Son chalet !! s’exclama-t-elle alors, retrouvant aussitôt son entrain.
Evidement, il était forcément là-bas !
Attrapant son téléphone, elle composa le numéro du Général afin de lui en demander l’adresse. Une fois celle-ci en poche, elle redémarra et s’élança sur la route.
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Cela faisait maintenant dix bonnes minutes qu’il était assis devant le lac, une bière à la main, sans que son corps ne parvienne à se détendre... Ce paysage grandiose qui d’ordinaire arrivait toujours à lui faire oublier ses soucis lui sembla tout à coup sans attrait... Vide. Morne... «
Désespérément à mon image » songea-t-il en finissant sa bière.
Aujourd’hui, il venait de tout perdre. Son travail et ses amis par son incompétence et la femme de sa vie par sa brutalité. Que lui restait-il ? Un chalet, un lac sans poisson... et lui. Seul.
D’un geste rageur, il envoya sa bouteille vide contre un arbre, qui se brisa sous le choc. S’il espérait se saouler comme il se doit, il s’y prenait bien mal. A ce rythme là, il serait encore sobre dans deux jours... Il lui fallait quelque chose de plus fort !
Il se leva donc et rentra dans son chalet afin d’y dénicher le Whisky qu’il gardait pour les grandes occasions... La fin de sa vie ! Voilà quelque chose à fêter !
A peine dans sa main, il la déboucha et but quelques gorgées à même la bouteille. Il sentit une chaleur brûlante inonder son corps mais ne s’arrêta que lorsque la douleur devint suffocante. Inutile d’aller trop vite, il n’en dé-saoulerait que trop rapidement... songea-t-il avec aigreur...
S’apprêtant à ressortir, son regard croisa une photo posée sur la cheminée de pierres. SG1 au grand complet. Il s’approcha machinalement, la saisit et fixa son regard sur la jeune femme.
- Elle doit me détester... murmura-t-il tandis que son estomac se nouait douloureusement.
Il revoyait son regard bouleversé, il se souvenait de la brûlure sur sa joue... Il s’était comporté comme une bête... un monstre. Il la traitait de la pire des façons en mission, l’humiliant sans cesse et lui sautait littéralement dessus la seconde suivante, lui imposant son désir, sa brutalité...
Le front brûlant de honte, Jack reposa brusquement la photo sur la cheminée et but encore quelques gorgées. Il était impardonnable... Impardonnable...
Une bouffée de colère et de haine envers lui-même le submergea soudain. Jamais il ne s’était autant détesté... Si... Une fois... Là aussi, il avait tout foiré, il avait tué l’être qu’il aimait le plus au monde...
Comment faisait-il ? Comment faisait-il pour tout détruire autour de lui ? Songea-t-il en serrant les dents pour ne pas s’effondrer.
Soudain, il eut chaud. Il avait l’impression atroce de suffoquer. Aussi, sa bouteille à la main, il sortit précipitamment du chalet et se dirigea vers le lac... Si seulement il ne savait pas nager...
Sam parvint enfin à l’adresse indiquée. Le chalet de Jack O’Neill. Combien de fois l’avait-il invité à le rejoindre ? Combien de fois avait-elle refusé ? Comment avait-elle pu refuser... ? A croire qu’il s’agissait d’une autre femme...
Elle s’avança lentement dans l’allée et, le coeur battant, découvrit la voiture de Jack garée devant la maison. L’endroit était de toute beauté mais dans son trouble, elle n’en était même pas consciente.
- Cette fois-ci, on y est, murmura-t-elle tout en arrêtant son véhicule à côté du sien.
Les mains de nouveau moites, elle serra le volant avec nervosité... Elle ne savait pas du tout comment il allait la recevoir. Il était si lunatique en ce moment...
Elle tourna alors la tête vers le chalet et son regard fut attiré par la porte d’entrée qui était entrouverte. Curieux... Une sourde angoisse monta en elle. A quel point s’en voulait-il pour Teal’c et pour elle ? Il n’était quand même pas capable de faire une bêtise ? Non... Pas lui.
Les mains tremblantes, elle ouvrit la portière de sa voiture et se dirigea d’un pas précipité jusqu’à l’entrée du chalet. Oubliant totalement les raisons de sa présence ici, elle toqua à la porte sans plus attendre et finit par y entrer, n’obtenant aucune réponse.
Personne...
C’est alors qu’au loin, elle crut entendre le cri d’un homme. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle sortit rapidement, s’arrêta sur le pas de la porte, l’oreille tendue, puis un nouveau grognement humain la sortit de sa torpeur. Ni une ni deux, le coeur battant la chamade, elle prit la direction d’où provenaient ces éclats de voix. C’était lui... Et visiblement, il était bien vivant et de très mauvaise humeur...
Jack tournait en rond depuis dix bonnes minutes, maintenant. Sa bouteille était au trois quart vide mais loin d’être amorphe comme il l’avait pensé et espéré, il se sentait curieusement éveillé, l’esprit en ébullition. Il n’était même pas foutu de se saouler correctement ! Ca faisait pourtant deux bonnes heures qu’il s’y employait sans résultat vraiment probant… Il voulait oublier ne serait-ce que quelques minutes… Il ne supportait plus cette douleur à l’estomac, ce poignard dans le coeur.
Tout ça à cause d’elle ! A cause de cette femme ! Cette… cette… Raaahh ! Il la haïssait ! Dieu, comme il la haïssait… A en crever… Cette garce avec son regard si bleu et son sourire... Son sourire...
- Qu’elle aille se faire foutre ! grogna-t-il en buvant encore quelques gorgées sans pour autant cesser de faire les cent pas.
Elle était là à le regarder avec ses grands yeux et après elle s’étonnait qu’il lui saute dessus !
- Je suis pas en pierre, moi !!!rugit-il en shootant dans un caillou, l’envoyant à quelques mètres loin de lui.
Déséquilibré par ce geste, il faillit s’étaler de tout son long.
- La garce ! balbutia-t-il, mettant ça aussi sur son dos, tandis que les bras écartés, il tentait de retrouver son équilibre.
Son ivresse rendit la chose des plus difficiles mais il y parvint cependant, plus furieux que jamais...
S’il la tenait... Peu importait qu’elle soit une femme. Elle savait aussi bien se battre qu’un homme, même mieux que le trois quart des militaires de la base. Aucune pitié à avoir ! C’est d’ailleurs ce qu’il aurait dû faire tout à l’heure, au lieu de ... de...
L’image de Sam, alanguie contre le mur à sa merci, lui revint tout à coup en mémoire, faisant bouillir de nouveau le sang dans ses veines et monter le désir dans ses reins.
- Je la hais !! hurla-t-il, aussitôt, frustré.
Mais un craquement le fit tout à coup sursauter et il se retourna brusquement.
Son regard ne présage rien de bon, songea Sam, le coeur au bord de l’explosion.
Encore en treillis et tee-shirt noir, Jack n’avait visiblement pas pris le temps de se changer avant de rentrer chez lui. Les cheveux en bataille, la tête penchée vers l’avant il la fixait avec intensité, dans une immobilité inquiétante...
Mais Dieu qu’il est sexy, réalisa-t-elle tandis que son sang commençait à circuler plus vite dans ses veines.
Les joues en feu, elle revécut tout à coup ses baisers brûlants, ses caresses... Ses jambes se remirent de nouveau à trembler, tandis que sa bouche s’asséchait brusquement. Elle tenta de refouler ces émotions troublantes et se concentra sur l’homme qui lui faisait face.
- Carter... murmura-t-il enfin, un léger sourire apparaissant sur ses lèvres.
Sa voix rauque mais encore plus l’expression de son visage la firent frissonner. Elle se racla la gorge, fit quelques pas vers lui mais finit par s’arrêter à distance raisonnable, inquiète par la lueur étrange qui brillait dans ses yeux.
- Mon Colonel, commença-t-elle avant de s’arrêter en découvrant la bouteille que Jack levait pour boire quelques gorgées.
Il ne pouvait pas avoir bu tout ça, quand même ? se demanda-t-elle avec appréhension. Difficile d’avoir une conversation avec un homme ivre.
- Mon Colonel ? reprit-elle finalement. Vous... Vous êtes saoul.
Ces mots le firent rire, mais d’un rire qu’elle ne lui connaissait pas. Sans joie, moqueur.
- En effet, Carter... Avec votre clairvoyance habituelle et cette intelligence qui vous caractérise tant, vous avez vu juste... Je suis saoul.
Sur ce, il but encore quelques gorgées, ne la quittant pourtant pas de yeux.
- J’aimerais que vous posiez cette bouteille, Mon Colonel. Je voudrais vous parler.
- Si vous la voulez, venez la chercher, dit-il simplement, un sourire carnassier sur les lèvres.
Ça, ce n’était pas une bonne idée... Il n’attendait visiblement que ça…
Que devait-elle faire ? Attendre sagement qu’il dé-saoule ? Certes, c’était ce qu’il y avait de plus raisonnable... Et cependant, songea-t-elle, un délicieux frisson la parcourant tout à coup, c’était bien la dernière chose dont elle avait envie... être prudente. Sam avait l’impression étrange de fondre littéralement sous son regard, de se liquéfier sur place...
Sa raison lui criait de partir. Il était beaucoup trop dangereux, ainsi, privé de toute inhibition. Mais son corps refusait de bouger... Ou plutôt si, mais pas dans le bon sens...
Sans même s’en rendre compte, elle s’avança vers lui, lentement, le coeur au bord de l’explosion, jusqu’à être assez proche pour tendre le bras afin de lui prendre la bouteille des mains. Mais d’un geste vif, il la devança et, tout en mettant le whisky en sécurité dans son dos, il attrapa la jeune femme par la nuque.
Surprise, elle sursauta et laissa s’échapper un gémissement tandis qu’il resserrait son étreinte. Il approcha son visage du sien et Sam put sentir son haleine imbibée d’alcool contre son visage. Curieusement, ce qu’elle trouvait écoeurant chez les autres devenait incroyablement enivrant chez lui...
Lorsqu’il prit ses lèvres, elle n’en fut même pas surprise, attendant désespérément ce contact. Il fouilla sa bouche dans un baiser brutal et dévorant mais avant même qu’elle puisse y répondre, il glissait déjà ses lèvres sur sa joue, puis son cou... Elle entendit le bruit d’une bouteille qui tombe dans l’herbe et sentit ses jambes se dérober sous elle tandis que d’un geste vif il lui faisait perdre l’équilibre, la renversant en arrière. Il freina cependant sa chute en la maintenant contre lui puis s’allongea de tout son long sur elle sans cesser d’embrasser fiévreusement sa peau.
Ecrasée sous son poids, les poumons soudain compressés, Sam eut l’horrible impression de suffoquer. Elle se débattit, repoussant le torse puissant qui la retenait prisonnière mais sans tenir compte de son air désespéré, Jack lui attrapa les poignets et les maintint de chaque côté de son visage. Elle sentit tout à coup son genou contre ses cuisses, la forçant à les écarter, tandis qu’elle cherchait à reprendre sa respiration. Aussitôt le poids qui la retenait prisonnière se fit plus léger. Il avait pris appui sur son genou et, à présent, pesait en grande partie dessus.
A peine remise de ses émotions, ses bras furent ramenés au-dessus de sa tête pour permettre à Jack de les maintenir d’une main, tandis que de l’autre il tirait sur son tee-shirt afin de le sortir de son pantalon. Instinctivement, elle rentra son ventre pour lui faciliter la tâche et gémit lorsqu’il toucha enfin sa peau. Mais cette caresse n’était pas son but premier et ses doigts s’introduisirent rapidement sous son soutien gorge, emprisonnant l’un de ses seins dans sa paume brûlante.
Ils gémirent tous deux à ce contact et Jack fondit de nouveau sur sa bouche tandis qu’elle se cambrait vers lui afin de coller un peu plus ses reins contre les siens. Emportée par son désir, elle répondit aussitôt à son baiser avec avidité, tout aussi fiévreusement que lui.
Quelque peu surpris, il redressa la tête, haletant, et Sam croisa son regard brûlant. Sans le quitter des yeux, elle écarta un peu plus les cuisses, se frottant à lui dans une invite on ne peut plus claire, entrouvrant les lèvres dans l’attente d’un nouveau baiser.
- Carter... grogna-t-il alors contre sa bouche avant de la reprendre avec passion.
Il lâcha enfin ses poignets et sans un mot de plus souleva le tee-shirt de la jeune femme et le lui ôta. Tandis qu’il faisait de même avec le sien, leurs regards accrochés l’un à l’autre, elle défit son soutien gorge d’une main fébrile, la respiration courte.
Torses nus, ils se rejoignirent de nouveau, leurs mains glissant sur leurs corps, caressant, griffant... Mais très vite ce contact ne leur suffit plus. Jack finit par glisser une main entre eux et commença à ôter la ceinture de la jeune femme. Sans attendre, elle l’aida dans ses gestes rendus maladroits par le désir et l’alcool. Il s’agenouilla pour défaire leurs chaussures et retirer les derniers vêtements. Alors enfin, il pesa de nouveau de tout son poids sur elle, dévoré littéralement de l’intérieur par son désir, brûlant de sentir le corps doux et frêle de la jeune femme sous lui. Puis il la prit, avec un mélange de rage et de désespoir, son esprit embrouillé, alourdi par l’alcool, ne sachant trop si ce qu’il vivait était la réalité ou non. Lorsqu’enfin il l’entendit gémir, son corps pris de tremblements incontrôlés, il se laissa aller à son tour et la rejoignit dans les délices de la jouissance...
Quelques secondes plus tard, la respiration courte, Sam l’aida à rouler sur le côté pour se libérer du poids de ce corps sans force et reprenant peu à peu ses esprits, se tourna vers lui. Jamais elle ne s’était sentie aussi apaisée… Jamais elle ne s’était sentie si merveilleusement bien. Détendue. A sa place, à côté de lui.
Elle leva une main vers son visage à peine conscient, tourné vers elle et le caressa tendrement. Il était encore moite de sueur… songea-t-elle, un sourire sur ses lèvres. La dernière fois qu’elle l’avait touché ainsi, elle se trouvait à l’infirmerie, se demandant secrètement quand la providence ferait qu’elle pourrait réitérer un tel geste. Et voilà… Ils étaient nus l’un en face de l’autre et venait de faire l’amour. Enfin… Elle venait de faire l’amour… Quant à lui, elle ne savait pas vraiment.
Sam avait imaginé à maintes occasions leur première fois – si première fois il y avait un jour – mais jamais elle n’avait songé à une étreinte aussi… brutale. Mais ça ne la dérangeait pas. A plusieurs reprises, lorsqu’il la retenait prisonnière, il lui avait laissé quelques possibilités de fuites… Elle aurait pu se libérer facilement mais n’avait évidement rien fait. Alors non, ça ne la dérangeait pas… Elle l’aimait.
Plus détendue que jamais depuis des mois, Sam se sentit soudain partir dans une agréable somnolence… Posant sa main sur celle de Jack, elle le regarda une dernière fois, puis ferma les yeux.