De légers bruits lui parvinrent tout doucement. Il n’arrivait pas à distinguer ce que cela pouvait être exactement. Ses paupières étaient extrêmement lourdes et il eut beaucoup de mal à ouvrir les yeux. Après la difficulté, la lumière l’empêcha de les ouvrir plus. Il avait un mal de tête affreux et il ne se souvenait absolument pas de ce qui avait pu se passer pour qu’il se retrouve dans cet état.
Cela lui rappelait les nombreuses gueules de bois qu’il avait pu avoir mais depuis qu’il était sur Atlantis, il ne s’était jamais permis ce genre d’écart et il n’en avait jamais eu envie à vrai dire.
Il essaya de bouger mais plusieurs douleurs dans son corps firent leurs apparitions. Il tenta à nouveau d’ouvrir les yeux. Il voulait comprendre ce qui lui arrivait. Au bout de plusieurs minutes, il réussit à voir enfin où il était et cela ne ressemblait en rien à l’infirmerie d’Atlantis.
Il regarda autour de lui mais une violente migraine ainsi qu’un vertige le stoppèrent dans son élan. Il ne pu réprimer un léger soupir de douleur. L’infirmière le remarqua et alla tout de suite prévenir le médecin.
Il ne reconnaissait pas du tout cet endroit mais il imaginait très bien ce que cela pouvait être. Il en avait déjà souvent entendu parler. Un hôpital militaire. Mais que pouvait-il bien faire là ?
Il essaya de se souvenir mais impossible. Rien. Le trou noir. La seule chose qui lui revenait à l’esprit pour le moment, c’était Atlantis. Il savait que c’était un lieu important pour lui mais il n’arrivait plus à se souvenir du reste.
Le médecin arriva à cet instant et John tourna légèrement la tête vers lui.
Médecin : Est-ce que vous pouvez me dire votre nom ?
John déglutit avant de répondre péniblement. Il avait la sensation d’avoir dormi pendant des heures.
John : Lieutenant Colonel John Sheppard, n° de matricule 30121980
Médecin : Très bien. Est-ce que vous savez où vous êtes ?
John réfléchit. Il n’avait aucune réponse. Il n’avait aucune idée d’où il pouvait bien se trouver.
Médecin : Vous êtes à l’hôpital militaire de Washington. Vous avez été transféré ici après votre accident.
John le regarda. Tout ce que lui disait le médecin était incompréhensible.
Médecin : Vous vous souvenez de l’accident ?
Le médecin l’auscultait en même temps et John semblait très bien réagir aux tests qu’il lui prodiguait. John essaya de trouver la réponse, de se souvenir, mais impossible. Il ne se souvenait absolument de rien.
Le médecin se stoppa et vint se mettre à ses côtés.
Médecin : Très bien. Vos constantes sont bonnes. Nous devrions bientôt avoir les résultats de vos dernières analyses.
John : Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi je suis là ?
L’homme en blouse blanche devant lui hésita.
John : Docteur !
Docteur : Vous avez eu un accident d’avion. Votre avion s’est craché lors d’un vol d’essai. Vous vous en êtes sorti par on ne sait quel miracle.
John tentait de se rappeler mais rien. Il n’avait aucun souvenir de ce crash.
Médecin : Vous êtes resté dans le coma pendant deux ans.
John n’arrivait pas à croire ce qu’on lui disait. Deux ans dans le coma.
Médecin : Nous ne pensions pas vous revoir un jour.
John : Comment … ?
Médecin : Lors de votre crash, un choc à la tête a déclenché une hémorragie intracrânienne. Nous avons dû vous opérer d’urgence. A la suite de quoi, vous êtes tombé dans un coma de stade 2.
John était sous le choc de la nouvelle. Il avait passé deux ans de sa vie dans ce lit et dans cet hôpital. Deux ans alors que pour lui, il avait la sensation que cela faisait à peine que quelques heures, voir quelques jours tout au plus.
John : Pourquoi je ne me souviens pas du vol et du crash…
Médecin : Apparemment, vous souffrez d’une amnésie rétrograde post-traumatique. Ce qui n’est guère surprenant au vu de la gravité de votre traumatisme. Mais ne vous inquiétez pas, nous surveillerons ça de près. L’amnésie peut très bien n’être que temporaire.
Silence.
Médecin : Je vais vous laisser vous reposer. Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas.
Il resta à fixer l’endroit où le docteur se trouvait il y a de ça quelques instants. Deux ans et il ne se souvenait de rien. Comment cela était-il possible ?
Il avait beau fouiller les tréfonds de sa mémoire, il ne se souvenait absolument pas du crash, ni même du vol. C’est comme si on l’avait amputé d’une partie de sa vie. Pourtant, dans tous les méandres de ses souvenirs, un mot ne cessait de retentir dans sa tête, comme un signal : Atlantis. Même si ses souvenirs semblaient provisoirement perdus, il lui semblait que ce mot avait une grande importance pour lui. N’était- ce pas la première chose dont il s’était souvenu à son réveil ?
…
La jeune femme ouvrit les yeux difficilement, laissant la douleur dans sa tête s’atténuer peu à peu. Lorsque celle-ci disparut enfin, elle laissa son regard s’accoutumer à la pénombre de la pièce.
Le rai du lumière qui filtrait à travers le volet lui permit de découvrir l’endroit où elle se trouvait. Allongée sur un lit, elle se trouvait dans une chambre simple mais spacieuse.
Se redressant vivement, elle fut prise d’un vertige soudain qui l’obligea à se recoucher. Alors qu’elle tentait de se maîtriser, la porte de la chambre s’ouvrit pour laisser place à un homme. Dès qu’il la vit remuer dans le lit, il s’approcha d’elle doucement.
Homme : Chérie ? Tu es réveillée ? Comment te sens-tu ?
Femme : Huum…. J’ai très mal à la tête.
Homme : Tiens, bois. Ça te fera du bien.
L’homme lui tendit un verre d’eau qu’elle prit et but avec précaution. Tandis qu’il prenait place sur le lit, elle le dévisagea, une sensation bizarre qu’elle n’arrivait pas à expliquer s’emparant d’elle.
Se sentant observer, l’homme lui fit un sourire rassurant. Sa main caressait tendrement les cheveux de la femme.
Homme : Teyla, tu nous as fait très peur tu sais.
Teyla : Nous ?
Homme : Malheureusement, les enfants étaient avec nous quand ça s’est produit. Ta crise était bien plus violente que d’habitude. Elle est arrivée sans prévenir, je n’ai même pas eu le temps de les éloigner. Je suis désolé.
Teyla se sentait complètement perdue. Elle n’avait aucun souvenir d’une crise quelconque. A vrai dire, elle n’avait aucun souvenir qui lui revenait en mémoire. Rien d’autre que le néant. Mal à l’aise, elle s’éloigna de l’homme qui se redressa, la surprise se lisant sur son visage.
Homme : Chérie, qu’est-ce qu’il y a ?
Teyla : Excusez-moi de vous demander ça, mais qui êtes-vous ?
…
L’homme émergea du sommeil dans un grognement. Sa tête lui faisait mal et il se sentait groggy. Ouvrant difficilement les yeux, il se redressa vivement lorsqu’il s’aperçut qu’il ne connaissait pas l’endroit. Mais un vertige lui fit perdre pied aussitôt. Il sentit alors quelqu’un qui le soutenait et le rallonger sur le lit.
Femme : Ne bougez pas ! Vous devez rester coucher. Vos blessures sont importantes. Reposez-vous, vous êtes à l’abri ici.
Il ne reconnaissait pas la voix.
Alors qu’il voulait se relevait tout de suite, l’état de fatigue extrême dans lequel il se sentait l’empêchait de réagir promptement. Jamais il ne s’était sentit aussi faible, même dans les pires moments de sa vie.
Tournant le visage afin de dévisager la femme qui semblait le soigner, il remarqua qu’il se trouvait dans une case modeste. Seulement, il n’avait aucun souvenir d’y être venu. Les dernières images qui lui revenaient en mémoire étaient la traversée du vortex puis une lumière très vive.
L’homme : Qui êtes-vous ? Où suis-je ?
Femme : Vous êtes à l’abri, ne vous inquiétez pas. Ici, les Wraiths ne vous trouveront pas.
L’homme : Quoi ?
Femme : Vous avez été blessé en tentant de semer les guerriers wraiths qui vous pourchassaient. Heureusement pour vous, mon père s’est porté à votre secours. Il a pu éliminer les wraiths et vous amenez sur notre planète. Vous êtes un Runner n’est ce pas ?
Ronon sentait la méfiance s’emparait peu à peu de lui au fur et à mesure que la jeune femme parlait. Car il n’avait aucuns souvenirs de s’être blessé gravement au point de ne pouvoir bouger. De plus, il n’était plus un Runner maintenant. Plus depuis qu’il vivait sur Atlantis.
Ronon : Vous mentez ! Qui êtes-vous ? Où sont mes compagnons ?!
Femme : Mais de quoi parlez-vous ? Lorsque mon père vous a sauvé, vous étiez seul !
Dans un effort qui lui sembla surhumain, Ronon agrippa fermement le poignet de la femme et la tira vers lui. Il lui parla d’un ton menaçant.
Ronon : Dites-moi qui vous êtes !
C’est alors qu’une violente douleur soudaine dans la tête lui fit pousser un cri. Lâchant prestement la femme, il enserra sa tête entre ses mains, comme pour écraser la douleur, mais rien n’y fit. Il s’évanouit.
…
John avait réussit à se redresser le lendemain et même à prendre un vrai repas. Même si physiquement il reprenait des forces, sa mémoire lui faisait toujours défaut et il détestait ça. Cela l’énervait au plus au point. Et il ne supportait plus le discours de son médecin ou des infirmières, aussi mignonnes soient-elles.
Et puis cette chambre, cet endroit. Il se sentait mal à l’aise. Il n’avait jamais vraiment aimé les hôpitaux et puis resté immobile, il ne le supportait pas. Il parcourut la pièce du regard.
D’autres soldats étaient présents. Certains en moins bon état que lui. Et il ne put s’empêcher de se dire qu’il avait de la chance. Ces autres personnes avaient perdues un de leur bras ou leur jambe. Lui était en un seul morceau. Il avait simplement la mémoire comme du gruyère.
Le médecin arrivé à ses côtés.
Médecin : Comment allez-vous ce matin ?
John : Je dirais que ça pourrait aller mieux !
Médecin : Vous avez l’air en forme !
Le médecin sourit en terminant sa phrase et en regardant les résultats de John.
Médecin : Et bien tout cela me semble parfait ! Vous avez eu une sacrée chance.
John : Ouais…
Il n’était pas très convaincu.
Médecin : Vous devriez être heureux…
John : Heureux ? Dois-je vous rappeler que j’ai été dans le coma durant 2 ans !
Médecin : Profitez de cette deuxième chance qui vous est donnée.
John resta silencieux. Le médecin déposa le dossier.
Médecin : Je vous garde en observation cette nuit, et demain, il me semble que je pourrais vous laisser sortir.
John le regarda étonné.
Médecin : Je pense que vous avez passé assez de temps ici, je me trompe ?
John : Non.
Médecin : Très bien… alors à demain.
Il laissa John avec ses pensées. Deux ans de sa vie en suspens.
….
Il avait le sommeil agité et les draps en avaient fait les frais et s’étaient vite retrouvés au pied du lit. John semblait faire un rêve étrange.
Rêve
Il courait dans des couloirs. Des sous-sols lui semblait-il mais il n’arrivait pas trop à distinguer correctement son environnement. Il savait juste qu’il devait se dépêcher. Ces couloirs lui semblèrent interminables et ils ne menaient bien souvent nulle part.
Il trouva enfin une porte ouverte donnant sur immense salle. Il entra et ce qu’il vit ne lui sembla pas inconnu. Une personne était devant une sorte d’énorme flaque bleutée. Et tout d’un coup, un nom lui vint à l’esprit.
John : Elizabeth !
La personne se retourna mais il ne réussit pas à voir son visage. La lumière de la flaque était bien trop forte. Elle le regarda une dernière fois avant de passer à travers cette flaque et c’est là qu’elle disparue.
Une sensation d’abandon, de peur de se retrouver seul s’empara de lui. La flaque disparue et il se retrouva seul dans cette grande salle sombre.
John se réveilla en sursaut, à bout de souffle. Qui était cette Elizabeth ? Il connaissait ce nom mais il ne savait pas son origine ni s’il connaissait celle qui le portait. Et pourtant, cette femme devant cette flaque, il avait l’étrange sensation de la connaître.
Il passa ses mains sur son visage pour se redonner de la contenance. Ces couloirs… cela ressemblaient énormément à ceux d’une base militaire mais laquelle. Peut-être une de celle qu’il avait côtoyée, il y a de ça plusieurs années.
Elizabeth. Pourquoi ne prénom n’arrêtait-il pas de résonner dans sa tête ? Qui était-elle ?
…
Kate : Dr Beckett pourrais-je vous parler ?
Carson remercia l’infirmière et s’approcha de Kate.
Carson : Bien sûr.
La jeune femme le regarda. Elle avait l’air inquiète. Elle avait reçu beaucoup de monde dans son cabinet à la suite de l’annonce de la tragique nouvelle la veille mais pas les personnes qu’elle souhaiterait. Elle n’y avait vu ni Rodney, ni Elizabeth. Elle se doutait bien qu’elle ne les verrait pas de leur plein gré. Mais peut-être que lui avait pu les voir ?
Kate : Je voulais savoir si vous aviez vu le Dr McKay ou le Dr Weir ?
Un silence s’installa. Carson savait pourquoi Kate lui demandait cela.
Carson : Malheureusement… non… pas depuis…
Il se stoppa. Il ne savait pas comment le dire peut-être parce que cela allait dire accepter.
Carson : Pas depuis la disparition du Colonel Sheppard, Ronon et Teyla. Je ne les ai pas vu.
Kate : Je suis très inquiète pour eux. Le choc émotionnel de la perte de l’équipe du colonel Sheppard n’est pas négligeable. Toute la cité a bien du mal à admettre cette disparition, mais cela doit être encore bien plus difficile pour eux. Il faut à tout prix faire quelque chose.
Carson : Je le sais bien, Kate. Je vous avoue que je suis moi-même inquiet. Rodney n’est plus sorti de son laboratoire depuis son retour. D’après ce que j’ai pu apprendre du Docteur Zelenka, il passerait tout son temps à étudier encore et encore les données de cette tragique mission. Quant au Docteur Weir, elle s’est enfermée dans ses quartiers. Je n’ai pas encore réussi à parler avec eux.
Kate : Il faudrait absolument qu’ils réussissent à extérioriser ce qu’ils ressentent, Carson. Qu’ils viennent me voir pour en parler. Vous ne pouvez rien faire ?
Carson : Je veux bien essayer de leur parler, mais vous savez comme moi qu’ils ne seront pas faciles à convaincre.
Kate : Il va pourtant falloir le faire.
Carson : Kate, ne prenez pas mal ce que je vais vous dire. Je suis tout à fait d’accord avec vous, et je comprends votre inquiétude à leur sujet. Mais vous connaissez suffisamment Elizabeth et Rodney pour savoir qu’il leur faudra du temps avant qu’il envisage d’en parler un jour. Et quand bien même ils le voudraient, je ne crois pas qu’Atlantis sera le lieu idéal. J’ai bien peur que cette tragédie n’entraîne des changements définitifs sur cette cité auxquels personne ne sera vraiment préparé. Rien ne sera plus comme avant. Moi-même, je me refuse à leur forcer la main.
Kate : Carson, vous êtes médecin. Vous savez comme moi quelles peuvent être les conséquences d’un tel choc émotionnel. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire.
Carson : Je suis médecin, c’est vrai. Mais je suis avant tout leur ami, Kate. Alors je vais faire ce que je peux pour les aider, mais je ne vous promets rien.
Kate : Très bien. Merci Carson.
Après un dernier regard échangé, elle quitta l’infirmerie. Perdu dans ses pensées, Carson resta quelques secondes à fixer la porte, immobile. Oui, rien ne sera jamais plus comme avant sur la cité. Les pertes étaient trop importantes cette fois. Bien trop.
…
Rêve
Il avait toujours la main posée sur la pièce. C’était sa vie qui était en jeu et le choix qu’il allait prendre allait être définitif, sans peut-être, aucun moyen de retour.
Voix : Pile !
Il se tourna et vit le Dr Elizabeth Weir debout, non loin de lui. Elle s’approcha doucement en souriant. Elle le regarda puis vint s’asseoir près de lui dans l’herbe. Elle portait un jean et une veste en cuir marron.
Il la fixa. Il se demandait ce qu’elle pouvait bien faire ici. Elle regardait devant elle. Le soleil était entrain lentement de se coucher. Il avait voulu être seul pour prendre sa décision mais il devait avouer qu’il appréciait qu’elle soit là. Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée.
Elle se tourna vers lui. Elle regarda sa main toujours cachée et le regarda à nouveau.
Elizabeth : Vous ne voulez pas savoir ?
Il la fixa un long moment. Ils ne se quittaient pas des yeux. Comme pour se tester l’un l’autre. Puis il enleva la main en prenant la pièce au passage sans qu’il puisse voir. Il se tourna à nouveau vers elle.
John : J’ai déjà pris ma décision.
Il lui sourit puis regarda devant lui.
Il se redressa.
Il avait perdu connaissance le temps d’un instant et il avait heurté le banc qui se trouvait non loin. Un passant l’avait aidé à se relever et John lui avait assuré que tout allait bien. Il avait juste une petite entaille au front.
Il resta un long moment sur ce banc à repenser à ses dernières visions. Elizabeth Weir. Cette femme était importante dans sa vie. Cela devenait de plus en plus une évidence.
Pourtant les infirmières lui avaient dit qu’il n’avait plus de famille, ni de femme. Et ce n’est pas son unité d’il y a 2 ans qui aurait pu travailler avec une civile. Alors qui était cette femme ? Et d’où venaient tous ces souvenirs ?
Il porta un mouchoir à son front pour essuyer le sang.
…
Elle avait fini par sortir de ses quartiers. Difficilement, mais elle l’avait fait. Les dernières heures avaient été les plus difficiles de sa vie. La douleur avait été tellement forte. Maintenant, elle ne ressentait plus rien. Lorsque Rodney était venu lui rendre les plaques hier, elle n’avait pas pu se retenir. Elle s’était lâchée devant la seule personne qui pouvait comprendre un tant soit peu sa douleur. Ca ne lui ressemblait pas, mais elle en avait eu besoin. Tout comme Rodney. Il était resté près d’elle de longues minutes avant de partir, comprenant mutuellement qu’ils avaient besoin d’être seuls.
Elizabeth se dirigeait vers son bureau. Il lui fallait tout mettre en ordre avant son départ. Définitivement.
Les personnes qu’elle croisait tout le long de sa route la regardaient avec compassion et tristesse. Mais elle ne voyait rien. Elle se sentait détachée de tout. Elle s’arrêta lorsqu’elle entendit une voix l’appeler.
Caldwell : Docteur Weir !
Elizabeth : Colonel.
Caldwell : Docteur Weir… Elizabeth. Je suis désolé. Je ne peux qu’imaginer la douleur que vous éprouvez en ce moment.
Elizabeth resta stoïque mais le remercia d’un faible hochement de tête.
Caldwell : Cependant, bien que la perte de l’équipe du Colonel Sheppard soit une vraie tragédie, nous ne pouvons malheureusement pas perdre du temps à pleurer sur notre sort. Vous devez maintenir une vigilance constante sur la cité, et il vous faut dès à présent penser à nommer un nouveau responsable militaire. Par ailleurs, il faut également planifier les prochaines missions. Aussi ai-je pensé que…
Elizabeth : Je vois que vous ne perdez pas de temps en effet.
Son ton était glacial.
Caldwell : Docteur, vous connaissez parfaitement les risques qu’encourent une équipe lorsqu’elle franchit la Porte des Etoiles. Vous saviez très bien que l’équipe de Sheppard pouvait ne pas revenir de mission et…
Elizabeth : Je ne vous permets pas de me dire ce que je dois ressentir ou non, colonel. Par ailleurs, comme je vous l’ai déjà dit, j’ai démissionné. Vous êtes désormais le responsable de cette expédition. Je vais simplement récupérer mes affaires personnelles. Excusez-moi.
Elizabeth se détourna et repartie en direction du bureau sous le regard de Caldwell lorsque celui-ci la rappela.
Caldwell : Docteur Weir, réfléchissez encore. Ne prenez pas cette décision sous le coup de l’émotion.
Elizabeth se retourna vers lui et lui lança son regard le plus ferme.
Elizabeth : Atlantis, c’est terminé pour moi colonel. Je vous souhaite bon courage.
Caldwell la regarda partir sans pouvoir rien ajouter.
…
Une bonne douche allait lui faire énormément de bien. Il n’avait pas réussit à refermer l’œil de la nuit après ce rêve. Il avait essayé de se rappeler de qui était Elizabeth. Sa sœur ? Sa petite amie ? Sa femme ? Mais il n’avait eu aucune réponse à ses questions. Où était cette base qu’il avait vu en rêve ? Etait-ce Atlantis ? C’était peut-être un code secret pour parler de cette base ?
Il se souvenait y avoir séjourné…. Ou plutôt il en avait la sensation car aucun souvenir ne voulait revenir. Il se souvenait très bien de choses aillant eu lieu il y a plus de 2 ans… mais rien depuis. Atlantis avait peut-être été la base où il avait eu son accident ? Le médecin lui avait dit que c’était lors d’un essai… peut-être était-ce top secret ?
Il posa sa tête contre le mur en face de lui. Sa tête lui faisait un mal de chien et tout ce qu’il prenait ne pouvait rien y faire. Le médecin lui avait dit d’attendre et que tout reviendrait dans l’ordre assez rapidement. Mais la patience n’avait jamais été un de ses points forts.
Une migraine arriva sans crier garde et le cloua presque sur place. A cet instant, il eut comme un flash.
Flashback
Il avait bien cru que le Général O’Neill allait le renvoyer mais à son plus grand étonnement, il n’en fit rien. Les autres personnes et lui s’était retirées pour discuter de ce qu’il venait de se passer. Apparemment il avait déclenché quelque chose qu’ils espéraient depuis longtemps. Mais maintenant il était surveillé par deux soldats pour qu’il ne touche plus à rien.
Voix : Major Sheppard ?
Il se tourna vers cette voix et se retrouva face à une femme, de taille moyenne, les cheveux châtains et un magnifique regard vert. Lorsqu’il croisa son regard il lui fit son plus beau sourire. Elle lui rendit un léger sourire, comprenant très bien qu’il utilisait son sourire le plus charmeur.
Femme : Major Sheppard ?! Je suis le Dr Elizabeth Weir, responsable de la Mission Atlantis…
John : Je sais qui vous êtes.
Elle parut étonnée.
John : J’ai été votre pilote plus d’une fois.
Elle le regarda. Cela l’étonna beaucoup mais il avait sûrement raison. Elle n’avait jamais fait attention.
John : Sans le casque, c’est difficile de me reconnaître !
Elle lui sourit.
Le flash s’arrêta et John pu reprendre un peu ses esprits. Il venait d’avoir quelques réponses mais cela lui avait aussi amené d’autres questions. Ce qu’il venait de voir ne s’était pas passé, il y a de ça plus de 2 ans en arrière… non. Alors quand ?
…
Teyla regardait l’homme qui se tenait devant elle et qui affirmait être son mari, sans pour autant parvenir à se sentir à sa place. Elle l’écoutait distraitement raconter ce qui était censé être sa vie, mais quelque chose au plus profond d’elle la dérangeait dans ce tableau. Comment ne pouvait-elle pas se souvenir de toute sa vie ?
Homme : Chérie ? Est ce que ça va ?
Alors qu’il amorçait un mouvement dans sa direction, Teyla réagit vivement et, mue par un vieux réflexe d’autodéfense, s’écarta promptement du lit et se redressa, méfiante.
Teyla : Je suis désolée, mais je n’ai aucun souvenir de vous avoir déjà rencontré. Où suis-je ?
Elle ne ressentait aucun sentiment de familiarité face à la personne qui se tenait devant elle, pas plus que pour l’endroit où elle se trouvait.
Jetant un regard circulaire sur la pièce, elle amorça un mouvement de recul lorsque l’homme s’approcha d’elle. Et tandis qu’une nouvelle douleur venait lui vriller les tempes, un kaléidoscope d’images dont elle n’avait aucune signification surgit brusquement dans sa tête, accentuant plus fort encore la douleur.
Fermant les yeux, tenant sa tête entre ses mains, elle poussa un gémissement de douleur, tandis que la dernière image qu’elle vit avant le trou noir la remplit d’effroi.
C’était un visage qui n’avait rien d’humain.
…
Elle venait tout juste de la terminer. Elle qui d’habitude mettait les formes et s’appliquait, là elle n’y était pas allée par quatre chemin. Elle l’avait rédigé d’une traite. Comme si elle connaissait par cœur ces paroles.
Elle se leva et commença à rassembler ses affaires. Elle n’avait plus rien à faire ici. Plus rien.
Elle prit le carton qu’elle venait de terminer, dans ses bras et commença à s’en aller mais elle passa devant les boules à neiges posées derrière son bureau.
Elle les fixa un long moment. Le nœud dans sa gorge avait refait son apparition. « A tout jamais » C’est ce qu’il lui avait gravé… c’est ce qu’il lui avait promis. Et il n’avait pas le droit de la laisser.
Elle ne pu s’empêcher d’en prendre une dans ses mains et de la secouer… une dernière fois peut-être. La neige tomba doucement sur le décor minuscule… cette neige qu’elle aimait tant… elle l’aimait tant. Ces mots résonnèrent dans sa tête.
Les larmes refirent leur apparition. Voir la neige tomber lui faisait mal. Affreusement mal. Elle voulait que toute cette douleur disparaisse… que tout cela s’arrête.
Elle lança la boule qu’elle tenait dans les mains contre le mur. Elle avait cru que cela allait lui faire du bien mais ce n’était pas le cas.
Fillette : Il ne t’a pas quitté !
Elizabeth sursauta et se tourna vers la fillette qui était apparue. Non, elle n’avait pas besoin de ça. Elle ne voulait plus entendre toutes ces histoires. Elle essaya de l’ignorer et se dirigea vers la porte, essuyant rageusement ses larmes.
Fillette : Il est toujours là !
En entendant ces mots, elle s’arrêta net dans son élan. Elle avait suivit ses conseils la dernière fois et aujourd’hui, elle avait encore plus mal. Non, c’était fini. Elle retourna d’un seul coup… mais la fillette avait disparue. Elle en était soulagée. Elle n’avait aucune envie de la revoir. Elle avait envie de tout quitter…
Etoile des neige, sèche tes beaux yeux
Le ciel protège les amoureux
Ne perds pas courage, il te reviendra
Et tu seras bientôt encore entre ses bras
Elle entendit ces paroles au loin.
Voix : Elizabeth ?!
Lorsqu’elle se retourna vers la porte, elle vit le Dr Kate Heightmeyer face à elle. Le médecin regardait les débris de la boule à terre.
Kate : Est-ce que ça va ?
Elizabeth avait l’air plus agitée qu’à l’habitude. Kate regarda dans le bureau mais ne vit rien, ni personne…. A part la boule brisée.
Elizabeth se calma quelque peu. Elle n’avait envie de voir personne et surtout pas quelqu’un pour lui dire comment réagir face à tout ça.
Kate : Je vous dérange ?!
Elizabeth : Non !
Elle avait répondu très sèchement et sans regarder le médecin face à elle. Elle avait repris sa marche en direction de ses quartiers. Kate la suivit. Elles passèrent très rapidement dans la salle de contrôle.
Kate : Elizabeth, je pense que…
Elizabeth se stoppa net et se tourna vers le docteur.
Elizabeth : Je vous arrête tout de suite. Je n’ai aucune envie d’en parler !
Elle continua son chemin.
Kate : Elizabeth !!
Kate la suivit. Elle connaissait très bien cette réaction et elle était tout à fait naturelle après tous ces événements.
Elizabeth continua à l’ignorer. Elle s’approcha de Samuels, enleva son oreillette et lui tendit. L’homme en fut quelque peu surpris.
Samuels : Madame ?
Elizabeth : Je ne vais plus en avoir besoin.
Samuels hésita. Il avait du mal à y croire. Il aimait travailler avec elle et il avait du mal à croire qu’elle arrêtait, qu’elle les quittait. Mais il comprenait. Il prit lentement l’oreillette. Elle le regarda une dernière fois avant de reprendre ses affaires et de continuer son chemin.
Le Dr Heigthmeyer la suivit.
Kate : Elizabeth, fuir ne servira à rien ! Cela ne vous aidera pas !
Elizabeth se retourna d’un coup vers elle.
Elizabeth : Qui vous dit que j’ai envie d’être aidée ?!
Kate : Vous n’y arriverez pas toute seule !
Elizabeth : C’est ce que j’ai toujours fait !
Elle avança.
Kate : Pour continuer…
Elizabeth se tourna à nouveau vers Kate.
Elizabeth : Je n’ai pas envie de continuer… pas sans…
Elle s’arrêta car les sanglots allaient prendre le dessus. Elle baissa les yeux. Elle en avait assez de se justifier à tout le monde. Elle avait envie qu’on la laisse tranquille.
Elizabeth : Laissez-moi !
Kate : Elizabeth…
Elizabeth : S’il vous plaît !
Elizabeth et Kate se fixèrent un long moment. Kate avait l’habitude de ce genre de situation mais le regard qu’elle voyait à cet instant chez Elizabeth, la toucha. Elle qui avait été si forte jusqu’à présent… son regard avait totalement changé.
Kate : Si vous changez d’avis !
Elizabeth ne la laissa pas finir et s’en alla. Elle avait besoin d’être seule.
….
Carson se tenait devant la porte du laboratoire de Rodney depuis deux bonnes minutes, hésitant à y pénétrer. Il avait rencontré le Docteur Zelenka un peu plus tôt, inquiet de s’être fait expulser alors qu’il voulait lui apporter son aide.
Il n’était guère surpris de la réaction de Rodney, bien au contraire. Mais il ne pouvait laisser son ami affronter seul cette épreuve.
Prenant une dernière inspiration comme pour se donner du courage, il se décida finalement à entrer dans le laboratoire. Celui-ci était plongé dans la pénombre. Seules deux lampes veilleuses et les appareils électriques de la pièce fournissaient l’éclairage de la pièce.
S’avançant dans la pièce, il la parcourut du regard avant de finalement trouver le Docteur McKay en train de s’activer sur un ordinateur. Ce dernier semblait tellement concentré dans son travail, qu’il ne s’aperçut pas de la présence du Docteur Beckett.
Carson : Rodney ?
Il ne sursauta même pas, indifférent au monde qui l’entourait. Inquiet, Carson insista.
Carson : Rodney !
Rodney : J’avais pourtant dit que je ne voulais voir personne !
Carson : Je sais mais…
Rodney : Très bien, alors vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Mais Carson ne se démonta pas face au ton sans équivoque de Rodney.
Carson : Ecoutez Rodney, je sais combien cela doit être difficile pour vous….
Rodney : Ah vraiment ?!
Rodney, exaspéré, s’était levé précipitamment et fixait à présent le Docteur Beckett d’un regard énervé.
Rodney : Vous n’étiez pas là ! Vous n’avez rien vu ! Vous ne pouvez pas savoir !
Carson : Oui c’est vrai ! Mais ils étaient aussi mes amis, Rodney !
Rodney : Vos amis ?! Ben tiens !! C’est fou comme ils ont tellement d’amis maintenant !
Carson : Rodney…
Rodney : Oh oui, tellement d’amis maintenant. Et ils doivent se demander comment ce bon vieux Docteur McKay à pu s’en sortir lui ? C’est ce qu’ils veulent tous savoir non ? C’est pour ça qu’ils viennent tous me voir ?
Carson : Vous êtes injuste avec vous-même. Personne ne vous en veut ici. On s’inquiète juste pour vous. Je m’inquiète pour vous.
Rodney : Oh, eh bien c’est très gentil, mais comme vous pouvez le voir, je vais très bien. Je suis toujours là moi ! Je suis revenu sain et sauf. Mais pas eux.
Rodney se sentait épuisé. Epuisé de devoir toujours se justifier, des regards de pitié que les gens lui lançaient. Pourquoi personne ne voulait comprendre qu’il voulait rester seul ?
Carson : Rodney, vous n’êtes pas responsable !
Rodney : Ecoutez Carson, je sais ce que vous essayer de faire, mais ça ne servira à rien. Quoique vous disiez, c’est de ma faute si nous sommes allés sur cette planète. C’est à cause de moi s’ils sont…
Sa voix se brisa. Il n’arrivait même plus à le dire.
Rodney : S’il vous plait Carson, allez-vous-en.
Carson : Rodney…
Mais Rodney s’était détourné, lui faisant comprendre que la discussion était finie. Vaincu, Carson quitta le laboratoire, non sans jeter un dernier regard à son ami.
…