Citations du moment :
J'ai une amie, elle est pas morte de son plein grés -Eve Angeli
Imagine

Magie enfantine 2 : Chapitre 6

 

 

Il resta un long moment dans sa voiture. Il ne savait pas s’il faisait bien en venant jusqu’ici. Les médecins l’avaient laissé sortir et lui avait dit de reprendre sa vie. Il aurait bien voulu mais il n’avait plus rien. Il avait juste ses rêves et ses flashs.

 

Il était certain qu’il y avait autre chose et que ses rêves n’étaient pas du à son imagination. Non, c’était bien trop réel pour ça.

 

Il avait demandé au médecin quelle était sa vie et les réponses qu’il avait eu n’avait rien à voir avec ce dont il voyait en rêve. Les médecins lui avaient dit que c’était du aux traumatismes de son accident.

 

Et c’est là qu’il la vit sortir de la maison. Elle portait un simple jean et un haut débardeur blanc. Elle alla ramasser le journal qui avait atterrit dans le jardin. Il resta un long moment à l’admirer. Elle avait les cheveux un peu plus longs mais c’était elle. C’est elle qu’il voyait en rêve. Les mêmes yeux, le même visage, la même démarche. C’était elle. Elle était bien réelle.

 

Il devait avoir des réponses à ces questions. D’autres réponses que celles des médecins. Il sortit de la voiture. Ce mal de crâne refaisait son apparition. Il passa sa main sur sa tempe pour essayer d’enlever la douleur. Il fallait absolument qu’il lui parle. Il n’était pas fou.

 

Il s’approcha doucement d’elle. Elle était entrain de lire les gros titres. Elle leva les yeux lorsqu’elle le sentit s’approcher. Elle fut quelque peu surprise. Il était tôt et elle n’avait pas l’habitude d’avoir de la visite à cette heure là de la journée.

 

Il s’approcha doucement comme de peur de la faire s’enfuir. Il était légèrement déçu. Elle ne semblait pas le reconnaître…. Mais lui, il la connaissait. Il en était certain. Elle lui sourit pour l’accueillir. Oui, il en était certain cette femme avait fait partie de sa vie et on lui cachait quelque chose.

 

John : Bonjour !

Femme : Bonjour !

 

Il la fixa. Il eu soudain la folle envie de poser sa main sur sa joue. Mais il se contrôla. Plusieurs flashs lui revinrent en tête et cela le troubla quelque peu. Elle le remarqua.

 

Femme : Est-ce que tout va bien ?

 

Elle s’approcha de lui et lui posa une main sur le bras.

 

Il leva les yeux vers elle. Il espérait sincèrement que cette femme avait fait partie de sa vie. Ce parfum, il le connaissait. Il aurait pu le reconnaître entre mille.

 

John : Oui.

 

Il lui sourit pour essayer de la rassurer mais il pu lire une sorte d’inquiétude dans son regard. Cet air qu’il connaissait chez elle. Il en était heureux.  Il la fixa.

 

John : Elizabeth Weir ?

 

Elle fut surprise. Comment connaissait-il son nom ?! Elle recula quelque peu.

 

Elizabeth : Oui ?!

 

Il sourit. Il avait rêvé de cette femme toutes les nuits depuis son réveil et il avait eu ce nom dans la tête depuis qu’il avait réussit à remettre ses idées en place. Mais le fait qu’elle ne le reconnaisse pas le faisait douter.

 

John : Je… j’ai l’impression de vous connaître !

 

Elizabeth écarquilla les yeux. Elle avait déjà tout entendu et tout vu mais jamais encore jusqu’à chez elle. Elle lui sourit en coin et s’éloigna.

 

Elizabeth : Bien sûr !

 

Elle avait dit cela sur un ton ironique et se dirigea vers sa maison. Il ferma les yeux. Puis la suivit et l’attrapa par le bras.

 

John : Attendez !

 

Elle se retourna vivement et regarda John. Il la lâcha de suite. Il leva les mains pour lui montrer qu’il ne lui voulait pas de mal.

 

John : Je… je sais que vous devez me prendre pour un fou !

 

Elizabeth leva les sourcils et sourit légèrement. Fou était un bien faible mot.

 

John : Je vous demande juste quelques instants avant de me déclarer officiellement fou.

 

Elle le regarda sans dire un mot. Il ne savait pas quoi dire pour la convaincre.

 

John : On doit souvent vous dire ça mais… j’ai rêvé de vous… Je n’ai pas arrêté de vous voir en rêve depuis mon réveil.

 

Elle se demanda de quoi il voulait bien parler.

 

John : Votre nom… c’est le seul dont je me souviens…

 

La douleur refit son apparition en même temps que des flashs. Il tomba presque à genoux. Elle ne put s’empêcher de l’aider à se soutenir. John avait mis ses mains sur ses tempes. La douleur était atroce et ça le clouait presque sur place.

 

Les images se bousculèrent dans sa tête…. Des images qui lui semblaient tout droit sortit du dernier film de science fiction. Une sorte de cockpit mais cela n’avait rien à voir avec les F-16 qu’il connaissait. Non c’était beaucoup plus grand et c’était une technologie encore…. Inconnue.

 

Et pourtant, il avait la sensation de connaître parfaitement cet endroit et de pouvoir y voler sans danger.

 

La vue…. Une étendue d’eau à perte de vue. L’appareil volait à une allure normale mais avec une facilité déconcertante. Aucun bruit de moteur ne venait perturber le vol.

 

Cette sensation de bien être et d’être à sa place ne le quittait pas. Il était là où il devait être. Sur Atlantis.

 

Elizabeth : Qu’est-ce qui vous arrive ?

 

John avait trop mal pour répondre. Il resta un moment la tête baissée. La douleur commençait à passer. Il leva les yeux et la vit à nouveau inquiète. Ces flashs devenaient de plus en plus violents et de plus en plus réels.

 

John : Les médecins disent que ça va passer… que c’est à cause de mon accident.

 

Elle l’interrogea du regard.

 

John : C’est une longue histoire !

 

Elle l’aida à se relever. Elle hésita avant de lui proposer.

 

Elizabeth : Vous n’étiez pas venu pour ça ?!

 

Il lui sourit. Il vit le sourire de la jeune femme brusquement se figer.

 

Elizabeth : Votre blessure ?!

 

Il porta la main au front et sentit un liquide. Il regarda et vit du sang. Sa blessure venait sûrement de se rouvrir.

 

Elizabeth : Venez avec moi !

 

Elle lui fit signe de la suivre. Ils s’avancèrent tout les deux vers la maison et entrèrent.

 

 

 

 

Rentrer sur Terre… c’est ce qu’il y avait de mieux.

 

Son regard se posa sur l’océan. Tout avait l’air si paisible, comme si rien n’était arrivé et pourtant… pourtant Atlantis était en deuil. Elle venait de perdre des personnes qui lui étaient chères. Elle ferma les yeux et appuya sa tête contre la vitre.

 

Teyla…. Ronon… John… tout les trois avaient disparus. Même en sachant les risques qu’ils prenaient, personne ne pouvait être préparé à ça. On arrivait même à croire que ces personnes étaient intouchables… voir immortelles.

 

Pourquoi utilisait-elle la troisième personne pour parler de ce qu’elle ressentait ? Peut-être pour essayer de se préserver… mais de quoi et pourquoi ? Elle était touchée… plus qu’elle n’aurait dû… et elle ne pouvait rien faire contre.

 

Voix : Elizabeth ?!

 

Elizabeth ouvrit les yeux et se tourna légèrement vers la porte. Elle avait reconnue cette voix et elle n’avait aucune envie de lui parler.

 

Voix : Je sais que vous êtes là !

Elizabeth : Laissez-moi tranquille !

 

La porte s’ouvrit. Kate entra lentement n’y voyant presque rien. Elizabeth avait laissé la pièce dans l’obscurité. Elle vit enfin la jeune femme appuyée contre la baie vitrée, le regard fixe. Elle s’approcha doucement.

 

Kate : Elizabeth… je pense que vous devriez en parler. Cela ne le ramènera pas mais cela peut vous aider à aller mieux.

 

Elizabeth resta silencieuse.

 

Kate : Garder cela au fond de vous, ne va vous faire que souffrir plus….

Elizabeth : Vous pensez pouvoir savoir ce qu’il me faut ? !

 

Elizabeth se tourna lentement vers la nouvelle venue.

 

Elizabeth : Vous voulez que je vous parle pour qu’en suite j’aille mieux ! Que voulez-vous que je vous dise que vous ne sachiez déjà !

 

Les deux femmes se fixèrent un long moment. Le regard d’Elizabeth était à la fois vide et sincère. Mais Kate savait qu’elle devait insisté et faire se livrer la leader. Elle soutint le regard d’Elizabeth.

 

Elizabeth : Vous voulez que vous dise qu’il me manque… que je ne peux pas vivre sans lui… que la douleur est insupportable ?! … (murmure) ça fait cliché vous ne trouvez pas ?

 

Elizabeth baissa les yeux.

 

Elizabeth : C’est pourtant ce que je ressens…

 

Kate n’était pas certaine d’avoir bien entendu tellement les mots avaient été murmurés. Elizabeth releva les yeux vers l’extérieur.

 

Elizabeth : Je pensais ne plus pouvoir à nouveau souffrir de cette manière…

Kate : Souffrir à nouveau ? Que voulez-vous dire ?

 

Voyant parfaitement qu’elle ne s’en irait pas, Elizabeth se résigna. De toute façon, ça n’avait plus d’importance maintenant. Bientôt, elle serait partie, loin de tout ça.

 

Elizabeth : Kate, pouvez-vous me dire pourquoi les personnes que j’aime le plus finissent-elles par partir un jour ? Pourquoi faut-il qu’à chaque fois que je touche un peu au bonheur, celui-ci me soit justement enlevé ? Y-a-t-il quelque chose chez moi qui porte malheur aux gens que j’approche ?

Kate : Voyons Elizabeth, vous ne pensez tout de même pas que c’est de votre faute ce qui est arrivé ? Nul ne peut prévoir ce que les équipes vont rencontrer lors des missions. Et pourquoi pensez-vous porter malheur aux gens qui vous aimez ? Vous n’êtes pour rien dans la tragédie qui vient de frapper Atlantis.

 

Elle avait toute sa conviction dans ces paroles, mais Elizabeth ne pouvait pas s’empêcher de penser le contraire. D’abord son père, et maintenant John. Les deux hommes les plus importants de sa vie s’en étaient allés loin d’elle. Le bonheur n’était décidément pas pour elle.

 

Kate : Elizabeth ?

Elizabeth : Rien de ce que vous pourrez me dire me fera penser le contraire. Vous pensez pouvoir me soulager ainsi, mais vous vous trompez. Maintenant Kate, j’ai besoin d’être seule, s’il vous plait.

 

Sur ces mots, elle se détourna et s’enfonça dans sa chambre, faisant comprendre à Kate qu’elle devait partir. Arrivée à la porte, elle ne put cependant s’empêcher de se retourner vers l’ancien leader, le regard triste.

 

Carson avait raison. Atlantis ne serait plus jamais la même.

 

 

….

 

 

Elle avait enlevé le vieux pansement. Elle avait posé sur la table de quoi désinfecter la plaie et refaire un pansement propre. 

 

Il ne la quittait pas des yeux. Il essayait de se rappeler le moindre détail à son sujet. Mais à part la voir dans ses flashs, il n’arrivait à définir rien d’autre. De temps en temps, elle levait les yeux vers lui mais reportait rapidement son attention sur ce qu’elle faisait.

 

John : Vous soignez souvent des inconnus ?

 

Elle le regarda un air amusé.

 

Elizabeth : Simplement ceux qui s’écroulent devant mon palier.

 

Elle lui sourit et commença à désinfecter la plaie, doucement.

 

John : Aïe !!

 

Elle le regarda avec un léger sourire.

 

Elizabeth : Je vous ai à peine touché !

 

John regarda le flacon qu’elle venait d’utiliser.

 

John : Ca pique ce truc !

Elizabeth : Arrêtez de jouer les fillettes ! Vous êtes un militaire après tout !

 

John le regarda. Comment le savait-elle ?

 

Elizabeth : Vos plaques !

 

Il ferma un instant les yeux. Il les oubliait. Elle continua son soin. Il grimaça quelque peu mais se laissa faire.

 

John : Lieutenant Colonel John Sheppard.

 

Elle ralentit en le regardant.

 

Elizabeth : Mon père m’a souvent parlé d’un lieutenant John Sheppard… assez tête brûlée !

 

Elle avait fini de désinfecter sa plaie. Elle prépara le pansement avant de lui coller doucement sur le front.

 

Elizabeth : Le Capitaine Luke Weir !

 

John réfléchit un instant mais ce nom ne lui dit absolument rien.

 

Elle rangea puis se tourna vers John.

 

Elizabeth : Du café ?

 

Il lui fit signe que oui.

 

Elizabeth : Je ne pense pas qu’il ait plusieurs John Sheppard, tête brûlée !

 

Elle lui avait dit cela en lui servant une tasse de café. Ils étaient tout les deux assis dans la cuisine. John sourit en entendant les derniers mots de la jeune femme. Elle se servit à son tour.

 

John : En effet ça doit être moi !  Enfin je crois !

 

Elle lui rendit son sourire en prenant sa tasse dans les mains. Elle le fixa un moment.

 

Elizabeth : Est-ce que votre tête va mieux ?

 

Il la regarda.

 

John : Oui…ça s’en va comme ça arrive ! Merci pour le pansement.

Elizabeth : De rien. Les médecins vous ont dit combien ça allait durer ?

John : Pas vraiment. Mais je ne sais pas si j’ai envie que ça disparaisse.

 

Elle le regarda étonné.

 

John : Parce que c’est dans ces moments là où vous apparaissez.

 

Elle baissa les yeux vers sa tasse puis le regarda à  nouveau.

 

John : Je ne pense pas que ça soit une coïncidence. Votre nom est un des seuls dont je me souviens… et je n’arrête pas de vous voir dans mes souvenirs.

Elizabeth : Mon père vous a peut-être parlé de moi et c’est pour ça que vous vous souvenez de mon nom ?!

 

John essaya de se rappeler de ce Capitaine Luke Weir… mais rien. Il avait bien trop d’images en tête avec cette femme pour que ce ne soit simplement qu’une évocation.

 

John : Je n’ai rien contre votre père… mais je ne me souviens absolument pas de lui… alors que vous…

 

Ils se fixèrent un long moment. Non, dans ses souvenirs ils étaient proches… mais elle n’avait pas l’air de le connaître ou sinon elle faisait drôlement bien semblant.

 

Elizabeth : Nous nous sommes peut-être croiser lors d’une soirée de gala…

John : Non… nous étions bien plus que de simples connaissances.

 Elizabeth : Je suis désolée mais avant ce matin, je ne vous avais jamais vu.

John : J’avais peur que vous me répondiez ça !

 

Il baissa les yeux. Il était peut-être fou après tout. Un autre flash revint à cet instant.

 

Flash :

 

Elizabeth : Nous ne pouvons pas manquer l’ouverture des cadeaux !

 

John la regarda. Il adorait la taquiner. Elle avait une moue tellement charmante à cet instant. Elizabeth, voyant qu’il ne bougeait pas, s’approcha de lui, lui prit la main pour le tirer hors du lit. Mais John en avait décidé autrement. Il la tira vers lui et la fit tomber sur le lit dans ses bras. Puis il la fit basculer sous lui pour éviter toute tentative de fuite. Leurs regards se trouvèrent tout de suite et leurs visages ne se trouvaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.

 

Elizabeth : Vous ne voulez pas ouvrir vos cadeaux ?

 

Il la regarda intensément.

 

John : J’ai déjà tout ce que je désire !

 

Il leva les yeux vers elle. Non ce qu’il ressentait ne pouvait qu’être vrai. Mais il avait la tête en compote et tout se mélangeait. Ce qu’on lui avait dit à l’hôpital, ce qu’elle venait de lui apprendre et ce dont il se rappelait. Enfin ce qu’il croyait se rappeler.

 

Elizabeth : Un autre flash ?!

 

Il la regarda et lui fit signe que oui.

 

Elizabeth : Est-ce que je… j’étais présente ?

John : Oui.

 

Elle l’encouragea à continuer.

 

John : Je me trouvais dans ma chambre… enfin je crois. La décoration était un peu bizarre… il devait être très tôt et vous êtes entrée…

Elizabeth : Chez vous ?

John : Dans ma chambre.

 

Elle rougit légèrement.

 

John : Je suis désolé de vous ennuyer avec ça ! Je n’aurais pas du…

 

Il se leva pour s’en aller mais elle l’interpella.

 

Elizabeth : John !!!

 

Comme cela faisait du bien de l’entendre l’appeler.

 

Elizabeth : Il y a peut-être quelque chose dans les affaires de mon père qui pourra sûrement vous aider ?!

 

Il se tourna vers elle. Elle posa sa tasse sur la table en attendant sa réponse.

 

John : Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de savoir.

Elizabeth : Vous ne voulez pas retrouver  votre passé ?

John : C’est ce que je voulais…

 

Il planta son regard dans le sien.

 

John : Mais si ce que je découvrais, n’était pas ce que je souhaitais ! Et pourquoi est-ce que dans chacun de mes souvenirs vous êtes présente alors que je suis pour vous un parfait inconnu !

Elizabeth : Que vous ont dit les médecins ?

 

Il sourit et fit quelques pas dans la cuisine.

 

John : Pour eux, je vais très bien… c’est juste des effets secondaires de mon accident !

 

Il se retourna vivement vers elle.

 

John : Mais vous êtes là….

 

Il posa son doigt sur sa tempe.

 

John : Et je n’arrive pas à vous enlever de ma tête.

 

Elle fut très gênée par ce qu’il venait de lui avouer. Et il semblait si désemparé face à tout ça qu’elle avait envie de l’aider. Elle se leva et s’approcha de lui.

 

Elizabeth : Vous pourrez sûrement avoir certaines réponses à vos questions dans les affaires de mon père.

 

Elle sortit de la cuisine. Il la regarda partir. Il était très touché qu’elle l’aide mais tout cela ne semblait pas bien réel. Il avait l’impression d’être là alors que ce n’était pas sa place. C’était définitif. Il devenait fou.

 

Il la suivit dans le salon.

 

 

Après le départ de Kate, elle s’était de nouveau tournée vers la baie vitrée. Dans sa tête, revenait sans cesse le film de ces derniers jours, ces jours magiques où elle s’était permise de croire au bonheur. Mais c’était avant que tout bascule une nouvelle fois, lui prouvant combien le bonheur était fragile. Mais aujourd’hui, elle le savait.

 

La plaie béante de son cœur ne pourrait jamais se refermer. Désormais, elle s’interdirait tout droit de se laisser aller au bonheur, pour ne plus souffrir. De toute façon, elle ne le pourrait même plus. Elle n’en avait plus la force. Elle se contenterait de survivre.

 

Elle se détourna de la baie puis se dirigea vers son armoire. Elle allait commencer à faire ses bagages dès aujourd’hui. Plus rien ne la retenait désormais ici.

 

Alors qu’elle remplissait ses malles, son regard tomba sur un vêtement négligemment posé sur une chaise. Les battements de son cœur s’accélérèrent tandis que sa gorge se nouait.

 

La veste que John avait oublié l’autre soir traînait là, faisant ressurgir intensément toutes les émotions qui l’avait saisie lors de cette nuit si proche et pourtant si lointaine.

 

Elle effleura le vêtement du bout des doigts, de peur qu’il ne disparaisse lui aussi. Elle sentait encore la douceur de ses caresses, ses lèvres sur sa peau, son souffle dans son cou.

 

Elle se saisit de la veste et la porta à son visage, humant les dernières traces de son odeur, enfouissant les larmes qu’elle ne pouvait plus retenir à l’évocation de cette brève mais si intense étreinte.

 

S’allongeant sur son lit, la fatigue des dernières émotions se faisait de plus en plus forte. Elle ne pouvait plus lutter. Alors elle s’endormit, le visage baigné de larmes, serrant contre elle la veste.

 

 

Enfermé dans son laboratoire, le Docteur McKay ne cessait de retourner lui aussi le film des derniers jours dans sa tête. Mal rasé, des cernes sous les yeux, une grande fatigue se lisait sur son visage. A le voir dans l’état actuel des choses, il ne ressemblait plus en rien à l’arrogant scientifique sauveur d’Atlantis. Comme si la disparition de ses compagnons l’avait éteint.

 

Les tasses de café qui traînaient ça et là dans la pièce expliquaient l’état d’excitation dans lequel il se trouvait. Allant d’un ordinateur à un autre, il cherchait et cherchait encore ce qu’il avait loupé. Mais rien.

 

D’un geste de colère, il envoya valser la table, détruisant au passage le matériel qui s’y trouvait. Mais il n’en avait cure. D’épuisement, il se passa les mains sur le visage, tentant de reprendre le contrôle de lui-même.

 

C’est alors qu’il aperçut un morceau de papier qui semblait surgir de nulle part. Intrigué, il le ramassa. Son souffle s’arrêta, et un voile noir passa furtivement devant ses yeux. Il tenait dans ses mains ce qu’il cherchait vainement depuis son retour tragique, mais sans savoir quoi.

 

Epuisé, abattu, il se laissa glisser jusqu’au sol, se maudissant encore et encore d’être passé à coté de cette information. Comment n’avait-il pu ne pas le voir ? Et comment ce morceau de papier, qui aurait pu tout changer, s’était-il retrouvé à terre ?

 

C’est alors qu’un souvenir se rappela à lui, d’un temps à la fois si proche et pourtant si lointain.

 

Le Docteur McKay était concentré sur les derniers relevés de la planète. Dos à la porte, il ne vit pas plus qu’il n’entendit John Sheppard arriver derrière lui.

 

John : Bouh !

 

Rodney fut si surpris qu’il en sursauta, faisant tomber ses notes.

 

Rodney : Non mais vous voulez ma mort Sheppard ! J’ai failli faire une crise cardiaque !

John : Failli seulement ? répondit John avec le sourire d’un enfant fier de sa bêtise.

Rodney : Arrêtez un peu vos gamineries. Au cas ou vous l’auriez pas remarqué, il y en a qui ont du travail ici !

John : Que dois-je comprendre Rodney ? lui demanda-t-il suspicieux

Rodney : A votre avis ?

 

Sans attendre de réponse, Rodney se baissa pour ramasser ses notes tombées sous la table, et se cogna la tête en relevant.

 

Rodney : Ouch ! Maudite table ! (Voyant John en se frottant la tête) Quoi ? Vous êtes encore là ? Qu’est ce que vous voulez ?

John : Savoir où vous en étiez dans l’étude de TR 567.

Rodney : Eh bien si on arrêtait de m’interrompre toutes les 5 minutes, Elizabeth aurait déjà mes résultats.

John : McKay, il nous faut ces ZPM. Grouillez-vous un peu !

 

Et John quitta le laboratoire de Rodney aussi vite qu’il était entré, laissant le Docteur complètement abasourdi.

 

Rodney : Non mais je rêve !

 

Voyant bien qu’il ne pourrait passer son exaspération sur personne, McKay se pencha à nouveau sur ses notes, non sans marmonner quelques critiques bien senties à l’égard d’un certain militaire.

 

Le souvenir se rappela à lui d’une manière si violente, qu’il ne pu retenir ses larmes tandis que le désespoir s’emparait de lui.

 

 

 

Ils étaient tout les deux assis au pied du canapé plusieurs cartons autour d’eux. Elizabeth avait un album photos sur ses genoux. John se penchait légèrement pour voir les photos qu’elle lui montrait.

 

Il n’avait aucun souvenir de ce qu’elle lui montrait. Il faut dire qu’il avait du mal à se concentrer réellement. Ils étaient très proches et il pouvait sentir parfaitement son parfum. Il leva légèrement les yeux sans pour autant s’écarter d’elle.

 

Elle était magnifique. Si nature, si simple et pourtant si belle. Elle voulait réellement l’aider et trouver des informations sur son passé. Il sourit légèrement. Pourquoi cela ne le surprenait pas ?

 

Elizabeth : Je crois que c’est une photo de son escadron ?!

 

Elle tourna la tête vers lui et leurs regards s’accrochèrent de suite. Leurs visages étaient très proches et John ne pu s’empêcher de regarder les lèvres de la jeune femme. Il avait une folle envie de poser ses lèvres sur les siennes et d’échanger un long baiser.

 

Leurs visages se rapprochèrent doucement. Elizabeth était complètement envoûter par cet homme. Mais elle baissa les yeux et s’écarta légèrement.

 

John : Je suis désolé !

 

Il s’écarta et elle reporta son attention sur l’album. Elle tourna une page et s’arrêta. Elle pointa son doigt sur une photo.

 

Elizabeth : C’est vous !

 

Il se pencha pour mieux voir. Oui. C’était lui. Il était au milieu de plusieurs gars. Mais il ne se souvenait absolument pas de ça. Elle le regarda. Elle le sentit se crisper et ses mâchoires se serrèrent instinctivement.

 

Elizabeth : Vous  ne  vous souvenez pas ?

 

John fixait un point devant lui.

 

John : Non !

Elizabeth : C’est déjà un bon début. On sait déjà que vous avez été sous les ordres de mon père.

 

Il se leva et fit les 100 pas dans la pièce.

 

John : Ouais, ça m’avance vachement ! Je me souviens absolument de rien ! Ces types me sont totalement inconnus !!!!

 

Il avait dit ça en haussant un peu la voix.

 

Elizabeth : Il vous faut peut-être du temps…

John : C’est ce que les médecins n’arrêtent pas de me répéter !!!

 

Il se tourna vivement vers elle.

 

John : Mais comment peut-on oublier une partie de sa vie aussi importante que ça !

 

La jeune femme resta silencieuse devant lui. Elle ne savait pas quoi lui répondre.

 

John : La seule chose dont je me souviens, c’est vous !!!

 

Ils se fixèrent un long moment.  Elle était beaucoup trop présente dans son esprit pour que ça ne soit pas réel. Il avait envie de s’accrocher à ça… à elle… à leurs souvenirs. Il décida de reprendre le contrôle de lui-même.

 

John : De temps en temps je vois d’autres types… mais rien avoir avec eux ! Ce ne sont pas des militaires !

 

Il passa la main dans ses cheveux.

 

John : Non… je crois qu’y en a un qui est même scientifique…

 

Il grimaça légèrement.

 

John : Oui… un scientifique… il a une sorte d’ordinateur portable avec lui… ou un truc dans le genre.

Elizabeth : Vous vous souvenez de son nom ?

 

Il se concentra un instant.

 

John : Non.

Elizabeth : Vous vous souvenez d’autre chose de quelqu’un d’autre ?

John : Une femme…

 

Elizabeth baissa un instant les yeux comme si cela l’avait gêné ou même agacée. Elle le regarda de nouveau. Il sourit intérieurement. Il n’était peut-être pas si fou que ça.

 

John : Sheila…non Teyla !

Elizabeth : Votre petite amie ?

 

Il la regarda. Il voulait voir dans ses yeux si cela la gênait… elle lui cachait peut-être la vérité.

 

John : Non… juste une très bonne amie et je crois qu’elle fait partie de mon équipe.

Elizabeth : Votre équipe ?

John : Oui… enfin non… j’ai l’impression mais je n’arrive pas à me souvenir d’autre chose !

 

Il faisait toujours les 100 pas dans le salon.

 

Elizabeth : Dans vos souvenirs, je… enfin je veux dire… La femme que vous voyez me ressemble peut-être simplement ?!

 

Il la regarda un long moment. Non elle ne lui ressemblait pas. C’était elle. Il n’y avait aucun doute. Il s’approcha doucement d’elle.

 

John : Non !

 

Il s’assit à ses côtés sans la quitter des yeux.

 

John : Non… ce visage… ces yeux…

 

Il posa lentement sa main sur la joue de la jeune femme. A ce contact, elle ferma les yeux. Un autre flash le stoppa dans son élan.

 

Flash

 

Les mains de John trouvèrent le chemin vers la peau d’Elizabeth. Elles glissèrent sous le haut d’Elizabeth et caressèrent doucement le bas du dos de la jeune femme. A ce contact, elle se cambra encore plus contre lui.

 

Elle laissa aussi ses mains vagabonder sur le corps de John.  Leur jeu était devenu de plus en plus sensuel et beaucoup plus intense. Leurs souffles se mêlaient en un même gémissement.

 

La bouche de John commença son exploration du cou d’Elizabeth et s’attarda un moment à la base de son cou et de son épaule. Elle avait glissé les mains dans les cheveux de John comme pour l’encourager à continuer.

 

Son corps en demandait plus et les mains de John répondaient à cette demande. Elle ne se reconnaissait plus ou plutôt elle découvrait une femme en elle qu’elle connaissait très peu. John traçait de légers sillons de baisers dans son cou et cela l’a rendait la folle de désir.

 

Voix : Elizabeth !

 

Cela la ramena quelque peu à la réalité mais John ne s’arrêta pas pour autant. Rodney venait d’essayer de la joindre sur radio. L’écouteur d’Elizabeth s’était enlevé et était tombé sur le lit. John et elle pouvaient entendre Rodney appeler Elizabeth.

 

John murmura quelques mots tout en continuant son parcours le long du cou de la jeune femme.

 

John : Ne répond pas !

 

Lorsqu’il s’était arrêté, Elizabeth avait ouvert les yeux. Elle posa sa main sur celle de John, ce qui le ramena à la réalité. Leurs regards se trouvèrent.

 

Qu’était-il entrain de faire ? Cette femme en face de lui ne se souvenait pas de lui alors que lui, elle le hantait. Il n’avait pas le droit de l’emmener avec lui dans sa folie. Non il devait résoudre tout cela seul. Il devait découvrir ce qu’il se passait dans sa tête.

 

Il la regarda une dernière fois avant de se lever.

 

John : Je dois rentrer !

 

Il fit quelques pas vers la sortie. Elizabeth se leva.

 

Elizabeth : Attendez !

John : Je n’aurai pas du vous ennuyer avec tout ça.

 

Il n’attendit pas de réponse et sortit.

 

 

….

 

 

Elle fixait toujours ce point invisible sur ce plafond. Même en gardant les yeux ouverts, elle voyait son visage. La douleur était encore plus présente mais les larmes avaient disparus. Elle ne pouvait plus pleurer mais cette douleur ne faisait que grandir. Toute cette rage et tout ce désespoir qui ne demandaient qu’à sortir.

 

Il fallait qu’elle quitte tout cela. Chaque endroit de cette cité le lui rappelait. Et elle n’était plus capable de faire face à ce mal, à cette douleur. Il fallait qu’elle parte. L’oublier ? Non elle ne pourrait pas. Non… juste essayer de calmer… ce qui se trouvait en elle.

 

La nuit continuait et elle avait l’impression que cela n’allait jamais avoir de fin. Et c’était peut-être le cas. Tout cela ne s’arrêtera jamais. Il était partit et plus rien ne serait plus comme avant.  Plus rien… sans lui.

 

Elle qui croyait qu’elle ne pourrait plus pleurer, voilà que les larmes refaisaient leurs apparitions. C’était peut-être cette douleur qui les alimentait. Elle ne savait pas si cela lui faisait du bien ou du mal mais c’est tout ce qu’elle avait envie de faire pour le moment.

 

Elle posa ses mains sur son visage comme pour essayer d’empêcher les larmes de couler ou de les cacher. La fatigue n’arrangeait pas les choses. Elle avait envie que tout s’arrête… que pour une fois, on lui laisse le temps de reprendre pied. Mais comment pourrait-elle ?

 

Elle se redressa et s’assit sur son lit. Son regard se fixa devant elle sur son bureau. Là où elle avait posé ses affaires. La boîte qu’elle avait ramenée avec ses affaires de bureau… celle où se trouvait la boule.

 

Il lui avait promis d’être toujours là et pourtant il venait de la quitter.  Elle lui en voulait et en même temps, elle aurait tout donné pour qu’il revienne. Elle ne savait plus quoi penser. Les larmes continuaient de couler.

 

Voix : Vas-y ! … Pleure !

 

Elle se tourna vers cette voix nouvellement familière. La petite fille de Noël était là, à nouveau devant elle. Elle la voyait très clairement alors que la pièce était plongée dans le noir.

 

Elle n’avait aucune envie de la voir mais elle n’avait pas la force de la combattre. Même plus la force de lui répondre.  Elle baissa simplement les yeux en fixant ses mains. 

 

Voix : Pleure-le !

 

Elle ferma les yeux. Pourquoi ? N’avait-elle pas assez pleuré comme ça ? Elle n’avait pas envie de pleurer mais de simplement le revoir. Elle attrapa son oreiller et le serra contre elle.  Juste le revoir.

 

La fillette resta là à la regarder. Elizabeth laissa ses larmes continuer à couler ou plutôt elle ne fit rien pour les empêcher de le faire.  Elle replia ses jambes et nicha son visage dans l’oreiller et se laissa totalement aller  Les sanglots sortirent enfin.

 

Refuser d’aimer, de se laisser aimer… de peur de le perdre un jour. Elle était passée au-delà de sa peur mais que cela lui avait apportée à part à nouveau de la souffrance.

 

Elle n’arrivait plus à s’arrêter. Les larmes et les sanglots redoublaient.


Ne perds pas courage, il te reviendra
Et tu seras bientôt encore entre ses bras

 

….

 
 
 
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