Elle fut doucement tirée de son sommeil lorsqu’elle sentit quelqu’un la prendre délicatement dans ses bras. C’était « lui », songea-t-elle, un léger sourire sur ses lèvres, se refusant à ouvrir les yeux tant elle était bien, ainsi alanguie. Sa tête glissa alors sur le côté et vint se poser sur son torse. Il s’était rhabillé… réalisa-t-elle lugubrement avant de sentir les effluves de son eau de toilette imprégnés dans le tissu de son tee-shirt, lui chatouiller le nez… Quoique finalement, habillé, c’était bien aussi.
Elle dut se rendormir quelques secondes, bercée par le pas régulier de Jack car elle fut de nouveau réveillée lorsqu’il la posa sur un lit incroyablement douillet.
Mmmmmm...
Fronçant soudain les sourcils, Sam sentit avec désespoir qu’il s’écartait à présent d’elle, aussi, d’un mouvement lent et endormi, elle attrapa son tee-shirt. Il s’arrêta aussitôt, hésitant visiblement quant à la marche à suivre… puis finalement s’éloigna d’elle.
Un sentiment étrange de manque vint lui nouer l’estomac mais un bruit de chaussures et de vêtements tombant au sol la rassura aussitôt. Sam sentit ensuite un poids creuser le lit à côté d’elle, une couverture se poser sur eux puis une main timide lui caresser le bras, n’osant visiblement pas se rapprocher de peur d’être repoussé. Dans un soupir de bien-être, la jeune femme se déplaça vers lui et coula son corps nu contre le sien. Il avait gardé pudiquement tee-shirt et caleçon.
Elle le sentit se raidir quelque peu tandis qu’elle emprisonnait son torse puissant dans ses bras et glissait ses hanches contre lui. Amusée, bien que somnolente, Sam le sentit aussitôt réagir à ce contact. Gêné, il tenta de s’écarter, tout du moins le bas de son corps mais la jeune femme passa une jambe sur les siennes. Hors de question qu’il s’échappe et tant pis s’il était frustré. Elle était beaucoup trop bien contre lui. Finalement, au bout de quelques minutes où elle lutta encore pour ne pas sombrer de nouveau dans le sommeil, elle le sentit se détendre peu à peu et poser sa bouche chaude sur son front. Alors, un sourire sur les lèvres, elle s’endormit.
Le soleil était déjà haut lorsqu’elle se réveilla, le lendemain matin. Sans même ouvrir les yeux, Sam savait où elle se trouvait et cette seule pensée la fit frissonner… Elle tendit le bras à l’aveuglette de l’autre côté du lit mais comme elle s’y attendait un peu, il était vide et froid. Il devait être levé depuis quelque temps déjà. Se refusant à gâcher un tel moment par de vaines questions, Sam s’étira lentement avec délectation, son corps délicieusement courbaturé après ce corps à corps inespéré et sourit béatement. Elle aimait la fraîcheur du drap sur son corps nu, se sentant terriblement femme et désirable, comme à chaque fois après l’amour. Surtout aujourd’hui. Encore plus avec lui.
Elle tendit alors l’oreille mais il n’y avait pas un bruit dans la maison. Ouvrant les yeux, elle redressa la tête et jeta un œil dans la pièce. C’était une chambre très simple mais lumineuse. Seule décoration, quelques photos trônaient sur une étagère. Elle aperçut alors ses vêtements, pliés sur une chaise. Sam repoussa donc les couvertures, se leva et s’approcha de son uniforme.
Elle n’avait aucune envie de le remettre… songea-t-elle en parcourant la pièce du regard...
Celui-ci fut soudain attiré par une chemise posée négligemment sur un fauteuil près d’elle. Sam sourit. Elle la prit dans ses mains, l’approcha de son visage et un soupir de délectation s’échappa de ses lèvres. Il y avait son odeur… Ni une ni deux, elle l’enfila et referma quelques boutons avant de marcher vers le miroir en face du lit. Elle avait une drôle d’allure avec cette chemise beaucoup trop grande, ses cheveux courts en batailles et ses yeux brillants. Mais elle finit par hausser les épaules et se dirigea vers la porte pour sortir.
Les pieds nus, elle avança doucement dans le couloir en direction d’un escalier. Elle commença à descendre et son cœur fit un bon dans sa poitrine lorsqu’elle entendit le raclement d’une chaise qu’on déplace dans la pièce attenante. Elle descendit encore quelques marches puis s’arrêta à mi-chemin. Un peu plus bas, Jack se tenait debout, le regard fixé sur elle.
Lorsqu’il réalisa dans quelle tenue elle se trouvait, Sam le vit tressaillir, la respiration encore plus rapide mais il serra les poings et reporta son attention sur son visage. Comme il ne bougeait toujours pas, elle finit par descendre les quelques marches restantes puis s’arrêta en bas de l’escalier, à trois mètres seulement de lui. Ils se fixèrent un long moment en silence puis estimant que c’était à lui de parler en premier, Jack finit par soupirer.
- Pardonnez-moi… murmura-t-il en baissant la tête.
Le vouvoiement… Mauvais signe...
Sam observa le visage de son supérieur pendant un instant. Il semblait tendu et terriblement gêné… pour ne pas dire désespéré ?
- Pardonner quoi ? demanda-t-elle donc doucement, pour le mettre en confiance.
A ces mots, il redressa la tête et la regarda avec surprise. Il ouvrit la bouche, puis la referma… attendit quelques secondes puis balbutia :
- Eh bien… Je vous ai agressée et v…
Mais, le visage crispé, il se tut comme si dire ce mot rendait la chose encore plus horrible.
- … Pour qu’il y ait viol, il faut que l’un des deux ne soit pas consentant… Vous n’étiez pas consentant, Monsieur…? Finit-elle par demander, un sourire espiègle sur les lèvres.
Il écarquilla les yeux, abasourdi, puis au bout de quelques minutes, recouvra plus ou moins ses esprits…
- Je ne me souviens pas vraiment…
Il s’arrêta aussitôt devant le haussement de sourcil contrarié de la jeune femme.
- Je veux dire que je me souviens parfaitement de… ce que nous avons fait mais… pas en détails et … J’ai vu des bleus sur vos poignets et vos bras, ce matin… Je me souviens que vous vous êtes débattue…
La honte lui fit serrer les dents et l’empêcha de poursuivre.
- Vous m’étouffiez… Mais vous avez fini par vous redresser.
Jack la regarda fixement, tentant de la sonder, de comprendre son comportement si détendu alors qu’il s’attendait à tout sauf à ça.
- Et avant, la gifle…
- J’ai vu le Capitaine Jennings sur l’un des écrans, il s’apprêtait à reprendre son poste en salle de surveillance. Je devais vous arrêter… Vous ne l’avez pas croisé en sortant ?
Il plissa les yeux, tentant sûrement de fouiller dans ses souvenirs mais il finit par secouer la tête.
- J’étais bien trop occupé à …
« … à m’en vouloir… » continua-t-elle en pensées tandis qu’il s’arrêtait et levait un regard troublé vers elle. Apparemment, Jack commençait à comprendre qu’il ne l’avait blessée ni physiquement, ni moralement et qu’au contraire, elle semblait avoir apprécié les évènements de ces dernières 24 heures… Cette pensée lui redonna de l’assurance.
Il plongea les mains dans ses poches d’un geste familier et un léger sourire apparut sur ses lèvres. La réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre… Elle rougit violemment et soupira imperceptiblement afin de ralentir les battements de son cœur… Mais son trouble ne passa pas inaperçu…
- Jolie chemise… murmura-t-il alors faisant un pas vers elle mais Sam l’arrêta aussitôt en levant ses mains tremblantes.
- Nous devons parler, Mon Colonel !
- … Je ne suis plus Colonel… dit-il, s’approchant un peu plus.
Cependant, devant la mine butée de la jeune femme, il finit par s’exécuter.
- Nous devons justement parler de ça… entre autre chose.
Le visage de Jack se ferma aussitôt. L’espace d’un instant, il en avait oublié leur situation… Il était tellement soulagé que Carter ne lui en veuille pas… Mais rien n’avait changé… C’était même pire qu’avant maintenant qu’ils avaient fait l’amour, qu’il avait goûté à elle.
- Mon Colonel… Pourquoi vous êtes vous comporté de façon si…
- Ignoble ? proposa-t-il, puisqu’elle hésitait à le dire.
Elle acquiesça cependant attendant qu’il poursuive. Il soupira et passa une main nerveuse dans ses cheveux courts.
- J’avais peur…
- Pour moi ? demanda-t-elle, re-songeant à l’hypothèse de Teal’c.
- Pour vous.
Un léger sourire apparut sur les lèvres de la jeune femme tandis que son cœur se gonflait… Il avait peur pour elle. C’était pour la protéger… Cela voulait donc dire que…
- Pourquoi ne pas me l’avoir simplement dit ?
- Vous dire quoi, Carter ? s’énerva-t-il soudain. Que je n’arrivais plus à me contrôler ? Que j’avais une peur panique de vous voir disparaître ou pire, mourir sous mes yeux ?! Très professionnel, vraiment ! Très professionnel !
Sam ne se formalisa pas du ton sec qu’il venait d’employer. Ce n’était pas contre elle mais davantage contre lui-même qu’il disait cela.
Il continua donc sur sa lancée.
- De quel droit pouvais-je intervenir ainsi dans votre vie ? Et quand bien même je vous en aurais parlé, qu’auriez-vous fait ?
- J’aurais démissionné, dit-elle simplement en haussant les épaules.
Ces mots négligemment lancés lui firent écarquiller les yeux.
- Je vous demande pardon ?
- J’aurais démissionné.
Il la regarda alors comme si elle avait perdu l’esprit, ce qui l’agaça quelque peu. Eh bien quoi ? Qu’avait-elle dit de si étrange ?
- … Je ne peux pas… Vous ne… balbutia-t-il sans la quitter des yeux…
Sam haussa les sourcils, attendant patiemment qu’il parvienne à formuler une phrase cohérente.
- Je veux dire… finit-il par souffler, vous adorez votre travail et vous faites une carrière exemplaire. Votre avenir est tout tracé. Il est hors de question que vous démissionniez.
- Je peux très bien continuer mes recherches en tant que civil. Je ne dis pas que les voyages interplanétaires ne me manqueront pas mais il faut savoir passer à autre chose, vivre selon ses priorités...
- … Et vos priorités sont ?
Sous les yeux inquisiteurs de son supérieur, Sam sourit en baissant la tête.
- Vous le savez parfaitement, finit-elle par dire en accrochant son regard.
Un long silence suivit cet aveu. Jack se détendit alors et un sourire lumineux vint éclairer son visage. La jeune femme sentit aussitôt son cœur bondir dans sa poitrine.
Il l’avait bien caché, ce sourire là. Elle ne se souvenait pas l’avoir vu un jour. Deux secondes plus tard, Sam le vit pourtant froncer les sourcils.
- Quoi ? demanda-t-elle, angoissée par ses curieuses sautes d’humeur.
Il secoua doucement la tête et frotta son front avec une grimace de douleur.
- Mal à la tête depuis que je suis réveillé…
Sam se mit à rire aussitôt. Elle jeta un œil vers la table et y découvrit en effet un verre d’eau presque vide et une boîte d’aspirine. Elle fit alors les quelques pas qui les séparaient et d’un geste presque hésitant posa ses doigts sur les tempes de Jack.
Il se figea aussitôt, retenant sa respiration.
Ouvrant les yeux, il redressa doucement la tête tandis qu’elle commençait un léger massage de son crâne douloureux. Leurs regards se croisèrent et ils se sourirent, savourant cette soudaine intimité. O’Neill prit alors l’une des mains de Sam dans la sienne et la porta à sa bouche. Le souffle court, elle ferma un instant les yeux, appréciant le contact de ses lèvres sur sa paume… Il l’attira ensuite à lui, avec dans son regard les promesses des plaisirs à venir…
- Tu n’avais pas mal à la tête ? demanda-t-elle alors amusée.
- J’en ai vu d’autres… murmura-t-il contre sa bouche avant de l’embrasser avec passion.
Mais le téléphone de Sam, que la jeune femme avait mis dans la poche de sa chemise, choisit ce moment précis pour sonner, faisant grimacer violemment O’Neill. Il s’écarta aussitôt, la mine contrariée.
- Vous avez osé emmener un portable ici ??
Hébétée par ce cri venu du cœur et le retour au vouvoiement, la jeune femme finit par retrouver ses esprits.
- Je n’étais pas au courant qu’il y avait des règles à suivre, ici aussi ! grogna-t-elle en s’éloignant, faussement vexée.
- Carter… s’excusa-t-il de suite, la croyant sérieuse.
Elle lui fit cependant un clin d’œil et répondit au téléphone.
- Mon Général ?
Jack se raidit aussitôt. Pourquoi d’ailleurs ? Il n’était plus militaire ! Il n’avait donc rien fait de mal !
- C’est urgent ?... Pas encore, Mon Général mais j’y travaille…
A ces mots mais plus encore devant le regard espiègle de Sam, O’Neill haussa un sourcil amusé.
- Je pense pouvoir le faire changer d’avis d’ici… une heure.
Outré, Jack posa aussitôt ses poings sur ses hanches ! Une heure… ! Non mais !
- Oh, euh… balbutia-t-elle devant les grands gestes que lui faisait Jack… Mettons deux heures...
« Deux heures ?? » réalisa-t-elle alors, un violent frisson la parcourant de la tête au pied.
- Très bien, Mon Général... finit-elle enfin après avoir écouté celui-ci quelques minutes, le regard fixé sur ses pieds nus afin d’éviter de songer à ce qui l’attendait...
Lorsqu’elle raccrocha, Sam se tourna en souriant vers Jack mais se figea aussitôt. Il regardait la jeune femme avec gravité, une main devant la bouche, signe qu’il réfléchissait à quelque chose de peu réjouissant.
Elle posa donc son téléphone sur la table à côté d’eux puis s’avança jusqu’à lui. Silencieuse, elle attendit patiemment qu’il lui parle.
- Vous allez vraiment démissionner ? demanda-t-il enfin, sans trop y croire.
Sam se détendit aussitôt et lui sourit doucement en hochant simplement la tête.
- Vous n’avez pas peur de regretter votre choix ?
Elle fut surprise de voir à quel point il n’avait pas confiance en lui. Il attendait sa réponse, comme suspendu à ses lèvres.
- A vous de ne jamais me le faire regretter... dit-elle alors, un sourire taquin sur les lèvres, tandis qu’elle enroulait ses deux bras autour de la nuque de Jack.
Les yeux de ce dernier se mirent à briller et il la serra contre lui. A la lueur de son regard, elle s’était attendue à une étreinte sensuelle mais elle fut au contraire sans ambiguïté, chaude et rassurante. Elle eut cependant la curieuse impression que c’était lui qui avait besoin d’être apaisé, aussi l’enlaça-t-elle avec encore plus force. Il gémit aussitôt, la tête enfouie dans son cou. Elle sentit alors tout son amour, sa crainte désespérée de la perdre et son coeur se gonfla de bonheur. Il l’aimait. Il n’avait pas besoin de le dire, elle le savait. Inévitablement, sous l’émotion, ses yeux s’embuèrent et elle eut toutes les peines du monde à ne pas pleurer.
Il redressa légèrement la tête et ses mains tirèrent doucement sur le tissu du vêtement de Sam...
- Alors... Cette chemise... murmura-t-il contre son oreille, la faisant frissonner. Voyons ce qu’il y a dessous...
La jeune femme rit doucement, tandis que son pouls s’accéléraient au fur et à mesure que les mains de Jack descendaient vers le bas de son dos.
- Mmmmm... Rien... grogna-t-il, ne rencontrant aucune présence de sous-vêtement sous ses paumes. Depuis que tu es descendue, je me demandais...
Tout à coup, sans crier gare, elle se sentit basculée en arrière et Jack la prit dans ses bras.
- Mais, que... ?
- Chut ! On n’a que deux heures ! Faut pas traîner ! maugréa-t-il alors en se dirigeant d’un pas vif vers les escaliers.
Sam éclata de rire devant la mine faussement sérieuse de son amant tandis qu’il montait maintenant les marches quatre à quatre avec son précieux fardeau.
- Jack ! s’exclama-t-elle alors qu’il refermait du pied la porte de sa chambre.
Lorsqu’il en ressortit, ils avaient une demi-heure de retard sur le programme initiale et la jeune femme arborait un grand sourire, à la plus grande satisfaction de Jack... Ben quoi ? C’est toujours bon pour le moral, non ? Pas si vieux que ça, hé !
Il était près depuis quelques minutes déjà et regardait Sam s’activer dans la chambre avec un plaisir non dissimulé. Combien de fois avait-il rêvé la voir dans cette pièce, dans cette maison... ? Il la regarda lasser ses chaussures, jeter un oeil autour d’elle à la recherche de je ne sais quoi et finalement se tourner vers lui.
- Quoi ?
- Rien...
- Dis-moi !
Jack hésita quelques secondes puis finit par sourire.
- Je me disais que cette maison était belle avec toi à l’intérieur...
Sam cessa de respirer sous l’émotion, puis un sourire immense vint éclairer son visage. Elle s’approcha de lui et posa doucement sa tête contre son torse.
- Tu as d’autres gentilles choses comme ça en réserve ?
- Mmmm... Une par jour, c’est pas mal pour commencer... maugréa-t-il en la prenant dans ses bras.
La jeune femme rit doucement puis se mettant sur la pointe des pieds lui effleura doucement la bouche. Jack voulut naturellement accentuer l’étreinte mais elle se faufila comme une anguille hors de ses bras et descendit précipitamment les escaliers pour rejoindre le salon.
- Sam... entendit-elle grogner derrière son dos.
- On est en retard !
- Je m’en contre-fout, moi !
La jeune femme attrapa alors son portable, le mit dans sa poche et sortit précipitamment du chalet évitant Jack qui essayait de l’attraper au passage.
- Carter !! S’exclama-t-il, outré tandis qu’il prenait ses clefs de voiture et qu’il sortait à son tour.
- Eh ! Je ne suis plus sous vos ordres ! ... Tes ordres ! se reprit-elle aussitôt.
Les habitudes n’étaient pas faciles à perdre... songea-t-elle en ouvrant la portière de sa voiture.
- Tu n’as pas encore donné ta lettre de démission ! Je peux faire ce que je veux de toi !
- Mais toi, tu l’as donnée ! Tu n’es donc plus Colonel pour le moment !
- On en reparlera lorsque je serai « Brigadier Général ». Excusez du peu ! déclara pompeusement Jack tout en s’avançant vers elle... Du moins si c’est toujours d’actualité.
- Je vois mal Hammond me mentir !
Il s’arrêta en face d’elle et lui sourit tendrement, conscient que la seconde suivante, Sam rougirait aussitôt.
- Tu le fais exprès, maugréa-t-elle les joues en feu.
- Un peu, répondit-il en s’approchant davantage de son visage.
Elle pouvait à présent sentir son souffle contre ses lèvres, les effluves de son eau de toilette... Il était si près que leurs bouches se frôlaient, la faisant gémir par anticipation. C’est donc avec un sentiment horrible de frustration qu’elle le vit s’écarter, une lueur amusée dans le regard.
- Nous sommes quittes ! dit-il simplement avant de la laisser en plan pour se diriger vers sa propre voiture.
- Jack ! s’exclama-t-elle alors furieuse, avant de réaliser qu’elle avait la même réaction que lui cinq minutes auparavant...
Elle allait devoir faire attention à ce qu’elle faisait. Il n’était pas homme à se laisser faire sans réagir.
- On se retrouve à la base ! dit-il alors en agitant la main, le sourire aux lèvres, avant d’entrer dans sa voiture et de refermer la portière derrière lui.
Oui, très attention... soupira-t-elle sans pour autant s’empêcher de rire doucement.
Plusieurs heures plus tard, ils arrivèrent quasiment en même temps dans le parking réservé aux membres du SGC. Jack attendit la jeune femme devant le premier poste de sécurité et ils passèrent ensemble les contrôles. Une fois dans l’ascenseur, ils se firent face et se fixèrent en silence pendant quelques minutes.
- Etrange, dit-elle au bout d’un instant.
- Qu’est-ce qui est étrange ?
- Toi.
Il haussa les sourcils.
- Pourquoi ?
- Il n’y a pas de caméras dans cet ascenseur. J’avais pensé que tu en profiterais...
Jack sourit en plongeant les mains dans ses poches, comme si elles le démangeaient soudain.
- Je ne fais rien parce que je sais que je ne pourrais pas finir... Et je sais ce que c’est que d’être frustré. Ça fait sept ans que je le suis... Enfin... Mis à part hier soir et ce matin... finit-il avec un clin d’oeil.
La jeune femme sourit à son tour et s’appuya contre la paroi de l’ascenseur, les mains nouées derrière le dos. La bouche soudain sèche, Jack se racla la gorge.
- Mais ça peut s’arranger si tu en as vraiment envie...
Ils se regardèrent en silence, tandis que la tension montait d’un cran.
- Tu veux que ce soit moi qui déclenche les hostilités ? demanda alors Sam, amusé.
- Ça me plairait assez...
Nouveau silence.
La jeune femme se redressa alors et le coeur de Jack fit un bond dans sa poitrine. C’est à ce moment précis que l’ascenseur s’arrêta. Ils regardèrent l’étage où ils s’étaient immobilisés et constatèrent qu’ils n’était pas encore arrivés... Croyant à l’intervention du destin, ils se tournèrent l’un vers l’autre mais à leur plus grand désespoir, les portes s’ouvrirent soudain livrant passage à... Daniel.
- Ah ! Sam, Jack ! J’avais oublié un bouquin dans ma chambre, expliqua le jeune homme inutilement en leur montrant le dit livre.
En effet, ils étaient au niveau des quartiers... Le docteur Jackson replaça négligemment ses lunettes sur son nez puis jeta un coup d’oeil scrutateur vers ses deux amis. L’ascenseur reprit sa lente descente…
- Ca va mieux, vous ? ... Hier, c’était pas la forme...
O’Neill soupira de frustration... Encore elle... Saleté de frustration...
- Ca va, merci Daniel, répondit-il au bout d’un instant, agacé.
Sam sourit confusément en baissant la tête. La situation était vraiment étrange. Tout était familier. Daniel, l’ascenseur... le Colonel O’Neill... Mais voilà. C’était différent maintenant. Elle était avec « lui ». Jetant un oeil à la dérobée vers son supérieur, elle croisa son regard plus que chaleureux et se sentit rougir violemment. Elle l’entendit, aussitôt, essayer de réprimer un rire qu’il transforma rapidement en toux, aussi, agacée à son tour, elle lui lança un regard noir et reporta son attention sur Daniel. Celui-ci n’avait pas perdu une miette de cet étrange échange.
Certes, il lui manquait des données pour comprendre ce qui venait vraiment de se passer sous son nez mais peu importe. Apparemment, les choses s’étaient plus ou moins arrangées entre eux... Pour combien de temps, il ne savait pas mais au moins, cela éviterait peut être des tensions lors de leurs prochaines missions...
- Vous arrivez juste attend, au fait. On a eu des nouvelles de SG3, il y a dix minutes. Nous allons pouvoir intervenir dès leur retour.
- Le Général Hammond a juste eu le temps de me faire un petit topo au téléphone avant que nous arrivions, acquiesça Sam.
Dieu merci, Daniel ne releva pas le « nous arrivions » qui pouvait être compromettant, songea Jack, amusé malgré lui par la situation.
- Sam, j’aurais besoin de votre aide, d’ailleurs, pour préparer le Briefing...
- Carter et moi-même devons voir le Général en arrivant, coupa O’Neill tandis que les portes de l’ascenseur s’ouvraient mais cette fois-ci au bon étage.
Inquiet, Daniel regarda ses deux amis.
- Oh... Rien de grave, j’espère ?
- Des changements...
- Oh... répéta le jeune archéologue, au bout d’un instant... Tenez nous au courant...
Jack sourit et tapota l’épaule de son ami.
- Vous serez le premier à savoir, déclara-t-il, une lueur amusée qui démentait cette affirmation.
Le Docteur Jackson ne fut pas dupe et s’engouffra dans un des couloirs en maugréant.
- Vous êtes dure avec ce pauvre Daniel, Mon Colonel...
Jack sourit en croisant le regard taquin de la jeune femme. Heureusement qu’ils n’étaient censés jouer cette comédie que peu de temps... Leurs regards les auraient rapidement trahis...
- Bah ! Il adore ça !
Sur ce, ils se dirigèrent d’un pas décidé jusqu’au bureau du Général Hammond. Lorsqu’ils entrèrent de concert après y avoir été invités, celui-ci redressa la tête et sourit.
- Ah ! Vous me l’avez finalement ramené ! Merci Major.
Puis prenant dans l’un de ses tiroirs la lettre de démission de Jack, il la tendit à celui-ci.
- Tenez, Colonel. Et jetez-la, par pitié !
O’Neill la prit amusé puis la glissa dans sa poche.
- Je n’y manquerai pas, Mon Général.
- Le Major Carter vous a mis au courant pour votre prochaine promotion ?
- En effet, Monsieur. Je vous en remercie.
Hammond acquiesça simplement, un sourire satisfait sur les lèvres.
- Je préfère choisir mon remplaçant. Vous le méritez, Jack.
Sur ces mots, il replongea la tête dans ses dossiers.
- Le briefing est dans une demi-heure. Rompez.
Un silence se fit alors sans qu’aucun ne bouge... Surpris, Hammond finit par se redresser.
- Eh bien ?
Sam se racla la gorge et fouilla dans sa poche. Elle tendit d’une main hésitante une enveloppe au Général qui la prit sans la quitter du regard.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-il avant de lire l’intitulé...
Aussitôt son visage se ferma.
- C’est une plaisanterie ? déclara-t-il sèchement, n’appréciant visiblement pas l’humour de la situation.
- ... Non, Mon Général... Je souhaiterais démissionner.
Incrédule, celui-ci fit glisser son regard vers Jack puis de Jack il revint vers Sam. Sentant monter en lui une migraine carabinée, il frotta son front d’une main fatiguée.
- J’avoue ne pas comprendre... soupira-t-il exaspéré. Pourquoi voulez-vous démissionner ? Et vous Colonel ? Vous ne dites rien ?
O’Neill se racla la gorge.
- En fait... Il y a une raison à cela... Nous avons décidé... commença-t-il en agitant la main pour faire le lien entre lui et Sam, tous les deux, de... enfin de...
Devant l’expression d’incompréhension totale et la mine de plus en plus sombre de son supérieur, Jack finit par se tourner lâchement vers le cerveau du groupe.
- Carter ?
Jetant un regard noir vers lui, Sam finit par s’adresser à Hammond :
- Ce que le Colonel essaie de vous dire, de façon cryptée, fit-elle grinçante, c’est que... nous avons décidé de nous ... mettre ensemble... Mon Général.
Ces mots dits sans détours firent un drôle d’effet à Sam. C’était la première fois peut être qu’elle réalisait ce que tout cela impliquait. Ils étaient vraiment ensemble. Impossible de faire marche arrière. Et de toute façon, elle n’en avait aucune envie. Mais l’impression ressentie était franchement curieuse.
Elle croisa alors le regard chaleureux de Jack, lui sourit puis se tourna vers son supérieur, resté silencieux jusqu’ici. S’attendant presque à des récriminations, au mieux à de l’ahurissement, ils furent tous deux surpris de voir Hammond ouvrir simplement l’enveloppe afin d’en vérifier son contenu.
- Très bien. Démission acceptée, Major.
Puis redressant la tête, il leur sourit.
- J’étais sûr que ça arriverait un jour … Je me réjouis juste que vous n’ayez pas attendu que je sois six pieds sous terre pour ça.
Une demi-heure plus tard, SG1 se trouvait en salle de Briefing et attendait l’arrivée d’Hammond. Un peu nerveuse, Sam demanda le silence et annonça à ses amis son désir de démissionner de l’armée. Les réactions ne se firent pas attendre…
- Quoi ?? s’exclama Daniel aussitôt. Vous plaisantez j’espère !
Mais devant la mine sérieuse de la jeune femme, il comprit rapidement que ce n’était pas le cas et se tourna de suite vers le Colonel, assis en face de Sam et lui.
- Jack ! Faites quelque chose ! Vous ne pouvez pas la laisser faire !
Celui-ci resta cependant silencieux, quelque peu gêné. Il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Après tout c’était plus ou moins de sa faute si elle démissionnait… Il leva alors les yeux vers elle et croisa son regard rassurant. Non… Elle avait pris sa décision après mûr réflexion. Elle ne regrettait rien.
Ils se sourirent.
Cet échange fut suivi par Daniel et son expression changea soudain du tout au tout. Il se tourna de nouveau vers sa voisine en pointant un doigt sur elle.
- Non ??? … Vous ? … Et lui ?
Devant l’expression incrédule de Daniel, la jeune femme finit par rougir mais se tut. Il se tourna donc vers Jack qui, lui aussi, restait silencieux mais souriait à présent sans détour.
Le docteur Jackson poussa alors un grognement étrange puis Sam sentit soudain une masse lourde et nerveuse l’emprisonner. Un peu déboussolée par cette attaque surprise, la jeune femme finit par sourire et accepter avec plaisir l’étreinte de son ami.
- C’est génial !!!! s’écria-t-il contre son oreille, la faisant grimacer involontairement. Enfin !!!
Il finit par se redresser et s’apprêtait à faire le tour de la table mais Jack se recula aussitôt sur son siège, un doigt pointé vers lui.
- Vous faites ça, Daniel, et vous êtes un homme mort !
A peine avait-il fini sa phrase qu’O’Neill reçut une claque magistrale dans le dos, manquant de lui faire percuter le bureau.
- Aaouuch !!! grogna-t-il sous le choc. Teal’c ! J’ai failli avaler la table !
Imperturbable, le Jaffa, qui jusqu’ici était resté silencieux, souriait à présent.
- Je suis très heureux pour vous, O’Neill !
- Oui, ben, soyez le, mais… moins fort, grogna Jack en se massant l’épaule, faussement bougon.
- Et moi ? demanda alors Sam. Vous ne me félicitez pas ?
Teal’c se tourna alors vers elle, une expression soudain perplexe sur le visage.
- J’avoue ne pas comprendre votre choix. Mais si vous êtes heureuse comme ça, alors… Je suis très content pour vous aussi !
Sam et Daniel éclatèrent de rire, davantage devant l’air outré qu’arborait Jack en regardant son ami, qu’à cause des paroles malheureuses du Jaffa.
- … Non mais… Je rêve !! s’exclama O’Neill en retrouvant enfin l’usage de la parole.
Puis devant la mine soudain souriante de Teal’c, il finit par se détendre.
- Franchement, je préfèrerais que vous évitiez de faire de l’humour. On ne sait jamais quand vous plaisantez…
- C’est tout l’intérêt, O’Neill, répondit simplement le Jaffa.
Sur ce, Hammond pénétra dans la pièce et devant la bonne humeur générale, comprit que Daniel et Teal’c avaient appris la bonne nouvelle. Sans plus attendre, le Briefing commença. Une équipe SG avait été faite prisonnière sur une planète aux mains des Goa’ulds. Il s’agissait donc d’une mission de sauvetage. L’arrivée imminente de SG3 leur permettrait d’avoir un renfort non négligeable.
- Sam et moi resteront près de la Porte, je présume, déclara Daniel, habitué depuis plusieurs semaines à voir Jack mettre la jeune femme à couvert.
Sur ces mots, Carter jeta un œil vers Jack et le vit crisper les mains, s’apprêtant cependant à acquiescer. Ayant déjà pris sa décision, elle se tourna donc vers son supérieur.
- Mon Général ? Je vous demande l’autorisation de ne pas participer à cette mission.
A cette annonce, un silence se fit dans la salle.
- Mais… intervint Daniel rapidement coupé dans son élan par Hammond.
- Puis-je en connaître les raisons ?
Sam croisa tranquillement ses mains devant elle.
- Je pense simplement que la mission a plus de chance de réussir sans moi, dit-elle avec calme.
Hammond la fixa quelques instants.
- Vous avez conscience que c’est votre dernière mission sur le terrain, Major ?
- En effet.
Il hésita encore un peu puis finit par acquiescer.
- Très bien. Mais il nous manque quelqu’un, à présent.
- Je pense que personne ne verra d’inconvénients à affecter le Major Summers à ma place, du moins, pour cette mission. Les autres membres de l’équipe le connaissent bien, ça ne devrait pas poser de problèmes. Et comme il est cantonné à la base parce que deux des hommes de SG2 sont hospitalisés…
- En effet. Colonel ? Etes-vous d’accord ?
Sam se tourna enfin vers Jack et rencontra son regard. Il était pour l’heure, indéchiffrable.
- Colonel ? insista Hammond devant le silence de son second.
Celui-ci finit par retrouver ses esprits.
- Oui, Summers fera parfaitement l’affaire.
- Alors c’est décidé.
Il se tourna vers l’un des hommes en faction.
- Airman, allez me chercher le Major Summers immédiatement.
- A vos ordres, Mon Général.
Pendant ce temps, Jack ne quittait pas la jeune femme des yeux et elle eut toutes les peines du monde à deviner quelles pouvaient être ses pensées. Et en toute franchise, elle n’en avait aucune idée. Il pouvait se montrer si énigmatique parfois.
Lorsque Mike entra dans la salle, il fut rapidement mis au courant de la situation. En apprenant la démission de Sam, il se tourna vers elle, une étrange lueur dans les yeux et la jeune femme ne put retenir un sourire amusé devant la mine sombre de Jack. Il n’aimait pas le regard que Mike posait sur elle.
Quand enfin le Briefing fut terminé, tous s’apprêtaient à se lever mais Hammond les arrêta.
- J’ai une annonce à vous faire. Je vous en parle à vous en premier puisque cela touche SG1 en particulier… Le Colonel O’Neill va être promu au rang de Brigadier Général et prendra ainsi le commandement du SGC. Aujourd’hui est sa dernière mission.
A cette annonce, un silence se fit puis Teal’c prit la parole.
- Mais et vous Général ?
Hammond sourit.
- Je pars en retraite! Je crois l’avoir bien méritée !
Après quelques sourires et acquiescements, tous se tournèrent vers Jack qui gardait encore une fois le silence, les mains sagement croisées sur la table… d’une neutralité inhabituelle.
Comme le silence se prolongeait, il finit cependant par réagir :
- Quoi ?… On ne me félicite pas ?
Daniel sourit.
- Ben vu votre tête, on n’était pas sûr que vous en soyez content…
- Pas content ? … Daniel ! Je vais commander cette base ! Je vais pouvoir faire tout ce que je veux ! déclara-t-il un sourire satisfait sur le visage tout en posant tranquillement ses pieds sur la table.
Hammond se leva alors et, ce faisant, les balaya de la main, manquant de faire tomber son second.
- Vous n’êtes pas encore aux commandes, Colonel ! gronda-t-il, un sourire au coin. Allons ! SG3 ne devrait plus tarder. Allez vous préparer.
Sur ce, tous se levèrent d’un même mouvement mais au lieu de quitter les lieux de suite, Daniel et Teal’c s’approchèrent de Jack pour le féliciter comme il se doit. Mike en profita alors pour s’isoler un peu avec Sam.
- Donc… vous avez démissionné ?
La jeune femme sourit.
- En effet. J’attends juste l’accord officiel de l’Etat Major.
Mike acquiesça et gêné, finit cependant par la fixer avec insistance.
- Puis-je vous demander pourquoi ?
Sam rougit puis se tourna instinctivement vers Jack quelques mètres plus loin. Il riait en tapant l’épaule de Daniel, visiblement ravie de la déconvenue de Jackson. Encore à se chamailler… La jeune femme sentit son cœur fondre. Elle adorait lorsqu’il riait…
Mike suivit son regard et comprit sans qu’elle ait besoin de répondre. C’est cet instant que choisit O’Neill pour se tourner vers eux. Summers et lui s’affrontèrent quelques secondes à peine mais devant l’assurance de ce dernier, Mike finit par baisser les yeux.
Ils étaient ensemble…
- Je vois… murmura-t-il pour lui-même.
Sans un mot, conscient que, perdue dans ses pensées, elle ne répondrait plus à rien, il se détourna et sortit. Sam ne réalisa son absence que quelques secondes plus tard et fut un peu embarrassée. Elle n’avait même pas remarqué qu’il était parti…
Son cœur fit un bond dans la poitrine lorsqu’elle vit Jack s’avancer vers elle, un sourire séducteur sur les lèvres. Comment faisait-il pour la mettre toujours dans tous ses états ? Puis re-songeant à ce qui l’attendait, elle perdit un peu de sa superbe. Elle aurait tout donné pour l’accompagner dans cette mission… Si elle avait refusé c’était uniquement pour lui. Elle connaissait ses peurs et avait parfaitement conscience qu’il ne serait pas entièrement à ce qu’il faisait s’il s’inquiétait pour elle. Il risquerait de se faire tuer… Alors non. Pour cette dernière mission, elle devait le laisser y aller seul.
- Ca va ? demanda-t-il inquiet devant son air grave.
Elle se força à sourire.
- Oui. Je suis juste inquiète…
- Jack ! intervint soudain Daniel qui s’apprêtait à s’engouffrer dans le couloir. SG3 revient ! Il faut qu’on se prépare !
En effet, la Porte venait d’être activée.
- J’arrive !
Puis se tournant vers Sam, il lui sourit, encourageant.
- Je me dépêche. Je te rejoins dans ton labo dans 5 minutes. D’accord ?
La jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Il fallait au moins deux bonnes minutes pour aller jusqu’aux vestiaires et de là-bas trois autres minutes pour aller jusqu’à son labo… Le temps qu’il s’habille… Mais Jack n’avait jamais été très ami avec les chiffres… ni avec la ponctualité, d’ailleurs…
- Ca marche…
Dix minutes plus tard, on toqua à sa porte et le cœur de Sam se serra.
- Entrez.
Elle avait prit soin de fermer son labo pour ne pas être dérangée. Elle n’était pas d’humeur à travailler et n’avait aucune envie de voir qui que ce soit. Sauf lui, évidement.
Il entra et referma la porte. Il était en tenu d’assaut standard, sa casquette dans la poche arrière de son pantalon. Elle savait qu’une fois le Vortex passé, il la mettrait aussitôt sur sa tête même s’il n’y avait pas de soleil…
Il s’approcha doucement d’elle, le visage grave. Etant donné que Sam était encore officiellement dans l’armée, ils n’avaient aucun droit de se toucher et Jack, afin de réprimer une envie qui le démangeait, finit par enfoncer nerveusement les mains dans ses poches. Combien de fois avait-il eu ce geste lorsqu’elle s’était trouvée à portée de lui… Il était sûr qu’elle ne réalisait même qu’elle en était la principale raison.
- … Je te remercie… murmura-t-il finalement.
Un peu surprise, la jeune femme redressa la tête.
- Pourquoi ?
- De rester ici… Je sais combien cela doit te coûter…
Le cœur lourd, Sam choisit de contempler ses chaussures. Jack leva sa main pour lui redresser gentiment la tête mais, dans un soupir, laissa retomber son bras le long de son corps avant de l’avoir touchée.
- J’ai peur, dit-elle simplement.
- Ça ne devrait pas nous prendre trop longtemps, lui dit-il pour la rassurer.
Sam redressa la tête, agacée.
- J’aurais quand même préféré demander de l’aide à mon père.
- Tu sais bien qu’il n’aurait rien pu faire. Il n’en a plus le droit maintenant…
La jeune femme acquiesçait lorsque une voix métallique retentit autour d’eux :
« SG1, SG3 et SG8 sont attendues en salle d’embarquement de toute urgence ! »
Jack soupira. Il posa une main sur son épaule et la pressa doucement tandis que leurs regards se croisèrent. Sam ne put prononcer le moindre mot, tant sa gorge était nouée. Les poings serrés, elle le vit se détourner puis ouvrir la porte. Avant de sortir il se retourna vers elle et lui sourit. Elle ferma alors les yeux afin de garder cette image précieusement dans sa tête. Lorsqu’elle entendit la porte se refermer, elle s’effondra en larmes.
Pourquoi avait-elle l’horrible impression qu’elle le voyait pour la dernière fois ?
Mais elle savait pourquoi…
C’est lorsque vous possédez enfin ce que vous avez toujours désiré que vous le perdez…
Toujours.
Les minutes s’engrenaient, lentes, désespérément lentes alors que tout allait si vite de l’autre côté de la Porte. En une fraction de seconde, tout pouvait basculer. En une fraction de seconde, la vie d’une personne pouvait être annihilée.
Teal’c était passé la voir juste après le départ de Jack. Lorsqu’il l’avait vue en larmes, il n’avait rien fait mais lui avait juste dit ces quelques mots :
- Je veillerai sur lui.
Cette phrase ne cessait de résonner dans sa tête, encore et encore. Elle avait confiance en Teal’c. Il ferait tout pour qu’il revienne. Mais le pire pouvait arriver si vite…
Elle comprit ce que Jack avait dû ressentir pendant ces cinq mois… L’incertitude, la peur, le doute… Cinq mois. Elle n’avait pas vraiment réalisé à quel point cela avait dû être difficile pour lui. Finalement, c’était peut être lui qui avait le plus souffert.
Elle avait vécu une situation un peu similaire lorsqu’il avait été bloqué sur Edora mais bien qu’elle l’ait aimé énormément il y a 5 ans, ce n’était rien en comparaison de ce qu’elle ressentait à présent pour lui. Chaque jour ses sentiments étaient plus forts… Comment aurait-elle survécu si cela s’était passé aujourd’hui ? … Elle serait devenue folle de chagrin…Morte d’inquiétude…
Quelques minutes plus tard, Janet vint la voir mais elle se refusa à lui ouvrir. Elle n’avait la force de parler à personne. Elle attendait. Encore… Une heure… Une heure dix… Une heure vingt… Une heure trente…
Enfin l’alarme retentit !
Sans plus attendre, elle se remit sur ses pieds et sortit en trombe de son labo. Elle courut dans les couloirs escarpés, indifférentes aux personnes qu’elle bousculait. Arrivée enfin près de la Porte de Etoiles, elle entendit des tirs ricocher sur le mur et grimpa les quelques marches qui menaient à la salle de commande. Hammond était déjà sur place. Il jeta à peine un œil de son côté.
- C’est eux, dit-il simplement.
Son ventre se noua un peu plus et une sueur froide glissa désagréablement le long de son dos. Les mains crispées sur son pantalon, elle se tourna vers la Porte, sursautant à chaque impact de tirs qui s’écrasait sur le mur de séparation.
Enfin quelques hommes passèrent le vortex. C’était SG11 soutenu par SG8. Ils étaient visiblement en très mauvais état mais vivants. Aussitôt, l’équipe médicale fit sont entrée dans la salle, indifférente aux tirs qui sifflaient autour d’eux. Sam sentit son cœur s’arrêter lorsque Janet fut touchée au bras mais insensible à sa blessure, elle continua de donner des ordres et sortit rapidement les blessés.
SG3 passa à son tour le vortex et courut se mettre à l’abri. Ils furent rapidement suivit de Daniel et Mike puis une longue attente commença…
Au bout de plusieurs minutes, perdant patience, Hammond empoigna fébrilement le micro.
- Où sont-ils ? s’écria-t-il.
Le docteur Jackson se retourna vers la salle de commande et haussa des épaules tout en s’épongeant le front, inquiet.
Sam serra les dents, les mains crispées contre le dossier de la chaise devant elle, son regard fixée à la Porte, hypnotisée par cette flaque bleue que rien de venait altérer.
Soudain une légère vague troubla la surface plane, et le cœur battant la chamade la jeune femme vit enfin apparaître Teal’c … qui tenait Jack par le bras.
- Fermez l’iris, tonna celui-ci tandis que son ami le relâchait.
Une fois le vortex rompu, O’Neill se tourna vers le Jaffa.
- Une vraie mère poule aujourd’hui, Teal’c ! gronda-t-il gentiment avant de chercher des yeux la jeune femme.
Lorsqu’il la vit dans la salle de commande, il sourit. Il ne fallut que quelques secondes à Sam, accompagné par Hammond, pour les rejoindre en bas.
- Mission accomplie, Mon Général ! s’exclama Jack en descendant la passerelle, un sourire satisfait sur les lèvres.
- C’est ce que je vois. Bravo. Bon travail.
Pendant ce temps, Sam attrapa le bras du Jaffa qui passait à ses côtés pour aller à l’infirmerie.
- Merci, murmura-t-elle, reconnaissante.
Teal’c inclina simplement la tête…
- Alors Carter ! Vous ne vous êtes pas trop ennuyée sans nous ? demanda Jack en s’approchant d’elle.
Sam sourit, jetant un dernier coup d’œil vers le Jaffa qui s’en allait.
- La routine, Mon Colonel., répondit-elle d’un ton neutre en se tournant vers son supérieur. Du bricolage !
- Vraiment ?… Je suis sûre que vous n’avez même pas pris le temps de grignoter quelque chose.
Voyant déjà où il voulait en venir, la jeune femme lui lança un regard amusé.
- C’est vrai…
- Eh bien ce n’est pas raisonnable, Major, et nous allons y remédier immédiatement !
- Mais j’ai des expériences qui m’attendent, commença-t-elle pour la forme, rapidement interrompu par le doigt levé de Jack.
- Ahh !! C’est un ordre, Carter !
Il se pencha ensuite vers elle, un sourire amusé sur les lèvres.
- C’est peut être le dernier que je vous donne alors laissez-moi ce plaisir…
Comment faisait-il pour avoir une voix aussi… sensuelle… ? se demanda Sam, tandis qu’elle tentait de réprimer un frisson. Et puis il avait une façon de dire le mot « plaisir »…
Se secouant mentalement, la jeune femme finit par se reprendre. Ils n’avaient pas de permissions avant trois jours. Mieux valait-il penser à autre chose !
A cet instant, Hammond passa à coté d’eux, semblant lire dans ses pensées...
- Je vous donne votre soirée, mais retour demain à 8 heures pour le débriefing. Je compte sur vous, Major.
Sur ce, il sortit de la salle, les laissant seuls et abasourdis. Jack fut le premier à réagir.
- Ok ! Bon ! fit-il soudain énervé. Je file à l’infirmerie, je prends une douche et on se retrouve devant l’ascenseur dans 10 minutes !
Sans attendre de réponse, il s’élança dans les couloirs. Sam sourit. Vu le monde à ausculter, elle avait largement le temps de prendre une douche elle aussi et de se pomponner un peu.
Dans un soupir, elle enfonça les mains dans ses poches et se tourna vers la Porte des Etoiles, grande et majestueuse. Elle savait qu’elle aurait l’occasion de la passer encore de nombreuses fois pour des missions scientifiques, alors non, elle n’avait décidément aucun regret… Bien sûr, leur vie à tous les deux comporterait encore quelques risques mais finalement n’était-ce pas ce qui lui donnaient du sel ? songea-t-elle avec plaisir.
Enfin, un sourire sur les lèvres, Sam se dirigea vers la sortie d’un pas joyeux…
FIN
Ouf…. Moi qui voulais faire un petit épilogue… Ah bravo…
Un p’tit mail ?