Citations du moment :
L'éternité c'est long,
surtout vers la fin !
Imagine

Le monde sans elle : Chapitre 6

Elle laissait les larmes couler sur son visage, elle ne s’apercevait même pas qu’elle pleurait, totalement perdue dans ses pensées et dans son désespoir.
Elle se rendit compte au bout d’une heure et à bout de larmes qu’elle avait faim et qu’elle était au bord de l’évanouissement. N’ayant pas le courage de faire des courses, elle commanda une pizza et la dévora, puis elle s’assoupit sur le canapé du salon, restant à l’endroit même où il était venu chez elle un jour de solitude.
Jack se réveillait de plus en plus, il avait demandé de ne plus avoir la visite du docteur Carter. Seuls ses amis avaient le droit de le voir. Teal’c passait de longs moments avec lui, ils parlaient de tout et de rien mais surtout pas de Sam. Teal’c était assez inquiet du comportement d’O’Neill mais il avait renoncé depuis longtemps à comprendre cet homme qui pour lui était une énigme. Sur le champ de bataille c’était un grand guerrier, un des meilleurs qu’il ait jamais vu, mais sur le plan personnel ce n’était plus le même homme et son orgueil confinait à l’aveuglement. Quel dommage pensait Teal’c, un tel homme mériterait d’être heureux.
Sam restait chez elle, elle appelait souvent soit Daniel soit Teal’c pour avoir des nouvelles de Jack. Elle n’avait pas voulu retourner à la base, être accueillie en visiteuse était très dure pour elle, c’était comme si elle n’y avait jamais travaillé.
Se sentir étrangère chez elle, était au-dessus de ses forces. Par Teal’c elle apprit que le général O’Neill allait beaucoup mieux, qu’il avait même recommencé à aller à son bureau et qu’il travaillait conjointement avec Hammond pendant quelques jours encore. Puis elle resta sans nouvelles pendant un temps, SG1 était parti en mission pour trois jours et ils avaient enchaîné les missions presque sans interruption.
Elle songeait à ce coucher de bonne heure ce soir-là, elle était fatiguée et voulait réfléchir à son avenir. Toute la journée elle avait essayé de trouver du travail sur Colorado Springs, mais rien ne lui convenait. Elle ne voulait pas s’éloigner de ses amis et surtout du général, mais à part l’armée à Colorado Springs il n’y avait pas beaucoup d’emplois qui correspondaient à ses capacités. Elle savait qu’elle devrait aller à Chicago ou à Boston.  Tout cela ne l’enchantait guère. Mais en partant elle avait vidé son compte en banque et ne vivait plus que sur un livret d’épargne qu’elle avait oublié en partant et qui serait bientôt vide lui aussi.
 La sonnette la sortit de ses réflexions. C’étaient Hélène et Claire. Elles ne s’étaient pas revues depuis le départ de Sam. Il y eut un instant de flottement, puis Sam ouvrit tout grand sa porte pour les laisser entrer.
Elles s’embrassèrent.
            -Comment vas-tu Sam ? Demanda Hélène j’avais entendu parler de ton retour mais je ne voulais pas y croire.
            -Si, je suis revenue, mais je ne sais pas si j’ai bien fait.
            -On ne t’a pas vu beaucoup à la base depuis que tu es revenue !
            -C’est normal répondit Sam je n’y travaille plus.
            -Oh je suis sûre que si tu demandais au général Hammond il te trouverait une petite place. Il me semble que tu manques beaucoup là-bas, dit Hélène
            -Tu crois ? Dit Sam d’une voix mal assurée. J’ai l’impression que je ne suis plus la bienvenue à la base.
Un silence un peu gêné s’installa entre les trois jeunes femmes. Claire et Hélène brûlaient d’envie de demander à Sam ce qu’elle avait fait dans l’autre univers et Sam voulait avoir des nouvelles du général O’Neill.
            -J’aimerais bien… commença Sam …
            -Tu veux des nouvelles du général dit Claire en souriant.
            -Oui souffla Sam.
            -Il va beaucoup mieux. Il se lève maintenant et travaille un peu avec le général Hammond.
Sam retrouvait ses couleurs et un peu de vie à entendre parler de Jack.
            -J’ai cru comprendre ajouta Hélène qu’il va bientôt reprendre son poste à plein temps.
-Bon Sam, dit Claire, tu sais que l’on est prêtes à t’aider, tu le sais n’est-ce pas ?
            -Oui dit la jeune femme, je le sais bien, merci, mais je ne vois pas comment vous pourriez m’aider.
            -Et si tu nous racontais ce que tu as fait dans l’univers parallèle et pourquoi tu es revenue.
Sam soupira
            -Ce n’est pas simple, j’ai cru trouver le bonheur dans l’autre univers, mais je crois que je me leurrais.
            -Ça ne pouvait pas être pire que maintenant. Tu as très mauvaise mine Sam !
            -C’était merveilleux ! Dit Sam en fermant les yeux.
Hélène et Claire se regardèrent interloquées, et inquiètes.
            -Sam réveille-toi ! Si c’était si merveilleux pourquoi es-tu rentrée ?
           
Sam hésitait puis finalement elle leur raconta tout. Le récit dura longtemps, il fut ponctué de sourires, de larmes et de silences.
            -Vous comprenez dès que j’ai vu Daniel et Teal’c venus me dire que le général était mourant, il fallait que je rentre, c’était une certitude, j’ai tout laissé, je l’ai laissé…
            -Il t’aimait ?
            -Oh oui ! Il m’aimait comme jamais m’aimera peut-être le général de cette réalité ; mais je devais le faire, je ne pouvais pas le laisser seul, mourant sans au moins lui dire adieu. Maintenant qu’il va mieux, il ne veut pas me voir, dit-elle avec amertume.
            -Bon assez tergiversé, il faut te décider Sam. Veux-tu prendre un rendez-vous avec le général Hammond pour prendre un poste à la base ?
            -Mais je ne suis plus militaire, j’ai démissionné !
            -Oh dit Hélène ça doit pouvoir s’arranger, tu es la meilleure spécialiste de la porte des étoiles, que dis-je ? Tu es LA spécialiste de la porte. Et quand je disais tout à l’heure que tu manquais à la base, ce n’était pas une plaisanterie. Ils ont vraiment besoin de toi, et nous aussi, tu nous manques Sam.
            -Merci dit Sam émue jusqu’aux larmes.
            -Alors on est bien d’accord, première étape le bureau du général Hammond. Garde confiance je suis sûre que ça va marcher dit Claire. Je les appelle tout de suite ?
            -D’accord dit Sam elle se sentit mieux d’un coup. Si elle pouvait rentrer à la base elle contrôlerait beaucoup mieux la situation que d’ici chez elle.
Claire alla dans la cuisine pour téléphoner, elle revint le visage soucieux.
            -Quoi dit Sam que se passe t-il ?
            -le général O’Neill a repris le commandement de la base depuis ce midi. Le général Hammond est parti cet après-midi.
            -Oh dit Sam en gémissant et en s’écroulant dans un fauteuil, c’est fichu ! Le général O’Neill ne voudra jamais que je revienne.
            -S’il est intelligent il acceptera immédiatement, ne serait-ce que pour le bon fonctionnement du programme dit Hélène.
Cela fit sourire Sam
            -Tu n’exagères pas un peu là !
            -Non pas du tout !
            -Pourtant on dit toujours que personne n’est irremplaçable rétorqua Sam !
            -D’habitude oui, mais là docteur Carter vous êtes irremplaçable ! Dit Hélène avec emphase. Allez viens avec nous à la base.
            -Attendez un peu, je préfère téléphoner.
Sam eut Walter au téléphone qui accepta après une dizaine de minutes de discussion de lui donner rendez-vous avec le général. Un badge serait à sa disposition à l’accueil de la base.
            -Tu as rendez-vous quand ? Demanda Claire
            -Demain matin à 9heures.
            -On va te laisser te reposer, Sam, bonne nuit.
Sa nuit ne fut pas excellente mais elle ne s’en inquiéta pas. Sa rencontre avec le général serait primordiale demain. Avant tout rester professionnelle, faire valoir ses qualités, ses parfaites connaissances du programme.
« Allons tu es bête Sam, le général sait tout cela. Sois naturelle plutôt. »
 Plus facile à dire qu’à faire, car c’est avec peu d’assurance qu’elle frappa à la porte du général ce matin là à 9 heures tapantes.
Walter lui ouvrit la porte, et lui dit d’attendre, le général était retenu par un problème avec les techniciens, et il ne serait pas là avant une demi-heure.
            -Ne vous tracassez pas Walter, je vais attendre dit-elle en souriant, j’ai tout mon temps.
En fait cela ne l’arrangeait pas trop, car elle sentait monter en elle la tension. Elle détestait attendre. Elle se leva et alla dans la salle de briefing regarder par la vitre. Le problème qui requerrait l’attention du général était visiblement la porte des étoiles. Il devait avoir des interférences ou des surcharges… « Allez arrête Sam, t’es pas encore embauchée. Ils vont bien trouver tout seul. Le monde peut tourner sans toi, ou du moins cette porte peut tourner sans toi ! »
L’attente se prolongeait, elle soupira et alla s’asseoir à la table de briefing, elle n’avait rien à faire et trouvait le temps long quand elle entendit un pas monter l’escalier de fer, SON pas.
Elle se leva comme il entrait
            Oh vous êtes là dit-il surpris de la voir.
            -Mon général, j’étais là à 9 heures.
            -Oui, excusez-moi mais cette foutue porte fait encore des siennes.
            -Un problème ?
            -Non dit-il brièvement tout est réglé. Venez dans mon bureau.
Elle remarqua qu’il ne l’avait pas appelé ni Carter, ni docteur, ni rien du tout, ce qui n’était pas si étonnant que cela.
Il tomba sur son fauteuil plutôt qu’il ne s’assit, il avait l’air épuisé. Il semblait attendre qu’elle lui dise les motifs de sa venue.
            -J’aimerais revenir travailler ici. Dit-elle tout à trac ! Après tout il valait mieux se lancer. Car les regards qu’il lui jetait ne lui disait rien qui vaille. Il la scrutait d’un regard froid, un pli barrait son front, ses lèvres étaient serrées. Non ce n’était peut être pas le bon jour pour affronter le général O’Neill. Mais y avait-il un bon jour ? Le principal était de remettre un pied dans la place, une chose à la fois.
            -C’est d’accord dit O’Neill.
Elle resta sans voix.
            -Vous êtes d’accord mon général ?
            -Oui, et ce n’est pas de gaîté de cœur que je vais vous faire un aveu, mais vous êtes indispensable ici. Depuis votre départ c’est la pagaille !
Elle ne put s’empêcher de sourire. Elle avait gagné, elle était revenue !
            -Vous prenez un travail ici, mais ce ne sera pas le même qu’avant, naturellement.
« Naturellement, pourquoi n’y ai-je pas pensé ? »
            -Vous n’êtes plus militaire, donc ici pour tout le monde vous serez le docteur Carter. Bien sûr, vous n’allez plus sur le terrain, SG1 est dirigée maintenant par le colonel Reynolds.
Il s’arrêta un instant essayant de déchiffrer ses émotions. Ce n’était pas difficile pour lui, son visage était un livre ouvert. Il y vit de la déception.
            -Vous ne vous attendiez tout de même pas à ce qu’on vous accueille les bras ouverts. Il n’avait pas pu s’empêcher de le dire !  Mais il eut la satisfaction de la voir pâlir.
            -Bien sur que non, monsieur, je ne me faisais aucune illusion et je serais très contente du travail que vous voudrez bien me confier. Dit-elle les dents serrées.
Petit sourire suffisant du général.
Ah tu le prends comme ça ! Tu vas voir !
            -Mon général, si vous voulez bien m’expliquer quel sera mon travail et quand je pourrais commencer, dit-elle d’un ton neutre ;
Il répondit sur le même ton.
            -Le même qu’avant docteur Carter ! Sauf que vous resterez à la base. Vous étudierez tout ce que les équipes ramèneront des autres planètes. Et puis vous travaillerez sur une nouvelle arme que SG1 a réussi à négocier sur P9N675.
            -Bien mon général, je commence quand ?
            -Dès demain. Soyez là à 7 heures précises. A demain docteur Carter.
Il se leva et se dirigea vers la salle de brieifng quand une voix douce le fit s’arrêter.
-Puis-je vous demander des nouvelles de votre santé ? Monsieur. J’ai cru comprendre que vous avez été torturé par une arme inconnue.
Elle eut la satisfaction de le voir pâlir à son tour.
            -En effet, mais cette arme a été détruite.
            -Détruite ? Elle joua la stupéfaction, mais pourquoi ? Cela aurait pu faire une arme efficace contre les goa’ulds.
            -C’est une arme de torture, Carter ! Vous n’allez pas torturer les goa’ulds un par un !
Il avait dit « Carter » ! Un point pour moi pensa t-elle
Elle continua :
            -Quel effet cela fait ?
            -Quoi ?
            -Cette arme, quel effet cela vous a fait quand on s’en est servi sur vous ?
Il devint tout blanc et la regarda fixement.
            -Je ne tiens absolument pas à parler de ça avec vous docteur Carter ! C’est une arme de torture, elle a été détruite. Point barre.
            -Excusez-moi, mais je ne voulais pas vous manquer de respect, monsieur.
            -L’ incident est clos. A demain.
Sur ces paroles très sèches il quitta la pièce.
Il s’était blindé en vue de cet entretien qu’il avait espéré court et assez neutre, mais c’était plutôt raté. En fait ce qu’il aurait voulu c’est la prendre dans ses bras et lui dire que tout cela n’avait plus aucune importance. Il avait failli fondre quand il l’avait vue dans la salle de briefing, elle avait l’air d’une petite fille prise en faute. Puis il l’avait vue se ressaisir, se mettre un masque sur le visage. Lui en avait fait autant.
Puis la colère avait de nouveau refait surface lorsqu’elle lui avait demandé ce que l’arme lui avait infligé, Ce n’était pas elle… ce n’était pas la Carter qu’il connaissait…  Elle avait osé lui demander ce qu’il avait éprouvé !  Comment avait-elle pu ? Il en faisait des cauchemars toutes les nuits et n’avait plus qu’une seule idée, oublier … Oublier cette douleur atroce qui le clouait sur place… Oublier la terreur et la souffrance qu’il avait ressenties… Oublier Samantha Carter…
Pourquoi était–elle revenue ? Elle n’était donc pas heureuse avec l’autre ? Peut-être était-ce le fait d’être avec un « O’Neill » qui n’avait pas marché. Elle ne pourrait pas donc trouver son bonheur avec « lui ».
Cela ne l’étonnait pas, il avait toujours su que ce serait une erreur de tenter quelque chose avec elle. Il en avait maintenant la confirmation. Tout les séparait.
Il décida de tout faire pour l’éviter. Ce ne serait pas trop difficile, son nouveau travail l’éloignerait de lui. Plus de briefings à supporter sa présence. S’il avait pu refuser sa candidature il l’aurait fait, mais c’était impossible elle était trop précieuse pour ce programme.
Sam prit son poste le lendemain, elle était là à l’heure et si elle espérait voir le général elle en fut pour ses frais.
Les semaines passèrent. Quand ils se voyaient ils ne parlaient que travail, avancement des travaux de la jeune femme, problèmes avec la porte des étoiles ou les ordinateurs. Quelques mots échangés, simples contacts professionnels qu’ils réduisaient au maximum l’un comme l’autre.
Les nuits de Sam étaient peuplées de Jack, « l’autre Jack » celui avait qui elle avait vécu quelques merveilleuses semaines. Elle le revoyait si réel et si proche qu’à son réveil elle avait l’impression qu’il était à ses côtés mais sa main ne rencontrait que le vide et le froid. Il n’était pas là, il n’était plus là, elle l’avait quitté. Dans ses rêves elles les confondaient, elles les réunissaient en une seule personne, une personne merveilleuse et aimante.
Elle ne souriait plus. Son visage était grave, elle riait rarement. Ses yeux le cherchaient dans toute la base. A chaque fois qu’elle prenait un couloir elle espérait et redoutait de le rencontrer, mais cela n’arrivait jamais.  Au mess non plus elle ne le voyait pas. Par contre elle aimait y retrouver Daniel et Teal’c quand ils n’étaient pas en mission, et elle avait pris l’habitude quand son emploi du temps le permettait de déjeuner avec Hélène et Claire.
C’était un moment de détente et de repos qui lui permettait d’éviter de penser qu’il y avait là-bas quelques étages plus bas un homme auquel elle ne voulait surtout pas penser.
            -Ça ne peut plus durer !
Sam leva la tête de sa gelée bleue :
            -Tu parles de quoi Hélène ?
            -Mais de toi et du général bien sûr.
            -Il n’y a pas de moi et le général ! Il n’y a jamais rien eu.
            -A d’autre ! Sam, tu ne trompes personnes. Regarde tes amis comme ils s’inquiètent pour toi, si tout allait bien tu ne ferais pas une tête pareille !
            -Ah fichez-moi la paix avec ça dit Sam exaspérée.
Mais Claire et Hélène ne voulaient pas en rester là.
            -Pourquoi tu ne vas pas le voir et t’expliquer avec lui ?
            -Pour lui dire quoi ? S’étonna Sam.
            -Que tu l’aimes répliqua Hélène.
            -Et alors, ça changerait quoi, lui ne m’aime pas.
            -Il te l’a dit ?
            -Bien sûr que non, mais je le connais par cœur et je sais lire sur son visage.
Sam préféra couper court à cette conversation, c’était trop dur d’entendre tout le monde ressasser les mêmes choses, elle ne pouvait plus le supporter, alors si en plus de Daniel, Hélène et Claire s’y mettaient aussi ! Elle retourna dans son labo elle avait une étude à faire sur P9N765, la sonde avait envoyé des images évoquant un problème avec le DHD, et il fallait qu’elle prépare un rapport pour le briefing de demain matin 8 heures auquel elle devait participer. Elle n’avait plus de temps à perdre.
Elle passa son après midi et une partie de la nuit à travailler. Quand elle releva la tête de son ordinateur elle s’aperçut qu’elle avait encore sauté le dîner.
Le lendemain elle prit place à la table de briefing comme autrefois. Elle arriva en avance et s’assit au bout de la table comme font les personnes qui sont seulement invitées aux réunions. Mais cela ne la dérangeait pas. Elle savoura ce moment devenu tellement rare maintenant.
Ils arrivaient les uns après les autres heureux de la retrouver, Daniel et Teal’c prirent leur place habituelle et le colonel Reynolds vint s’asseoir à la place qui était la sienne juste avant sa démission…
O’Neill arriva le bon dernier salua tout le monde et prit place. Son regard s’attarda un instant sur elle, mais elle avait baissé la tête ne souhaitant pas un affrontement maintenant. Plus tard peut-être, mais là la réunion s’annonçait difficile.
            -Sur P9N765 nous avons relevé des traces d’activité goa’uld commença Daniel. En fait c’est une planète qui appartient à Heru’ur.
Au nom de Heru’ur Sam ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil au général, mais il n’avait pas bronché. Quelle maîtrise de lui pensa t-elle !  Il n’était pas comme ça autrefois ! Il était plus lisible, plus prévisible, il se cachait moins.
            -Docteur Carter, au niveau technique vous m’aviez dit qu’il y avait un problème sur cette planète dit le général en fixant Sam
            -Oui, Monsieur, En effet le DHD est hors d’usage. Il va falloir manœuvrer la porte à la main pour rentrer et introduire les codes. Ce qui pose un problème de temps car c’est beaucoup plus long. Il ne faudrait pas que l’équipe subisse une attaque à ce moment là, il serait alors impossible de rentrer en catastrophe.
Elle avait débité son petit discours d’un ton neutre en espérant que le général mordrait à l’hameçon. En effet elle était la plus apte à se servir de ce matériel de pointe dans les délais les plus courts. Elle connaissait par cœur la manœuvre, elle l’avait mise au point.
            -Daniel dit le général, vous pensiez trouver une arme efficace sur cette planète.
            -D’après les données de la sonde il semble que cette planète soit celle que les anciens décrivent comme la ….
            -Oui ou non Daniel ? Coupa le général
            -Oui, Jack répondit Daniel frustré.
            -Bien cela me suffit, l’équipe partira dans trois heures et je vous accompagne comme prévu. 
            -Bien mon général, dit Reynolds, à vos ordres.
            -Ah j’oubliais dit O’Neill, docteur Carter, vous venez aussi avec nous. Pour la porte … je crois qu’il n’y a que vous…
Sam hocha la tête sans répondre. Son cœur battait à grands coups, elle repartait en mission et avec lui !  Comme avant, quand tout était encore possible entre eux et qu’il n’y avait pas eu cette nomination au poste de général et ce foutu triangle des Bermudes qui avait tout gâché.
Ils étaient au pied de la rampe. Le vortex s’ouvrit. Ils emmenaient un « FRED » chargé de matériels, de sondes et divers appareils de mesure, et de quoi faire fonctionner la porte.  Sam d’un coup d’œil vérifia que tout était là. Ils étaient prêts. Elle entra dans la flaque le cœur battant comme au premier jour.
O’Neill laissa des soldats en faction près de la porte pour garder le matériel, puis ils commencèrent à s’enfoncer dans une forêt épaisse, presque des taillis.
            -Le temple se trouve à quelle distance Reynolds ?
            -Il faut marcher environ 25 kilomètres, mon général.
Daniel fit la grimace
            -J’avais compté moins de 20.
            -25 kilomètres, ça vous fait peur Daniel ? Vous manquez d’entraînement dit Jack en souriant devant la mine déconfite de son ami.
            -Oh vous, ça vous va bien de dire ça !  Vous détestez marcher !
            -Moi ! Pas du tout !
            -…
Sam souriait d’entendre les deux amis se disputer comme avant, rien n’avait changé. C’est le cœur plus léger et d’un pas vif qu’elle suivit O’Neill qui avait déjà pris une dizaine de mètres d’avance. Et pourtant elle n’avait aucune raison d’être heureuse en ce moment. Depuis le début de la mission O’Neill ne lui avait pas adressé la parole, c’est tout juste s’il ne parlait pas au-dessus de sa tête. Il donnait des ordres, discutait avec Teal’c, Reynolds ou Daniel mais pas avec elle. Il ne la regardait même pas, et elle se sentait transparente.
Au bout de deux heures Sam n’en pouvait plus. Le terrain était accidenté, et elle avait perdu beaucoup de sa forme physique. Le travail en laboratoire n’est pas excellent pour les muscles et elle avait un peu délaissé la salle de sport. Elle serra les dents et continua sans se plaindre cette longue marche derrière cet homme infatigable qui marchait toujours en tête. Arrivés à proximité du temple qui se dressait sur une colline, O’Neill ordonna de préparer le campement. La nuit n’allait pas tarder à tomber et il était hors de question qu’ils grimpent là-haut dans le noir. Sam bénit la nuit qui arrivait au bon moment, épuisée, elle n’aurait pas pu faire un pas de plus.
Après quelques rations militaires prises sans appétit elle se coucha rapidement dans une des deux tentes qu’ils avaient montées. Elle laissa les hommes entre eux et c’est le cœur un peu serré qu’elle s’allongea. Elle avait la désagréable impression de se sentir de trop, ayant pris l’habitude du commandement elle se ne se sentait pas à sa place. Oh bien sûr, demain, il serait bien content de la trouver pour la porte ! Mais elle craignait ensuite de se retrouver dans l’ombre de son labo pour longtemps. 
Jack prit le premier quart, tandis que Daniel, Teal’c et Reynolds allèrent se coucher. Tout le monde était fatigué, demain la journée serait longue, il faudrait encore escalader une colline pour atteindre l’ancien temple de Heru’ur. Là ils trouveraient sans doute l’arme dont parlaient les Anciens.
La nuit était glaciale et Sam se pelotonna dans son duvet. La fatigue aidant elle s’endormit aussitôt. Elle n’entendit pas le crissement de la fermeture éclair de la tente tandis qu’un corps venait s’allonger près d’elle. Elle dormait profondément du sommeil du juste.
O’Neill n’avait pas beaucoup de place pour se retourner la tente était très petite et il ne voulait pas réveiller le dormeur à côté de lui, Daniel ou Reynolds sans doute. Il enleva juste sa veste et ses rangers, se coucha et plongea immédiatement dans le sommeil.
Tout de suite le cauchemar l’empoigna comme toutes les nuits. Il sentait le froid de la pierre sous son dos, le cœur au bord de l’explosion. Il voyait les yeux de flamme du goa’uld, il sentait sur sa peau l’appareil diabolique, une telle douleur !  Suraiguë, violente, interminable… Un long cri qui lui vrillait les oreilles, le sien.
Il s’agitait dans son sommeil, cela réveilla Sam.
La première chose qu’elle sentit dans le noir complet c’était le parfum de son eau de toilette. C’était lui qui était là ! Il était très agité, et gémissait dans son sommeil.
Sam ne savait pas quoi faire.  Elle avait une envie folle de le prendre dans ses bras, contre elle, de le bercer ! Il s’était couché dans le noir sans savoir qui était à côté de lui. Elle alluma la lampe et le secoua pour le réveiller.
            -Monsieur, réveillez-vous !
Il s’assit brusquement un instant désorienté
            -Sam ! Murmura t-il. 
Avait-elle bien entendu ? Il avait dit Sam !
            -Vous avez fait un cauchemar monsieur !
            -Vous avez la réponse à votre question Carter ! Murmura t-il.
            -Je ne comprends pas…
            -Vous m’aviez demandé l’effet que faisait l’arme…
            -Oh ! Je suis désolée, Monsieur, je vous demande pardon…
Elle devint toute blanche.  Comment avait-elle pu lui poser une telle question ?  Elle ne comprenait pas ce qui lui était passé par la tête à ce moment là, peut-être la colère, de le voir si différent, et si indifférent.
Mais était-il réellement indifférent ? Elle en doutait, dans ses rêves il l’appelait Sam.
Il s’était rallongé, sans rien dire.
            -Je vous demande pardon Monsieur, redit-elle
Insensiblement elle s’était rapprochée de lui, à la lumière de la lampe elle voyait son visage tourmenté, comme elle aurait aimé le toucher, le caresser !
            -Monsieur…
            -Dormez Carter ! Je vais me lever, de toute façon je ne pourrais plus fermer l’œil de la nuit.
            -Il est encore très tôt dit-elle.
Il ne répondit pas, remit sa veste et ses rangers et sortit.
Sam se rallongea en soupirant, elle sentait que des moments comme celui-là il n’y en aurait pas souvent. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Elle se leva et aussi et alla le rejoindre.
Teal’c qui était de garde leva la tête à l’arrivée de Jack, suivi de peu par Sam. Il s’éloigna par discrétion.
Jack s’assit près du feu et se fit réchauffer du café.
-Vous en voulez ? Dit –il en la voyant venir.
            -Oui merci.
Elle s’assit près de lui, une couverture sur les épaules et prit dans ses mains la tasse brûlante pour se réchauffer. La boisson lui fit du bien et ils restèrent sans parler un long moment. 
Ils étaient loin de tout, sur une planète déserte, à quelques mètres d’eux Teal’c, qui leur tournait le dos. Plus loin la tente où dormaient leurs deux compagnons. C’est le moment pensa Sam, le moment où jamais.
            -Vous savez pourquoi je suis partie Monsieur ?
Il ne répondit pas. Il n’était sûr de rien, si elle était partie c’est qu’elle ne l’aimait pas, c’était aussi simple que cela. Pourquoi vouloir encore revenir sur ce sujet. Et pourtant il y avait bien des choses qu’il aurait aimé savoir, pourquoi elle avait préféré l’Autre. Qu’est-ce qu’il avait de plus que lui ?
            -Non, je ne sais pas dit-il prudemment.
            -Je suis partie pour vous retrouver dans un autre monde.
Elle marqua un temps d’arrêt, elle sentait une angoisse diffuse en elle, et s’il ne l’écoutait pas ? Il était assis appuyé contre un arbre, les lueurs du feu éclairaient son beau visage aux yeux clos.
Il n’y avait rien de plus à ajouter. S’il ne comprenait pas tant pis.
Long silence troublé seulement par les bruits de la nuit. Elle attendait.
            -Et pourquoi êtes vous revenue ?
Enfin il avait réagi ! C’était la première fois qu’il lui posait une question directe aussi personnelle !
            -Je suis revenue pour vous monsieur !
            -Vous n’étiez donc pas heureuse ?
            -Ce n’était pas vous Monsieur… Dit-elle d’une voix claire.
Elle attendait, elle se sentait au bord du gouffre, allait-il tendre la main pour l’empêcher de tomber ? Cette attente était insupportable, elle lui mettait les nerfs à vif, il n’avait pas l’air de s’en rendre compte.
            -Vous êtes toujours en colère après moi monsieur ?
            -Non.
Il n’était plus en colère, alors qu’attendait-il ? Il savait qu’elle l’aimait plus que tout. Peut-être que c’était lui qui… Non, pas ça ! Elle le sentait, elle l’avait senti, mais cela faisait longtemps ! L’aimait-il ? Il ne le dirait jamais, du moins pas maintenant.
Il s’était rapproché d’elle, à la toucher, elle ne bougeait pas, elle avait tout fait, pris les devant, bravé sa colère, pris l ‘initiative de cette rencontre. C’était à lui maintenant. C’était la dernière fois qu’elle faisait ce genre de chose, c’était trop dur d’être toujours dans l’attente et dans l’espoir de quelque chose qui ne viendrait peut-être jamais !
Il dut sentir qu’elle était à bout. Car il posa la main sur son bras et redit « Sam » d’une voix si basse qu’elle crut avoir mal entendu. Elle se rapprocha encore et posa la tête sur son épaule. Il la prit dans ses bras, respira ses cheveux son parfum, et redit encore « Sam » mais d’une voix plus passionnée. Il la serrait très fort contre lui maintenant. 
Ils se levèrent et sous l’œil impassible de Teal’c ils rentrèrent dans la tente.
Ils tombèrent à genoux sur le sol, tout en se tenant enlacés. Le cœur de Sam battait comme un tambour dans sa poitrine à l’unisson de celui de Jack. Ils s’embrassèrent fougueusement et leurs vêtements volèrent par-dessus leur tête.
 
Beaucoup plus tard ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre. Sam avait enfin trouvé son « Jack ».
Le lendemain quand elle se réveilla elle était seule dans la tente. Il avait fait son paquetage, c’était comme si elle avait rêvé.
La journée se passa comme à l’accoutumée, rien en apparence n’avait changé, il donnait des ordres, il marchait en tête du petit groupe pour escalader la pente qui menait au temple. Il se disputait avec Daniel.
Une fois dans le temple il resta dehors avec Reynolds pour monter la garde, tandis que Sam, Teal’c et Daniel allaient travailler à la recherche de l’arme.
D’arme, il n’y en avait plus, ils virent très nettement son emplacement dans la pierre. Elle avait soit été volée, soit  détruite. C’était un échec.
Ils retournèrent au shapaï, une longue marche pénible pour Sam, qui pourtant devait trouver la ressource nécessaire pour accomplir la manœuvre délicate de l’ouverture de la porte des étoiles.
Rien n’avait changé en apparence, et pourtant de temps à autre elle sentait sur elle le regard d’O’Neill. Ce regard était différent, il était maintenant chaud et même parfois brûlant. Elle frissonnait, le cœur battant à tout rompre quand elle pensait, « non je n’ai pas rêvé toute cette nuit, c’est bien la réalité, MA réalité. »
 Quelque part dans un autre univers un homme seul, à la tête de la base la plus secrète de toute sa planète, franchissait des lignes invisibles qui séparaient les mondes les uns des autres.
Le départ de Sam l’avait anéanti, il avait pris un congé de longue durée, et était parti à travers d’autres univers parallèles, à la recherche de celle qui l’avait révélé à lui-même, qui lui avait fait toucher du doigt le bonheur, et qui avait disparu de sa vie beaucoup trop tôt. Sa quête était loin d’être finie, il chercherait jusqu’à ce qu’il trouve une autre « Sam ».
Fin
 
 
Conçu par Océan spécialement pour Imagine.
[ Me contacter ]