Pour elle il n’y avait aucun problème.
-Le seul problème dit O’Neill en la regardant très attentivement, c’est que je ne vous ai pas téléphoné, ni envoyé d’hélicoptère.
-C’est impossible, dit –elle d’un ton sec.
-Comment aurais-je pu vous téléphoner puisque vous êtes morte depuis un mois !
Elle fut choquée par ces mots, et le ton sec qu’il avait pris, parler d’elle comme si elle était morte était très désagréable.
-Excusez-moi, mon général, mais je suis là ; morte ou pas, je suis là ! Elle mordait dans les mots pour endiguer la colère qui commençait à monter en elle. Colère mais aussi désarroi. Elle ne comprenait pas O’Neill, il ne lui parlait jamais de cette façon, il était calme ou en colère parfois, mais jamais il ne lui avait parlé avec un tel dédain, ou une telle souffrance, pensa t-elle subitement.
Elle rougit et pâlit tour à tour, une idée effleura sa pensée à ce moment, peut-être que, avec lui…
-Mon général, est ce que vous… et moi…
Il frissonna ! Elle ne put finir sa phrase.
-Mon général ! Murmura t-elle, excusez-moi… Et si vous me disiez tout, monsieur, je pourrais peut-être comprendre.
Il marchait maintenant dans la chambre, à grands pas nerveux. Il n’arrivait pas à parler, pour dire quoi ? Qu’ils avaient fait l’amour une fois, passé une nuit inoubliable ensemble et puis que le lendemain elle était morte. Huit longues années à attendre, puis d’un coup toucher le paradis et aussitôt se retrouver en enfer !
-Non c’est inutile, cela ne ferait que raviver la douleur… il avait parlé de douleur, avait-elle bien entendu ?
-Mais je suis là ! Je suis Sam !
-Non ! Vous n’êtes pas Sam, cria t-il vous êtes une imitation, je ne sais pas moi, quelqu’un qui lui ressemble, une illusion…
Le claquement de la porte résonnait encore dans sa tête longtemps après son départ. Elle s’allongea sur le lit en proie au doute. Pourrait-elle être une illusion ? Ridicule ! Un clone ? Là le doute était possible. Etait-elle dans un univers parallèle ? Oui bien sûr c’était ça ! Mais elle n’avait passé aucun miroir quantique. Son enthousiasme retomba aussitôt comme un ballon qu’on dégonfle ! Cela n’avait aucun sens !
En fait elle était bien Sam Carter, colonel de l’USAF, chef de SG1, mais elle avait perdu la mémoire des derniers évènements. Sur la planète qu’elle avait visitée avec Daniel et Teal’c, elle n’avait aucun souvenir. Elle avait dû être tuée, puis sauvée, mise dans un sarcophage, et elle était revenue sans les souvenirs du mois écoulé. Très plausible tout cela ! Et si Daniel et Teal’c avait ramené un autre corps ! Qu’ils l’avaient cru morte et qu’elle était bien en vie quelque part dans la galaxie, à soigner ses blessures, à guérir son corps tout en perdant un fragment de sa mémoire.
Mais le coup de fil qu’il disait n’avoir pas envoyé ! Et cet hélicoptère !
Vivaient-ils tous dans un monde d’illusions, ou bien est ce le général lui-même qui était une illusion, et toute la base. Elle allait sûrement se réveiller ce ne serait qu’un cauchemar, demain elle se retrouverait avec ses amies, dans sa chambre d’hôtel et continuerait ses vacances.
Elle parlerait au général, elle lui ferait part de toutes ses réflexions, elle lui prouverait qu’elle était bien Sam. C’était la seule certitude, elle était bien Sam. Elle devait se raccrocher à cela, pour ne pas sombrer dans la folie.
Le sommeil la prit sans qu’elle s’en rende compte.
Daniel et Teal’c venaient de passer le vortex. Daniel avait fait de nombreuses photos du temple, où des mystérieuses inscriptions étaient écrites sur les portes. Il avait hâte de se mettre au travail. Mais avant il y aurait le débriefing avec O’Neill.
Malgré le désaccord de Teal’c il avait décidé de parler à Jack, de lui faire part de ses doutes. Il ne pouvait pas garder cela pour lui.
-Alors ce temple Daniel ? Dit O’Neill d’un ton forcé, des choses intéressantes ?
-Oui, en effet j’ai pris beaucoup de photos, mais en fait je voulais parler d’autre chose.
-Ah oui et de quoi ? Le regard de Jack s’était fait plus dur comme pour faire taire Daniel mais celui-ci ne se laissa pas intimider.
-Nous avons peut-être fait une erreur commença Daniel
-Quoi ! Le cœur de Jack battait à tout rompre. Qu’est-ce que vous dites ?
-Ce n’est peut-être pas Sam que nous avons ramenée à la base.
-Vous êtes fou Daniel, c’est impossible ! Vous avez intérêt à avancer des preuves, sinon..
-Sinon quoi Jack ! Vous allez me tuer !
-Oh je pourrais le faire, soyez sans crainte !
-Je sais que vous pourriez le faire dit le jeune archéologue d’une voix douce, mais je vous en prie écoutez-moi.
O’Neill acquiesça et Daniel parla de la rencontre avec le peuple de P9B712 et du jeune homme qui avait vu la mort de Sam. Mais il avait pu se tromper, en effet rien ne distinguait Sam des autres femmes de la petite communauté. Elle était blonde comme elles, et avait revêtu la tenue traditionnelle. Ses plaques n’avaient pas été retrouvées. Ils avaient conclu peut-être un peu trop vite à son décès. Ils avaient trouvé le corps de Sam étendue près des jaffas, un P90 à proximité d’elle. C’était la seule femme dans le secteur, la conclusion avait été facile à faire, et l’erreur possible.
Un lourd silence accueillit ces paroles. Daniel scrutait en vain le visage de Jack, il était fermé et rien de transparaissait des émotions qui devaient l’agiter.
-Alors ce serait bien Sam qui est dans la base ? Dit –il avec un espoir fou dans le regard. Mais avant il nous reste un dernier test à faire. Voir si la jeune femme que vous avez ramenée est bien une étrangère.
Daniel sursauta :
-Vous parlez d’une exhumation, Jack ?
-Quoi d’autre dit celui-ci durement. Nous n’avons pas le choix. De toute façon je dois savoir, sinon je vais devenir complètement fou !
Lundi 15 novembre.
-Tu crois que Sam va être surprise ? Demanda Claire.
-Sûrement, mais elle qui se plaint que nos professions respectives nous empêchent de nous rencontrer ! Elle va être étonnée.
-Il y a quand même une chose surprenante pourquoi ont-ils besoin d’un linguiste dans une base militaire secrète, qui s’occupe de radars ?
-C’est certainement une couverture.
-Oh tu crois, je n’y aurais pas pensé s’exclama Hélène.
-Arrête dit Claire en riant, ce que je veux dire c’est qu’une fois Sam s’est vendue plus ou moins.
-Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
-Ah je vois que ça commence à t’intéresser !
-Allez accouche !
-Elle m’a parlé d’un certain docteur Jackson.
Hélène s’arrêta et regarda son amie en souriant.
-C’est normal un médecin dans une base.
-Oui mais ce qui l’est moins c’est que c’est un docteur en archéologie et un linguiste réputé, spécialiste des langues anciennes.
-En effet ! Récapitulons, dans cette base nous connaissons, Samantha astrophysicienne, nous avons entendu parler du général O’Neill, un militaire qui dirige la base, jusque là rien que de très normal, et puis maintenant un archéologue linguiste, alors là ça ne colle plus du tout. Alors toi je parie que tu vas travailler sur des vieux parchemins poussiéreux, sortis dont ne sait où !
-Bingo, je suis engagée comme spécialiste du latin et du grec, et je vais travailler avec ce mystérieux docteur Jackson. Finalement toi ça va être quoi ton boulot ?
-Je n’en sais rien du tout. Mes travaux sur les réacteurs ont été appréciés de mes supérieurs, et c’est le général Osborne en personne qui m’a convoquée dans son bureau à l’état major pour me parler de ce nouveau travail. Enfin quand je dis parler, il m’a dit exactement : « Major que diriez-vous d’un travail qui utiliserait vos capacités scientifiques et vous ferait découvrir de nouveaux horizons au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer ? » Un peu vague je le reconnais, mais ce qui m’a paru bizarre c’est qu’il m’a demandé une réponse immédiate. Et quand j’ai voulu m’informer davantage, il m’a répondu « secret défense ». Alors tu penses que ma curiosité a été la plus forte et que j’ai dit oui tout de suite. Et pour toi ça s’est passé comment ?
-Exactement comme toi, j’ai dit oui tout de suite, et pourtant j’avoue que je suis bien intriguée et que j’ai hâte de rencontrer ce professeur Jackson.
Le lendemain Hélène et Claire pénétraient dans la base de Cheyenne Mountain. Elles furent impressionnées par la sécurité déployée aux abords de la base. C’était certainement la base la mieux gardée de tout le pays. Pas moins d’une demi-heure entre le moment où elles garèrent leur voiture, et l’arrivée devant le bureau du général O’Neill commandant de la base.
Elles descendirent des ascenseurs, longèrent des couloirs gris, passèrent devant une foule de portes fermées. A chacune d’entre elle des gardes, ainsi qu’à chaque croisement de couloirs. Elles se jetaient de temps à autre des regards surpris, comme pour se dire : « mais que fait-on dans cette base de si mystérieux ? »
On les fit entrer dans un petit bureau, au centre une table avec peu de choses dessus, un cadre avec une photo d’un enfant, quelques papiers, au mur l’inévitable portrait du président Hayes, dans un angle : le drapeau américain.
Elles restèrent debout. Des pas rapides sur un escalier métallique, un homme grand et mince dans l’encadrement de la porte : Le général.
Salut impeccable des deux officiers, « mon général »
-Repos. Asseyez-vous.
La voix était sèche. Elle prirent place sur les deux chaises et attendirent un peu intimidées.
Le général prit deux fiches dans un petit dossier posé devant lui.
-Vous êtes le major Claire Melray et le major Hélène Castillo.
-Oui mon général dirent-elle d’une seule voix.
-Avez-vous été briefées ?
-Non mon général dit Claire, Hélène se contenta de faire non de la tête.
-Vous, dit le général en regardant Claire, vous travaillerez avec le professeur Jackson, une idée de ce que vous allez faire ?
-Pas du tout mon général… et …
-Ah entrez Daniel dit-il à un homme de trente cinq ans environ qui arrivait devant la porte.
Daniel entra et aussitôt Claire et Hélène se mirent au garde à vous.
-Je ne suis pas militaire, dit-il en riant, je me présente : Docteur Daniel Jackson, laquelle d’entre vous est le major Melray ?
-C’est moi dit Claire en souriant.
Pendant ce temps là Hélène jeta un coup d’œil au général. Il paraissait plus détendu, elle se souvint de ce que Sam lui avait dit, ils étaient amis.
L’entretien avec le général se poursuivit tranquillement. Il leur fit signer à chacune un engagement de non-divulgation de tout ce qui pourrait être dit ou vu dans la base et ailleurs. Le mot ailleurs les fit tiquer, elles ne comprenaient plus grand-chose, mais tant pis maintenant elles étaient plongées dans la grande aventure, plus moyen de reculer. Il parla aussi à Hélène de son travail sur les ordinateurs et une mystérieuse machine qu’il avait appelée « la porte ». Intriguant !
-Le docteur Jackson va vous faire visiter la base, et vous apprendra tout ce qu’il faut sur nos activités, conclut le général.
-Suivez-moi, dit Daniel.
Elles sortirent après un dernier salut réglementaire au général.
-Le général, il est toujours comme ça ? Demanda Hélène
-Comme quoi ? Répondit Daniel surpris.
-Sévère, distant…
-Non, au contraire, mais là c’est différent, dit Daniel d’une voix étouffée. Nous avons quelques problèmes. Mais venez, je vais vous faire visiter et vous expliquer en quoi va constituer votre travail.
-Le colonel Carter n’est pas là ? S’inquiéta Claire.
-Non… répondit Daniel en hésitant, elle n’est pas là. Major Castillo je vous mets entre les mains du sergent Siler, il va vous expliquer tout ce que vous devez savoir sur la porte des étoiles.
-La porte des étoiles !!!!!
Les deux jeunes femmes passèrent la matinée à visiter toute la base. Hélène commençait à comprendre quel serait son travail. Elle devrait travailler avec le sergent Siler sur l’entretien de la porte. Claire aiderait le professeur Jackson dans ses traductions de tablettes, documents ou autres photos. Il y avait un travail monumental à accomplir.
Le midi elles se retrouvèrent au mess, un peu perdues et inquiètes de leurs nouvelles fonctions. Seraient –elles à la hauteur ? Tout était tellement nouveau, et si différent de ce qu’elles faisaient avant.
-C’est incroyable ! Fut la première chose que put dire Hélène sur leur visite de la base.
-Le docteur Jackson est très agréable dit Claire il a répondu avec une infinie patience à toutes mes questions, et dieu sait s’il y en avait.
-Moi de mon côté dit Hélène j’ai découvert le fonctionnement de la porte des étoiles, c’est absolument fantastique. Tu te rends compte on peut voyager à des milliers d’années lumière de la Terre en quelques secondes.
-Oui, et tu crois qu’on la passera un jour cette porte ?
-Ça je n’en sais rien. J’ai demandé au sergent Siler, il m’a dit que tout le monde passait un jour la porte tôt ou tard. Alors …il faut patienter, on vient juste d’arriver.
Elles continuèrent à parler durant tout leur repas.
-He ! Regarde qui vient ? Dit Hélène
-Oh le général !
-Quelle allure cet homme !
-Il faut peut-être se mettre au garde à vous ! Dit Claire en riant
-Non je ne crois pas. Regarde les autres ne le font pas.
-Oui, souffla Claire, mais il n’y a que des civils dans la salle.
-On fait comme si on ne l’avait pas vu ?
-Oui, dit Claire en pouffant.
-Chut ! Tu vas te faire remarquer !
Le général O’Neill indifférent aux propos dont il faisait l’objet s’était dirigé vers le fond de la salle et avait rejoint le docteur Jackson et un homme de couleur, imposant avec un curieux bijou sur le front.
- Le grand balaise là-bas, tu sais qui c’est ? Dit Hélène
-Celui qui a le truc sur le front ?
-Oui, mais on dirait qu’ils sont très amis avec le général O’Neill.
-Je me demande où est Sam ? J’ai posé la question à plusieurs personnes ce matin, et ils m’ont dit qu’elle était en mission.
-C’est possible, non ?
-Ce ne serait pas avec son équipe habituelle alors ? Etrange, parce que le docteur Jackson fait partie de son équipe. Au fait le grand noir comme tu dis il s’appelle Teal’c, dit malicieusement Claire, et ce n’est pas un humain.
-Tu en as appris des choses ce matin !
-Oui pendant que toi parlait technique ce qui est ton boulot, normal, moi je discutais jaffas et Goa’uld avec Daniel.
-Tu dis Daniel maintenant ! Eh ! Se moqua Hélène
Claire rougit un peu :
-Oui tout le monde l’appelle comme ça, même le général !
-Ah ! Si le général le fait …alors je n’ai plus rien à dire, dit Hélène malicieusement. A propos du général t’en pense quoi ?
-Terriblement intimidant ! Mais je pense qu’il gagne à être connu. Regarde il a complètement changé quand Daniel est entré dans son bureau.
-C’est vrai ajouta Hélène, il était beaucoup plus chaleureux.
-Oh l’heure tourne, dit Claire je ne voudrais pas être en retard. Je te revois ce soir ? Tu as trouvé un logement au fait ?
Non, dit Hélène, je n’ai pas encore eu le temps de chercher. Ce soir je vais dormir à la base.
-Alors à plus tard.
Lundi 8 novembre.
O’Neill était resté seul dans son bureau. Il ne voulait voir personne. Il s’assit et resta un moment la tête dans ses mains. Sa douleur était ravivée par la présence de la jeune femme qui ressemblait à Carter à s’y méprendre, c’était son visage, ses yeux, sa voix, sa manière de parler. Il avait une envie folle de la prendre dans ses bras, de la serrer contre lui, d’embrasser ses lèvres si douces, de se fondre en elle…
Une telle ressemblance était hallucinante, il n’avait jamais vu cela au cours de ses années passées au SGC ou en exploration. Et pourtant Dieu sait s’ils en avaient rencontrées des choses étranges au cours de leurs missions.
Les paroles de Daniel faisaient leur chemin dans son esprit, le doute s’installait, et si c’était elle ?
O’Neill devant son écran d’ordinateur demanda à consulter les archives médicales du colonel Carter.
Il n’y avait pas eu d’autopsie. Seul un examen médical externe avait été pratiqué.
Le compte rendu était bref, les blessures et les causes de la mort étaient consignées.
La jeune femme avait été identifiée par Daniel et Teal’c.
C’était elle, c’était écrit noir sur blanc.
Il tapa un poing rageur sur la table, il ne devait plus y penser ! Sam était morte, et bien morte !
Alors qui était dans la cellule de force ?
Il partit se coucher mais ne put fermer l’œil de la nuit. Le lendemain il se leva fatigué avec un marteau piqueur dans la tête, après avoir pris un café bien fort il alla voir le docteur Bright pour lui demander les tests sanguins qui avaient dus être faits après le décès de Sam. Mais elle lui dit que des tels tests n’étaient pratiqués que lorsqu’on avait un doute sur l’identité de la victime ou de la cause de la mort. Dans ce cas là il n’y avait aucune contestation possible. Il y avait des témoins.
Deux jours après O’Neill fit exhumer le corps de la jeune femme décédée sur P9B712.
Des tests ADN furent pratiqués.
Le couperet tomba quelques jours plus tard. Le corps était bien celui de Samantha Carter.
Alors qui était la jeune femme arrivée à la base le 7 novembre ?
La nuit tombait sur le petit cimetière militaire de Colorado Springs. O’Neill était resté devant la tombe sur laquelle venait d’être jetée la dernière pelletée de terre. Une très courte et émouvante cérémonie avait eu lieu, pour la deuxième inhumation du colonel Carter. O’Neill n’avait pas dit un mot depuis le résultat des tests ADN, il en était incapable. Il avait seulement montré la feuille des résultats à Daniel et Teal’c qui par respect pour sa douleur lui avaient évité les mots de réconfort inutiles et vains. Maintenant la cérémonie était terminée et Jack s’était assis par terre près de la tombe, plongée dans une douleur muette.
Ses amis attendaient un peu plus loin, ils sentaient qu’il avait besoin de rester seul avec elle.
Sa douleur était immense, à la place de son cœur une pierre lourde et froide qui lui emplissait la poitrine, l’empêchant de respirer.
La vue de « l’autre » l’avait totalement déstabilisé, comme il avait été naïf de croire que tout était à nouveau possible. Il le savait bien au fond de son cœur que ce n’était pas elle. Mais pourquoi avait-il écouté Daniel ? Lui s’était leurré mais il ne la connaissait pas si bien que lui, ce n’était que son amie, pas son amour, son souffle, sa vie ! Quelques infimes détails avaient changé, c’était surtout son comportement à elle qui était différent. Pourquoi ne s’était-elle pas jeté dans ses bras ? Pourquoi son regard ne luisait-il pas de tout l’amour qu’elle avait pour lui ? Tout simplement parce que ce n’était pas elle. Il l’avait toujours su.
Le briefing du lendemain les réunissait tous les trois, il fallait statuer sur le sort de « l’autre », O’Neill ne voulait pas la revoir, c’était au-dessus de ses forces.
-Daniel, je voudrais que vous alliez lui parler, dit-il d’un ton las. Essayez de savoir ce qui s’est passé, qui elle est.
-Entendu Jack, mais pourquoi moi ?
-Parce qu’elle est plus proche de vous, c’est votre amie non ?
Devant le silence de Daniel, il eut un geste d’impatience,
-Elle a toujours été très proche de vous, non ?
-Vous voyez Jack, vous parlez d’elle comme si elle était Sam !
-Je vous en prie Daniel ! Cette situation est insupportable pour moi, essayez de le comprendre !
Il criait presque ! Ce n’était pas dans ses habitudes de se confier, ou de parler tout simplement de lui, mais là il était au bord de la rupture, et Daniel le sentit.
-Ne vous inquiétez pas Jack, je m’en occupe. Teal’c peut venir avec moi ?
-Naturellement, faites-la parler, et puis il faudra lui trouver un endroit pour vivre. Elle ne pas rester au SGC enfermée toute sa vie !
La jeune femme était assise devant un repas qu’elle n’avait pas touché. Elle regarda ses amis d’un air morne.
-Daniel ! Teal’c ! Mais, où est le général ? Je deviens folle ici.
-Vous n’êtes pas au courant ?
-Au courant de quoi ? Dit-elle avec un air affolé
-La jeune femme que nous avons ramenée est bien Samantha Carter, les tests ADN l’ont prouvé.
Sam s’était assise sur le lit et avait invité ses amis à s’asseoir à la table.
-Moi aussi je suis bien Samantha Carter, les tests ADN sont formels, dit-elle d’une voix douce.
Elle soupira, elle semblait mieux tout à coup, la menace de la folie s’éloignait.
-Je comprends mieux maintenant la réaction du général, il devait pressentir que je n’étais pas la « « bonne Sam », Je commence à comprendre.
-Nous on ne comprend pas du tout, que se passe t-il ?
-Vous ne voyez pas ? Pourtant vous avez vécu cette situation, nous l’avons tous vécus d’ailleurs !
-Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler dit Daniel.
-Mais je ne suis pas dans ma réalité, c’est tout simple. Je suis dans une réalité alternée.
Daniel et Teal’c ouvrirent de grands yeux :
-Mais de quoi vous parlez, il n’y a qu’une seule réalité ?
Elle rit doucement et malgré elle des larmes de soulagement coulaient sur ses joues.
-Mais non Daniel il y a d’infinies réalités. Des mondes parallèles qui s’ouvrent sous chacun de nos pas. Ces mondes peuvent être différents ou exactement identiques. Les mondes que nous avons visités étaient très proches de notre réalité. Vous-même Daniel avez été le premier d’entre nous à croiser un de ces mondes parallèles. Vous avez découvert le premier miroir quantique sur P3R233.
-Ici nous ne connaissons pas les miroirs quantiques. Qu’est-ce que c’est ?
-En quelque sorte c’est une porte entre deux univers. Et Sam se lança dans de grandes explications que Daniel et Teal’c écoutaient attentivement sans l’interrompre.
-Finalement conclut Daniel, vous avez passé un de ces miroirs quantiques ?
-Et non, et c’est justement ce qui m’a fait écarter cette supposition de prime abord. Mais maintenant je sais ce qui m’est arrivé, malheureusement je ne peux pas rentrer chez moi. Il faut que quelqu’un de mon monde trouve le passage et vienne me chercher. Mon seul espoir est qu’ils y pensent.
-Vous pouvez nous expliquer ?
-Pas encore, pour le moment je voudrais avoir accès à un ordinateur, il faut que j’étudie toutes les possibilités, que je fasse des calculs. Vous pensez que le général O’Neill acceptera de me laisser travailler sur un de vos terminaux ?
-Je pense que oui dit Daniel, mais je vais aller le voir, il n’y a aucune raison que vous restiez enfermée ici.
Dans l’autre réalité O’Neill faisait le point avec le major Vengert. Le général ne pouvant quitter la base plus de quelques heures, il n’avait pu lui-même se charger des recherches.
Daniel et Teal’c aussi étaient là.
-Major ? Vos conclusions dit O’Neill d’une voix lasse.
-Le colonel Carter a bien quitté l’héliport de San Juan le 7 novembre à 16 H 15, mon général, mais l’hélicoptère n’est jamais arrivé à destination.
L’angoisse serra brutalement le cœur de Jack. Jusqu’à cet instant il avait espéré qu’elle n’avait jamais quitté l’île de Porto Rico, qu’elle avait changé d’avis, qu’elle avait pris un autre moyen de transport.
Il avait mis la police locale sur le coup, mais celle-ci s’était montrée un peu molle dans ses recherches. Il avait fait fouiller l’appartement du major, ses quartiers à la base, son labo à la recherche d’indices. Peut-être avait-elle été enlevée ? Par le NID, un rayon Asgard. Mais aucun phénomène lumineux n’avait été enregistré dans le secteur, et un rayon Asgard ne passait pas inaperçu, les radars auraient remarqué quelque chose.
Il ne restait plus que l’hypothèse la plus dramatique, son hélicoptère s’était scratché dans l’océan. Il avait disparu des radars à 16 h 51 très exactement.