-Bien mon général.
Jack attendait, il savait qu’en ce moment même le général parlait à SG1 et au reste de la base. Il ne comprenait pas le pourquoi de telles précautions. Il était rentré après une longue période où on l’avait cru mort ! Ce n’était pas la première fois ! C’est vrai que cette histoire de clone, compliquait un peu la donne. Peut-être que le général avait encore des doutes sur son identité, c’est pour cela qu’il le maintenait au secret.
Il était toujours dans la cellule 12, car il devait encore recevoir des soins, ses blessures n’étaient pas guéries, et Janet venait le voir deux fois par jour.
-Comment vous sentez-vous colonel ? dit-elle
-Raz le bol ! Je voudrais sortir d’ici.
-Ça ne va pas tarder, Sam va venir vous voir.
-Le docteur Carter ?
-Ah, je vois que vous êtes au courant qu’elle a quitté l’armée dit Janet d’un air gênée, tout en continuant à nettoyer une plaie sa poitrine.
-Ouille, allez doucement ! grogna t-il.
-Franchement colonel, je ne comprends pas, vous supportez les pires supplices et vous vous plaigniez d’un pansement ! répondit Janet heureuse de ce changement de conversation. Pour rien au monde elle n’aurait voulu en dire plus, mais si le colonel avait continué dans ce sens, elle aurait eu du mal à lui résister. Il pouvait être très autoritaire quand il le voulait.
-Ça fait partie de mon personnage, répondit-il en riant. Si je ne grognais pas, je suis sûr que j’aurais deux fois plus de piqûres.
-C’est la procédure vous savez mon colonel.
-Oui, oui je sais dit-il en souriant.
Quelques instants après le départ de Janet, la porte s’ouvrit à nouveau. C’était elle.
Elle avançait les yeux écarquillés, elle avait pleuré, et frissonnait.
-Jack murmura t-elle.
Il eut l’air surpris qu’elle l’appelle par son prénom et fronça les sourcils.
-Carter ? Vous avez dit « Jack »
-En effet, c’est comme cela que je vous appelle depuis plusieurs mois.
Elle ne lâchait pas son regard, voulant éviter le reste de son corps où l’on voyait encore trop de traces de torture. Elle n’aurait pas pu le supporter.
-Et en quel honneur ?
-Je dois te dire d’abord que je ne suis plus militaire, et…
Mais il la coupa brutalement.
-Et en plus on se tutoie ! dit-il incrédule.
Sam avait toutes les patiences, mais comment lui dire la vérité ? Il allait être furieux, de cela elle était sûre.
-Bien comme vous voulez… Monsieur… si ça peut faciliter notre conversation. Ce que j’ai à vous dire n’est pas simple, et je vous demanderai de ne pas m’interrompre.
-D’accord Carter, je vous écoute.
-J’ai appris ce qui s’était passé, votre captivité, et l’échange qui a été fait. Un autre vous-même est rentré avec nous au SGC. La vie a continué, les missions, notre relation tous les quatre, nos petites sorties. La vie que nous avons toujours connue. Puis un jour avec « le colonel » nous avons reparlé du test zatarc, nous regrettions en fait tous les deux d’avoir fait comme si rien ne s’était passé.
Sam hésita un instant, le visage d’O’Neill était tendu, son regard s’était fait plus dur, comme s’il voulait la jauger. Elle sentit qu’il faisait un effort considérable pour ne pas l’interrompre,. Ce n’était pas simple, elle devait puiser dans son courage pour trouver la force de continuer son récit, il le comprit et l’invita du regard à poursuivre.
-Nous avons longuement parlé, toute la nuit en fait. A partir de ce jour nos relations avaient changé. Nous étions plus proches, si proches que nous avons décidé de vivre ensemble.
Elle n’osait plus le regarder, il s’était levé et prenait visiblement sur lui. Elle lui en fut reconnaissante.
-Se posait le problème de nos grades. Nous avions décidé de nous voir en cachette.
A ce moment là O’Neill intervint malgré sa promesse.
-Et ça ne vous a pas mis la puce à l’oreille ça ? Déjà que l’on reparle du zatarc, vous auriez dû penser que ce n’était pas moi !
Ces paroles Sam les ressentit comme un coup de poignard. Comme il pouvait être cruel dans ses mots.
-Excusez-moi, monsieur, mais à quel moment aurais-je pu penser que ce n’ était pas vous ? Franchement dites-le moi ! Même Janet ne l’a pas vu !
Nous faisions attention car notre problème de grades n’ était pas encore résolu, dit-elle plus calmement en poursuivant son récit. Un jour pourtant Daniel nous a vus et en a parlé autour de lui. Naturellement c’est arrivé aux oreilles du général Hammond qui nous a convoqués immédiatement. Il ne nous a pas punis, parce que j’ai donné tout de suite ma démission. Nous avons décidé de nous marier…
La fête de fiançailles que nous a donnée nos amis fut inoubliable ! …
La voix de Sam dérapa et se cassa sur ces mots. C’était trop de tension, et lui ne l’aidait pas du tout. Il se tenait debout, appuyé contre le mur, la tête baissée, dans une pose nonchalante qui la rendait folle. Folle de désir mais aussi de douleur car l’homme qui était devant elle et qui écoutait son récit extravagant n’était pas du tout le même que celui qui la serrait tendrement dans ses bras, celui qui la faisait rire aux larmes, qui l’enchantait de caresses et de baisers.
-Après… ce fut la dernière mission… Nous étions en danger, il nous a fait passer en premier, puis il a reçu une lance jaffa en pleine poitrine, il est… mort peu après. Il avait donné sa vie pour nous sauver…C’était de notre faute, on n’ avait pas couru assez vite…
Elle se tut, les larmes coulaient sur son visage, larmes qu’elle n’essuyait même pas. Elle s’était laissée tomber sur une chaise à bout de force.
-Je regrette…je suis faible… excusez-moi…mais ça a été tellement dur de vivre ça.
Son regard à lui s’était brouillé, il commençait à comprendre ce qu’elle avait pu ressentir.
-Ce n’était pas votre faute, vous n’avez rien à vous reprocher, dit-il d’une voix douce.
Il s’était rapproché d’elle, elle sentait son parfum, son eau de toilette, la même que celle de l’autre, elle ferma les yeux et se laissa aller un instant, elle était perdue au milieu de nulle part entre un mort et un vivant qui n’avait pas l’air de comprendre le calvaire qu’elle avait éprouvé. Elle finissait par douter et par se faire des reproches,
Pourquoi n’ai-je rien vu ? J’aurais du savoir que ce n’était pas lui.
-C’est étrange murmura t-il comme pour lui-même, pendant que vous pleuriez le clone, je mourais réellement dans une autre existence, et personne ne le savait…
Une lame acérée s’enfonçait dans son cœur.
-Jack ! oh mon Dieu.
Lui aussi était bouleversé, elle le voyait, et s’en voulait d’être aussi égoïste, ce qu’il avait vécu était innommable, il avait souffert seul, personne pour le pleurer, et le sarcophage encore et encore, toujours les même supplices indéfiniment, jusqu’à ce que la déesse cruelle se lasse.
Ils se rapprochèrent l’un de l’autre et il la prit dans ses bras. Elle sanglota sur son épaule, elle retrouvait la place qui était la sienne, le creux de son épaule.
Il l’éloigna un peu de lui et du pouce essuya les larmes qui coulaient. Elle prit sur elle pour continuer ;
-Je n’ai pas fini mon récit… Il me reste le plus dur.
-Le plus dur ?
-Oui, souffla t-elle. Quelques semaines après la cérémonie devant la porte des étoiles, j’ai fait une demande un peu particulière, au général Hammond.
Elle leva les yeux , son regard à lui était interrogatif, il ne voyait pas où elle voulait en venir.
-J’ai demandé au général de faire un mariage posthume.
Elle attendit en vain la réaction de Jack, il n’avait pas l’air de comprendre. Elle ne voulut pas se lancer dans de grandes explications, et lui expliqua en quelques mots.
-C’est le fait d’épouser la personne décédée.
Elle attendit :
-Et… ? dit-il Sa voix était neutre, mais elle crut y déceler un léger tremblement.
-J’ai obtenu l’autorisation spéciale du président. Nous nous sommes mariés le 31 août. Tenez dit-elle en ôtant la chaîne qu’elle portait à son cou. Elle lui tendit l’alliance.
Jack était abasourdi, elle l’avait épousé, enfin pas lui, le clone. Il prit l’alliance et lut l’inscription à l’intérieur « Sam et jack 31 août 2004. »
-Ainsi donc vous êtes Samantha O’…
-O’Neill dit-elle en terminant sa phrase.
Il mit quelque temps à réagir et la regarda. Elle avait l’air malheureux d’une petite fille prise en faute. Il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire.
-Ça veut dire que vous êtes veuve, Carter !
Sam soupira, il n’avait pas l’air de comprendre.
-Jack, non , depuis que vous êtes rentré, je ne suis plus veuve.
Il gigotait :
-Mais c’est pas moi que vous avez épousé, Carter, c’est le clone !
-Il n’y a qu’un seul Jack O’Neill, c’est vous !
-Carter, c’est une histoire de fou, ça n’a aucun sens. Vous avez épousé le clone, il est mort, vous êtes veuve. Fin de l’histoire.
Sam, était désespérée, elle préféra le laisser, têtu comme il était, il lui fallait du temps pour digérer la nouvelle. Cela faisait beaucoup pour un homme encore affaibli. Elle ne répondit pas à sa phrase et elle sortit en retenant ses sanglots.
Daniel l’attendait dans le couloir.
-Il vous a fait pleurer Sam, je vais aller lui casser la figure ! dit-il en colère.
-Je vous en prie, Daniel, c’est dur aussi pour lui, pensez à ce qu’il vient de vivre. Je crois qu’il faut lui laisser du temps.
-Vous avez raison, mais ce qu’il peut être têtu parfois !
La base fit un accueil triomphal au colonel Jack O’Neill. La nouvelle qu’il était vivant se répandit comme une traînée de poudre. On lui fit même une petite fête à laquelle il participa malgré lui. Il regardait Sam qui était avec ses amis. Elle avait décidé de ne plus lui parler tant qu’il n’aurait pas réfléchi. La balle était dans son camp. Elle avait peur, car il était très capable de laisser pourrir la situation.
Son cœur battait à grands coups dans sa poitrine tandis qu’elle sentait sur elle le regard de Jack. C’était difficile pour tous les deux. Mais pour lui, la nouvelle était trop difficile à gérer. Il se retira rapidement dans ses quartiers , mais là il fut incapable de retrouver le sommeil.
Il faisait les cents pas revivant l’étrange conversation qu’ils venaient d’avoir. Ou plutôt le presque monologue de Carter. Exprimer ses sentiments n’étaient pas son fort, il le savait. Il se sentait surtout en colère après elle, qu’elle ait pu le confondre avec un double, il ne pouvait pas le supporter. Il le lui avait dit. Mais il n’avait pas pu aller plus loin, il aurait dû se boucher les oreilles, ne plus rien entendre, et cette histoire de mariage posthume, non, ça il ne pouvait pas l’avaler.
Il s’allongea sur son lit, mais la douleur était encore présente dans ses os et dans ses muscles, il savait qu’il ne trouverait pas le repos. Il était aussi en colère après lui, s’il n’était pas tombé dans le piège d’Ishtar comme un débutant, rien de tout cela ne serait arrivé.
Mais tu n’aurais jamais su ce qu’elle était capable de faire pour toi ? avoue-le ! Même mort elle a voulu t’ épouser dans une sorte d’attachement éternel ! Elle te serait restée fidèle jusqu’à sa mort. Si ce n’est pas de l’amour ça ?
Malgré lui il se sentait ému, être aimé de cette façon, c’est si rare. Il connaissait les sentiments de la jeune femme pour lui, le fameux test zatarc. Mais lui, Jack O’Neill n’en aurait jamais reparlé, il en revenait toujours au même point.
Samantha O’Neill, Samantha O’Neill. Le nom de la jeune femme revenait comme un leitmotiv, malgré ce qu’il lui avait dit, il avait parfaitement compris qu’ils étaient mariés. C’est cela qu’il avait du mal à supporter, il fallait qu’il se fasse à cette idée, il lui fallait seulement du temps.
La vie continuait au SGC, le colonel n’avait pas encore repris le travail. D’ailleurs il n’avait plus de poste, puisque SG1 était commandée par le colonel Mac Donald depuis plusieurs mois maintenant.
A la demande de Hammond il se rendit dans le bureau de celui-ci.
-Alors colonel ? en forme ?
-Ça va beaucoup mieux, merci. J’aimerais reprendre le travail au poste que vous voudrez mon général.
-Je vous remets à la tête de SG1 ! Le colonel mac Donald a trouvé une autre affectation sur le site Bêta et il en est ravi.
-A vos ordres mon général, dit il avec un grand sourire.
Hammond était satisfait il retrouvait son second, le meilleur qu’il ait eu jusqu’à présent.
O’Neill sortit du bureau du général et se dirigea vers le laboratoire de Sam. Depuis la discussion avec Jack celle-ci ne vivait plus. Son amour pour Jack était intact, l’élan qui l’avait porté vers le double, elle le ressentait pour lui, peut être même encore plus fort. Et le fait qu’ils étaient mariés renforçait encore les liens. Elle tentait vainement de se concentrer sur son travail lorsqu’elle reconnut son pas dans le couloir. Comme il lui avait manqué, ce pas reconnaissable entre tous !
Il s’était arrêté, sa porte étant ouverte, il entra sans frapper comme à son habitude. Elle fit semblant d’être concentrée sur un travail, et ne se retourna pas. Son cœur battait la chamade comme s’il allait se décrocher à tout moment.
-Carter !
-Oui, dit-elle sans le nommer.
Il s’approcha et regarda par-dessus son épaule,
-Oh je vous dérange, vous travaillez ?
Il avait parlé d’un ton léger comme celui que l’on prend entre ami, ou collègues. Son cœur se serra. Il avait donc décidé de jouer les indifférents et de faire comme si rien ne s’était passé ! Il ne changerait jamais, pensa t-elle avec tristesse.
-Je voulais reparler… de ce qu’on a dit…commença t-il en hésitant.
L’espoir la souleva, elle se leva et se mit face à lui. Elle faillit rire tellement il avait l’air embarrassé. Le grand Jack O’Neill, celui qui tenait tête aux pires Goa’ulds, était mort de trouille. Elle sourit sans rien dire comme pour l’encourager.
-Alors vous et moi, on est… mariés ?
-Oui.
-Alors ça veut dire que nous avons… heu…
-En effet, nous avons…
-Et c’était ? …
-C’était parfait Jack, tu étais parfait.
-Oh ! …
Il sourit d’un air gêné.
-Et maintenant que fait-on ?
Le cœur battant, elle prit son courage à deux mains sentant qu’il fallait un peu le bousculer
-Je ne peux pas revenir en arrière et je ne le souhaite pas. Si tu veux on peut…
-Divorcer ? dit-il d’un air malicieux.
-Oui.. souffla t-elle anxieuse.
Avec ce diable d’homme et son humour parfois si décalé , elle ne savait jamais s’il soufflait le chaud ou le froid.
-Mais pour divorcer, il faudrait déjà se connaître et avoir une bonne raison dit-il légèrement.
-En effet… une bonne raison…
Ils étaient à quelque centimètres l’un de l’autre. Il se pencha légèrement pour mettre son visage à hauteur du sien, la main de Jack vint effleurer la joue de Sam comme pour essuyer une larme imaginaire.
-Il faudrait peut être d’abord commencer par se connaître ? non ? dit-il en approchant ses lèvres des siennes, elle sentait son souffle chaud sur sa peau comme une caresse voluptueuse.
-Qu’en dis-tu Sam ?
Sa bouche rejoignit la sienne tandis qu’elle passait ses deux bras autour de son cou et se serrait très fort contre lui. Elle sentit la main de Jack se glisser dans son dos et caresser sa peau nue, elle frémit de tout son être. Oui elle voulait bien essayer de le connaître. Elle avait vécu comme dans un rêve, et elle remerciait le ciel de lui accorder une seconde chance d’être heureuse.
Lui, c’était SON Jack le seul et unique.
-Je suis d’accord Jack … dit-elle en répondant à son baiser avec fougue.
Du pied, il poussa la porte du labo qui se referma sans bruit…
FIN
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