Il s’éloigna du camp en courant et courut se cacher derrière des rochers. De loin il assista à la bataille féroce, entre les forces de Yu et D’Ishtar. Il n’attendit pas l’issue du combat et à la tombée de la nuit il s’éloigna du camp en direction de la porte des étoiles. Il marcha trois jours, une longue marche où il crut à tout instant mourir de faim de soif et d’épuisement. La porte était en vue quand il s’évanouit. Il resta un long moment inconscient, et fut réveillé par des bruits de combat, les jaffas arrivaient, il était grand temps de partir. Il courut jusqu’au DHD et composa le premier code qui lui passait par la tête celui de la planète de Tonan, il s’engouffra dans le shapaï tandis que les premiers tirs de lance rebondissaient sur l’anneau de pierre.
Ensuite il rentra chez lui.
2
Janet était bouleversée, mais elle réagit aussitôt. Elle fit mettre le colonel dans une chambre isolée du reste de l’infirmerie, et pour s’occuper de lui, les deux infirmiers récemment arrivés à la base et qui ne le connaissaient pas. Elle leur dit simplement qu’elle ne savait pas le nom du blessé, qu’il venait d’une autre planète, et que son arrivée à la base devait être tenue secrète.
Puis elle alla aussitôt chercher le général Hammond.
-Qui est –ce ? avait-il demandé sèchement. Lui il ne paraissait pas si enthousiaste que Janet.
-Le colonel O’Neill ! mais pour le moment je n’en suis pas sûre à cent pour cent. Il faut que je fasse des tests ADN, mais je n’aurais pas les résultats avant une semaine.
Hammond réfléchit rapidement
-En attendant docteur, aucun contact avec le personnel, surtout pas SG1. Vous devez l’isoler beaucoup plus que ça. Quelqu’un pourrait entrer ou se demander qui il y a dans cette chambre.
-Il y a une cellule qui peut être aménagée en chambre d’hôpital. Mais je ne suis pas très favorable à cette idée, mon général.
-Et pourquoi ? demanda Hammond durement.
-Cet homme a tellement souffert mon général, si c’est bien le colonel O’Neill, il serait vraiment injuste de le traiter comme un prisonnier, alors que l’on devrait se réjouir de son retour.
-Je le comprends très bien docteur, malheureusement nous n’avons pas le choix, et ce n’est pas de gaîté de cœur que j’agis de cette façon. Il est fort probable que ce ne soit pas le colonel, sans doute un autre O’Neill d’une réalité alternée. Et comme il n’a pas repris connaissance… je suis sûr ajouta –t il que le colonel aurait été d’accord sur le principe.
-Certainement mon général répondit Janet d’un air pincé.
Hammond contempla un instant le visage de l’homme endormi, à première vue c’était bien le colonel. Hammond reconnut même la petite cicatrice dans son arcade sourcilière gauche.
-Tenez-moi au courant docteur. Faites vite ! Voilà SG1 qui rentre dit-il en entendant les alarmes.
En quelques minutes le déménagement fut fait, la cellule se trouvait deux étages plus haut que l’infirmerie et il y avait une petite salle de soins attenante, tout pour soigner un blessé ou un malade, tout en le gardant à l’isolement.
Il était temps , SG1 arrivait déjà à l’infirmerie pour leur visite médicale de retour de mission.
Janet se précipita et Sam qui connaissait bien son amie vit tout de suite que quelque chose clochait.
-Ca va Janet ?
-Oui , juste un peu débordée.
-Ah fit Sam en regardant l’infirmerie pratiquement vide à cette heure. Elle voulut insister mais déjà Janet était partie dans son labo.
Etrange ! pensa la jeune femme. Elle suivit Daniel, Teal’c, et le colonel Mac Donald.
Chaque retour de mission était pour elle une épreuve, c’était fou à quel point il lui manquait à ces moments là, son humour, ses grognements pour chaque piqûre, sa gentillesse, puis plus tard son amour, quand elle était blessée, ou malade. Ils s’étaient attendus pendant sept ans, avaient vécu un éblouissant roman d’amour pendant quelques semaines, et la douleur au goût de cendre ne l’avait plus quittée depuis. Faire des missions lui changeait les idées, et c’était un travail qu’elle adorait. Mais la solitude de ses nuits lui pesait, elle avait du mal à dormir, et rares étaient les soirs où elle s’assoupissait sans pleurer. Il lui manquait tellement !
-Tout va bien Sam dit Janet en voyant les résultats, mais je te trouve fatiguée, et tu as perdu du poids. Manges-tu suffisamment ?
Janet s’était ressaisie, son professionnalisme reprenant le dessus. Mais elle avait du mal à parler avec Sam, alors que deux étages plus haut, il y avait quelqu’un qui ressemblait à s’y méprendre au colonel O’Neill. Le pire pour elle c’est qu’elle n’avait pas le droit d’en parler. Seul le général Hammond pourrait la délier de son secret, et il faudrait attendre que le colonel reprenne conscience et puisse expliquer ce qui s’était passé.
Dans la cellule n° 12 de la base de Cheyenne Mountain, un homme essayait de refaire surface. Par instant il reprenait conscience, ouvrait les yeux quelques secondes et comme rassuré par la présence efficace d’un infirmier à ses côtés, il replongeait aussitôt dans le sommeil. Il n’avait toujours pas parlé, ses périodes d’inconscience étaient trop importantes et les calmants coulant dans ses veines contribuaient à le maintenir dans un repos artificiel et réparateur.
Deux jours après son arrivée il reprit conscience plus longuement et vit Janet à ses côtés.
-Docteur ? balbutia t-il.
-Ne bougez pas, Comment vous sentez-vous ?
-Mal… très mal…
-Je sais mais cela va passer, la douleur va finir par s’estomper. Vous avez été torturé ?
-Oui… sarcophage… La mine…
Les mots venaient difficilement, il était épuisé par plusieurs mois de captivité et de tourments.
Janet pâlit :
-Vous avez été torturé et puis mis dans un sarcophage ? c’est bien cela ? dit-elle en lui prenant la main.
Il ne répondit pas, hochant seulement la tête.
-Pourquoi ? ici ? fit -il un instant plus tard en montrant les murs gris de la cellule.
-Je ne peux pas vous répondre, le général Hammond vous expliquera.
-C’est la cellule 12, je la reconnais.
-Oui, dit Janet d’un air désolé.
-Je suis prisonnier ?
-Ecoutez colonel, reposez vous, le général Hammond répondra à toutes vos questions.
-C’est un clone.
-Quoi ? dit-elle en se retournant.
-L’autre O’Neill, c’est un clone redit-il. Il ferma les yeux, épuisé. Janet prit aussitôt le téléphone
-Il est réveillé mon général.
Hammond pénétra dans la petite pièce en refermant soigneusement la porte derrière lui.
-Comment allez-vous ? dit-il d’un ton neutre en s’asseyant sur la chaise près du lit.
-Ça ira mieux quand je comprendrais ce qui se passe, mon général.
-Qui êtes-vous ? demanda Hammond.
O’Neill fronça les sourcils mais répondit tout de même malgré l’étrangeté de la question :
-Colonel Jack O’Neill. Matricule 66-789-7876-324.
-C’est impossible dit Hammond sèchement Nous avons déjà un Jack O’Neill.
-Ah oui ! dit insolemment Jack, j’aimerais bien voir sa tête à celui-là ! C’est un clone.
-Je ne crois pas dit Hammond ! A aucun moment il n’y a eu possibilité de faire un échange et nous savons pertinemment que vous êtes impossible à cloner. Les Asgards y ont veillé.
O’Neill était trop épuisé pour se lancer dans des explications sur le clonage, sciences dont il ne comprenait pas le premier mot d’ailleurs.
-Si… c’est un clone, il faut me croire…
Le général hocha la tête. Jack était si fatigué, et son esprit si embrumé qu’il finissait par douter de sa propre identité. Et si c’était lui le clone ?
-Alors je suis qui ? demanda t-il faiblement.
-A vous de nous le dire.
Il ne répondit pas à la question.
-Je pourrais voir mon équipe ?
-Non, tant que l’on ne sera pas fixé sur votre identité, vous resterez là. Je suis désolé. Reposez-vous bien dit Hammond pour adoucir un peu la dureté de sa phrase. Si cet homme était vraiment le colonel, cela devait être terrible pour lui. Mais c’était la sécurité de la base qui était en jeu. Il devait le comprendre.
-A vos ordres dit O’Neill en se rendormant.
Hammond savait bien qu’il ne pourrait pas cacher longtemps la présence du « colonel » au reste de la base. Il décida d’envoyer SG1 en mission pour trois jours, et de leur donner ensuite une semaine de vacances, cela lui laisserait un peu plus de temps pour réfléchir.
Une semaine plus tard, Jack se sentait beaucoup mieux, il pouvait se lever, sa robuste constitution lui permit de reprendre très vite des forces. Il était toujours dans la cellule 12 et revivait en boucle le moment où il avait vu ses amis pour la dernière fois. Il en parla à Hammond, revenu le voir.
-Sur la planète P5R644, il n’y avait pas assez d’oxygène et j’ai laissé Daniel et Carter se reposer.
-Oui, ça je sais, c’est dans votre rapport.
-Non mon général, je n’ai jamais écrit de rapport, puisque je ne suis pas rentré. A un moment j’ai dit à Teal’c d’aller à gauche pendant que j’allais à droite. Nous devions chercher ce fameux minerai dont Carter avait relevé la trace. Nous devions nous retrouver une heure plus tard.
C’est là qu’a eu lieu l’ échange. Je me suis senti tout de suite tomber dans un trou. J’ai perdu connaissance un moment, puis je me suis réveillé dans un vaisseau Goa’uld. Je suppose maintenant que c’est à ce moment là que le clone a pris ma place. c’est lui qui est allé au point de rendez-vous et qui est rentré sur terre.
Hammond était convaincu par le récit de Jack. Les analyses ADN étaient concluantes et Janet était formelle, c’était bien le vrai Jack O’Neill.
Jack pouvait lire sur le visage du général le soulagement et puis aussi l’inquiétude.
-Que se passe t-il mon général ? Un problème ?
-Oui Jack, un gros problème. Asseyez vous, dit-il au colonel qui arpentait nerveusement la pièce en tout sens.
-Quoi ? C’est SG1 n’est ce pas ? Carter ? Elle n’est pas …Il était soudainement inquiet, il n’avait pas revu SG1 , et pensait soudainement avec terreur qu’on lui cachait quelque chose.
-Non, non rassurez vous, elle est bien vivante. Daniel et Teal’c aussi.
Il sentit le soulagement de Jack à un affaissement subit de ses épaules, ses muscles tendus comme les cordes d’un arc, s’étaient soudainement relâchés. Il attendait que le général parle.
-Tout d’abord je dois vous dire que votre clone est mort.
Il ne parut pas surpris.
-Je m’en doutais mon général. Ishtar lui avait fait poser un implant, et par cet implant elle avait accès à des informations sur la base et les défenses terrestres. Un jour elle m’a dit que les informations avaient cessé d’arriver. Elle pensait que le dispositif avait dû être désactivé, ou que le clone était mort.
Hammond le regardait fixement comme s’il avait dit une énormité.
-Quelle genre d’informations demanda t-il ?
-Je n’en ai aucune idée. Mais j’ai cru comprendre qu’elle avait fait rater de nombreuses missions et que vous aviez eu des morts et des blessés dans les rangs du SGC.
-C’est exact dit Hammond, Hélas, nous avons perdu les majors Andrew et Winter, le colonel Habner, et nous avons eu de nombreux blessés.
Silence, le général laissait le temps à O’Neill de digérer la nouvelle. Il n’était pas particulièrement lié avec les disparus, mais c’étaient des hommes courageux qui avaient péri dans les pièges tendus par Ishtar.
-Vous aviez quelque chose à me dire au sujet de SG1 mon général ? se hasarda O’Neill quelques instants plus tard. Pourquoi est ce que je ne les ai pas vus depuis mon retour ?
-C’est de ça dont je voulais vous parler, commença le général en hésitant Ils vous croient morts depuis plusieurs mois maintenant.
-Vous ne les pas avertis ?
-Non,
-Mais pourquoi ?
-Parce qu’il y avait un doute sur votre identité jusqu’à aujourd’hui. Le docteur Frazier m’a rendu les conclusions de son rapport, ce matin. Votre identité a été formellement prouvée.
O’Neill perdait patience, ce n’était pas l’habitude du général Hammond de tourner autour du pot, il avait du se passer quelque chose de terrible.
-Et si vous me disiez tout mon général ?
-Je vais vous faire part de ma décision, dit Hammond sans répondre à la question de Jack.
O’Neill soupira :
-Je vous écoute mon général.
-En ce moment SG1 est en vacances, je les ai éloignés de la base depuis votre retour. Attendez ! dit-il en levant la main devant l’impatience grandissante de Jack. Je vais les faire revenir aujourd’hui. Cependant il y a une chose dont je ne peux pas vous parler, seule le docteur Carter pourra le faire.
-Le docteur Carter ? Elle n’est plus dans l’armée ?
-En effet, cela fait partie des nombreuses choses dont elle vous parlera.
-Que de mystères ! dit Jack avec contrariété. Quand est-ce que je vais les voir ?
-Il vous faudra attendre encore un peu. Je ne peux pas vous retenir encore ici contre votre gré, il n’y a aucune raison. Mais si je vous le demande, accepteriez vous de rester ici dans cette cellule encore 24 heures ?
Jack était de plus en plus intrigué, il n’avait aucune idée de ce qui se passait, mais il soupçonnait que c’était très grave, sinon le général ne prendrait pas de telles précautions.
-Je peux rentrer chez moi peut être ?
-J’aimerais mieux pas colonel. Je ne veux pas que SG1 apprennent votre retour par la rumeur.
-Je vous fait confiance mon général. Vous avez dit 24 heures, pas une de plus !
-Rassurez-vous Jack, tout va bien se passer.
Hammond rappela SG1 qui se rendit immédiatement dans le bureau du général.
Celui-ci était déjà installé à sa place quand ils entrèrent. Daniel et Teal’c bavardaient de choses et d’autres, ils étaient en grande discussion sur le dernier artéfact rapporté par l’équipe, Mac Donald était silencieux, et Sam plongée dans ses pensées. Ces quelques jours de repos avaient très durs pour elle. Elle n’aimait déjà pas les vacances et se retrouver seule était toujours une épreuve depuis la mort de Jack. Elle y pensait tout le temps. De temps à autre elle touchait autour de son cou l’alliance pendue à une chaîne en or et qu’elle portait à même la peau.
Ils s’installèrent à leurs place habituelle, Mac Donald et Teal’c d’un côté, elle et Daniel de l’autre.
-Mes amis, dit Hammond en souriant, j’ai une grande nouvelle à vous apprendre. Ici au SGC est arrivé un homme il y a une semaine, il était gravement blessé, et un doute subsistait sur son identité.
-Qui est-ce demanda Daniel ?
-Vous le connaissez bien, très bien même, dit Hammond avec douceur ne voulant pas asséner trop brusquement la nouvelle du retour de Jack.
Il croisa à cet instant le regard de Sam, et il lui sourit, la jeune femme pensa aussitôt à jack, et son cœur bondit dans sa poitrine, mais c’était impossible ! Jack était mort, elle l’avait vu dans son cercueil.
Elle entendit à peine la phrase du général, « c’est le colonel O’Neill ». Elle sentit instantanément les regards des quatre hommes se poser sur elle.
Paralysie totale du corps… le cerveau au ralenti… Jack… Impossible…
-Mon général ! Elle avait presque crié. Elle était debout, le visage défait, les yeux brillants de larmes, il est mort, je l’ai vu, vous l’avez tous vu !
-Asseyez vous, reprenez vous Docteur O’Neill dit Hammond d’une voix calme.
Sam s’était rassise, elle contemplait ses mains devant elle, ses mains qui tremblaient. Elle tremblait toute, passant à la fois du désespoir à la joie la plus folle. Comment supporter tant d’émotions ? Elle rougissait, puis pâlissait l’instant d’après devenant blanche jusqu’ aux lèvres.
Hammond fit venir Janet qui l’examina.
-Elle va bien, c’est seulement trop d’émotions, dit-elle en souriant.
Quelques instants plus tard, Sam avait repris des couleurs. Elle se posait mille questions, était-ce bien le colonel qui était rentré ? dans ce cas qui était celui qu’elle avait aimé et qui était mort ?
Le général Hammond prit son temps pour expliquer à SG1 tout ce que lui avait raconté le colonel depuis son retour.
Mais Sam doutait toujours :
-Mon général, je croyais que les Asgards avaient rendu impossible le clonage du colonel ?
-En effet, mais le colonel n’a pas répondu à cette question peut être ne sait-il pas ce qui s’est réellement passé.
-Connaissant Jack, dit Daniel pour alléger l’atmosphère, je doute qu’il ait compris quelque chose à cette histoire d’ADN protégé et de clonage.
Un sourire parut sur les lèvres de Sam à la remarque de Daniel.
Il lui semblait vivre un rêve, elle avait vécu avec un homme qui était mort, elle l’avait aimé, elle l’avait enterré et c’était un clone ! Cela virait au cauchemar ! Elle avait du mal à y croire.
-Mon général, et si le « Jack » qui est revenu est un clone ? Ou quelqu’un venant d’une réalité alternée ?
-Non docteur O’Neill, Janet est formelle.
-La première fois, elle a fait des examens au colonel après les missions et elle n’a rien vu, dit Sam.
-Sans doute, hasarda Daniel parce qu’elle n’y pensait pas tout simplement.
Sam hocha la tête et se tournant vers Hammond :
-Je peux le voir, mon général ?
-Bien sûr, je vais vous faire conduire. Mais je n’ai rien dit au colonel, concernant votre vie privée, naturellement.