-Major !
Sam sursauta
-Mon général
-Votre mission est de détruire le vaisseau d’Hadès, pas de ramener le colonel !
-A vos ordres, mon général.
-Cependant …si….
-Merci mon général coupa Sam avec un grand sourire. Nous ferons sauter le vaisseau et nous ramènerons le colonel O’Neill.
-Soyez prudents SG1, conclut Hammond. Il est sûrement très bien gardé.
-Chevron un enclenché cria le sergent Davis.
Ils devaient atteindre la planète Grenada en passant par P9J765. Là un vaisseau Tok’ra les conduirait jusqu’au vaisseau mère d’Hadès en orbite autour de Grenada.
Sam, Daniel et Tea’lc se tenaient au pied de la rampe. Le général Hammond leur faisait ses dernières recommandations.
-Chevron 2 enclenché
Ils avaient dans leur sac à dos, suffisamment de C4 pour faire exploser une planète entière.
-Chevron 3 enclenché
Sam était dans un état second. Elle ne vivait plus que pour cette mission, détruire le vaisseau, ramener le colonel, surtout ramener le colonel. Elle se raidit sur ses jambes pour s’empêcher de trembler. Elle canalisa ses pensées sur son objectif, elle ne devait pas se laisser dévier par des pensées parasites venues de son cœur, ce n’était pas le moment. Elle releva la tête et attendit que le vortex s’ouvre.
Chevron 4 enclenché
Encore une mission suicide pensait Daniel. Mais pour Jack, il fallait la tenter. Il lui avait sauvé la vie tant de fois au péril de la sienne. C’était d’ailleurs pour les sauver qu’il avait accepté l’inacceptable.
Chevron 5 enclenché.
Ils devaient retrouver Jacob sur P9J765. De là ils auraient une semaine de voyage en hyper espace pour atteindre les abords de Grenada.
Chevron 6 enclenché
Teal’c espérait bien retrouver O’Neill, son ami. Mais il était inquiet de la confrontation, il espérait secrètement qu’ils n’auraient pas à l’affronter directement, car il connaissait son devoir et savait qu’il l’accomplirait jusqu’au bout, quoiqu’il lui en coûte.
Chevron 7 enclenché.
Ils se jetèrent dans la flaque bleutée.
Le vaisseau Tok’ra filait dans l’hyper espace à bonne vitesse. Jacob avait mis le camouflage et ils n’étaient pas détectés par les vaisseaux Goa’ulds qu’ils croisaient. Le voyage fut calme. Sam en profita pour parler longuement avec son père qu’elle ne voyait pas souvent. Ils parlèrent tous beaucoup de Jack, évoquant leurs missions, leurs souvenirs communs, les mots qu’il avait eus, ce qu’il avait fait. Ils rirent beaucoup et pleurèrent aussi. Cela ressemblait à une veillée d’armes, un peu le calme avant la tempête.
Arrivés en vue du vaisseau mère, Jacob ralentit et se positionna juste au dessus. Il n’y avait que quelques personnes à l’intérieur, une dizaine de jaffas qui gardaient le vaisseau de leur Dieu.
Ils se préparèrent, mirent le C4 et les détonateurs dans un petit sac que Sam prit avec elle. Comme armes : des zats et leur P90. Ils ne devaient rester sur le vaisseau que 8 minutes exactement le temps de poser trois charges dans des endroits stratégiques, deux dans la salle des machines, et une dans le poste de pilotage. Les trois charges devraient exploser ensemble de façon à détruire tout le vaisseau. Une fois le compte à rebours enclenché ils n’auraient que deux minutes pour quitter le vaisseau et s’éloigner dans l’hyper espace de façon à n’être pas pris dans la déflagration.
Les trois amis étaient prêts, les anneaux de transfert les déposèrent sur le vaisseau ennemi. Mais rien ne se passa comme prévu, au lieu d’une poignée de jaffas c’était une troupe de plusieurs dizaine d’hommes qui les attendaient.
On leur prit leurs armes, leurs gilets et on les enferma dans la prison du vaisseau.
-Eh ben voilà dit Daniel. Qu’est ce qui a cloché Sam ?
-Je pense que nous avons été mal renseignés.
-Un espion Goa’uld qui aurait infiltré la Tokr’a ! Pas banal ! C’est plutôt dans l’autre sens d’habitude !
-Vous avez raison Daniel Jackson, mais il y a eu Tanit, ne l’oubliez pas.
Le silence retomba. Chacun était perdu dans ses pensées. Ils étaient prisonniers d’Hadès qui maintenant devait savoir qu’ils étaient là. Et Jacob au dessus d’eux qui les attendaient. Ce serait la mort dans l’âme qu’il partirait. Mais il avait reçu des instructions très précises à ce sujet.
Les heures s’écoulaient lentement, puis quelqu’un vint les chercher et dit simplement :
-Le maître veut vous voir.
Ils étaient désarmés, sur un vaisseau ennemi, sur le point de rencontrer le cruel Hadès. On les poussa sans ménagement et ils furent conduits dans la salle de pilotage. Le vaisseau s’éloignait de la planète et une secousse brutale leur indiqua que l’on rentrait dans l’hyper espace.
Hadès lui-même pilotait le vaisseau. Ils le voyait de dos, vêtu d’un pantalon noir avec une large ceinture qui lui amincissait la taille et une veste courte richement brodée comme en portait souvent les Goa’ulds soucieux de leur apparence. Il se retourna d’un bloc, d’un mouvement qui était familier à son hôte. C’était lui, O’Neill, mais son visage était différent, ses yeux brillaient et sa voix rauque était méconnaissable.
Il fit signe à un jaffa qui poussa les prisonniers devant lui, ils se retrouvèrent à genoux. Sam leva les yeux et croisa les siens. Son regard se fit encore plus fulgurant, sa main gauche se leva, la pierre brilla une seconde puis son bras retomba.
-Qui êtes-vous ?
-Jack ! Vous ne nous reconnaissez pas ! Nous sommes vos amis, jeta Daniel avec courage. Il reçut sa récompense sous la forme du rayon qui lui transperça le front.
-J’ai dit : Qui êtes vous ? Et pourquoi êtes-vous venus ? Il semblait en colère, mais une colère froide assez impressionnante.
-Nous sommes là pour faire sauter votre vaisseau dit Sam avec colère et rage.
C’est alors qu’il la regarda, il semblait chercher où il avait vu un regard aussi bleu qui le fixait sans peur.
Il s’approcha et passa sa main sous son menton pour lui relever la tête, elle frémit à ce contact.
-Je te connais toi ! Qui es-tu ?
La voix rauque était insupportable, c’était trop dur de le voir si près, si terriblement changé, ne la reconnaissant pas.
-Réponds moi insista –t il en enfonçant ses doigts dans son menton.
Il lui faisait mal.
-Nous sommes SG1, des Tauris et nous sommes venus pour vous tuer dit Daniel.
Un formidable éclat de rire lui répondit. Hadès les regardait comme s’ils étaient devenus fous.
-Et vous comptiez faire sauter le vaisseau, avec ça ? demanda t-il en montrant le C4 et les détonateurs. Devant eux il y avait leurs armes, les P90, les zats, les talkies, tout leur matériel.
Il prit dans sa main un P90 et l’arma d’un coup sec. Il semblait songeur comme si cette arme lui rappelait quelque chose.
Il tira par-dessus leur tête envoyant une rafale sur les murs du vaisseau.
-Parlez moi de la Taur’i dit-il seulement.
Personne ne répondit. Il n’insista pas, reposa l’arme et il retourna à la console de pilotage. Il appela son prima :
-Emmène la femme dans ma chambre dit-il, et les autres, dit-il en montrant Daniel et Teal’c, tue-les… non, enferme-les, je les tuerai moi-même.
Ils se regardèrent avec désespoir, rien ne se passait comme ils l’avaient pensé. Ils avaient cru bien naïvement ramener O’Neill à la maison, mais c’était sans compter sur Hadès le redoutable Goa’uld, c’était lui pour le moment qui tirait les ficelles. Il valait mieux plier l’échine.
Hadès avait le dos tourné, seul un jaffa était resté dans la salle de commande. C’était lui qui devait les emmener.
Teal’c par un mouvement maladroit sembla glisser et s’empara d’une petite radio Goa’uld qui était restée avec le reste de leur matériel. Tout se déroula en une demi seconde, et le jaffa n’y vit que du feu.
Pendant que ses amis étaient emmenés dans la prison, Sam était enfermée dans la chambre de Hadès.
Elle n’était jamais venue dans la chambre d’un goa’uld, d’habitude ils ne s’embarrassaient pas de ce genre de détails, ils torturaient sur place leurs ennemis, et ne les conduisaient jamais dans leurs appartements privés. Elle fit le tour la pièce. Elle était grande et presque vide. Un grand lit en occupait le centre, et un sarcophage tenait la majeure partie de la place. Il y avait un coffre qu’elle ouvrit, il ne contenait que quelques vêtements. Sam regardait le sarcophage avec angoisse, l’utilisait-il souvent ? Sans doute puisqu’il était placé dans sa chambre prêt à servir. C’était étrange, pourquoi la conduire dans cet endroit ? Une sourde angoisse lui faisait palpiter le cœur, s’il la faisait conduire ici, c’est qu’ il n’ avait pas prévu qu’elle en sorte ! Il avait l’intention de la tuer ! Comme il était sans doute entrain de tuer Daniel et Teal’c. Cette douleur de savoir qu’elle ne reverrait sans doute jamais ses amis ! Mais pourquoi sa chambre ? Oh non ! Il avait peut être l’intention de la … Elle se refusait à cette image d’un homme déchaîné en proie à ses pulsions. Pas le colonel O’Neill ! Ce n’était pas LUI, c’était impossible. Et pourtant il n’avait pas hésité à torturer Daniel avec son arme de poing ! Elle avait du mal à réaliser que O’Neill avait sans doute disparu à jamais, elle se refusait à admettre cela. Il devait bien y avoir une solution. La Tok’ra…
La peur la faisait trembler, elle chercha une issue et n’en trouva pas. Alors elle se laissa aller, assise contre un mur, la tête dans ses mains.
Un chuintement la fit se relever, il était là. Il la regardait. Ses yeux ne brillaient pas. C’était LUI.
Elle se leva pleine d’un espoir insensé, il la laissa s’approcher de lui tout en la regardant au fond des yeux.
-Mon colonel, murmura t-elle ?
-Quoi ?
Sa voix était celle d’O’Neill pas celle du serpent. Il passa une main lasse dans ses cheveux, un geste qu’elle lui connaissait, le geste de l’hôte pas celui du Goa’uld.
-Mon colonel ? Vous êtes là ?
Mais l’instant de grâce était passé, il la prit violemment par le bras et l’attira à lui. Leur visage était à quelques centimètres l’un de l’autre.
-Pourquoi es- tu venue ? Tu veux mourir ?
C’était la voix du monstre, la rauque, celle qu’elle haïssait plus que tout. Elle se reprit, pas le moment de flancher.
-Non je ne veux pas mourir, je veux détruire ton vaisseau, je veux tuer Hadès. Sa voix était dure.
Il se rapprocha, elle le détaillait maintenant, sous sa veste brodée il portait une chemise largement ouverte sur sa poitrine. Elle voyait les muscles qui roulaient sous sa peau brune, il était encore plus bronzé que dans son souvenir. Ses yeux étaient posés sur elle. Elle murmura :
-Mon colonel…
Il leva la main et lui toucha les cheveux, ils étaient debout l’un devant l’autre à quelques centimètres, elle pouvait sentir son odeur, ce parfum d’homme à la fois fort et musqué. De ses doigts elle caressa sa joue. Il ne semblait pas réagir. C’était LUI, mais il était comme absent.
Soudain, Sam vit son regard changer, il devint sombre, plus brûlant.
Il approcha son visage du sien et posa ses lèvres sur les siennes en un baiser vorace. Elle fut surprise de l’attaque, ses lèvres étaient si douces. … Elle frémit de tout son être quand la main de l’homme se glissa sous son tee shirt et remonta jusqu’à ses seins. Alors elle passa ses mains dans le dos de Jack, ses doigts remontèrent jusqu’à sa nuque, plongèrent avec délices dans ses cheveux plus longs, le baiser se fit plus profond, plus appuyé, elle se rapprocha encore jusqu’à coller son corps contre le sien. D’un mouvement brusque, il la cambra un peu plus contre lui afin de lui faciliter ses caresses, brûlant d’un violent et irrésistible désir.
Mais tout à coup, tandis que Sam semblait perdre tout contrôle sur ses sens, il lui arracha son haut d’un geste vif et brutal, la faisant reprendre ses esprits.
! Non ! Il ne faut pas ! C’est le Goa’uld ! Jack n’aurait jamais fait ça ! Non pas comme ça !
Elle ne pouvait rien faire, sa force était trop grande pour elle, elle dut subir cet assaut, elle se révolta, essaya de le repousser, puis lui lança un grand coup de genoux dans le bas ventre. Il hurla et se recula. Ses yeux s’allumèrent et elle crut son heure venue quand il lui décocha un formidable coup de son arme de poing. Elle prit le rayon en pleine poitrine et suffoqua. La douleur était extrême, son cœur sur le point d’exploser. Elle vacilla sur ses jambes, et se vit mourir. Elle tomba. Ce qu’elle ne vit pas c’est qu’il s’était approché d’elle et l’avait retenue avant qu’elle ne touche le sol, il avait sentit son cœur de serrer et il n’avait pu s’empêcher de la rattraper pour la poser doucement, presque tendrement, sur le lit.
Il ne comprenait pas les sentiments qui l’agitaient. Cette femme était une ennemie, il fallait la tuer.
Daniel et Teal’c dans leur cellule mettait au point un plan d’évasion.
-D’abord contacter Jacob, dit Daniel, il pourra nous entendre ?
-Oui, c’est un appareil, longue portée. Mais je suppose qu’il a dû quitter le secteur quand il a vu que nous ne revenions pas.
-Jacob, vous nous entendez !
Grésillements dans l’appareil. Daniel reprit
-Jacob !
-Daniel ! Bon sang qu’est ce qui se passe ? J’ai dû m’éloigner quand j’ai vu que vous ne reveniez pas, dit Jacob furieux.
-Nous avons quelques problèmes ici, et nous avons besoin d’aide.
-Quel genre de problèmes ?
-Et bien dit Daniel, Hadès est sur le vaisseau avec tous ses jaffas.
-Oh ! répondit seulement Jacob.
-Je pense qu’il va falloir faire le ménage dans vos rangs, dit Daniel ironique.
Jacob ne répondit pas à cette phrase mais elle faisait son chemin dans son esprit.
-Et, continua Daniel, il y a beaucoup de jaffas.
-Pouvez-vous faire exploser le vaisseau ? Demanda Jacob.
Daniel ne répondit pas tout de suite. Faire exploser le vaisseau cela voulait dire tous mourir !
-Non, pas pour le moment, Jacob, on nous a pris nos armes et nos explosifs.
-Vous pensez pouvoir vous échapper ?
-Je pense que lorsque quelqu’un viendra nous apporter à manger, ce que j’espère d’ailleurs… Teal’c a prévu un petit comité d’accueil.
-Bon nous restons en contact, dès que vous pourrez rejoindre la salle des anneaux, appelez moi !
-Jacob !
-Oui, Daniel
-Sam n’est pas avec nous.
Jacob ne répondit pas le temps de digérer l’information.
-Où est-elle ? Dit il quelques secondes plus tard.
-Avec Hadès, il l’a emmené dans sa chambre.
Jacob faillit s’étrangler.
-Retrouvez-la, dit-il brusquement. Et contactez moi.
-C’est entendu Jacob. Mais vous savez où nous sommes ?
-Naturellement, je suis derrière vous, je vous ai suivis dans l’hyper espace. Le vaisseau est maintenant immobile près de la planète P9D909. C’est une des possessions d’Hadès. Les anneaux de transfert sont activés depuis un moment déjà, faites vite avant qu’il n’aille à terre avec Sam. Nous ne pourrions plus rien faire.
Le plan fut aussitôt réalisé. Il n’ y avait presque plus de jaffas sur le vaisseau. Beaucoup avaient déjà rejoint la planète. Trouver Sam et la délivrer ne fut pas difficile. Ils récupérèrent aussi leurs armes et le C4 qui n’étaient pas gardés. Pour une raison inconnue Hadès avait envoyé la plupart de ses jaffas sur la planète. C’était le moment pour agir.
-Jacob ! Appela Daniel, Jacob ! Répondez !
-Je suis là, vous êtes libérés ? Sam va bien ?
-Oui, elle va bien, nous avons aussi retrouvé nos armes. Le vaisseau est presque vide, on n’a pas encore vu de jaffas, c’est très étrange.
-Vous pouvez donc accomplir la mission ?
-Nous ferons de notre mieux conclut Daniel.
-Soyez prudents !
Ils avancèrent avec beaucoup de précautions pour ne pas se faire repérer par les jaffas qui auraient pu éventuellement se trouver encore là.
Leurs ordres étaient clairs, faire sauter le vaisseau et mettre Hadès hors d’état de nuire. Sam savait qu’il n’y avait que deux options, le capturer, ou le tuer. Elle pensait qu’il serait facile à capturer car il n’y avait pratiquement plus de gardes sur le vaisseau. Dans la salle de contrôle Hadès était seul avec son prima, il lui jetait des ordres en goa’uld.
Le cœur de Sam battait à tout rompre, son esprit encore parasité par la scène toute récente dans la chambre du roi. Elle s’efforça de respirer calmement, pour ralentir les battements de son cœur. Elle fit signe à Teal’c de placer les charges explosives comme convenu. Puis avec Daniel ils s’approchèrent en essayant de contourner Hadès et son prima pour mieux les surprendre. Mais c’était sans compter sur les réflexes du Goa’uld qui leva aussitôt son arme de poing en direction de Daniel, plus proche de lui. La pierre était rouge signe de mort seule Sam pouvait la voir, Teal’c placé un peu plus loin occupé à mettre la troisième charge de C4, ne vit rien du drame qui se joua en Sam durant une fraction de seconde, le temps qu’elle réalise qu’elle devait le tuer, LUI, son colonel, son ami depuis si longtemps, l’homme qui comptait tant pour elle. Leurs regards s’accrochèrent dans cette ultime seconde précédant le drame devenu inévitable.
Mais cela faisait si longtemps qu’il avait disparu pour eux, ce n’était plus lui maintenant, rien que son enveloppe charnelle, elle ne devait pas hésiter, elle savait où était son devoir, mais c’était un devoir terrible à accomplir, elle dut prendre sur elle-même et de toutes ses forces s’empêcher de trembler, faire taire la douleur, et accomplir l’indicible. Et c’est en le regardant au fond des yeux qu’elle tira. La rafale de P90 fit un bruit assourdissant, libérant aussitôt Daniel de l’emprise maléfique, et elle vit Jack tomber au ralenti, surpris par la douleur et le sang qui coulait. Ses yeux brillèrent une ultime fois et il retomba sur le sol lourdement, perdant la vie par un large trou de sa poitrine. Sam resta pétrifiée, toute son âme hurlant en silence sa douleur, Teal’c la tira de sa torpeur en donnant un coup de zat au prima d’Hadès, puis prenant Sam par le bras il l’entraîna ainsi que Daniel vers les anneaux de transport. Le tout n’avait pas pris trois secondes.
Quelques instants plus tard ils se retrouvèrent sur le vaisseau de Jacob, et juste une minute avant l’explosion ils eurent juste le temps de passer dans l’hyper espace avant que la déflagration ne les atteigne.
*************
Le retour vers la Terre fut silencieux. Mission accomplie mais à quel prix ! Daniel essaya bien de parler à Sam, de la remercier de l’avoir sauvé, mais un regard impérieux le cloua sur place et lui imposa le silence. Qu’aurait-il pu dire d’ailleurs, « merci de m’avoir sauvé la vie en tuant Jack » ! Dérisoire ! Le visage de Sam lui fit peur, il était terrible, un regard fulgurant, une douleur sans nom avait creusé ses traits. Elle avait pleuré, des traces se voyaient sur son visage. De temps en temps une larme coulait encore qu’elle essuyait rageusement. Même Jacob restait muet devant une telle souffrance. Elle refusait toute aide, et quand son père s’approcha d’elle, elle le repoussa.
Au SGC Hammond attendait SG1 dans l’angoisse. Jamais il ne leur avait donné une mission aussi difficile. Mais il savait très bien que Sam n’aurait pas accepté qu’une autre équipe fût envoyée sur le vaisseau d’Hadès. S’il y avait un sale boulot à faire, c’était à elle de le faire, elle était devenue le Chef de SG1, elle avait pris la place du colonel O’Neill, elle agissait comme lui et elle savait où était son devoir. Lui-même ne se serait pas dérobé s’il avait été à sa place. Hammond savait tout cela, et détestait à cet instant le poste qu’il occupait depuis sept longues années maintenant.
- Ouverture non programmée de la porte » hurla le sergent walter Davis.
-Fermez l’iris, dit Hammond.
Les gestes coutumiers ont quelque chose de rassurant, dans ce sens qu’ils calment l’angoisse. Les évènements et les ordres se déroulaient toujours selon le même rituel. La fermeture de l’iris, la reconnaissance du code, l’ouverture de l’iris, la flaque bleutée, le passage ouvert attendant le retour de l’équipe.
Hammond vit son équipe phare descendre les marches comme des automates, avec des mouvements saccadés, et le regard hébété de ceux qui ont vu l’indicible. Cela Hammond le comprit en une fraction de seconde devant le visage décomposé des membres de l’équipe.
Sam alors s’avança et salua de manière impeccable.
-Mission accomplie, mon général, le vaisseau d’Hadès a été détruit, et elle ajouta d’une voix rendue rauque et basse par la douleur, et… j’ai tué… le colonel O’Neill.
Elle se tenait très raide devant Hammond le regard vide, les yeux pâlis d’avoir trop pleuré, d’avoir trop souffert. Elle ne tenait debout que par miracle et par la force de l’habitude, seul son entraînement militaire rigoureux l’empêchait de s’effondrer.
Après la visite à l’infirmerie où Sam ne desserra pas les lèvres, un briefing pénible de quelques minutes ; le général Hammond ne voulant pas questionner trop longtemps son équipe éprouvée ; Sam se retrouva seule dans ses quartiers.
Elle s’effondra sur son lit et là loin de tous elle donna libre cours à son chagrin. Toute sa vie elle reverrait le visage de Jack, l’étonnement et la stupeur dans ses yeux quand la rafale l’avait atteint. A cet ultime instant elle avait vu dans le chaud regard brun de son colonel que c’était lui et non le Goa’uld. Ce regard la hanterait toute sa vie.
La tentation de la mort la tint éveillée toute la nuit. Elle avait gardé avec elle son arme de service, elle mit le canon dans sa bouche, son doigt se crispa sur la détente, mais elle retint son geste à l’ultime seconde.
Seule la rage la maintint en vie cette nuit là, la rage de combattre les Goa’ulds, la rage de les voir mourir, la douleur d’avoir dû le tuer LUI, l’amour de toute sa vie. Elle pouvait bien se l’avouer maintenant, cela n’avait plus aucune importance, mais elle n’avait pas le temps de le pleurer. Son vœu le plus cher : se retrouver un jour devant Perséphone et la faire payer au centuple le crime abominable qu’elle avait dû commettre.
Puis quand elle estimerait sa tâche accomplie, elle partirait à son tour le rejoindre.
Elle trouverait son destin d’une autre façon, ce ne serait pas trop difficile, il y avait assez de jaffas dans la galaxie pour accomplir l’œuvre de mort.
Elle sécha ses larmes, durcit son cœur, et le matin, quelques heures après la mort de celui qui était tout pour elle, elle était prête à accomplir à nouveau son devoir. Sam se fit une promesse avant de partir définitivement le retrouver, elle ferait le plus de dégâts possible dans les rangs des Goa’ulds.
Les quelques semaines qui suivirent furent éprouvantes pour tout le monde. Sam voulut enchaîner les missions. Elle se jeta à corps perdu dans le travail. Quand elle n’était pas sur le terrain elle travaillait à son labo essayant par tous les moyens d’anesthésier sa douleur. Janet était inquiète de son état, et la voyait s’enfoncer petit à petit dans une spirale de violence totalement destructrice.
Toutes les missions de SG1 étaient des succès, Elle prenait des risques insensés, mais allait jusqu’au bout de son devoir et même au-delà. Elle s’étourdissait et s’abrutissait de travail pour oublier que c’était elle qui avait tiré, anéantissant du même coup tout ce qui faisait sa raison de vivre.