Citations du moment :
L'humour et les blagues peuvent non seulement avoir un effet thérapeutique à court terme mais aussi sauver des civilisations tout entières.
[Bernard Werber]
Imagine

le passé recomposé : Chapitre 7

C’est alors qu’en levant les yeux il croisa le regard du général Carrey qui était à la place de Jack.
            -Que se passe t-il mon général ? Jack a fait une rechute ?  Et Sam ?  ajouta t-il en voyant le colonel Reynolds assis à la place de la jeune femme.
Carrey n’avait plus le visage avenant qu’il présentait quand il avait remplacé Jack, son regard était plus dur, et il avait l’air embarrassé.
            -Non docteur Jackson, tout ce que je peux vous dire c’est qu’ils sont partis … en mission.
Cela ne surprit ne surprit nullement Daniel que Jack soit absent. On avait très bien pu lui confier une mission secrète, ce ne serait pas la première fois. Par contre pour Sam c’était plus rare, car elle était sous les ordres directs d’O’Neill et c’est lui seulement qui pouvait l’envoyer en mission.
Carrey reprit la parole :
            -J’ai demandé au colonel Reynolds de remplacer le colonel Carter dit-il.
Et avant que Daniel ait pu ajouter quoique ce soit, il poursuivit.
            -Aujourd’hui vous allez sur P9V123. Docteur Jackson je crois que vous avez préparé quelque chose ?
            -Oui dit Daniel.
Et il se lança dans un long exposé d’une vingtaine de minutes. Jack n’étant pas là pour l’interrompre, il put aller jusqu’au bout et il conclut par ces mots :
            -Il serait très important de visiter ce temple.
            -Bien dit Carrey, vous partez dans deux heures.
            -Heu… dit Daniel
            -Autre chose docteur Jackson ?
            -Oui général, l’artéfact que nous avons rapporté de  P5H369, a changé de couleur. J’aimerais faire des recherches  complémentaires à ce sujet car…
            -A votre retour docteur Jackson, vous aurez du temps, le coupa Carrey.  Est-ce que cet objet présente un danger quelconque ?
            -A vrai dire je ne sais pas, si Sam était là elle pourrait nous le dire, ce n’est pas ma spécialité. Mais je recommande la prudence.
            -Placez –le dans un  container  étanche avant votre départ.
            -Entendu dit Daniel en sortant.
Trois jours plus tard Daniel et Teal’c demandèrent une entrevue au général Carrey. Celui-ci les reçut aussitôt.
Daniel attaqua bille en tête.
            -Avez vu des nouvelles de Jack demanda t-il.
Carrey parut embarrassé
            -Non, aucune.
            -Et pour Sam c’est pareil  je suppose ?
            -Ne m’en veuillez pas docteur Jackson je n’y suis pour rien dans leur départ, et je ne sais même pas où ils sont.
            -Si vous aviez des nouvelles vous nous le diriez ?
            -Je suis désolé, dit Carrey en hochant la tête.
            -Moins que nous monsieur, ce sont nos amis et nous sommes très inquiets.
            -Je le comprends, soyez en sûrs dit Carrey d’un air entendu.
La disparition brutale de Jack et de Sam semblait avoir désorganisé le SGC. Il régnait un étrange climat et tout le monde chuchotait. Au mess la conversation roulait uniquement sur l’absence des deux personnes les plus importantes de la base. Ce qui était étrange c’est que personne ne savait où ils étaient, et surtout qu’ils soient absents en même temps, et les langues allaient bon train. Il était question de missions secrètes, de maladie, d’accident de voiture, d’enlèvement. On racontait même qu’ils étaient prisonniers sur une autre planète.
La vérité était toute autre…
 -Il ne faut pas trop faire attention aux rumeurs Daniel Jackson dit Teal’c avec son bon sens habituel.
            -Vous avez raison Teal’c, mais ils sont bien quelque part, et on nous cache quelque chose. L’attitude de Carrey est ambiguë, il ne dit rien mais je suis sûr qu’il sait.
            -C’est possible, mais il a peut être pas le droit de le dire.
            -Je vois ça d’ici, dit Daniel amèrement l’armée, et ses secrets.
            -Tout à fait.
            -Je déteste l’armée  et tous les militaires par moment ! Dit Daniel avec du ressentiment dans la voix. Que pouvons nous faire ? je suis sûr qu’ils ont besoin de nous.
            -Ils ne sont pas chez eux dit Teal’c.
Daniel sourit :
            -Vous êtes allé voir ? moi aussi, dit-il. Ils ne répondent pas non plus aux messages et leur portable est sur messagerie.
            -A mon avis, ils ne sont pas sur terre dit Tea’lc.
            -Et si on regardait les journaux de bord ?
            -Si c’est une mission secrète ce ne sera pas noté Daniel Jackson.
            -Non, mais on ne peut pas cacher une ouverture de porte. Quel est le dernier jour où on les a vus ? mardi soir ?
            -Oui, c’est exact. Quand je me suis dirigé vers mes quartiers j’ai vu O’Neill parler avec Harriman.
            -Allons voir ça tout de suite dit Daniel.
            -Nous n’en avons pas le droit ! dit Teal’c.
            -Et si on demandait à Harriman ?
            -Allons-y il pourra chercher pour nous.
Ils trouvèrent Harriman dans la salle de briefing, il travaillait sur un ordinateur portable. Il se troubla quand il vit Daniel et Teal’c. Il referma vivement le couvercle de son portable.
            -Sergent dit Daniel est-ce que l’on peut voir les ouvertures de la porte de mardi soir.
            -Je n’ ai pas le droit de vous les montrer. Seul le général commandant de la base peut m’y autoriser.
            -Je comprends dit Daniel. Mais vous étiez là mardi soir ?
            -Oui dit le sergent.
            -la porte a-t-elle été activée ?
            -Non, pas mardi, aucune équipe n’est rentrée mardi.
            -Non, sergent je vous parle d’un départ depuis la base.
            -Pourquoi voulez-vous savoir ça ?
            -Est-ce que le général O’Neill et le colonel Carter sont partis sur une autre planète ? En fait on voudrait savoir s’ils ont utilisé la porte des étoiles.
            -Non, il n’y a eu aucune activité de la porte ce soir là.  Excusez moi, docteur Jackson dit Harriman , mais j’ai du travail.
Harriman semblait bien pressé de partir, son crâne chauve luisait, bien qu’il ne fasse pas plus chaud que d’habitude, et il était agité comme si quelque chose le tracassait.
            -Harriman sait quelque chose et ne veut rien dire dit Daniel.
            -Je le pense aussi dit Teal’c.
**********
Quelques jours plus tôt.
La foudre s’était abattue  sur le SGC beaucoup plus vite que ne le pensait Hammond. Jack entendit des éclats de voix, puis  des pas monter vivement l’escalier menant à la salle de contrôle. Il n’eut pas le temps de détruire la photo, et la cacha simplement sous son sous-main.
            -Général O’Neill dit le général Carrey en entrant, j’ai des ordres , je suis désolé, mais je dois vous mettre aux arrêts, dit –il cérémonieusement.
Jack s’était levé, très raide, le visage immobile sans expression. Il tendit simplement ses poignets au soldat qui lui passa les menottes. Il n’y avait heureusement personne dans les couloirs, pour voir leur général  ainsi attaché, il était tard pas loin de 21 heures et la plupart du personnel était dans ses quartiers.
O’Neill allait passer un sale quart d’heure, il s’y attendait. Cette loi de non fraternisation était obsolète, elle aurait du être abolie depuis longtemps, du moins au SGC. Il l’avait toujours scrupuleusement respectée, et il se faisait rattraper par elle !
Un comble !
On le laissa enfermé toute la nuit. Le lendemain deux gardes lui mirent des menottes aux poignets et des chaînes aux pieds. Il se laissa faire sans un seul mot, cela n’aurait servi à rien. On le fit sortir de sa cellule, il était cinq heures du matin et toute la base était encore en sommeil. Il n’avait aucune nouvelle de Sam depuis son retour de mission, et il n’avait pas eu le temps de la prévenir. Elle était sur PJ5 785 quand le général Hammond avait téléphoné.
Un fourgon l’attendait en surface, et il fut poussé sans ménagement à l’intérieur. Il ne connaissait pas les hommes venus le chercher, ils étaient extérieurs à la base.
Ils étaient attendus  sur un aéroport inconnu de Jack. On le fit monter dans un petit avion qui prit aussitôt son envol pour Washington.
Son arrivée au Pentagone se fit discrètement. On le conduisit dans un endroit où il n’avait pas l’habitude d’aller, les salles d’interrogatoire. Il ne vit personne de connu, il était un prisonnier comme un autre.
La pièce était banale et grise avec une table et deux chaises.  Sur un mur, un miroir sans tain.
On le laissa mijoter un moment. Il se tenait face à la vitre et savait que de l’autre côté on l’observait. Il se contraignit à rester assis, très calme extérieurement, ne laissant passer aucune émotion sur son visage. Ils en seraient pour leurs frais.
Une sourde angoisse l’étreignait pourtant, La violation de l’article  134 du code pénal de l’armée ne justifiait pas une arrestation aussi discrète qu’inquiétante. Une simple enquête aurait suffi. Et où était Carter ? avait-elle été arrêtée ? Il espérait que non.
 
Dans la salle voisine il y avait trois hommes spécialistes des interrogatoires. Travis, un mètre quatre vingt quinze et  cent vingt kilos de muscles, une véritable armoire à glace. Barclay, un homme petit et nerveux ne lâchant jamais sa proie, et Dubrok, nonchalant au sourire affable. Un trio de choc pour interrogatoires spéciaux, opérations clandestines, recevant des ordres uniquement de certains membres  de l’état major, en ligne directe et sans intermédiaire. Une sorte de police secrète dans l’armée officielle ! 
            -Il a l’air coriace dit Dubrok en jetant un coup d’œil à travers la vitre.
            -C’est un général qui dirige la base de Cheyenne à Colorado Springs, un ancien des forces spéciales.
            -Je n’aime pas ces types qui se croient tout permis parce qu’ils savent tenir un Uzi ou une Kalachnikov, cracha Travis.
Les trois hommes avaient devant eux la photo de Jack et Sam, l’objet du délit.
            -Ben ! Il s’embête pas le général, c’est un joli petit lot qu’on a là ! dit Travis en jetant un coup d’œil vers l’autre vitre.
Il voyait Sam de profil, elle était assise très calme elle aussi en apparence, sachant qu’on la regardait. Elle se demandait bien ce qu’elle faisait là. On était venu l’arracher du lit au beau milieu de la nuit, lui laissant à peine le temps de s’habiller. Elle avait voulu avertir le général O’Neill, on l’en avait empêchée. Maintenant elle était là depuis plusieurs heures à attendre.
           
            -Qu’est ce qu’on leur reproche au juste ? demanda Dubrok.
            -Ils ont enfreint l’article 134 du code militaire, répondit Travis. 
            -La loi de non fraternisation ! dit Dubrok  en riant ! C’est pour ça qu’ils sont là ! J’en crois pas un mot !
            -Oui, mais la jolie colonel est sous les ordres directs d’O’Neill  et ils fricotent ensemble ! Mais  c’est pas moi qui vais les en blâmer !
            -Quels sont les ordres ? demanda Dubrok  en se tournant vers le troisième homme qui n’avait encore rien dit et semblait leur chef.
            -J’ai reçu des instructions très précises. Il faut déstabiliser O’Neill, le faire parler sur la base et surtout le mettre hors circuit, dit Barclay.
            -Ça va pas être simple. C’est un  ancien des forces spéciales, ils sont entraînés à résister aux interrogatoires. 
            -Vous inquiétez pas les gars, j’ai ma petite idée là dessus.
            -Et pour la colonel on fait quoi ? 
            -On se la joue mollo pour l’instant, mais tout dépendra de l’interrogatoire du général.
            -Bien chef dirent-ils. On commence quand ?
            -On attend, on va se relayer jusqu’à demain matin pour les observer !
            -Ils vont trouver le temps nos tourtereaux ! Sans  boire, ni manger,
            -Ça s’appelle les faire mûrir dit Barclay en riant.
Le lendemain la porte s’ouvrit et O’Neill  les regarda entrer d’un œil morne. Il avait passé une mauvaise nuit, s’était un peu allongé sur le sol, mais avait eu du mal à se reposer.  Il s’était armé et préparé à tout, même au pire. Il en avait eu le temps depuis 15 heures qu’il était enfermé.
Dubrok et son franc sourire ouvrit les débats.
            -Alors on s’amuse un peu dit-il en posant  la photo sur la table.
Travis s’approcha à le toucher, puis se recula et vint s’asseoir sur le coin de la table. Pendant ce temps Barclay se plaça derrière Jack.
            -Remarque je te comprends dit Barclay, C’est une belle poulette. 
O’Neill serra les poings et se retint de sauter à la gorge de cet homme dont le regard salace salissait Sam.
Barclay avait remarqué le frémissement imperceptible de Jack pour se dominer. Il ricana et fit signe à ses collègues. Travis attacha les poignets de Jack à la chaise. Il pâlit car il se doutait bien de ce qui allait se passer. L’article 134 tout le monde s’en foutait. Ils cherchaient autre chose, mais quoi ? Cela devait avoir un rapport avec la base.
            -Maintenant passons aux choses sérieuses dit Barclay. Sais-tu pourquoi tu es là ?
O’Neill leva un sourcil interrogateur, et dit ses premiers mots depuis son arrestation.
            -J’allais justement vous le demander !
            -C’est moi qui pose les questions ici dit-il  en envoyant un violent coup de poing dans la mâchoire de Jack. Il serra les dents, la douleur résonnait dans toute sa tête, mais il ne dit rien se contentant de regarder Barclay au fond des yeux.
            -Qu’est ce tu  fais dans ta base de Cheyenne, ? c’est quoi ton boulot ?
Un petit sourire dédaigneux lui répondit.
La suite fut pénible pour Jack qui dut subir un flot de questions, aboyées plutôt que posées, et une grêlée de coups au visage, à la poitrine et au ventre.  Au bout d’une heure ses tortionnaires se lassèrent et le laissèrent seul.
Ils l’observaient à nouveau à travers la vitre. Il se tenait très droit sur sa chaise, un œil a demi fermé commençait à enfler   et ses lèvres saignaient mais il n’avait nullement l’air vaincu.
            -Il ne parlera pas dit Travis. On perd notre temps.
            -Que fait-on ? dit Dubrok.
            -On attend les ordres, je vais  en référer à ma hiérarchie, dit Barclay.
Les deux autres se turent, ils ne savaient pas trop d’où venaient les ordres de Barclay, et ils savaient qu’ils  devaient agir uniquement sous ses ordres.
            -En attendant rien ne nous empêche d’interroger la jolie colonel.
Même technique d’intimidation dans l’autre salle, la photo jetée sur la table sous le nez de la jeune femme.  Elle ouvrit de grands yeux, ne s’attendant pas absolument pas à ça.
            -C’est un faux dit-elle d’une voix ferme.
            - Prouve-le
La jeune femme remarqua le tutoiement mais ne dit rien.
            -Ce n’est pas bien difficile, il faut la soumettre à des experts en photographies informatiques.
            -C’est déjà fait dit Travis froidement. Elle a été authentifiée, ce n’est pas un montage.
La photo rendait Sam très mal à l’aise. Elle imaginait aisément les pensées lubriques des hommes en face d’elle.
            -Et comment peux-tu être sûr que c’est un faux ? dit Travis ironique.
            -Tout simplement parce que ça n’est jamais arrivé !
            -Et tu le regrettes je parie ? ironisa Dubrok, il est bel homme ton général ! un petit moins maintenant ! ajouta t-il d’une voix lente.
Le sang de Sam se glaça dans ses veines, ses pires craintes se confirmaient, ils détenaient Jack et il l’avait déjà torturé !
Elle lui jeta un regard si glacial qu’il détourna les yeux, gêné.
On la laissa seule à nouveau. Elle se leva et fit quelques pas dans la pièce, on lui avait permis d’aller aux toilettes, de se laver, maintenant on lui apportait un sandwich et une bouteille d’eau. Elle n’avait pas faim , mais but volontiers un peu d’eau . Elle se força au calme se sachant observée. Qu’avait-on fait au général ? et pourquoi étaient-ils enfermés ? Elle aussi en vint à penser que cette histoire de loi, n’était qu’un prétexte. Le président les aurait-il abandonnés ?  Le général était –il en mission secrète, comme le président aimait à l’envoyer quelque fois ?  mais que faisait-elle dans cette histoire ? Une peur soudaine lui tordit les entrailles, et si on voulait faire pression sur le général à travers elle ? Et si le président n’était pas au courant de leur arrestation ? C’était impossible !  Le général dépendait et recevait ses ordres directement de lui.
Sam se torturait l’esprit, mais plus elle se posait de questions moins elle avait de réponses.
Le jour de son arrestation, Jack se croyait seul quand Carrey était venu le voir. Mais il se trompait. Le sergent Harriman se trouvait dans la salle de briefing à travailler et personne n’avait fait attention à lui.
Quand il avait compris ce qui se passait, il s’était fait le plus petit possible. Le général O’Neill n’aurait pas aimé savoir qu’il y avait eu un témoin à la scène.
Le bureau était vide quand il était venu mettre de l’ordre. O’Neill n’ était pas un bureaucrate et il se déchargeait sur lui de toutes les tâches de rangement. Il prit les dossiers confidentiels  et les mit dans le coffre, puis il rangea le bureau en classant les lettres, et  les documents. Ce travail, il le faisait tous les jours, trop heureux de décharger de ces fonctions subalternes le général O’Neill. C’est en soulevant le sous main, qu’il découvrit la photo.
Il la regarda machinalement, puis se troubla en reconnaissant ses supérieurs. D’un geste instinctif il la mit dans sa poche. Personne ne devait voir cette photo. Que le général et le colonel aient fait un faux pas, il le comprenait très bien, ayant souvent assisté à des scènes muettes mais très éloquentes.
Il pensa que le général avait été arrêté pour non respect de l’article 134.
Quelques jours plus tard quand Daniel et Teal’c vinrent le voir, il se sentit ligoté par le secret, et il dût paraître affreusement gêné. Pas une seconde il n’aurait voulu faire du tort au général pour qui il avait une grande admiration. Il se rendit bien compte que Daniel et Teal’c n’étaient pas convaincus par ses arguments. Heureusement ils n’avaient pas insisté.
Il passa des heures terribles avec sa conscience, se posant sans cesse la même question, devait-il se taire ? ou bien se confier à Daniel et à Teal’c ?  Il avait l’horrible pressentiment que tout ceci n’était pas normal. Il se décida et dans la soirée  monta au niveau 19 et alla frapper à la porte du bureau de Daniel.
            -Professeur Jackson, puis-je vous parler un instant dit-il d’un air embarrassé.
            -Entrez sergent, qu’est ce que je peux faire pour vous ? dit-il impatiemment.
Daniel était plongé dans une traduction, il était sur le point de découvrir quelque chose d’important quand Harriman avait frappé au plus mauvais moment.
Harriman regardait autour de lui, sans pouvoir fixer son regard.
Daniel s’aperçut du malaise de l’officier et ne voulut pas le brusquer. Il lui fit signe de s’asseoir.
Harriman commença avec hésitation.
            -Il s’agit du général.
Pas la peine de le nommer, Daniel avait parfaitement compris.  Harriman reprit :
            -Vous êtes très amis n’est ce pas, et avec le colonel Carter aussi ?
            -Bien sûr dit Daniel, ce sont mes meilleurs  amis, avec Teal’c.  Il est arrivé quelque chose au général ?
            -Oui, il a été arrêté mardi tard dans la soirée.
            -Et c’est simplement maintenant que vous le dites ! répliqua Daniel furieux.
            -Le général Carrey n’a rien dit, n’en a jamais parlé. Vous savez dans l’armée, ce dont on ne parle pas, n’existe pas. Je risque gros à venir vous voir. Mais je suis très inquiet. Ce silence est anormal. Et j’ai peur que le colonel Carter ait été arrêtée aussi.
            -Pourquoi aurait-il été faits prisonniers ? demanda Daniel surpris.
            -C’est assez embarrassant  dit Harriman en rougissant. Vous n’en parlerez à personne ?
            -Ça dépend, si je peux faire quelque chose pour les aider, je serais obligé.
            -Je veux dire  aux personnes de la base ?
            -Bien sûr que non, sauf à Teal’c, naturellement.
Harriman sortit la photo de sa poche et la tendit à Daniel sans aucun commentaire.  Daniel fronça les sourcils. Cette photo paraissait étrange. Cela ne ressemblait pas à ses deux amis de se faire photographier ainsi. A moins que ce cliché ait été pris à leur  insu ! Il repensa  au télescope de Julian Market ! Quoi de plus facile de trafiquer une photo !
            -C’est pour ça qu’ils ont été arrêtés ?
            -Je ne pense pas, cette… infraction dit Harriman en hésitant sur le mot, ne justifie pas une arrestation.
            -Expliquez moi cela dit Daniel, les procédures militaires, ce n’est pas mon fort.
            -Dans un cas comme celui là, il y a une suspension des deux officiers et une enquête. Mais en aucun cas une arrestation, surtout avec des officiers supérieurs. C’est pour cela que je suis venu vous en parler.
            -Vous avez très bien fait, sergent. Je garde la photo, avec Teal’c on s’occupe de tout. Naturellement vous ne m’avez rien dit.
            -Merci docteur Jackson dit Harriman en souriant.
Daniel donna rendez-vous à Teal’c à l’extérieur. La base étant truffée de cameras et de micros, il préférait ne pas prendre de risques.
Ils se promenaient tranquillement dans un jardin public de Colorado Springs tout en discutant de la stratégie à suivre.
            -Je pense qu’il faut contacter le général Hammond dit Teal’c.
            -Jack est resté en relation avec lui et il l’a souvent au téléphone, dit Daniel.
            -Comment le contacter ?   dit Teal’c depuis la base, ça me parait difficile, toutes les communications sont surveillées.
            -Je pourrais l’appeler de mon portable, et lui donnez rendez-vous dans un coin tranquille dit Daniel
            -C’est une bonne idée Daniel Jackson. Vous connaissez son numéro.
            -Non… mais Harriman le connaît sûrement.
Harriman leur donna les coordonnées de Hammond. Daniel appela aussitôt.
            -Allo ! entendit –il. Hammond ne s’était pas présenté.
Daniel hésita un instant, la ligne n’était pas sécurisée et il avançait prudemment.
            -Je voulais vous parler d’un lac sans poisson dit-il.
Il y eut un blanc au bout de la ligne :
            -Où êtes-vous ? entendit-il au bout de quelques secondes.
            -Ici, près de chez moi dit-il.
            -Pouvez-vous vous déplacer ?
            -Non, je ne suis pas en congé.
            -Vous n’appelez pas de votre lieu de travail ?
            -Bien sûr que non, dit-il avec un frisson rétrospectif, sans Teal’c, il aurait fait une grosse bêtise.
            -C’est moi qui vais venir vous voir, chez vous, ce soir.
            -Entendu monsieur, je vous attends.
            -Bon j’espère qu’on ne va pas partir en mission, car Hammond débarque ce soir chez moi dit-il.
            -Non je ne pense pas, répondit Teal’c on le saurait déjà. Et le prochain briefing est demain.
****************
 Daniel et Teal’c attendait Hammond. Il ne savait pas l’heure mais pensaient que ce serait assez tard.
A 22 heures coup de sonnette.
            -J’espère que vous ne me dérangez pas pour rien, j’ai annulé plusieurs rendez-vous importants pour venir. Il s’agit de O’Neill n’est ce pas.
            -Oui, il a été arrêté, ainsi que Sam et depuis trois jours on a pas de nouvelles. C’est le général Carrey qui le remplace.
Hammond avait le regard fixe et ne disait mot.
            -Vous le saviez, général Hammond ? dit Teal’c. 
            -Non, mais je savais qu’O’Neill allait avoir de gros ennuis. Je l’avais prévenu, mais je ne pensais pas qu’ils iraient jusque là.
            -Vous pensez que c’est sur ordre du président ?
            -Ça m’étonnerait beaucoup !
            -C’est vous qui lui aviez envoyé la photo ?  Je vous la rend dit Daniel c’est Harriman qui l’a trouvée.
            -Bien dit Hammond, dès mon retour à Washington j’appelle immédiatement le président.
*************
Ils avaient conduit O’Neill dans la pièce centrale d’où il pouvait voir  la salle d’interrogatoire où était Sam. Elle était ligotée sur une chaise, se tenait très droite, la tête haute et regardait sans peur celui qui l’interrogeait. C’était Dubrok et son sourire perpétuel.
Travis mit le son.
            -Je ne vous dirais rien du tout cracha t-elle.
            -Je ne te demande pas grand-chose, simplement ce que l’on fait dans cette base.
            -Des radars spatiaux temporels dit-elle les dents serrées,  pour la énième fois.
            -Et bien tu vois, je ne te crois absolument pas.
O’Neill, la regardait le cœur battant. Il savait qu’elle ne dirait rien, il avait toute confiance en elle, mais elle allait  passer un sale moment comme lui.
Le premier coup l’atteignit à l’estomac et le second la cueillit sur le menton. Elle se crispa de douleur, et Jack ressentit le choc comme si c’était lui qui avait pris les coups. C’est à ce moment là qu’ il comprit. Ils savaient qu’il avait subi des entraînements très rigoureux en cas d’interrogatoire, et comme il n’obtenait rien avec lui, ils allaient frapper Sam et le forcer à regarder pour le faire parler.
C’était bien mal le connaître. Ils lui feraient souffrir le martyre en le forçant à assister au répugnant spectacle, mais il ne parlerait pas, et elle non plus.
            -Vous perdez votre temps  avec elle, elle n’est au courant de rien du tout.
Dubrok le regarda d’un air dédaigneux :
            -Parce que toi tu es au courant de quelque chose ?
Sourire dédaigneux de Jack autant que le lui permettait sa lèvre enflée . Il grimaça.
Dubrok revint à ce moment dans la salle du milieu. Si Jack n’avait pas été menotté, il lui aurait sauté à la gorge.
 C’est à ce moment que le téléphone de Barclay sonna. Il décrocha rageusement :
            -J’avais dit qu’on ne me dérange pas ! aboya t-il.
            -…
Il écouta un long moment le visage figé et pâlissant au fur et à mesure.
            -OK dit-il laconiquement.
Il raccrocha, et se tournant vers ses seconds.
            -Reconduisez-les en cellule, tous les deux.  Il leur fit un regard impérieux leur intimant de ne poser aucune question.
Ils se réunirent tous les trois quelques instants plus tard.
            -Qu’est ce qui se passe ? demanda   Travis devant l’air furieux et passablement inquiet  de son supérieur.
            -On arrête tout. Il va falloir les libérer.
            -Je ne comprends pas.
            -Ordre du président !
            -le président de quoi ?
            -Des USA.
            -Le big boss ?  dit Dubrok ironique.
            -Lui-même, dit Barclay froidement
            -Mais depuis quand se mêle t-il de notre travail ?
            -Depuis que nous touchons à ses petits protégés !
            -Merde ! dit Travis. On a fait une boulette ?
            -J’espère que non. Nous avons obéi à nos chefs, c’est tout.
********************
Pendant que les trois hommes se morfondaient Jack et Sam étaient libérés.
Ils attendaient dans des pièces séparées qu’on vienne les chercher. Hammond alla d’abord voir Sam.
            -Général Hammond, je suis si contente de vous voir ! dit-elle en embrassant le vieux général.
            -Colonel, j’ai fait aussi vite que j’ai pu.
            -Et je vous en remercie, mais je ne comprends pas, le général O’Neill…
            -Il n’a rien pu faire dit-il il était emprisonné également.
A ce moment O’Neill arriva. Sam poussa un petit cri, il avait l’air vraiment mal en point, mais surtout soucieux du sort de Sam.
            -Carter ça va ? demanda t-il inquiet.
            -Oui, merci mon général, mais vous ?
            -Oh ! j’ai connu des jours meilleurs, dit-il  avec ironie.
Dehors les attendait une voiture conduite par un soldat en uniforme. Ils montèrent sans parler.
            -Où nous conduisez-vous Georges ? dit O’Neill.
            -Chez moi, nous serons tranquille pour parler.
Le reste du trajet se fit en silence. La circulation dans Washington était intense en ce milieu de journée, et ils mirent presque  une heure pour arriver dans un quartier résidentiel où le général Hammond avait un petit appartement.
            -J’habite au 3è sans ascenseur dit Hammond. C’est très petit chez moi, mais je peux vous héberger tout de même un jour ou deux.
            -Merci Georges.
L’appartement était constitué de deux pièces, une chambre et un salon à droite en entrant. Le quartier était calme et la lumière entrait par deux grandes fenêtre ouvrant sur un square. 
            -la salle de bain est par là, dit le général à Sam en lui  montrant une pièce au bout du couloir. Faites comme chez vous colonel.
            -Merci mon général, c’est pas de refus.
           
Sam se dirigea vers la salle de bain et plongea sous la douche avec ravissement. Elle regarda sa poitrine un hématome commençait à se voir, à l’endroit où on l’avait frappé, et son menton était bleui. Elle portait également des marques rouges aux poignets.
Au salon Jack s’était assis avec une grimace.
            -Vous voulez que j’aille chercher un médecin ? demanda Hammond avec inquiétude. Jack avait l’air mal en point, le visage tuméfié et il semblait avoir du mal à respirer.
            -Non,  répondit Jack je voudrais surtout savoir ce qui se passe !
            - Comme vous voudrez dit Hammond. Vous connaissez le secrétaire d’Etat  David Brown ?
            -De nom simplement. Pourquoi ?
            -Il semblerait  que ce soit  un second Kinsey ! dit Hammond.
            -C’est pas vrai ! vous plaisantez mon général !
            -Hélas ! il semble que le président Hayes apprécie beaucoup le SGC, mais quand il a nommé Brown, celui-ci ignorait tout du projet Porte des Etoiles. Comme son rôle est de contrôler les finances de l’état, il devait inévitablement mettre le nez dans ce budget pharaonique.
            -Naturellement dit O’Neill désabusé. Alors on s’attaque à la tête du SGC en pensant que ça tout foutre en l’air, c’est ça ?
            -Pratiquement, en fait Brown pensait une fois que vous seriez hors course, mettre un homme à sa botte. Il profite du fait que le président est très occupé pour faire son travail de sape derrière son dos.  Il agit exactement comme Kinsey, il y a quelques années.
            - Il devait guetter le premier faux pas que je ferais. Cette histoire de chantage est vraiment bien tombée pour lui ! dit O’Neill amèrement.
            -Vous avez tout compris, Jack.
            -Mais pourquoi s’en prendre à Carter ?
            -Il fallait que ce soit vraisemblable ! Et puis sur cette photo elle y était aussi.
            -Naturellement.
Jack voulut se lever, mais il grimaça et retomba sur le canapé. Sam qui sortait de la salle de bain le vit également.
            -Mon général dit-elle en s’approchant de Jack. Laissez-moi regarder vos blessures.
            -Non, non,  ça ira dit Jack en respirant avec difficulté.
            -Vous êtes tout pâle, Jack, je pense que vous devriez laisser le colonel vous examiner dit Hammond.
 
 
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