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Dieu a dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." D'abord, Dieu ou pas, j'ai horreur qu'on me tutoie...
[Pierre Desproges]
Imagine

Pire que la mort : Chapitre 2

La reine se laissait faire, elle était molle dans  ses bras et n’opposait aucune résistance. Elle tourna simplement la tête vers lui, ses cheveux arrivaient à  hauteur de son cou mais il put entendre parfaitement sa voix douce :
            -Regarde devant toi, tu vois tous mes jaffas, si tu ne me lâches pas immédiatement ils tueront tes amis. C’est ça que tu veux ! Qu’ils meurent ? De toute façon tu ne fais que retarder l’échéance, c’est toi que j’ai choisi, tu seras mon roi.
O’Neill était pétrifié, son pire cauchemar depuis qu’il connaissait les goa’ulds était entrain de se réaliser. Il avait toujours cette crainte depuis Hathor, de voir ses  amis ou lui-même devenir ce qu’il avait toujours haï. Etre un goa’uld ! Après avoir lutté tant d’années  dans un combat sans cesse renouvelé, subi maintes et maintes fois la  torture, avoir été si souvent blessé au combat, avoir tué de nombreux ennemis, avoir sauvé plus d’un  peuple de la tyrannie,  et finir dans la  peau  détestée d’un de ces monstres ! Oui, O’Neill préférait cent fois la mort.
La reine dut le sentir, car elle ajouta comme il la lâchait :
            -Ce n’est pas la peine de te rebeller, tu ne trouveras pas la mort aujourd’hui, j’ai donné ordre à mes jaffas de ne pas tirer. Par contre si tu résistes un tant soit peu, ils tueront tes  amis et tu deviendras tout de même mon roi. Alors que choisis-tu ?
O’Neill tremblait de rage et de colère, mais il devait préserver la vie de ses amis avant tout. Il baissa la tête et dit seulement d’une voix étouffée :
            -Je veux bien, mais laisse-les partir. Ne les retiens pas, ne les fais pas souffrir.
Elle le fixa intensément :
            -Et tu deviendras mon roi, de ton plein gré ?
            -Oui, lui souffla t-il. Je te le promets. Il la fixait d’un regard douloureux, mais elle le crut.
            -Dès que l’implantation sera faite, je les libère. Mais je veux qu’ils me voient et qu’ils te voient.
Sam, Daniel et Teal’c ne bougeaient pas tenus en respect par les jaffas.
            -Lâchez –les dit la reine, et amenez-les près de nous.
On les poussa en avant et ils se retrouvèrent près d’O’Neill.
            -Mon colonel, elle ne va pas vous …. Cette idée était si terrible qu’elle n’arrivait pas à la prononcer.
            -J’ai bien peur que si Carter, fit- il avec un rire sans joie. Je ne vois pas ce qui pourrait me sauver, sauf un rayon Asgard peut-être ?
Mais comment arrivait-il à plaisanter en un pareil moment ? Sam le regardait, il avait légèrement baissé la tête, et ne disait plus rien, perdu dans ses  pensées, ses dernières pensées d’homme libre.
Le cœur de Sam battait à grands coups dans sa poitrine, il semblait résigné, que lui avait promis la reine en échange ? Elle l’avait vu lui parler tout à l’heure, mais elle était trop loin pour en comprendre les paroles.
            -Mon colonel, il faut vous battre ! Je suis sûre qu’on peut faire quelque chose, si on …
            -Carter, je vous interdis de bouger. Je lui ai fait promettre de vous laisser partir, et vous partirez, c’est un ordre major dit-il en la regardant au fond des yeux. Vous rentrerez au SGC, et vous n’essaierez pas de me sauver, cela peut être trop dangereux. Mais continuez la lutte contre les goa’ulds ! Surtout ne baissez pas les bras !  Que ce que je subis aujourd’hui ne soit pas inutile ! Et si un jour vous me croisez au cours d’un combat, n’hésitez pas…tuez-moi ! Il avait ajouté ces quelques mots à voix basse…
Comme elle allait protester il posa ses deux mains sur ses bras, et murmura
            -Ce fut un honneur de servir à vos côtés major !
Elle répliqua du même ton, en refoulant ses larmes.
            -Ce fut un honneur de servir sous vos ordres  mon colonel.
Rappel d’une autre fois, il y avait bien longtemps, quand ils étaient tous les deux perdus en Antarctique, et que Jack avait failli mourir. Mais là c’était différent, il n’allait pas mourir ! 
            -Je vous la confie Teal’c, gardez–la en vie et protégez-vous. Surtout n’abandonnez pas la lutte ! Et puis je vous demande pardon d’avance pour ce que je serai peut être amené à faire contre vous, quand je serai devenu …. Cette chose. Il la regardait avec un léger sourire sur les lèvres.  Elle pleurait sans pouvoir se retenir.
C’était son testament, il avait accepté de quitter cette vie qui était la sienne pour en vivre une autre, il espérait juste qu’il serait inconscient de ce qui allait suivre.
Oh Jack ! Elle se jeta dans ses bras, et sanglota contre sa poitrine. Daniel et Teal’c aussi étaient là, très émus.
Il la garda encore un instant contre lui respirant le parfum léger de ses cheveux. Il aurait voulu prolonger cet instant, mais il ne le pouvait pas, la reine s’impatientait. Elle voulait retrouver son époux, qu’elle pleurait depuis si longtemps
Elle fit signe à ses jaffas. Ils empoignèrent O’Neill et l’arrachèrent aux bras de Sam, ils lui arrachèrent  sa chemise et le firent s’allonger sur une table de pierre.
Il se laissait faire n’opposant aucune résistance, pour ses amis, pour qu’ils vivent, pour que le combat continue ….
Il avait peur, comme jamais il n’avait eu peur de sa vie. Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine. Il savait que  personne ne viendrait le sauver. Il voulut épargner la vision de sa déchéance à ses  amis, parce que ce serait trop dur pour eux et pour lui. Il prit la reine par la manche, et l’attira à lui.
            -Laisse-les partir, avant !
Elle secoua la tête en signe de dénégation.
            -Oh non ! Ils sont  gage de ta sincérité et de ton obéissance. Mais  ils partiront après je te le promets.
Il se rallongea résigné et attendit.
La foule frémit quand le prima sortit de sa  jarre le symbiote emprisonné. Il le montra à la foule.
La  bête visqueuse avançait  maintenant  sur le ventre nu de Jack, en une lente reptation. Il pouvait sentir le contact froid et gluant qui le révulsait. Sam avait les yeux exorbités, des larmes coulaient sur ses joues ; Daniel la tenait bien serrée contre lui de peur qu’elle ne se jette sur le symbiote, signant du même coup son arrêt de mort, et le leur.
Son corps était parcouru de frissons, il avait les yeux ouverts et ceux qui se seraient penchés sur son visage en cet instant auraient pu y lire un désespoir sans fond.
D’un  mouvement ferme le prima lui tourna le visage de côté, le maintenant dans ses mains, exposant sa nuque dénudée à la voracité de la bête. Le serpent continua sa lente montée sur le  corps de Jack, il ne se pressait pas, savourant sans doute sa prochaine victoire.
Maintenant le serpent atteignait le cou, Jack grimaçait anticipant la douleur, tout son corps était tendu, son esprit révolté, sa souffrance extrême. Tout ce qu’il y avait autour de lui était aboli, il ne restait que cet être visqueux qui s’apprêtait à pénétrer en lui, à le forcer, en un viol monstrueux de tout son être.
La bête flaira sa peau et la trouva à son goût, et d’un violent mouvement commença à s’enfoncer dans sa nuque.
Sam tressaillit et se cacha dans le cou de Daniel quand un hurlement inhumain fit se relever les têtes du peuple prostré devant ses souverains.
Le cri résonna longtemps dans l’air du soir, il était alimenté par une douleur si cruelle et un désespoir si fort qu’il semblait ne vouloir jamais cesser.
Le corps de Jack fut agité de soubresauts puis il retomba immobile.
Tout d’abord il ne sentit plus rien. Il était lui-même, il eut un instant l’espoir fou que le symbiote soit mort après l’avoir pénétré.
Puis un filament se tendit et jeta un pont d’un neurone à un autre, emprisonnant le nouvel hôte dans le début d’une toile d’araignée monstrueuse. Il sentit cette première invasion comme un souvenir lointain, très lointain, quelque chose d’infiniment vieux, beaucoup plus que lui. Une femme brune dansant dans le vent sa longue chevelure noire flottant dans son dos, Perséphone. Après tout alla très vite, les souvenirs affluaient, toute la vie du symbiote se propageait comme un cancer gangrenant  les cellules de son cerveau. Il vit Chronos et Réa ses parents, sa jeunesse, son union avec Perséphone, et puis toute cette vie à sauver des âmes.
Puis ce tournant dans sa vie, quand après avoir abusé du sarcophage, il changea totalement pour devenir cet être cruel, qui emprisonnait son peuple  et le réduisait en esclavage ; O’Neill luttait de toutes ses forces contre cette invasion. Il substituait aux souvenirs d’Hadès ses propres souvenirs, les personnages de son petit théâtre privé dansaient devant lui,  Sara, Charlie, Sam, Daniel, Teal’c, les gens du SGC sa famille, la seule qui lui restait, puis les lieux qu’il avait connus et aimés, sa maison, la base, son chalet, son lac…
Il essaya de résister le plus longtemps possible. Un terrible conflit s’engagea au coeur de sa personne, Hadès luttait pour prendre la première place et Jack luttait pour conserver encore un peu de lui même. C’était une bataille en champ clos, qui dura longtemps, très longtemps.
Perséphone commençait à s’inquiéter, elle s’approcha d’Hadès et toucha son visage, il était brûlant, une sorte de fièvre s’était déclaré au centre de ce cerveau. Mais O’Neill faiblissait, ses défenses tombaient une à une. Les visages s’estompaient, se voilaient, disparaissaient dans la brume, et quand dans un suprême effort il vit qu’il ne pouvait plus se rappeler le visage de son fils, il sut que sa défaite était proche. Alors il lâcha prise, vaincu par la force du Goa’uld.
Il commença à bouger, et Perséphone pleine d’un espoir fou, le toucha, le prit par la main, le vit se relever, le regarda avec une anxiété folle sur le visage
            -Hadès, tu es là ?
Les yeux d’Hadès se mirent à briller,
            -Oui Koré, je suis là.
            -Oh tu m’as appelée Koré dit-elle émue jusqu’aux larmes, comme autrefois.
            -C’est le nom que t’ont  donné tes parents. Viens ma reine rentrons dans le palais, dit-il en lui prenant la main.
Et sans un regard pour ses anciens amis qu’il ne reconnaissait plus, il marcha d’un pas ferme et rentra à l’intérieur.
Sam était effondrée dans les bras de Daniel, ils pleuraient tous les deux. Mais Teal’c veillait, il vit le mouvement de foule qui se produisit lorsque le couple royal était rentré dans le palais.
            -Major, Daniel, il faut partir, vite.
            -Mais le colonel …. Cria Sam. On ne peut pas le laisser.
            -Vous ne pouvez plus rien pour lui maintenant. C’est fini, il faut se dépêcher.
Et prenant Sam par une main et Daniel dans l’autre il se mit à courir vers le shapaï.
Daniel fit les symboles,  et Sam le code,
            -Il nous reste quelques minutes dit Sam.
Il se jetèrent dans le vortex en courant et roulèrent sur la rampe d’embarquement. Sam ne se releva pas, elle était anéantie.
Hammond qui était venu les accueillir n’en revenait pas ;
            -Où est le colonel O’Neill ? demanda t-il.
Personne ne lui répondit, il redit à voix plus forte,
            -Major, où est le colonel ?
Sam ne pouvait pas répondre. Elle était restée effondrée sans force sur la rampe.
Une équipe médicale fut dépêchée sur place aussitôt.
            -Teal’c répondez-moi, je vous en prie.
Mais Hammond avait compris dès qu’il avait vu le visage de SG1.
            -Il est mort n’est ce pas ?
Teal’c leva sur Hammond un visage impassible, mais dans ses yeux on pouvait y voir toute la souffrance de ce qu’il venait de voir.
            - Ce qui lui est arrivé est pire que la mort, il a été possédé par un Goa’uld. Il est devenu un goa’uld.
Hammond pâlit, puis se reprenant.
            -Allez vite à l’infirmerie, je vous rejoins.
Janet avait pris en main les rescapés de Grenada. Ils étaient en bonne santé malgré une déshydratation due aux privations et aux deux journées passées dans le cachot insalubre. Mais ils ne présentaient aucun autre symptôme grave, qu’une prostration dont elle n’arrivait pas à les tirer.
Sam ne bougeait pas, elle en était incapable. Elle était là-bas près de lui, encore dans ses bras. Elle revivait en boucle tout ce qui s’était passé, de temps à autre un cri s’échappait de ses lèvres gercées. Ses oreilles retentissaient encore du terrible cri de souffrance de Jack. Un interminable cri long et filant.
Jamais, plus jamais elle ne le verrait. Sous ses paupières closes, c’était son visage, son sourire, ses yeux, elle entendait sa voix, ses blagues, son rire.
Jamais, plus jamais.
Dans les couloirs de la base il était là, au mess il était là, dans son labo, il était là…dans la salle de briefing, dans la salle d’embarquement…
Jamais, plus jamais…. Son cœur était resté avec lui là-bas sur cette planète ! Mais il n’était pas mort, il était devenu ce qu’il haïssait le plus,  un Goa’uld.
Il faut l’aider… demander au général…le sédatif donné  par Janet  commençait à alourdir ses paupières. … Demander à mon père…. Les Tok’ras pourront le sauver…
Jack… jamais… plus jamais… Elle s’endormit à bout de forces et de douleur.
Jamais…plus jamais.
**************
La vie s’organisait dans le palais. Perséphone ne quittait plus Hadès. Elle était si heureuse de l’avoir retrouvée. Elle le regardait souvent de façon insistante car  Il était si différent que dans son souvenir.
            -Tu as changé lui avait –elle dit un soir après le repas qu’ils avaient pris ensemble dans la grande salle à manger du palais.
            -Je ne suis plus le même ma reine, la maladie qui a emporté mon hôte, m’a aussi affaibli, mais je pense qu’après quelques séances dans le sarcophage tout ira mieux. Je me sens déjà mieux !  Et puis il faut que je m’habitue à cette nouvelle enveloppe, dit-il avec un grand sourire.
Ils étaient allongés l’un près de l’autre dans le grand lit. Perséphone s’appuya sur un coude et regarda le visage de son époux.
            -On dirait que tu regrettes le cadeau que je t’ai fait ? Pourtant cet hôte est très beau.
Il lui sourit, étonné encore de ressentir tant de choses pour elle  après un si long sommeil.
            -Non je ne regrette pas, mais l’hôte que tu m’as choisi est fort. Il lutte tout le temps, il ne s’arrête jamais.
            -C’est toi-même qui m’a demandé de te choisir un hôte fort. Tu voulais un corps jeune et puissant. Dès que j’ai vu cet homme j’ai su que je te l’offrirai.
Il lui caressa le visage :
            -Mais je ne te reproche rien, ma reine. Mais j’aurais peut être préféré un hôte plus docile.
Perséphone ne dit plus rien, elle se rallongea en soupirant.
            -Qu’as-tu fait pendant ces vingt cinq ans  ma reine reprit Hadès en la regardant, as-tu bien pris soin de mon royaume ?
La question resta sans réponse, Perséphone ne voulait rien dire, elle n’avait eu de cesse  de lui trouver un hôte et avait négligé le reste. Elle se savait en faute, alors elle fit semblant de dormir, pour n’avoir pas à répondre. Il était tard et  Hadès  fatigué, n’insista pas et ferma lui aussi les yeux.
Mais le lendemain,  il remonta dans son vaisseau et se mit à parcourir la galaxie comme il l’avait toujours fait. Il possédait une dizaine de planètes assez éloignées les unes des autres, et il fallait être là. Perséphone n’avait pas bien rempli ce rôle. Elle était restée trop longtemps sur Grenada, où elle avait longtemps vécu. Elle avait négligé ses autres possessions et Hadès pensait qu’il était temps de remédier à cela.
Son royaume était dans un état lamentable. Il entra dans de violentes colères quand il vit que sur une planète tout avait été dévasté, les mines éventrées et les villages détruits.
            -Où sont les habitants avait-il dit d’un ton brutal à un homme qu’il avait trouvé vivant seul dans une cabane. Parle ! Et il lui avait posé la pierre funeste sur le front. L’homme était terrorisé et il avait seulement dit : « Baal ». Hadès l’avait alors laissé libre. Ses autres possessions n’étaient pas en meilleur état. Il revint sur Grenada découragé, il en voulait à Perséphone. Il n’appréciait pas non plus l’hôte qu’elle lui avait choisi.
L’ambiance était dégradée au palais. On était loin de la joie des retrouvailles. Hadès était fatigué car  son hôte le tourmentait, il avait essayé de le museler mais il n’y était  pas encore parvenu.
O’Neill avait par moment des  lueurs de lucidité, lorsque son hôte baissait sa garde, il s’introduisait dans la brèche. Sa vie était étrange, il se voyait parler, manger, dormir, vivre, faire l’amour, sans aucun pouvoir de décision. A certains moments il avait l’impression d’être redevenu lui-même. Ces moments là étaient très durs pour lui, car il réalisait alors qu’il  avait perdu toute liberté. Il détestait cette planète, il ne se souvenait pas de tout mais voyait des visages, des amis, un regard bleu. Il s’accrochait à ce regard bleu car il sentait que c’était important, que c’était le centre de sa vie, même s’il ne comprenait pas pourquoi. Mais il s’enfonçait parfois dans une tristesse et une mélancolie que personne ne pouvait comprendre.
Il détestait aussi la cruauté dont il faisait parfois preuve, l’utilisation de l’arme de poing le révoltait, mais il ne pouvait rien faire pour retenir sa main qui envoyait le rayon de la mort sur le front de pauvres innocents.
A certains moments il sentait les pensées du symbiote dans son esprit conscient, il ressentait la fatigue, le découragement d’Hadès. La maladie avait affaibli le symbiote, mais les séances de sarcophage que le roi multipliait étaient terribles pour lui, car il se sentait de plus en plus faible. Il craignait un jour de ne plus exister du tout. La vie de Jack était devenue un cauchemar permanent. Même les nuits ne lui apportaient aucun répit, car les rêves qu’ils faisaient ne lui appartenaient pas et ils étaient terrifiants. Tout ce qui faisait sa vie, tout ce à quoi il croyait, tous les êtres qu’il avait aimés, tout disparaissait dans une sorte de brouillard uniforme et gris, et il avait de plus en plus de difficultés à faire venir ses propres souvenirs à son esprit conscient. Il s’en rendait compte et c’était une souffrance de plus pour lui.
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Au SGC la vie avait repris. Les dernières volontés du colonel en tant qu’homme libre avaient été scrupuleusement respectées par le général Hammond et toutes les équipes, SG1 en tête.  O’Neill n’avait pas été remplacé, Sam assurait l’intérim car elle avait toujours le secret espoir de le retrouver un jour. Elle en parlait souvent avec Daniel et Teal’c.
 Un jour Hammond avait demandé un briefing, c’ était quelques jours après le retour de l’équipe amputée de son chef.
Sam avait été très choquée de l’attitude du général, mais elle avait fini par comprendre. Hammond avait attaqué  de façon abrupte :
            -Je voudrais prendre des mesures pour changer beaucoup de choses dans la base, au niveau des codes de commande et des codes d’accès à tous les services de la base.
            -Mais pourquoi mon général ? Avait protesté Sam, c’est un travail gigantesque.
Hammond l’avait regardée d’un air volontairement neutre.
            -Major, vous n’êtes pas sans savoir que le colonel O’Neill était mon second, c’est lui que je pressentais pour me remplacer à la tête du SGC. Il connaît beaucoup de secrets sur nos défenses planétaires.
            -Il ne trahirait jamais mon général ! Sam était offusquée que le général Hammond ait pu penser une seule seconde que le colonel…
            -Naturellement major ! Je suis entièrement d’accord avec vous, en temps normal. Mais là c’est différent, un Goa’uld a directement accès à sa mémoire et à son subconscient. Sans même qu’il le sache, le Goa’uld peut prendre ce qu’il veut dans la mémoire du colonel. Je sais major combien vous le défendez, mais je considère qu’il y a un réel danger.
             
             
Dans les jours qui suivirent Sam parla beaucoup avec Daniel et Teal’c. Leur équipe était plus soudée que jamais. Elle commença avec l’aide des techniciens un long travail sur les ordinateurs de la base, il fallait changer beaucoup de choses. Ce travail lui occupa l’esprit plusieurs semaines. Pendant ce temps Daniel et Teal’c avaient été incorporés à d’autres équipes afin de continuer la lutte contre les Goa’ulds. Anubis étant le plus menaçant, il fallait mettre en œuvre toutes les forces pour le vaincre.
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Trois mois plus tard  SG1 s’apprêtait à partir en mission quand les alarmes se déclenchèrent.
Hammond mit fin au briefing immédiatement.
Le sergent Davis était de service ce matin là la console.
            -A quelle heure doit rentrer la prochaine équipe sergent ? Demanda Hammond.
            -C’est SG8, à  4 heures mon général.
            -Avons-nous un code d’identification sergent ?
            -Pas encore mon général.
Quelques secondes passèrent, puis un code s’afficha sur l’écran.
            -C’est la Tok’ra mon général.
            -Ouvrez l’iris dit Hammond.
Au mot Tok’ra, Sam s’était précipitée dans la salle d’embarquement, elle espérait que c’était son père. Elle avait tant de choses à lui dire et à lui demander.
Le vortex s’ouvrit, Jacob et deux hommes franchirent le vortex et s’arrêtèrent en haut de la rampe. Leurs visages étaient graves.
            -Papa ! Dit Sam et elle se précipita dans ses bras. Celui-ci la tint serrée contre lui sans rien dire dans un geste d’émotion qui ne lui était pas habituel. Elle s’en aperçut aussitôt.
            -Que se passe t-il Papa ?
            -Viens ma chérie, il faut qu’on parle. George, on peut se parler tout de suite ? dit-il à Hammond.
            -Oui, allons dans la salle de briefing.
Sam sentit ses jambes faiblir, son père dut la soutenir tandis qu’elle montait les marches de fer menant à la salle de réunion.
Ils s’assirent en silence autour de la table.
            -Que se passe t-il Jacob ? Demanda Hammond quand tout le monde fut installé.
            -Je suis désolé, dit Jacob,  mais je n’ai pas de bonnes nouvelles.
            -Cela concerne le colonel O’Neill ? Demanda Teal’c.
            -En effet, j’ai vu Hadès. Il reconstitue son armée, qui était devenue pratiquement inexistante depuis la mort de son hôte il y a vingt cinq ans.  Il a fait parler de lui déjà  dans le secteur de Grenada. Il cherche à reprendre possession de toutes les planètes que sa femme a délaissées. Il est d’ailleurs en très bonne voie, car il possède une  excellente stratégie militaire, ce qui manque à la plupart des Goa’ulds. Cela fait trois mois maintenant qu’il est revenu sur le devant de la scène et on parle de lui déjà partout dans toute la galaxie. Il a même attiré l’attention des grands maîtres du Système. 
Nous avons appris qu’il cherche à faire alliance avec Baal, ce qui est étrange quand on connaît les évènements qui se sont produits entre le colonel O’Neill et Baal.
Jacob continua à parler un long moment de la puissance montante du Goa’uld. Quand il se tut, le silence tomba lourd et douloureux. 
Ce fut Hammond qui le rompit le premier :
            -A-t-il des vues sur la Terre ?
            -Pour le moment cela lui est impossible, mais c’est certainement un de ses projets. Malheureusement, son hôte va lui faciliter la tâche.
Sam ne pouvait pas en entendre plus. Elle demanda l’autorisation de sortir au général Hammond. Celui-ci voyant combien elle était pâle, l’envoya à l’infirmerie. Ce qu’elle craignait le plus était arrivé, le colonel O’Neill n’existait plus. Hadès avait définitivement triomphé.
Elle comprit qu’elle ne reverrait plus jamais son supérieur, son colonel, son ami, et que si un jour elle se retrouvait en sa présence il faudrait qu’elle le tue, qu’elle fasse tout pour qu’il disparaisse. Et cela c’était un souffrance bien au-delà de ce qu’elle pouvait supporter.
Janet ne lui dit pas un mot, mais lui offrit la douceur de ses bras, elle s’y engouffra et pleura longtemps sur l’épaule de son amie.
 -Votre mission SG1, détruire le vaisseau mère d’Hadès. Nous savons par les Tok’ras qu’il est actuellement sur Grenada. Son vaisseau est en orbite autour de la planète et n’est gardé que par quelque jaffas. C’est le moment de passer à l’attaque.
Le cœur de Sam battait à grands coups, le moment était venu d’affronter Hadès.
Elle écoutait à peine  le général Hammond, la mission serait dangereuse, comme d’habitude de toute façon. Mais là, c’était O’Neill qu’ils auraient devant eux. C’était LUI,  Pas n’importe quel Goa’uld.
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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