Rodney semblait ne plus vouloir s’arrêter de parler. A y regarder de plus près, il ne semblait plus dans son état normal. Un verre à la main, il débitait un langage incompréhensible pour tous ceux qui n’étaient pas scientifiques, mimant ses explications avec de grands gestes, faisant éclater de rire les petits Athosiens qui s’étaient regroupés autour de lui.
D’abord mal à l’aise lors de son arrivée à la soirée, il avait finit par se détendre dès son deuxième verre d’alcool ingurgité. En plein débat scientifique avec Beckett et Zelenka, il tenait tellement à avoir raison sur tout ce qu’il disait, que ses mimiques avaient intrigués les enfants qui s’étaient approchés de lui. Dés lors, il était devenu intarissable sur les missions off-world qu’il racontait aux enfants, expliquant comment il avait sauvé la vie à plusieurs reprises aux membres de son équipe et du manque de reconnaissance de ceux-ci.
Beckett, d’abord blasé du comportement de McKay, commençait à s’inquiéter de la quantité d’alcool que ce dernier buvait. Il décida donc de le stopper avant qu’il ne tombe dans un coma éthylique, en lui retirant le verre des mains.
Rodney : Hey ! Mais qu’est ce qui vous prend ?
Beckett : Je crois que vous avez suffisamment bu ce soir Rodney ! Vous allez finir par vous rendre malade !
Rodney : Rendez-moi ça tout de suite Doc !
Beckett : Arrêtez un peu de faire l’enfant Rodney ! Vous vous donnez en spectacle !
Rodney : Ben voyons ! Et pourquoi devrais-je arrêter de m’amuser, hein ? On est bien entre amis ici non ? Si on peut dire que j’ai des amis !!!!
Beckett : Mais qu’est ce que vous racontez ?!!!! Bien sûr que vous avez des amis Rodney ! Je suis votre ami, John est votre ami, Elisabeth et Teyla aussi !!!
Rodney : Non je n’ai pas d’amis ! Je n’ai jamais eu d’amis !!! Le petit génie n’a pas d’amis !
McKay essayait de reprendre son verre des mains de Beckett, mais ses gestes devenus maladroits par l’alcool, il semblait plus brasser de l’air qu’autre chose, ce qui fit rire les enfants qui assistaient au spectacle. Soudain, Rodney se prit les pieds dans la table et il s’effondra sur le sol de tout son long. Abruti par les effets de l’alcool, il commençait peu à peu à s’endormir en gémissant. Beckett s’était penché sur lui, vérifiant s’il ne s’était pas blessé, mais ne put que constater l’état d’ivresse avancé de son ami.
Beckett : Et bien mon vieux, il est l’heure de rentrer à la maison. (S’adressant à un petit garçon) Tu veux bien aller chercher le colonel Sheppard ? Je crois que le Docteur McKay a besoin d’un taxi pour rentrer !
***
Elle fixa un long moment le ciel étoilé. L’air était frais mais c’était agréable. Elle avait eu le besoin de prendre l’air. L’alcool et ce qui venait de se passer lui avait donné très chaud. Elle croisa les bras. Que lui avait-il prit de se laisser aller devant toutes ces personnes ? Elle n’aurait jamais du venir.
Teyla : La fête ne vous plaît pas ?
Elizabeth se retourna rapidement et vit l’athosienne se diriger vers elle.
Elizabeth : Non, la fête est très réussit Teyla.
Teyla vint se placer aux côtés d’Elizabeth.
Teyla : Quelque chose ne va pas ?
Elizabeth détourna le regard.
Elizabeth : Non, pourquoi me demandez-vous ça ?
Teyla : Vous avez quitté la soirée sans ne rien dire à personne…
Elisabeth : J’avais besoin de prendre l’air. Je dois dire que l’alcool que vous produisez est…très fort !
Teyla sourit.
Teyla : Je pensais que c’était à cause de cette danse ?!
Elizabeth se tourna vers elle. Que pouvait-elle répondre à cela ? C’était effectivement à cause de cette danse qu’elle avait eu besoin de sortir. Elle baissa les yeux puis regarda de nouveau le ciel.
Elizabeth : J’ai eu tord d’accepter !
Teyla fut surprise de sa réponse.
Teyla : Tord ? Et pourquoi cela ?
Elizabeth : Je suis le « leader » de cette cité, et je ne peux pas me permettre de tels écarts…
Teyla : Je ne vous comprends pas. En quoi est-ce mal ?
Elizabeth regarda de nouveau la femme à ses côtés. Elle semblait réellement étonnée.
Elizabeth : Je suis celle sur qui tout le monde compte et je dois donc assumer ce rôle qui est le mien
Teyla : Ce n’est pas parce que vous êtes le leader que vous n’en êtes moins femme et que vous n’avez pas de sentiments…. Et ceux que vous avez pour John sont tout à fait naturels et forts.
Elizabeth regarda un long moment Teyla. Elle avait su dire ce qu’elle avait tant de mal à admettre. Et pourtant elle le savait. Elle savait que John était bien plus qu’un simple ami. Elle le savait à chaque fois qu’il posait les yeux sur elle ou lorsqu’il lui souriait. Il arrivait à faire ressortir une femme chez elle, qu’elle connaissait très peu mais qui pourtant était présente. Et quoi qu’elle en dise, le fait qu’il veuille lui faire partager la magie de Noël, l’avait vraiment touché et les moments passés ensembles les avaient rapprochés.
Teyla : Ne laissez pas le leader prendre le dessus sur la femme. Si j’ai retenue une chose de mes aînés, c’est que lorsque l’on oubli ce que l’on est et ce que l’on ressent, on ne peut pas diriger correctement un peuple.
Elizabeth : Pourtant certaines personnes prétendent le contraire. Et ils ont peut-être raison… mes sentiments pour John m’empêchent quelques fois de prendre les bonnes décisions.
Teyla : Ah oui et quand est-ce que cela s’est produit ?
Elizabeth la fixa une nouvelle fois.
Teyla : La seule chose que j’ai vu depuis mon arrivée sur Atlantis, c’est une femme qui s’est se faire aimé de son peuple et écouté de ses guerriers. Ecouter son cœur n’est pas forcément un mal. C’est ne plus l’écouter qui le serait.
Elizabeth baissa les yeux.
Teyla : J’ai confiance en vous et si cela n’avait pas été le cas, je ne vous aurais jamais confié mon peuple. Vous savez faire la part des choses… et vous savez vous entourez des personnes qu’il faut pour vous aider dans votre tâche.
Elizabeth ne savait pas trop quoi répondre à cela. Teyla avait raison mais cela lui faisait peur. Peur de ne plus être à la hauteur.
Elizabeth : Vous avez peut-être raison. Mais que se passera-t-il si cela ne se passe pas bien ? Si nous n’arrivons pas à gérer la situation.
Teyla : John est un homme intelligent… et il tient trop à vous pour gâcher quoi que ce soit…
Elizabeth : Je ne pensais pas à John… mais à moi ! J’ai toujours eu beaucoup mal à avoir une relation durable avec un homme. J’ai tendance à compliquée les choses.
Teyla sourit.
Teyla : Faites lui confiance. Jusqu’à présent il a toujours été là pour vous.
Elizabeth : Beaucoup plus que je ne l’ai été pour lui… et ma réaction de ce soir en est la preuve.
Teyla : Connaissant John, vous n’avez pas de souci à vous faire. Il n’abandonnera pas aussi facilement.
Elizabeth sourit légèrement. Parler avec Teyla lui avait fait du bien. Surtout aussi ouvertement.
Elizabeth : Merci.
Teyla sourit.
Teyla : Je suis contente d’avoir pu être là quand vous en aviez besoin.
Elizabeth : Vous aviez raison…. Je suis très bien entourée… je suis heureuse d’avoir une amie telle que vous.
Le regard d’Elizabeth semblait lui demander si ses dires étaient exacts. Si elles étaient réellement amies.
Teyla : Je suis heureuse moi aussi de compter parmi vos amies.
Elle inclina la tête. Les deux femmes se sourirent.
Elizabeth : Je crois que je vais rentrer… enfin si mes pilotes sont en état de voler !
John : Je vous ai amené et je vous ramènerai !
Les deux jeunes femmes se tournèrent vers cette voix qu’elles connaissaient. Elles virent John arriver dans leur direction en portant McKay sur ses épaules. Celui-ci semblait inconscient. Il devait sûrement avoir trop bu.
Elizabeth regarda rapidement John pour savoir s’il avait oui ou non leur conversation… mais il ne laissait rien paraître. Et se contentait de soutenir McKay.
John : McKay veut lui aussi rentrer !
Rodney était complètement affalé sur John et sa tête tombait en avant. Teyla sourit.
Teyla : Les humains tiennent beaucoup moins bien l’alcool que je ne le pensais !
John : Non Teyla… ce que vous appeler de l’alcool n’est pas de l’alcool… c’est 100 fois pire !
Elizabeth sourit légèrement à la remarque de John. Elle espérait qu’il n’ait pas entendu sa conversation avec Teyla. Elle avait presque admis que… que quoi ? Qu’elle aimait cet homme ? Elle baissa pour éviter que John ou Teyla voient son malaise.
John : Votre pilote est prêt Madame !
Elizabeth n’avait pas entendu John, trop perdu dans ses pensées. Teyla et John la regardèrent.
John : Elizabeth ?!
Elle leva les yeux vers lui.
Elizabeth : Oui ?!
Il plissa les yeux tout en la regardant et un léger sourire apparut sur son visage.
John : Est-ce que Rodney n’aurait pas été le seul à abuser de cet alcool ?
Elizabeth ne put se retenir de sourire à cette remarque là. Elle n’avait bu qu’un seul verre et déjà elle se sentait légèrement ivre alors si elle avait bu autant que Rodney, elle imaginait tout à fait dans quel état, elle serait.
John : Ne me dites pas que je vais être obligé de vous porter vous aussi !
Elizabeth : Non. Je peux encore marché. Je vais vous éviter cette corvée !
John : Qui vous parle de corvée ?!
Il planta son regard dans celui d’Elizabeth. Teyla sentit qu’elle était de trop à cet instant. Elle commença à s’éloigner tout doucement.
Teyla : Je vais rejoindre nos invités. J’espère que votre retour se passera bien. Bonne nuit.
Elle inclina la tête pour les saluer. Ils se tournèrent vers elle pour la saluer à leur tout.
Elizabeth : Bonsoir Teyla.
Teyla s’éloigna et Elizabeth hésita à tourner de nouveau les yeux vers John. Elle avait peur de se retrouver seule avec lui après ce qui venait de se passer. Surtout s’il avait entendu sa conversation. Elle fut coupée dans ses pensées par John vociférant contre Rodney.
John : Rodney, mon vieux, il va falloir penser à perdre du poids !
Il prit correctement Rodney par les épaules pour pouvoir aller jusqu’au jumper.
John : Loin de moi l’idée de vous presser mais Rodney n’est pas ce que l’on peut appeler léger !
Elizabeth s’approcha de deux hommes, prit le bras pendant de McKay et le passa par-dessus elle, pour pouvoir aider John à le porter. Puis elle passa son bras autour de la taille de McKay pour avoir prise mais en faisant ça, elle frôla le bras de John et cela lui fit comme une légère sensation de petite décharge électrique. Elle frissonna.
Elle regarda John. Celui-ci ne l’avait pas quitté des yeux. Elle lui sourit pour essayer de cacher sa gêne. Puis ils avancèrent tout les trois vers le Jumper. Ni John, ni Elizabeth ne brisa le silence qui s’était installé. Ils entendaient les bruits des animaux de la nuit et le léger vent qui venait de se lever. Le bruit de leurs pas dans la neige rythmait leur marche.
Il avait la sensation qu’elle l’évitait. Il avait peut-être été trop loin ce soir ? Et pourtant il ne regrettait rien. Il avait simplement peur qu’elle ne partage pas les mêmes sentiments. Il se sourit à lui-même. Il l’avait su dès qu’il l’avait entendu rentrer dans la salle d’embarquement au SGC. Il avait su que cette femme allait être spéciale.
Pourquoi n’arrêtait-elle pas de penser à cette danse ? Ce n’était qu’une simple danse !! Non, elle savait que cela avait été bien plus. Elle avait énormément apprécié. Elle se sentait si bien dans ses bras…. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressentit ça.
Le jumper ne se trouvait plus très loin. C’est vrai que Rodney pesait son poids mais elle ne voulait pas s’arrêter. Elle n’avait qu’une envie, rentrer et se retrouver seule pour pouvoir remettre ses idées en place.
***
Il lâcha Rodney sur son lit ce qui le réveilla.
Rodney : Moi aussi…
John le regarda étonné. Il ne préférait pas savoir à quoi il pensait à cet instant. Rodney se tourna sur lui-même et ouvrit légèrement les yeux.
Rodney : Hey… John, mon pote !... c’est sympa d’être passé !
Il voulut se lever mais tomba au sol. John hésita à le remettre sur le lit, puis levant les yeux au ciel, il se pencha vers Rodney. Il le souleva mais son ami ne l’aidait pas vraiment.
John : Rodney, faites un effort !
Il réussit à le soulever quelque peu. Rodney passa le bras autour du cou de son ami et lui donna des petites tapes sur sa joue.
Rodney : C’est vrai ce qu’a dit Carson, vous êtes mon ami hein John ?
John était surpris de la soudaine panique qu’il sentit dans la voix de McKay. Ses yeux mêmes reflétaient une détresse que le colonel n’avait jamais vue chez le scientifique, même dans les pires moments.
L’incertitude dont Rodney faisait preuve alors que John tentait de le relever, le faisait ressemblait à un petit garçon plutôt qu’au brillant scientifique qu’il était. Quelles blessures cachait-il derrière son caractère exaspérant ?
John dévisagea, quelques secondes, son ami, semblant le découvrir pour la première fois. Mais Rodney semblait maintenant avoir repris un semblant de lucidité dans son ivresse, et se mit à rire.
Rodney : Je suis sûr que vous préféreriez être autre part…
Il rigola tandis que John ne prêtait pas trop attention à ce qu’il disait.
Rodney : Je vous ai vu danser avec Elizabeth !
Par contre, cette remarque attira son attention.
Rodney : Vous êtes très mignon tous les deux…
Rodney était accroché à John et son visage était proche du sien. John essayait tant bien que mal de garder une distance. Rodney empestait l’alcool.
John : Oui Rodney !
Rodney s’approcha encore plus.
Rodney : Qu’est-ce que vous attendez ?
John le regarda.
Rodney : Elizabeth est canon !
John faillit presque éclater de rire en entendant Rodney.
Rodney : Et j’ai vu comment vous la regardiez ! Votre Elizabeth !
John déposa enfin Rodney sur son lit. 2 secondes plus tard, il entendait à nouveau Rodney ronfler. Il sourit. Rodney pouvait être bizarre quelque fois et l’alcool n’arrangeait pas les choses.
Son Elizabeth. Ses mots résonnèrent dans sa tête. Rodney avait raison. Il aurait aimé être autre part que dans ses quartiers. Mais Elisabeth semblait distante. Quelque fois, elle avait un voile de tristesse qui troublait son regard et il aurait aimé savoir pourquoi. Ce soir, cela avait été différent. Il avait la sensation d’avoir été trop loin. De lui avoir fait peur.
En essayant de lui montrer que Noël pouvait être encore magique, il s’était retrouvé et il adorait les moments qu’ils passaient ensemble. Il retrouvait aussi cette magie dont il parlait tant. Il avait lui aussi commencé à l’oublier. Mais lorsque Beckett lui avait parlé de célébrer Noël, il avait tout de suite pensé à Elizabeth. Peut-être parce qu’à cette période de l’année, on pense d’abord à ceux que l’on aime.
Il sortit et referma la porte derrière lui. Il n’aimait pas laisser les choses en suspens. Il voulait savoir ce qui c’était passé. Il devait demander à Elizabeth et s’excuser s’il le devait. Car la dernière chose qu’il veuille faire, c’est la faire souffrir.
***
Teyla vint rejoindre Ronon et Beckett qui s’était installé à une table.
Teyla : Alors comment trouvez-vous la soirée Messieurs ?
Beckett regarda la jeune femme qui vint s’asseoir à ses côtés tandis que Ronon regardait la foule s’amusée.
Beckett : C’est parfait !
Ronon : Un peu trop calme à mon goût !
Teyla sourit à la remarque. Elle imaginait très bien le genre de fête que Ronon appréciait. Elle en avait déjà eu un rapide aperçu.
Beckett : Tout le monde à l’air de bien s’amuser… et je dois avouer que l’atmosphère est très détendue. Ca fait énormément de bien !
Il bu une gorgée de son verre.
Beckett : Et je dois dire que cet alcool y est pour beaucoup !
Teyla sourit. Ces humains ne tenaient décidément pas bien l’alcool.
Beckett : Vous avez vu l’état de Rodney ! Complètement cuit !
Il dit cela avec un air tout fier.
Teyla : Il n’aurait peut-être pas du boire autant ?!
Beckett : C’est ce que j’ai essayé de lui faire comprendre… mais aller parler à une tête de mule vous !!
Teyla : Le pauvre ne tenait plus debout ! Le Colonel Sheppard devait le porter pour retourner au Jumper.
Beckett sembla regarder la foule.
Beckett : Ah oui…?
Teyla : Oui ainsi que le Dr Weir.
Beckett : Elizabeth est rentrée ?
Teyla : Oui.
Beckett parut déçu. Il avait assisté à la scène de la danse entre John et Elizabeth et il n’avait pas pu détacher ses yeux du couple tellement ils étaient mignons.
Teyla : Vous avez l’air déçu ?
Beckett : C’est juste qu’ils étaient tellement mignons tout à l’heure quand ils dansaient ensemble.
Beckett avait un regard rêveur.
Beckett : Vous croyez que ces deux là vont enfin se décider ?
Un moment de silence s’installa. Ils semblaient réfléchir.
Beckett : Oui… je vois… soyons patient !
Ronon : Par moment, j’ai du mal à cerner la mentalité humaine…
Beckett : Seulement à certains moments ?!
Ronon regarda le médecin puis continua.
Ronon : Une femme telle que le Dr Weir mérite que l’on se promette à elle… à la place du Colonel Sheppard, je lui aurais déjà fait savoir !
Teyla et Beckett furent très surpris de la réaction de Ronon. Serait-il un sentimental ?
Beckett : Alors là Ronon, je dois dire que vous m’étonnez !
Il se tourna vers lui.
Ronon : Ne me dites pas que vous n’avez pas remarqué leur petit jeu ?
Beckett : Bien sûr que si. Qui ne l’a pas remarqué à part eux ?!
Teyla sourit.
Teyla : Messieurs, vous me paraissez bien sûr de vous et pourtant je ne vois aucune femme dans votre vie !
Ronon : Cela ne serait tardé !
Le regard qu’ils échangèrent à ce moment mit mal à l’aise Beckett. Elizabeth et John, et maintenant eux… il se sentait vraiment de trop quelques fois. Il fit semblant que son verre fut vide.
Beckett : Je vais… (Montrant le bar du doigt)… servir !
Puis il les laissa tout les deux. Aucun des deux ne baissa le regard, bien trop fier pour cela. Ils se ressemblaient beaucoup tout en étant différent sur certains points et c’est ce qu’ils faisaient qu’ils s’entendaient si bien.
Teyla leva son verre pour porter un toast avec Ronon. Celui la regarda avec un léger sourire puis porta le toast.
***
Il avait tenue sa promesse. La magie de Noël commençait à agir et une partie d’elle en était heureuse mais une autre s’en voulait de s’être laissé aller aussi facilement. Les préparatifs, les histoires, les chants et la fête étaient venus à bout d’elle. Et John y était pour beaucoup.
S’il n’avait pas été là et s’il n’avait pas insisté et même kidnappé, elle aurait passé une nouvelle fois les fêtes dans son bureau, à travailler, pour essayer d’oublier. Si elle était en colère, c’est contre elle.
La soirée qu’elle venait de passer avait été magnifique et pleine d’émotions. Le repas partagé avec ses amis et les athosiens, la demande de Shorine et puis cette danse. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien à cette période de l’année.
Toutes ses émotions se mélangeaient en elle et sans qu’elle ne comprenne pourquoi, un nœud se noua dans sa gorge et ses yeux devinrent humides. Elle baissa le regard sur ce qu’elle tenait sur ses genoux.
Elle avait besoin une nouvelle fois de la voir. Non… elle voulait simplement se souvenir de lui. Revoir Noël ainsi lui faisait énormément pensé à lui. Elle s’en voulait parce qu’elle réalisait qu’elle avait faillit l’oublier. A vouloir ne plus souffrir et pleurer, elle l’avait mis aussi à l’écart de sa vie.
Cela aussi avait fait ressortir ce manque. IL lui manquait et cela faisait mal.
Elle passa ses doigts sur l’étoile qui se trouvait dans la boîte. Elle osait à peine la toucher de peur de l’abîmer. John avait déclenché bien plus que la magie de Noël. Il avait fait ressortir de veilles douleurs, des souvenirs et un fantôme qui n’avait toujours pas trouvé le repos.
Elle ferma les yeux. Elle commençait même à oublier son visage. Une larme coula le long de sa joue. Elle ouvrit les yeux et fixa un instant l’étoile. Elle posa la boite avec l’étoile sur la table puis alla près de sa commode. Elle s’arrêta et la fixa un moment. Elle avait presque peur d’ouvrir ce souvenir.
Elle se pencha et sortit un livre. Elle le fixa à son tour un long moment. Elle ne l’avait pas ouvert depuis que sa mère lui avait remis, il y a de ça plusieurs années. Ce vieux livre de Dickens avait appartenu à son père. Sa mère lui avait donné lorsqu’elle avait déménagé. C’est là qu’elle avait rangé le visage de son père.
Lorsqu’elle avait écouté John raconter son histoire aux enfants, elle s’était retrouvée des années en arrière, à l’époque où son père lui racontait aussi des histoires avant de s’endormir.
Elle posa sa main sur la couverture et hésita un instant. Elle en voulait à John et en même temps elle le remerciait. Tout se mélangeait en elle. Que devait-elle faire ? Si elle l’ouvrait…
Fillette : N’aie pas peur !
Elizabeth leva les yeux et vit la fillette près de son lit qui lui souriait.
Fillette : Ne nous oublie pas !
Elizabeth avait les larmes aux yeux. Elle ne voulait pas l’oublier…. Non mais cela lui avait fait si mal de le perdre. Elle ouvrit le livre et la photo de son père apparut. Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes.
Fillette : Pleurer aide à guérir.
Elizabeth la regarda de nouveau.
Elizabeth : J’ai déjà beaucoup pleuré… trop pleuré ! Toutes ces nuits à l’attendre…
Fillette : Mais tu ne lui as pas dit « Au revoir ».
Elizabeth : Je n’en ai pas eu l’occasion…
Fillette : Il n’est pas trop tard !
Elizabeth regarda de nouveau la photo de son père et ne put s’empêcher de prendre la photo entre ses doigts. Elle ne savait pas comment faire. Cette douleur dans sa poitrine avait refait surface et elle n’avait qu’une envie, c’est qu’elle sorte et qu’elle s’en aille à tout jamais.
Fillette : Il ne te quittera jamais si tu n’oublies pas qui tu es et ce qu’il t’a transmis.
Le visage de son père lui souriait… et son regard était si doux, tendre et rassurant.
Elizabeth : J’aimerai tant qu’il soit là !
Fillette : Il est là… il est présent en toi. Personne ne disparait vraiment tant qu’on ne l’oublie pas.
Voix : Elizabeth ?! C’est John !
Celle-ci releva les yeux vers la porte. La fillette avait disparut. Elizabeth parut surprise que John vienne la voir et elle était quelque peu paniquée aussi. Il allait la voir dans cet état. Mais si elle ne lui répondait pas, il trouverait ça encore plus louche. Elle ne voulait pas lui dire de partir. Non.
Elle laissa tomber le livre sur son lit et rangea la photo dans son tiroir. Sans le vouloir, elle avait omis de remettre la photo dans le livre. Comme si elle n’allait plus enfermer ce souvenir.
Elle essuya ses yeux et essaya de reprendre un peu de contenance avant de lui répondre.
Elizabeth : Entrez !
Les portes s’ouvrirent et John apparut. Il leva les yeux vers elle. La chambre était plongée dans l’obscurité, une simple petite lumière provenant de l’extérieur permettait d’y voir. Il avança doucement. Il regarda dans la chambre pour voir si il y a avait une autre personne puis la regarda. Il l’avait bien entendu parlé pourtant.
John : Je ne vous dérange pas ?
Elizabeth prit quelques secondes avant de répondre.
Elizabeth : Non…je m’apprêtais simplement à me mettre au lit. La journée a été longue.
John avait remarqué le ton de sa voix.
John : Je ne vais pas vous déranger plus longtemps alors !
Il allait faire demi-tour quand elle l’interpella. Elle n’avait aucune envie qu’il parte et elle ne savait pas pourquoi.
Elizabeth : Non ! Resté !
John la regarda. Elle avait une drôle de voix. Il se ravisa et se tourna face à elle. Les portes se refermèrent, replongeant la pièce dans une obscurité. John n’aimait pas ça. Il ne voyait pas son regard.
John : Vous devriez allumer un peu…
Avant qu’elle n’ait le temps dire quoi que ce soit, John alluma légèrement les lumières. Elle baissa la tête pour qu’il ne puisse pas voir ses yeux mais se fut peine perdue. Il venait de se rendre compte qu’elle avait pleuré.
John : Elizabeth… tout va bien ?!
Il fit quelques pas vers elle. Elle le regarda et lui sourit mais elle n’arriva pas à le convaincre.
Elizabeth : Oui. Je suis juste fatiguée. C’est tout !
Il ne répondit rien et se contenta de la fixer. Etait-ce lui qui l’avait fait pleurer ? Non… il n’avait rien fait pour… enfin il lui semblait. Il s’en voulait. Une colère commença à monter en lui. Ses mâchoires se contractèrent et Elizabeth le remarqua.
Elizabeth : Je vais bien John.
Il planta son regard dans le sien. Elle savait que sa réponse ne le rassurait pas et qu’il allait chercher à savoir pourquoi elle était dans cet état. Et elle en avait envie. Elle avait envie de se confier à lui. Elle ne voulait plus être seule dans sa douleur.
John : Je ne vous crois pas !
Les larmes menaçaient à nouveau de couler. Elle baissa les yeux et ferma les yeux. John voulut faire quelques pas vers elle mais il se ravisa. Si c’était lui qui avait causé ces larmes, il ne voulait rien aggraver.
John : Est-ce à cause de ce qu’il s’est passé…
Elizabeth : Non !
Elle avait levé les yeux à nouveau vers lui. Sa gorge se nouait et elle n’allait pas tenir longtemps. Son regard semblait s’excuser. S’excuser de lui avoir fait croire cela. Il n’y était pour rien… enfin pas vraiment. Mais non, elle ne lui en voulait pas. Elle avait gardé trop longtemps ça enfoui en elle.
Elle se détourna de lui et fit face à l’immense baie vitrée derrière elle.
Elizabeth : Je suis la seule à blâmée.
John s’approcha d’elle et s’arrêta à quelques mètres d’elle. Elle le sentit s’approcher et croisa ses bras pour cacher le frisson qui la parcourut. Les larmes avaient été plus fortes.
Il ne savait pas comment agir. Devait-il s’approcher d’elle et la prendre dans ses bras, comme il en mourrait d’envie ou la laisser venir à lui ? Il resta silencieux.
Elizabeth : C’est moi qui ais tenté de l’oublier pour ne plus avoir mal !
Elle porta sa main à sa bouche pour empêcher un sanglot de sortir.
John le remarqua et s’avança vers elle. Il ne comprenait pas encore tout mais il savait qu’il lui fallait du temps. Lorsqu’elle en aurait envie, elle lui en dirait plus. Il pouvait être simplement là pour elle à cet instant, et l’écouter.
Il posa ses mains sur ses épaules. Elle releva légèrement la tête quand elle sentit ses mains mais ne bougea pas. Elle avait besoin de lui. Il fit glisser ses mains sur ses bras tout en se rapprochant puis l’enlaça pour la serrer contre lui. Elle se laissa faire et se laissa même aller en arrière pour placer sa tête contre lui. Elle ferma les yeux. Il nicha son visage dans son cou pour lui faire sentir qu’il était là et qu’elle pouvait se laisser aller.
Elle passa ses mains sur celle de John pour ne pas qu’il la lâche puis elle eut une soudaine envie de se nicher encore plus dans ses bras. Elle se retourna et se laissa aller contre lui. Les larmes n’étaient plus retenues.
John fut légèrement surpris par ce changement de position mais comprit très vite qu’Elizabeth en avait besoin. Il passa ses bras autour d’elle, et posa une de ses mains sur ses cheveux et lui caressa doucement la tête comme pour la calmer. Elizabeth avait ses mains entre elle et John et son visage collé contre lui.
Ils restèrent plusieurs longues minutes comme ça. John laissa Elizabeth aller à son rythme. Il la sentit peu à peu se calmer. Elle releva tout doucement la tête. John baissa légèrement la tête pour croiser son regard. Elizabeth leva enfin les yeux vers lui.
John : (doucement) Ca va mieux ?
Elle inclina la tête pour lui répondre. Il posa sa main sur une partie de sa joue et sur ses cheveux. Elle ferma les yeux pour apprécier ce contact. Puis elle ouvrit les yeux pour se retrouver à nouveau dans ceux de John. Il avait un regard si tendre à cet instant.
Elle lui devait une explication et elle avait besoin d’en parler.
Elizabeth : J’ai faillit l’oublier… failli oublier qui il était et ce qu’il m’avait appris.
John sentit une pointe de jalousie en lui. Il se maudit
intérieurement d’avoir ressentit ça. Ce n’était pas le moment et Elizabeth n’avait pas besoin de ça.
Elizabeth : J’ai cru que l’enfouir au plus profond de moi allait enlever la douleur… mais ça n’a pas été le cas. La douleur n’a pas disparut.
Il avait envie de savoir de qui elle était entrain de parler mais il ne voulait rien forcer.
Elizabeth : Noël a disparut en même temps que mon père quand j’avais 6 ans.
Ca y est ! Il comprenait tout… enfin une grande partie. Il comprenait pourquoi elle était si réticente à Noël, pourquoi il avait lu de la tristesse dans son regard par moment et pourquoi elle avait pleuré dans ses bras ce soir ?
John : Je suis désolé.
Elizabeth : C’est grâce à vous si je me souviens…
John : Je n’en suis pas fier… surtout si cela vous fait pleurer…
Elizabeth : Je crois que j’en avais besoin.
Elle baissa les yeux.
John : Je crois aussi que vous avez besoin de dormir.
Elle le regarda. Il était si protecteur avec elle à cet instant. Il l’avait toujours été… d’une certaine manière mais là c’était différent.
Il s’écarta légèrement tout en gardant ses mains posées sur ses épaules. Il se dirigea vers le lit et l’incita à le suivre. Elle s’assit. John prit le livre qui se trouvait sur le lit et le posa sur la table basse. Elizabeth s’allongea. John s’accroupit pour à nouveau rencontrer son regard.
John : Je ne veux pas vous revoir avant 10h demain matin !
Elle allait répondre lorsqu’il levant le doigt pour la stopper.
John : Inutile de discuter !
Elle sourit légèrement. Il la regarda un petit moment avant de murmurer.
John : Bonne nuit Elizabeth.
Il se redressa pour s’en aller mais elle lui attrapa la main.
Elizabeth : Restez !
Son regard semblait presque le supplier. Elle avait besoin de lui, de sa présence. Elle ne voulait pas se retrouver seule. Il fut énormément touché par ce qu’il lu dans le regard d’Elizabeth. Cette femme habituellement si forte, posait ce soir, genoux à terre.
Tout le monde avait tendance à croire qu’Elizabeth était une femme forte, une grande dirigeante et diplomate mais ils oubliaient qu’elle était avant tout une femme avec ses peurs et ses craintes.
Il contourna le lit. Elle crut tout d’abord qu’il allait la laisser mais elle fut agréablement surprise lorsqu’elle sentit le lit légèrement bougé et lorsqu’elle sentit sa présence à ses côtés. Elle ne se retourna pas. Elle n’en avait pas besoin. Le sentir près d’elle, lui faisait énormément de bien.
John s’allongea à ses côtés. Il ne savait pas s’il faisait bien. Il en avait simplement envie et Elizabeth ne voulait pas rester seule. Il fixa longtemps la jeune femme. Il guettait le moindre mouvement, sa moindre réaction. Elle ne bougeait pas. Il y avait simplement le mouvement de son torse fait par sa respiration.
La fatigue commençait à se faire sentir et l’alcool n’arrangeait rien. Elle cligna plusieurs fois des yeux et essaya de ne pas s’endormir. Elle se sentait bien mais elle avait peur de s’endormir et surtout de se réveiller. Une nouvelle journée allait commencer. Une nouvelle journée à affronter cette douleur et cette absence.
L’oubli n’est pas un remède mais une anesthésie après laquelle la douleur réapparaît et quelques fois plus forte. Les larmes refirent leur apparition. Elizabeth se referma sur elle-même, dans la position du fœtus.
Elle sentit le lit légèrement bouger puis elle sentit son corps contre le sien… son souffle sur ses cheveux et sa nuque. Puis son avant bras vint se poser par-dessus elle. Puis aucun d’eux ne bougea plus. John fixait les cheveux qu’il avait face à lui. Il attendait sa réaction. Il avait la sensation qu’elle avait besoin de le sentir présent. Et puis il avait envie de la protéger. De la prendre dans ses bras et l’empêcher de souffrir. Mais ça, il savait qu’il ne le pourrait pas totalement. Elizabeth hésita un instant avant de faire glisser sa main vers celle de John et de tout doucement, entrelacer ses doigts au siens. Puis elle ferma les yeux et quelques minutes plus tard, s’endormit.