Citations du moment :
Si un humain n'est pas capable de percevoir la douleur d'un autre, il serait justifié de lui retirer sa qualité d'homme.
[Bernard Werber]
Imagine

Devoir et sacrifice : Chapitre 2

Helena marchait d’un pas rapide dans les couloirs, sourcils froncés. Les deux soldats la suivaient. L’un d’eux murmura :
-          Et c’est ça l’équipe d’élite qui est censée protéger le monde, eh bien…
-          Ouai, ça fait froid dans le dos. Ils passent leur temps à s’engueuler, et résultat d’une simple exploration sans aucun danger : un blessé et tout le matériel perdu. Imaginez quand il y a vraiment du grabuge…
La journaliste ne répondit rien. Elle ne pouvait rien répondre. Elle avait eu l’immense honneur d’être sélectionnée pour effectuer un reportage sur une des glorieuses missions de SG1.
Glorieuses missions de SG1. Cette mission était une catastrophe. Bien sûr, tout le matériel ayant été rendu inutilisable, elle n’avait gardé aucune trace de ce fiasco. Mais devait-elle l’oublier pour autant ? Devait-elle oublier, partir, et se taire ?
Non. Elle ne l’avait jamais fait et ne le ferait jamais. Le Président aurait la vérité, même si ce n’était pas celle qu’il espérait. Elle tournerait lors d’une autre mission, que le général le veuille ou non. Elle devait de toutes façons ramener des images. Elle en ramènerait, et ils sauraient.


 

-          Vous avez décidé de signer mon arrêt de mort, c’est ça ?
Daniel et Sam gardèrent le silence, debout face au bureau. O’Neill tapota nerveusement sur la surface de bois foncé et finit par se rejeter dans son fauteuil. Il demanda sèchement :
-          Alors vous pouvez m’expliquer ?
Sam, sans le regarder, prit la parole :
-          Tout est de ma faute mon général. En tant que leader de SG1 je prends toutes les responsabilités de cet échec. Je…
-          Sam, non, je…
-          Laissez moi parler Daniel. Je n’ai pas prêté assez attention au dysfonctionnement du MALP quand il est revenu, et j’ai répondu trop vite à Daniel avant de m’assurer qu’il pouvait pénétrer dans le temple.
L’archéologue la regardait avec douleur. Jack reprit la parole :
-          Bien. Le plus important est que Teal’C ne soit pas gravement blessé. Il sera sur pieds d’ici peu. J’attends vos rapports au plus tôt.
-          Et pour l’équipe de Mademoiselle Cornwell ? demanda Daniel.
Jack soupira :
-          On peut dire qu’elle tombe à pic celle-là. Moi qui espérais qu’on en serait vite débarrassé, cela ne va pas être du gâteau. Ils n’ont rien pu rapporter, à mon avis elle va vouloir repartir en mission d’ici peu. Particulièrement maintenant, je me suis renseigné sur elle, c’est une bonne journaliste, intègre, et faire des articles qui déplaisent ne lui a jamais posé le moindre problème.
Daniel et Sam acquiescèrent en silence. Le général les renvoya d’un signe de tête.
Dès qu’ils furent sortis, le colonel Carter refusa poliment l’invitation de son ami à le suivre au mess et partit s’enfermer dans son labo.


Elle resta assise dans la pénombre. Elle avait déçu Jack. Elle avait commis une erreur.
Elle avait surtout failli perdre Teal’C.
Elle se repassa le film dans sa tête des dizaines de fois, à chaque fois plus consciente de ses erreurs. Inadmissibles.
Elle ne sentit même pas les larmes commencer à couler lentement sur son visage.
Elle n’entendit même pas la porte s’ouvrir doucement.
Jack resta un moment immobile dans l’embrasure, mains dans les poches, à observer le dos courbé de sa coéquipière. Il s’avança finalement, refermant la porte derrière lui, et s’approcha d’elle. Quand il fit le tour du bureau, elle releva soudain son visage baigné de larmes et le coeur de Jack se serra violemment dans sa poitrine.
Il détestait la voir pleurer. Plus que tout au monde.
Détournant le regard, elle s’essuya les yeux d’un revers de manche fébrile, honteuse, et balbutia :
-          Mon général, excusez moi, je ne vous avais pas entendu entrer, je suis désolée, je vous fais mon rapport immédia…
-          Qu’est-ce qui se passe Carter ?
La douceur de sa voix fit tressaillir la jeune femme qui leva à nouveau le regard vers lui. Elle lut dans les yeux bruns non pas de la colère, mais une peine infinie. Elle soupira et ne répondit rien. Il continua :
-          Écoutez, ne soyez pas trop dure avec vous-même. Même avec les données du MALP, on aurait sûrement maintenu la mission, et on n’aurait pas forcément pu anticiper non  plus, et puis Daniel n’écoute jamais de toutes façons !
Il avait dit la fin d’un ton plus enjoué, mais elle ne sourit pas. Il enchaîna :
-          Cela arrive à tout le monde de commettre des erreurs, on…
-          Pas en mission mon général. On ne peut pas se le permettre.
Il ne répondit rien. Elle avait raison. Elle avait toujours raison.
-          Je sais.
-          Mon erreur a failli tuer Teal’C.
-          Carter, combien de fois avons-nous failli y passer ? L’important est que Teal’C aille bien et que nous nous en soyons sortis. Le reste… Le reste est bon pour la paperasse.
-          Cela ne serait jamais arrivé sous votre commandement, mon général.
Jack fronça les sourcils et la saisit par les épaules par-dessus le bureau :
-          Oh si. Les erreurs j’en ai fait des dizaines, mais je vous avais, vous trois pour les corriger. Pour désobéir parfois. Nous savons tous les deux que le métier de soldat nous pousse dans nos retranchements et dans nos limites à chaque fois. Et que dire quand il faut y ajouter le fait que nous, nous traversons à chaque fois la Porte de Étoiles sans savoir ce que nous trouvons derrière. Mais je ne vous apprends rien Carter. Je le répète encore une fois : ne soyez pas trop dure avec vous-même.
Il lui sourit, et ajouta :
-          C’est un ordre, Carter.
Un mince sourire passa enfin sur le visage de Sam. Jack relâcha alors les épaules de la jeune femme et se redressa. Il demanda :
-          Sinon, ça va ? Je vous trouve… fatiguée ces temps-ci. Vous avez une petite mine.
Elle rougit légèrement, songeant soudain que son apparence devait être encore plus pitoyable que d’habitude, et balbutia :
-          Non, non, ça va, merci. Un peu de fatigue, mais rien d’important.
-          Bon, répondit-il sans la croire. Alors je vous laisse.
Après un dernier sourire, il quitta le laboratoire.
Tout en marchant dans le couloir, il repensa à Sam. Une fois de plus. Elle n’allait pas bien. Elle était épuisée, physiquement et moralement. Elle avait prétendu s’être remis de sa rupture, de la mort de Jacob… mais c’était faux. Elle n’allait pas bien.

Jack se passa nerveusement la main dans les cheveux :
-          Oui monsieur le Président… Bien. La prochaine mission, oui, je m’y engage. Oui. Au revoir Monsieur le Président.
Il raccrocha en soupirant le téléphone rouge. A cet instant l’alarme se déclencha :
« Activation non programmée de la Porte des Étoiles ».
Quand le général arriva en salle de commande, Sam s’y trouvait déjà. Il demanda :
-          Qu’est-ce qu’on a ?
-          C’est le code de la Tok’ra.
-          Ouvrez l’iris.
Quelques instants plus tard, un homme d’une cinquantaine d’années sortit du vortex.

Helena et les deux lieutenants étaient à nouveau installés en salle de briefing, de même que Sam, Daniel et Teal’C rapidement remis de ses blessures. Le jaffa avait gardé une étonnante capacité de cicatrisation.


Jack sortit enfin de son bureau et vint prendre place dans la salle de briefing. Le général prit la parole :
-          Bien. Encore une fois nos amis de la Tok’ra ont besoin de nos services. Colonel…
-          Merci mon général. Ils ont donc besoin de nous pour détruire un prototype de poison sur lequel travaillait Anubis et qui devait être efficace sur les symbiotes Tok’ra uniquement.
-          Sur le modèle de celui mis au point par les Tok’ra jadis ? demanda Daniel.
-          En effet. Pour des raisons évidentes de sécurité, les Tok’ras préfèrent que nous y allions. Le poison est dans une ancienne base d’Anubis désertée,  ils l’ont su par un de leurs espions.
-          Bien. Le MALP a été envoyé, l’endroit est bien désert. Nous partons demain à 10h15, je vous accompagne, ajouta Jack.
Sam croisa son regard, ouvrit la bouche pour parler, mais ne dit rien.
Il n’avait plus confiance en elle. Même lui.
Elle rassembla ses papiers. Jack était souriant, en grande discussion avec une Helena toute pimpante dans un petit jean  pâle et un chemisier noir cintré. Toujours magnifique. Si sûre d’elle. Si féminine.
Et pourtant parfaitement professionnelle et sympathique. C’était presque le plus insupportable, songea Sam en quittant la pièce.

Quand Sam entra dans la salle de sport, dans l’après-midi, elle trouva Teal’C entrain de taper avec application dans un punching ball. Il s’arrêta en la voyant et inclina la tête en souriant.  Elle vint à lui et demanda :
-          ça va Teal’C ? Vous êtes sûr d’avoir pleinement récupéré ?
-          Oui colonel, je vous remercie.
-          Bien. Je suis contente. Mais surtout, si vous…
-          Colonel Carter, l’interrompit doucement le jaffa, mes blessures étaient sans gravité et pleinement guéries. Et je ne vous tiens nullement pour responsable de ce qui est arrivé.
Elle sourit largement au grand jaffa, mais ne put s’empêcher de murmurer en posant sa serviette contre le mur :
-          Si seulement il en était de même pour tout le monde…
Teal’C s’arrêta de taper et demanda :
-          Vous pensez que O’Neill vous en veut ?
-          Il ne me laisse même plus partir seule en mission. Mais laissons cela, je suis désolée de vous ennuyer.
Le jaffa était immobile et regardait la jeune femme attentivement. Elle s’était assise pour faire quelques exercices de musculation. Teal’C dit :
-          Je pense que O’Neill vous fait toujours aussi confiance mais qu’il vient pour s’occuper de l’équipe de Mademoiselle Cornwell.
-          Mouai…
Le jaffa sourit :
-          Cela ne semble pas vous rassurer, colonel Carter.
Sam perçut l’ironie dans la voix de son ami et se redressa soudain, rougissante :
-          Quoi ? Mais si…. Enfin…. Si…
Elle soupira et le sourire de Teal’C s’élargit :
-          Seriez-vous inquiète, colonel ?
Elle regarda l’imposant jaffa et ne put s’empêcher de sourire à son tour :
-          Je ne vous savais pas doué en psychologie féminine, Teal’C !
-          Je vous rappelle que j’ai été marié. Longtemps.
Sam rit doucement puis soupira :
-          Merci Teal’C. C’est juste…. Enfin… C’est difficile d’être une femme parfois ici… De se souvenir…. Que je suis une femme.
Teal’C leva légèrement un sourcil et considéra son amie gravement. Il savait que Sam était perturbée, qu’elle avait – à juste titre – du mal à encaisser tous les bouleversements qui avaient eu lieu. Mais il venait juste de réaliser à quel point le moral et la confiance de la jeune femme étaient ébranlés, au plus profond d’elle-même, de ce qu’elle était bien avant d’être un excellent soldat et une scientifique hors pair.
Elle resta silencieuse un instant, semblant l’avoir oublié, fixant ses baskets. Le jaffa ouvrit la bouche pour répondre, mais elle l’arrêta d’un geste :
-          Excusez moi Teal’C, je suis ridicule, je suis seulement fatiguée, ça va aller, ne prêtez pas attention à mes divagations !
Un sourire feint passa sur le visage de Sam et elle s’allongea à nouveau sur le banc de musculation, commençant ses exercices. Elle ne voulait plus parler. Elle en avait déjà tellement dit, c’était si rare en fait, songea le jaffa.
Il inclina doucement la tête, respectueux de son silence, et reprit son propre entraînement.


 

A nouveau ils se retrouvaient à sept devant la porte des Étoiles. L’ambiance était beaucoup plus tendue que la première fois. Helena s’était à nouveau mise aux côtés du général, mais cette fois Sam s’efforça de ne pas y prêter attention, de se focaliser uniquement sur la mission.
Jack observait le profil mince de son second, son teint si pâle sous ses cheveux blonds. Depuis combien de temps n’avait-elle pas dormi une nuit complète ? Depuis combien de temps n’avait-elle plus oublié un instant le poids de sa tristesse, de sa douleur, de ses responsabilités écrasantes ? Elle ne savait pas s’arrêter. Il le savait depuis longtemps, c’était à la fois sa force… et peut-être sa seule faiblesse. Elle avait tellement du se battre pour arriver où elle était, tellement lutté pour conquérir et conserver sa place. Se montrer si parfaite, si infaillible, toujours. Mais elle était en train d’atteindre ses propres limites et ne le supportait pas. Elle ne pouvait l’accepter, le reconnaître. Encore moins le laisser paraître.
Mais il le savait. Et il aimait cela. Voir en elle une femme fragile ne rendait qu’encore plus exceptionnel ce qu’elle était. Cette sublime humanité inspirait encore davantage le respect devant le parfait soldat qu’elle était.
Il fallait juste qu’elle cède. Qu’elle perde enfin ce bras de fer contre elle-même, pour qu’il puisse l’atteindre et l’aider. Il attendait un mot, un geste, un regard.
Qui ne venaient pas. Mais attendre que le colonel Carter cédât contre elle-même, n’était-ce pas attendre en vain ?
Il soupira imperceptiblement alors que d’un pas décidé elle s’engouffrait dans le vortex. Il sourit machinalement à Helena et ils avancèrent dans la vague bleutée.
La plaine était déserte. Helena fit signe au lieutenant Carlson qui mit la caméra en marche et commença à filmer. Ils avancèrent avec précaution, jusqu’à ce que Sam s’arrête et annonce :
-          D’après l’espion Tok’ra, la base d’Anubis devrait se situer juste au-dessous. Il faut activer les anneaux de transports.
-          Mouai, d’après l’espion Tok’ra… grommela Jack. Bien, allez-y et renvoyez-nous l’ascenseur.
Sam, Teal’C et le lieutenant Wenders disparurent, filmés par Carlson. Jack, Daniel, Helena et Carlson se placèrent à leur tour au centre du cercle.
Quand ils réapparurent, ce fut pour découvrir Sam, Teal’C et Wenders en train de poser leurs armes à terre. Ils étaient entourés par plusieurs dizaines de jaffas. Jack soupira :
-          Bienvenue sur Tok’ra air lines…


Ils se trouvaient en effet manifestement dans une base Goa’uld abandonnée. Un avant poste plutôt, vues les dimensions assez réduites des pièces, surtout des laboratoires à ce qu’ils purent constater alors qu’ils étaient poussés sans ménagement vers les cellules. Ils se retrouvèrent bientôt enfermés tous les sept. Helena demanda d’un ton empreint d’inquiétude :
-          Ce sont des Goa’ulds ?
-          Non, des jaffas, répondit Jack. Mais à la solde d’un goa’uld quelconque qui ne va pas tarder à venir nous faire son petit discours de bienvenue…
A cet instant, plusieurs jaffas arrivèrent. Ils s’écartèrent et un homme assez jeune avança d’un pas assuré vers la cellule, un affreux sourire suffisant sur son visage. Jack murmura d’un air las :
-          Qu’est-ce que je vous disais…. Tiens, mais je vous connais vous !
-          Lord Zipacna… dit Sam.
Le sourire du Goa’uld s’élargit encore :
-          Eh oui, comme on se retrouve, SG1. Ce que vous êtes prévisibles. Vous tombez dans les pièges qu’on vous tend avec une stupidité déconcertante.
-          A propos de stupidité déconcertante, comment va Anubis, votre cher maître ? Ah non, zut, c’est vrai, on l’a tué, déclara ironiquement le général.
-          Je devrais même vous en remercier. J’ai ainsi pu récupérer une grande partie de ses jaffas et de son armée.
-          Oui, enfin ne vous réjouissez pas trop vite, ajouta Daniel, c’est quand même Baal qui a les super guerriers et qui est en train de vous écraser tous.
Zipacna jeta un coup d’œil mauvais vers l’archéologue :
-          Peut-être, mais quand les grands maîtres et les jaffas sauront que j’ai capturé et tué la fameuse SG1, ils se rallieront à moi et Baal ne sera vite plus qu’un souvenir.
-          Ah oui, on est si illustres que ça ? demanda Jack avec fierté.
-          Silence ! Vous resterez ici pendant que je vais décider de votre sort à chacun… Mais qui sont ces humains ? Je ne les ai jamais vus.
Helena, Carlson et Wenders reculèrent d’un pas. Sam s’interposa entre eux et Zipacna :
-          Ils ne font pas partie du SGC. Ils étaient avec nous à titre d’observateurs.
-          Ont-ils un rapport avec ces choses ? Ce ne sont pas des armes.
Il fit un geste et un jaffa apparut avec la caméra et le micro. Sam tenta d’expliquer :
-          Oui, ce n’est qu’une caméra, un moyen d’enregistrer le son et l’image, pour garder une trace d’une mission par exemple.
La Goa’uld éclata de rire :
-          Garder une trace ? A mais vous aller en garder des traces ! Mais si vous en voulez une supplémentaire… Amusez vous bien.
Il fit un geste aux jaffas, qui entrouvrirent la porte de la cellule et y jetèrent la caméra et le micro. Sam répéta :
-          Ils ne font pas partie du SGC, laissez les, ils n’ont aucune valeur.
Le regard de Zipacna passa lentement sur Helena qui frémit de dégoût.
-          Ils ont toujours une valeur d’hôtes potentiels…. Et je recherche justement une reine…
Mais à cet instant la main de Zipacna passa au travers des barreaux et il saisit Sam à la nuque, l’attirant violemment à lui, mettant son visage à quelques centimètres du sien :
-          … mais quelle plus belle reine que le colonel Carter de SG1 ?
Avant que personne ait pu esquisser un geste il avait relâché le cou de la jeune femme et s’était rapidement éloigné de la cellule. Jack, qui avait bondi, ne put même pas le toucher et dut se contenter d’écouter son rire décroître dans le couloir.
Le général se tourna alors vers Sam qui se massait la nuque :
-          ça va Carter ?
-          Oh oui, rien de très grave, juste leur délicatesse habituelle mon général.
Ils échangèrent un bref sourire.
Les deux lieutenants interrogèrent la journaliste du regard, et elle acquiesça. Ils remirent alors les équipements en route et commencèrent à filmer. Daniel fronça les sourcils :
-          Vous croyez vraiment que… ?
-          Laissez les Daniel, ils sont là pour ça après tout. Qu’ils filment la réalité.
La voix de Jack était sans appel.

Les terriens attendirent dans un silence quasi-total. Les deux lieutenants et Helena étaient terrorisés mais parvenaient à garder leur calme pour ne pas aggraver la situation. Jack lança quelques sourires rassurants à la journaliste qui n’en menait pas large.
Sam détourna les yeux, se concentrant sur un moyen de les faire sortir. En vain.
Un long moment plus tard, Zipacna revint avec ses jaffas. Helena murmura à l’adresse des deux lieutenants :
-          Continuez de filmer. Quoi qu’il arrive. Continuez.
Le regard du Goa’uld passa sur les terriens, s’arrêtant sur Jack :
-          Général O’Neill…. Je vais faire de vous mon invité de marque pour quelques heures… le temps de vous extorquer les informations nécessaires.
-          C’est trop d’honneur, murmura Jack entre ses dents.
Sam le regarda se lever lentement. Elle bondit sur ses pieds :
-          Non ! Cela ne sert à rien. Vous savez que Baal l’a torturé sans rien en tirer.
-          Carter ! Je...
-          Emmenez-moi à sa place.
Zipacna observa la jeune femme en souriant :
-          Après tout, pourquoi pas… J’aurai de toutes façons tout le temps de m’occuper des autres après.
Sans un regard pour ses coéquipiers, Sam se plaça devant la porte qui s’ouvrit. Elle sortit, la tête haute. Daniel hurla :
-          Sam ! Non !!!
Elle disparut, entourée par les jaffas. La dernière chose qu’elle entendit fut la voix de son supérieur, un cri à la fois plein d’inquiétude et de colère :
-          CARTER !!!
Instinctivement, le lieutenant Carlson quitta l’angle où venait de tourner la jeune femme et zooma sur le visage du général O’Neill. Jack fixait l’endroit où elle venait disparaître, ses traits tendus par la peur, immobile, lèvres entre ouvertes.


 

Le colonel Carter tenta une fois plus de retrouver sa respiration. Elle était à genoux, ses bras écartelés le long de la barre de métal à laquelle elle était attachée. Ses poumons la brûlaient atrocement. La douleur dans sa tête était insupportable. A chaque fois que Zipacna l’avait touchée avec le bâton de torture, elle avait cru que son crâne allait exploser. Les décharges d’énergie étaient de plus en plus puissantes, et elle s’affaiblissait elle-même un peu plus à chaque fois.
Mais elle n’avait pas parlé. Et ne parlerait pas. Elle ignorait si elle allait mourir ou non, mais le fait qu’elle ne dirait rien était la seule certitude à laquelle elle se rattachait encore.
Ça et les images qui apparaissaient encore dans sa tête. Toujours les mêmes. Jacob, Daniel, Teal’C, Cassie, Mark. Et Jack, bien sûr. Des images positives auxquelles son esprit se rattachait désespérément. Les images de ceux qu’elle aimait.
Zipacna avait perdu son sourire. La résistance de cette femme l’agaçait au plus haut point. D’un geste sec il posa à nouveau le bâton de torture sur la jeune femme. Un peu plus longtemps.
Cette fois-ci elle hurla et son corps s’affaissa, inerte, seulement retenu par les liens sur ses poignets. Zipacna jeta au loin l’arme d’un geste rageur et ordonna :
-          Ramenez la avec les autres !
Deux jaffas la levèrent rudement et le mouvement brutal lui fit entrouvrir les yeux. Alors qu’ils la traînaient vers la porte, son cerveau enregistra la présence d’un objet.  Dans un dernier effort, elle fit mine de s’affaler tout d’un coup et s’effondra sur le panneau situé près de l’issue. Les deux jaffas la relevèrent sans ménagement, ne prêtant pas attention à la main de la jeune femme qui venait de se glisser dans sa poche de treillis.
Alors Sam perdit réellement conscience.


 

Le corps de Sam fut projeté dans la cellule et Teal’C la retint de justesse, l’allongeant sur le sol avec précaution. Jack se précipita avec Daniel et ils se penchèrent sur elle, la même inquiétude se lisant sur leurs visages. Le général prit délicatement le visage de la jeune femme dans ses mains, l’appelant doucement :
-          Carter… Carter…
Ils avaient constaté en un instant qu’elle ne portait pas de blessures visibles et en avaient immédiatement conclu qu’elle avait été torturée avec le bâton qu’ils connaissaient tous malheureusement si bien.
Le lieutenant Carlson, tremblant, se remit à filmer. Helena observa la scène avec compassion et inquiétude.
Sam gémit finalement et Jack sourit faiblement :
-          Salut Dorothée…
Glissant doucement sa main derrière la nuque de Sam, il la releva très lentement et l’appuya contre le mur. Elle reprenait lentement ses esprits, tenta de parler, mais n’y parvint d’abord pas. Daniel dit :
-          Doucement Sam, ça va aller, mais prenez votre temps.
Elle ouvrit lentement les yeux et découvrit le regard inquiet de Jack en face d’elle. Elle murmura très faiblement :
-          Mon général… J’ai pu… prendre ça….
Ses doigts fins glissèrent en tremblant dans la poche de son treillis et elle en sortit une télécommande des anneaux de transport.
L’admiration les força tous au silence.


 

Sam avait petit à petit récupéré, même si elle restait faible et exténuée. Ils étaient tous assis en silence contre les murs de la cellule. Ils n’avaient encore trouvé aucun moyen de sortir. Teal’C avait essayé de parler avec les jaffas qui passaient régulièrement les voir, mais sans succès. Les derniers fidèles des faux dieux étaient de loin les plus difficiles à convaincre.
Jack vint s’asseoir à côté de son second et lui dit :
-          Je suis fier de vous Carter.
Elle tourna la tête vers lui, un mince sourire sur les lèvres. Il continua :
-          Mais vous savez, ce n’est pas nouveau. Je l’ai toujours été. Vous n’avez depuis longtemps plus rien à prouver, à qui que ce soit. Encore moins à moi.
Sam le regarda un instant, pleine de gratitude, et murmura à son tour :
-          Merci. Je crois… que je l’avais oublié. Mais je ne fais que mon travail.
-          Je sais. Mais je n’en suis pas moins fier.
Ils restèrent un instant immobiles, souriant. Puis Sam referma les yeux pour se reposer et Jack se releva pour se dégourdir les jambes.
Des pas se firent alors entendre et Lord Zipacna apparut à nouveau, entouré de ses jaffas. Jack posa sur lui un regard plein de haine. Le Goa’uld dit :
-          Ne vous inquiétez pas général O’Neill…. Pas de torture cette fois… Je viens juste me chercher une compagne pour la nuit. A cause de vous, les distractions manquent en ce moment.
Il fit un signe aux jaffas, désignant Helena du menton :
-          Amenez-la moi.
La journaliste, soudain terrorisée, se colla à la paroi de la cellule en gémissant. Jack et Teal’C tentèrent de s’interposer, mais le nombre des jaffas qui pointaient sur eux les lances les dissuada de tenter quoi que ce soit. A ce moment la voix de Sam retentit à nouveau alors qu’elle se redressait lentement :
-          Laissez la. Elle ne fait pas partie du SGC, elle n’est pour rien dans tout ce qui est arrivé. Ce n’est pas elle que vous voulez. Prenez moi à sa place.
La consternation les figea sur place. Jack tourna lentement la tête vers son second. Il était livide. Zipacna regardait Sam avec étonnement, puis son ignoble sourire revint sur ses lèvres :
-          Décidemment colonel… vous m’étonnez…. Je vous plais tant que ça ?
La voix du général le coupa :
-          Carter, je vous donne l’ordre de vous taire immédiatement.
Sam leva les yeux vers lui. Ceux de Jack étaient noirs, plein de colère et de terreur. Les muscles de sa mâchoire étaient tendus à l’extrême, la ride sur son front plus profonde que jamais. Le colonel Carter ferma les yeux un instant, et plongea à nouveau dans ceux de Jack. Mais elle s’adressa au Goa’uld :
-          Vous savez que je ne suis pas en état de résister. Emmenez moi à sa place, c’est une civile, elle n’a rien à voir avec tout ça. Emmenez moi.
-          Sam, balbutia Daniel.
Teal’C et Jack, soudain pleins de rage, firent un pas en avant mais se retrouvèrent instantanément face à trois lances Goa’ulds pointées sur eux. L’ancien prima serra les poings de rage et d’impuissance. Jack saisit Sam par les épaules avec force et hurla presque face à elle :
-          Carter je vous ai ordonné de vous taire ! Vous avez entendu ! Taisez-vous !!!
Elle se mordit la lèvre et il vit ses yeux bleus briller face à lui. Elle murmura :
-          Il n’y a pas d’autre solution mon général. Cette équipe est sous ma responsabilité. C’est à moi…
-          TAISEZ-VOUS !!!!!!!!!!!!!!!!!
Elle fut soudain comme transportée quatre ans en arrière. Quand il avait pareillement hurlé de rage derrière un bouclier Goa’uld. Elle lisait à cet instant le même désespoir dans ses yeux, la même souffrance infinie, les mêmes sentiments. La même impuissance quand il avait réalisé qu’elle avait raison. Le même refus d’entendre la vérité. Il restait immobile, ses mains crispées sur ses épaules. Elle se dégagea doucement, lui sourit tristement et murmura à nouveau :
-          Je ne fais que mon travail.
Il resta immobile, tétanisé. La regardant s’éloigner. Daniel se jeta soudain sur l’un des jaffas :
-          Non ! Laissez la ! Vous ne pouvez pas….
Il reçut un très violent coup de poing dans le ventre et s’écroula sur le sol, le souffle coupé. Sam lui jeta un regard inquiet mais fut poussée dehors par un jaffa. Ils refermèrent la porte de la cellule et Zipacna passa doucement sa main sur la joue de la jeune femme que ce contact fit frémir de dégoût. Elle gardait les yeux fixés sur Jack.
Leurs yeux semblaient ne jamais devoir se détacher. Les yeux bruns de Jack, si pleins de douleur, d’une peine immense, de refus et d’anéantissement. Les yeux bleus de Sam, pleins d’amour, de tristesse et d’acceptation. De larmes.
Elle fut poussée par un jaffa et disparut à nouveau brusquement au coin du couloir.
Ils restèrent parfaitement immobiles, silencieux, en état de choc. Helena se laissa glisser lentement contre le mur en sanglotant. Daniel avait retrouvé son souffle et leva les yeux vers le général, toujours figé devant la porte de la cellule :
-          Jack… gémit-il.
La voix grave de Teal’C lui fit écho :
-          O’Neill…
Le général leva la main, leur intimant de se taire.
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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