Citations du moment :
Pour comprendre un système, il faut... s'en extraire.
[Bernard Werber]
Imagine

destin choisi ou choix destiné : Chapitre 6

Jack cala davantage l’oreiller sous son bras replié et posa sa tête sur sa main pour la soutenir.

Il quitta un instant des yeux le sujet de sa contemplation pour fixer la fenêtre, et remarqua que le jour était maintenant bien levé.

 

Il n’avait pas fermé l’oeil de la nuit, mais il n’en ressentait aucune fatigue. Bien au contraire même.

Quelque chose de nouveau coulait dans ses veines.

Quand il était sortit de sa torpeur, un calme impressionnant s’était emparé de Lui… et infiltré dans tout son être.

 

C’était une sensation étrange, pour lui qui avait connu tant de démons depuis la mort de son fils, mais il ne pouvait nier qu’il se sentait bien… Comme jamais depuis bien des années.

 

Et il ne se faisait pas prier pour en profiter.

Comme quoi la paix était encore possible.

Il n’avait certes pas réglé grand-chose, mais le peu de lui qu’il avait laissé s’exprimer cette nuit annonçait peut être un nouveau départ.

Peut être qu’il était véritablement temps de faire la paix avec lui-même ?

 

En aurait-il la force ?

Il ne le savait pas ; Mais étrangement il sentait aujourd’hui que cela était envisageable.

 

 

Tant de questions se déversaient de toute façon en même temps dans son esprit, qu’il avait du mal à en faire le tri, tandis qu’il y réfléchissait.

 

Mais plus que tout, un thème se dégageait… Eux… Ensembles… Cette nuit.

Avait-il fait une énorme bêtise hier soir en baissant sa garde, et en ayant laissé ainsi parler son âme, son cœur et son corps ?

 

Il n’arrivait pas à le considérer comme tel.

Quoi qu’il puisse se dire, il ne le pouvait pas ; Même s’il savait qu’Ils n’auraient jamais du faillir à leurs engagements respectifs, et que la jeune femme était toujours sensée se marier dans deux jours.

 

Allait-il laisser se passer une telle chose, alors qu’il avait goûté à son amour ?

Alors qu’Ils avaient « merveilleusement » gagné le nirvana à plusieurs reprises cette nuit ?

Alors qu’il en voulait encore plus ?

 

Il ne savait pas non plus.

 

Devait-il vraiment concrétiser les changements qui se profilaient et mettre ainsi en péril les vies qu’ils s’étaient choisies ?

En avait-il le droit ?

Le devoir ?

Déjà qu’il lui avait pratiquement sauté dessus !

 

Cet amour était-il réellement inévitable entre Eux ?

Car c’était bien de l’amour… plus fort que tout ce que Lui avait déjà connu.

 

Et pourtant…. Cela serait-il suffisant ?

 

 

Jack soupira en reportant son attention sur la jeune femme près de lui.

Elle dormait toujours profondément et il avait définitivement trop de questions sans réponses et de doutes qui ressurgissaient dans sa tête.

Mais paradoxalement, il sentait son cœur se gonfler de joie et de plus de « paix ».

Sam avait vraiment un effet particulier sur Lui.

Comme de trop rares personnes, jamais Elle ne l’avait laissé indifférent.

 

Et son sourire, même dans son sommeil, finissait toujours par lui être communicatif, le confortant dans son sentiment, malgré toutes ses incertitudes.

 

Le garderait-Elle encore à son réveil, quant elle réaliserait à son tour leur nouvelle situation ?

 

Il était fort possible qu’Elle décide de partir rapidement, et de se marier quand même…

C’était même plus que probable, vu les circonstances.

Après tout, cela pouvait aussi être considéré comme une sorte de « cadeau » et « d’adieu » au bout de toutes ces années, même s’Ils n’avaient pas réussis à se rassasier l’un de l’autre.

 

Ils devaient considérer qu’Ils avaient eu bien plus que ce qu’ils auraient pu envisager jusqu’à hier soir.

Serait-ce tout ce qu’ils auraient à jamais ?

 

Même si cela devait être le cas, et que cette perspective lui déchirait le cœur, Jack savait qu’il l’accepterait, si c’était ce qu’Elle voulait.

 

Mais dans ce cas, pourrait-il alors encore toucher, ou encore espérer construire quelque chose avec Kerry ?

Il n’avait pas non plus cette réponse, et surtout, il ne voulait pas y penser.

Il chassa cette part de Sa conscience, et arrêta tout bonnement de réfléchir.

 

 

Il se concentra entièrement sur Celle qui bougea enfin à ses cotés, faisant glisser le drap sur elle, tel des vagues de plis s’échouant au delà de ses hanches, quand elle se retourna sur le ventre.

Sam offrit ainsi inconsciemment, plus que son dos à un regard de plus en plus avide, et Jack sentit instantanément le désir se réveiller dans ses reins, et se répandre dans tout son être.

 

Préférant rester immobile, il laissa d’abord glisser ses yeux sur son visage angélique, toujours aussi souriant, puis il suivit la cascade de ses mèches emmêlées, pour descendre lentement sur sa nuque, tout au long de sa colonne vertébrale et de ses reins.

Il en eut la bouche complètement sèche quand il continua mentalement sa descente sous le drap, en se rappelant la douceur de sa peau.

 

Et Il mourait d’envie de la sentir à nouveau sous ses doigts.

 

Peut être qu’Ils étaient finalement réellement maudits !

 

Mais il laissa de coté cette considération, pour finalement La frôler de sa main libre.

Doucement, il retraça le chemin qu’il avait parcouru du regard il y a quelques secondes à peine.

 

Il ne voulait pas la réveiller, la jeune femme avait manifestement un retard de sommeil important, mais il ne pouvait s’en empêcher.

Tout ce qui La concernait était de toute façon plus fort que Lui.

 

Peut être qu’elle-même, se conformant davantage à la voix de la raison, les aiderait à se sortir de ce cap délicat ?

 

Mais pour l’heure, son geste se transforma en une caresse plus affirmée, toujours aussi douce, mais de plus en plus lascive au fil des minutes.

Il ne s’en lasserait jamais, et ne pouvait vraiment pas s’en empêcher, maintenant qu’il avait touché et goûté la soie de sa peau.

 

 

Puis, sans rompre le contact, Jack la regarda sourire davantage, navré en lui-même de l’avoir réveillée.

Il sonnait ainsi la fin d'un intermède exceptionnel, décomptant malheureusement à partir de cet instant les dernières minutes où ils se verraient.

 

 

           

            Sam attendit un moment avant d’ouvrir doucement les yeux.

Réflexes militaires obliges, elle avait été réveillée dès Son premier effleurement, et contre tout ce qu’elle aurait dû faire, elle avait voulu profiter encore un peu de Sa tendresse.

 

A la première seconde de son réveil elle avait su où elle était, avec Qui, comment…

Mais elle ne s’était pas préoccupée encore du pourquoi…

…Pas encore.

Elle savait bien qu’elle ne devrait pas être là, qu’elle devait quitter ce lit… Cette chaleur… Cette main douce… Cet homme, mais ses belles courbatures n’en finissaient pas de la faire sourire.

 

Il y en avait qu’on prenait plaisir à avoir.

Et Celles là, Elle les savourait.

Pourtant, cela aussi elle ne le devrait pas.

 

Mais comment pouvait-elle s’en empêcher, ou le regretter ?

Après tout, même si elle n’avait pas été à l’initiative de cette nuit pour le moins inoubliable, elle l’avait voulue autant que Lui.

 

Et si c’était la seule fois, l’unique nuit, Elle ne parvenait pas à la regretter.

Elle se sentait coupable bien évidement, surtout qu’elle ne l’avait même pas repoussé quand il s’était jeté sur Elle.

Elle avait été trop surprise sur le coup, mais ensuite toute sa volonté avait fondue comme neige au soleil.

Elle avait quand même essayé de résister, ne perdant pas tout à fait à l’esprit leurs situations. Elle avait d’ailleurs tenu victorieusement quelques minutes, malgré l’assaut de plus en plus passionné du corps qui l’avait maintenu.

 

Et puis elle ne savait plus exactement ce qui l’avait fait lui rendre son baiser avec la même fougue.

La seule chose qui était sûre, c’était qu’Ils avaient été dès lors tous les deux perdus….

 

Définitivement ?

Ils craignaient autant la réponse que la question.

 

Pourtant, la liste pourrait être longue pour tenter d’expliquer cette perte de contrôle, si on tenait compte du nombre d’années, de l’armée, de leur incommensurable frustration ou de tous les autres détails qui avaient façonnés et jalonnés leur relation.

Mais quelque chose de plus avait cette fois fait penché la balance si douloureusement maintenue.

Quelque chose qui, plus qu’avec l’amorce d’un baiser, avait rendu le besoin vital qui les avait envahis complètement irrépressible.

 

Mais face aux images et aux sensations qui revenaient au fil de La caresse de plus en plus électrique dans son dos, Sam sut qu’il valait mieux que cela reste un mystère… si elle voulait encore espérer sauver Ses résolutions.

 

Et celles-ci vacillèrent d’ailleurs quand un long frisson parcourut avec délice tout son être.

 

Vraiment, elle ne savait pas comment tout cela allait tourner.

La seule envie qui lui restait était de recommencer, encore et encore, mais ce n’était pas Leur solution, sans parler de la complète contradiction avec leurs situations.

 

Elle appréhendait clairement ce qui allait venir, mais jamais elle ne regretterait ce qui s’était passé.

Elle avait au moins connu l’amour dans Ses bras, et cela valait certainement toutes ses nuits passées, voir celles à venir, qui que soit celui qui les partagerait.

 

Mais elle ne penserait pas encore à Pete, ni à son mariage dans deux jours à peine.

 

Elle essayait simplement de ne pas s’abandonner à la vague de désir qu’Il faisait savamment enfler en elle… d’une simple caresse.

Jack avait vite appris à connaître son corps, et Elle regrettait déjà de devoir en reprendre le contrôle…

De ses sentiments également…

De Sa vie.

 

De toute façon, elle ne pouvait pas rester ainsi toute la journée, à faire mine de dormir, l’idée aussi attrayante soit-elle. L’homme auprès d’Elle n’était pas dupe ; Et Son corps, encore affamé, finirait par la trahir, alors il valait mieux qu’elle L’affronte, et qu’elle enfouisse définitivement tout ça au fond d’Elle.

 

Malgré sa tendresse librement manifestée, Jack lui dirait certainement la même chose, alors autant anticiper un peu pour rendre la chute moins rude.

Au moins, Il l’aidait à rendre leur séparation moins difficile.

 

Elle était incapable de partir gênée, fâchée ou encore en colère contre lui…

Pas après ce qu’Ils venaient de vivre.

 

Elle consentit alors à ouvrir doucement les yeux, pour ne pas les mettre davantage au supplice, mais elle tomba, instantanément hypnotisée, dans deux prunelles complètement enfiévrées, malgré l’effort que faisait leur propriétaire pour le cacher.

 

Elle en resta clouée sur place, tant son désir brûlait dans ses veines et faisait un parfait écho au Sien.

 

Elle s’était préparée à recevoir tous les regards… sauf celui-ci.

Le seul qui soit difficile à soutenir… et plus encore à gérer.

 

Avait-elle prit la résolution de partir d’ici avant de plonger dans Son univers ?

 

Il serait peut être même préférable qu’Elle prenne ses jambes à son cou… avant de continuer à faire une monumentale bêtise... Et de rendre certainement les choses plus difficiles.

 

Mais son corps ne lui répondait plus, comme si sa volonté avait été annihilée sous Ses doigts et sous Ses lèvres.

 

Et sentant tous les deux la tension reprendre de plus en plus possession de leur être, Ils surent qu’ils devaient réagir.

Ils ne pouvaient pas uniquement étancher leur passion.

 

Jack retira alors sa main.

Garder un contact physique ne pouvait définitivement pas les secourir.

 

Et parler n’avait jamais été leur fort, ils étaient donc plutôt mal barrés.

 

Mais que dire ?

Ils devaient pourtant mettre les choses au clair avant de se séparer.

Par où commencer alors ?

Faire seulement l’amour ne pouvait les y aider.

 

De plus, se donner l’un à l’autre pendant une toute une nuit était une chose, mais vouloir recommencer encore, et le faire consciemment en était complètement une autre.

Ils n’auraient plus l’excuse de cette première fois, si douloureusement désirée et si mémorablement vécue.

 

Ils devaient vraiment parler… avec des mots.

Certains gestes avaient la capacité de remplacer certains sentiments ou paroles, mais il y a des moments où les choses devaient clairement être exprimées.

…Au moins une fois.

…Comme à cet instant-ci.

 

Quelles conséquences leur nuit allait-elle réellement avoir ?

 

 

Sam se redressa légèrement et finit par réajuster le drap sur son corps, surprenant une nouvelle fois l’expression plus que tentée de son compagnon.

Jack O’Neill était décidément très expressif quand il le souhaitait !

 

Leur respiration s’accélérèrent même quand Ils constatèrent à quel point l’Autre désirait un autre round.

Voir une réelle chance…

 

 

Leur raison, une fois associées, les aideraient certainement à ne pas tomber dans ce piège, ou du moins à trouver une raison… raisonnable…à tout cela.

 

La jeune femme cala sa tête en se mettant sur le coté, dans la même position que Lui.

 

Ils continuèrent alors à se regarder un moment, ne trouvant facilement un point de départ.

Puis fatigués de se contenir, malgré tout le temps qu’Ils avaient devant eux, tous deux réagirent en même temps.

 

            _ Je…

 

Ils se sourirent tendrement. La tension sexuelle était toujours de mise, mais l’apaisement présent entre Eux était plus qu’agréable à ressentir.

 

            _ Allez-y…

 

            _ Je voudrais…

 

Sam finit par éclater de rire, se détendant et se cachant un instant le visage dans l’oreiller, tandis que Jack se coucha sur le dos, souriant allégrement.

Déjà qu’Ils n’étaient pas des pros des discussions personnelles… alors si en plus ils parlaient à chaque fois en même temps pour dire la même chose, ils n’étaient pas prêts d’avancer !

Mais au moins, cela avait le mérite de faire baisser la tension du moment et c’était toujours ça de gagné !

 

Ils se réinstallèrent dans leurs positions initiales, mais avant que Jack termine son geste pour dire qu’il voulait commencer, plusieurs bruits retentirent dans l’appartement, les faisant sursauter et tourner la tête vers la porte close de leur chambre.

 

Quand des voix se firent de plus entendre, Jack soupira et se redressa complètement, se retournant vers la jeune femme.

 

            _ Ne bougez pas, je vais voir la cause de tout ce raffut.

 

Sam acquiesça simplement de la tête, tant elle ne put rien articuler quand elle le vit se lever, chercher pendant quelques instants son boxer, le mettre puis sortir après un dernier regard dans la pièce.

 

Elle se rallongea, sur le dos les bras en croix, fermant les yeux un instant, soupirant à son tour.

Elle devait d’abord retrouver le contrôle de son corps et de son rythme cardiaque avant de faire quoique ce soit d’autre, car la vue qu’Il lui avait offerte, à la pleine lumière du jour, l’avait définitivement affriolée.

 

Puis un sourire illumina son visage. Il y avait des hommes qui, nus ou non, étaient plus qu’agréables à regarder.

Et en tout point, jack faisait parti de cette catégorie !

 

Mais elle soupira encore, cela n’allait pas non plus l’aider à partir facilement d’ici comme elle avait pu l’imaginer à son réveil.

 

De plus, Qui avait osé les déranger dans un moment pareil ? Alors qu’ils avaient été prêts à se lancer dans une discussion difficile, voir incertaine.

 

 

 

 

                                   **************************

 

 

 

            Jack referma doucement la porte en soupirant plus fortement.

Qui donc l’avait obligé à quitter ce lit et surtout la présence de la jeune femme ?

 

Déjà que cela allait arriver bien assez tôt, alors fallait-il vraiment en rajouter, et les couper dans leur élan, de ce qui serait sûrement la seule et véritable discussion personnelle qu’Ils auraient jamais ?

 

La chance n’était décidément pas avec Eux !

 

Si l’opportun était bien la personne à laquelle il pensait, il allait passer un sale quart d’heure !

Mais à peine fut-il en sa présence que sa colère retomba instantanément quand il remarqua sa tête ébahie.

 

            _ J..Jack ?

            _ Daniel.

 

Le Général sourit plus largement encore, en croisant les bras, face à la mine figée que conservait son ami.

 

Daniel, lui, eut tout le mal du monde à se reprendre suite à la surprise que venait de lui faire le militaire, et plus encore face au manque de tenue que celui-ci arborait.

Il n’aurait jamais cru tomber sur Lui en boxer dans son couloir, mais peut être que cela expliquerait la tornade qui semblait s’être abattue dans cette partie de son appartement ?

 

Il avait pourtant tout fait pour que les deux militaires s’y retrouvent seuls malgré leur entêtement, il était donc plus qu’inquiet du déroulement qu’avait pu avoir cette rencontre.

 

Jack semblait bien avoir dormi ici…. Sans qu’il y ait de traces particulières de la jeune femme.

Les choses avaient-elles si mal tournées entre Eux ?

 

Car pour que son ami en arrive à dormir « seul » chez lui, c’était qu’il s’était passé quelque chose de grave.

 

L’archéologue n’avait pas encore fait le tour du salon, et il avait peur de retrouver quelques bouteilles vides…

Pourtant l’officier en chef ne montrait aucun signe d’une éventuelle cuite, ni d’un désespoir plus particulier.

 

Ok, il contrôlait à merveille ses émotions et ses réactions, mais quand même ! Un calme impressionnant se dégageait même de lui.

 

C’était étrange… et très intriguant !

 

Mais l’arrivée de Teal’c ne permit pas au scientifique de questionner son ami.

Le premier inclina la tête, et les rejoint tout en prenant la parole.

 

            _O’Neill.

            _ T.

 

Puis après un léger silence.

 

            _ Alors qu’est ce qui vous amène de si bon matin ?

            _ Le matin ? Vous plaisantez Jack, il est midi passé !

            _ Ah, ben j’avais pas remarqué.

            _ Vous êtes sur que ça va ?

            _ Très bien pourquoi ?

 

Seul Daniel arqua un sourcil à cette réponse. Teal’c, lui, se permit même un sourire, agrandissant l’effarement du premier.

 

            _ Quoi ? Mais que s’est-il passé ici ? Où est Sam ?

 

Puis, sans laisser le temps de répondre aux deux hommes, il se baissa et ramassa le détail, gros comme un camion, qui venait tout juste de lui sauter aux yeux, près de la commode qu’il avait remis en place. Daniel changea instantanément de couleur et tendit le bout de tissu ne pouvant s’empêcher d’exprimer sa verve.

 

            _ Ne me dites pas que vous avez ramené une vulgaire femme dans mon appartement, alors que je me suis donné tellement de mal pour vous réunir vous et Sam !

 

Jack voulut répliquer, mais Daniel enchaîna plus vivement encore son monologue, lui mettant le soutien gorge sous le nez.

 

            _ Comment avez-vous pu Lui faire ça… ? Depuis le temps qu’elle est amoureuse de vous…. Après toutes ces années, vous avez enfin l’occasion de mettre les choses au point, avant que vos vies ne prennent définitivement des routes différentes… ET VOUS, TOUT CE QUE VOUS FAITES, C’EST DE TOUT GACHER ET DE VOUS ENVOYER EN L’AIR AVEC LA PREMIERE VENUE, PEUT ETRE MEME PAS KERRY ! ET DANS MON APPARTEMENT QUI PLUS EST !

COMMENT AVEZ-VOUS PU…

 

Mais l’archéologue ne finit pas sa phrase, quand il vit passer sous ses yeux d’autres vêtements, tendus par Teal’c à l’adresse du militaire.

 

            _ Je crois que cela vous appartient en partie O’Neill ?

            _ En effet T.

            _ Et Daniel Jackson, il est inutile de vous énerver.

            _ Effectivement, vous avez fini votre speech ?

 

Jack décroisa ses bras après sa réponse, et attrapa sa chemise. Mais il n’eut pas le temps de mettre la main sur le débardeur, que Daniel l’examinait déjà, de nouveau coi.

 

            _ Mais… C’est à…

 

            _ A moi.

 

Les trois hommes tournèrent la tête dans un même mouvement vers l’origine de la voix.

Et chacun marqua à sa manière la découverte d’une Sam enroulée dans un simple drap.

La jeune femme s’étonna un instant de la réaction de ses amis, avant de se sentir purement gênée face à sa tenue et celle de son supérieur.

 

            _ Quoi ? Et puis qu’est ce qu’il se passe ici ?

 

Seul le silence lui répondit.

Jack ne put même pas lancer une petite remarque humoristique pour débloquer la situation, et empêcher la flamme du désir d’embraser à nouveau son regard.

Tant qu’il ne savait pas à quoi s’attendre avec Elle, Il ne pourrait définitivement plus être naturel à ses cotés.

Mais son désir s’atténuerait-il quand ce serait le cas ?

 

Teal’c, lui, se contenta de sourire, agréablement surpris tout de même.

C’était une chose de supposer que ses amis avaient pu enfin se laisser aller, quand il avait découvert les deux étoffes dispersées dans le salon et qu’il avait reconnu leurs propriétaires ; Mais le voir en vrai…

Ces Tauris seraient toujours étonnants pour lui.

Les mois passés avaient pourtant semblés mettre un terme à la possibilité d’une relation, mais fort heureusement Leurs sentiments avaient été les plus forts.

Bien sûr, il ne concevait toujours pas comment un homme et une femme, qui s’aimaient, pouvaient se faire souffrir aussi longtemps, pour un règlement et des peurs insensés, mais il comprenait mieux l’apaisement qui se dégageait malgré tout de ses deux amis.

 

Le Jaffa laissa alors ses considérations de coté. Il était heureux pour Eux, quoiqu’ils décident pour Leur avenir.

Et vu la flamme nouvelle qui brillait dans Leurs yeux, c’était pour l’instant tout ce qui comptait.

 

 

 

Daniel mit bien plus de temps à se remettre de cette seconde surprise.

Dire qu’il avait allégrement crié sur Jack, alors que les deux militaires se tenaient devant lui, plus dévêtus qu’il ne les avait jamais vus.

 

Sa petite ruse avait eu un dénouement plus qu’inespéré… mais pour le moins gênant.

Les désignant l’un après l’autre sans pouvoir émettre un seul mot, il tenta pourtant de faire le lien dans son esprit.

 

Enfin !

Après 9 ans !

 

Il avait réussi à les aider à avancer… un peu…. Enfin, autant que possible l’espérait-il.

Il ne savait pas ce que Ses amis avaient finalement décidés pour les jours et voir les années à venir, mais le fait qu’ils aient finalement craqué était un signe…

 

…Une très bonne chose…

Tout n’était donc pas encore fini.

 

Il ne put s’empêcher tout de même de se sentir coupable pour tout ce qu’il avait débité au militaire.

Il y avait été fort, voulant une dernière fois faire réagir l’homme buté à qui il avait toujours fait face.

Il n’avait pas voulu lui laisser de repartie, sachant parfaitement qu’il aurait perdu toute son éloquence devant le talent de diversion de son ami.

 

 

 

            Sam se rendit compte qu’elle n’aurait pas plus d’explications de leur part, puisqu’ils la fixaient toujours. Plus mal à l’aise encore même si elle faisait face à des amis, enfin pour deux d’entre eux en tout cas, elle jugea qu’elle s’était finalement suffisamment donnée en spectacle.

Elle attrapa donc rapidement son débardeur et son soutien gorge des mains de l’archéologue, et commença à reculer pour s’éloigner.

 

            _ Merci Daniel, c’est bien ce que je cherchais. Teal’c, ravie de vous voir aussi.

 

Le jaffa fut le seul à réagir, et lui rendit un signe de tête.

La jeune femme sourit des têtes qu’Ils faisaient… Enfin surtout de celle de Daniel, c’en était presque mémorable ! Elle le fixa à nouveau  avant de se retourner et de s’éclipser.

 

_ Recommence un coup pareil, et je te tue ! Mais merci.

 

Elle lui fit un sourire éclatant, puis reporta un regard intense sur Jack, avant de disparaître dans la chambre.

 

 

Ce changement de situation fit enfin réagir le militaire, qui ne désira plus qu’une seule chose… Lui emboîter le pas au plus vite.

 

_ Bon c’est pas le tout, mais je vous laisse, avant qu’elle n’arrive à tout remettre.

 

Il les laissa cois, mais il fut vite arrêté dans son élan par Daniel qui répondit à son tour, et les fit sourire.

 

            _ HEY ! Je récupère mon appart quand ?… et MON lit ?

Vous vous rendez compte que je vais plus pouvoir y dormir tranquille, vous auriez pu prendre la chambre d’amis au moins !

_ Désolé Dany boy, on a prit ce qu’on a pu…et puis comme ça vous ferez de beaux rêves, depuis le temps que vous nous avez bassiné avec ça !

C’est à cause de vous si on en est là, alors on verra, les clefs de ma maison sont dans ma veste si vous ne voulez pas retourner à la base.

 

Jack les salua avant de finir rapidement les derniers mètres qui le séparaient de la jeune femme, puis referma la porte derrière Lui.

 

Les deux derniers membres de SG1 restèrent à regarder la porte close encore quelques instants, puis sourirent sincèrement quand ils entendirent un bruit sourd, suivi du rire de leurs deux amis.

Laissant les choses telles qu’ils les avaient trouvées, ils sortirent de l’appartement le cœur plus léger pour les deux militaires.

 

Qu’importe si ces deux là décidaient finalement de suivre leurs engagements.

Ils se seraient aimés au moins une fois, et avaient enfin partagé ce qu’Ils avaient sur le cœur. Après toute ces années, c’était peut être peu, mais à bien regarder l’histoire de leur relation, c’était sûrement l’essentiel…

 

 

 

                                               ************************

 

 

 

            Jack referma la porte et s’y appuya pour chercher du regard la jeune femme, qui n’avait pas réintégré le lit.

 

Il suivit des yeux un bout de drap, échoué près de ses pieds, et remonta le long du tissu pour trouver Sam en train de remettre sa jupe, dans un coin de la chambre.

 

Elle n’avait pas encore remis son débardeur et elle stoppa son geste quand elle remarqua enfin la forte présence de l’homme dans la pièce.

 

Elle déglutit même difficilement et sentit une bouffée de chaleur envahir son corps, face au regard doux et prononcé qu’il ne se gênait pas de poser sur elle.

Il était toujours en boxer et cela n’arrangeait pas sa situation.

 

Elle avait envie de tout, sauf de finir de s’habiller !

 

Mais, une nouvelle fois perdue dans ses sensations, elle se rendit compte de son changement de position qu’une fois allongée par terre, sur Son corps puissant.

Elle ne l’avait vraiment pas vu venir, et elle éclata de rire en même temps que Lui quand elle avisa le lit situé à un mètre à peine.

 

S’il avait voulut le viser, Il avait franchement raté son coup, s’enroulant manifestement les pieds dans le drap.

Puis, leurs rires se tarirent doucement, pour laisser place à un regard chargé d’émotions.

Du rire, Ils avaient presque envie de passer aux larmes, mais la tristesse ne fut pas le sentiment qui l’emporta.

 

Les yeux dans les yeux, aucun n’avait bougé ; et se tenant si proches, ils ne pouvaient cacher ce qu’Ils ressentaient.

Leurs bouches étaient d’ailleurs si près l’une de l’autre que la tentation en était presque insoutenable.

 

 

            Jack ravala comme il le put sa frustration, et sans pouvoir encore se séparer du corps de la jeune femme, il caressa d’un pouce les lèvres de celle-ci.

Il voulait retrouver sa douceur, s’en imprégner… à jamais.

Combien de fois pourrait-il encore faire ce geste ? Bien trop peu à son goût pour y mettre un chiffre exact.

Mais comme hier soir, et toute la nuit passée, il avait dû mal à s’en empêcher. La toucher était devenu trop nécessaire.

Peut être beaucoup trop.

 

Il s’inquiéta tout de même de son manque de réactions. Il avait essayé d’amortir au maximum leur chute, mais peut être qu’elle s’était fait mal ?

 

            _ Ça va ?

 

Sam acquiesça uniquement de la tête. Elle retint même son souffle, attendant et appréhendant le nouveau contact de sa peau sur le Sienne. L’homme passait maintenant délicatement la main sur sa joue, et Elle était davantage en proie avec Ses contradictions.

Ces effleurements ne devaient pas être les prémisses d’une nouvelle expression d’amour et de passion.

 

Car malheureusement, Ils n’étaient pas seuls sur Terre, et Leurs situations revenaient au galop dans leurs consciences.

Pourtant Son doigt, qui parcourait à nouveau ses lèvres, était si doux, si… qu’il valait mieux pour sa santé mentale qu’elle ne trouve pas le mot exact.

 

Dans un regard désolé, et sombrement partagé, la jeune femme s’appuya sur ses mains et tendit ses bras pour mettre un peu de distance entre eux.

Elle se retrouva ainsi à quatre pattes au dessus de lui, lui offrant involontairement une très belle vue de deux de ses attributs féminins, qui augmenta plus encore le malaise et le désir de celui sous son corps.

Leurs peaux se frôlaient par endroits, et rendaient cet échange de plus en plus électrique.

 

Sam finit par se redresser, et se mit à genoux sur le coté. Ils devaient vraiment se reprendre.

Mais, pensant bien faire en mettant un peu de distance entre Eux, elle en eut la respiration presque coupée quand son regard fut attiré, hypnotisé, sur la partie réactive de Son anatomie. Son boxer ne cachait rien du besoin qu’Il avait d’Elle, et cette constatation fit augmenter en flèche leur température, et le rythme déjà fou des battements de leur cœur.

 

Ils étaient DEFINITIVEMENT maudits !

Car s’Ils ne résistaient pas là… jamais plus ils ne seraient capables de le faire.

 

Sam laissa malencontreusement passer un gémissement, puis se leva prestement et mit entre Eux toute la distance possible que lui permettait la grandeur de la pièce.

Elle se tourna alors vers la fenêtre en croisant ses bras.

 

Paradoxalement au feu qu’elle avait encore ressenti il y a quelques secondes à peine, elle était maintenant transie de froid.

Loin de Lui, elle se sentait frigorifiée… et plus vide de l’intérieur…

Jamais personne ne lui avait fait cet effet, et cette constatation était très loin de lui plaire !

 

Si c’était encore Pete qui déclenchait tout cela en Elle, il n’y aurait pas eu de problème… Mais celui-ci était loin de lui procurer ne serait-ce que le tiers de l’avalanche qui faisait rage en Elle.

 

Elle en soupira de dépit…. Si seulement !

Quoique non, à bien y réfléchir, elle n’imaginait pas les choses autrement de toute façon.

Un seul et unique homme lui apporterait cela.

Et à jamais, ce serait Lui.

 

 

            Jack garda un moment les yeux fermés, tentant vainement de se reprendre, une fois que la jeune femme se fut écartée.

Il passa une main sur son visage par dépit et se redressa sur ses avants bras.

Il regarda Sam en train de fixer un point imaginaire par la fenêtre, et serrer ses bras comme si elle avait froid.

 

Le militaire lutta contre son envie de la « réchauffer » et de la prendre dans ses bras, même sans intention sexuelle première.

Il leur en fallait trop peu pour qu’ils se laissent emporter. Et leur raison, aussi grande soit-elle, ne pouvait rien face à ce genre de contact.

 

Il se leva alors, et chercha du regard ses affaires.

Il remarqua pour la première fois l’état « dérangé » de la chambre, sans parler de celui du lit…

… lit… Très mauvais sujet de pensées également.

 

Amèrement, il s’en écarta et attrapa son jean, puis sa chemise près de la porte. Il les remit prestement, avant de prendre le débardeur de la jeune femme, et de s’approcher d’Elle.

 

Pour le contrôle de Son mental, elle ne devait pas rester seulement en jupe et en soutien gorge.

 

 

            Sam le sentit approcher, et ne put réprimer un frisson plus que visible.

Elle sortit complètement de ses pensées quand il se positionna près d’Elle.

Il ne l’avait pas touché, mais elle sentit les poils de son bras proche de Lui s’hérisser.

 

Elle en sourit, acceptant une bonne fois pour toute l’effet que Jack O’Neill lui ferait à jamais.

Elle laisserait donc exister cette part d’elle-même… rien que pour Lui, mais elle ne lui donnerait pas les rênes de Sa vie.

Elle adressa alors au militaire un pale sourire, et constata  avec soulagement et déception mêlés, qu’Il était pratiquement rhabillé.

 

Elle avisa ensuite son débardeur qu’Il lui tendait.

Il valait mieux apparemment qu’elle le remette, ce qu’elle fit rapidement.

Ils devaient se donner toutes les chances d’arriver à cette fameuse discussion.

 

Du regard, ils semblaient déjà d’accord pour ne pas partir sans en avoir débattu. Et même s’ils ne savaient toujours pas comment la commencer, Ils se devaient au moins ça.

 

Et à défaut d’autre chose… Ils n’auraient plus que Ça.

 

 

Une fois plus aptes à se contrôler, tous deux se retournèrent et avisèrent l’état assez piteux de la chambre.

Ils sourirent encore en se regardant tendrement. Ce souvenir serait certainement l’un des meilleurs de leur vie.

Puis Jack lui fit un signe de la tête pour qu’ils se mettent à ranger.

Ensuite, ILS parleraient.

 

 

Jack s’affaira autour du lit.

 

            _ Regardez si Daniel stocke ses draps dans son placard, je vais enlever les autres.

 

Sam acquiesça, tout en ramassant celui qu’elle avait laissé au sol et le posa près de la porte.

Ils n’en auraient plus pour longtemps, seul le lit et ses abords étaient dérangés.

Et il n’y avait pas à dire, Ils en avaient bien profités !

 

Ayant trouver ce qu’elle cherchait, la jeune femme rejoignit l’autre coté du lit les bras chargés.

Il ne restait plus que cela à faire dans la chambre.

Leur efficacité n’était plus à démontrer, mais le record de vitesse qu’ils établissaient ces dernières minutes n’avait que pour but de Les sortir au plus vite de cette pièce.

 

Leur self control était mis à rude épreuve depuis Leur réveil, et finalement, refaire le lit ensembles n’était pas une si bonne idée.

Leurs regards redevenaient de plus en plus longs et appuyés… Leurs mains… moites, et leur respiration de plus en plus hachée.

Il était clair qu’à travers cette activité, Tout leur être en réclamait une autre.

 

Jack finit même par lâcher en râlant les bouts qu’il tenait, et se recula de quelques pas.

Il avait le courage de se battre contre des centaines de jaffas… de faire face à un tas de paperasse aussi haut que Cheyenne Mountain, de s’ennuyer à de nombreuses réunions barbantes et pourtant décisives pour le projet, mais là, face à une seule femme, sa témérité ne lui était d’aucune utilité, puisqu’il était malgré lui poussé au bout de tous ses retranchements.

 

Mieux valait qu’il quitte la pièce avant de se retrouver à L’allonger au milieu de cet océan de plis, et de l’embrasser à en perdre haleine.

Il retesterait le lit avec une motivation et une envie, dont les vigueurs commençaient à lui faire peur.

 

            _ Bon, ça devient vraiment de la torture, je n’en peux plus. Je vous laisse finir et je vais plutôt m’occuper du couloir. Je vous attends ensuite dans le salon.

 

Le militaire sortit l’instant suivant et laissa Sam les joues plus que rosies, à tenter de reprendre le contrôle de son rythme cardiaque.

Elle soupira en se frottant les mains sur sa jupe et en secouant la tête.

Cette journée n’était décidément pas gagnée ! Et heureusement qu’il était rapidement sorti de la pièce.

Elle avait été à deux doigts de le faire aussi…

C’était soit ça, soit Lui sauter dessus.

 

Son contact l’avait trop profondément bouleversée… A tous les niveaux.

Déjà qu’après leur danse au gala elle avait eu du mal, mais alors là, après avoir été aimée dans ses bras, l’effort pour résister s’annonçait plus incommensurable encore.

Jamais l’idée même de faire un lit avec un homme ne lui avait jamais parue aussi excitante, mais Sa présence rendait les choses différentes, et émotionnellement décuplées.

Elle aurait certainement fini par fondre sur Lui. Comme Il l’avait fait la veille.

Et en dehors de leurs derniers ébats, elle aurait vraiment aimé, au plus profond d’elle, lui rendre la pareille. 

Oh que oui, pensa-t-elle en se mordant l’intérieur d’une joue.

 

 
 
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