Il s’était assis sur le lit, la tête dans ses mains, comme si ses souvenirs étaient trop douloureux, et c’est ce qu’ils étaient, insupportables pour lui.
Il continua d’une voix plus rauque, basse, comme s’il se parlait à lui-même.
-Vous souvenez-vous quand vous étiez prisonniers sur le vaisseau, et que j’ai demandé à mon prima de vous enfermer dans ma chambre, je lui ai aussi dit que je tuerais moi-même les prisonniers.
-Oui, je me souviens, dit-elle tout en voulant de toutes ses forces oublier la scène de la chambre.
Il continua du même ton las et fatigué :
-Mon symbiote avait décidé de les tuer, je me voyais me déplacer vers la prison, je sentais les pensées du monstre qui voulait les tuer, les faire souffrir et se délecter de leur supplice. C’est alors que j’ai résisté de toutes mes forces, le symbiote commençait à fléchir, maintenant je sais que c’était le virus qui agissait. Le combat fut rude et dura longtemps. J’étais dans un tel état de tension, et si fatigué en même temps que je me décidais de regagner ma chambre, c’est alors que je vous ai vue Carter. Vous étiez devant moi telle que je vous connaissais depuis toujours, courageuse devant la mort, car vous saviez sûrement que le Goa’uld était venu pour vous tuer.
Sam s’était rapproché de lui, mais ne le touchait pas, c’était trop tôt. Elle sentait qu’il fallait qu’il parle. Son cœur à elle battait à grands coups douloureux dans sa poitrine, elle l’écoutait sans l’interrompre.
-Puis je me souviens de votre main sur mon visage, elle était douce cette main. Puis IL est revenu, il a repris possession de moi, il était lui aussi attiré par vous, mais avec violence et sans aucun contrôle. Il vous aurait violé Carter, et je n’aurais pas pu l’en empêcher.
Il se tut, alors Sam se rapprocha encore un peu plus près de lui.
-Je voulais m’excuser Carter.
-Mon colonel, elle l’avait murmuré d’une voix si douce, je ne vous ai même pas remercié de nous avoir sauvés sur Granada.
Leurs regards s’accrochaient, leurs cœurs battaient tellement fort !
-Je dois vous dire mon colonel, dit Sam d’une voix blanche j’ai… vous savez dans la chambre… j’ai failli complètement perdre la tête.
Jack semblait tout à coup honteux,
-Je vous remercie d’avoir eu la tête froide pour nous deux. S’il n’y avait pas eu ce symbiote qui me bouffait la tête ce ne serait jamais arrivé. Je vous demande pardon.
Il avait un air triste et désespéré. Il était sur le point de s’en aller et avait déjà la main sur la poignée de la porte.
-Mon colonel, Restez…
Sa déception était immense, elle avait cru un instant que… Non il ne la voyait que comme sa subordonnée qu’il avait failli violer quand il était un Goal’uld. En fait il ne voyait que la faute qu’il avait commise. Il culpabilisait, et il pensait qu’elle lui en voulait encore. Comme elle avait été sotte d’agir ainsi. Naturellement qu’il la croyait indifférente à lui, à son sort, à sa douleur ! Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle ne l’avait même pas aidé quand il avait tant besoin d’elle. Elle était restée rongée de culpabilité, ne pensant qu’à elle-même, égoïste elle n’avait pas vu qu’il souffrait.
-Ne partez pas … Je vous en prie…
Il resta figé sur le seuil de la porte, puis la referma doucement,
-Pourquoi Carter ?
-Parce que je ne vous ai pas tout dit, monsieur… commença t-elle.
Elle n’arrivait pas à lire sur son visage, il s’était refermé après cette demie confession, cette demande de pardon, à laquelle elle n’avait pas répondu, tant elle était clouée sur place par une foule de sentiments contradictoires. Il regrettait de l’avoir prise dans ses bras, de l’avoir embrassée, et caressée, oui il le regrettait, c’était sûrement ça, il voulait partir.
Comment le retenir ?
Ils se regardaient au fond des yeux, attendant quelque chose un miracle peut être, en cet instant jamais ils n’avaient été aussi proches ni aussi si éloignés. Un mot de trop un geste, tout pouvait faire basculer une situation déjà tragique.
Ce fut elle qui fit le premier pas, elle en avait assez de tout ça, vivre loin de lui était insupportable, pendant toute son absence elle avait seulement survécu.
Elle se rapprocha encore plus près, ils étaient à quelques centimètres l’un de l’autre, plus près que jamais.
Il sentit sa détermination et son visage s’adoucit et sans autre préambule il la prit dans ses bras, puis il la serra contre lui tendrement, enfouit son visage dans son cou, respira son parfum, lui donna de petits baisers…
-Mon colonel, balbutia Sam, je ne comprends pas, vous ne m’en voulez pas ?
-Je ne vous en ai jamais voulu Carter ! Je ne comprenais pas, j’avais perdu la mémoire et je ne voyais que Teal’c et Daniel, jamais vous, pourtant on me disait toujours que nous formions une sacré équipe tous les quatre. Votre attitude était incompréhensible pour moi. Et puis je me suis souvenu de ce que je vous avais fait sur le vaisseau, et tout à l’heure voyant que vous m’en vouliez encore j’ai voulu partir.
-Mon colonel reprit –elle, tout à l’heure, je vous ai dit que j’avais failli céder, j’avais failli accepté qu’un Goauld …me… je le voulais, je le voulais tellement !
-Chut… n’en dites pas plus,
- Et puis je vous ai tué mon colonel j’ai tiré sur vous dans le vaisseau… pour sauver Daniel…
-Vous n’avez fait que votre devoir Carter, et vous le savez, Hadès était sur le point de tuer Daniel.
Il la tenait toujours contre lui , il sentait qu’elle avait mal, il voulait être là pour elle. Il savait la douleur que l’on éprouve parfois à faire son devoir, il se souvenait lui aussi d’un jour terrible deux ans auparavant quand il avait tiré deux fois sur elle, pour tuer l’entité.
Elle avait posé sa tête contre son épaule, elle se cramponnait de toutes ses forces.
-Nous avons beaucoup de choses à résoudre mon colonel… beaucoup de choses….
-Non, tout est résolu Carter, c’est simple dit-il j’ai démissionné !
-Moi aussi dit-elle
Il se regardèrent interloqués puis éclatèrent de rire en même temps.
-Donc nous sommes libres !
-Mon colonel, je ne peux pas accepter. Et votre carrière ? Qu’allez-vous faire ?
-Vous savez, Sam, (
oh mon Dieu il a dit « Sam », c’est si rare ! ), l’expérience que je viens de vivre, être possédé par un goa’uld, m’a un peu dégoûté du terrain, si vous voyez ce que je veux dire.
Il s’arrêta quelques secondes plongé dans ses terribles souvenirs. Puis il reprit :
-J’ai parlé à Hammond, il m’a dit qu’il était prêt à vous donner le commandement de SG1.
-Oh ! Fit -elle sans pouvoir dire autre chose.
-Cela ne vous ferait pas plaisir ?
-Si beaucoup, monsieur, mais vous ?
-Je pense que le général Hammond va bientôt prendre sa retraite, il m’a laissé entendre qu’il me verrait bien à la tête du SGC. Mais pas tout de suite, dans quelques mois.
-Vous passeriez général ?
-Oui, mais comme j’ai démissionné…
-Vous ne pouvez pas faire ça Monsieur,
-Et pourquoi ?
-C’est une trop belle opportunité pour que vous la refusiez, et puis général O’Neill, ça sonne bien !
Ils se parlaient sans se lâcher du regard, chacun sondant l’autre, et avançant par petite touche les arguments pour se convaincre de ne pas démissionner, avec toujours en arrière plan ce risque de se perdre l’un et l’autre pour toujours. Petit jeu dangereux dans lequel Jack était de loin le plus fort. Elle devait faire très attention à chaque mot qu’elle disait.
-Mais poursuivit Jack, si j’accepte ce poste dans quelque mois bien sûr et si vous ….
-Si j’étais le chef de SG1, nous retournerions à la case départ, Monsieur, et … c’est impossible.
-En effet… c’est impossible, dit-il à voix basse.
Ils arrivaient à un moment crucial, et elle hésitait encore car avec cet homme tout était possible, c’était un adepte de la douche écossaise !
-Alors il n’y a qu’une solution, c’est moi qui démissionne et reste à travailler au SGC en tant que civile. Nos problèmes seront résolus. Mais il faut que vous en soyez convaincu, monsieur !
Un long silence accueillit les dernières paroles de Sam.
-Cela nous reste encore quelques mois avant de nous décider, murmura t-il.
-Oui et pendant ces quelques mois que faisons nous ?
-Nous pourrions opérer un rapprochement et joignant le geste à la parole il la reprit dans ses bras, caressa doucement ses cheveux, son front, ses joues, ses lèvres.
-Tu n’es pas contre un rapprochement Sam ?
Oh non elle n’était pas contre, elle se sentait si bien dans ses bras, contre ce corps d’homme si fort qui la protégerait de tout. Oui elle le voulait, maintenant, sans plus attendre. Leurs problèmes finiraient bien par être résolus.
-Oui Jack, je veux bien opérer un rapprochement, et joignant le geste à la parole elle lui offrit son visage et ce fut lui qui avec une grande douceur captura ses lèvres.
Fin