Le sous sol était riche en naquadah, il lui fallait des hommes pour y travailler. Il voulait construire un empire, il voulait se faire adorer de ses sujets, il voulait être l’être suprême, mais pas en écrasant le peuple de sa superbe, mais en lui apportant le bonheur.
Enki n’était pas totalement désintéressé, le bonheur d’un peuple ne lui importait que dans la mesure où il pouvait le servir.
Quand, en l’an 1004 de la terre, il survola pour la première fois cette planète, il sut d’emblée que c’était là et pas ailleurs qu’il construirait son empire.
Il fit venir des ouvriers en grand nombre en les transportant dans ses vaisseaux et en les déversant sur la planète par les anneaux de transfert. Il avait pris soin de leur expliquer le travail à accomplir.
La tâche était immense , il fallait assainir le terrain, creuser pour contenir l’eau des rivières formant ainsi d’immenses lacs. Créer des villes, des villages, puis peupler petit à petit.
Il se heurta très rapidement à de nombreuses difficultés. La plus grande fut de canaliser l’eau qui existait en grande quantité à l’état naturel. D’immenses étendues d’eau douce, parfois saumâtre, de longs fleuves aux deltas marécageux.
Il commença par noyer des vallées pour assagir la virulence des flots. Des barrages disposés de façon adéquate canalisèrent les torrents impétueux et les cascades indomptées. Le paysage définitif prenait forme. Une immense contrée vaste comme un pays avec une végétation luxuriante, beaucoup d’humidité,et un climat difficilement supportable. Une chaleur moite excessive qui collait les vêtements au corps et trempaient les fronts au moindre mouvement.
Pas l’idéal pour réaliser les ambitions de Enki, à savoir se constituer une population de plusieurs centaines de milliers d’habitants, vivant et travaillant au service de leur dieu, et de lui seul
Enki n’ avait pas hésité à sacrifier des générations d’esclaves qui se tuaient littéralement à la tâche et mouraient très rapidement, car le taux d’oxygène de la planète était insuffisant. Trois siècles après le début des travaux le projet piétinait. Seuls les ouvrages d’eaux avaient été réalisés. Il restait tout à faire, tout à bâtir.
Enki enrageait, son projet était-il voué à l’échec ? C’est alors qu’il eut l’idée de faire appel à de grands savants pris sur divers mondes. Il envoya des espions dans les grandes villes de la Terre, également sur Tollana, la planète des Nox, et celle des Furlings. Il enragea car il ne trouva rien sur les Anciens. Curieusement c’est sur la Tauri qu’un jour un de ses émissaires dénicha la perle rare en la personne de Leonardo Da Vinci.
Amboise, château du clos Lucé 1517
Le petit jour se levait sur la rivière au pied du château et une pluie fine noyait le paysage d’un voile gris uniforme. Leonardo Da Vinci malgré son grand âge était déjà au travail. Il dormait peu et passait de longues heures à peaufiner ses théories scientifiques. Il avait griffonné de nombreux croquis lisibles de lui seul. Il travaillait sur un projet d’urbanisme. Une manière révolutionnaire permettant d’améliorer les cités, en fabriquant un matériau dur, ancêtre du goudron rendant ainsi les villes beaucoup plus propres et plus confortables.
Sa servante venait de lui apporter son petit déjeuner qu’il prit distraitement tout en travaillant. Il avait allumé la chandelle fumante car la faible lueur dispensée par le jour gris ne suffisait pas à éclairer sa feuille.
Une vive lumière venue d’en haut lui fit lever la tête , il eut à peine le temps de s’en étonner que le faisceau l’enveloppa et le transporta dans un lieu inconnu.
Tout d’abord il se crut mort tellement ce qui l’entourait était différent de ce qu’il avait connu. Il était dans une pièce toute blanche, nue et immense qu’il en voyait à peine les limites. Il fit quelques pas hésitants et quand il entendit du bruit il s’attendit à voir arriver Saint Pierre. Au lieu de celui-ci un homme apparut, grand et brun, la peau hâlée, avec de longs cheveux noués dans le cou. Il avait revêtu une longue robe rouge richement brodée qu’il portait par-dessus un pantalon blanc avec à ses pieds des babouches de cuir travaillé.
L’homme avait un port de tête majestueux et ressemblait à un prince tel qu’en avait connu Leonardo tout au long de sa longue vie.
Quand il parla il avait une voix étonnamment grave et rauque.
-Prosterne-toi devant ton dieu.
Leonardo ne se laissa pas intimider et ne bougea pas. Il avait connu beaucoup de princes capricieux et celui-ci ne différait pas des autres à ses yeux.
-Où suis-je ? demanda t-il, et qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais vu.
Leonardo avait son franc parler. Son talent et sa valeur étaient reconnus des grands de ce monde. Il pouvait se le permettre et n’ avait jamais eu peur de dire ce qu’il pensait. Il allait jusqu’au bout de ses idées et de ses conviction dut-il en pâtir par la suite.
-Je suis Enki, lui dit l’homme avec l’air de penser que tout le monde le connaissait.
-Excusez-moi insista Leonardo, mais cet endroit ne ressemble à rien que je connaisse. Où sommes-nous ?
-Tu es sur mon vaisseau répondit le dieu avec une certaine impatience, mais en prenant sur lui de ne pas dire son fait à cet insolent.
Il avait besoin des talents du grand savant et savait se plier et modérer son tempérament quand il le fallait.
Le savant italien n’était pas facile à surprendre mais là cela dépassait tout ce qu’il avait vu et entendu.
-Un vaisseau ? une machine volante ? dit-il pas loin de l’exaltation.
-En effet dit Enki.
Tout autre que Leonardo se serait exclamé que c’était impossible, inconcevable, irréel et qu’une telle chose pouvait conduire au bûcher celui qui proférait de telles insanités. Mais pas lui.
-Une machine volante ? je savais que c’était possible. J’ai fait des plans en me basant sur le vol d’un aigle. Cela fonctionne donc ! dit-il comme pour lui-même.
Enki eut un sourire dédaigneux :
-Cela n’a rien avoir avec tes travaux.
-Vous êtes au courant de mes travaux mon prince ? dit le savant d’un air réjoui.
-Oui répondit Enki en souriant malgré lui de l’enthousiasme du vieil homme, c’est pour cela que tu es ici. J’ai un problème scientifique à résoudre, et je pense que tu peux m’aider.
-De quoi s’agit-il ? demanda Leonardo ayant oublié sur le champ l’étrangeté de sa situation.
-Viens je vais te montrer.
Le dieu le conduisit au fond de la salle et là Leonardo réalisa enfin que ce qu’il vivait n’était pas un rêve. A ses pieds un monde de verdure et d’eau, où s’agitaient des fourmis travaillant sans relâche dans la touffeur d’un climat tropical.
Il en resta sans voix.
-Vois-tu, dit Enki, je veux faire de tout cela un endroit vivable pour des centaines de milliers d’humains. Mais j’ai un gros problème, le climat est trop chaud et trop humide . L’air n’est pas assez riche en oxygène, il y a trop de dioxyde de carbone.
-Oxygène ? dioxyde de carbone ? répéta Leonardo. Qu’est ce que c’est ?
-Ce sont des composés de l’air.
Leonardo ne semblait pas comprendre. L’air, c’était de l’air, quoi d’autre ?
-Je ne comprends pas dit-il en se rapprochant de Enki qui lui paraissait être à ses yeux le plus grand savant de toute l’humanité.
-C’est pourtant simple dit Enki, dédaigneusement, l’air est constitué de différents éléments, 21 % d’oxygène, 78% d’azote et 1% de gaz rares. Quand nous respirons nous rejetons du dioxyde de carbone…
Enki continua ses explications avec schéma à l’appui. Leonardo nageait en plein émerveillement , il entrait dans un monde magique qu’il n’aurait jamais soupçonné même dans ses rêves les plus fous.
Quand Enki aborda la composition de l’air de la planète Eridu, Leonardo regarda attentivement les courbes qui s’affichaient sur la console de l’ordinateur de bord. Il ne s’étonnait plus de rien, et passé un premier moment de surprise il avait considéré comme acquise l’incroyable avance technologique de Enki, et il n’était pas loin de le considérer comme un dieu. Un reste d’éducation chrétienne et une vie entière consacrée au service de princes catholiques et de plusieurs papes, l’en empêchèrent.
La courbe de l’air de Eridu était sensiblement différente de celle d’un air idéal pour un être humain. Il y avait moins d’oxygène et un peu plus de ce gaz que les humains et les végétaux rejettent en respirant : le gaz carbonique.
-Qu’attendez-vous de moi demanda le savant exalté de participer à une telle recherche.
Enki ne répondit pas et regarda le vieil homme. Celui-ci était plutôt petit, malingre, les mains déformées par les rhumatismes, mais son large front et ses yeux toujours en mouvement reflétaient sa vaste intelligence. Il parcourait le vaisseau en tout sens, agitant les mains, semblant trouver de l’inspiration dans un pas encore énergique malgré son grand âge.
-Seriez vous capable de modifier la composition de l’air ? demanda t-il finalement
-Oui, je le peux assez facilement, c’est juste une histoire d’enrichissement en oxygène. Mais mon problème vient que cela ne dure pas. L’air redevient aussitôt pollué par cet excès de gaz carbonique.
Leonardo avait du mal à assimiler cette histoire de chimie des éléments. Tout cela était tellement nouveau pour lui. Il demanda à réfléchir un moment.
Enki frappa dans ses mains et une nuée de servantes apparurent qui se prosternèrent devant le dieu.
-Installez cet homme le plus confortablement possible et obéissez-lui en tout.
-Je vous donne jusqu’à demain dit-il simplement.
Leonardo ne put s’empêcher de frissonner tant le regard de Enki était devenu dur et perçant.
Il ne ferait pas bon le contrarier pensa t-il en suivant les petites servantes d’un pas menu. Ses articulations le faisaient souffrir.
Le lendemain on le conduisit devant le dieu. Celui-ci était assis sur un trône et laissa Leonardo à genoux devant lui sans égard pour son grand âge.
-Alors as-tu réfléchi à mon projet ?
Leonardo hocha la tête et eut des mots si étonnants que Enki se demanda s’il ne se moquait pas de lui.
-Le parfum d’une rose se disperse dans la nature, il est beaucoup plus puissant s’il est enfermé dans un espace clos dit le savant.
Puis il attendit.
Des émotions passèrent sur le visage du dieu, de la colère, de l’étonnement, puis un sourire adoucit ses traits, il se leva comme en proie à une grande agitation. Ses yeux s’illuminèrent.
-Je comprends ce que tu veux dire, il faut que j’enferme l’air que j’aurai modifié , pour qu’il ne se disperse pas ? C’est bien ça ? Je pourrais aussi diminuer le taux de dioxyde de carbone, augmenter l’oxygène, mais comment enfermer l’air ainsi obtenu ?
-Un dôme monseigneur, fabriquez un dôme.
L’idée fit son chemin dans l’esprit de Enki. Dans sa magnanimité, il accorda la vie sauve à Leonardo. Son esprit scientifique se rebellait à l’ idée de tuer un tel savant. Et puis le vieil homme n’était pas dangereux. Il le renvoya chez lui aussitôt.
Au château du Clos Lucé, l’inquiétude était à son comble. Personne n’avait vu la lumière si brillante qui transportait en son sein les molécules du grand savant. Da Vinci avait disparu deux jours. Sa servante failli s’évanouir en le trouvant dans son lit ce matin là, profondément endormi.
Le château se réveilla et le retour du maître fut fêté. Chacun supposa qu’il s’était absenté sans rien dire à personne pour un voyage dont lui seul avait le secret.
Leonardo mourut trois ans après ces évènements. Ses nombreux croquis furent retrouvés. Plus tard ils seraient dispersés dans les plus grands musées de l’Europe, Leonardo n’ayant jamais écrit d’ouvrage scientifique complet, simplement des centaines de dessins annotés et cryptés pour n’ être compris que de lui seul.
Ce n’est que quelques siècles plus tard, dans le double fond d’un tiroir de la table de travail du génial savant, qu’un jour on retrouva un croquis griffonné et annoté. L’écriture était quasiment illisible , mais on pouvait admirer un magnifique dessin d’une ville avec des maisons au bord d’un lac et au dessus de ce paysage paisible, on reconnaissait parfaitement un immense dôme. Et dans un angle le nom de ENKI.
Tout le monde se posa la question. Que venait faire un dieu mésopotamien sur un dessin de Leonardo Da Vinci ?
L’énigme ne fut jamais résolue.
L’idée du dôme fit son chemin dans l’esprit de Enki. Mais la réalisation posait de nombreux problèmes. Il fallait en effet faire un dôme ultra léger mais solide, dans un matériau transparent qui laisserait fuser la lumière du soleil. Il laissa passer des dizaines et même des centaines d’années, parcourant la galaxie à la recherche du matériau miraculeux, et introuvable.
Ce n’est qu’au début du 20
ème siècle de la terre qu’il trouva un alliage léger, souple et solide. Le dôme était composé d’une demi sphère légèrement aplatie s’élevant dans le ciel à 2 kilomètres d’altitude dans sa partie la plus haute. Les bords étaient fixés et profondément ancrés dans le sol, dans une zone maritime, si bien qu’une fois à l’intérieur du dôme il était impossible d’en deviner les parois. Une sorte de no man’s land empêchait les voyageurs de s’égarer, et d’atteindre les bords du dôme.
On n’y pénétrait que par des anneaux de transfert situés dans le palais du roi, au centre de la ville de Eridu, du même nom que la planète.
Les premiers habitants furent déportés vers 1920. Au début quelques centaines de personnes qui se développèrent rapidement, construisirent des villes, et cultivèrent les champs. La deuxième génération n’avait connu que la vie sous le dôme sans le savoir. C’était parmi ceux-ci, que Enki recruta ses plus fidèles sujets.
Personne sous le dôme se doutait de son existence. C’était un matériau qui ne demandait aucun entretien, il était imputrescible, indéformable et remplissait parfaitement son rôle protecteur. Le climat était agréable, tempéré, idéal pour un humain, sauf un taux d’oxygène très légèrement insuffisant, obligeant les personnes venant de la terre à recevoir une piqûre par mois d’un composé que Enki baptisa Triox.
5
De nos jours , planète Eridu
Chez le médecin du quartier ou à l’hôpital ? Sam se posait la question ce matin là. Jack était parti à l’aube et après un autre malaise elle avait acquis la quasi certitude qu’elle était enceinte. Ce jour là elle décida de ne pas aller travailler. Elle prit rendez-vous à l’hôpital avec Liena qui avait l’habitude de la suivre depuis son arrivée sur la planète six mois plus tôt.
Son rendez-vous était pour onze heures. Fatiguée, elle se recoucha et plongea aussitôt dans un rêve étrange. Elle était militaire et travaillait dans une base souterraine. Dans son rêve se mêlaient Goa’ulds et destruction de la Terre. Le passage de la porte lui donna l’impression de se jeter dans le vide, et elle hurla au moment où son corps touchait la flaque bleue.
Le cœur battant à tout rompre elle se redressa dans son lit. Le rêve lui collait à la peau, il paraissait si réel qu’elle en ressentait encore une sourde angoisse longtemps après s’être réveillée. La douche ne la calma pas et comme son estomac criait famine, elle se prépara un petit déjeuner copieux avant son rendez-vous à l’hôpital.
Liena la fit attendre un moment. La salle d’ attente était pleine de monde. Elle soupira. Un heure plus tard ce fut son tour. Elle aborda d’emblée le sujet qui la préoccupait.
-Je crois que je suis enceinte dit-elle à la jeune femme.
Celle-ci lui trouva mauvaise mine, les yeux cernés. Sa tension était trop élevée.
Elle lui fit tous les examens nécessaires, mais devant l’air anxieux de Sam elle tâta le terrain.
-Je pense que vous êtes enceinte, le test est positif dit-elle, mais je n’en suis pas sûre à cent pour cent, ajouta t-elle devant l’air inquiet de Sam.
-Vous le saurez quand ? dit Sam précipitamment.
-Demain, quand j’aurai les résultats de votre prise de sang. Mais ajouta t-elle, vous n’avez pas l’air de souhaiter cet enfant ?
-Au contraire, dit Sam, j’en suis très heureuse.
-Alors quel est le problème ?
Sam ne voulut pas parler de ses cauchemars, elle se retint juste à temps, une intuition, quelque chose de vague qui lui donnait à penser que ce ne serait pas prudent et n’apporterait que des complications.
-Tout va bien ? insista Liena. Parce que vous êtes encore dans les délais pour une interruption de grossesse si vous le souhaitiez.
-Oh non pas du tout dit Sam scandalisée. Seulement je n’ai jamais eu d’enfant, et j’ai 37 ans.
Le visage de Liena s’éclaira. C’ était donc ça !
-Vous serez prise en charge, ne vous inquiétez pas, dit-elle d’une voix douce. Nous avons un personnel médical très performant. Et puis vous allez revenir me voir tous les quinze jours pour suivre l’évolution de votre grossesse, vous n’avez aucune inquiétude à avoir.
Sam ne passa pas une très bonne nuit, elle se réveilla plusieurs fois, inquiète. Les résultats arriveraient le lendemain, encore quelques heures à attendre pensa t-elle en se recouchant pour la énième fois.
Jack s’était réveillé.
-Que se passe t-il chérie ?
-Je n’arrive pas à dormir.
-Viens dit-il en souriant.
Elle se précipita dans ses bras, le visage contre son torse, elle appréciait la douceur et la fermeté des bras qui l’encerclaient. Elle se lova contre lui touchant sa peau. Leurs lèvres se trouvèrent dans la semi obscurité, un baiser tout en douceur. Ils restèrent un long moment sans bouger puis Jack chuchota à son oreille.
-Et si tu me disais ce qui ne va pas ?
-Demain, pour le moment c’est trop tôt.
-Tu m’inquiètes ? dit-il en se levant sur coude mais la pénombre l’empêchait de bien discerner les traits de sa compagne.
-Serre-moi bien fort dit-elle seulement.
Elle lui tourna le dos, se coucha en chien de fusil et lui vint se glisser derrière elle et passa un bras autour de sa taille, sa main venant toucher son ventre. Il la tenait contre elle respirant le doux parfum de ses cheveux. C’est ainsi qu’ils s’endormirent.
Le lendemain les résultats arrivèrent. Elle déplia la feuille, le cœur battant, le souffle court. Elle dut s’asseoir tant l’émotion était grande , le rêve de toute sa vie se réalisait : elle attendait un enfant.
La journée de travail passa lentement tant elle avait hâte de retrouver Jack, elle regardait sa montre toutes les cinq minutes. Elle était si distraite que Kenkal s’en rendit compte.
-Qu’est ce que ne va pas Sam ? j’attends les résultats de vos analyses depuis ce matin.
-Les voilà dit la jeune femme en lui tendant un mince dossier. Je viens juste de finir, excusez moi, mais c’était un peu plus long que prévu.
-Bien, dit Kenkal d’un air soupçonneux. Après un dernier regard à la jeune femme il retourna dans son labo.
Sam quitta son travail à cinq heures pile, pas question de faire une minute de plus. Elle avait une grande nouvelle à annoncer à Jack. Elle était cependant inquiète, une sourde angoisse diffuse, qu’elle n’arrivait pas à analyser. Elle pressa le pas. Le temps qu’elle rentre il serait peut être déjà arrivé ?
Jack quitta le commissariat très tard ce soir là. Il maudit le sergent Wilson d’avoir été malade, cela lui avait donné du travail supplémentaire dont il se serait bien passé. Lui aussi avait hâte de rentrer. L’état de Sam l’inquiétait. Elle avait beaucoup changé depuis quelques semaines. Elle n’avait pas reparlé de ses cauchemars, mais il pensait que ses insomnies venaient de là.
Sam était allongée sur le canapé quand elle entendit la clé tourner dans la serrure. Son angoisse s’apaisa d’un seul coup, Jack était là, son rayon de soleil, sa force, celui sur lequel elle s’appuyait dans les moments difficiles. Dès qu’il était près d’elle tout était relativisé, et la vie lui paraissait plus simple.
Elle se précipita , lui sauta au cou, et l’embrassa fougueusement avant qu’il ait eu le temps de dire quoique ce soit.
-Hé chérie ! Il l’éloigna de lui la tenant à bout de bras pour mieux voir son visage. Une lueur brillait dans ses yeux. Elle sourit :
-J’ai quelque chose à te dire, Jack mais je ne sais pas si c’ est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Le sourire se figea sur les lèvres de Jack :
-Qu’y a-t-il ma douce ?
-On n’a jamais dit si on voulait des enfants… murmura t-elle, moi j’en veux, mais toi ?
-Tu es enceinte ? dit-il un peu trop brusquement.
-Oui, souffla t-elle sans le lâcher des yeux. Elle ne put rien lire dans son regard, son visage s’était figé. Il restait silencieux, un silence lourd et terrible qui la mettait au supplice. Elle sentait cet enfant, pourtant encore en devenir , qui pesait dans son ventre comme une pierre et qui l’attirait vers le bas. Le souffle lui manqua, l’émotion et la déception était trop forte, elle se sentit glisser sans pouvoir se retenir. Malgré le bras de Jack qui l’entoura aussitôt , la pièce s’ effaça autour d’elle , et elle se sentit sombrer dans le noir.