Citations du moment :
"Les plantes par exemple, qui n'ont pas de mains, et pas d'oreilles,elles sentent les choses, les vibrations , elles sont plus aware que les autres species " J.C. VanDamme
Imagine

L'indicible : Chapitre 3

-Qu’avez-vous éprouvé ?
Sam jeta un regard fulgurant au jeune médecin.
Enfin pensa celle-ci, elle sort de sa torpeur. Jusque là Sam avait parlé comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.
         -Vous voulez savoir ce que j’ai éprouvé ? dit-elle en se levant et en faisant les cent pas dans la pièce. De la honte, une horrible honte. Mais je ne lui a pas donné le plaisir de crier, j’ai serré les dents.
Le médecin hocha la tête
         -Bien, vous êtes très courageuse Sam, ne permettez à personne de vous dire le contraire. Nous avançons. Maintenant vous pouvez me dire le nom du Goa’uld ?
         -Non !
Sam  se mit à trembler.
         -Non !
et elle quitta la pièce en courant.

 

Dans le couloir elle se heurta à Jack qui passait. Machinalement il la prit par le bras.
         -Ne me touchez pas dit-elle rageusement en se dégageant brusquement. Elle partit en courant vers ses quartiers. Elle claqua la porte derrière elle et se laissant tomber au sol, elle pleura longuement.

 

 

10

 

15 mai   5 heures 30

 

Une corne de brume résonna longuement dans la nuit encore profonde. Le son rauque de la conque pénétrait les  tympans mais avait du mal à se frayer un chemin jusqu’au cerveau fatigué des prisonniers .
La journée commençait. Une rude journée de travail dans les cales du bateau à respirer l’air saturé de particules de minerai.
Daniel toussait à fendre l’âme.
         -J’ai les poumons en feu dit-il péniblement.
         -Tenez prenez  un peu d’eau dit Jack en lui tendant la gourde.
         -Je ne veux pas prendre votre part Jack.
         -Ne vous faites pas prier Daniel.
Jack  et Teal’c supportaient beaucoup mieux que Daniel la rigueur du travail. Celui-ci avait vu ses allergies revenir au galop,  il toussait et avait en permanence le nez qui coulait. De plus il était pris d’accès de fièvre qui le laissaient affaibli. Jack et Teal’c l’aidaient dans la mesure du possible à faire sa part de travail, et ils lui donnaient une partie de leur eau.
Le soir avant de sombrer dans le sommeil, ils cherchaient un moyen de s’évader.
         -Il faudrait déjà trouver le DHD dit Daniel.
         -Il est derrière la grande porte que nous n’avons pas pu détruire dit Jack.
         -Comment le savez-vous, on était aveuglé.
         -J’ai aperçu une masse sombre qui correspondait à la forme du cadran dit Jack tranquillement.
         -Il faudrait pouvoir y retourner.
         -C’est malheureusement tout à l’autre bout du bateau, près des quartiers de Nergal.
         -Sam doit y avoir accès peut être, puisqu’elle est avec les femmes.
         -On ne peut pas communiquer avec elle. Vous avez vu ce qui lui est arrivé l’autre jour dit Daniel.
         -Je m’en voudrais toute ma vie de n’avoir pu empêcher ça dit jack sombrement, en évoquant le dos de Sam dénudé et déchiré par le fouet.
         -Ce n’est pas votre faute Jack, c’est elle qui s’est approchée trop près de nous.
         -Daniel a raison, général O’Neill, vous n’êtes pour rien dans les agissements d’un tel monstre.
Jack ne répondit pas. C’était trop dur, il était sur le point d’exploser. Ce n’était pas le moment de les mettre en danger par des colères incontrôlées. Il se contenta de donner un grand coup de pied dans le mur, et s’allongea sur sa couchette.

 

Une fois par jour ils montaient sur le pont. Nergal avait bien été obligé de mieux traiter ses esclaves, ils mouraient si vite qu’il n’avait pas le temps de les remplacer. Il leur avait accordé un quart d’heure au soleil et à l’air frais, et une nourriture un peu plus copieuse. Ce n’était pas bombance, un potage épais enrichi de morceaux de viande et double  ration de pain noir. Ce n’était pas par grandeur d’ âme. Mais rechercher de nouveaux esclaves lui prenait trop de temps. Il avait un besoin urgent de naquadah pour se refaire un vaisseau mère . Il en avait perdu un dans une attaque contre Baal. Il ne souffrait pas de se sentir inférieur. Ce chien puant avait été plus fort que lui, et il avait hâte de prendre sa revanche.

 

Un mois après le début de leur esclavage, les prisonniers se fatiguaient et se ruinaient la santé sur le bateau de Nergal, et ils n’avaient pas l’ombre d’un plan pour s’ échapper et Sam n’ avait pas  encore connu le pire.  

 

 

 

 

11

 

18 août bureau du docteur Morgan. 10 heures 15

 

Sam était retombée dans son apathie  devenue habituelle.
-Comment allez-vous Sam ce matin ? demanda Audrey.
         -Fatiguée, je suis allé dans mon labo, j’avais des expériences en cours, mais je n’arrive pas à me concentrer.
         -C’est tout à fait normal, Je ne vous ai pas déclarée apte à travailler, vous devez vous reposer.
Sam eut un pâle sourire :
         -Vous savez, ce que je fais au labo, ce n’est pas réellement du travail. J’adore ça. Et puis cela me change les idées.
         -Je vois, mais je vous interdis d’y retourner tant que tout cela n’est pas fini.
         -C’est fini docteur ! C’est du passé.
         -Je ne crois pas dit Audrey.
         -Je voudrais tout oublier ! dit Sam en soupirant.
         -Pas encore, vous devez avant vous débarrasser de ce fardeau. Et vous savez bien qu’il n’y a qu’un seul moyen. Si vous enfouissez cela au fond de vous, cela vous rongera comme un cancer. Vous n’avez qu’une seule échappatoire : la parole.
Sam s’était levée,
         -Je peux dit-elle ? en montrant le lavabo.
Elle se lava les mains pour la énième fois de la journée.  Naturellement elle ne comptait pas  les deux douches qu’elle avait pris ce matin.
         -Je me sens sale dit-elle avec un ton d’excuse. Vous  devez trouver cela ridicule ?
         -Pas du tout.  Faites-le, si vous vous le souhaitez. Je n’ai nullement l’intention de vous en empêcher.
Après un instant de silence Audrey reprit la parole :
         -Dites moi sur le bateau, vous logiez près des quartiers du Goa’uld ? Comment  cela se passait-il avec vos compagnes de travail ?
         -Nous étions dix huit dans la même pièce. Nous dormions peu, car le roi exigeait beaucoup de nous. Les journées étaient très longues. Elles commençaient par la préparation du premier repas pour les jaffas et le roi. Ensuite il fallait tout nettoyer, puis faire le ménage des appartements et récurer les ponts et toutes les parties du bateau. Et quand nous avions fini, il était temps de penser au repas suivant, il y avait aussi le linge, la couture… Nous n’étions pas assez nombreuses pour un tel travail qui était épuisant.
         -Parlez moi des femmes qui étaient avec vous.
         -Il y avait Kara, celle qui nous avait donné à boire quand on est sorti de la salle où nous étions prisonniers. Et puis Serana, une autre jeune fille très belle,  une vingtaine d’années peut être. Les autres je ne leur parlais pas.
         -De quoi parliez-vous ?
         -Au début pas grand-chose, puis le travail nous a rapproché, et nos paillasses étaient côte à côte, nous avons beaucoup parlé.
         -Elles étaient là depuis plus longtemps que vous ?
         -Oui Kara était là depuis plus de deux ans et Serana six mois à peu près.
         -Ce sont elles qui vous ont mises au courant pour le travail ?
         -Oui.
         -Vous aviez en charge les appartements du roi ?
         -Oui, tous les matins je devais faire le ménage, nettoyer les meubles et tous les bibelots. Il aimait que tout resplendisse.
         -Aviez-vous accès à sa chambre ?
         -Non ! dit-elle un peu trop fort. C’était interdit !
Nouveau silence que le médecin ne troubla pas. Il fallait laisser du temps à la jeune femme perturbée.
         -Qui allait dans la chambre ? demanda t-elle un moment plus tard.
Sam se troubla, elle bougeait sans arrêt les mains et son front se couvrait de sueur.
Audrey ne la pressa pas il fallait que ça sorte. Elle n’ était là que pour la guider par ses questions. Elle ne devait en aucun cas la devancer ou la pousser dans ses derniers retranchements.
Elle répéta sa question.
         -Simplement Kara et une autre fille dont je ne connais pas le nom.
         -Quel était leur travail ?
         -S’occuper des affaires du Goa’uld. Faire sa chambre, son lit, laver son linge personnel.
         -C’est tout ?
Sam ne répondit pas. On arrivait au cœur du problème et c’était encore trop douloureux.
         -Ce sera tout pour aujourd’hui Sam.  Revenez demain à 15 heures. Mais si vous voulez parler avant n’hésitez pas.

 

Sam restait debout au milieu de  la pièce, elle semblait particulièrement gênée.
         -Je voudrais savoir une chose, ce que je vous dis vous en parlerez au général O’Neill ?
         -Non, je suis soumise au secret médical. Tout ce qui se dit ici, reste entre ces murs. Mais Sam, ne vous faites pas d’illusions,  le général O’Neill a parfaitement compris ce qui vous est arrivée. C’est lui qui vous a ramenée dans ses bras.
Sam pâlit et dut se rasseoir.
         -Ce n’est pas possible, murmura t-elle.
Elle se sentait mal, elle avait chaud d’un seul coup, l’angoisse lui serrait le cœur, elle luttait contre la nausée qui ne l’avait pratiquement pas quittée depuis son réveil.
         -Venez vous allonger Sam.
Le médecin la soutint jusqu’au divan dans l’angle de la pièce.
         -Comment a-t-il su ? chuchota la jeune femme effondrée.
         -Il vous a trouvé sur le lit du Goa’uld baignant dans votre sang.
         -Il vous en a parlé ? dit-elle d’une voix faible.
         -Oui.
Sam ferma les yeux un moment, tout tourbillonnait dans sa tête. Les couleurs, les sons, les images. Et surtout ce terrible goa’uld. Elle entendait encore son ricanement tandis qu’elle se débattait sous lui.
L’idée même que Jack ait compris son malheur renforçait encore sa douleur.

 

Le lendemain Sam parla. Elle déballa tout dans le désordre. Elle dit ses peurs et ses douleurs.
La veille, elle avait passé une nuit blanche immobile au creux de son lit souhaitant disparaître à tout jamais.
C’était dans un demi sommeil qu’elle prit la décision de tout quitter, l’armée et surtout Jack O’Neill. Qu’elle n’ait pas à sentir sur elle son  regard plein de douceur en forme de pitié, cela elle ne le supporterait pas. Il faudrait  qu’elle ait le courage de l’affronter en face pour le lui dire, ce ne serait pas facile. Mais avant il lui restait une chose à faire, la plus cruelle peut être, faire le récit de ces jours terribles au docteur Morgan, revivre l’indicible.
 
 

 

 

 

12

 

 20 Juillet  14 heures 

 

Le bateau filait toutes voiles dehors, la brise était forte et il avançait rapidement. Nergal venait de charger un autre stock de minerai. Les esclaves étaient déjà en train de remplir les wagonnets qui conduirait le précieux chargement dans les cales du vaisseau.
La nuit suivante le navire se mit à tanguer.
         -On dirait qu’on va avoir une tempête dit Daniel.
         -C’est peut être l’occasion que l’on recherche répondit Teal’c.
         -Oui, la surveillance sera relâchée.

 

La tempête enfla comme un ballon. Des vagues se creusaient et le bateau était projeté au sommet, restait accroché tout en haut de la vague et venait se jeter dans le creux de dix mètres, comme si un monstre marin avait secoué tout le bâtiment. Des cris retentissaient tandis que le plancher entamait sa descente infernale précipitant les hommes dans un immense tourbillon où ils disparurent à tout jamais. Il était impossible de tenir debout, le navire craquait de toute part et dans un fracas assourdissant le grand mât se brisa net, s’abattit sur le pont écrasant dans sa chute tout ce qui se trouvait dessous.
Puis la tempête se calma et le bateau tangua un moment encore sur la dernière grosse vague  entama une lente et profonde descente et  après quelques secousses il s’immobilisa, puis se  balança doucement.
Un silence de mort régnait sur le navire quand Teal’c pointa sa tête en haut de  l’escalier en partie détruit qui menait aux soutes.
Jack et Daniel le suivirent.
         -Oh mon dieu dit seulement Daniel devant le spectacle de désolation qui s’offrait à leur vue.
Le pont avait été ravagé, le grand mât sectionné, des flots de tissus détrempés  et épars , des morceaux de bois, tout avait été détruit, c’était un vaisseau fantôme qui s’était immobilisé  au cœur de la  nuit sombre et froide. Des dizaines de corps jonchaient le plancher. Des hommes, mais aussi des femmes.
         -Carter… murmura Jack.
Ils y voyaient à peine. Mais ils s’aperçurent bien vite que le vaisseau était sans maître et qu’il n’y avait plus personne pour le diriger. Nergal était absent.
         -Il faut la trouver dit Jack.
Ils entreprirent le travail macabre de retourner les corps de tous ces pauvres gens morts pour la folie d’un seul. A chaque visage inconnu, ils avaient honte de pousser en eux même un soupir de soulagement.
Elle n’ était pas sur le pont. Jack évita de penser qu’elle était peut être passée par-dessus bord.
Daniel voyant le regard inquiet tourmenté  de Jack essaya de le rassurer.
         -Pourquoi aurait- elle été sur le pont ?  Son travail est dans les cuisines et les appartements.
Ils descendirent difficilement les escaliers et se trouvèrent près de la salle de la porte des étoiles. Le panneau était ouvert et le DHD  n’avait pas l’air d’avoir souffert.
Tout en cherchant ils avaient regroupés les survivants.
         -On ne peut pas les laisser là, ils vont mourir avait dit Teal’c.
Les appartements avaient peu souffert de la tempête. Ils étaient juste en désordre, quelques meubles renversés, et les tapis détrempés par un sabord resté ouvert.
Jack pénétra plus avant dans les appartements. Il alla jusqu’à la chambre de Nergal et ouvrit la porte d’un coup de pied.
Il poussa un cri sourd.
Sam était allongée en travers du lit, sans mouvement, sur la couverture de soie. Une longue traînée de sang coulait sous son corps et gouttait sur le tapis de haute laine blanche.
Jack la prit délicatement dans ses bras, et prit le chemin de la porte.
         -J’ai trouvé ceci dit Teal’c. Il tenait dans sa main le GDO.
         -Daniel faites les coordonnées de la terre  et Teal’c, sur le GDO mon ancien code. Ils comprendront. Vite ajouta t-il.
         -Teal’c : faites passer tous ces gens.
Les rescapés s’engouffrèrent dans le vortex sans se poser de questions, suivis de Daniel. O’Neill ferma la marche.

 

Quelques minutes plus tard ils étaient de retour à la base.
Le docteur Audrey Morgan se souviendrait toute sa vie de la vision du général O’Neill tenant dans ses bras une femme blessée et  vêtue d’une longue robe transparente,  et pâle  comme la mort.

 

 

13

 

20 juillet 15 heures.

 

Ils étaient tous à l’infirmerie. Les médecins s’affairaient auprès de nouveaux arrivants. O’Neill ressortit très vite après avoir laissé Sam entre les mains du docteur Morgan. 
Il  descendit jusqu’à son bureau occupé par le général French qui l’avait remplacé après sa disparition et celle de son équipe.
         -O’Neill, dit French, le médecin vous a déclaré en forme ?
         -Oui à part quelques blessures minimes, je vais bien.
         -Et le colonel Carter ?
         -Elle est dans le coma dit Jack du ton le plus neutre qu’il put prendre.
         -C’est toujours difficile de n’avoir pas pu protéger ses hommes, dit le général qui se rendit compte de la colère et du désarroi de Jack.
         -Vous restez encore un peu avec nous ? dit Jack  sans relever la phrase de French.
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
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