Dans le premier village aussi désert que le précédent, il entra dans une maison et chercha des vêtements. Il trouva un pantalon de toile beige et une sorte de chemise paysanne qui tombait bas sur les hanches. Il découvrit dans un coffre un grand manteau à capuche de couleur marron, qui ferait très bien son affaire pour se dissimuler aux regards.
Dans la forêt il se changea, remplit ses poches de rations et cacha le poignard le long de sa jambe et dans une vaste poche du manteau il mit le journal de Sam.
Dans une anfractuosité de rocher, il dissimula son barda et ses armes et recouvrit le tout de feuillage.
Il reprit tranquillement sa route comme un habitant de la région. D’ailleurs il n’était plus seul. D’autres personnes se dirigeaient aussi vers le village du Goa’uld, des familles entières avec des enfants. Il bénit l’idée qu’il avait eu de changer de vêtements, ainsi il pouvait passer inaperçu.
Il fut bientôt rattrapé par un homme jeune
-Bonjour dit celui-ci, Vous allez à Trevig vous aussi.
-Comme tout le monde dit prudemment Jack.
-Oui, on ne voit pas souvent le dieu, on a vraiment beaucoup de chance, de pouvoir l’approcher.. Je me nomme Katic dit le jeune homme en lui tendant la main.
-Et moi Jack, dit-il en prenant la main.
-On peut faire route ensemble ? demanda Katic.
Jack ne pouvait pas refuser et il accepta de bonne grâce.
-Vous venez de loin ? demanda le jeune homme
-Non pas très dit Jack sans donner aucun détail.
Le jeune homme était vraiment très bavard et Jack ne répondait que par monosyllabe se demandant bien comment se débarrasser de cet encombrant compagnon.
Finalement celui-ci se lassa sans doute de son mutisme et deux heures plus tard ils rejoignit un groupe de connaissances qui montait la colline depuis un autre chemin. Cela arrangeait bien O’Neill qui en profita pour se dissimuler dans un fourré afin de laisser passer tous les pèlerins.
Il s’accorda une halte à l’abri des regards et en profita pour lire un peu du journal de Sam.
---20
novembre 2004
Le grand jour est passé, je n’ai pas eu le temps d’écrire une seule ligne pour relater tous ces évènements. Je suis mariée. Madame Shanahan, maintenant.
Toute la base était là à mon mariage, tous mes amis, mes relations de travail, le général aussi est venu, il a assisté à la cérémonie, mais s’est excusé pour la fête, il ne pouvait pas rester. Il avait l’air sombre et dur. Quand je lui ai demandé ce qui n’allait pas, il m’a dit de ne pas me tracasser, et il m’a redit combien il était heureux de me voir, et il m’a souhaité encore tout le bonheur possible. Je l’ai remercié.
La soirée a été assez intime, des amis proches, la famille. Nous avons dansé. J’ai dansé avec Daniel et Teal’c. J’ai regretté l’absence du général.
Mais pourquoi est ce que j’ écris son nom plus souvent que celui de mon mari ?------
---18 Aout 2005
J’ai eu un retard , j’ai bien cru cette fois que j’étais enceinte. Mais c’était juste un retard. Pete était déçu. Moi aussi. ----
-----Ma vie s’organise autour de mon foyer et de mon travail. J’ai obtenu du général de moins partir en mission. Je ne dirige plus SG1 c’est Cameron Mitchell le nouveau chef. Il est très bien. Je ne pars qu’occasionnellement, et je m’occupe beaucoup de la partie technique de la base, ainsi que des relations avec Atlantis.-----
----30 janvier 2007
Cela fait un peu plus de deux ans que nous sommes mariés et nous n’avons toujours pas d’enfants. A notre grand désespoir. Je suis sans doute trop âgée. 38 ans. Pourtant beaucoup de femmes ont leur premier enfant à cet âge, ma cousine Mary avait 39 ans. Donc c’est possible. Demain j’ai rendez vous avec le docteur Smith, à la base. Il m’a dit qu’il pourrait m’aider.----
---Bonne nouvelle, tous mes examens sont excellents. Je peux avoir des enfants, il n’y a aucun problème. Alors pourquoi ? Qu’est ce qui ne va pas ? ---
---29 juillet 2007
Je suis colonel maintenant depuis ce matin. Le général O’Neill a gentiment organisé une petite réception pour moi. Je suis très touchée. Depuis trois mois j’ai repris mon poste à plein temps à la base. Toujours sur le terrain, en mission, dans mon labo, dans la salle de contrôle, je n’arrête pas.----
----Avec Pete nous nous voyons que le week end----
La vie me prend et me transforme en ce que je m’étais promis de ne jamais devenir : Une femme débordée qui n’a du temps que pour son travail. Quand je rentre je suis épuisée et peu disponible. Bien souvent avec Pete nous nous croisons, lui aussi travaille beaucoup et nos horaires sont souvent incompatibles.
Mes amis voient que je ne suis pas heureuse, mais pour rien au monde je ne voudrais le leur dire. Alors je les rassure de mon mieux avec de belles paroles et des grands sourires. Sont-ils dupes ? je ne sais pas. Mais il y en a un qui ne l’est sûrement pas c’est le général O’Neill, je sens parfois son regard inquiet sur moi. Souvent il me demande si je vais bien, si je mange suffisamment. Il n’y a que lui pour se préoccuper si je mange ou non. Et c’est vrai que j’ai pris souvent l’habitude de sauter des repas. Je maigris---
Le cœur de Jack était serré à la lecture de ces mots. Toutes les attentes de Sam avaient été bafouées, elle avait couru après un bonheur qu’elle n’avait jamais atteint. Il se sentait triste pour la Sam du futur.
A cet endroit du journal Jack vit une page que Sam avait rajoutée.
« Mon général, je vous fait grâce du récit de toutes nos tentatives infructueuses pour avoir un enfant. Ce serait beaucoup trop long et fastidieux à lire. De mon côté tout était parfait. Le problème venait de Pete. Quand j’ai abordé cette question avec lui, il est monté sur ses grands chevaux, me disant que dans sa famille tout le monde avait des enfants. Et c’est vrai, dieu sait combien il y avait de petits Shanahan ! Mais nous, nous n’en aurions pas. Ce fut le début de la grande cassure entre nous.
C’est à partir de ce moment là que j’ai réellement réalisé mon erreur. J’avais 40 ans et c’était trop tard pour moi. Nous avons pensé à l’adoption, sans y croire réellement. Qui aurait voulu de nous comme parents ? Des absents bien trop occupés par leur carrière respective. Et bien incapables de prendre en charge un enfant.
Tout cela ne fut qu’un beau rêve, depuis longtemps disparu. En novembre 2009, nous avons divorcé.
Durant cette même année vous êtes parti à la retraite. Cela a été un jour difficile. L’instant où vous êtes descendu de votre bureau pour la dernière fois, était empreint d’émotions. Toute la base était là pour vous acclamer. Mais vous aviez l’air assez mal à l’aise, et vous avez écourté votre discours d’adieu et la petite réception qui a suivi. Vous nous avez tous remerciés. Mais de quoi ? Nous avions passé de si formidables années avec vous comme chef du SGC. Cela avait été une époque héroïque et glorieuse.
Puis vous êtes parti, laissant un grand vide en nos cœurs
C’est vraiment très étrange de vous parler de vous, de choses que vous avez vécues dans ma réalité qui j’espère ne sera pas la vôtre.
Un jour, je suis allée vous voir dans le Minnesota. Je voulais faire le point. J’ai beaucoup hésité à faire cette démarche et maintenant je regrette de l’avoir fait. Mais je tiens à vous en faire le récit, car j’ai bien senti que vous aussi étiez malheureux.
J’étais très déstabilisée en venant vous voir et je voulais vous sonder, savoir si je pourrais réparer la terrible erreur que j’avais commise. Car je le savais avec certitude, je vous aimais Jack O’Neill… Je me l’étais caché tout au long de ces années à cause d’un règlement ridicule et en raison aussi de votre non engagement.
Vous m’avez accueilli fraîchement, me laissant sur le pas de la porte. Il fallait que je vous parle, c’était vital pour moi. Je vous ai dit que je m’étais trompée, que j’avais quitté Pete. Et vous m’avez jeté un brutal « et alors ? » qui a failli me faire prendre la fuite sur le champ. Mais je me suis dominée et j’ai pénétré chez vous sans que vous m’y invitiez. Vous m’avez suivie. J’ai regardé sans voir l’intérieur de votre chalet, celui où vous m’aviez invitée si souvent.
« C’est là où vous vouliez m’emmener ? » ai-je dit. Et vous m’avez répondu d’un ton amer, « vous avez toujours refusé »
Le silence entre nous était pesant, et puis vous avez dit que vous aviez des choses à faire sur un ton sans appel. Vous me mettiez dehors.
Je vous ai simplement répondu, « je suis libre maintenant » alors vous avez eu ces mots très durs : « Carter, je voulais le gâteau en entier, pas des restes !. »
Alors je suis partie, vous laissant seul, nous laissant seuls chacun de notre côté avec nos souvenirs détruits et sans avenir l’un pour l’autre.
Par ses mots vous m’avez fait la plus belle des déclarations mais c’était trop tard. Je me suis demandée pourquoi vous ne me l’aviez pas fait comprendre plus tôt.
La mort dans l’âme, je vous ai quitté.
Jack tournait la feuille entre ses mains. Tout cela le bouleversait plus profondément qu’il ne l’aurait pensé. C’était de sa vie à lui aussi qu’il était question. Et il était en face de son problème relationnel vis-à-vis de Sam. Problème qu’il lui faudrait bien résoudre un jour.
Village de Klorel Planète P8B765
Le lendemain il arriva au village. Il y avait foule. Comment retrouver la jeune fille, au milieu de tous ces visages ? Des centaines de personnes se bousculaient pour voir le dieu. Mais Klorel était-il encore dans son hôte où avait-il eu déjà cet accident qui devait tuer son enveloppe ? La jeune fille avait –elle déjà été possédée ? Sam avait dit de la tuer dès qu’il la verrait.
Son cœur s’arrêta de battre un instant, elle était là devant lui, de longs cheveux noirs sur le dos, des yeux verts limpides.
-Qui est-ce ? demanda t-il à un homme près de lui.
-C’est Clara, elle est belle n’est ce pas ?
-Oui très belle en la dévorant des yeux.
-Oui mais elle est inaccessible ! dit l’homme.
-Pourquoi ? elle est mariée ?
-Non, c’est la vestale du dieu.
-Vestale ?
-Oui, la grande prêtresse ! elle le sert, c’est elle qui célèbre son culte en son absence. Mais d’où vous sortez ? vous ? dit l’homme méfiant, c’est la première fois que vous venez ici ?
-Oui je viens de très loin, dit Jack.
Cela ne faisait pas l’affaire de Jack. Il aurait aimé finir sa mission au plus vite.
Il décida de rester dans l’ombre de la jeune fille de la suivre partout, d’observer ce qui allait se passer. Apparemment Klorel ne l’avait pas encore infectée. Il avait un doute sur le temps, car Sam n’avait pas noté la durée du trajet pour aller jusqu’au village . Cela pouvait se jouer à quelques heures près ou même quelques jours. Il décida de rester très vigilant.
Les pèlerins se dirigeaient vers le temple et il suivit le mouvement. Le monument à la gloire du dieu se dressait sur une colline. Il était fait de marbre blanc, deux colonnes encadraient la vaste porte d’ entrée devant laquelle se pressait la foule. S’il voulait trouver place à l’intérieur il fallait qu’il se presse. Il repéra un petit chemin moins fréquenté et grimpa rapidement la centaine de mètres qui le séparait de l’entrée.
Il réussit à se glisser dans le temple. Une foule silencieuse remplissait tout le parterre.
Sur un trône un homme somptueusement vêtu. Il pouvait avoir une trentaine d’années, était brun avec une peau couleur de bronze. On pouvait reprocher ce qu’on voulait aux Goa’ulds, mais ils avaient bon goût pour choisir des hôtes de grande beauté. Celui là était parfait, un corps musclé, un regard de braise. Il leva le bras et la foule s’agenouilla le front prosterné jusqu’à terre.
Quand il parla, Jack sut tout de suite que le transfert n’avait pas eu lieu. La voix rauque s’éleva dans le silence et résonna longuement sous les voûtes de marbre, incitant le peuple à l’obéissance.
Jack n’écoutait pas, les paroles des faux dieux étaient toujours les mêmes, soumission, adoration, esclavage, il connaissait cela par cœur. Il dut attendre patiemment la fin du discours avant de pouvoir se relever avec ses compagnons. Il se remit debout et se tassa un peu, car il dominait l’assistance de sa haute taille et il ne voulait en aucun cas attirer l’attention. Klorel aurait pu le reconnaître.
La foule s’ouvrit sur le passage du dieu, suivi de sa grande prêtresse. Il traversèrent lentement la foule qui se tenait debout mais les yeux baissés. Jack lui releva légèrement la tête, il se glissa derrière les pèlerins afin de sortir dans les premiers. Ne pas les lâcher des yeux, sous aucun prétexte. Et pourtant un mouvement de foule lui cacha un moment Klorel et la jeune fille. Il y eut une bousculade, des cris, des enfants tombèrent. Des mères poussaient des hurlements déchirants. Quand la foule se calma il vit que Klorel avait disparu. Mais il aperçut Clara qui prenait la direction opposée à celle du palais. Elle était seule et ne parlait à personne, passait indifférentes au milieu des gens qui la saluait. Jack la suivit de loin. Elle s’arrêta devant une maison et se retournant elle surprit O’Neill qui marchait en silence juste derrière elle.
-Que voulez-vous monsieur ?
-Excusez moi bredouilla t-il, je me suis perdu…
Piètre excuse . Mais elle mordit à l’hameçon.
-Avez-vous où loger au moins ? demanda t-elle avec sollicitude.
-Non… je viens de loin…
-Entrez dit-elle en ouvrant sa porte…. Je ne peux pas refuser l’hospitalité à quelqu’un venu de si loin pour adorer notre dieu.
Il pénétra à l’intérieur assez mal à l’aise. Il n’avait pas prévu de faire connaissance avec Clara. Mais il se rappela soudain les mots de Sam :
« nous n’avons pas vu la duplicité de la jeune fille, elle paraissait si sincère »
Jamais il n’avait fait une mission aussi aléatoire, et il n’aimait pas du tout cela.
-Mais entrez dit-elle avec un grand sourire, ne soyez pas timide. Cela fait partie de ma fonction de recevoir les adorateurs de Klorel.
Il la suivit et elle referma la porte.
-Quel est votre nom ?
-Jack dit-il.
-Asseyez-vous Jack, dit-elle
Elle posa devant lui un pichet de bière.
-Cela va vous faire du bien après la poussière de la route.
Il ne se fit pas prier, il avait la gorge sèche, et les idées pas très claires.
Que faire maintenant ?
Mais la jeune fille continuait son léger babillage.
-Quel métier faites-vous au village ?
-Heu… je suis cultivateur dit-il. Mais parlons plutôt de vous ? comment êtes vous arrivée au service de Klorel ?
-C’est dans ma famille que sont choisies les prêtresses. Klorel vient et choisit à sa naissance celle qui sera à son service. C’est un grand honneur vous savez. Un jour ma mère a reçu le dieu dans son humble maison. Et il m’a choisie. Je ne m’en souviens pas j’avais quelques jours dit-elle avec un rire clair. Mais on me l’a raconté si souvent !
Ses yeux s’illuminaient en parlant. Elle était d’une réelle beauté.
« duplicité » » Comment ne pas croire à tant d’innocence ? »
-Où est Klorel demanda t-il ?
Elle se troubla.
-Je ne sais pas.
-Vous n’êtes pas à son service ? s’étonna t-il.
-Je ne suis pas son esclave personnelle, je ne suis là que pour le célébrer dans le temple. Je suis une grande prêtresse ! expliqua t-elle.
Jack réfléchissait en silence. Son cerveau tournait à trente mille tours minutes. Il regrettait de ne pas avoir Sam avec lui. Puis il se souvint qu’elle était là lors de la mission incomplète, et qu’elle n’avait rien vu. Que le symbiote était trop faible.
Alors que faire ?
S’il la tuait maintenant et qu’elle avait le symbiote, c’était bien. Mais s’il la tuait et que le transfert n’était pas fait. Il ne saurait jamais qui porterait le symbiote de Klorel.
Il décida de tenter le tout pour le tout.
-Où est Klorel ? redit-il.
La colère fonça ses yeux verts,
-Je vous ai déjà dit que je ne savais pas. Et quel manque de respect envers notre dieu ! C’est un crime impardonnable ! Sachez que le dieu est où il veut et cela ne regarde personne.
-Si, moi cela me regarde râla t-il en sortant une lame menaçante.
-Mais.. Qu’est ce que …
La jeune fille était devenue aussi blanche que sa robe. Elle se mit à trembler.
Jack en conclut qu’elle était innocente, elle avait l’air sincère.
« duplicité » le mot revenait en force dans son esprit. Mais il décida de suivre son instinct. C’était trop tôt. Le transfert n’avait pas encore eu lieu.
-Je ne vous lâche pas. dit-il d’un ton implacable.
-Mais que voulez vous au juste ? sa voix tremblait autant de peur que d’indignation.
-Je veux Klorel.
-Il n’est pas ici.
-Je vous crois dit-il en rangeant son poignard.
Ils se regardaient au fond des yeux. Jack ne put rien lire du tout dans le regard de la jeune fille qui avait repris toute son assurance.
-Que comptez-vous faire monsieur ?
-Je reste avec vous. Où vous irez, j’irai.
-Comme vous voudrez, je ne peux pas vous en empêcher, mais vous perdez votre temps et vous me remerciez bien mal de mon hospitalité.
Si elle s’imaginait qu’elle allait faire culpabiliser Jack avec ces mots, elle se trompait lourdement. Il n’avait plus d’état d’âme,il était entré en mission, comme on entre en religion, et sentait que bientôt il toucherait au but.
-Vous pouvez dormir ici dit-elle en montrant une banquette près de la cheminée.
-Et vous vous dormirez où ?
Elle rougit et montra une porte du doigt
-Dans ma chambre.
-Et vous croyez que vous allez pouvoir m’échapper en sautant par la fenêtre ?
Elle sourit.
Il reprit impitoyable :
-Vous, vous dormez sur la banquette, et moi je reste dans ce fauteuil. Si vous voulez sortir vous serez obligée de passer devant moi et je vous verrais.
-Comme vous voudrez dit-elle d’un voix lasse. Je suis fatiguée.
Elle s’allongea et ferma les yeux aussitôt pour ne plus sentir le regard de l’homme sur elle. Sûre d’être protégée par son dieu, elle ne ressentait plus aucune crainte.
Jack s’apprêta à passer une nuit blanche. Il était épuisé, mais pas question de dormir un seul instant. Mais il avait le journal de Sam pour lui tenir compagnie. Il fallait qu’il le finisse ce soir. Après, demain, il n’aurait plus le temps.
Décembre 2012
Ma carrière avance à grands pas. Demain je recevrai en grande pompe le grade de brigadier général. A 45 ans je serais la première femme à avoir eu ce grade aussi jeune. Cela se passera à la base de Cheyenne Mountain, dont je vais prendre le commandement. Daniel et Teal’c seront là. En 2010 Teal’c s’est retrouvé à la tête de la nouvelle planète des jaffas, Daniel est parti sur Atlantis l’an dernier.
J’ai invité le général O’Neill, il a reçu un carton d’invitation, de façon très officielle, mais je ne sais pas s’il viendra.
Il est venu ! Cela faisait des années que je ne l’avais pas vu. Il n’a pas vraiment changé, à peine un peu vieilli. Il avait l’air content de me voir. Nous nous sommes serrés la main très cérémonieusement alors que j’ai sauté au cou de Teal’c et de Daniel, qui m’ont serré dans leurs bras.
Nous nous sommes retrouvés au mess comme autrefois, tous les quatre quand nous étions SG1. Mais nous avons échangé des banalités, de la gêne s’est instaurée entre nous. Passées les nouvelles des uns et des autres, un silence embarrassé s’est installé. N’avions-nous plus rien à nous dire ? Où était passée notre amitié ? Elle s’était effacée lentement avec le temps. On se voit moins, on ne prend plus de nouvelles et tout se dilue dans la vie trépidante. On pense moins à ses amis, on finit par les oublier. Une carte au premier de l’an. Puis plus rien. Comme avec le général O’Neill.
Le voir assis en face de moi, me faisair battre le cœur. Il avait allongé ses longues jambes devant lui et il écoutait distraitement Daniel parler d’une planète quelconque. Il ffallaitt meubler. Alors c’étaient des rires factices et des plaisanteries éculées. Finalement ce fut Jack qui se lèva le premier, il me souhaita bonne chance dans mon nouveau commandement et me dit que je le méritais. J’aurais souhaité qu’il me propose son aide au cas où, mais il ne l’a pas fait. Nous nous sommes séparés et chacun retourna à ses occupations. Daniel devait rejoindre Atlantis dès ce soir. Tea’lc pouvait rester encore une journée.
Après avoir pris mon commandement, je suis repassée par la salle de contrôle, tout était calme. Walter toujours fidèle au poste me lança un vigoureux « bonne nuit mon général ». j’en étais toute heureuse.
J’ai passé la soirée avec Teal’c. Nous avons beaucoup parlé tous les deux. Le centre de notre conversation était le général O’Neill. Il a compris sans que je lui dise tous les regrets que j’avais. Lui parler m’a fait beaucoup de bien. Et il n’y a qu’avec lui que je peux parler de Jack. Cela fait maintenant quatre ans qu’il est parti à la retraite et la plupart du personnel de la base a été renouvelé, seuls quelques anciens comme Walter ont encore la nostalgie du général.
Avec Teal’c, nous avons convenu de nous revoir plus souvent. Il m’a invité à venir sur la planète des jaffas où la paix s’organise. Ils sont maintenant une centaine de milliers à y vivre libre---
---Février 2015
Les nouvelles sont mauvaises. De nouvelles forces sont apparues dans la galaxie. Les grands maîtres d’autrefois ont disparu mais ont fait place à d’autres plus jeunes et plus redoutables.
Le plus puissant d’entre eux est Klorel.
Il se constitue une flotte importante et son seul but est de venger son père Apophis que nous avons vaincu à de nombreuses reprises et définitivement anéanti, quelques années plus tard. Je ne sais pas comment il a fait mais il a toujours de nombreux jaffas à son service, des milliers de jaffas prêts à mourir pour lui. La menace gronde.---
Mars 2017
L’attaque est imminente. Les vaisseaux mères ont été signalés à proximité de Pluton. Ils sont maintenant entrés dans notre système solaire.---
---Depuis que le programme porte des étoiles a été annoncé au grand public au cours de l’année 2016, tout le monde est au courant de la menace qui pèse sur nos têtes. Nos problèmes internes à la Terre sont relativisés. Il faut organiser une défense, mais nous sommes si démunis.
Naturellement nous avons fait appel à tous nos alliés. Beaucoup sont venus, mais à titre individuel, des asgards, des Tollans que nous avons retrouvés, des jaffas libres, Teal’c bien sûr est venu défendre sa planète d’adoption. Et beaucoup d’autres encore.
Daniel aussi a tenu à être là. Même s’il ‘est pas militaire, il est toujours de bon conseil. Le général O’Neill a repris du service, lui aussi. Les armées de tous les pays du monde ont fait appel à tous leurs réservistes de moins de 65 ans. Les plus jeunes s’engagent en masse, même s’ils ne savent pas ce qui les attend. Moi je sais, et cela me terrifie.
C’est pour cela que le président a fait appel à moi pour commander l’état major et organiser la défense de notre monde. Je suis parait-il la mieux placée ! Quelle ironie ! je n’ai aucune arme apocalyptique à envoyer contre les vaisseaux, aucune stratégie antiradiation, ou antibombe. Le président sait bien que notre terre ne pourra pas résister à l’attaque massive qui se prépare.
Tout le monde le sait.
Il se passe d’étranges phénomènes de fin du monde. Le retour en masse des faux prophètes, et des faiseurs de rêves de tout poil----
3 avril 2017
-----le premier bombardement a eu lieu cette nuit . Il a rayé de la carte en quelques heures la majorité du continent africain. Plusieurs attaques simultanées ont eu lieu, sur tous les continents. Les nouvelles parviennent difficilement jusqu à moi, retranchée dans mon QG de Washington. Les télévisions ne fonctionnent plus, nos satellites non plus. Nous sommes dans le brouillard radar le plus total et nous ne pouvons que subir.
---25 mai 2020
Depuis la destruction des quatre cinquièmes de la terre, je n’ai pas eu le courage d’ écrire. Pour dire quoi ? Que nous avons été vaincus, anéantis, asservis ! Que Klorel est le maître absolu de nos destinées.
Dans chaque maison un récepteur longue portée gao’uld a été installé. Il s’invite dans chaque foyer à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, comme autrefois son père sur Chulak.
L’hôte de Klorel est une femme magnifique mais son regard de glace nous transperce et sa voix rauque nous fait frémir.
L’innocente jeune fille que nous n’avons pas tué, parce que nous ne le savions pas-----
2027
Mon général, je rajoute ce mot à la fin de ces extraits de mon journal. J’espère que vous aurez le temps de le lire avant d’accomplir la mission.
Je ne vous ai pas renseigné sur le timing car, je suppose que vous êtes allés à la même vitesse que nous. Cependant il est possible que vous soyez retardés ou au contraire que vous alliez plus vite.
A un moment Klorel et Clara partiront à pied dans la montagne. Ils emprunteront le chemin qui monte à un second temple. C’est là que vous devrez agir. Cependant je ne sais pas quel jour ils iront. Lorsque vous arriverez l’accident aura déjà eu lieu ou pas.
Tout cela je ne l’ai appris que bien plus tard. Si vous attendez plus longtemps, je pense que le goa’uld aura pris complètement possession de la jeune fille et que ce sera beaucoup plus difficile.
Alors soyez très vigilant.
J’ai entièrement confiance en vous, Jack.
A vous de jouer.
Samantha Carter.
Jack soupira, la lecture de ces extraits était terrible et le sort du monde reposait sur ses épaules. Ce n’était certes pas la première fois, mais un désagréable frisson lui parcourut l’échine. La mission était délicate. Il avait eu raison de ne pas vouloir lâcher Clara d’une semelle. La possession aurait lieu le lendemain sans doute.
La jeune fille dormait du sommeil du juste. Pourquoi serait-elle inquiète ? Elle n’était nullement au courant de ce qui allait lui arriver. Elle semblait si innocence que Jack regrettait de ne pas avoir d’autres solutions.
Le reste de la nuit passa lentement, il aurait volontiers dormi un peu, mais il se leva et fit les cents pas dans la maison. Il alla boire un peu d’eau à la cruche et dévora un quignon de pain qu’il trouva dans un placard.
A la fenêtre, le jour se levait lentement dissipant la pénombre. Bientôt un rayon de soleil vint frapper la cime des arbres, et le village se réveilla lentement. Les habitants vivaient au rythme du soleil. Se levant avec lui et se couchant avec lui.
La jeune fille ouvrit les yeux. Jack fut aussitôt sur le qui vive. Il resserra la main sur son poignard. Sans un mot la jeune fille ouvrit la porte du placard et prépara le repas du matin. Une bouillie d’avoine. Elle déposa deux assiettes pleines sur la table.
-Mangez dit –elle.
-Non merci.
-Moi je mange dit-elle la journée sera rude.
Jack resta debout près de la porte, les bras croisés le regard fixé sur la jeune fille. Il attendait en silence qu’elle termine son repas. Mais Clara sans doute gênée par l’instance de Jack repoussa son assiette au bout de quelques cuillerées.
-Je vais au temple dit-elle
-Je vous accompagne.
Il recouvrit sa tête de la capuche et sortit derrière Clara.
-Attention pas d’entourloupe, gronda t-il.
Elle haussa les épaules et sortit, Jack dans ses pas.
Il resta à quelques pas d’elle pour ne pas se faire remarquer. Il se dissimula derrière des arbres ou des maisons à chaque fois qu’elle marquait un temps d’arrêt pour saluer des fidèles ou dire quelques mots. Il remarqua qu’elle était adulée par la population, et le trajet de quelques centaines de mètres jusqu’au temple dura presque une heure.
Jack s’exhortait à la patience, mais il avait hâte de terminer cette mission.
La prière au temple dura deux heures. Klorel n’était pas là. Sans doute dans son vaisseau au dessus du temple.
La lueur soudaine des anneaux de transfert lui donna raison. Klorel jaillit au milieu du temple dans les anneaux de lumière. Un oh d’acclamation l’accueillit. Il accrut encore, par ce geste, son pouvoir et son emprise sur ce peuple si simple et si crédule.
Jack resta près de l’entrée, Klorel le connaissait, il ne fallait pas se dévoiler. Il n’y avait qu’une seule entrée dans le temple, elle ne pouvait pas lui échapper..
A la fin de l’office Klorel et sa grande prêtresse sortirent du temple. Jack se glissa derrière eux le cœur battant à tout rompre. Voilà on y était.
Ils prirent le chemin qui serpentait dans la montagne derrière le temple. Clara fit un signe aux habitants de ne pas les suivre. Docilement les villageois restèrent sur le chemin et les regardaient monter.
Cela ne faisait pas l’affaire de Jack. Il devait les suivre, mais pas devant tout le village.
Il grimpa à travers la montagne en espérant trouver un raccourci. Il n’y avait plus de chemin, mais une pente raide et escarpée dont les rochers roulaient sous ses pieds. Ils s‘assit un instant pour réfléchir.