-Demain, ouf ! trois jours de boulot et je tourne déjà en bourrique, dit –elle en riant. Mais il y a une chose de bien dans cette histoire, c’est que j’ai compris que je n’aimerais pas du tout faire ce travail en permanence.
-Et si Vous veniez manger un morceau avec nous demanda Daniel.
-Volontiers dit-elle. Sergent appela t-elle , je m’absente une demi heure. Et pensez à aller manger vous aussi !
-A vos ordres mon colonel et merci, dit le sergent Harriman.
Le lendemain à l’infirmerie les nouvelles étaient bonnes. Jack pouvait se lever sans avoir de vertiges. Il devait tout de même faire très attention et se reposer tant que sa blessure à la tête ne serait pas cicatrisée.
-Vous avez eu beaucoup de chances, dit le médecin.
-Il paraît ! répondit Jack. Je peux rentrer chez moi maintenant ?
-Oui, mais pas seul. Le docteur Mac Kenzie pense que votre environnement habituel peut beaucoup vous aider à retrouver la mémoire. La présence de vos amis aussi. Je vais demander qu’on vous reconduise chez vous.
-Merci docteur, dit Jack en se rhabillant.
**********
Le général Carrey était arrivé et Sam le briefait rapidement sur les évènements des derniers jours. Le général O’Neill n’ayant pas encore retrouvé la mémoire ce remplacement pouvait être du provisoire durable. Chris Carrey était un homme d’une cinquantaine d’années, grand et massif, avec un visage sévère, un regard bleu vif et une propension à sourire qui lui adoucissait les traits.
-Je vois que vous avez fait du bon travail colonel Carter.
-Merci mon général. Permission de me retirer monsieur ?
-Oui colonel, mais briefing à 14 heures. J’ai une mission à vous confier.
Déception dans le regard de Sam, elle aurait bien voulu passer son temps libre à enquêter sur l’agression qu’avait subi le général O’Neill.
-A vos ordres mon général, dit-elle sans poser de questions.
A 14 heures le général Carrey réunit SG1. Sam retrouva son fauteuil avec plaisir. Mais elle aurait tant voulu que ce soit Jack qui soit assis là, à côté d’elle. Il lui manquait, et de bien des façons. On pouvait toujours compter sur lui, il était fidèle au poste et toujours disponible pour son équipe ou pour elle. Certes, il était bien vivant mais son esprit était parti avec ses souvenirs, c’était un homme différent, fragilisé, et qui avait besoin d’aide, ce qui n’était jamais le cas avant.
Dès que tout le monde fut installé, le général Carrey commença le briefing immédiatement.
-Je dois tout d’abord remercier le colonel Carter pour son travail pendant ces quelques jours, je sais que ce n’est pas un travail facile et je tenais à le souligner.
-Merci mon général dit-elle, émue.
-J’ai une mission à vous confier SG1. Il s’agit du général O’Neill. D’après les premières conclusions du médecin, il ne s’agit pas d’un accident mais d’une agression. Nous devons absolument savoir ce qui s’est passé chez le général ce soir là. Avez-vous une idée ?
-Nous y avons déjà réfléchi dit Daniel. En fait il y a plusieurs possibilités.
Tout d’abord Jack aurait pu être attaqué par un voleur qui se serait introduit dans sa maison. Il y a le NID qui lui en veut toujours pour d’obscures raisons. Cela peut aussi être un problème personnel, une de ses relations qui a des comptes à régler avec lui pour une raison X. Ou peut être encore le retour d’ une vieille connaissance de Jack dans les Blacks Ops.
-C’est une mission prioritaire SG1. le général O’Neill connaît beaucoup de choses sur notre planète et ses défenses, et nous ne savons pas ce qu’il a pu dire durant cette soirée.
Sam était outrée :
-Vous ne pensez pas que le général O’Neill ait pu trahir.
-Bien sûr que non colonel, mais il existe maintenant des drogues si puissantes que même le général O’Neill ne pourrait pas y résister. Qui sait ce qui s’est passé dans cette maison ?
-Oui mon général, j’en suis consciente. Nous nous mettons tout de suite au travail.
-Une question, général Carrey dit Daniel, est ce que la police locale a été mise dans le coup ?
-Non, puisque c’est vous qui avez trouvé le général. Vous devrez d’ailleurs vous débrouiller seuls. Je vous donne carte blanche. Et puisque vous restez à Colorado Springs, je vous confie le général. Il rentre chez lui aujourd’hui. Et je crois que vous êtes les mieux placés pour l’aider à retrouver la mémoire.
**********
Sam était assise depuis quelques minutes dans un jardin public de Colorado Springs. Il faisait beau et elle avait passé une veste légère sur sa robe. Elle n’avait pas voulu venir en treillis ni en uniforme pour ce rendez-vous avec l’agent Barret. Maintenant elle attendait, il devait venir à 15 heures précises.
Il vint s’asseoir discrètement près d’elle. Ils passèrent rapidement sur les politesses et Sam entra dans le vif du sujet.
-Le général O’Neill a été victime d’une agression à son domicile et je voudrais savoir si le NID pourrait être impliqué.
- Il a été blessé ?
-Oui répondit laconiquement Sam, sans rentrer dans les détails.
L’agent Barret n’avait nul besoin d’en savoir plus.
Il hocha la tête :
-Et qu’est ce qui vous fait croire que cela peut être le NID ?
-Disons que c’est une piste, répondit-elle, juste une piste parmi d’autres.
-Le NID a beaucoup changé, vous savez, dit Barret. Depuis la découverte de la trahison du colonel Maybourne, et du vol des appareils d’invisibilité, il est sous haute surveillance. De nombreuses personnes ont été arrêtées et attendent leur jugement dans les prisons fédérales.
-Et Kinsey ?
-Oh il a d’autres chats à fouetter, je crois qu’il n’est plus en odeur de sainteté à la Maison Blanche. Il s’est trop impliqué contre le SGC et le président l’a à l’ œil. Il a intérêt à se tenir à carreau.
-Ecoutez, pouvez-vous quand même vous renseigner, savoir si quelqu’un ne voue pas une haine personnelle au général O’Neill ?
-Entendu, vous pouvez compter sur moi, dit Barret. Je vous tiens au courant, colonel.
-Merci dit Sam en se levant.
Elle sortit lentement du parc toute à ses réflexions et se buta sur Daniel qui venait à sa rencontre.
-Oh excusez moi Daniel.
-Vous paraissiez bien absorbée ! dit le jeune homme en riant.
-En effet dit Sam, et elle lui retraça sa conversation avec l’agent Barret. Il pense que le NID n’est plus en position de force pour fomenter des actions souterraines comme celle d’une attaque contre le général.
-Il est bien placé pour le savoir dit Daniel. Je pense que nous pouvons éliminer la piste du NID.
-Pas si vite, dit Sam, j’attends pour en être sûre qu’il ait fait son enquête.
-Vous pensez que l’on peut se fier à lui ?
-Je crois, il a été franc avec nous l’an dernier. Je pense que l’on peut lui faire confiance. Et vous Daniel qu’avez-vous trouvé, de votre côté ? ajouta t-elle.
-Avec Teal’c nous sommes allés dans la maison du général, il nous est difficile d’éliminer le crime crapuleux, car nous ne connaissons pas suffisamment les lieux, pour savoir si quelque chose a été volé. Peut-être que si vous alliez y faire un tour ?
-Je suis comme vous Daniel, à part son salon et sa cuisine, je ne connais pas la maison.
-Allez-y quand même, on ne sait jamais.
-Ça me gêne un peu. Aller fouiller dans son intimité, il n’aimerait pas beaucoup.
-En temps normal, oui, je comprends , mais là c’est différent et il nous fait entièrement confiance.
le cœur de Sam se serra à cette pensée.
-C’et uniquement parce qu’il est diminué, dit-elle avec tristesse.
-Je pense que vous faites erreur, Jack a toujours eu la plus grande confiance en son équipe, en toutes circonstances et surtout dans les cas graves.
-Oui, vous avez raison Daniel, excusez moi je suis un peu perturbée en ce moment.
-Ne vous excusez pas, c’est normal, nous sommes tous inquiets au sujet de Jack.
-D’accord, conclut –elle, je vais aller chez lui maintenant. Je ne retourne pas à la base aujourd’hui. Vous m‘accompagnez ?
-Non, j’ai encore l’artéfact de P6N786 à étudier. Je voudrais avancer dans ma traduction.
-Entendu, je vous tiens au courant si je trouve quelque chose de suspect.
Sam reprit sa voiture. La maison de Jack n’était pas loin de la base, mais cela faisait environ un quart d’heure de voiture depuis le jardin public. En ce milieu d’ après midi, la circulation était fluide et elle arriva rapidement devant la maison. Elle trouva une place juste devant.
Elle prit le trousseau de clé dans la boite à gants et s’arrêta pour observer la maison depuis la rue. C’était une construction en bois sans étage avec une terrasse courant sur un côté et un jardinet bien entretenu.
Elle pénétra dans la maison, et s’arrêta en haut des trois marches qui descendaient vers le séjour. Le ménage n’avait pas été fait, et les canettes de bières vides et la bouteille d’alcool étaient toujours sur le sol. Elle savait maintenant que ce n’était qu’une mise en scène, car le général n’avait pas bu ce soir là, les analyses de sang étaient formelles.
Elle se mit à genoux près de la table basse, c’est là qu’elle vit les traces du sang sur le parquet. Il avait pris le coup sur la tête à cet endroit là. Peut-être ne s’était –il pas évanoui sur place, puisque c’était sur son lit qu’elle l’avait trouvé. Il avait dû avoir la force de se déplacer.
Le général rentrait chez lui ce soir, quelqu’un de la base devait le conduire vers 20 heures, cela lui laissait peu de temps pour trouver des indices et tout nettoyer.
Elle prit un grand sac poubelle dans la cuisine et entreprit de mettre de l’ordre tout en essayant de trouver des traces d’un vol quelconque ou d’une vengeance.
Dans le séjour il y avait deux canapés entourant une cheminée, une table basse et une commode. Dans un angle, une table et quatre chaises et une plante verte le long de la baie vitrée.
Après avoir jeté les bouteilles, elle entreprit de ranger la pièce. Dans le bahut en plus de la vaisselle, elle trouva quelques papiers, des factures, des prospectus, un tire bouchon, des pièces de monnaie, le tout jeté en vrac au fond d’un tiroir. Rien de très personnel, et de significatif. On ne frappe pas quelqu’un pour une facture de téléphone impayée ! Dans ce désordre elle retrouvait le colonel qu’il avait été il y en encore pas si longtemps. Une personne un peu insouciante de tout ce qui n’était pas son travail. Il se fichait pas mal de ne pas remplir ses papiers à temps, ou de mal manger comme en témoignait l’état de son frigo. La bière occupait une place importante dans ses réserves, au niveau nourriture c’était beaucoup plus léger, une plaquette de beurre et des cornichons… Elle savait que le colonel se nourrissait presque exclusivement de pizzas quand il n’était pas à la base. Elle sourit à cette image, car elle en faisait autant. Pas le temps de cuisiner avec les horaires démentiels qu’ils avaient, et surtout pas le goût, trop de fatigue, et une envie folle de se changer les idées. Alors quoi de mieux qu’une bonne bière ou plus pour faire le vide, se délester de tous les soucis et de toutes les angoisses de leur vie aventureuse.
Sam continua de passer en revue toute la maison. Elle alla jusqu’à la chambre et hésita sur le seuil. Avec un soupir elle passa la porte, malgré toute la gêne que lui causait cette intrusion dans l’intimité de son général, elle était curieuse.
quelques jours plus tôt, c’était elle qui avait trouvé Jack sur son lit, elle n’avait pas eu le temps d’étudier le mobilier de la pièce. Un grand lit en occupait la majeure partie, le reste disparaissait sous un amoncellement de vêtements et de livres jetés au sol, les tiroirs grand ouvert. Elle commença à ranger.
Il y avait quelques photos sur la commode. C’était essentiellement des photos de Charlie et de Sarah. Le cœur de Sam se serra devant le visage du bel enfant blond, qui avait le même regard que son père. Une tragédie dont le général ne s’était jamais remis.
Dans la table de nuit elle trouva un paquet de lettres attachées avec un élastique.
Elle s’arrêta un moment les lettres à la main. Avait-elle le droit de fouiller dans la correspondance de Jack ? Elle hésitait, puis défit l’élastique.
Elle classa la trentaine de lettres en quatre paquets. Sa mère, Sarah, Cathy sa sœur et une certaine Audrey Market.
Avec un soupir elle se décida et ouvrit d’abord les lettres de sa sœur. Il y a en avait trois et elles dataient d’une quinzaine d’années. Elle les parcourut rapidement il n’y avait rien là dedans qui puisse aider l’enquête. Dans la première Cathy annonçait à Jack son mariage, puis il y avait ensuite deux autres lettres pour la naissance de chacun de ses enfants. Rien d’autre. Le général les avait gardé mais on sentait dans le ton de la lettre, qu’ils n’étaient pas très proches.
Les lettres de sa mère avaient un ton plaintif, elle racontait ses misères avec son mari qui la battait et suppliait Jack de l’aider. Il y avait une dizaine de lettres sur ce ton, toutes datée de la même année, puis plus rien. Le cœur de Sam battait à grands coups dans sa poitrine, à travers les mots de sa mère se dévoilait le passé de Jack, son enfance douloureuse, entre une mère faible et un père violent. Elle se demandait pourquoi il avait conservé toute cette correspondance. Par négligence, on met la lettre dans le tiroir et on l’oublie, mais alors pourquoi ces lettres étaient–elles attachés avec un élastique, cela supposait qu’on y tenait, qu’on voulait les garder, peut être même les relire. C’est ce que remarqua Sam à cet instant, les lettres de sa mère avaient été lues et relues, pourquoi ? Impossible de répondre à cette question. Mais ce qu’elle avait appris de l’amnésie allait dans ce sens. Son passé était-il si douloureux qu’inconsciemment il aurait souhaité tout oublier ? Mais pourquoi maintenant ? ce n’était pas le premier coup sur la tête qu’il recevait ! Au cours de ces années à explorer la galaxie, il avait eu plus que son compte de coups, de blessures et de tortures !
Sam poursuivit la lecture du courrier de Jack. Elle passa rapidement sur les lettres de Sarah. Ces lettres dataient de leur rencontre, c’étaient de jolies lettres pleines de poésie et d’amour. Ces mots destinés à Jack la mettaient très mal à l’aise. Elle referma rapidement ces missives et passa à la quatrième pile qui ne se composaient que de trois lettres.
Audrey était l’épouse d’un jeune capitaine, mort sous les ordres du colonel O’Neill pendant la guerre du golfe.
Dans les deux premières lettres Audrey parlait de son mari, qui était ami avec Jack, elle parlait de Paul, lui disait combien elle l’avait aimé, combien elle le pleurait. Sam en avait mal pour elle, les mots de la lettre sonnaient si justement qu’elle ressentait de la douleur avec cette jeune femme.
Le ton de la troisième lettre était différent, Audrey avait appris que son mari était en mission secrète et elle voulait absolument savoir ce qui s’était passé. Elle reprochait à Jack de l’avoir laissé tomber, de l’avoir laissé mourir.
Il y avait peut être une piste de ce côté pensa t-elle et elle mit dans sa poche les lettres d’Audrey Market.
Elle avait fait le tour de la maison de Jack et ne trouva rien de plus. Elle termina le ménage, alla cueillir dans le jardin quelques pivoines. Elle ne trouva pas de vase et les mit dans un verre qu’elle posa sur la table basse du séjour. La maison avait reprit un air accueillant, le général allait pouvoir rentrer chez lui.
Il était 18 h 30 quand elle rentra à la base. Elle alla saluer le général Carrey et le mettre au courant de ce qu’elle avait trouvé.
-Bien colonel, je vois que vous avancez vite. Mais je pense que l’on peut éliminer d’emblée l’agression crapuleuse. Le général O’Neill ne se laisserait pas surprendre de cette façon dans sa maison.
-C’est bien ce que j’ai pensé monsieur. Avec Daniel et Teal’c nous en avons longuement discuté et nous sommes arrivés à la même conclusion. Le général O’Neill a dû ouvrir la porte à son agresseur et le laisser entrer, il devait le connaître. Si vous permettez je voudrais essayer de voir ce que je peux trouver sur Audrey Market et la mort de son mari.
-Entendu colonel, mais si le capitaine Market faisait partie des Black Ops, vous ne trouverez rien sur lui dans les annales de l’armée.
-S’il y a quelque chose à trouver , je trouverais mon général, dit Sam avec un petit sourire malicieux, avec votre permission bien sûr.
-Vous pouvez faire ce que voulez colonel, du moment que votre enquête aboutit, dit le général en regardant Sam au fond des yeux.
Cette jeune femme est pleine de ressources pensa t-il, avec satisfaction. Et il ajouta à voix haute.
-Le général O’Neill n’est pas encore sorti de l’infirmerie, tenez-le au courant des progrès de l’enquête cela l’aidera peut être ?
-Bien mon général, dit Sam heureuse d’avoir une bonne raison d’aller voir Jack.
A l‘infirmerie, Jack était prêt à partir, il terminait de s’habiller quand Sam frappa à la porte.
-Ah ! C’est vous Carter, entrez dit-il en voyant que la jeune femme hésitait.
-Mon général, dit-elle, vous avez l’air en meilleure forme ?
-Oui, tout va bien, dit-il.
Il n’expliqua pas que sa mémoire était toujours défaillante, il n’en avait pas besoin, Sam était fine mouche et se doutait bien que tout ne rentrerait pas dans l’ordre aussi vite.
-Mon général, je peux vous parler ?
-J’ai tout mon temps Carter, dit-il, je vous écoute.
Sam se lança :
Je suis allée chez vous, pour enquêter, j’en ai profité pour faire un peu de ménage.
-Merci Carter, je suppose que ce n’était pas du luxe dit-il en souriant.
-En effet mon général. Mais je dois vous dire que pour les besoins de l’enquête j’ai du fouiller votre maison, à la recherche d’indices.
-Fouillé comment ? dit-il, le sourire soudain disparut de ses lèvres.
-Fouillé beaucoup mon général, les tiroirs, les photos, les lettres, dit-elle en hésitant et en plongeant son regard dans le sien.
-Ah dit-il sans émotion apparente. Et ?
-Je voulais vous faire voir ceci, dit-elle en lui donnant les trois lettres d’Audrey Market.
Jack les ouvrit et commença à les lire. Puis il les reposa sur le lit , et regarda Sam d’un air interrogateur.
-Cela ne vous rappelle rien Monsieur ?
-Non, Carter, rien du tout.
-Tant pis, dit-elle déçue. Je vais faire une enquête sur le capitaine Market, j’espère trouver quelque chose sur lui.
-Je vous souhaite bonne chance Carter.
-Pourquoi dites-vous cela, monsieur ? demanda t-elle plein d’espoir, peut être se souvenait-il de quelque chose ?
-Comme ça, j’ai l’impression que ça ne va pas être facile.
-Parce que l’armée n’est pas bavarde ?
-En effet, ce n’est pas une de ses qualités.
-Vous ne vous rappelez vraiment de rien, ni de la guerre du Golfe, ni d’avoir appartenu aux Black Ops ?
-J’ai de vagues impressions seulement, des flashs, mais le docteur Mac Kenzie dit que tout est normal.
-S’il le dit, on peut le croire, il connaît bien son métier, c’est un très bon psychiatre, dit-elle.
La conversation languissait, Jack n’était pas bavard et Sam se sentait gênée, elle avait encore une chose à lui demander.
-Mon général, je ne suis pas encore allée dans vos quartiers, mais je ne voulais pas le faire sans vous en parler.
-Vous êtes bien allée dans ma maison sans me le dire ? répliqua t-il
-Oui mais c’était différent, j’ai une enquête à mener et c’ est le lieu de votre agression. Vos quartiers ce n’est pas pareil, je ne sais pas comment l’exprimer. Nous avons pensé avec Daniel et Teal’c que vous connaissiez votre agresseur, et qu’il peut y avoir des indices dans vos quartiers, des choses que nous ignorons de vous. Est-ce que cela vous dérange mon général ?
-Pas du tout, Vous pouvez regarder où vous voudrez, Carter, j’ai entièrement confiance en vous, en Daniel et Teal’c aussi d’ailleurs, ajouta t-il.
-Et pourtant vous ne vous souvenez pas de nous ?
-Non, mais je comme je le disais tout à l’heure, j’ai des flashs.
-Avec votre permission mon général, j’aimerais y aller maintenant, et puis je vous retrouve chez vous tout à l’heure si vous voulez ?
-Entendu Carter. Tenez, dit-il en prenant des clés dans sa poche, j’ai pas envie que vous tripatouilliez la serrure, dit-il en riant.
-Pourquoi me dites-vous cela ? monsieur.
-Parce que j’ai l’impression que vous êtes experte en serrure, n’est ce pas ?
-Si, dit –elle en souriant.
-Vous voyez bien.
L’ambiance était soudain plus détendue. Jack avait beaucoup changé, ce qui en faisait un homme assez secret avec ses amis avait disparu avec son amnésie. Il était plus ouvert plus proche et parlait plus volontiers de lui. Si ce n’était pas au prix de la perte de mémoire de son chef, Sam s’en serait réjoui.
Elle le quitta en montrant les clés :
-J’y vais de ce pas mon général.
les quartiers de Jack étaient à l’image de leur occupant, sobres, avec peu d’objets personnels. Dans l’armoire métallique, des vêtements civils, des treillis et des uniformes, dans le bas , des chaussures et des bottes.
Les murs gris étaient vides de tout tableaux ou photos. Sur la table de nuit la photo de Charlie, elle le suivait partout, dans sa maison, son bureau ou ses quartiers. Elle ouvrit le tiroir de la table de nuit, il y avait un paquet de photos, Elle s’assit sur le lit et commença à les regarder. La plupart étaient des photos de SG1. Sur l’une d’elle, ils étaient tous les quatre. Le cliché avait été pris chez Daniel, un soir où ils fêtaient l’anniversaire de Cassandra. Sam se souvenait parfaitement de cette soirée, une des plus réussies. Sur un autre, il y avait Janet penchée vers la jeune fille et l’embrassant sur la joue.
Sam ne put retenir une larme, elle souffrait tellement de la disparition de son amie . Elle leur manquait à tous et elle se demandait pourquoi Jack avait dans sa table de nuit une photo de Janet. Elle devait lui manquer à lui aussi.
Elle les regardait toutes, attendrie, tous les souvenirs affluaient. Elle regrettait beaucoup cette époque, où ils formaient une équipe de choc, prête à tout, soudée, où chacun jouait parfaitement son rôle, où n’importe lequel d’entre eux aurait pu donner sa vie pour sauver le reste du groupe. Jack lui manquait tellement en mission. Elle pouvait s’appuyer sur lui à tout moment, il savait prendre des décisions en un quart de seconde. Maintenant c’était elle qui commandait et qui avait la responsabilité du groupe. Ce n’était pas toujours une position confortable.
Il y avait aussi plusieurs photos de Sarah et surtout de Charlie, le sourire de l’enfant, avec un gant de gant de base ball, ou en vélo avec sa maman derrière lui pour le retenir en cas de chute. Sam était émue et gênée de fouiller ainsi dans la vie de Jack. Les relations qui les unissaient rendaient cela encore plus difficile.
Elle remit le paquet de photo dans le tiroir. Elle fit le tour de la pièce du regard, et alla dans la petite salle d’eau attenante. Elle ouvrit rapidement l’armoire de toilette et resta stupéfaite, punaisée à l’intérieur de la porte, il y avait une photo d’elle. Elle s’appuya le cœur battant au rebord du lavabo, une photo d’elle dans un endroit aussi personnel ! Tous les matins et tous les soirs en faisant sa toilette il regardait sa photo. Elle se retrouva le feu aux joues , jamais elle n’aurait dû en connaître l’existence. Elle était entrée sans le vouloir dans l’intimité de Jack, quelque chose qu’il n’aurait sûrement pas avoué, à personne, même sous la torture. Elle décida de taire sa découverte, elle ne lui en parlerait pas. Elle ne se sentait pas le droit de le faire, cela pourrait le gêner.
Elle sortit des quartiers de jack et referma soigneusement la porte derrière elle.
Avant de rentrer, elle voulait chercher dans les ordinateurs du Pentagone, des renseignements sur le major Paul Market.
Après être passé par-dessus quelques mots de passe, chose très facile pour elle, Sam se plongea dans la lecture du dossier du militaire. Il avait 40 ans quand il était mort en 1991 et laissait une veuve et un adolescent de 15 ans. On ne savait pas dans quelles circonstances il était mort . Simplement qu’il était en mission sur le territoire iraquien et que son avion avait été abattu par un tir de roquette. Rien qui ne mette en cause le colonel O’Neill. Celui-ci avait eu un accident de parachute à la même époque et avait été fait prisonnier par les iraquiens. Cela Sam le savait et elle put recouper les dates, cela se passait à quelques jours d’intervalle. Le major Market obéissait-il à un ordre de O’Neill au moment de sa mission dans l’espace aérien iraquien ? personne ne le saurait jamais. La femme de Paul avait l’air de le penser dans sa dernière lettre, mais rien n’étayait les faits qu’elle avançait.
Sam sortit des dossiers du Pentagone, pour rechercher parmi les dossiers de l‘état civil si elle pouvait savoir si Audrey Market était toujours en vie et ce qu’était devenu son fils. Elle trouva assez rapidement, la jeune femme s’était remariée en 99 et avait eu une petite fille de sa deuxième union.
Sam soupira, ce n’était sans doute pas de ce côté qu’il fallait chercher. Audrey avait sans doute tourné la page et après ce drame avait refait sa vie.
Mais qu’en était-il de son fils ? Elle fit un rapide calcul, il devait avoir environ 29 ou 30 ans. Il n’ était ni marié, ni décédé. C’était tout ce que Sam pouvait savoir pour le moment. Puis elle eut l’intuition de rechercher dans les dossiers militaires,
-Bingo pensa t-elle. Le jeune homme s’était engagé dans les marines à l’âge de 18 ans Après des études médiocres, il avait servi au Moyen Orient et au Kenya. . Ce n’était pas un officier irréprochable. Son dossier était chargé, et il avait été condamné plusieurs fois pour indiscipline, et s’était retrouvé à plusieurs reprises au mitard. Les motifs étaient aussi divers que variés, refus d’obéissance, insultes, bagarres. Une forte tête, ses supérieurs le disaient teigneux et vindicatif.
Une excellente piste à suivre pensa Sam.
Le soldat qui avait accompagné Jack chez lui, était reparti aussitôt à sa demande. Il voulait rentrer seul, et faire le tour de sa maison sans témoin.