A mesure qu’il approchait de l’infirmerie, Jack sentit ses belles résolutions s’envoler.
C’était facile de dire qu’il allait en discuter avec elle, mais comment devait-il s’y prendre ? Cela faisait trois mois qu’ils ne s’étaient pas revus. Ils ne s’étaient même pas parlés depuis ce fameux soir de novembre…
Tout en marchant, il tenta de se remémorer les événements. Tout avait commencé quand ils avaient découvert l’existence des Oris. Le général Landry lui avait téléphoné pour lui annoncer que Daniel et Vala avaient repris conscience, et il avait décidé de quitter Washington quelques jours pour constater sur place la gravité de la situation. Les circonstances avaient fait que ce même jour, la zone 51 avait appelé pour confirmer la nécessité d’un test du nouveau modèle de X-302. L’idée avait germé dans sa tête qu’il pourrait faire lui même cet essai avec Mitchell. Et c’est pour cela qu’il s’était d’abord rendu dans le Nevada afin de récupérer l’appareil, avant de rallier le SGC.
Et forcément, il avait profité de sa présence pour rendre visite à Sam. Jamais il n’aurait imaginé que cela puisse si mal se terminer…
Il avait quitté la zone 51 le lendemain, déçu et furieux, autant contre elle que contre lui-même. La seule chose qui le rassurait, c’était que personne ne serait jamais au courant. Avant de repartir pour la capitale, il avait mangé avec Daniel à la base. Il avait un peu craint que ses soucis ne soient lisibles sur son visage mais l’archéologue avait passé le repas à s’inquiéter de la menace Ori et à se plaindre de Vala. Il n’avait fait aucune remarque quant à la mine fatiguée du militaire.Il s’arrêta à côté de la chambre de la jeune femme et s’appuya contre le mur qui se trouvait en face de la porte. Il avait besoin de rassembler ses pensées et de réfléchir à une manière correcte d’entamer la conversation. Devait-il faire comme si rien ne s’était passé ? Ou en parler sans attendre ?
Il soupira longuement… Il fallait d’urgence qu’il se calme. La dernière fois, tout avait raté parce qu’il s’était mis tout seul la pression. Daniel lui avait conseillé de laisser venir les choses. Donc il allait d’abord se renseigner sur sa santé. Et si elle était capable de parler, et bien il…
Ses pensées furent interrompues par la porte qui s’ouvrit. Il se redressa brusquement et vit Carolyn Lam sortir de la chambre de Sam. Elle l’aperçut et se dirigea naturellement vers lui.
- Les bonnes nouvelles vont vite apparemment ! dit-elle avec entrain.
- Elle va bien ? demanda-t-il en essayant de masquer au mieux l’anxiété dans sa voix.
- Mieux que je ne pouvais l’espérer, répondit la jeune femme. Je dois encore analyser les résultats des scanners, mais les premiers examens ne montrent aucune séquelle. Elle parle, elle bouge tous ses membres et sa mémoire est intacte.
- Donc il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour sa santé ?
- Et bien elle doit encore se remettre physiquement de sa blessure, mais sinon vous pouvez être rassuré.
- Bien, dit-il enfin, soulagé.
- Elle doit se reposer mais je peux accorder une visite exceptionnelle.
Le jeune docteur lui fit un clin d’œil et avant qu’il n’ait pu esquisser un geste, elle avait déjà rouvert la porte pour parler à sa patiente.
- Sam, il y a ici du monde qui attend avec impatience de vous voir. Je vous accorde une quinzaine de minutes. Si vous avez besoin, je suis dans la salle d’à côté, le colonel Mitchell vient lui aussi de reprendre conscience.
Sans lui laisser le temps de protester, elle attrapa Jack par le bras, le poussa dans la pièce et referma la porte.
Il allait donc devoir improviser…
Il inspira lentement et tourna son regard vers elle. Couchée dans son lit, elle l’observait en silence.
Elle n’avait pas cherché à cacher sa surprise quand il était entré et il s’aperçut sans difficulté qu’elle ne s’était même pas attendue à ce qu’il vienne la voir.
- Bonjour, tenta-t-il avec un sourire.
- Bonjour…
Génial, ils avaient entamé une conversation. Bon sang, il ne savait pas sur quel pied danser, et manifestement, elle était dans le même état.
Il décida néanmoins de s’approcher de son lit, sans toutefois oser s’asseoir.
Sam se redressa légèrement et lui adressa un petit sourire. Il avait décidé de faire le premier pas et elle lui en était reconnaissante. Après ce qui s’était passé, elle ne s’était pas attendue à le revoir un jour. Le fait qu’il soit venu de lui-même dans cette pièce la rassurait. Peut-être qu’ils pourraient recoller les morceaux. Ou au moins s’expliquer…
Elle l’observa en silence. Pour qui ne le connaissait pas, il aurait donné l’impression d’être calme, mais elle le sentait anxieux. Il avait déjà fait la démarche de venir la voir et elle se dit que c’était peut-être à elle d’attaquer la conversation.
- Vous ne voulez pas vous asseoir ? demanda-t-elle avec prudence.
Il déclina l’invitation d’un geste de la main. Il préférait rester debout. Il avait l’impression de dominer la situation ainsi, même si ce n’était pas le cas. Il croisa les bras puis les décroisa en réalisant que cette posture montrait trop qu’il était mal à l’aise.
Ses yeux se promenèrent un instant dans la pièce et s’arrêtèrent sur le lit vide à côté de la jeune femme.
Elle avait suivi son regard et eut un petit rire malgré elle. Il la regarda étonné et elle lut la question dans ses yeux. D’un geste de la main, elle indiqua le lit :
- Quand je me suis réveillée, commença-t-elle, Vala était dans ce lit et elle me parlait. Je ne me souviens pas de tout mais je crois qu’elle était en train de me raconter une histoire à propos d’une princesse endormie et d’un prince qui combattait pour elle.
Il haussa les sourcils et se demanda si Vala l’avait fait exprès. Avait-elle osé adapter son histoire à la situation ?
- Je ne sais pas si je ressemble à Aurore mais la comparaison était amusante, termina-t-elle en se repositionnant sur les oreillers derrière elle. J’ignore où elle a entendu ce conte… J’aurais voulu le lui demander mais ils m’ont emmenée faire des examens et elle avait quitté la chambre quand je suis revenue.
Il lui sourit et ses yeux pétillèrent.
- Je crois qu’elle est en train de donner à Daniel ses premiers cheveux blancs, dit-il sur un ton confidentiel.
- A ce point ? demanda-t-elle sur le même ton.
- Elle s’est sauvée de l’infirmerie…
- Oh ! souffla-t-elle, luttant contre l’envie de rire.
- Quelque part, je suis jaloux, elle m’a volé mon rôle… plaisanta-t-il.
- Je ne suis pas sûre que vous entreteniez le même genre de relation qu’elle avec Daniel.
- Je suppose que vous faîtes référence à ce qui émane d’eux quand ils se chamaillent, dit-il avec un clin d’œil.
- C’est assez… explosif, confirma-t-elle avec amusement.
- Daniel me tuerait s’il savait ce que je dis ça, mais à mon avis, il finira par l’étrangler ou par l’épouser !
Elle étouffa un soupir. C’était stupide de nier, elle le savait bien. Mais elle se sentait responsable du fiasco. Elle était tellement nerveuse ce jour-là… Il est vrai qu’elle avait eu le temps d’imaginer ce que serait un dîner avec Jack O’Neill et lorsqu’il avait fallu le vivre, rien ne s’était déroulé comme elle l’avait espéré.
Elle se rappelait encore sa joie en le voyant entrer dans son laboratoire, tout fier de la surprendre. Ils avaient un peu discuté et il avait dit qu’il devait passer la nuit dans le Nevada. Après un instant de silence, il lui avait demandé si elle voulait bien dîner avec lui. Si elle devait situer le moment où tout était parti en vrille, ce serait sûrement cette question… Elle avait senti son cœur s’emballer et avait soufflé un « oui » ravi. A ce moment-là, la nature de leur rendez-vous ne faisait aucun doute : c’était LE soir. Son invitation était forcément romantique, elle n’avait même pas pensé qu’il pouvait en être autrement. A partir de là, la pression était doucement montée pour atteindre un niveau insupportable. Elle avait vécu comme un échec tout ce qui ne s’était pas déroulé comme elle l’avait rêvé. A bien y réfléchir, c’était stupide, mais sur le moment elle avait été aveuglée par sa nervosité. Dans cet état d’esprit, rien n’aurait pu marcher…
Déjà, il n’avait pas de voiture, donc c’est elle qui avait dû aller le chercher à son hôtel. Cette petite entorse au règlement du dîner romantique, bêtement, l’avait agacée. Il faut dire qu’entre le moment où il l’avait invitée et celui où elle était passée le prendre, elle avait eu le temps de paniquer plus qu’il n’était permis. Tout d’abord, il y avait eu un problème sur le réacteur qu’ils étaient en train de mettre au point à la base. Elle avait fini par quitter la zone trop tard et en laissant des techniciens dépassés. Il avait ensuite fallu qu’elle se prépare, jonglant entre les collants filés, les trois kilos qu’elle avait pris et le maquillage qu’elle n’arrivait pas à doser. Bien sûr, elle avait des collants qui étaient en bon état et elle aurait pu se dire que les hommes appréciaient les rondeurs, mais elle n’avait vu dans ces événements que de stupides contretemps qui avaient fini par entamer son moral.
Les « catastrophes » s’étaient ensuite enchaînées. Ils avaient trouvé un restaurant agréable mais étaient placé à côté d’un couple qui fumait cigarette sur cigarette. Elle était mal à l’aise dans sa robe trop serrée, trop courte, trop noire… Il avait commandé de l’agneau, ce qu’elle détestait, et l’odeur avait fini par lui couper l’appétit. La serveuse était mielleuse, surtout avec lui. Leur conversation avait été des plus banales.
Quelques mois avaient passé et elle se sentait maintenant stupide d’avoir eu un tel comportement… Ce n’était que des futilités, mais au lieu de savourer la présence de Jack, elle s’était concentrée sur tous les petits détails qui entachaient la perfection de SA soirée. Il avait senti qu’elle n’était pas réellement contente et il s’était rapidement fermé. Elle l’avait senti s’agacer au fur et à mesure que le temps passait. La conversation avait fini par s’éteindre et elle avait vu là la preuve irréfutable qu’ils n’étaient pas faits pour être ensemble. Si cela avait été le cas, ils auraient pu discuter des heures non ?
Pour achever la soirée, il avait fallu que ses techniciens lui téléphonent pour lui poser des questions. La première fois, Jack avait souri. La deuxième, il lui avait conseillé d’éteindre son portable, ce qu’elle avait refusé en expliquant qu’elle avait peur qu’ils ne rayent le Nevada de la carte. La troisième fois, il avait eu l’air agacé mais n’avait rien dit. Mais au sixième appel, il avait eu l’air prêt à jeter le téléphone à travers la pièce. Elle aurait pu dire à ses techniciens de cesser de travailler sur le projet, mais vu la direction que prenait le repas, discuter avec eux lui donnait l’impression de maîtriser au moins une chose. L’homme en face d’elle avait tenté une dernière plaisanterie en faisant une remarque sur son obsession du contrôle, mais elle avait pris ça pour un reproche et s’était vexée. Il avait demandé l’addition et au moment où il avait refusé les cafés qu’on leur proposait, elle avait su que la soirée était un fiasco et que le reste de leur histoire aussi. Elle s’était leurrée, tout simplement…
Ils s’étaient séparés sur le trottoir devant le restaurant. Jack avait préféré prendre un taxi alors qu’elle retournait à la base pour voir où en était le travail. Un simple « bonsoir » avait clos la soirée, pure politesse. Aucun d’eux n’avait jamais osé rappeler l’autre…
Sam soupira doucement et redressa la tête pour tomber sur les yeux de Jack qui la fixait. Depuis combien de temps était-elle plongée dans ses pensées ?
Elle le vit clore ses paupières et serrer la barre du lit. Il inspira longuement puis rouvrit les yeux. Son regard s’ancra dans le sien et elle y lut de la résolution.
- Je suis désolé, dit-il.
- Pourquoi ? demanda-t-elle étonnée.
Elle savait très bien qu’il parlait de la soirée catastrophique qu’ils avaient passée, mais elle se demandait pourquoi il voulait s’en excuser. Après tout, c’était elle qui avait tout gâché…
- Pour vous avoir placée dans une situation que vous ne souhaitiez peut-être pas. Pour avoir été impatient. Pour m’être montré de mauvaise compagnie. Pour vous avoir privée de café. Pour avoir pensé que tout allait couler de source.
Elle le regarda sans oser parler. Ces quelques phrases étaient plus qu’elle n’espérait, surtout si elle tenait compte du fait que c’était elle qui les avait mis dans cette situation.
- Et c’est tout ? lui demanda-t-elle cependant.
Il la regarda, peu sûr de savoir si elle plaisantait ou non. Il décida néanmoins de répondre sérieusement :
- Non, je suis aussi désolé de ne pas avoir eu le cran de vous rappeler pour que nous en parlions, dit-il posément.
Elle inspira longuement et se redressa dans le lit.
- Tout d’abord, commença-t-elle, j’avais vraiment envie d’être dans ce restaurant avec vous ce soir-là. Ensuite, je suis moi aussi désolée.
Il haussa les sourcils et l’encouragea à poursuivre.
- Je suis désolée d’avoir été nerveuse. Je suis désolée de ne pas avoir éteint mon téléphone. Je suis désolée d’avoir trop attendu de cette soirée. Je suis désolée d’avoir été si désagréable. Et je suis surtout désolée de ne pas avoir eu le cran de vous rappeler pour que nous en parlions.
Elle finit sa réplique presque à bout de souffle et attendit qu’il se décide à parler.
Il était au moins rassuré sur un point : elle avait envie d’entretenir une relation plus qu’amicale avec lui. C’était peut-être évident pour les gens mais lui n’avait pu s’empêcher d’en douter. Ils avaient traversé tant de choses ensemble, nié et avoué tellement de sentiments. Ils avaient de quoi ne plus être sûrs de rien !
Maintenant, il s’agissait de la convaincre que ce n’était qu’une erreur de parcours. Ils avaient mis trop d’attentes dans ce dîner, c’était évident. Et elle avait pris l’échec très à cœur. La moindre phrase, le moindre geste, étaient devenus des écueils. Ils avaient pourtant tous deux assez d’expérience pour savoir qu’une histoire n’est jamais parfaite et qu’elle se construit sur une multitude de petites erreurs et concessions. Ce n’était pas une mer calme qu’ils devaient traverser, mais ils n’avaient pas non plus une montagne à gravir.Il secoua la tête. Il ferait mieux d’arrêter avec ce genre d’images. Leur histoire ne pouvait être comparée à rien, c’était à eux de l’écrire comme ils en auraient envie. Et pour cela, ils devaient arrêter de réfléchir et surtout accepter les petits échecs. Et surtout, ils devaient apprendre à communiquer.
- Que voudriez-vous ? demanda-t-il doucement.
Elle réfléchit quelques secondes et répondit en baissant les yeux :
- Je crois, dit-elle timidement, que j’aimerais que vous m’emmeniez dîner à nouveau.
Il prit doucement son menton entre ses doigts et lui releva le visage.
- Je pense que je suis capable de faire ça, répondit-il avec un sourire. Enfin il faudra attendre qu’on vous relâche mais je peux soudoyer les cuisiniers du mess en attendant que vous soyez remise.
- Vous me proposez quoi ? demanda-t-elle en souriant à son tour.
- Et bien j’avoue que manger une part de gâteau au chocolat avec vous serait vraiment très agréable.
- Vous partageriez votre gâteau avec moi ?
- J’envisageais plutôt que nous ayons chacun notre part, répondit-il, mais nous pouvons les mettre dans la même assiette…
- Je vous préviens, je l’aime avec de la crème anglaise.
- Tant que vous ne volez pas un morceau du mien, dit-il en se rapprochant, je suis prêt à tout accepter.
Il s’assit doucement sur lit.
Sam se redressa lentement jusqu’à se trouver en position assise et le fixa en souriant. Elle était bien. Il avait su la mettre en confiance et elle avait compris qu’il fallait qu’elle se laisse aller sans se poser de questions.
Elle observa ses traits, son visage comme toujours indéchiffrable. Pourtant, elle le sentait plus apaisé qu’elle ne l’avait jamais connu.
- Vous savez, reprit-elle, je crois que nous sommes en train de communiquer…
- C’est un bon début je suppose, dit-il tout en avançant le bras pour remettre une mèche derrière son oreille.
La main qui tenait son menton avait fini par glisser jusqu’à la base de son cou et il laissa l’autre caresser doucement sa joue. Elle inclina sa tête pour affermir le contact.
Cela pouvait être simple s’ils en parlaient sans peur…
Elle lui sourit et demanda :
- Et vous, de quoi avez-vous envie ?
Un éclat nouveau brilla dans les yeux de Jack et il se pencha vers elle.
- Vous croyez que je peux communiquer autrement qu’avec des mots ? souffla-t-il.
- Je pense qu’on peut faire une exception pour cette fois, murmura-t-elle.
Sans la quitter des yeux, il inclina doucement sa tête jusqu’à sentir son souffle contre sa bouche. Leurs lèvres se frôlèrent doucement. Il attendit quelques instants, le temps de la sentir sourire puis il captura sa bouche, l’embrassant plus fermement, presque avec fièvre. Elle soupira et ses mains vinrent naturellement s’enfouir dans les cheveux courts de Jack, le rapprochant d’elle par la même occasion.
Pour la première fois depuis des mois, leurs cœurs étaient apaisés.
******************
- Non !
- Et pourquoi ? demanda crânement Vala.
Le visage toujours appuyé contre la table, il se frotta les tempes pour faire partir le mal de tête qui menaçait de faire son apparition.
- Daniel ? redemanda-t-elle.
Assise en face de lui à la table du mess, elle était en train de décortiquer une clémentine.
Il se redressa et lui répondit en utilisant ses mains pour appuyer ses paroles :
- Parce que ce n’est pas à moi de décider !
- Oui mais s’ils ont l’assurance que tu es d’accord, cela les encouragera à accepter ! tenta-t-elle.
Il inspira profondément et fit craquer les jointures de ses doigts pour se calmer.
- Vala, reprit-il posément, il est hors de question que tu viennes habiter chez moi.
- Ça tu l’as déjà dit plusieurs fois, je crois que j’ai compris. Ce que j’aimerais maintenant, c’est que tu me donnes une raison valable !
- Quand le général t’a dit qu’ils allaient t’autoriser à rester sur Terre, ça ne signifiait pas que tu pourrais te rendre comme ça à la surface ! Il a fallu des années avant que Teal’c obtienne ce droit. Et lui n’avait pas volé le Prométhée !
- Oui mais il avait travaillé avec les Goa’ulds, fit-elle avec une moue boudeuse. Allez Daniel, je n’ai pas envie de rester enfermée ici !
- Tu auras le droit de sortir, mais pas seule ! répliqua-t-il.
- Et qu’est-ce que ça change si je viens habiter avec toi ? Tu te chargeras de la surveillance comme ça !
Elle était en train de lui faire des yeux de cocker abandonné mais il savait très bien où elle voulait en venir. Il n’en revenait pas de son culot !
Il s’était déjà laissé convaincre de la surveiller avant de la ramener à l’infirmerie, et elle était en train de tenter de profiter encore plus de lui.
Non mais quelle idée ! Habiter ensemble ! Certes, il avait une chambre d’ami et il ne pensait pas qu’elle serait capable de l’assassiner dans son sommeil. Mais de là à partager la salle de bain ! Il n’avait pas besoin de colocataire, d’autant qu’il était plus souvent à la base que chez lui.
- Je ne suis pas Teal’c moi, gémit-elle. Et tu es la seule personne que je connaisse qui pourrait m’accueillir !
- Mais j’ai une vie je te signale, il n’est pas question que tu viennes la chambouler !
Elle le regarda, l’air sceptique. Vu le temps qu’il passait au SGC, sa vie sociale ne devait pas être des plus développées. Il n’avait même pas eu l’air de souffrir de l’enfermement à la base quand ils avaient été liés par les bracelets.
- Allez, supplia-t-elle, je suis sûr que ce serait bien !
Daniel roula des yeux. En supposant qu’il arrive à la supporter, ce dont il doutait fort, cela n’empêchait pas qu’elle allait provoquer des catastrophes. Bon sang, ses voisins étaient des personnes âgées, probablement fragiles du cœur ! Il n’osait imaginer ce qu’elle pourrait faire…
Et puis sa vie lui convenait très bien comme elle était ! Elle ne viendrait pas chez lui, point !
Les ragots étaient déjà suffisamment nombreux à la base, inutile de les entretenir.
- Je suis sûr que le général O’Neill me soutiendra ! affirma-t-elle avec un grand sourire.
- C’est tout de même à moi de décider de ma vie ! se défendit-il.
- Je te promets que je serai sage ! Je ferai même la cuisine si tu veux…
- C’est non, non et non ! martela-t-il.
- Tu ne t’apercevras même pas de ma présence… tenta-t-elle.
- Jusqu’au jour où tu te glisseras dans mon lit sous prétexte qu’il fait froid !
- Si tu crains pour ta vertu, je peux te promettre que je resterai sagement dans ma chambre !
- Et je devrais mettre mon argenterie sous clé en plus, maugréa-t-il.
- Oh !! s’offusqua-t-elle en lui lançant au visage un quartier de la clémentine.
Il évita de justesse le morceau de fruit et la fusilla du regard.
- Allez, tu me fais confiance, non ? supplia-t-elle.
- Pas en ce qui concerne mes petites cuillères ! rétorqua-t-il.
Il sourit d’un air goguenard et elle lui tira la langue.
Il sentait qu’il pouvait lui faire confiance et que s’il lui demandait, elle ferait des efforts. Après tout, elle avait déjà mis plusieurs fois sa vie entre ses mains, et il n’y avait aucune raison que ça ne puisse pas être réciproque.
Mais elle était tellement exaspérante…
- Daniel, s’il te plaît ! Je te jure que...
- Jack avait raison ma parole, tu es une vraie pie !!
Elle haussa les sourcils.
- Une pie ? demanda-t-elle avec méfiance. Qu’est-ce que c’est que ça ?
- C’est un oiseau qui vit sur Terre, répondit-il malicieusement. Les pies sont connues pour aimer les objets brillants et les voler. Et elles sont aussi extrêmement bavardes !
- La comparaison est… flatteuse, fit-elle avec un sourire crispé.
Il l’avait vexée, il le sentait. Elle était plus sensible qu’elle ne voulait bien l’admettre et il avait été un peu dur. Surtout que les événements récents l’avaient chamboulée. Cela n’avait pas dû être facile pour elle de se retrouver face à son passé. Et de faire à nouveau confiance à quelqu’un.
- Tu sais, reprit-il doucement, ce sont aussi des oiseaux très intelligents…
Elle ne répondit pas et se contenta de manger sa clémentine en boudant.
- Vala…
Il soupira.
- Je suis désolé, sincèrement, tenta-t-il.
Elle releva les yeux et l’observa sans rien dire pendant quelques instants.
Puis elle reprit la parole :
- Pourquoi devrais-je pardonner ton mépris ? demanda-t-elle. Je n’ai pas voulu cette vie…
- Je sais Vala, répondit-il avec douceur. Je ne te méprise pas, c’est juste que… Cela n’avait rien de méchant, je voulais simplement plaisanter. Mais j’ai été trop loin, je m’en excuse.
Elle inspira lentement et lui fit un petit sourire.
- Excuses presque acceptées ! Mais Daniel, s’il te plaît, ne recommence pas…
- Je vais essayer. Tu sais, reprit-il, il va falloir que l’on apprenne à se faire confiance tous les deux, et cela risque de prendre du temps.
- Si tu arrives à te faire correctement pardonner, je songerai à faire des efforts de mon côté…
Il haussa les sourcils.
- Bien… dit-il. Et que dois-je faire pour cela ?
Il vit le visage de la jeune femme s’éclairer d’un sourire malicieux. Elle ouvrit la bouche pour lui répondre mais il la coupa :
- Il n’est pas question que tu habites chez moi ! dit-il précipitamment. Tu peux me demander beaucoup de choses mais là, ce serait en profiter !
Elle fit la moue et sembla chercher dans ses pensées ce qu’elle pourrait bien l’obliger à faire.
Daniel l’observait avec un léger sourire sur les lèvres. Peut-être qu’avec le temps il arriverait à la supporter. Mais il ne faisait aucun doute qu’elle n’allait pas changer si facilement de caractère. Ils allaient continuer à se taquiner et à se chamailler. Et quelque part, il devait bien avouer que cela ne le dérangeait pas tellement. Il l’aimait bien, pour être totalement honnête…
Il secoua légèrement la tête à cette pensée. Hors de question qu’il s’engage sur une telle route. Elle était… trop dangereuse pour lui. Rien que de penser qu’ils pourraient… Il ne fallait même pas qu’il commence d’envisager une telle chose… Pas question. D’autant plus que si Vala le savait, elle… Il n’osait même pas imaginer…
Elle se mordit soudain la lèvre et à la vue de son sourire et de ses yeux qui brillaient, il sentit une sueur froide glisser dans son dos.
- Dis-moi Daniel, à propos de cette histoire de carte bancaire…