Citations du moment : Me montrer nu de dos ne me pose pas de probleme mais, de face, c'est une autre histoire, je ne voudrais pas perdre tout mes fans. JC Vandamme
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Immortel : Chapitre 2
Arrivés de l’autre côté, Daniel s’approcha de l’obélisque sans perdre une seconde. Sam le rejoignit après avoir ordonné à SG3 de préparer la Porte pour une ouverture rapide, en cas de danger. - Alors ? - C’est du marqueur ! déclara Daniel en passant le doigt sur le symbole avec incrédulité. - Du marqueur ? Sam se rapprocha afin de s’assurer elle-même de l’étrange découverte. Elle finit par se redresser. - Ca veut dire qu’un membre du SGC est peut-être bloqué ici. Sans DHD, il n’a pas pu repartir. Daniel accrocha le regard de la jeune femme, perplexe. - Comment a-t-il fait pour atterrir ici ? Tu as une idée ? Haussant les épaules en signe d’incompréhension, Sam se tourna vers le reste du groupe. - Il se pourrait que l’un des nôtres soit ici. Nous partons en repérage. Préparez la Porte et restez ici. - A vos ordres, répliqua Reynolds tandis que la jeune femme s’éloignait déjà, suivie de Daniel et Teal’c. Ils prirent un chemin de terre qui, apparemment, était régulièrement utilisé. Ils traversèrent une petite forêt et vingt minutes plus tard arrivèrent en vue d’un village. D’un même mouvement, ils empoignèrent leur arme et ralentirent l’allure. - Si c’est ça le refuge, il n’est pas très sûr... grogna Daniel. En effet, le village aux maisons faites de pierres avait visiblement été attaqué. - Des Goa’ulds, intervint Teal’c en montrant des traînées de cendres sur certains murs laissées par des tirs de lances Jaffa. A peine avait-il prononcé ces mots que Sam empoignait sa radio. - Colonel Reynolds. - Je vous écoute. - Nous venons de trouver un village mais nous ne sommes pas seuls. Il y a probablement des Goa’ulds. Tenez-vous sur vos gardes. - Très bien. La Porte est prête. - Parfait. Terminé. D’un geste, Sam incita ses coéquipiers à s’écarter d’elle afin de couvrir le plus de distance possible sans se perdre de vue. Ils avancèrent ainsi doucement et pénétrèrent dans le village dramatiquement désert. Pas de corps... Il était plutôt rare de voir les Jaffas faire le ménage après leur passage... - Faites attention, il y a des survivants... intervint alors Sam, dans sa radio. - L’attaque a du avoir lieu il y a quelques jours seulement, Colonel Carter,répondit Teal’c - Des traces de Jaffas ? - Non, à première vue, ils sont partis. - Bien... On se rejoint au centre du village. Quelques secondes plus tard, ils étaient de nouveau côte à côte. - Bon... Il faudrait dénicher des survivants mais ils n’ont pas l’air de vouloir sortir... Daniel ? Celui-ci s’avança, tandis que Sam et Teal’c se mettaient dos à dos afin de surveiller les alentours, prêts à intervenir en cas de problème. - Hello ! Il y a quelqu’un ? commença Jackson en élevant la voix. Nous sommes des explorateurs pacifiques arrivés par la Porte... Nous ne vous voulons aucun mal. Rien ne bougea. D’un regard, Sam l’incita à recommencer, ce qu’il fit à plusieurs reprises sans succès. - Teal’c, intervint alors la jeune femme. Vous leur faites peut-être peur. - C’est possible, acquiesça Daniel, avant de se tourner vers les habitations. L’homme qui est avec nous est bien un Jaffa mais il est, tout comme nous, des ennemis des Goa’ulds... - Comment savez-vous qui nous a attaqués, si vous n’êtes pas avec eux ? Un jeune garçon venait de sortir de derrière un mur à quelques mètres seulement d’eux. Il semblait tiré vers l’arrière par quelqu’un mais il se dégagea en grognant. - Arrête, persifla-t-il en se retournant. S’ils disent la vérité, ils pourront peut-être nous aider. Daniel, les mains en l’air en signe de bonne foi, s’avança doucement vers eux. - Nous disons la vérité. Nous avons reconnu les dégâts que peuvent faire les armes des Jaffas... Faites-nous confiance. Nous pouvons peut être vous aider. - Daniel, intervint Sam aussitôt. Jackson se tourna vers elle. - J’ai dis « peut-être »... Le garçon fronça les sourcils puis sauta par-dessus le mur pour les rejoindre. Son regard était fixé vers Teal’c avec un mélange de méfiance et d’incrédulité. - Alors vous n’êtes pas comme ceux qui nous ont attaqués ? Le jaffa inclina doucement la tête, un sourire encourageant sur les lèvres. - Je suis de la même race mais j’ai choisi de me libérer des Goa’ulds afin de les combattre. L’enfant sembla hésiter encore un instant, puis devant la sincérité de son expression, il finit par se détendre. - Je me nomme Ghyn. A ces mots, Jackson reprit aussitôt son rôle d’ambassadeur. - Très heureux Ghyn. Voici Sam, Teal’c et moi c’est Daniel. Après les salutations d’usage, il finit par indiquer le village du menton. - Peux-tu nous dire ce qui s’est passé ? - Des hommes sont arrivés, il y a trois jours. Ils avaient un symbole sur le front, comme vous, indiqua le garçon en se tournant vers Teal’c. Nous avons essayé de nous défendre mais nous n’avons rien pu faire. Ils ont commencé à emmener tout le monde mais certains d’entre nous ont eu le temps de se cacher... - Comment sont-ils arrivés ici? demanda Sam. Par la Porte des Etoiles ? - Non, je ne pense pas. Ils venaient de là-bas, dit-il en levant son bras pour indiquer le côté opposé à la Porte. Ghyn se tourna ensuite vers eux, la mine suppliante. - Pouvez-vous nous aider ? Mes parents et mon grand frère ont été pris... Je vous en prie. Si vous pouvez nous aider, faites-le... Teal’c et Daniel se tournèrent de concert vers Sam. - Ok. On va repérer les lieux et voir d’un peu plus près la situation, acquiesça-t-elle avant d’empoigner sa radio. Colonel Reynolds ? - Je vous écoute. - Nous allons changer de fréquence et passer sur la 12. Lorsque le Général Hammond ouvrira la Porte, dites-lui que nous sommes partis voir où les Goa’ulds ont emmené les habitants du village. Silence radio jusqu’à nouvel ordre. - Très bien. Nous attendons. - Reçu. Terminé. Sam se tourna alors vers Daniel qui tapotait son épaule du bout du doigt en regardant Ghyn. - Tu n’aurais pas déjà vu ce symbole, par hasard ? L’enfant hésita à peine. - Si ! Il est sur l’obélisque devant la Porte. - Oui... Mais tu ne l’aurais pas vu ailleurs ? Il est possible que l’un des nôtres soit sur cette planète. Ghyn secoua lentement la tête, cherchant dans son esprit. - Non, je suis désolé... Mais ma famille et moi sommes arrivés ici il y a très peu de temps. Sam s’avança vers lui, soudain intéressée. - Peux-tu nous expliquer la phrase sur l’obélisque ? Comment êtres-vous arrivés là ? - Je ne sais pas... Nous étions censés arriver sur une autre planète... Mon père est commerçant. Mais pour une raison inconnue nous avons atterri ici, avec aucun moyen de repartir... Et maintenant ma famille a été enlevée... La voix du garçon se brisa, mais il finit par se reprendre et releva courageusement la tête, désireux de cacher sa peine. Daniel posa une main rassurante sur son épaule. - Nous allons faire tout ce que nous pourrons pour les ramener. Sur ce, Sam, d’un signe de la main incita ses deux coéquipiers à la suivre. - On y va. Et SG1 se remit en marche. Ils suivirent facilement les nombreuses traces laissées pas les troupes Jaffa et après une bonne demi-heure, parvinrent enfin à l’orée du bois. Ils se baissèrent aussitôt d’un même mouvement. Une centaine de villageois sous bonne garde était rassemblée en bas d’une plaine rocailleuse. Un vaisseau Ha’tak surplombait la foule à quelques centaines de mètres de là. Sous l’initiative de Sam, ils s’approchèrent en rampant le plus discrètement possible afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble. La jeune femme sortit ses jumelles et répertoria un nombre assez conséquent de Jaffas. - Ils sont très, très nombreux… Tous les villageois étaient tournés vers un homme richement vêtu et bien gardé. Un Goa’uld, sans aucun doute. Celui-ci prit la parole sans attendre, crachant son venin, se plaignant de l’inefficacité et de la lenteur de ses nouveaux esclaves… Indifférente au discours sans surprise du faux Dieu, Sam continua de faire le tour de la foule avec ses jumelles. Elle aperçut un peu sur les hauteurs, à l’opposé du Goa’ulds, plusieurs hommes attachés à des piliers de bois. Il s’agissait sûrement de rebelles qui avaient refusé de se plier aux exigences de l’envahisseur. Des cris attirèrent soudain son attention. - Oh non… grommela Daniel tandis que plusieurs Jaffas agrippaient violemment deux enfants parmi la foule. - Je vais vous montrer ce qu’il en coûte de ne pas satisfaire votre Dieu, s’exclama le Goa’uld de sa voix caverneuse… Teal’c se tourna aussitôt vers Sam. - Ils vont les tuer. Dès qu’il aura terminé son discours. - Je sais… - Pourquoi choisissent-ils toujours des enfants, gronda Daniel, le ventre noué ? - Ce sont de mauvais travailleurs… Ca ne leur coûte rien, répondit sombrement Teal’c. Sans un mot, indifférente au soupir désespéré de Jackson, Sam ôta l’attache de son P90. Le Jaffa, à qui rien n’échappait, se tourna aussitôt vers elle. - Je vais y aller. - Non, répondit-elle simplement. J’aurai besoin de vous pour me sortir de là. Daniel, comprenant ce qui se tramait, intervint à son tour. - J’y vais. Sam sourit en lui jetant un regard amusé. - Une bonne diversion nécessite beaucoup de morts, Daniel, et tu le sais parfaitement. Sans tenir compte de cet échange, Teal’c attrapa le bras de la jeune femme au vol. - Samantha. Je ne peux pas vous laisser y aller. - Je vous demande pardon ? répondit-elle, glaciale. - Vous savez très bien ce qu’il va arriver. Vous sortez à peine de l’infirmerie. D’un geste brusque, elle se libéra. - Est-ce que vous voyez une autre solution, Teal’c ? Objectivement ? Devant le silence du Jaffa, Sam redressa la tête et déposa son P90 au sol. - Daniel. Vous, vous restez ici, c’est compris ? Si ça tourne mal, retournez à la Porte pour prévenir le Général. Une fois que je serai entre leurs mains, changez la fréquence de vos radios. Inutile qu’ils vous écoutent lorsqu’ils auront la mienne en leur possession. Jackson acquiesça à contre cœur et après un dernier regard suppliant vers Teal’c qui baissa sombrement la tête, il les suivit des yeux tandis qu’ils contournaient prudemment leur abri, cachés par les buissons qui parsemaient la vallée. Elle en faisait trop, beaucoup trop mais il savait parfaitement qu’elle avait raison. Si Jack avait été là, il aurait fait exactement la même chose. La peur au ventre, il regarda Sam se séparer de Teal’c puis vérifier les attaches de son gilet par balles avant de prendre son zat dans une main et son Beretta dans l’autre. Elle avait abandonné son P90 au profit d’armes plus précises afin d’éviter de blesser un des villageois par accident. Elle posa un instant son pistolet et sortit le couteau attaché à sa ceinture afin de l’examiner. Il l’avait vue l’utiliser à plusieurs reprises et en gardait un souvenir vivace. C’était une chose de tuer un homme d’une balle… c’en était une autre de plonger une lame dans un corps… Sam avait raison. Jamais il n’aurait pu la remplacer… Un désagréable frisson dans le dos, Daniel reporta son attention sur Teal’c qui continuait son chemin afin de se rapprocher un maximum des deux enfants. Attrapant ses jumelles, il commença à faire le tour de la foule. Il était celui qui avait la meilleure vue d’ensemble et pourrait en cas de problème les aider en les dirigeant. Après avoir fait le tour, il jeta un œil distrait vers les cinq hommes attachés à quelques centaines de mètres sur sa droite. Il s’apprêtait à reporter son attention sur Sam lorsqu’une impression familière lui noua soudain l’estomac… Sans comprendre l’origine de ce trouble, il regarda de nouveau les prisonniers avec curiosité. Ils avaient tous les mains attachées au-dessus de leurs têtes, et celles-ci tombaient lourdement vers l’avant. Ils étaient apparemment à bout de force. Il les observa l’un après l’autre sans parvenir à déterminer d’où provenait l’étrange émotion qui l’avait tout à coup submergé. Ses yeux se fixèrent soudain sur un homme de grande taille. Sa silhouette lui était vraiment familière, mais il lui était impossible de voir son visage. Quelque peu agacé, Daniel zooma avec ses jumelles afin de le voir un peu mieux. Ses cheveux étaient sals et ne lui apportèrent aucune précision sur son identité. Re-songeant à la raison de leur venue sur cette planète, il se focalisa sur le torse de l’homme visible grâce à l’ouverture de sa chemise sombre. - Bingo ! murmura-t-il en découvrant une chaîne avec l’une des plaques militaires américaines qui ressortait au niveau du col. Allez mon gars ! Fait moi plaisir et lève la tête ! Il dé-zooma un peu afin d’avoir sa silhouette en entier dans son champ de vision et sentit de nouveau son estomac se nouer. Plissant les yeux, une idée saugrenue lui vint à l’esprit mais il la chassa rapidement. Et pourtant, sans raison apparente, ses mains devinrent moites et son cœur s’affola. Alors seulement, il cessa de nier ce que son corps semblait vouloir lui dire. - C’est pas possible… murmura-t-il, tandis que l'espoir lui faisait tourner la tête. Il zooma de nouveau, cherchant une quelconque preuve, un infime indice lui permettant de savoir s’il perdait totalement l’esprit ou pas, en vain. Des cris lui parvinrent, le détournant un instant de cet homme. Les enfants étaient à présent placés bien en vue de tous et la foule s’agitait, hurlant, pleurant, suppliant pour qu’on épargne leurs vies. Daniel, écoeuré, ferma les yeux avant de reporter son attention sur le prisonnier. Son sang ne fit qu’un tour ; celui-ci avait à présent la tête redressée. Empoignant ses jumelles, les mains tremblantes, il visa le monticule où il se trouvait, dé-zooma avec exaspération, n’arrivant pas à le trouver, puis parvint enfin à accrocher son visage. Son cœur fit aussitôt une embardée. - Mon Dieu… Mon Dieu, balbutia-t-il, son sang bourdonnant soudain dans ses oreilles. C’est lui ! C’est Jack ! Tout d’abord insensible, presque anesthésié par le choc, il sentit confusément ses yeux s’embuer, mais il les frotta d’un geste agacé, incapable de détacher son regard du visage marqué et cependant bien vivant de son ami. Des centaines de questions affluèrent dans son esprit embrouillé, mais trop bouleversé il était incapable de chercher à y répondre. Il restait juste là, les yeux désespérément collés à ses jumelles, n’arrivant plus à bouger, son attention entièrement dirigée vers cet homme à quelques centaines de mètres de lui. « Sam ! » Reprenant vie en songeant à la jeune femme, il parvint à se redresser et empoigna son talkie-walkie. Il fallait qu’il lui dise, il fallait qu’elle sache ! Il suspendit cependant son geste, remerciant le ciel de ne pas avoir totalement perdu l’esprit. Elle et Teal’c étaient à présent en place, si près des Jaffas que l’utilisation de la radio aurait causé leur perte. Le corps en ébullition, il eut toutes les difficultés du monde à retrouver un semblant de cohérence dans ses pensées. Plus fébrile que jamais, il rangea ses jumelles dans l’une de ses poches, attrapa le P90 que Sam avait abandonné puis se redressa lentement. Il allait le chercher. *** Des cris, des pleurs avaient réussi à traverser son esprit embrumé. Redressant la tête avec difficulté, il ouvrit les yeux et fut tout d’abord agressé par la lumière du jour. Depuis combien de temps était-il attaché là, sans eau ni nourriture ? Ses bras lui faisaient un mal de chiens, sans parler du reste de son corps après le lynchage en règle qu’il avait du subir. Depuis deux ans qu’il vivait sur cette planète tranquille, il en avait presque oublié les souffrances que cela pouvait provoquer. Mais qu’à cela ne tienne ! Ce vaisseau était sa seule chance de rentrer un jour sur Terre. Certes, il aurait préféré éviter la rencontre avec ce Goa’uld, Arès, mais il désespérait de pouvoir un jour quitter cette fichue planète. Quitte à disparaître, il préférait encore un peu d’action que cette mort lente, loin de chez lui, loin de ses amis... Loin d’elle. D’autres cris le tirèrent de ses pensées. Ils allaient tuer ces gosses, et il ne pourrait rien faire pour les en empêcher... Dans un suprême et inutile effort, il tira sur ses liens mais ne réussit qu’à se déchirer un peu plus la peau. Alors épuisé, sa tête retomba lourdement sur son torse, attendant avec angoisse les deux coups de lance qui ne tarderaient pas. Mais ils ne vinrent pas et furent remplacés par le bruit caractéristique d’un Zat. Une exécution à coups de Zat ? Ce ne n’était pas courant. L’instant d’après, un autre bruit lui fit cette fois-ci redresser la tête. Un pistolet ! Fouillant la foule avec espoir, il finit par découvrir à plusieurs centaines de mètres de lui l’origine de tout ce bruit... Son sang ne fit qu’un tour. C’était elle ! C’était elle ! Enfin ! Il avait de suite reconnu ses cheveux blonds et sa façon de se mouvoir qui la caractérisait tant. Le corps en ébullition, son coeur sur le point d’exploser, il sentit soudain toutes ses forces retrouvées. Trop bouleversé par sa découverte, il ne réalisa pas tout de suite, le danger qu’elle courait. Il la regarda fendre la foule, comme hypnotisé, tirant sur les Jaffas qui à présent arrivaient vers elle en surnombre. Alors une peur atroce vint lui nouer l’estomac. Il venait de comprendre qu’elle faisait diversion et ne s’arrêterait que lorsqu’ils l’auraient soit attrapée, soit descendue... Retrouvant soudain l’usage de la parole, il se pencha en avant. - Carter !!! hurla-t-il. Mais son appel fut couvert par les cris affolés des villageois. Une voix retentit cependant plus forte que les autres. C’était celle du Goa’uld. - Je veux ce rebelle vivant ! Jack ne put retenir un soupir de soulagement mais ne la quittait pourtant pas des yeux. Elle utilisait de nouveau son pistolet, visant la tête, se cachant parmi la foule, continuant d’avancer vers Arès. D’où il se trouvait, il avait une vue parfaite de ce qui se déroulait sous ses yeux. A présent, elle était presque totalement encerclée mais malgré tout continuait de tirer sans état d’âme. Elle tirait pour tuer et malgré sa terreur, il en fut surpris. Réalisant soudain qu’elle n’était sûrement pas venue seule, il balaya la vallée de son regard fiévreux et découvrit Teal’c confronté à deux Jaffas qui ne firent pas long feu. Après s’être débarrassé des gêneurs, il attrapa les deux enfants et disparut dans les fourrées. Reportant son attention sur la jeune femme, il la vit aux prises avec un Jaffa qu’elle parvint aisément à tuer. Comprenant que l’étau autour d’elle se resserrait, Jack tenta une nouvelle fois de se libérer de ses liens. Bandant ses muscles, il tira de toutes ses forces mais la corde était solide. Avec un cri de rage, il continua cependant à se débattre sans quitter Carter des yeux. Au bord de la nausée, il la vit jeter son arme à terre. Elle n’avait plus de balles. Le Zat rendu inutile par la proximité des Jaffas, elle s’en débarrassa également et sortit son couteau à cran d’arrêt. Continuant toujours d’avancer, elle commença à fendre l’air, coupant, tranchant avec une précision chirurgicale tout ennemi s’approchant trop près d’elle. Les poings serrés au-dessus de lui, le coeur cognant dans sa poitrine à un rythme fou, il la regarda faire avec un mélange dérangeant d’horreur et joie malsaine. De l’horreur à la voir ainsi tuer sans hésitation... Elle... Carter... Et de la joie parce qu’elle continuait d’avancer, de survivre malgré la supériorité numérique de l’ennemi. Mais ce qu’il craignait et qui était inévitable arriva. Elle fut bientôt submergée. Elle perdit son couteau et fut projetée brutalement au sol avant d’être frappée violemment à coups de pieds. Jack sentit son coeur se déchirer et se mit à hurler, tirant de nouveau sur ses liens, les yeux exorbités, horrifié par ce qu’il avait sous ses yeux. - Carter !!!! Arrêtez !! ... Non !!! Carter !!!! Hélas ses cris étaient toujours couverts par les plaintes des villageois et les grondements des Jaffas. Elle avait fait beaucoup de dégâts et ils se vengeaient. Mais la voix du Goa’uld s’éleva une nouvelle fois. - Amenez-le-moi ! Jack s’arrêta aussitôt de bouger, attendant avec désespoir de voir dans quel état elle était. Elle fut relevée sans douceur... Il la vit tituber quelques secondes sur ces jambes flageolantes puis, l’instant d’après, se redresser fièrement. Il sentit à cet instant quelque chose se poser sur son torse. S’arrachant avec difficulté à l’image de Sam poussée vers l’avant en direction d’Arès, il découvrit un regard bleu posé sur lui. - Daniel ! réagit-il enfin. - Jack, mon dieu... murmura le jeune homme, bouleversé. Mais comme celui-ci ne bougeait pas, O’Neill finit par perdre le peu de sang froid que ces retrouvailles avec son ami lui avaient fait retrouver. - Pour l’amour du ciel, détachez-moi !!! Il faut aller l’aider !! Sortant de sa torpeur, Daniel prit son couteau et coupa les liens qui le retenaient prisonnier. A peine fut-il libéré, qu’il sentit ses jambes se dérober sous lui. Un râle de douleur s’échappa de ses lèvres mais il tint bon et se redressa finalement. - Vite ! s’exclama-t-il tout en prenant le P90 que Jackson tenait dans ses mains. Il tituba dans un premier temps mais repoussa l’aide de son ami avant de s’élancer vers les fourrées pour rejoindre le plus discrètement possible le bas de la vallée où se trouvait Sam. La fuite des enfants avait finalement été découverte et Arès, dans une rage folle attendait en piétinant qu’on lui amène la prisonnière. Lorsque Jack et Daniel parvinrent à distance raisonnable de la jeune femme, celle-ci était à genoux devant le Goa’uld, plusieurs lances Jaffas braquées sur sa tête. Le coeur serré, O’Neill contempla un instant la jeune femme. Cela faisait deux ans qu’il ne l’avait pas vu. Deux ans à rêver de ses yeux, de son sourire, luttant sans cesse pour ne pas oublier les traits de son visage. A présent, elle se trouvait devant lui et il eut du mal à la reconnaître. Son regard avait changé. C’était bien elle, mais elle était différente... Pour l’heure, elle se tenait fièrement dressée, contrastant avec la pose servile qu’on lui avait forcée à prendre. Arès en fut d’ailleurs prodigieusement agacé. - Qui es-tu ? Combien êtes-vous ? Comme elle gardait les lèvres serrées, il avança sa main jusqu’à elle, faisant briller son arme de poing. - Répond ou je te tue ! A ces mots, un sourire mauvais étira les lèvres de la jeune femme. - Allez-y. Je n’ai pas peur de mourir. Arès plissa les yeux, la sondant, ébranlé un instant par son assurance. Puis fou de rage, il envoya une onde de choc contre elle, ne s’arrêtant que lorsqu’un gémissement s’échappa des lèvres de la captive. - Et maintenant !? Sam se redressa et sans se départir de son sourire lui cracha à la figure. - C’est tout ce que j’ai à dire. Pour seule réponse, elle reçut un violent coup de pied dans le ventre, la faisant se plier en deux, tandis que le Goa’uld s’essuyait le visage avec fureur. Aussi rouge que sa tunique, il beugla des ordres et Sam fut relevée de force. Menaçant, les yeux brillants, il s’approcha d’elle... - Je vais te torturer jusqu’à ce que tu perdes définitivement ce sourire. Elle haussa simplement les épaules et finit par suivre les Jaffas qui l’emmenèrent de force vers le vaisseau. Jack, resté immobile tout du long, s’apprêta à se relever afin d’intervenir mais Daniel le repoussa violemment en arrière. - Arrêtez ! Si nous nous dévoilons tout de suite, nous serons tous perdus. Y compris Sam. O’Neill, furieux, se redressa précipitamment. - Il va la torturer, bon sang ! Nous ne pouvons pas le laisser faire ! - Je le sais bien ! répondit rageusement Daniel, aussi désespéré que son ami... Mais... Elle tiendra le coup, Jack... Elle tient toujours le coup. Sa voix faiblit sur ces derniers mots et O’Neill, incrédule, prit Jackson par les épaules. - De quoi parlez-vous ? Mais le jeune homme se dégagea brusquement. - Que croyez-vous ? Elle vous remplace à la tête de SG1. Vous savez parfaitement ce que cela implique. Le ventre noué, il comprit le sens de ces paroles, malgré son esprit embrouillé par la peur. - Elle a changé... murmura-t-il faiblement. - On vous croyait mort, Jack. Redressant vivement la tête, il fixa son ami avec incrédulité. - Quoi ? - Nous pensions que vous étiez mort. - Mais... Pourquoi ? balbutia-t-il sans comprendre. - Lorsque la Porte s’est refermée derrière Teal’c, nous avons tenté de réouvrir un vortex mais ce fut impossible. Alors nous sommes allés voir sur place mais la planète avait été détruite. - Détruite ? - Anubis a utilisé toute sa puissance de feu... Nous avons cru que vous étiez encore là-bas lorsque c’est arrivé. Jack passa une main nerveuse dans ses cheveux courts. Lui qui attendait désespérément que Carter le retrouve... C’était un véritable coup de chance qu’ils soient venus jusqu’ici... - Comment... Comment êtes-vous arrivé là ? demanda alors Daniel. O’Neill haussa les épaules, le regard toujours fixé sur Sam qui disparaissait au loin. - Il semblerait que la Porte sur cette planète soit légèrement différente des autres. Il s’agirait d’une sorte de Porte de Sauvegarde. Lorsque le vortex n’est pas stable, où qu’une coupure survient pendant le transfert, si l’une de ces Portes se trouve sur le trajet, le voyageur est alors dirigé vers elle... Enfin, c’est ce qu’on m’a dit, ce que certains en ont déduis. - Et ça se tient. Le transfert a du être interrompu lorsque la planète a explosé. Mais indifférent, au propos de Daniel, Jack finit par se redresser. - Nous devons aller la chercher... - Nous irons avec l’aide de Teal’c. Il doit nous attendre en haut. Il se tût un instant, puis, l’esprit ailleurs, il finit par murmurer: - Il faut absolument qu’elle sache que vous êtes vivant... O’Neill, sans relever cette dernière phrase, finit par acquiescer. Ils n’arriveraient à rien sans une bonne stratégie et lui fallait un peu de temps pour ça... De temps et l’avantage d’avoir un Jaffa comme allié... Les deux hommes commencèrent donc à remonter le talus qui les mena rapidement au point de ralliement. Daniel parvint en premier sur place, là où l’attendait Teal’c et les enfants. - J’ai cru qu’ils vous avaient attrapés... gronda le Jaffa, plus anxieux que véritablement en colère. Vous n’étiez pas censé bouger. - Teal’c... J’ai trouvé la personne que nous sommes venus chercher. - Vraiment ? Qui... commença-t-il avant de s’interrompre brusquement, les yeux rivés vers un point derrière le docteur Jackson. Aussi immobile qu’une statue, les yeux soudain grands ouverts, il regarda Jack s’avancer. Celui-ci, un petit sourire sur les lèvres, sincèrement heureux et soulager de revoir le Jaffa, s’arrêta finalement devant lui. - Salut Teal’c. Sortant de sa torpeur, ce dernier finit par poser une main sur l’épaule de Jack, comme pour s’assurer de sa réelle présence, puis, comprenant qu’il ne rêvait pas, l’agrippa et le plaqua contre lui. - O’Neill... murmura-t-il d’une voix empreinte d’émotion. Jack un peu surpris par cette accolade re-songea aux paroles de Daniel. Ils l’avaient cru mort... Aussi se laissa-t-il faire patiemment, tapotant l’épaule du Jaffa, tandis que celui-ci essayait de reprendre ses esprits. - Comment est-ce possible ? finit par demander Teal’c, en relâchant son ami. O’Neill chassa cette question de la main. Pour l’heure, il y avait plus vital. - C’est une longue histoire, mais peu importe. Il faut d’abord sortir Carter de là. Le Jaffa acquiesça aussitôt, la mine soucieuse. - Elle ne sait pas que vous êtes vivant ? - Non... - ... Il faut qu’elle le sache. C’est important. Jack fronça les sourcils. Daniel lui avait dit à peu près la même chose, quelques minutes auparavant. Mais balayant cette question qui lui sembla pour l’heure inutile, il se tourna vers Teal’c, retrouvant en la présence de son ami ses instincts militaires. - Nous devons patienter un peu avant d’intervenir. Ils doivent s’attendre plus ou moins à des représailles de notre part... Rentrons au village afin de déposer les gosses et récupérer mes affaires. Sur ce, ils se mirent en route, se fiant instinctivement à Jack pour les diriger. - Vous êtes venus seuls ? demanda ce dernier au bout d’un moment, tout en avalant avec appétit l’une des barres hyperprotéinées que Daniel venait de lui donner. - Non, SG3 est avec nous, répondit le Jaffa. Ils tiennent la Porte prête pour une ouverture rapide. - Reynolds commande toujours cette équipe ? - Oui. - Bien. Prévenez-le, dites-lui d’emmener un de ses hommes et de nous rejoindre au village. Deux soldats près de la Porte suffiront. A peine avait-il fini ces mots que Teal’c empoignait sa radio. - Colonel Reynolds ? - Je vous écoute. - Le Colonel Carter a été faite prisonnière. Nous avons besoin de renfort. Pouvez-vous nous rejoindre au village avec le sergent Jones ? Un silence suivit d’un soupir se fit entendre. - Otez-moi d’un doute. Qui a-t-elle voulu sauver en faisant ça ? - ... Deux enfants, répondit simplement le Jaffa. - ... Nous partons tout de suite. Terminé. Jack, qui avait suivi ce curieux échange, finit par se tourner vers Teal’c. - Carter prend beaucoup de risques ? - Pas plus que vous à sa place. O’Neill acquiesça simplement. Donc elle en prenait beaucoup... songea-t-il un désagréable frisson dans le dos... Puis, re-pensant à ce qui avait été dit, il finit par redresser la tête. - Colonel Carter ? Daniel acquiesça. - Oui, elle est passée Lieutenant Colonel six mois après votre disparition. A ces mots, Jack ne put réfréner un sourire. - Ils n’auraient pas du attendre six mois. Ils auraient du la nommer directement à mon poste. Jackson lui jeta un regard en biais, hésitant à parler de choses qui finalement ne le regardaient pas. O’Neill s’en rendit compte, aussi l’observa-t-il d’un oeil interrogateur. Daniel finit par se détourner. - Elle n’était pas en état, à ce moment là, dit-il simplement. Teal’c observa le jeune homme, ne sachant trop s’il devait intervenir pour faire taire son ami, mais finalement, il choisit de ne rien dire. Prenant son silence pour un encouragement, Jackson regarda O’Neill. Ce dernier avait du mal à cacher son trouble. - Elle a très mal pris votre disparition. Elle... Elle en a beaucoup souffert. - Et elle en souffre encore, intervint sobrement le Jaffa. Incapable de prononcer le moindre mot, Jack garda le silence. En l’espace de deux ans, il s’en était posé, des questions. Le cherchait-elle ? Que faisait-elle ? ... Avec qui était-elle ? ... Et même... Etait-elle vivante ? Dans un premier temps, il avait attendu patiemment, persuadé qu’elle allait le retrouver... Elle le retrouvait toujours... Mais les jours passaient et ne la voyant pas venir, il avait imaginé des centaines de raisons à son absence, toutes plus abominables les unes que les autres. Alors lorsqu’il l’avait vue tout à l’heure... à quelques mètres seulement de lui... le poids qui lui broyait le coeur s’était soudain volatilisé. Mais cela n’avait duré qu’un instant. Une autre terreur l’avait remplacé ; celle de la voir périr sous ses yeux, battue à mort par ces brutes... ou finalement torturée et peut-être tuée sans qu’il ne puisse rien faire... Et voilà qu’il apprenait que ses amis et elle l’avait cru mort... et que, apparemment, elle en avait beaucoup souffert... Mais souffert comment… ? - ... Elle n’est restée que pour nous, dit Daniel, semblant lire dans ses pensées. Jack sentit alors son coeur faire une embardée. Il passa une main tremblante sur son front brûlant, prenant soudain conscience de la signification de cet aveu. C’était inespéré... Des centaines de questions affluèrent alors. Avait-elle quelqu’un à présent ? Qu’était devenu ce Pete quelque chose ? L’avait-elle quitté ? Mais il ne les poserait pas malgré son irrésistible envie de tout savoir. Cependant, Daniel continua sur sa lancée, répondant à ses questions muettes comme s’ils étaient reliés psychiquement... - Elle n’a que nous. Elle ne côtoie personne d’autre. Jack soupira, reconnaissant. Si tout cela était vrai, il avait donc une chance... A passer deux ans sans la voir, il avait pris conscience qu’il ne pouvait pas continuer sans elle. Tout ce temps à vivre de façon si paisible lui avait fait comprendre qu’il serait parfaitement capable d’abandonner sa carrière si une bonne raison se présentait… Si la seule bonne raison se présentait… Ils poursuivirent leur route en silence et parvinrent à destination quelques minutes plus tard. Les deux enfants furent rapidement pris en charge par les survivants. Ghyn apprit par Jack que ses parents et son frère étaient bien vivants aux dernières nouvelles mais que pour l’heure ils devaient réfléchir à un plan d’action pour se débarrasser du Goa’uld responsable de tout ça. - Je vais me changer, indiqua O’Neill avant de s’éloigner vers une des maisons en pierre... Ses deux amis le regardèrent partir puis Daniel soupira. - C’est surréaliste de le voir. Je n’ose imaginer la réaction de Sam... - En effet. Ca risque d’être un grand choc pour elle. Ils se tournèrent alors pour voir arriver vers eux le Sergent Jones et le Colonel Reynolds. - Quelle est la situation ? demanda ce dernier, à peine parvenu à leur hauteur. Teal’c se chargea d’expliquer avec exactitude leur découverte du camp ainsi que l’intervention de Sam pour délivrer les deux enfants qui devaient être exécutés pour servir d’exemple. Il donna un chiffre assez précis du nombre d’ennemis et leur apprit que Carter était retenue à l’intérieur du vaisseau Ha’tak. - Il y a quelque chose d’autre, intervint alors Daniel. Mais il s’arrêta dans son élan lorsqu’il vit Jack sortir de la maison, en treillis, le P90 de Sam dans la main. Il avait perdu toutes ses armes lorsqu’il avait été fait prisonnier par les Jaffas. Reynolds suivit du regard celui du docteur Jackson et faillit s’étrangler. Il resta figé un long moment, les yeux exorbités, puis finit par sortir de sa torpeur et un sourire lumineux éclaira son visage. Il s’avança vers le « miraculé » et tous deux se serrèrent la main avec effusions. - Reynolds ! - O’Neill !! Bon sang !! Mais... Je ne comprends plus rien... Vous n’étiez pas censé être... - Mort ? Il parait... dit-il avec un clin d’oeil. Daniel vit le Sergent Jones se crisper tandis qu’il se mettait vivement au garde à vous. Jack posa un regard neutre sur le jeune homme avant de le saluer rapidement et s’apprêtait à se tourner de nouveau vers Reynolds lorsqu’on l’interpella. - Vous êtes le Colonel O’Neill ? - En effet, Sergent... Jones, acquiesça-t-il après un coup d’oeil rapide sur le nom du soldat cousu sur l’uniforme. Plus perturbé que jamais, celui-ci bafouilla en se redressant de nouveau, au garde à vous. - C’est un grand honneur de vous rencontrer, Mon Colonel ! Un peu surpris, pas très au courant de sa popularité post mortem, Jack haussa simplement les sourcils avant de répondre. - Merci... Puis se tournant vers Reynolds : - Bon, c’est pas tout ça mais il faut s’occuper de Carter... Sans parler de tous ces pauvres gens... - Je sais, Teal’c m’a briefé. - Quand le Général Hammond doit-il prendre contact avec vous ? - Dans quelques minutes à peine. - Bien. Nous allons attendre de faire un point avec lui avant d’intervenir. En attendant, j’ai un plan... Daniel ne put s’empêcher de sourire à cette phrase. Les plans d’O’Neill était toujours on ne peut plus rudimentaires... Cependant... Il devait reconnaître qu’ils étaient très efficaces et que depuis sa disparition, ils n’avaient pas trouvé utile d’en changer. Il fut surpris de voir avec quelle facilité, Jack avait pris les choses en main. Reynolds ne semblait pas s’en formaliser et acceptait son autorité avec naturel et pourtant, après avoir passé deux ans sur cette planète, O’Neill avait perdu tout droit de diriger l’expédition. Ils écoutèrent tous les quatre attentivement Jack et s’occupaient des derniers détails lorsque leurs radios se mirent à grésiller. - Ici Hammond, vous m’entendez ? - Cinq sur cinq, Mon Général, intervint Reynolds. Nous nous apprêtons à lancer une attaque contre le Goa’uld Arès. Il détient le Colonel Carter et la plupart des habitants du village qui ont été découvert par SG1. Un soupire anxieux retentit à travers le talkie-walkie. - Le Colonel Carter est là-bas depuis longtemps ? - Une heure et demi environ, Monsieur. - Avez-vous besoin de renfort ? - Non, ça devrait aller. Un plan d’attaque a été mis au point. Un brouhaha retentit alors derrière Reynolds qui du s’interrompre, le doigt toujours appuyé sur son talkie-walkie. Il se retourna aussitôt pour découvrir O’Neill aux prises avec le Docteur Jackson. - Daniel ! Filez-moi votre fréquence radio ! - Pourquoi faire ? - Parce que je voudrais parler au Général ! Sur ces mots, tandis que le jeune homme mettait un peu trop temps au goût de son ami pour regarder le code de fréquence, O’Neill l’agrippa par la manche afin de s’occuper de ça lui-même. - Ah mais arrêtez ! Lâchez-moi ! J’allais vous la donner ! ... Jack, Bon sang ! Vous êtes toujours aussi insupportable ! - Colonel Reynolds? intervint soudain Hammond, la voix étrangement troublée. - Euh... Oui Mon Général, répondit celui-ci, quelques peu déconcentré par les pitreries des deux hommes. - Qui est l’homme avec le Docteur Jackson ? La réponse mit quelques secondes à arriver. - … Ben alors, Georges ! On ne me reconnaît pas? demanda Jack qui avait enfin put allumer sa radio sur la bonne fréquence. Un blanc lui répondit. Haussant un sourcil, O’Neill se tourna vers ses amis puis finit par actionner de nouveau son talkie-walkie. - Allo la Terre? Il y a quelqu’un ? - ... Jack ?demanda Hammond d’une voix étrangement aiguë. - Gagné !... C’est gentil d’être venu me chercher ! Vous en avez mis du temps !
- ... Mais comment est-ce possible ? ...
- C’est une longue histoire que je me ferais un plaisir de vous raconter en Débriefing lorsqu’on aura récupéré Carter. - Oui... Bien sûr... Ne tardez pas. Elle sort à peine de l’infirmerie, conclut Hammond, tout à coup plus sombre. Quelque peu surpris et anxieux par ces mots, Jack se tourna vers ses amis qui, sous son regard perçant finirent par détourner les yeux. - Nous nous en occupons, répondit-il alors, ayant retrouvé tout son sérieux. Terminé. Un silence pesant s’en suivit et Daniel fut le premier à craquer devant l’expression menaçante d’O’Neill. - Elle s’est faite torturer lors de notre dernière mission... Elle est sortie de l’infirmerie aujourd’hui même. - Et on l’a autorisé à passer la Porte ? s’insurgea Jack, furieux. - Nous n’avons pas eu le choix, O’Neill, intervint Teal’c. Lorsqu’elle a une idée derrière la tête, même le Général Hammond finit par capituler. - C’est complètement stupide ! ragea-t-il, terriblement inquiet de la savoir fragilisée physiquement, alors qu’elle devait subir en ce moment même une séance de torture... Tous songèrent qu’en cela, Jack était tout aussi stupide que Sam puisqu’il était exactement pareil... Mais personne n’eut le courage de le lui dire. Et après une dernière vérification du plan d’action, les cinq hommes se mirent en marche. Sam regarda le soleil décliner. Ils ne devraient plus tarder à venir la chercher. Ils procédaient assez souvent de la même façon et les Goa’ulds, trop imbus de leur personne pour parler entre eux de leurs propres défaites face à la Tau’ri, se faisaient à chaque fois avoir... Une infiltration ouverte grâce à Teal’c, élimination de la garde puis pose du C4 près du générateur… Bien sûr, ça ne se passait pas toujours aussi facilement mais le résultat était cependant très souvent le même. C’en était presque risible. Enfin, pour l’heure, Sam ne riait pas. Elle se trouvait dans une salle assez spacieuse, les bras attachés dans le dos, à genoux avec autour d’elle trois Jaffas pour la tenir au respect. Arès, car ainsi était son nom, se trouvait assis sur son trône et la regardait avec délectation se faire torturer. Elle était déjà morte une fois mais avait aussitôt été remise sur pied pour une nouvelle petite séance. Soudain, elle entendit un léger grésillement provenant de sa radio... Ils étaient sur place... C’était à son tour de jouer. Il fallait juste que le Goa’uld quitte son trône et s’approche un peu d’elle... - Vous êtes d’une originalité dans votre façon de procéder, ricana-t-elle donc, en se redressant après avoir été soumise au Shint’aï*. Arès haussa un sourcil. - Que veux-tu dire par là ? - Que j’ai été torturée un nombre incalculable de fois par des Goa’ulds et que vous le faites tous de la même façon... C’est lassant. Ses yeux se mirent aussitôt à briller dangereusement. D’un geste vif et théâtral, il se redressa et s’avança. Il tendit alors la main vers elle, visant son front de son arme de poing mais s’arrêta brusquement tandis que la jeune femme explosait d’un rire grinçant. - Non... Vraiment aucune originalité ! De fureur, Arès la frappa du dos de la main, la déséquilibrant un instant. Elle se redressa, le goût du sang dans la bouche et lui sourit, ironique. - Ah ça, c’est mieux ! Pour seule réponse, elle eut droit à un nouveau coup similaire qui lui donna l’impression que sa tête allait exploser. « Quelle bonne idée de le pousser à bout, Sam... Allez les garçons, c’est quand vous voulez ! » Répondant à son appel, une explosion secoua brusquement le vaisseau, déséquilibrant les quatre personnes debout, donnant à Sam le sérieux avantage d’être déjà au sol. Sans plus attendre, elle fit passer ses mains liées sous ses jambes et attrapa une des lances que les Jaffas avaient lâchée. Elle tua deux d’entre eux sans qu’ils aient le temps de réagir et esquiva au dernier moment le troisième avant de le toucher en plein coeur. Elle se retourna alors vers Arès qui déjà levait la main afin de lui asséner un violent coup à l’aide de son arme de poing. Sans perdre un instant, elle bondit sur le côté, évitant de justesse la décharge d’énergie puis tira sur lui, le touchant à l’épaule. Il s’effondra sous la douleur et Sam s’élança sans attendre vers lui afin de lui ôter brutalement son bracelet. A peine avait-elle fait cela que la porte s’ouvrait. Malgré sa fatigue et la douleur dues aux tortures infligées, elle se retourna aussitôt, prête à tirer mais stoppa son geste, un sourire aux lèvres. - Teal’c. C’est gentil d’être venu... dit-elle en se tournant de nouveau vers Arès afin de le tenir en respect. - Vous allez bien, Colonel Carter ? demanda son ami en pénétrant dans la pièce, contemplant d’un œil approbateur le travail de la jeune femme. - Ca va... Pourriez-vous m’ôter mes liens ? Ce faisant, Arès se redressa, furibond. Haletant, il était à genoux, une main compressant sa blessure qui saignait abondement. - Vous ne vous en tirerez pas si facilement ! Ma garde ne devrait plus tarder ! Vous n’avez aucune chance. - L’explosion que vous avez entendue a réduis considérablement les facultés de votre garde à intervenir, répondit tranquillement Teal’c après avoir coupé les liens de Sam qui, à présent, échangeait sa lance contre le Beretta de son ami. Sur ces mots, Daniel fit son entrée. - Le C4 est en place. Sans tenir compte de cette intervention, Arès se tourna vers Teal’c. - Shol’va ! Comment oses-tu t’adresser à ton Dieu de cette façon ! Je vais revenir sur cette planète en force et détruire tout ce qui s’y trouve ! A ces mots, Carter se tourna vers lui, le regard glacial. - Désolée mais on ne peut pas vous laisser faire ça. - Sam, intervint Daniel dans son dos, la voix suppliante. Le vaisseau va exploser... Ce n’est pas utile... Le visage fermé, elle leva simplement la main, visant la tête du Goa’uld avec son arme. - Il pourrait s’enfuir, dit-elle tranquillement en ôtant le cran de sûreté. - Sam, je t’en prie… - Daniel, grogna-t-elle agacée. Ferme les yeux. Le regard affolé du Goa’uld ne lui fit ni chaud ni froid. Encore moins ses plaintes et ses suppliques. Ce fut autre chose qui stoppa son doigt sur la gâchette. - Carter… Son corps se figea aussitôt. Un long frisson la parcourut de la tête aux pieds tandis que ses yeux s’embuaient brusquement. Sam ferma les yeux. Ça y est… Elle était devenue complètement folle. Ce qu’elle s’apprêtait à faire avait eu raison de sa conscience et de son esprit… Elle entendait sa voix maintenant. Sa voix si grave et si chaude qu’elle lui transperçait le cœur. La main crispée sur son arme, elle finit cependant par rouvrir les yeux, plus déterminée que jamais. Advienne que pourra mais il était hors de question qu’elle risque la peau de tous ces gens parce qu’elle avait perdu la tête ! songea-t-elle en braquant de nouveau son Beretta sur le Goa’uld. - Carter, arrêtez… Un gémissement s’échappa de ses lèvres tandis que sa main se mettait à trembler dangereusement. C’était impossible ! Cette voix était beaucoup trop réelle ! Une fièvre brûlante prit brutalement possession de son corps, la faisant tituber. Les joues en feu, le regard ravagé, elle finit par se retourner… Et il était là. C’était lui, devant elle. Si vrai, si réel, si tangible… Dans sa folie, elle avait réussi à le matérialiser. Elle lui avait redonné corps tel qu’il était dans son imagination. Beau, grand, inondant la pièce de son charisme, de sa présence si unique et rassurante… Elle était parvenue à le rendre aussi vivant et impressionnant que dans son souvenir. Elle était malade… Mais quelle importance… Il était là maintenant. Si sa démence lui permettait de le regarder, de pouvoir entendre sa voix… cette voix qui lui avait cruellement manqué… alors qu’à cela ne tienne ! Avec quel plaisir elle se laisserait interner ! Avec quelle passion elle allait sombrer dans cette aliénation ! Elle plongea son regard dans le sien, ce regard qui semblait la dévorer… Jamais plus elle ne fermerait les yeux de peur que son image ne s’évanouisse, qu’il disparaisse de nouveau. Elle ne survivrait jamais à cette autre perte alors que son esprit malade le lui avait enfin rendu… Comme un automate, elle s’avança vers lui. Lentement. Un pied devant l’autre. A chaque pas, le détail de ce visage aimé lui apparut. La cicatrice blanche de son sourcil gauche qui durcissait encore plus ses traits. Cette ride entre ses yeux qui se creusait lorsqu’il était inquiet, comme à l’instant… Pourquoi était-il inquiet, d’ailleurs ? Etait-il le propre reflet de son esprit encore sain, anxieux de se voir tomber dans la folie ? Elle s’arrêta enfin devant lui, à quelques centimètres à peine. Plus sereine que jamais. Elle entendit au loin la voix de Daniel mais les mots lui parvenaient comme dans un brouillard, pénétrant son esprit avec lenteur… « Anubis… Porte… Sauvegarde… DHD… Deux ans… Bloqué… Jack… » « Jack » … C’est ce mot qui peu à peu la fit revenir dans le monde réel. Pourquoi Daniel lui parlait-il de Jack ? N’était-elle pas la seule à pouvoir le voir ? « Deux ans… Bloqué… Jack… » « Bloqué… Jack » Elle sentit soudain l’espoir exploser dans son ventre, ravageant tout sur son passage. Incrédule, fiévreuse, elle se tourna lentement vers Daniel et découvrit, dans un état second, son regard posé sur elle. Un regard de joie et de larmes, un regard de bonheur intense. Ce n’était pas possible. Cela ne pouvait être vrai. Elle reporta son attention sur l’objet de sa folie. Il était toujours là, si incroyablement réel… si désespérément réel… Alors elle avança une main tremblante vers lui, les yeux embués, entre espoir et agonie… Lorsque ses doigts entrèrent en contact avec la peau rappeuse de sa joue, un choc violent se produisit en elle. Son corps fut parcourut par un tremblement incontrôlable, un feu brûlant inonda son cœur lui insufflant la vie qui l’avait désertée depuis deux ans, depuis deux ans qu’il n’était plus… Elle sentit à peine les larmes glisser sur ses joues pâles, telle la mort désertant enfin son corps, emportant le peu de force qui lui restait… Elle s’affaissa lentement sur elle-même, s’apprêtant à s’effondrer au sol lorsque deux bras puissants la cueillir avec douceur, l’encerclant de sa chaleur. Elle fut attirée vers « lui », contre « lui », sa tête posée sur son cœur. Elle sentit battre celui-ci contre sa joue avec une joie suprême, un bonheur sans nom, consciente de la rapidité anormale de ses battements qui trahissaient une émotion partagée. Dans un état second, elle réalisa à peine qu’une main glissait le long de son bras descendant lentement jusqu’à sa paume qui tenait toujours le pistolet. Il le lui ôta avec douceur tandis qu’il resserrait son étreinte, cachant sa tête contre son épaule solide et rassurante. Ainsi protégée, bien au chaud dans cette bulle de bien-être et de semi-conscience, elle entendit à peine le bruit d’une déflagration, suivi des sons reconnaissables d’un corps qui s’effondre et du grognement rageur de Daniel. Elle se sentait glisser dans l’inconscience, lentement, sereinement. Elle n’avait plus peur, elle n’avait plus mal… Elle était si bien dans ses bras…