Citations du moment :
Daniel Jackson?s preliminary electroencephalogram proved anomalous. [Teal?c]
I dare you to say that again. [O?Neill]
Lifeboat
Imagine

L'indicible : Chapitre 4

-Non, je vous redonne votre fauteuil dit French en souriant. Avant je vais vous expliquer tout ce que vous avez manqué.
Les deux hommes travaillèrent  le reste  de l’après midi sur les dossiers puis après une poignée de main  French quitta rapidement la base.

 

 

 

Ce n’est qu’à 21 heures passées que Jack en ce 20 juillet put passer un moment près de Sam.
         -Comment va-t-elle ?  demanda Jack au médecin.
         -Elle a perdu beaucoup de sang.  
         -Elle va s’en tirer n’est ce pas ?
         -Je ne peux pas me prononcer pour l’instant. Je suis désolée mon général.
Silence.
         -Mon général, vous ne devez pas vous en vouloir, vous n’y êtes pour rien, reprit la jeune femme.
         -Je n’ai pas su la protéger dit Jack d’une voix sourde.
         -Vous étiez vous-même prisonnier.
         -Je sais, mais c’est moi qui ai ordonné la mission…
Le docteur ne répondit pas. Il n’y avait rien de plus à ajouter, le général O’Neill devrait vivre avec cela. Le cœur de la jeune femme se serra devant le masque de souffrance que lui présentait Jack à cet instant. Cet homme si maître de ses émotions, durant l’espace de quelques secondes, s’était dévoilé.  

 

         - Et Daniel, comment va-t-il  ?  demanda Jack en se reprenant, il était plutôt mal en point.
         -Il souffre d’une inflammation des poumons, due aux poussières. Mais son état est satisfaisant. D’ici deux jours il sera sur pied.
         -Tant mieux docteur.
Jack  quitta l’infirmerie et se dirigea vers  ses quartiers d’un pas lourd.

 

 

 

14

 

20 août 18 H 45   quartier de Sam.

 

Sam n’était pas guérie, certes elle avait tout dit au docteur Morgan, mais cela ne lui  avait apporté qu’un bref soulagement. Des larmes et des sanglots. Beaucoup de larmes et de sanglots.
         -Dites-moi le nom du Goa’uld, maintenant  Sam, avait-elle dit.
         -Nergal avait murmuré la jeune femme, Nergal avait-elle redit dans un flot de larmes libérateur. Nergal…
Elle ne ressentait plus que du vide, un vide qui l’attirait vers le bas. Elle fut prise de vertiges et s’effondra sur le sol.

 

 

Quelques  heures plus tard elle s’assit devant son ordinateur elle ouvrit le traitement de texte.

 

« Mon général »…
Sa lettre de démission.
 « mon général »… aussitôt le visage viril de son chef se matérialisa à son esprit….
« j’ai l’honneur de vous présenter ma démission pour raisons personnelles »
Elle signa : Samantha Carter.

 

C’était bref mais il faudrait qu’il s’en contente, pensa t-elle. Elle savait qu’elle ne pourrait rien dire de plus. Rien du tout. La honte et le désespoir la submergeaient encore. Comment aurait-elle pu évoquer devant lui cette vie minuscule et innocente engendrée par un monstre et qui avait palpité quelques semaines en elle, avant de disparaître dans un flot de sang ?  Comment raconter son angoisse et sa terreur de se découvrir enceinte ?  Le dégoût d’elle-même qui l’avait empoigné. Non c’était impossible, il n’aurait pas compris. Tout cela elle l’avait craché et vomi au docteur Morgan qui l’avait soutenue pendant tout son combat contre ses démons intérieurs. Mais Jack ne devait en aucun cas savoir tout cela. Il fallait l’enfouir et l’oublier et quoi de mieux que de changer de vie ?  

 

Sa lettre, elle la fit parvenir au bureau du général. Puis elle attendit.
Toute sa vie en stand by, suspendue à cette lettre. Elle s’y raccrochait comme à une bouée et essayait de rassembler les morceaux éparpillés de ce qu’était devenue son existence.
Le médecin lui avait donné la permission de sortir de la base à condition d’y revenir deux fois par semaine pour des entretiens. Même si elle avait tout déballé, elle n’était pas guérie, il lui fallait se reconstruire. 

 

Dans sa maison, elle se sentait étrangère. Elle n’y venait que pour de courts séjours. Elle fit le tour des pièces, une vaste cuisine avec tout le matériel moderne et qui paraissait comme neuve. Un séjour, un petit bureau, sa chambre.
Elle prit une autre douche, et se coucha. Elle avala les médicaments prescrits par le médecin, et s’endormit d’un sommeil lourd et sans rêve.

 

 

 

 

15

 

21 août  12 heures 35, bureau du général O’Neill.

 

La lettre était sur le bureau, il ne l’avait pas encore ouverte. C’était une lettre interne, qui n’était pas passée par le circuit de l’état major. Donc quelqu’un de la base. Tout de suite il pensa à Sam.
Il déchira  l’enveloppe et resta perplexe devant la feuille,
« J’ai l’honneur… »
Sam ! Elle voulait les quitter. Quitter l’armée, mais pour quoi faire ? Une idée horrible se fraya un chemin jusqu’à sa conscience et s’imposa à lui comme une évidence : elle voulait en finir avec la vie.
Mais  non, elle n’aurait pas donné sa démission, elle aurait tout simplement quitté ce monde discrètement, pour qu’on ne la voie pas.
Il ne savait plus que penser et appela Harriman.
         -Allez me chercher le colonel Carter.
         -Elle n’est pas dans la base dit le sergent quelques minutes plus tard. Elle est partie ce matin.
         -Où est-elle allée ? dit O’Neill subitement très inquiet.
         -Chez elle mon général.

 

Il quitta son bureau en coup de vent. Une demi heure plus tard il sonnait à la porte de chez Sam. Jamais il n’avait roulé aussi vite.

 

Il  attendit qu’elle réponde. Personne. Il fit le tour de la maison, la voiture était dans la rue. Il tapa aux carreaux de la cuisine. Il crut voir une ombre passer.
Deux minutes plus tard il forçait la serrure. Sur le seuil il appela :
         -Carter !
Il la trouva recroquevillée sur le canapé, un mouchoir roulé en boule dans sa main.
         -Carter murmura t-il en s’approchant d’elle.
Bien briefé par le docteur Morgan, il évita de la toucher. Elle lui avait expliqué que Sam refusait tout contact physique. Il ne fallait pas la brusquer et que serait  déjà une grande victoire si elle acceptait de lui parler.
Il s’assit sur une chaise près d’elle à une distance respectable. Elle le regarda  d’un air si triste que son cœur se serra. Il avait mal pour elle, il se sentait si coupable. Mais il ne voulait pas le lui montrer. Il lui sourit.
Elle se redressa et murmura :
         -Mon général…
         -Pourquoi Carter ? dit-il en sortant la lettre de sa poche.
         -Je ne peux pas.
Long silence. Mais elle ne semblait pas refuser le dialogue.
         -Mais pourquoi  démissionner ? redit-il.
         -C’est impossible, je ne peux plus faire ce travail. Démissionner de l’armée me semble la meilleure chose.
         -Vous pourriez ne plus aller sur le terrain, c’est possible ça dit-il.  Je perdrais un excellent chef, mais si c’est ce que vous souhaitez, je n’irai pas contre. Mais je pense que c’est un peu prématuré pour prendre une telle décision.

 

Elle avait une mine épouvantable, il ne comprenait pas que le docteur Morgan l’ait laissée sortir. Seule dans cette maison elle devait ressasser tout cela. Il ne fallait pas qu’elle reste seule.  Il le lui dit.
         -Avez-vous une amie ? quelqu’un qui pourrait rester avec vous ?
         -Non.
Cela ne le surprit pas. Sam était une femme très seule dont toute la vie tournait autour de son métier, et dans sa profession, il y avait  une majorité d’hommes.
         -Je ne veux pas que vous restiez toute seule Sam.
         -Ça ne me dérange  pas, dit-elle.
         -Moi, si. Si vous n’avez personne, je vous ramène à la base.
         -Non, je ne veux pas retourner là bas. Les gens me regardent comme si j’étais un monstre.  
         -A la base il y a bien des officiers féminins que vous fréquentez.
         -Vu mon grade monsieur,  toutes sont sous mes ordres. Je suis seule, comme vous dit-elle fataliste.
Il n’y avait pas pensé.
         -Je suis sûr que Daniel pourrait vous aider, ou Teal’c.
Un pâle sourire étira ses lèvres.
         -Non,je ne crois pas. Je vous remercie monsieur, d’être venu dit-elle en se levant .
Elle le mettait à la porte !
         -Carter, dit-il d’une voix douce. Asseyez vous et écoutez ce que j’ai à vous dire.
Docile, elle se rassit. Dans ses yeux aucune lueur. C’était comme si tout cela ne la concernait pas. Il aurait voulu la bousculer pour la faire réagir mais il se domina.
         -Carter, vous venez de passer par une terrible épreuve, je comprends…
Elle le coupa brusquement une colère froide dans le regard.
         -Non, monsieur, vous ne pouvez pas comprendre !
Il se tut. Elle avait raison. Mauvais départ O’Neill. Recommence.
         -Bien Carter, ce que j’essaie de vous dire, c’est que je suis désolé. Je voudrais vous aider, mais si vous ne vous aidez pas vous-même, je ne peux rien faire. Dites-moi ce que je dois faire, Carter !  Vous avez confiance en moi, n’est ce pas  ?
         -Je n’ai confiance qu’en vous mon général. Je vous demande pardon pour mon attitude.
Il avait une envie folle de la prendre dans ses bras,  mais il se retint, ce serait une terrible erreur.
La situation était étrange et Jack choisissait avec soin les mots qu’il employait. Il veillait à ne pas parler du passé. Il fallait aller de l’avant. Elle se leva et alla dans la cuisine, il entendit l’eau couler. Elle revint quelques instants plus tard.
         -Carter, je n’accepte pas votre démission.
Elle se raidit. Il continua  cependant tout en la fixant au fond des yeux.
         -Je vous donne des congés, autant que vous voudrez.
         -Merci monsieur.
         -Si vous ne choisissez pas quelqu’un pour habiter avec vous quelque temps, je vais être obligé de vous l’imposer.
         -A vos ordres monsieur dit-elle froidement.
         -Elisabeth Clark va venir vous tenir compagnie.
         -Pourquoi elle ?
         -Vous ne me laissez pas le choix. Cette jeune femme est infirmière, elle est très compétente.
         -Je ne l’aime pas.
Il commençait à perdre patience. Sam était certes totalement déboussolée, mais il trouvait qu’elle abusait un peu.
         -Ecoutez Carter, c’est elle ou moi.
Imbécile ! qu’est ce que tu as dit ? Tu veux tout gâcher ou quoi ?
Sam s’était levée le feu aux joues. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit de ses lèvres. Ses yeux étaient vrillés au fond des yeux de son supérieur.
         -Qu’est ce que vous avez dit monsieur ? balbutia t-elle au bout de quelques secondes.
Jack soupira. Il l’avait dit, pas question de revenir en arrière.
         -Vous ne me laissez pas le choix, vous refusez tout ce que je vous propose. Alors ce sera moi. Que vous le vouliez ou non.  Et vous avez intérêt à vous remplumer, je vous le jure.
         -Vous ne savez pas faire la cuisine dit-elle légèrement.
         -Détrompez vous dit-il avec un petit rire un peu forcé,  ma grand-mère était une excellente cuisinière et j’ai appris d’elle quelques trucs dont vous me direz des nouvelles.
L’ idée faisait son chemin dans l’esprit de Sam. Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui. Elle résistait cependant.
         -Mais vous ne pouvez pas quitter la base.
         -Je peux le faire si je le veux.  J’ai moi aussi besoin de repos. Je vais accepter le congé que voulait me donner le docteur Crow. Quelqu’un me remplacera.
Sam se traita intérieurement d’égoïste, toute à son malheur elle avait oublié combien ses amis avaient souffert dans les cales du bateau à raffiner le naquadah.  Le visage aux traits tirés de son chef  le lui rappelait.
         -Je suis désolée monsieur, dit-elle.
         -Ne le soyez pas Carter, votre réponse ?
Son visage était impassible.
 Pourvu qu’elle dise oui, pensa t-il.
Sam malgré elle, était émue. L’opiniâtreté  de Jack la touchait. Au fond d’elle-même elle n’en avait jamais douté. Mais elle avait peur, très peur de ce que cela pouvait impliquer. Avoir Jack chez elle.
CHEZ ELLE. Il y a quelques  mois,  elle aurait étouffé de bonheur. Maintenant elle ne savait plus. Cependant la constance et l’amitié de Jack l’aidaient beaucoup. Elle lui en était reconnaissante.
         -J’accepte dit-elle en hochant la tête.
Un grand sourire lui répondit.
         -Je dormirai dans la chambre d’ami. Je vous assure que je ne vous dérangerai pas. Je veux juste veiller sur vous.
         -Merci dit-elle d’une voix tremblante. Merci beaucoup. Mais…
Elle s’arrêta comme en proie à son rêve intérieur.
         -Il faudra être patient avec moi.
         -J’aurai toutes les patiences avec vous Carter, je vous le promets.  Je peux vous laisser seule un moment ?  J’ai quelques coups de fils à passer et chercher quelques affaires chez moi.
         -Allez-y monsieur, je vous attends.

 

Jack revint très vite s’installer chez Sam. Elle lui montra la chambre. Malgré tout elle était contente de  ne pas être seule dans sa maison.
 Il n’y avait rien dans les placards, juste des pizzas surgelées dans le congélateur. Ils firent une petite dînette silencieuse, sur un coin de la table de la cuisine.
Sam n’avait pas faim et chipotait dans son assiette.
         -Mangez fit Jack en reposant sa fourchette sur son assiette vide.
         -Vous voir manger me nourrit, excusez moi dit-elle, en  se levant.
Jack aurait pu se vexer, mais il sourit seulement.
         -Sam, revenez. Il faut manger.  Vous avez perdu énormément de poids.
         -Je n’ai pas faim du tout mon général.
         -Arrêtez de me faire du « mon général » à tout  bout de champ. On n’arrivera à rien. Appelez moi Jack.
         -Si vous voulez dit-elle indifférente.
Jack soupira. Ce n’était pas gagné, la cohabitation n’allait pas être facile.
         -Je vais me coucher dit-elle. Excusez-moi.
Elle revint dans la pièce.
         -Il n’y a qu’une seule salle de bain, mon général. Vous pourrez y aller quand j’aurai fini.
         -Bien, bonne nuit, Sam.
         -Bonne nuit, mon général.
Il resta seul dans la cuisine. Sam avait à peine entamé sa pizza. Il pensait que ce serait difficile mais pas à ce point. Elle était totalement fermée, pourtant le docteur Morgan lui avait dit qu’elle allait beaucoup mieux. Elle refusait même de l’appeler Jack.

 

Une heure plus tard, l’eau de la douche coulait encore. Il eut peur qu’elle ait fait un malaise.
         -Sam cria t-il à la porte de la salle de bain, ça va ?
         -N’entrez pas cria t-elle à travers la porte.  Elle se couvrit d’une immense serviette blanche.
         -Non, n’ayez pas peur, je m’en vais,  Mais je trouvais que vous étiez très longue.
         -Dégagez le couloir, mon général, je vais sortir.
Le cœur serré, il fit comme elle le voulait et rentra dans la cuisine. Il trouva une bière dans le frigo, et s’assit sur la terrasse pour la boire. Il était découragé, et se demandait s’il n’avait pas eu tort de vouloir prendre la place d’une spécialiste pour s’occuper de Sam. Mais il n’allait pas renoncer maintenant.

 

La nuit de Sam fut agitée et Jack ne ferma pas l’œil de la nuit. Elle gémissait et criait, en proie à d’horribles cauchemars. Il l’entendait à travers la cloison. Mais il ne voulait pas aller dans sa chambre, c’était beaucoup trop tôt.

 

 

 
 
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