En fait sur l’île il n’y avait aucune trace d’elle, ses amies étaient rentrées à la fin de leurs vacances. Puis elles étaient venues à la base prendre leur nouveau poste.
-Daniel, les amies du colonel ? Vous leur avez parlées ?
-Non, Jack, vous m’aviez dit de taire la disparition du colonel, pour tout le monde elle est sur une mission spéciale.
-Et bien faites-le, ou plutôt faites-les venir dans mon bureau.
La réunion était terminée. Les conclusions étaient tombées, scratch de l’hélicoptère dans les eaux de l’atlantique près de la mer des Sargasses. Daniel réfléchissait à toute vitesse en regagnant son bureau. Mais oui, la mer des Sargasses ! Bien sûr, pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il se précipita vers une carte et regarda attentivement la situation de Porto Rico. Maintenant cela lui sautait aux yeux.
Les haut-parleurs grésillaient tandis que la voix de Walter emplissait la base « le major Castillo et le major Melrey sont demandées dans le bureau du général O’Neill »
Claire qui était penchée sur un parchemin, ne réagit pas tout de suite, tellement elle était absorbée par son travail.
Hélène qui se trouvait dans ses quartiers au moment de l’appel se mit à courir dans les couloirs, un peu inquiète. Que voulait le général pour appeler les deux nouvelles recrues ? Claire ne réagit qu’au deuxième appel et elle retrouva Hélène à la porte du bureau. Walter les fit patienter un moment, le général était au téléphone et il semblait en avoir pour un moment.
Un quart d’heure plus tard la porte s’ouvrit sur un général très préoccupé, un pli vertical barrant son front. Il les fit entrer dans son bureau mais ne les fit pas asseoir.
-Vous êtes amies avec le colonel Carter dit-il sans préambule, c’était plus une affirmation qu’une question. Dites-moi quand vous l’avez vue pour la dernière fois.
Elles se regardèrent une demi-seconde et Hélène prit la parole.
-C’était le jour où elle a reçu un appel téléphonique venant de vous, elle a rapidement fait ses bagages et elle est partie.
-Vous l’avez accompagnée ?
-Non, elle est rentrée tout de suite à l’hôtel et nous ne l’avons plus vue.
-C’est bien vous pouvez disposer, dit le général sèchement en leur montrant la porte.
-Mon général, si vous permettez ? On peut savoir ce qui se passe ? Interrogea Claire.
O’Neill soupira et se renfonça dans son fauteuil
-Elle n’est jamais arrivée à la base ce jour-là. En fait le dernier contact qu’elle a eu avec moi, c’est ce coup de téléphone.
-On ne disparaît pas comme ça ?
-Oh vous savez il y a beaucoup de raisons pour qu’une personne disparaisse, surtout quand on travaille dans un projet tel que le Stargate.
A ce moment le téléphone sonna. C’était Daniel.
-Jack, j’ai une idée de l’endroit où se trouve Sam,
-Quoi ! Fit O’Neill plein d’espoir, elle est où ?
-Attendez Jack, j’ai dit que j’avais une idée, je n’ai pas dit que je l’avais trouvée. Donnez-moi une heure le temps de rassembler des documents et tous les éléments que je puisse trouver.
-Je vous donne une demi-heure, retrouvez-moi avec Teal’c dans mon bureau. Il raccrocha sèchement, puis il donna congé à Claire et Hélène en leur promettant de les tenir au courant du sort de leur amie.
Cette demi-heure serait bien longue à attendre. En attendant Walter se présenterait bien avec une foule de choses à faire, probablement ne verrait-il pas le temps passer.
Un coup discret et sa porte et déjà Walter pointait son nez :
-Mon général … Il y a un problème avec ….
Déjà O’Neill n’écoutait plus. Il imaginait Sam au fond de l’océan et cela lui était insupportable, sa gorge se serra. Ne plus revoir son regard bleu, ne plus la voir sourire à toutes ses blagues, même s’il en faisait un peu moins depuis qu’il était aux commandes du SGC, ne plus voir sa silhouette devant la porte des étoiles prête à partir pour l’aventure avec son équipe, ne plus sentir son regard sur lui. Mon dieu comme elle le regardait, comme elle savait le regarder, elle le faisait fondre, alors il jouait les indifférents, faisant celui qui ne voyait rien… Naturellement elle n ‘était pas dupe, et un sourire parfois étirait ses belles lèvres. Mais quelquefois il la faisait rougir quand il posait ses yeux sur elle. Comme il aimait la voir se troubler sous ses yeux, le regard un peu gêné, le teint rosi sous l’émotion. Comme il l’aimait, comme il aurait voulu le lui dire. Maintenant c’était trop tard, peut-être ne la retrouverait-il jamais ?
-Mon général !
-Oui, Walter je vous écoute dit-il en passant une main lasse dans ses cheveux.
Trois quarts d’heure plus tard Daniel était avec Teal’c dans le bureau de O’Neill. Celui-ci avait attendu avec une impatience grandissante. Il ne tenait plus en place.
-Alors Daniel ?
-Est-ce qu’on pourrait aller dans la salle de briefing, j’ai des documents à vous montrer.
-Allons-y dit O’Neill.
Aussitôt installé, Daniel projeta sur l’écran la carte de Porto Rico, et des îles environnantes :
-Voilà ce que j’ai remarqué, vous voyez cette zone qui s’étend à l’Est de la Floride, au Nord de Porto Rico et forme une vaste étendue triangulaire,
Cette zone géographique est également surnommée triangle du diable, et elle s’étend sur 3 900 000 km2 entre les Bermudes, Porto Rico et Melbourne en Floride, elle est située par 55° et 85° de longitude Ouest, 30° et 40° de longitude Nord. Elle est connue pour les nombreuses disparitions inexpliquées de bateaux et d'avions dont elle a été le théâtre.
Jack sursauta :
-Daniel vous êtes en train de nous parler du triangle des Bermudes ? C’est une légende !
-Peut-être ? Dit Daniel mais on ne peut nier qu’il y a là une concordance d’évènements étranges.
Le mystère remonte au milieu du XIXe siècle, poursuivit Daniel. Depuis, plus de cinquante bateaux et vingt avions ont disparu dans le triangle des Bermudes. Le cas le plus célèbre concerne le fameux vol 19. Le 5 décembre 1945, cinq bombardiers américains quittèrent Fort Lauderdale pour une mission d'entraînement. Malgré d'excellentes conditions météorologiques, aucun ne regagna la base. L'hydravion parti à leur recherche disparut tout aussi mystérieusement. On raconte aussi que des bateaux furent retrouvés abandonnés, des aliments encore chauds sur la table, tandis que des avions s'évanouirent sans même émettre d'appel de détresse. Le caractère mystérieux du triangle est renforcé par l'absence d'épave.
-Daniel vous êtes obligé de nous raconter tout cela ?
-Jack, ne soyez pas impatient, oui j’aimerais finir mon exposé, je n’en ai plus que pour une minute.
O’Neill fit un geste de la main et soupirant pour faire signe à Daniel de continuer.
-Le mystère s’épaissit et les disparitions continuent régulièrement et entre 1945 et 1975 plus d'une cinquantaine de bateaux et même un sous-marin atomique, disparaissent tout aussi mystérieusement et sans qu'aucun débris ni corps n'ait été retrouvé. En 1972, le pilote Chuck Wakely vole entre Bimini et Miami. Il croit voir que les ailes de son avion deviennent translucides. En quelques minutes, l'habitacle du pilote est inondé par une lueur étrange et l'appareil change de direction sans qu'il puisse intervenir. La lumière s'arrête et les instruments de bord de se remettent aussitôt à fonctionner. Enfin, en 1975, la vedette côtière Diligence se porte au secours d'un cargo en flammes lorsque sa radio s'éteint brutalement sans raison. L'équipage voit de mystérieuses lumières vertes tomber du ciel. L'enquête ultérieure ne peut, là non plus, donner aucune explication rationnelle à cette panne et à ces phénomènes étranges A l'exception du vol 19, les victimes n'envoient jamais le moindre S.O.S. mais, bien au contraire, affirment souvent peu avant le drame que leur traversée se déroule tout à fait normalement.
Une multitude de raisons sont avancées pour expliquer ce phénomène, poursuivit Daniel, des rayons mortels émanant de l'Atlantide aux enlèvements perpétrés par des OVNI. Des analyses plus rationnelles mettent l'absence d'épave sur le compte des forts courants et de la profondeur élevée des fonds marins, et indiquent que plusieurs des disparitions qu'on lui attribue se sont produites jusqu'à quelque 600 km de cette zone.
Maintenant Si on reprend le trajet qu’a suivi Sam pour rentrer, elle est bien partie de San Juan sur l’île de Porto Rico. Son trajet devait l’amener au sud de la Floride. Elle a donc longé ce triangle dans sa partie Ouest.
-Vous dites que sa disparition est due à ce phénomène, vous allez un peu loin Daniel !
O’ Neill était septique mais l’idée faisait son chemin.
-Et on a retrouvé les bateaux et les avions qui ont disparu ? Demanda Teal’c.
-Non, on a rien retrouvé. Mais tout espoir n’est pas perdu. A la lumière de ce que nous savons sur les mondes parallèles, je pense qu’avec la technologie avancée dont nous disposons, nous pourrions peut-être partir à la recherche d’une faille entre deux mondes et je suis persuadé que allons la trouver.
Ils attendaient que le général se décide, la décision lui appartenait.
-Comment comptez vous procéder Daniel ? Dit-il finalement.
-Il me faudrait les meilleurs scientifiques spécialistes des déplacements spatiaux de façon à trouver cette faille, dit Daniel avec un certain soulagement dans la voix. Il avait eu peur un moment qu’O’Neill trouve son idée totalement farfelue. Cette faille existe sûrement, et peut-être qu’une énigme s’en trouvera résolue, ajouta t-il.
-J’espère qu’elle sera résolue, mais seulement pour nous Daniel, pour le moment du moins. Allez au travail, vous avez carte blanche.
Dans l’autre univers Sam était arrivée à la même conclusion, l’énigme du triangle des Bermudes. Elle était passée à travers une faille qui avait joué le rôle d’un miroir quantique. Seulement dans les fichiers et sur Internet aucune trace d’un triangle des Bermudes dans ce sens, ce qui l’inquiétait beaucoup, pourrait-elle rentrer un jour chez elle, si elle ne pouvait pas passer la frontière entre les deux univers. Elle comptait beaucoup sur ses amis. Elle était sûre que Daniel y avait pensé et avait réussi à convaincre le général.
Le soir même elle demanda à parler au général, celui-ci tout d’abord réticent accepta de la recevoir. Il se composa un masque indifférent et neutre. Sam lui expliqua en quelques mots les conclusions auxquelles elle venait d’aboutir.
-Vous êtes en train de me dire qu’il faut attendre que vos amis viennent ? C’est bien cela dit O’Neill d’un air dur.
-Oui mon général !
-Mais ils pourraient ne jamais venir !
-En effet, c’est possible dans ce cas je reste bloquée ici, car je ne peux rien faire de moi-même, puisque vous n’avez jamais entendu parler de mondes parallèles, vous n’avez pas les instruments nécessaires pour calculer les déphasages, et je suis obligée d’attendre.
O’Neill ne répondit pas, la technique n’était pas son domaine, il y avait d’excellents ingénieurs dans cette base, cependant personne ne valait Sam… Son cœur se serra comme à chaque fois qu’il pensait elle, et voir sans arrêt devant lui la « Sam » de l’autre monde ne l’aidait pas du tout.
-Et si vous aviez accès à tous les ordinateurs ? Cela pourrait vous aider ?
Elle lui fit un grand sourire et répondit en le regardant droit dans les yeux ;
-Oh oui, merci mon général, je commençais à trouver le temps long dans votre base,
Elle sourit de la petite lueur amusée qu’elle vit dans ses yeux.
-Je peux commencer maintenant ?
-Bien sûr, je vais vous montrer où vous installer
-Vous savez mon général, je ne suis pas sûre d’avoir tous les éléments nécessaires, mais je vais essayer.
Daniel et Teal’c se préparaient à partir. Ils seraient accompagnés du major Conrad un spécialiste des déplacements spatiaux temporels. Il avait apporté avec lui des instruments de précisions pour calculer et repérer les différentes phases entre les deux univers. Il fallait localiser le point exact de passage, ne sachant pas si la faille du triangle des Bermudes donnait sur un seul univers ou sur une multitude.
Le major Conrad était un homme peu bavard et il passa la durée du vol à consulter ses notes et ses appareils.
Pendant ce temps à la base Jack restait en contact permanent avec Daniel qui le tenait au courant au fur et à mesure de leur avancée.
-Il y a maintenant de nombreuses fluctuations, dit Daniel, et… pouvoir…ma…
-Je vous reçois un sur cinq Daniel, Allô Daniel ! Vous m’entendez… ? Daniel ! Répondez !
Silence radio. Le contact était coupé. O’Neill essaya de les appeler à nouveau mais en vain.
Voilà, les dés étaient jetés, il n’y avait plus qu’à attendre. En espérant qu’ils ne soient pas perdus eux aussi dans un autre univers.
Le voyage se déroula sans problème, Ils avaient repéré une faille et s’y étaient engouffrés. Ils n’avaient d’autre choix que celui-là, apparemment il n’y avait qu’un seul univers de l’autre côté de la fluctuation. Le major Conrad avait bloqué le dispositif au moment du passage, de façon à faciliter le voyage du retour.
-Et maintenant que fait-on ? Dit Conrad.
-Il faut aller à la base, je pense que nous y sommes attendus, si Sam est bien là-bas, elle a dut aboutir aux mêmes conclusions que nous répondit Daniel.
Quelques heures plus tard ils arrivèrent à la base de Cheyenne Mountain. Dès leur arrivée ils furent conduits auprès du général O’Neill.
-Général O’Neill, nous venons d’une réalité alternée commença Daniel.
-Je sais, je vous attendais, votre colonel Carter m’a tout expliqué, répliqua froidement O’Neill.
Il ne ressemble pas beaucoup à notre Jack pensa Daniel en voyant le pli creusé sur le front de son interlocuteur. Aucune chaleur dans le regard, une voix froide, des ordres tombant comme des couperets. Je n’aimerais pas beaucoup être commandé par cet O’Neill là.
Quelques instants plus tard Sam apparut sur le seuil du bureau du général.
-Daniel, Teal’c, je croyais ne jamais vous revoir !
-Comment savez-vous que c’est nous ? Nous sommes morts dans cette réalité ?
Walter apparut à ce moment à la porte :
-Mon général, il y a un appel de SG7.
-J’arrive Walter.
Et se tournant vers ceux de la Terre :
-Je vous laisse mon bureau. Carter, j’aimerais vous voir avant que vous ne partiez.
-Bien sûr mon général !
-Alors Sam vous allez bien ? Je vous trouve mauvaise mine s’inquiéta Daniel.
-Non moi ça va, je vais pouvoir rentrer chez moi. Mais je suis triste pour lui.
-Pour O’Neill ? Demanda Teal’c.
-Oui, mon double est mort il y a un mois, c’est pour cela que je n’ai pas été prise de convulsions.
-Et… ? Questionna Daniel
-Et bien … j’ai cru comprendre qu’il y avait quelque chose entre eux…
Daniel sourit sans répondre.
-Il faudrait que l’on rentre maintenant, dit Teal’c, je suppose que nos doubles à tous les deux sont vivants ?
-Oui, ils sont partis en mission, mais laissez-moi quelques minutes, je dois parler au général.
-On vous attend dehors dit Daniel.
Sam entendit le général remonter l’escalier.
-Vous allez partir maintenant, n’est-ce pas ? Dit-il d’une voix douce.
-Oui, mon général.
Le cœur de Sam battait à coups sourds dans sa poitrine, elle avait l’impression de quitter quelque chose qui aurait pu être merveilleux pour elle. Mais elle ne pouvait pas rester, elle n’était pas chez elle. Mais lui, que pouvait-il ressentir à ce moment là ? Son regard s’était fait très doux, il voyait « sa Sam », celle qui avait disparu, celle qui ne reviendrait jamais, celle qui avait laissé un vide dans son cœur, une douleur qu’il garderait jusqu’à son dernier souffle.
-Comment est-il votre général ? Lui demanda t-il en hésitant un peu.
Sa question la surprit.
-Il vous ressemble beaucoup, en fait, mais il est peut-être un peu moins ouvert que vous dit-elle en souriant.
-Comment cela ?
-Lui ne m’aurait jamais posé cette question
Un sourire éclaira son visage austère.
-Il parle peu ?
-C’est peu de le dire ! En fait non, il parle, il plaisante, il dit beaucoup de choses, mais sur lui, jamais rien.
-Et entre vous il y a quelque chose ?
Cette conversation était très étonnante, entendre O’Neill parler de O’Neill, des sentiments qu’il pourrait éprouver pour elle. Oui vraiment cet homme là était très différent.
Elle le regarda presque en riant.
-Pourquoi vous riez ?
-Parce que je ne me vois pas du tout avoir une conversation de ce genre avec « mon général »
Il la regardait avec un tel amour dans les yeux qu’elle en fut gênée. Elle détourna le regard.
-Il faut que je parte, mon général… dit-elle d’une voix tremblante.
Il prit une enveloppe sur son bureau.
-Donnez-lui cela à votre « O’Neill » !
Elle mit l’enveloppe dans sa poche.
-Vous n’avez pas eu le temps de « lui » dire adieu n’est-ce pas ? Dit-elle d’une voix douce.
-Non, dit-il dans un souffle, je n’ai pas eu le temps.
Elle leva le bras et passa sa main derrière sa nuque, elle le fit se pencher vers elle, et déposa un baiser sur ses lèvres. Il se colla à elle et la serra de toutes ses forces dans ses bras. Puis il la lâcha.
-Voilà c’est fait maintenant. Adieu Jack dit-elle en reculant.
Il avait fermé les yeux, et c’est la dernière chose qu’elle vit avant de s’en aller, le visage crispé et douloureux de cet homme détruit, elle crut même voir une larme couler et se frayer un lent passage sur sa joue.
Elle partit le laissant seul avec ses souvenirs. Elle pleurait devant la détresse de O’Neill, elle était touchée en plein cœur par ce qu’il vivait, mais elle ne pouvait rien pour lui.
Elle n’en pouvait plus et malgré elle, elle courut dans les couloirs pour prendre les ascenseurs qui la conduiraient à la surface. Partir au plus vite d’ici, avant que la tentation de rester ne l’atteigne et ne l’empoigne ! Peut-être laissait-elle la proie pour l’ombre, mais ici ce n’était tout simplement pas son monde.
-Ah vous voilà dit Daniel, mais que se passe t-il vous avez pleuré ?
-Ce n’est rien Daniel, mais ce n’était pas simple de le laisser seul avec sa douleur.
Le retour fut silencieux, ils passèrent facilement la faille et Sam se retrouva chez elle.
La première chose qu’elle fit fut d’aller voir le général O’Neill. Il fut content de la revoir et l’accueillit avec un grand sourire.
-Alors Carter on se paie des petits voyages maintenant ?
Son rire se figea quand il vit le visage grave de Sam.
-Qu’est-ce qui se passe Colonel ?
-J’ai une lettre pour vous mon général, et elle posa l’enveloppe sur le bureau.
- Une lettre de qui ?
-C’est votre double dans l’autre univers qui vous l’a écrite.
-Vraiment ? Il avait l’air étonné.
-Si vous permettez mon général, je voudrais étudier les différentes phases…
-Carter ! Vous n’avez pas besoin de repos par hasard, après cette expérience ? Je vous ordonne de vous détendre, allez retrouver vos amies !
-Mes amies ?
Il sourit avec indulgence :
-Je ne vous dis rien mais allez donc au mess ! Vous allez avoir une surprise, et puis après une soirée de détente, vous irez dormir ! C’est un ordre Carter !
-Bien mon général.
Après le départ de Sam, O’Neill ouvrit la lettre. Elle était très courte et ne comportait qu’une ligne.
« Ne fais pas l’idiot. La vie est trop courte, tout peut basculer en une seconde. »
Jack O’Neill
O’Neill était en pleine confusion. Des sentiments contradictoires l’envahissaient, tout d’abord la colère, mais qui était-il cet autre pour se permettre de lui donner des leçons ? De quel droit ? Puis un curieux sentiment de jalousie, que lui avait dit Carter ? Il s’était passé quelque chose entre eux, certainement, l’avait-elle embrassé ou peut-être plus ? Est-ce que cet autre n’avait pas une « Sam » dans son monde ? Autant de questions qui le taraudaient.
« Tout peut basculer en une seconde » Qu’est-ce qui peut basculer, la vie ? La mort ? Ceux qu’on aime disparaissent, ça il le savait il en souffrait encore. Cette phrase était une énigme pour lui.
Il avait besoin de réfléchir, il sentait que Carter était au centre de tout cela, sinon « l’autre » n‘aurait pas écrit le mot « idiot » !
Il sourit, c’est vrai qu’il était idiot dans sa vie personnelle, il le savait, mais il avait trop souffert de la mort d’un être aimé, et ça l’avait marqué à vie, et l’empêchait d’aller de l’avant. Lui qui pouvait prendre des décisions de vie ou de mort en une fraction de seconde, était incapable de prendre une décision pour lui-même.
Il ferma la porte de son bureau pour être au calme et dit à Walter qu’il ne voulait être dérangé sous aucun prétexte.
Mais dix minutes plus tard le téléphone sonna
-Quoi ! Hurla t-il dans le combiné
-Mon général c’est le président ! Vous le prenez ?
-Naturellement, je le prends ! Quelle question !
Après le coup de fil du président, Walter revint à la charge c’était SG12 en difficulté sur une planète, puis il y avait eu une inondation dans les douches, cela n’avait pas arrêté de la journée.
En soupirant il avait mis la lettre dans sa poche et s’était consacré aux tâches qui étaient devenues sont lot quotidien. Bientôt SG5 et SG3 rentreraient, ce serait les débriefings, puis il y aurait sûrement d’autres soucis petits ou gros jusque tard dans la nuit. Le débriefing de Carter et de son séjour dans l’autre univers durerait très longtemps et attendrait demain, et il devait se préparer à prendre connaissance de choses que peut-être il n’avait pas envie d’entendre.
Il devait admettre que cette lettre le perturbait. Il n’arrivait pas, ou il ne voulait pas lui trouver un sens.
Il se coucha bien après minuit, et malgré sa fatigue le sommeil ne vint pas. Encore une nuit de fichue. Il se leva le lendemain, pas du tout reposé et la petite phrase de son « double » inscrite en lettres de feu, le taraudait toujours tandis qu’il se dirigeait vers le mess prendre son petit déjeuner.
Le briefing du retour de Sam eut lieu à 8 heures. Elle raconta par le détail ce qui s’était passé, le scepticisme des gens de l’autre réalité qui n’avaient jamais entendu parler de mondes parallèles.
-Vous avez du connaître des moments difficiles Sam dit Daniel.
-En effet, je me sentais bien seule. Mais vous avez connu la même chose Daniel.
-Oui, c’est pour cela que je vous en parle, cette impression d’irréalité, de faire un cauchemar, d’avoir la conscience que l’on rêve et qu’on va se réveiller.
-Oui dit Sam, c’est tout à fait cela.
Puis Daniel et Teal’c expliquèrent au général O’Neill le sauvetage de Sam comment ils avaient perdu le contact radio en passant dans la faille.
O’Neill était attentif, mais ne posait pas beaucoup de questions. Ces histoires de réalités alternées n’avaient pas l’air de l’intéresser beaucoup. Il mit fin rapidement à la réunion.
Daniel était déçu, ils avaient pourtant résolu l’énigme du triangle des Bermudes. Naturellement tout cela devait rester secret et c’était quelque part tout à fait frustrant de ne pouvoir dire et expliquer ce que l’on avait découvert. Cela faisait huit ans que Daniel vivait de cette manière mais il avait quelque fois du mal à le supporter.
Les jours et les semaines passaient, la routine avait repris, les missions, la vie à la base, les week-ends chez les uns ou les autres. Sam avait été très heureuse de retrouver ses amies avec qui maintenant elle pouvait parler de son travail. Elles se voyaient souvent durant leurs congés, et il n’y avait qu’elles pour arriver à faire sortir Sam de son labo. Le général n’essayait même plus. D’ailleurs elle le voyait très peu, juste le minimum pour le travail. Une certaine distance s’était creusée entre eux. Cela s’était fait de manière naturelle depuis son retour. Elle n‘avait jamais su ce que le « Jack » de l’autre réalité avait écrit à son double. Il ne s’était jamais retrouvé en tête à tête depuis. Quand elle le rencontrait elle se contentait de le saluer comme elle devait le faire, il répondait de la même façon. Mais plus de mots gentils ou de regards appuyés, plus rien. Ils s’évitaient.
Sam essayait d’oublier, mais dans ses rêves elle revoyait le visage torturé de l’autre Jack et la façon dont il l’avait serrée dans ses bras. Elle regrettait quelque part d’être revenue.