Une heure plus tard il réunit à nouveau SG1.
-C’est d’accord vous partez pour Tegucigalpa à 14 heures, dit-il
-Qu’est ce qui s’est passé Jack ? Il y a du nouveau ? demanda Daniel.
-Oui, en effet, les ordres viennent de beaucoup plus haut et je n’ai pas le choix répondit Jack sèchement. Quand il s’agit d’augmenter la puissance des réacteurs et des bombes il faut savoir prendre quelques risques.
-Tout va bien se passer mon général dit Sam. Le temps de faire l’aller et retour depuis la porte, de prendre un petit échantillon et nous serons rentrés pour le dîner !
Ils se rendirent en salle d’embarquement, et tandis que les chevrons s’enclenchaient ponctués par la voix du sergent, Jack leur souhaita bonne chance et ils disparurent dans le vortex.
**************
Base de Cheyenne Mountain avril 2005
Jack se réveilla dans un lit de l’infirmerie. il voulut se lever mais l’infirmière l’en empêcha.
-Ne bougez pas mon général.
-Que c’est-il passé ? demanda t-il
-On vous a trouvé évanoui chez vous, nous sommes à l’infirmerie.
-Je vois bien qu’on est à l’infirmerie, dit il agacé, je vais bien c’est juste un mal de dos.
Le jeune femme ne s’offusqua pas du ton brusque du général, celui-ci avait l’air très mal en point malgré ce qu’il venait de dire.
-On ne s’évanouit pas pour un mal de dos, mon général dit la jeune femme. Ce n’est pas anodin un évanouissement. Non ! ajouta t’elle d’un air faussement fâché, vous n’échapperez pas à un examen complet.
O’Neill poussa un soupir, se rallongea et trouva qu’on en faisait beaucoup pour un simple évanouissement. Il avait mal dans le dos et alors ? ce n’était pas la première fois, ni sûrement pas la dernière. C’était une des raisons pour laquelle il avait quitté le terrain. Avoir continuellement mal, aurait pu l’amener à être moins vigilant et mettre son équipe en danger. Et cela il ne l’aurait voulu en aucun cas. Bien que le terrain lui manquât il avait été suffisamment raisonnable pour savoir s’arrêter à temps.
Sandra Lassiter passa un long moment au chevet de Jack au grand dam de celui-ci. Elle lui fit passer des radios de ses genoux et de son dos, et un scanner révéla de nombreuses lésions des tissus au niveau du bassin, rien de très grave cependant, juste quelque chose d’ennuyeux et de douloureux pour le patient. Elle passa plus d’une heure à faire des comparaisons entre les divers examens. Il n’y avait rien de nouveau à part cette douleur omniprésente. Pas de fièvre, pas d’œdème.
-Je ne vois rien de plus par rapport à vos anciennes radios dit-elle en revenant vers O’Neill qui n’en pouvait déjà plus de rester au lit.
-Alors je peux me lever ?
-Rien ne s’y oppose général O’Neill. Cependant reposez-vous un peu plus, je vous trouve fatigué.
-Non, non, ça va , enfin un peu dit-il en voyant le regard sceptique de Sandra.
-Bien, dit-elle revenez me voir demain si vous souffrez toujours, en attendant avalez ceci dit-elle en lui donnant une gélule.
-C’est quoi ? demanda t-il méfiant. Il ne voulait pas d’un médicament qui l’abrutisse, souhaitant garder son esprit clair tant que l’on aurait pas résolu le problème de cette mystérieuse maladie dont avait été atteint ses amis.
-Un calmant.
-Ça fait dormir ?
-Comme tout bon antalgique dit-elle avec un sourire.
-Alors je n’en veux pas, dit-il en se levant. Il commença à se rhabiller en tournant le dos à la jeune femme.
-Mon général, si vous ne prenez pas ce médicament, je vais vous voir revenir avant la fin de la journée.
-Vous pariez dit-il ? le plus sérieusement du monde en se retournant,
Sandra avait entendu parler des paris, de SG1, ils pariaient sur tout et n’importe quoi. Elle sourit :
-Ce ne serait pas juste mon général, vous êtes sûr de perdre !
-Comment cela ? dit-il en prenant un air étonné. En fait c’est vous qui avez peur de perdre ! c’est ça la vérité !
-D’accord, j’accepte votre pari. Dix dollars ?
-Pari tenu dit Jack en sortant de l’infirmerie. Il s’éloigna à petits pas en songeant que si la douleur de son dos continuait avec cette force, il pouvait d’ores et déjà dire adieu à ses dix dollars.
Planète inconnue, octobre 2004.
Un premier soleil pâle se leva recouvrant le site de la mine d’une lumière blafarde. Au loin quelques arbres se profilaient, noirs et sombres sur la ligne d’horizon.
Un gouffre gigantesque comme une blessure béante de la terre, telle se présentait la mine de naquadah d’Itzamna. Des escaliers de bois descendaient profondément dans les entrailles à vif, où de longues coulées grises de minerai tranchaient sur le rouge naturel du sol.
Une corne retentit et quelques instants plus tard des colonnes de prisonniers, telle des centaines de fourmis, apparurent. Ils se déplaçaient lentement au rythme du balancement de leurs chaînes sous les hurlement des gardiens qui les accompagnaient.
Comme les mineurs atteignaient les escaliers, un deuxième soleil se leva majestueux, énorme, juste au dessus de la mine et il éclairait le jour d’une lueur orange et chaude.
Des gouttes de sueur commencèrent à apparaître sur les fronts penchés des prisonniers qui débutaient leur interminable journée de travail. Des heures durant il leur faudrait creuser à mains nues la roche pour en extraire le précieux minerai qui serait ensuite purifié afin d’être utilisé pour les vaisseaux et la vie quotidienne du dieu.
Quelques minutes plus tard un troisième soleil se leva rendant l’air étouffant et irrespirable, un air saturé de particules de minerai et de poussières rouges qui collait aux corps et brûlait les poumons.
Les mains de la jeune femme étaient à vif, des plaies qui ne se refermaient pas et qui n’étaient pas soignées. Elle avait enroulé ses doigts avec des chiffons pour essayer de les protéger, mais en vain. La sueur coulait sur son visage poussiéreux laissant des traces sales sur ses joues, qu’elle essuyait machinalement du revers de la main. Ses deux compagnons étaient dans le même état qu’elle. Le plus grand supportait tout de même mieux ce traitement infernal que l’autre homme, plus jeune mais moins fort physiquement. Ils étaient tous les trois penchés, le dos courbé vers la terre, les mains plongés dans le minerai, se demandant par quels moyens ils allaient pouvoir se sortir de cet enfer.
-Je n’en peux plus murmura le jeune homme. Il tomba à genoux, pour essayer de reprendre son souffle. Le creusement du minerai demandait un effort important et la chaleur rendait ce travail extrêmement pénible.
-Faites attention Daniel dit Sam, les gardiens arrivent, relevez vous.
Par un effort surhumain il se remit debout, mais ne put éviter le coup de fouet qui s’abattit sur son dos le faisant gémir de douleur.
Il se remit péniblement au travail, Sam le regardait avec inquiétude, il était sur le point de lâcher.
-Daniel ! il faut tenir encore un peu.
Il lui jeta un pauvre regard et la remercia d’un signe de tête. Oui, pour elle il tiendrait. Elle ne se plaignait jamais malgré ses mains en sang.
Chaque travailleur déposait le minerai extrait dans un chariot en métal posé à ses pieds et le soir chaque chariot était pesé, et gare à qui ne remplissait pas son quota. Ce serait le fouet et le cachot. Un trou immonde brûlant le jour et glacé la nuit où le malheureux resterait sans manger ni boire pendant deux jours. A ce régime là les prisonniers ne faisaient pas long feu, mais la main d’œuvre d’Itzamna était inépuisable. Il y avait toujours des aventuriers inconscients qui venaient se jeter dans ses pièges. « C’est exactement ce que nous avons fait » pensa Sam. Elle s’en voulait toujours de la facilité déconcertante avec laquelle ils s’étaient faits piéger. Aussitôt passés la porte, ils avaient avancé en terrain découvert sans se méfier, mais n’avaient pu éviter la horde de jaffas dissimulée derrière des rochers quelques centaines de mètres plus loin.
Maintenant cela faisait plus de trois semaines qu’ils étaient là et Sam savait qu’à ce rythme là leur fin était proche. Il fallait absolument tenter quelque chose dans les jours suivants.
Teal’c se rapprocha un peu de Daniel et de Sam et redoublant d’efforts il remplit un peu leur chariot. Mais même avec cette aide ce serait dur d’arriver au bout de la journée et de faire ce qui était exigé par les gardes.
Vers le milieu du jour, ils auraient droit à un ragoût infâme et pas assez nourrissant pour soutenir un tel effort, et le soir ils auraient juste un quignon de pain et un peu d’eau.
La corne sonna la fin du jour infernal. La nuit était presque tombée et la fraîcheur s’abattit brusquement sur le désert, faisant frissonner les prisonniers vêtus de haillons. On leur remit les chaînes et ils s’éloignèrent de la fosse en longues files marchant lourdement, harassés et fourbus. Certains tombaient en chemin, ils étaient aussitôt relevés par leurs compagnons de misère. Ceux qui ne se relevaient pas étaient aussitôt tués par les gardes.
Ils atteignirent enfin leur baraquement qui était situé à quelques centaines de mètres de la mine. Là ils tombèrent lourdement sur leur grabat mais s’efforcèrent de rester éveillés. C’était le seul moment de la journée où ils avaient un peu de liberté, ils pouvaient circuler dans la pièce où on les avait enfermés avec une dizaines d’autres esclaves.
Personne ne faisait attention à Sam, Daniel et Teal’c. Chacun était préoccupé de sa propre survie, boire, manger, dormir, reprendre des forces, ne pas être tué.
Ils avaient un peu d’eau à leur disposition. Ils commencèrent à boire, par petites gorgées pour mieux se réhydrater. Dans le reste d’eau ils humectèrent un chiffon pour soigner les doigts de Sam et de Daniel qui étaient dans un piteux état.
Depuis le début de leur captivité ils cherchaient un moyen de s’échapper mais ils n’avaient pas encore réussi à tromper la surveillance de leurs gardiens omniprésents.
-Il faut absolument qu’on sorte d’ici dit Daniel, je ne tiendrai pas un jour de plus.
Il se tenait assis par terre sur sa paillasse le dos appuyé au mur et respirait la bouche grande ouverte comme pour essayer de profiter au maximum d’un air non saturé de poussière.
-Moi aussi, je suis épuisée dit Sam. Merci Teal’c pour votre aide, sans vous nous n’aurions pas eu notre quota et nous aurions été bons pour la punition.
-Comment allons-nous faire ? vous avez une idée Sam ? demanda Daniel.
-Dans trois jours nous pourrons nous évader, c’est ce jour là que les gardes livrent le naquadah. Ils passent la porte avec leur chargement et se rendent sans doute sur la planète du dieu. Ils restent absents quelques heures et cela se passe toujours de nuit. Seuls deux ou trois gardes restent pour surveiller le camp. C’est notre seule chance. Nous ne tiendrons pas un mois de plus.
-Ça ne va pas être facile, la porte est fermée par des chaînes et je ne suis pas sûr qu’on puisse compter sur les autres dit Daniel en montrant les autres prisonniers.
-On devrait peut être leur parler, à huit on serait plus forts, dit Teal’c.
-De toute façon, on peut rien faire sans eux, s’ils nous voient partir ils risquent de nous dénoncer.
-Allons leur parler dit Sam.
Ils s’approchèrent des autres prisonniers, il y avait trois femmes et deux hommes. Deux des femmes étaient mourantes, elles ne reprendraient pas le travail le lendemain, et seraient aussitôt tuées par les gardes. La troisième femme voulait partir avec eux. Les hommes étaient d’accord pour tenter leur chance.
-En attendant dit Sam il faut absolument tenir le coup pendant ces trois jours.
-Je vous aiderai dit Teal’c.
Le lendemain les deux femmes étaient mortes.
Après trois jours d’enfer supplémentaires, ils étaient prêts. De retour dans leur baraquement ils mirent au point les derniers détails de leur stratégie.
Le silence régnait sur la planète, c’était l’heure avant l’aube où tout fait sommeil, les hommes comme les animaux.
La porte était fermée par un cadenas, mais en unissant leur force ils en vinrent à bout assez facilement. Elle s’ouvrit sans bruit. Ils sortirent et commencèrent à se diriger vers la porte des étoiles située à deux kilomètre environ du site de la mine. Telles des ombres furtives ils se glissèrent entre les baraquements et prirent la direction opposée à la mine.
Ils marchèrent quelques minutes sans parler, lentement, et le cœur battant, car la nuit était noire et profonde et le chemin qu’ils empruntaient était difficile et rocailleux. Avancer un pied, puis un autre, chaque pas était une victoire qui les rapprochait un peu plus de la liberté. Ils arrivèrent en vue du shapaï comme l’aube se levait. La porte n’était pas surveillée. Elle se dressait sur un terre plain au milieu de rochers et d’arbres rabougris. Il fallait faire vite avant le retour des gardes.
-Daniel, entrez les coordonnées, cria Sam, j’entends du bruit dit-elle en se retournant. Un nuage de poussière venant de la mine se dirigeait vers eux.
-Trop tard dit Daniel en voyant un chevron s’enclencher !
-Vite, hurla Sam, on peut les prendre de vitesse s’ils ne se méfient pas.
Daniel composa très vite le code d’une planète amie et se jetèrent dans le vortex. Il était temps, des hurlement provenant du camp retentirent, leur évasion venait d’être découverte.
Leur atterrissage fut brutal, ils déboulèrent au bas des marches devant la porte. Ils étaient meurtris, assoiffés, affamés, affaiblis, mais libres et vivants.
Base de Cheyenne Mountain octobre 2004
Jack faisait les cents pas dans son bureau. Il était très inquiet SG1 aurait dû être rentrée depuis plusieurs heures maintenant. Il était minuit passé et il était incapable d’aller se coucher. Un retard était toujours angoissant, c’était le signe qu’ils avaient eu des ennuis. Ce qui le minait c’était son impuissance, il ne pouvait rien faire. Le MALP n’avait donné que des vues identiques, une planète désertique, pas de jaffas ni d’habitants à proximité immédiate de la porte.
-Allez dormir Harriman dit-il au sergent qui était resté dans la salle de contrôle.
-Vous êtes sûr mon général ?
-Oui, allez-y. Bonne nuit sergent.
Après un salut le sergent Harriman quitta la salle et se dirigea vers ses quartiers. A trois heures du matin, Jack décida d’aller s’allonger, il ne pouvait plus rien faire et il fallait attendre demain et peut être envoyer une expédition de secours.
L’expédition composée de SG16 et de SG17 revint bredouille quelques heures plus tard. Tegucigalpa était déserte, il y avait bien une mine de naquadah près de la porte mais elle n’ était plus exploitée depuis un certain temps. Il n’y avait aucune trace de vie sur cette planète. Le colonel Reynolds avait conclu que SG1 avait été transféré sur une autre planète ou sur un vaisseau spatial.
Impossible de savoir ce qu’ils étaient devenus. Jack s’accorda deux jours avant de les déclarer disparus en mission. Il essaya de contacter leurs alliés. Mais ceux–ci étaient devenus faibles ou inexistants. La Tok’ra, les Asgards, les Tollans, il ne fallait plus compter sur eux. Restaient les Nox.
Il fit appel à eux mais obtint une réponse évasive. Les Nox étaient pacifiques et visiblement ne voulaient pas se lancer dans une expédition qui aurait pu les obliger à mener une guerre qu’ils ne souhaitaient pas.
Jack n’avait pratiquement pas dormi depuis la disparition de ses amis. Il était assis à son bureau, il avait tout tenté.
Voilà ! c’était arrivé ! ce qu’il redoutait le plus en voyant ses amis franchir sans lui la porte des étoiles. Qu’ils ne reviennent jamais.
La mort dans l’âme il avait dû se résoudre à les déclarer disparus. Mais au fond de lui-même il se refusait à croire à leur mort. Ce n’était pas la première fois, qu’ils ne rentraient pas, mais jamais depuis qu’il commandait le SGC. Il comprenait maintenant les sueurs froides qu’ils donnaient à Hammond autrefois.
Les semaines qui suivirent furent éprouvantes pour l’entourage de Jack. Il était fermé plus que jamais, passait des heures seul dans son bureau, ne voulait voir personne, accomplissait son travail par habitude, mais explosait à la moindre contrariété. C’était devenu trop dur, et combien de fois la tentation de tout envoyé balader l’étreignit-elle ? Il ne le savait même pas lui-même. Harriman faisait de petites tentatives pour lui parler, mais il ne répondait pas ou par monosyllabe, si bien que le sergent s’éloignait en soupirant ne sachant plus quoi faire pour son général.
Les missions continuaient, il le fallait, le programme de la porte était trop coûteux, et Jack était souvent en butte à une administration tatillonne. Il pestait, rageait, mais cela ne le soulageait nullement. Tout dans cette base le ramenait à elle, sa place au mess, son vestiaire, son labo, la salle de briefing, la salle de contrôle, elle était partout où il allait, il entendait sa voix et croyait souvent la reconnaître dans une silhouette furtive au détour d’un couloir. Il se dit qu’il perdait la tête, mais se refusait à en parler à quiconque, encore moins à un psy.
Daniel et Teal’c lui manquaient aussi, mais elle c’était différent, c’était beaucoup plus qu’une amie. Maintenant qu’elle avait disparu il pouvait bien se l’avouer qu’elle comptait beaucoup plus pour lui que ce n’était censé le faire.
-Ouverture non programmée de la porte, dit le sergent tandis que les alarmes retentissaient dans toute la base.
-On a un code ? demanda O’Neill plein d’espoir
-Non mon général.
-Fermez l’iris dit-il sèchement.
Il se tenait debout devant la vitre. Et si c’était eux ? pensa t-il. Il n’y avait pas eu d’alertes depuis leur départ. Mais comment savoir ?
Au bout de quelques instants le vortex se déconnecta et le silence retomba sur la base.
-Sergent dit O’Neill avez-vous remarqué quelque chose d’anormal, des fluctuations ou un truc de ce genre ? Qui a ouvert le vortex vers la terre ?
Le sergent Benson se mit immédiatement au travail. Quelques minutes plus tard il fit avertir le général qu’il avait trouvé quelque chose.
-Il s’agit d’une fluctuation caractéristique correspondant à une technique de reconnaissance que nous avons donné aux habitants de P9J786.
-les Anténiens ?
-En effet monsieur, SG1 avait établi des relations diplomatiques avec ce peuple il y a deux ans et…
-Je sais tout ça sergent, j’y étais. Mais si le vortex s’ouvre à nouveau pouvez-vous identifier cette fluctuation immédiatement ?
-Sans problème monsieur, maintenant que je l’ai vue une fois.
-Alors attendons qu’ils rappellent.
Ils n’eurent pas à attendre longtemps, les alarmes se mirent à mugir et les chevrons s’enclenchèrent rapidement.
-Sergent ? demanda O’Neill
-La même fluctuation mon général
-Ouvrez l’iris dit Jack le cœur battant à tout rompre.
L’ouvris s’ouvrit dans un bruit de ferraille caractéristique. Un objet roula sur le sol, c’était une feuille roulée en boule
-Fermez l’iris dit O’Neill en prenant le papier sur lequel étaient écrits ces quelques mots « c’est nous ».
Il redescendit la passerelle lentement, il reconnaissait l’écriture de Daniel. C’était eux.
-Envoyez un MALP sur P9J786 dit-il seulement.
Un quart d’heure plus tard SG1 franchissaient le vortex. Ils avaient une mine effroyable, étaient en sang, les vêtements salis et déchirés.
Le regard de Sam accrocha celui de Jack,il put y lire un immense soulagement d’être enfin rentrée au bercail, mais avant qu’elle n’ait pu dire le moindre mot elle s’écroula dans ses bras. Il mit quelques secondes à réagir en s’apercevant qu’il tenait contre lui un corps inerte. Ils furent pris en charge aussitôt par le docteur Brigth et deux infirmiers. Jack posa doucement Sam sur un brancard, elle revenait à elle,
-Mon général… mais elle n’avait plus de forces
-Ne dites rien Carter, on va s’occuper de vous.
Base de Cheyenne Mountain avril 2005
Jack voulut se lever mais la douleur de son dos le cloua au fond de son fauteuil. Il regrettait le calmant du docteur Lassiter. Il se souvint du pari et sourit intérieurement. Il était en passe de le perdre son pari. Dix dollars ! Sa fierté ravalée, il se dirigea vers l’infirmerie après être resté un moment sans bouger, le temps que la douleur reflue.
-Général ! dit Sandra inquiète en le voyant marcher en grimaçant.
-Tenez docteur, vous avez gagné dit-il en lui donnant un billet.
Et il s’allongea sur un lit en soupirant.
Sandra sourit :
-Croyez bien que j’aurais préféré perdre, mais je ne suis pas étonnée de votre retour à l’infirmerie. Je vais vous faire passer un IRM pour en savoir un peu plus.
Une heure plus tard elle était de retour. Un pli soucieux barrait son front.
-Vos résultats ne sont pas très bons mon général.
-Qu’est ce que j’ai ?
-Vous souffrez d’une importante inflammation des tissus cicatriciels, ce que le scanner et les radios ne montraient pas.
-En clair ?
-C’est comme si vos anciennes blessures se rouvraient. Au niveau des reins où vous avez la marque de plusieurs coups de couteau, de vos genoux également, le droit surtout.
-C’est dû à quoi ?
-Je n’en ai aucune idée. Il faut que je fasse des examens plus approfondis, cela peut être du à un virus, une bactérie ou autre chose de totalement inconnu.
-Cela a un rapport avec ce qui est arrivé à Daniel à Teal’c et au colonel Carter ?
-Je ne pense pas. D’ailleurs pour l’instant on a pas trouvé encore de liens entre les affections très différentes des membres de SG1.
-Vous me donnez quelque chose contre la douleur dit-il en grimaçant. Je déguste là !
-Tout de suite mon général. Je vais vous faire une piqûre et je souhaiterais que vous passiez la nuit à l’infirmerie.
-C’est indispensable ?
-Quoi ? la piqûre ?
-les deux.
-Tout à fait, c’est le moyen le plus rapide de vous soulager. Quant à la nuit à l’infirmerie, j’y tiens beaucoup. Je serais sûre que vous vous reposez. Et ce n’est pas négociable dit-elle en voyant O’Neill ouvrir la bouche pour protester.
-Je suis le commandant de cette base dit-il et….
-Ici, vous êtes mon patient ! le coupa t-elle, sans se laisser influencer par le regard furieux du général. Je peux vous commander, et vous le savez très bien, général O’Neill. Je vous en prie, je suis sérieuse, vous avez besoin de repos.
Il hocha la tête, acceptant l’inévitable. Sandra lui fit une piqûre qui le plongea rapidement dans un profond sommeil.
Daniel, Sam et Teal’c passaient leur journées dans le labo du jeune archéologue. Ils continuaient à éplucher tous leurs rapports de mission.
-Et notre emprisonnement dans les mines de naquadah ? on aurait pas pu attraper quelque chose dit Teal’c.
-J’y avais déjà pensé, mais on a mangé la même nourriture et but la même eau que les prisonniers dit Daniel. Je ne vois pas comment on aurait pu être empoisonné, et puis c’était à l’automne dernier.
-Il faut cependant creuser cette piste dit Sam, je pense que Teal’c a raison. Il faut en parler au général O’Neill.
Quelques minutes plus tard ils retrouvèrent Jack dans la salle de briefing.
-Nous avons une petite piste mon général, notre emprisonnement sur la planète d’Itzamna. Nous sommes restés trois semaines, dit Sam, c’était amplement suffisant pour nous faire avaler quelque chose à notre insu.
Sandra Lassiter qui avait été invitée à participer au briefing prit la parole.
-J’ai le dossier de vos examens faits à votre retour, à part un état physique lamentable, le docteur Bright qui vous avait examinés à l’époque n’a rien noté dans ce sens. Vous ne vous souvenez de rien ?
-Non hélas, dit Daniel, et nous étions dans un tel état de fatigue et d’abrutissement qu’on aurait pu faire n’importe quoi sans qu’on s’en aperçoive.
-Et vous colonel Carter demanda Sandra ?
-Je suis comme Daniel. Nous n’avions qu’un seul but survivre, cela annihilait tout le reste.
-Je suppose que pour vous, Teal’c c’est la même chose.
-J’étais le plus en forme des trois, mais je n’ai rien remarqué d’étrange. Nous étions plusieurs centaines de prisonniers , la nuit nous étions enfermés dans des baraquements de dix environ, on ne voyait pas les gardiens la nuit, donc ce n’est pas à ce moment qu’on aurait pu nous faire quelque chose.
Le silence retomba chacun étant plongé dans ses pensées ou ses souvenirs.
-Je pense qu’on devrait fouiller un peu plus du côté d’Itzamna dit Daniel. C’est le dieu des guérisseurs, il leur enseignait la science des médicaments et des poisons.
-Vous ne l’avez pas vu durant votre captivité ? demanda O’Neill.
-Je n’en suis pas sûr dit Daniel, j’ai de vagues souvenirs. Un trône, un homme jeune très brun de peau, le regard sombre,
-De longs cheveux noirs ajouta Sam, une couronne d’or,
-Un spectre, avec un soleil compléta Teal’c.
Ils se regardèrent tous les trois, stupéfaits,
-Qu’est ce qui se passe ? dit O’Neill vous l’avez vu ou pas ?
-Il semblerait que oui dit Teal’c
-On a peut être occulté nos souvenirs dit Sam.
-En fait je fais souvent un rêve assez étonnant, dit Daniel. Dans ce rêve nous sommes tous les trois à genoux devant le trône, Itzamna a l’air de nous connaître très bien. J’entends parfaitement la voix de Sam dire qu’elle n’a pas peur et que nous le battrons comme nous avons déjà vaincu plusieurs grands maîtres. A cela Itzamna ricane et dit que c’est impossible car il nous a déjà anéanti et que ce n’est qu’une question de temps. Cette phrase revient dans tous mes rêves, mais ce n’est pas très clair.
-Docteur dit O’Neill, c’est de votre ressort ces histoires de rêves.
-Je pourrais essayer l’hypnose pour faire remonter les souvenirs dit-elle.
-Je suis d’accord dit Sam.
-Moi aussi dirent ensemble Daniel et Teal’c.
-Bien conclut le général, la question est réglée. Allez à l’infirmerie tous les trois.
Daniel était confortablement installé prêt pour l ‘hypnose quand il ressentit un violent frisson et il éternua à plusieurs reprises. Son front se couvrit de sueur et son cœur s’accéléra brutalement. Il se trouvait à nouveau au bord de l’évanouissement.
Pendant ce temps Sam se trouvait dans son laboratoire, elle relisait leur compte rendu de mission sur la planète d’Itzamna, quand de nouveau une violente douleur lui transperça l’épaule la faisant suffoquer. De grosses gouttes de sueur perlaient à son front tandis que son cœur s’emballait. Elle voulut se lever mais retomba lourdement sur sa chaise, incapable de faire le moindre mouvement.
Teal’c qui revenait du mess se dirigeait vers l’infirmerie pour la séance d’hypnose, quand un vertige subi le déséquilibra, il ferma les yeux et alla s’affaler de tout son long dans le couloir.
-Leur état est très préoccupant mon général dit Sandra, leur fièvre est beaucoup trop élevée et leur tension s’effondre. Ils ne répondent pas aux médicaments. J’ai peur que l’on ait à faire à un poison à retardement. Cette crise est plus forte que la précédente.
-Mais pourquoi sont-ils malades exactement en même temps ?
-Je pense que c’est un poison qui doit se déverser lentement dans leur organisme, à un rythme régulier.
-Vous n’avez pas trouvé de quel poison il s’agit ?
-Non je regrette, mon équipe travaille dessus en permanence. Je suis désolée dit-elle en voyant le regard de Jack rempli d’inquiétude et de douleur.
Jack était plongé dans ses pensées le front barré d’un grand pli vertical. Sa bouche était serrée et ses mâchoires contractées. Après un instant de silence il reprit :
-Il va falloir prendre les grands moyens, lancer une expédition sur les possessions d’ Itzamna, et l’obliger à donner un contre poison, dit-il.
-Je ne vois pas comment, dit-elle, on ne sait même pas où il est et ce serait chercher une aiguille dans une botte de foin, et très dangereux général O’Neill.
-Ne vous occupez pas de cela docteur rétorqua –t il en lui jetant un regard glacial, ce n’est pas de vos compétences. Vous avez du travail au laboratoire, il me semble ajouta t-il sarcastique.
De toute façon il faut tenter quelque chose, je me refuse à voir mourir mes amis. pensa t-il.
-Mon général… dit Sam d’une voix faible.
Il s’approcha du lit de la jeune femme et son regard s’adoucit aussitôt.
-Carter, ne parlez pas vous êtes épuisée.
-Je.. vais mourir, et …