Daniel cria :
- Sam non ! Vous pouvez résister ! je sais que vous le pouvez, il le faut, Sam…
- Silence, Daniel.
La voix de Jack était maintenant calme. Plus aucune peur ne se lisait dans ses yeux. Il regardait la jeune femme qui se tenait devant lui, la jeune femme qui s’apprêtait à le tuer. Il lui sourit. Il lui sourit parce qu’après tout si la mort devait venir autant qu’elle vienne d’elle. Autant qu’elle vienne d’elle maintenant, maintenant que tout avait été dit, maintenant que tout avait été fait. Parce que soudain il trouvait une justification à tout, à sa vie, à sa carrière, à leur combat. Parce que mourir de sa main était la seule mort qui lui semblât acceptable. Parce qu’elle était la plus belle incarnation possible de sa mort, après avoir été toutes ces années l’incarnation de ce qui lui restait de vie. Parce qu’il allait retrouver Charlie. Parce qu’il la retrouverait elle. Parce qu’il savait qu’elle ne lui survivrait pas, comme lui ne lui aurait pas survécu.
Alors il sourit. Il sourit pour la rassurer, parce qu’il avait peur pour elle, peur des moments qu’elle allait devoir vivre quand il ne serait plus.
Il lui sourit, et tout ce qu’il ressentait pour elle depuis si longtemps passa dans ce sourire, si calme, si serein. Jack murmura :
- Tout va bien Sam. S’il te plaît, souris moi…
Elle ferma les yeux un instant, et quand elle les rouvrit son visage à elle aussi était calme. Serein de la certitude de son amour, de son pardon, du fait qu’elle le rejoindrait vite. Très vite. Alors elle sourit. Elle sourit à l’homme qu’elle aimait, oubliant les visages autour d’eux, oubliant l’arme froide dans sa main. Elle lui sourit et s’illumina de ce sourire.
Massertie ne souriait plus, lui. Il observait ces deux êtres, comprenant soudain ce qu’il était en train de briser. Comprenant que ce qui se passait entre eux était bien au-delà de tout ce qu’il avait pu imaginer, bien au-delà de sa jalousie. Il hésita. Il renonça.
Alors la voix du Goa’uld s’éleva dans la pièce :
- Tuez-le.
Le doigt de Sam pressa la gâchette de l’arme et le coup partit.
La balle atteignit O’Neill en plein cœur. Il resta debout un instant, ses yeux toujours dans ceux de Sam, puis chancela, et s’effondra à terre.
Le colonel O’Neill venait de mourir.
Il y eu un instant de silence total, finalement brisé par le hurlement de Daniel :
- NON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Teal’C était bouche ouverte, la consternation et la douleur se lisaient sur ses traits.
Sam était toujours debout, tenant le revolver à bout de bras. Elle ne souriait plus. Elle regardait le filet de sang s’échapper de la poitrine de Jack. Elle regardait sans sembler comprendre. Sans voir. Elle ne sentait plus rien, ne percevait plus rien. Plus rien n’avait d’importance, que le rejoindre. Vite, très vite. Son univers se résumait au visage de cet homme allongé à ses pieds, à ses yeux bruns déjà si ternes, à ce sang qui s’écoulait doucement.
Massertie se retourna vers Deimos :
- Mais, que…
- Il suffit. On a perdu trop de temps à vos petits jeux. Partons, nous lançons l’opération, maintenant que vous êtes découvert. Programmez la destruction du laboratoire et conduisez-nous à votre fameuse antenne avec l’amplificateur.
- QUOI ? Mais nous ne sommes pas prêts, la préparation d’une telle opération prend des mois, nous ne pouvons pas improviser, nous en avions seulement parlé pour une année future…
- SILENCE ! Je suis prêt moi, cela suffira, gronda le Goa’uld dont les yeux s’illuminèrent de colère et d’impatience.
Massertie se tut et baissa le regard. Puis Deimos se tourna vers Sam, toujours immobile :
- Vous attendrez dix minutes, puis vous tuerez les deux autres et vous après.
Sam abaissa lentement son bras. Seul son corps semblait entendre l’ordre, son visage était toujours fixé sur le corps de Jack. Massertie ouvrit la bouche pour parler, se mordit la lèvre, regarda une dernière fois la jeune femme et suivit Deimos et les gardes qui refermèrent la porte.
Daniel tomba à genoux et balbutia :
- Ce n’est pas vrai… mon dieu… ce n’est pas vrai… je vous en prie…
Un murmure s’éleva. La voix de Sam. Lointaine, distante, éteinte. Mais calme, si calme.
- Vous avez dix minutes. Il a fait une erreur, pendant dix minutes vous ne risquez rien de moi. Libérez-vous et partez.
- Major Carter…
- Ne dites rien. Je resterai ici, vous m’enfermerez. Avec lui.
- Sam… mon dieu Sam…
- Chut Daniel… Vous avez entendu Jack, tout va bien. Tout va bien aller.
Elle sourit à nouveau. Daniel se mordit la lèvre et des larmes coulèrent lentement sur ses joues. Teal’C réagit le premier, regarda autour de lui, avisa une canalisation et se rua dessus. D’un coup d’épaule il la brisa, puis entreprit de scier la corde qui lui maintenant les poignets contre le métal coupant.
Les minutes s’égrenaient petit à petit. Daniel était incapable de faire la même chose avec son épaule blessée. Il regardait le corps inerte de Jack. Il leva les yeux vers Sam, toujours immobile, son arme à la main. Il était mort. Jack O’Neill était mort de la main de Sam. Et Sam allait mourir à son tour, c’était une évidence. Et lui, Daniel, devrait vivre avec ça. Impossible.
Teal’C arracha les derniers liens. Il s’approcha lentement de Sam qui leva ses grands yeux bleus vers lui et sourit doucement. Le jaffa lui prit délicatement l’arme des mains et murmura :
- Je suis désolé Major, mais je ne vous laisserai pas mourir. Ni vous ni O’Neill. Jamais.
Sam ouvrit la bouche pour parler mais le jaffa avait prit l’arme par le canon et en asséna un coup franc sur la tête de la jeune femme. Il la retint délicatement quand elle s’affaissa dans ses bras et la déposa au sol. Daniel le regarda puis hurla :
- Jack est mort Teal’C !!!! Mort !!!!!!!!!!!!!!!!
- Mais il va revivre.
Daniel le regarda, bouche bée, puis une lueur d’espoir s’alluma dans ses yeux :
- Le sarcophage…
- Oui Daniel Jackson. Mais il faut faire vite.
Il arracha les liens de l’archéologue qui serra les dents sous la douleur de son épaule, et souleva le corps d’O’Neill dans ses bras puissants. Daniel se précipita pour lui ouvrir la porte, armé du revolver de Sam. Le laboratoire était maintenant désert. Daniel essayait de se souvenir des plans de Sam, et les orienta vers le laboratoire de Deimos.
Le sarcophage trônait au milieu de la pièce. Teal’C y glissa le corps de Jack et les lourds panneaux se refermèrent lentement. Daniel se tourna vers le jaffa : il était couvert du sang de O’Neill. Daniel détourna le regard et murmura :
- Vous croyez…
- Je n’en sais rien. Mais il le faut. Cela prendra longtemps.
- Mais… mais le laboratoire va être détruit !!! D’une seconde à l’autre peut-être !!
- Il faut arrêter le processus. Il faut trouver la commande.
Daniel acquiesça. Que faire d’autre ? S’il y avait un espoir qu’ils vivent, un espoir de retrouver Jack… L’archéologue attrapa une pièce d’étoffe et se mit rapidement le bras en écharpe. Puis ils se précipita à l’extérieur du bureau avec Teal’C et chacun partit dans un sens chercher la commande de destruction du complexe.
Les minutes se remirent à passer. Puis une, deux, trois heures…. Le laboratoire était immense, les commandes nombreuses, ils devaient tout vérifier, chercher un compte à rebours, quelque chose… Ils ne savaient pas de combien de temps ils disposaient. Ils se refusaient à y penser. S’ils mourraient, au moins ils auraient essayé. Fuir et abandonner Jack était inconcevable. Ils avaient vérifié que Sam était toujours inconsciente et l’avaient attachée, de peur qu’elle n’attente à leurs vies et à la sienne quand elle se réveillerait.
Enfin, Teal’C cria :
- J’ai trouvé Daniel Jackson.
L’archéologue se précipita : Teal’C se tenait devant une table de commande dont il avait arraché un panneau. Et avait mis à jour un compte à rebours qui indiquait un peu plus de trois heures. Daniel demanda :
- Et maintenant ?
- Maintenant on l’éteint.
Les deux hommes cherchèrent fébrilement, appuyèrent sur des boutons, des leviers, regardèrent les fils… que risquaient-ils sinon ce qui devait déjà sûrement leur arriver ? Mais ils ne trouvèrent rien. Daniel murmura :
- Nous avons besoin de Sam.
Teal’C le regarda, sourcils froncés :
- Daniel Jackson, le Major Carter est inconsciente, et programmée pour nous tuer.
- Je sais. Mais sans elle je crains que nous ne trouvions pas et que nous perdions un temps précieux. Il faut la mettre dans le sarcophage, en espérant que cela contrera les effets de l’arme.
- O’Neill est déjà dans le sarcophage. Interrompre le processus pourrait lui ôter toute chance de survie.
- On ne va pas l’enlever, on va mettre Sam avec lui. De toutes façons, si tout saute, il mourra de toutes manières…
Le jaffa sembla réfléchir un instant puis murmura :
- Vous avez raison. Allons-y.
Les deux hommes repartirent en courant. Teal’C revint avec Sam dans ses bras, toujours inconsciente, dans le laboratoire où l’attendait Daniel. Ils ouvrirent le sarcophage et le corps de Jack apparut. Immobile. Pâle. Teal’C se pencha par-dessus le rebord et posa délicatement la jeune femme contre le corps de O’Neill, sa tête blonde contre sa poitrine, prenant soin qu’elle ne soit pas en contact avec la blessure. Daniel voulut se pencher vers Jack mais déjà les panneaux se refermaient inexorablement.
Teal’C et Daniel regardèrent les deux corps inertes disparaître lentement. Les deux corps si calmes qu’ils semblaient endormis l’un contre l’autre.
Sam s’éveilla lentement et sentit autour d’elle le flux d’énergie. Elle réalisa qu’elle était allongée sur quelqu’un. Elle sut instantanément que c’était lui et elle sourit, se pelotonnant un peu plus contre le corps de Jack, immobile.
Immobile.
Elle ouvrit les yeux et se retrouva dans la lueur pâle du sarcophage. Elle leva immédiatement les yeux et vit son visage endormi. Si… pâle.
Les lèvres de la jeune femme tremblèrent. Elle l’avait tué. Tout lui revenait maintenant, Massertie, Deimos, l’arme… les coups de feu… Daniel d’abord, puis Jack… Jack qui était mort à ses pieds, en la regardant, en lui souriant.
Sam hurla. Un cri déchirant, un cri de douleur pure, de détresse totale, puis elle s’effondra à nouveau en larmes sur son torse.
Une pensée lui vint alors… pourquoi… le sarcophage… et si… Lentement, elle remonta sa main vers le cou de Jack. Elle hésita un instant avant de poser ses doigts sur la veine, paniquée à l’idée de ne rien sentir… Elle ferma les yeux à nouveau et appliqua ses doigts sur la peau de Jack. Ils frémirent.
Il était vivant.
Un sanglot la souleva et elle murmura : « Merci… »
Elle resta un instant blottie contre lui, contre lui qu’elle sentait encore si faible, si loin d’elle. Elle ne réalisa pas que les lourds panneaux s’ouvraient au-dessus d’elle, jusqu’à ce qu’elle entende la voix de Daniel, très douce :
- Sam…
Elle ouvrit à nouveau les yeux et découvrit ses deux amis penchés au-dessus du sarcophage. Elle les regarda et sourit. Ils comprirent et sourirent aussi.
Teal’C lui tendit la main. Elle regarda à nouveau Jack, se détacha de lui à contrecœur et le jaffa la hissa délicatement hors du sarcophage. Ils regardèrent tous trois O’Neill disparaître à nouveau derrière les lourdes parois.
Vivant cette fois.
Elle regarda Teal’C, Daniel et murmura, portant la main à sa bouche :
- Oh mon dieu…
L’archéologue l’attira contre lui et la serra doucement.
- Tout va bien Sam… Il va vivre… Il a besoin de temps, mais il va vivre.
- Et vous seule pouvez lui donner ce temps, Major Carter, ajouta le jaffa.
Elle se redressa, avisa l’épaule de Daniel :
- Daniel, je suis…
- Je sais Sam. Je ne vous en veux absolument pas. Vous n’y êtes strictement pour rien. La balle est ressortie, la blessure est nette, rien qui justifie un séjour dans le sarcophage. Et vous ? Comment allez-vous ? Etes-vous toujours sous l’emprise… ?
- Je… je ne sais pas, balbutia la jeune femme, s’éloignant soudain de peur de faire du mal à ses amis.
- Il n’y a qu’une seule façon de le savoir, dit calmement Teal’C.
Et il tendit l’arme à Sam. Sam qui réalisa soudain que ce revolver qui se trouvait dans la main de Teal’C était celui avait lequel elle avait blessé Daniel. Celui avec lequel elle avait tué Jack.
Elle se recula, horrifiée.
Teal’C sourit et mit une main sur l’épaule de la jeune femme qui leva les yeux vers lui :
- Vous êtes guérie. Maintenant il faut nous aider.
- Que puis-je faire ?
- Désamorcer le mécanisme d’autodestruction du complexe. Venez.
Ils partirent tous trois en courant et Sam tomba à genoux devant la minuterie, qu’elle observa quelques instants en silence, effleurant les fils du bout des doigts, sa ride de concentration au milieu du front, à nouveau sûre d’elle. A nouveau elle.
Au bout de quelques secondes, elle arracha deux fils. Le compte à rebours s’arrêta. Daniel écarquilla les yeux :
- Et… c’est tout ?
- Oui. C’est tout. Vous auriez voulu que j’attende la dernière seconde pour ménager le suspens ?
Elle souriait à nouveau. Daniel et Teal’C lui rendirent son sourire.
Ils pouvaient sourire à nouveau : Jack était vivant. Et en sécurité maintenant.
Ils retournèrent tous trois dans le bureau de Deimos après être passés prendre une trousse de soins dans un des laboratoires. Ils s’assirent tous trois près du sarcophage auquel Sam lançait fréquemment des regards inquiets. Elle découpa le T-shirt de Daniel : la blessure était nette, en effet, mais saignait toujours faiblement. Elle désinfecta la plaie, plaça des pansements de compression et fit un bandage serré autour de l’épaule de l’archéologue. Puis ce fut lui qui tenta au mieux de soigner les ecchymoses dues aux coups d’Adrian sur le visage de la jeune femme. Leurs regards se croisèrent et ils se sourirent. Daniel posa sa main sur la joue de Sam et murmura :
- Merci Sam. Vous voyez, tout va aller bien. Il avait raison comme toujours. Mais ne lui répétez jamais que je vous ai dit cela !
- Merci Daniel.
Teal’C s’assit à côté d’eux et ils réfléchirent tous trois à ce qu’ils devaient faire à présent. Daniel prit la parole :
- Bien. Nous savons maintenant à quoi sert leur nouvelle arme. Deimos a parlé d’une opération beaucoup plus importante.
- Adrian ne semblait pas d’accord, à priori nous avons précipité les choses par notre intervention, ajouta Sam.
Le jaffa prit la parole à son tour :
- Deimos a demandé à Massertie de le conduire à l’émetteur, avec un amplificateur. Que pourraient-ils vouloir faire ?
- Mais… amplifier le signal en utilisant un émetteur radio et ainsi…
La jeune femme s’arrêta et Daniel et elle se regardèrent, bouche bée. Teal’C finit doucement :
- … et ainsi prendre sur beaucoup plus de gens le contrôle qu’il a eu sur vous, Major Carter.
Ils s’entreregardèrent et Sam murmura pour elle-même :
- Un émetteur radio… ou un relais radio… Il faut trouver…
Daniel bondit sur ses pieds et s’écria :
- Mais bien sûr ! C’est évident enfin !
Ses deux coéquipiers le regardèrent, fronçant les sourcils. Il continua, au comble de l’excitation :
- Mais voyons si ! Les français ont l’émetteur radio le plus connu au monde !!! LA TOUR EIFFEL !!!!
Teal’c et Sam se levèrent d’un bond et ils s’élancèrent vers la sortie. Mais la jeune femme s’arrêta et se retourna vers le sarcophage. Daniel murmura :
- Il faut le laisser là Sam. Il est en sécurité. Ils croient que le laboratoire va sauter, ils ne reviendront pas. Et Jack doit rester là.
Elle se tourna vers l’archéologue et acquiesça. Ils partirent en courant. Teal’C avait dissimulé le revolver dans son pantalon. Quand ils arrivèrent à l’air libre, les rues étaient vides, seuls quelques passants dévisagèrent ces deux hommes en noir et cette jeune femme au visage écorché qui couraient à perdre haleine. Daniel avait remis sa veste mais se tenait le bras en grimaçant. Sam s’arrêta soudain près d’un vendeur pour touristes. Ses deux amis l’imitèrent. Elle remplaça le bonnet de Teal’C par une casquette, et acheta deux chemises colorées que ses compagnons enfilèrent. Daniel paya et ils hélèrent un taxi dans lequel ils s’engouffrèrent :
- A la Tour Eiffel, vite !!!
- A la… ? Mais cela ne va pas…
- Vite, répéta Teal’C, fixant le chauffeur dans le rétroviseur.
- Ok, ok, on va faire ce qu’on peut…
Le taxi démarra. Daniel soupira et reposa sa tête sur le dossier. Il était neuf heures du matin.
Un moment plus tard, l’édifice centenaire se dressait devant eux, à la fois majestueux et ridiculement petit pour des américains habitués aux buildings… et pour des explorateurs habitués aux constructions extraterrestres les plus fabuleuses.
Un car de CRS était rangé sur l’esplanade, qui avait été interdite à la population. Mais les policiers qu’ils croisèrent avaient le regard vide et ne semblèrent même pas remarquer leur présence. Daniel murmura :
- Je crois que c’est clair, en tous cas on ne s’est pas trompé d’émetteur, Deimos est passé par là.
- Oui… il semblerait que l’arme n’ait pas sur moi exactement les mêmes effets, peut-être à cause de Jolinar : ils ont l’air ailleurs, alors que j’étais parfaitement consciente…
A ces mots la jeune femme se mordit la lèvre en se revoyant un instant tirer sur Daniel et Jack. Puis elle s’élança vers le pilier Nord, entrée de l’édifice, ses deux amis derrière elle. Ils essayèrent de faire fonctionner les énormes ascenseurs, sans succès. Sam et Teal’C se retournèrent lentement vers Daniel, qui soupira :
- Ok, ne me dites rien, il faut prendre les escaliers… Je ne veux même pas savoir combien il y a de marches… Il se trouve où l’émetteur ?
Sam fit une petite grimace désolée et l‘archéologue maugréa de plus belle :
- Ben voyons… Au dernier étage, suis-je bête…
Ils s’élancèrent dans les escaliers en acier, Teal’C en tête, que la montée ne semblait absolument pas freiner. Sam venait peu après ; elle avait rapidement ôté ses souliers à talons et grimpaient maintenant pieds nus sur les marches métalliques. Elle lançait de temps à autre des paroles d’encouragement à Daniel, qui peinait sous l’effort et la douleur de son épaule.
Daniel était maintenant loin derrière quand Sam rejoignit Teal’C qui s’était immobilisé à mis chemin entre le deuxième et le troisième étage. Le jaffa lui fit signe de se taire. Elle s’approcha doucement et entendit des voix. En se penchant pour regarder au-dessus au travers des poutrelles, elle parvint à distinguer quatre hommes, des policiers à priori auxquels Deimos avaient dû ordonner de monter la garde. Mais les voix qu’ils entendaient étaient celles de Massertie et du Goa’uld.
- … dépêchez-vous ! ce retard est intolérable !
- Je fais ce que je peux, les branchements seront bientôt terminés, vous pourrez enclencher l’arme de votre côté.
Teal’C et Sam se regardèrent et ils commencèrent à monter très doucement, se dissimulant derrière les poutrelles. Ils arrivèrent au niveau du premier garde, situé un peu plus bas que les autres. Sam lança adroitement au loin l’un de ses souliers qu’elle tenait à la main et le regard de l’homme fut détourné vers le bruit. Avant que l’homme ait pu réaliser ce qui se passait, Teal’C avait bondi sur lui et l’avait assommé sans bruit d’un coup de poing puissant. Il jeta l’arme du policier à Sam et ils continuèrent leur montée. Sam murmura :
- Il ne faut pas tuer ces policiers, Teal’C.
- Je sais bien Major, mais je doute que nous puissions éviter de les blesser…
Elle acquiesça. A ce moment ils débouchèrent sur la dernière plate-forme, minuscule, qui faisait le tour du bureau de Gustave Eiffel et des installations radios. Sam eut le temps d’apercevoir Deimos et Massertie se jeter dans la pièce avant d’essuyer les premiers tirs. Elle plongea sur le métal froid, couverte par le tir de Teal’C. Le jaffa blessa à l’épaule un premier homme, alors que Sam atteignait un second à la jambe. Elle eut le temps d’entendre Teal’C lui crier de faire attention, se retourna vivement, et se retrouva face au dernier policier qui pointa son revolver vers elle.
Il s’écroula au sol, inerte, et Daniel apparut derrière lui, un petit extincteur à la main avec lequel il venait d’assommer le policier. Encore essoufflé, l’archéologue articula difficilement en grimaçant de douleur :
- Vous…vous auriez pu m’attendre pour déclencher les hostilités !
Sam lui sourit à son tour, se releva et se dirigea lentement vers le réduit radio, suivie de Teal’C et Daniel. Elle ouvrit la porte d’un coup de pied et se rejeta en arrière. Elle entendit le bruit d’un zat. Elle grimaça : Teal’C et elle ne disposaient que de revolvers, et avaient déjà utilisé un certain nombre de balles. Daniel se tenait très en retrait pour ne pas gêner leur offensive. Sam entendit la voix de Massertie :
- Ca y est… j’y suis presque…
Elle croisa le regard de Teal’C, qui hocha la tête d’un air entendu. Elle se précipita dans l’ouverture et roula dans la pièce tout en tirant. Un tir de zat la rata de peu alors qu’elle tentait vainement de se cacher : la pièce était beaucoup trop petite pour cela. Adrian se tenait de l’autre côté, agenouillé devant tout un réseau de câbles électriques et de machines complexes qu’il tentait manifestement de relier à l’arme de Deimos, posée à terre. Le Goa’uld était debout à côté de lui et brandissait son zat vers la jeune femme. Il tira et Sam s’effondra sous la douleur. Adrian se jeta alors sur Deimos qui allait tirer de nouveau en hurlant :
- NON !!!!!!
Le zat du Goa’uld lui échappa et glissa de l’autre côté de la pièce. Deimos saisit alors le revolver de Sam et, se tournant vers Massertie, lui tira dessus en criant :
- Pauvre imbécile ! Tu n’as jamais compris que tu n’étais rien !
Adrian s’effondra au sol, et une marre de sang se forma lentement autour de son corps inerte.
Pendant ce temps, Deimos avait rapidement ramassé et glissé dans une poche sa fameuse arme, s’était jeté hors de la pièce… et s’était retrouvé nez à nez avec Teal’C qui déchargea son revolver sur lui. En vain : le Goa’uld avait activé son bouclier et les balles ricochèrent dessus avec un bruit mat. Sam, chancelante, sortit à son tour du réduit pour se retrouver elle aussi face au zat que brandissait Deimos. Les yeux du Goa’uld brillaient de joie alors que la jeune femme et le jaffa reculaient peu à peu contre la rambarde d’acier, acculés.
Deimos, prêt à tirer, clama en riant :
- Pauvres idiots ! Une tau’ri et un shol’va ! Qu’espériez-vous contre moi ! Vous allez mourir, je trouverai la porte, et…
Il n’acheva pas. L’extincteur l’atteignit en plein visage et il bascula dans le vide sous la violence du choc. Il tenta vainement de se raccrocher à une poutrelle, mais glissa dans le vide. Teal’C regarda son corps ricocher sur la gigantesque armature d’acier et s’immobilier enfin sur le sol de l’esplanade.
Sam ne le regarda pas tomber.
Sam regardait Jack, qui venait de surgir sur la passerelle, Daniel derrière lui, et d’asséner le coup d’extincteur au goa’uld. O’Neill lui sourit et secoua la tête en disant :
- A chaque fois ils ressentent le besoin de faire tout un discours de victoire. Avouez que c’est bête !
Un immense sourire se dessina lentement sur les lèvres de la jeune femme qui ne put que murmurer :
- Je suis heureuse de vous revoir en vie, mon colonel…
Teal’C et Daniel souriaient eux aussi à Jack qui semblait radieux. Il se tourna vers l’archéologue :
- Heureusement que je suis arrivé à temps encore une fois ! Franchement Daniel, qu’espériez vous faire ! Vous n’arriviez même plus à soulever ce minuscule extincteur ! Jolie casquette Teal’C. Elle plaira beaucoup à Hammond.
Le jaffa sourit en s’inclinant et Daniel rit en secouant la tête, trop heureux de revoir son ami pour répondre.
Sam, le visage tout à coup fermé, entra à nouveau dans le réduit et s’agenouilla près d’Adrian. Son pouls était très faible, il avait perdu énormément de sang. Il ouvrit les yeux et regarda la jeune femme penchée sur lui. Il sourit faiblement :
- Samantha… Je suis…. désolé… J’aurais du…vous écouter… j’ai été aveuglé…
- Chut, taisez-vous, on va vous soigner…
- Non, c’est trop tard… J’ai cru… j’ai cru que je voulais le monde… alors… alors que je ne voulais que vous. Je… je vous aimais Samantha… Je suis désolé, de tout ce que je vous ai fait…
La mâchoire d’Adrian se crispa une dernière fois sous la douleur, puis sa tête retomba en arrière. Sam lui ferma les yeux doucement. Une main se posa sur son épaule. Elle tourna la tête et découvrit Jack qui la regardait gravement. Elle se releva, ramassa le zat et ils sortirent.