Sam était assise, accoudée à son bureau, et faisait mine de relire ses notes, alors qu’il y avait un bon moment que ses pensées avaient désertées à des milliards de milliards d’années lumière de son labo.
Après avoir présentement passé une partie de la matinée à étudier le nouveau minerai et tablettes trouvés par SG2 en leur absence, elle attendait distraitement l’arrivée de Daniel et de Teal'c. Ses deux amis devaient lui rapporter lesdits objets, ainsi que leurs premières traductions, mais cela prenait apparemment beaucoup plus de temps qu’ils ne l’avaient prévu.
Les garçons avaient presque une heure de retard et ça ne l’arrangeait guère, puisqu’elle n’avait rien sur quoi occuper suffisamment longtemps son esprit.
Et depuis son come-back, son esprit « non occupé » retournait illico à ce qui s’était passé sur Bréana, et la laissait de plus en plus frustrée, pantelante et rougissante.
Voilà quatre jours qu’ils étaient rentrés sur Terre, grâce à l’arrivée providentielle d’un Al’Kesh Tok’ra.
Ils avaient toujours eu confiance dans le fait que le SGC ne laisserait pas sa meilleure équipe et un de ses plus imminents généraux perdus au fin fond de leur galaxie. Mais en voyant s’écouler les jours et les semaines, cette perspective s’était amoindrie face à la chaleureuse hospitalité Bréane, et au gros travail d’aide et d’amélioration de l’irrigation des champs qu’ils avaient proposé de fournir.
Trente journées et trente nuits avaient ainsi passés avant qu’ils ne voient atterrir le vaisseau aux abords du village. Exactement au deuxième jour qui avait suivi leur « libération » de la salle de massage par Kiara.
Deux jours qu’ils avaient d’ailleurs passé tendus, à s’éviter le plus possible, pour ne pas être tentés de continuer leurs corps à corps passionnés.
Deux jours épuisants passés à contrôler chaque geste, chaque regard, chaque tressaillement et battement de cœur.
Leur comportement avait été en contradiction totale avec la complicité qu’ils avaient connue au cours de leur « tête à tête », et aujourd’hui, cela était bien pire.
Ils auraient dû en parler ou aborder le sujet, même aussi maladroitement qu’ils savaient le faire. Mais maintenant, ils étaient presque chacun à un bout du pays, évitant tout échange pour se protéger et peut-être ne rien changer à leur non-relation de ces huit longues dernières années.
Ils avaient donné beaucoup dans ces étreintes tendres ou passionnées.
Ils n’étaient pas fous au point de nier l’importance de ce qu’ils avaient partagé ou ce que leurs corps, leurs cœurs ne cessaient de leur crier depuis qu’ils s’étaient rhabillés et séparés ; mais ils n’en étaient pas plus courageux… pour le moment.
Et depuis, ils découvraient ce qu’était la frustration illimitée, celle qui les laissait quasiment sans sommeil chaque nuit, et qui les épuisait inexorablement.
Tout ce qu’ils avaient vécu avant était du petit lait en comparaison, quand le véritable manque et désir de rejoindre l’autre venaient les ronger.
Pendant les deux derniers jours sur la planète, tous deux n’étaient pas retournés se faire masser, ayant été parfaitement incapables de retourner dans cette pièce, après ce qu’ils y avaient vécu ensemble.
Sam soupira une nouvelle fois. Elle n’avait pas eu de nouvelles de Jack depuis quatre jours, et était déjà belle et bien à bout de nerf !
Elle ne dormait encore que trop peu, tournant inlassablement en rond le cœur lourd, revivant en boucle des réminiscences plus chaudes les uns que les autres, enchaînant les douches froides et les soupirs de frustration.
Combien de temps tiendrait-elle encore à ce rythme ?
Si la situation perdurait ou s’enlisait, est-ce qu’un jour ils arriveraient à donner le change ?
Quitter Bréana pour retrouver la Terre était apparu comme un soulagement, mais cela devenait définitivement pire. Là-bas, ils n’avaient eu que la seule distance qu’ils avaient voulu s’imposer pour les séparer.
Sam soupira encore de dépit et de frustration.
Auraient-ils dû faire la totalité des dix jours de voyage de retour vers le site Alpha, ultime étape avant celle de la Terre, confinés dans l’Al’Kesh ?
Ils n’y étaient restés que trois heures, le temps de rallier la plus proche planète possédant une porte des étoiles, dans le fin fond de ce système solaire le plus excentré de leur galaxie.
Si seulement tous ces événements et sentiments ne l’atteignaient pas au point de ne plus pouvoir être avec Pete.
Depuis son retour, elle l’évitait lui aussi, restant cloitrée dans la base… dans cet espace militaire où la femme en elle n’avait pas sa place, dans l’espoir que cela ne l’aide davantage à oublier les mains, la peau, le goût et la passion de Jack O’Neill…
Et pour le moment, elle échouait lamentablement, vu la vivacité de ses pensées et sensations à lui rappeler les heures passées dans ses bras ou la certaine impression d’irréalité qui l’envahissait encore par moments, face à ce mois entier d’absence.
La vie sur Bréana avait tellement été différente de ce qui faisait la sienne ici sur Terre, au SGC.
Quelques coups sur sa porte la firent sursauter et la sortirent de ses pensées.
Un officier se tenait là, droit comme un i, à l’embrassure de son labo.
- Je peux vous aider sergent ? demanda Sam, lasse.
L’officier se redressa un peu plus, montrant l’objet qu’il apportait.
- Ce colis vous est personnellement adressé mon colonel.
Sam arqua un sourcil, observant le paquet, surprise d’un tel fait. Elle ne recevait jamais directement de matériel ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. Un service avait été créé pour s’en charger, pour éviter les mauvaises surprises notamment.
Elle lui fit signe d’approcher, les yeux toujours rivés sur le colis.
- Tout est ok, mon colonel, nous avons effectué tous les tests de sécurité. informa le jeune subordonné.
Sam acquiesça, saisissant l’envoi étonnamment léger.
- Savez-vous d’où et de qui il provient ?
- De Washington, madame.
Le cœur de la jeune femme s’emballa sans commune mesure alors qu’elle signait le bordereau de décharge, et qu’elle reconnaissait enfin la fine écriture de son ancien supérieur…
Et dernier amant.
- Merci Sergent. Congédia-t-elle l’officier, ne s’intéressant déjà plus à lui.
Sam regardait le carton de petite taille, intriguée.
Qu’avait bien pu lui envoyer Jack ? Son cœur cognait toujours aussi fort dans sa poitrine, mais elle hésitait à l’ouvrir, son appréhension submergeant son excitation.
Elle s’exécuta pourtant, repensant à l’arrivée prochaine des garçons, et tomba en premier sur une sorte de carton d’invitation.
Son sourire se mit instantanément à rayonner, pour la première fois depuis six jours, quand elle en parcourut l’intitulé…
« Bon pour un massage « Spécial Jack » »
Sam se sentit rougir quand elle repensa une énième fois à la manière dont ils s’étaient cherchés à de nombreuses reprises cette nuit-là, alternant tendresse, passion et plaisir le plus sauvage, pour ne se laisser finalement que si peu de répit.
Secouant la tête, pantelante, pour faire partir ces images, elle s’intéressa à nouveau au contenu du paquet et sortit ensuite un trousseau de clefs, un billet électronique, ainsi qu’une série de photos.
Retournant la boîte vide, elle ne découvrit aucun mot manuscrit ou autre indication que le simple carton d’invitation.
Sam se saisit alors des clés, les faisant tinter entre elles et les observant une à une.
Etait-ce celles de l’appartement de Jack ?
Ne pouvant être totalement sûre de la réponse, elle les délaissa, car une des photographies attirait déjà son attention.
Son cœur fit une nouvelle embardée, la laissant même au bord de l’apoplexie, quand elle y découvrit un grand lit. Il était à moitié défait, et elle pouvait lire son prénom inscrit sur une feuille posée sur l’oreiller intact.
Sam la posa d’une main tremblante, s’y imaginant déjà…
L’image suivant présentait un large placard, à moitié vidé, où l’on voyait clairement l’uniforme du Général sur l’un des cotés. Sam ferma les yeux quelques secondes, sous l’émotion qui la prit.
Elle détailla ensuite le cliché représentant une baignoire remplie d’eau, de mousse et de quelques pétales de fleurs. Quelques bougies apparaissaient également et finirent de réveiller la chaleur au creux de ses reins.
Cesserait-elle un jour de fantasmer ou de se rappeler la salle de massage Bréane à la vue de la moindre bougie ?
La dernière photo l’acheva presque, montrant un kit d’huiles de massages, et de billes de savon pour bain. Il y avait également quelques aliments, qui ne serviraient certainement pas pour la cuisine.
Le goût vanille de l’huile de Kiara lui revient subitement, et lui assécha complètement la bouche. Etait-il normal qu’elle puisse maintenant aimer autant ce parfum ?
Sam étouffa un long gémissement, frottant ses mains moites contre le tissu de son treillis. Quelque soit la signification de ce paquet, elle devait se reprendre.
Se pourrait-il vraiment que Jack veuille d’elle plus concrètement dans sa vie ?
Se levant et mettant tous les objets dans son sac sous un soudain coup de speed, Sam passa trois coups de fil de son téléphone mural, et quitta précipitamment son labo.
Elle avait appelé dans l’ordre : le général Landry pour des vacances, Pete pour un adieu pur et simple, et son agence de voyage, pour utiliser son billet à la date et horaires les plus proches possibles.
Les explications viendraient plus tard, là tout de suite, elle était incapable de voir autre chose qu’elle et Jack. Tel était son but et ses souvenirs, encore trop prégnants, l’y amenaient inexorablement
Elle ne pensait plus aux recherches qui l’attendaient, elle courut simplement en direction de l’ascenseur. Elle ne vit même pas Daniel et Teal'c arriver à l’opposé du couloir.
Ella avait un avion à prendre, et rien ne l’empêcherait de l’avoir.
*****************************
Sam s’adossa un peu plus contre la paroi, laissant y reposer sa tête les yeux fermés. Un sourire serein illuminait ses traits, qui s’accentuait même tant elle appréciait le moment.
Elle retrouvait cette rare sensation de détente et de sensualité qu’elle avait découverte en attendant Kiara.
Le temps passé en tête à tête avec Jack revenait aussi à son esprit, mais il mêlait si différemment bonheur et plaisir, qu’il ne pouvait la laisser en paix.
L’atmosphère, dans laquelle elle était immergée, était ainsi si similaire à celle de Bréana, que la jeune femme oscillait entre détente et excitation.
Les bougies, disséminées stratégiquement dans toute la pièce, diffusaient une lumière tamisée et sensuelle , laissant danser les ombres. Une douce chaleur ambiante régnait aussi, tout autant que le parfum de l’encens qui lui rappelait approximativement celui des plantes de Kiara.
Rien n’avait été laissé au hasard, et elle aimait ça… jusqu’aux pétales de fleur qui flottaient dans l’eau chaude du bain, et qui frôlaient ou collaient à sa peau.
Sam ne savait pas si les gouttes qui couraient le long de son visage, de son cou jusqu’à sa poitrine venaient de ses cheveux mouillés ou de la transpiration agréable créée par la combinaison de la température de l’air et de l’eau, mais elle se sentait bien.
Les impressions qu’elle avait eues quand elle avait découvert la photo de la baignoire remplie de Jack lui revenaient aussi en mémoire, mais même si elle les vivait presque exactement comme elle les avait imaginées, la réalité surpassait bien au-delà ses pensées.
Sam sourit quand elle sentit une main prendre un de ses pieds, comme pour confirmer sa réflexion, et ouvrit les yeux pour plonger dans ceux, sombres et profonds de Jack.
Assis dans l’eau en face d’elle, il la fixait avec une telle tendresse et intensité primitive mêlées, que son cœur, ses sens et les papillons de son ventre s’emballèrent instantanément, enflammant inexorablement son corps.
Ils échangeaient encore un de ces regards qu’ils n’oublieraient pas. Un regard qui en disait long sur leurs sensations, leurs sentiments et… aujourd’hui sur leur avenir.
Rien n’était réglé. L’interdit entre eux n’était pas levé, mais ils avaient fait un pas en avant. Un grand pas qui les rendait incroyablement plus sereins, après toutes ces années d’espérances, de doutes, d’incertitudes, de tensions ou de déceptions.
Jack lui renvoya son chaleureux sourire, renonçant à contrôler le rythme fou des battements de son cœur, ni la palpitation intense de son désir qui enfla en lui.
A quoi bon tenter de maîtriser quelque chose qu’il n’avait jamais pu complètement étouffer ?
Ses sentiments étaient si puissants, qu’ils surpassaient son sombre passé, et ne le rendaient finalement que plus vivant.
Cette femme ne l’avait jamais laissé indifférent, et l’avoir en ce moment-même avec lui, nue dans sa baignoire, réveillait cet incommensurable appétit qu’il avait d’elle et dont il avait découvert la profondeur sur Bréana.
Depuis qu’il avait été la chercher à l’aéroport, ils n’avaient quasiment pas prononcé un mot, se suffisant de regards explicites, se connaissant finalement si bien.
Et il aimait ça… cette capacité à se comprendre au-delà des mots. Il y avait bien-sûr beaucoup de choses qu’ils ne devinaient pas chez l’autre, mais l’essentiel était perçu et reçu.
Et comme pour leur précédent tête à tête, ils étaient dans leur bulle, déconnectés du temps.
Carter était bien arrivée en pleine nuit, mais depuis que leurs bouches et leurs corps s’étaient à nouveau unis une fois arrivés chez lui, ils n’avaient plus attaché d’importance au fait de savoir s’il faisait jour ou nuit.
Ils étaient ensemble.
Jack continua le massage sur son pied, se sentant de plus en plus électrisé par les nombreux soupirs de la jeune femme.
- Tu es doué, tu sais... Gémit Sam, en appuyant à nouveau sa tête contre le carrelage, alors qu’il approfondissait son toucher sur des points agréables et sensibles.
Jack lui répondit seulement d’un plus grand sourire. Il ne voulait pas paraître prétentieux, mais il le savait…
Il lui en avait d’ailleurs fait une belle démonstration…
Sam lui renvoya son sourire et regard mutins.
- J’adore la manière dont tu me masses les pieds, mais ce n’est pas la partie de mon corps que je préfère avoir sous tes doigts... Rajouta-t-elle d’une voix suave.
Sam n’eut pas le temps d’anticiper son mouvement, qu’il s’était déjà couché sur elle et étouffait son rire de ses lèvres. Il plaça rapidement ses mains là où elle le voulait, et lui arracha une longue plainte gémissante, qui fit parfaitement écho à la sienne.
Ils aimaient cette sensation.
La moitié de l’eau avait atterrit par terre dans le déplacement de Jack, mais ils n’en avaient cure. Ils ne se préoccupaient pas non plus de l’étroitesse de leur espace, étant déjà emportés par les prémisses et la tendresse d’une nouvelle extase.
Ils s’aimèrent simplement.
FIN
Un pti com ? Dites-moi que j’ai eu raison de ne pas être restée sur ma honte de l’avoir écrite, et accessoirement de la poster ^^…