-D’accord, soupira O’Neill. Contre vous deux je n’ai pas droit à la parole !
Le visage de Jack avait déjà été soigné, c’est sa poitrine qui l’inquiétait. Elle craignait que ses côtes ne soient atteintes.
-Carter, je voudrais prendre une douche avant, et retrouver figure humaine.
-Vous voulez de l’aide Jack ? proposa Hammond
Celui-ci refusa de la tête.
-Merci Georges, ça va aller.
Pendant ce temps Sam et le général Hammond parlaient de tout sauf de leur arrestation. Sam était militaire jusqu’aux bout des ongles et comprenait parfaitement le silence du vieux général. Elle savait que pendant qu’elle se rafraîchissait, il avait parlé avec le général O’Neill.
-Mon général, quand allons-nous pouvoir rentrer à la base ? Ce n’est pas une information confidentielle n’est ce pas ? dit-elle en souriant.
Cela amusa Hammond :
-En effet ce n’est pas confidentiel dit-il mais vous verrez cela avec le général O’Neill.
La porte de la salle d’eau s’ouvrit et Jack apparut sur le seuil du séjour. Le cœur de Sam fit un bond dans sa poitrine. Il se tenait debout, dans l’encadrement de la porte, uniquement vêtu de son jean, et des gouttes d’eau luisaient encore sur son torse humide.
-Excusez ma tenue dit-il, avec amusement en voyant le regard de Sam posé sur lui. Elle avait la bouche ouverte comme si brutalement elle avait manqué d’air. Je n’ai pas voulu remettre mon tee-shirt sale et déchiré poursuivit-il.
-Ça tombe bien, d’ailleurs je crois que le colonel Carter souhaiterait vous examiner ! dit Hammond, d’un ton neutre. Je vais voir si je peux vous trouver quelque chose d’assez grand pour vous.
Il se dirigea vers sa chambre les laissant seuls tous les deux.
Sam avala difficilement sa salive, et se reprit.
-Mon général, si vous permettez.
Elle s’approcha de lui mais évita son regard moqueur. Elle n’en avait vraiment pas besoin. C’est fou l’effet que lui faisait cet homme. Elle se traita d’adolescente attardé, puis prenant sur elle, elle posa délicatement ses mains sur le torse musclé de son supérieur. Il eut un bref recul.
-Vous avez mal ici, dit-elle en appuyant très légèrement sur les côtes droites.
-Eh dit-il ! doucement !
-Mais je vous ai à peine touché mon général ! Mais je pense que vous avez au moins deux côtes cassées. Vous avez mal en respirant ?
-Oui.
-Cela confirme ce que je viens de dire.
-Et on peut faire quoi ?
-Pas grand chose, il vous faudrait un bandage très serré et une visite d’urgence à l’infirmerie du SGC.
-On ne rentrera que demain dit O’Neill, impossible de partir tout de suite.
-Alors cela attendra. Mais il faudrait que vous dormiez bien à plat .
-Ah ! dit-il en regardant le canapé inconfortable du général. Vous avez une idée ?
-Vous pourriez aller à l’hôtel, vous seriez mieux. Mais je ne voudrais pas vous laisser seul.
-C’est une proposition Carter ? vous venez avec moi ? dit-il avec une lueur dangereuse dans le regard.
Sam rougit violemment, et tenta une explication un peu embrouillée, en hésitant sur les mots.
-En fait… il ne faudrait pas que vous restiez seul… si jamais vous aviez des problèmes respiratoires au cours de la nuit…
Elle avait l’impression de s’enfoncer irrémédiablement, mais c’était peine perdue. Il avait décidé de se moquer d’elle, gentiment bien sûr, mais après la tension des derniers jours, cela leur fit un bien fou à tous les deux. Sam éclata de rire, Jack aussi, mais une violente douleur aux côtes, le fit s’arrêter aussitôt.
-Ne me faites pas rire, Carter ! Pitié dit-il en grimaçant.
-Tenez Jack dit Hammond en rentrant dans la pièce, je vous ai trouvé une chemise qui devrait vous aller.
-Merci mon général, dit Jack en passant la chemise.
Sam se voulant discrète alla vers la fenêtre et regarda dans la rue. La nuit était pratiquement tombée sur Washington, et les fenêtres des immeubles s’allumaient au fur et à mesure que les gens rentraient chez eux.
-On devrait vous laisser Georges dit Jack, Carter suggère un bon lit pour moi à l’hôtel.
-Elle a raison, chez moi ce n’est vraiment pas confortable.
-Oh en temps normal cela aurait été très bien, répondit Jack.
Avant de partir Sam confia à Hammond son intention d’accompagner le général O’Neill pour ne pas le laisser seul.
-Nous prendrons deux chambres mon général ! dit-elle en souriant.
Elle repassa par la salle de bain et prise d’une impulsion soudaine elle ramassa le tee-shirt noir de Jack qu’il avait laissé par terre. Elle le roula en boule très serrée et le mit dans sa poche.
A l’hôtel il ne restait qu’une seule chambre avec un grand lit. Jack ne se démonta pas, il l’accepta sans faire aucune remarque.
Ils n’avaient pas de bagages, et furent vite installés.
-Vous prenez le lit mon général, dit Sam, je vais dormir par terre.
-Normalement j’aurais dit non, mais là j’avoue que j’accepte bien volontiers, merci Carter, dit O’Neill en s’allongeant avec un soupir.
-Je vais voir si je peux vous trouver des bandes. Il y a un drugstore dans la rue un peu plus loin, dit Sam. Je reviens tout de suite dit-elle.
Elle était sortie précipitamment pour cacher un certain malaise.
Son cœur battait à coups redoublés dans sa poitrine. La perspective de passer une nuit seule avec lui dans la même chambre d’hôtel la ravissait et la terrifiait en même temps. Elle devait bien s’avouer que cet homme la troublait profondément, beaucoup plus profondément qu’elle n’aurait dû. La fameuse petite phrase de Jack « je tiens à elle beaucoup plus que je ne suis censé le faire » revenait dans sa tête comme un leitmotiv, une phrase qui lui collait à la peau et qui avait tendance à resurgir dans certaines occasions quand les évènements ou les paroles la rendait tout à coup beaucoup plus proche. C’était le cas en ce moment. Toutes ses dernières semaines à enquêter sur le passé de son supérieur, l’avaient beaucoup rapproché de lui. Elle avait découvert qu’il avait été un enfant sensible qui avait terriblement souffert, un homme révolté qui avait tout de même fait son chemin dans la vie en canalisant cette violence par une vie militaire rigoureuse. Il n’y était parvenu pas tout à fait totalement, puisque l’épisode des Blaks-Ops était survenu le plongeant encore plus dans le chaos.
Le décès de son fils avait achevé cette œuvre de démolition intérieure commencée avec la mort du petit Jimmy.
Puis le projet Porte des Etoiles avait mis un terme à cette spirale de douleurs. C’était un homme différent d’ il y a huit ans. Plus accessible, plus ouvert, mais cependant toujours aussi secret, et n’exprimant jamais ce qu’il ressentait. Il pratiquait avec un art consommé la dissimulation et présentait un visage lisse à ses interlocuteurs ou glissait avec une pirouette sarcastique ou une plaisanterie sur ce qui le gênait.
Sam se trouvait maintenant au pied du mur. Elle allait devoir se jeter à l’eau, tenter quelque chose avec lui, car toutes ces années passées à ses côtés n’avaient fait qu’amplifier les sentiments qu’elle éprouvait. Mais elle n’était sûre de rien, de son côté à lui, qu’en était-il ? Peut être préférait-il ce statu quo fait de non dits et de sentiments dissimulés derrière un règlement que curieusement il respectait. Le seul qu’il n’ait pas violé. Un rebelle à toute autorité respectait scrupuleusement la loi de non fraternisation ! Pourquoi ? se demandait Sam avec angoisse. La seule réponse possible qui lui vint à l’esprit était qu’il ne l’aimait pas, si tant est qu’un jour il l’ait jamais aimé, ou qu’il se refusait à être heureux par un obscur sentiment de culpabilité.
Elle était arrivée au drugstore dans un état de confusion tel qu’elle avait du mal à ne pas se laisser envahir par le désespoir. Elle circula dans les rayons au hasard, oubliant presque pourquoi elle était là. La foule de la fin de journée se pressait, remplissant hâtivement les caddies, se bousculant aux caisses, pressée de rentrer chez elle. Elle ravala les larmes qui commençaient à pointer, et se concentra sur sa tâche. Trouver de quoi soigner Jack. Elle-même avait mal à la poitrine, là où elle avait pris un coup et son menton était douloureux au toucher. Elle prit de la pommade anticoup, des bandes, un antalgique, et un peu de nourriture, des chips, des sandwichs, des gâteaux secs, de la bière et du jus d’orange.
En revenant vers l’hôtel elle repensa à l’épreuve qu’ils venaient de traverser. Une de plus ! quand ils n’étaient pas en mission sur d’autres monde, c’était sur terre qu’ils avaient des problèmes. Elle se sentait lasse, et arrivée à presque 38 ans elle souhait autre chose, que sa vie prenne un nouveau virage. Elle aspirait à une vie plus calme, une vie de famille, un mari, des enfants, un travail intéressant, mais moins dangereux.
Sam soupira en rentrant dans l’hôtel. Arrivée à la chambre, elle referma doucement la porte et s’arrêta un sourire aux lèvres. Il dormait, couché en travers du lit. S’approchant sur la pointe des pieds, elle s’assit et le regarda, en silence.
Elle aimait le regarder dormir. Cela lui arrivait parfois en mission,mais elle le faisait toujours discrètement, car il était constamment sur le qui vive et elle ne voulait pas se laisser surprendre. Là c’était différent ! ils devaient tous les deux passer la nuit dans cette chambre, elle devait le soigner, le toucher. Sa présence était normale, elle était à sa place là, même pour une seule nuit, elle voulait profiter pleinement de toutes les secondes que le destin lui accordait. Pour cette nuit, il était tout à elle, personne ne viendrait les déranger, il n’y aurait pas d’attaque surprise, pas de Goa’ulds.
Il était tellement différent quand il dormait, les traits plus reposés, plus lisses, il ne se dissimulait pas et offrait son visage à son regard. Un souffle léger s’échappait de sa bouche entr’ouverte. Elle avait une envie folle de poser ses lèvres sur les siennes, de goûter enfin la douceur de leur soie, de sentir son souffle se mélanger au sien.
Elle se contenta de l’appeler doucement :
-Mon général, réveillez-vous !
Il se dressa en sursaut , l’esprit tout de suite en éveil, le regard dur, cherchant machinalement son arme.
-Mon général, c’est moi, dit-elle doucement.
-Excusez-moi, murmura t-il seulement en se rallongeant avec une grimace.
Sam n’insista pas, mais son cœur se serra, cet homme était toujours sur la défensive, et ne devait jamais connaître un sommeil profond et réparateur.
-J’ai apporté de quoi vous soigner mon général.
-Merci Carter, vous avez trouvé des bandes ?
-Oui, et puis des antalgiques, je vais vous donner tout de suite un comprimé.
Elle alla chercher un verre d’eau dans la salle de bain et le lui tendit, leurs doigts se frôlèrent et la tension augmenta d’un cran. Ils évitèrent de se regarder, et Jack avala son médicament. Elle sortit du sac une bande et lui demanda d’ ôter sa chemise. Elle se rapprocha de lui et commença à enrouler le bandage autour de son torse en évitant de toucher sa peau. Elle gardait la tête consciencieusement baissée et s’efforçait de se concentrer sur son travail en ôtant de son esprit toutes les pensées parasites qui pouvaient l’assaillir. Les muscles de Jack jouant sous sa peau, son cœur qui battait très fort et qu’elle sentait à travers le bandage, ou la respiration un peu courte et saccadée de l’homme qu’elle voulait obstinément attribuer à la douleur.
-Vous serrez trop là ! vous allez m’étouffer ! dit-il
-Je suis désolée murmura t-elle mais il faut que ce soit serré sinon, ça ne servirait à rien mon général.
-Allez-y doucement quand même, Carter !
Elle sourit sans répondre et continua à poser le bandage et ce faisant, son doigt s’égara et effleura le haut du torse de Jack d’une très légère caresse, et son regard se perdit dans la contemplation de ses pectoraux, regard que Jack intercepta.
-Carter, vous croyez qu’on a pas eu assez de problème avec l’article 134 ? murmura t-il
Elle sentit d’un coup la colère l’envahir :
-Oui, et je me demande bien pourquoi ? On n’a jamais rien fait, pas le plus petit dérapage, pas le moins geste équivoque, alors que vient faire cet article ici ?
Il la regarda interloqué :
-Calmez vous Carter !
Elle avait terminé les soins et maintenant ils se faisaient face et se regardaient comme deux chats en colère
-Vous êtes vous demandé une seule seconde ce que je pouvais ressentir ?
-Mais de quoi parlez vous ? dit-il en reculant.
Elle n’hésita pas un instant, c’était l’occasion qu’elle attendait depuis tellement longtemps !
-Je parle de nous ! dit-elle avec force.
Il haussa les épaules
-Il n’y a pas de nous Carter ! et il n’y en aura jamais ! Vous le savez bien.
-On se connaît depuis combien de temps ? Huit ans ! dit-elle d’une voix étouffée, pas une seule fois on a parlé de ce que nous éprouvons l’un pour l’autre.
-Encore heureux ! s’exclama t-il. Nous sommes des officiers !
Elle le haïssait pour ces mots là, mais ne releva pas.
-Rien depuis le test zatarc dit-elle avec tristesse.
-Je crois que vous avez mal interprété ce test, dit-il froidement et puis c’est vieux ! Vous vous faites du cinéma Carter.
-Ah oui, je me fais du cinéma dit-elle en perdant toute raison. Dites-moi que vous n’éprouvez rien pour moi et je me tais.
Elle faisait les cents pas dans la chambre pour essayer de reprendre son calme, son cœur battait à grands coups, ses mains étaient moites et agitées. Lui pendant ce temps restait immobile, toujours debout au milieu de la pièce. Il avait remis sa chemise, et la fixait avec dans le regard quelque chose qu’elle n’arrivait pas à déterminer.
-Vous ne répondez pas ? dit-elle en tournant vers lui.
Et sans attendre de réponse elle continua, elle ne pouvait plus s’arrêter, sa vie en dépendait.
-Il serait temps peut être de déposer votre fardeau, monsieur,
Il ne répondit pas, mais le regard qu’il lui jeta était dur, impérieux, comme s’il lui ordonnait silencieusement de se taire,mais il lui en fallait beaucoup plus pour l’arrêter. Elle continua sur sa lancée.
-Vous ne trouvez pas que vous avez assez souffert ? Accordez-vous le droit d’être heureux !
Il se détourna brusquement, elle avait touché la corde sensible ! Elle le voyait maintenant de dos, toujours debout, mais il lui semblait que ses épaules étaient moins raide, sa tête était légèrement penchée, elle ne voyait pas son visage mais pouvait deviner qu’il cherchait à se dominer. Elle sut avec certitude que c’était maintenant qu’il fallait agir, tout de suite, là sans réfléchir.
Elle posa sa main sur son épaule, le forçant à se retourner. Ce qu’elle vit dans son regard la bouleversa, de la douleur, du doute, du désarroi. Il avait besoin d’elle c’était une évidence. Alors elle le prit dans ses bras, nicha sa tête dans le creux de son épaule et redit doucement :
-Il est temps de déposer votre fardeau.
Il la serra contre lui de toutes ses forces. Elle se sentait faiblir, ses jambes la portaient à peine. Elle comprit que ce n’était pas une étreinte banale, comme deux amis qui se prendraient dans leurs bras pour se consoler, non, c’était beaucoup plus. Il s’investissait totalement, et quand il posa ses lèvres sur les siennes elle sut que leur vie avait pris un nouveau virage.
-Venez dit-il.
Il la poussa vers le lit et ils s’assirent l’un près de l’autre, leurs mains entrelacées.
-Et maintenant ? dit-il d’une voix lasse.
Elle exultait ! il ne lui avait pas dit des « je t’aime » ce n’était pas son genre, mais cela n’avait aucune importance. Tout avait été dit entre eux par de simple gestes, un baiser. Mais restait toujours l’article 134, celui leur interdisait toute relation.
-Je pourrais démissionner ? dit-elle.
-Je vous l’interdis Carter, vous avez une carrière prometteuse dans l’armée ce serait vraiment dommage de la gâcher pour…
Il s’interrompit.
-Pour vivre notre amour dit-elle en accentuant les mots ! Rassurez vous monsieur, ma carrière je m’en fiche.
-Et bien pas moi ! dit-il avec fermeté, c’est moi qui vais quitter l’armée. A mon âge il est temps, et je n’ai plus rien à prouver dit –il sans fausse modestie.
Ils restèrent ainsi longtemps à peser le pour et le contre.
La nuit était bien avancée, et la fatigue commençait à se faire sentir. Ils avaient faim. Les deux journées qu’ils venaient de vivre avaient été éprouvantes, très éprouvantes.
-Et si on mangeait ? dit Jack, qu’est ce que vous avez rapporté dit-il en plongeant le nez dans le sac de provisions.
Ils firent une petite dînette. L’ambiance était beaucoup plus détendue.
Jack réfléchit encore puis il lui dit :
-Je vais faire une demande de démission, mais cela peut prendre un certain temps, Carter, il faudra encore patienter. Vous patienterez n’est ce pas ?
Il la regardait avec une grande douceur et une lueur nouvelle, qu’elle ne lui connaissait pas.
-Oui, dit-elle dans un souffle, le temps qu’il faudra.
-Il ne faudra commettre aucun faux pas pendant ce temps, c’est très important Carter.
-Je vous le promets monsieur,
-Alors surveillez votre regard.
-Pourquoi dit-elle en fronçant les sourcils.
-Parce qu’on peut y lire comme dans un livre ouvert, dit-il malicieusement.
Leur dînette achevée Jack se leva et se dirigea vers la salle de bain :
-On devrait se reposer maintenant dit-il.
-Vous avez raison. Je vais me préparer un couchage par terre, dit-elle en prenant le dessus de lit et un oreiller.
Il hocha la tête :
-Oui, c’est plus prudent !
Ils s’endormirent presque tout de suite et le lendemain ils rentrèrent chez eux.
**********
Sam retrouva ses quartiers le cœur léger. Elle avait l’impression d’être partie depuis très longtemps, alors que cela ne faisait que deux jours. Mais quelles journées, un emprisonnement dont elle ne comprenait pas le sens, des coups, et puis ce changement de situation entre elle et Jack. Il allait démissionner pour elle. POUR ELLE ! Sam n’arrivait pas à y croire vraiment. Il y avait déjà eu tellement de choses entre eux, et ce revirement soudain semblait si fragile qu’un rien pouvait peut être le réduire à néant. Elle décida de rester neutre, de ne pas y penser, de se consacrer à son travail. Mais elle savait déjà que ces quelques semaines ou quelques mois seraient très longs.
Sam se rendit à l’infirmerie, elle souffrait des coups qu’elle avait reçus et ne s’était pas beaucoup soignée. Le médecin la trouva en forme malgré tout, et lui prescrivit tout de même deux jours de repos, le temps de reprendre quelques forces.
Jack aussi se reposait. Il avait été pris en charge par le staff médical dès son arrivée. Une radiographie du thorax avait bien confirmé deux côtes cassées. Il lui fallait du repos, mais il ne tenait déjà plus au lit et voulait se lever.
-Mon général ! Vous n’êtes pas raisonnable dit le docteur Brigth
-Franchement docteur, que je sois ici, ou dans mon bureau, quelle différence ? Je ne pars pas sur le terrain !
-Si vous me promettez de revenir au moindre problème…
-C’est entendu docteur, dit O’Neill en se levant.
Sam et Jack ne se rencontrèrent pas pendant les deux jours de repos de la jeune femme. Ils n’allèrent pas au mess en même temps, Jack était souvent dans son bureau et la jeune femme se reposait dans ses quartiers. Elle travailla sur son portable à rédiger des comptes-rendus scientifiques, chose qu’elle n’avait jamais le temps de faire. Elle ne dormit pas très bien pendant ces deux journées et avait hâte de reprendre le travail. Le lendemain briefing à 8 heures. Sam était prête.
Le général était dans son bureau quand SG1 arrivèrent pour le briefing. Il téléphonait et leur fit signe à travers la vitre.
Quand il revint il s’assit à sa place en haut de la table, Sam et Daniel à sa droite et Teal’c à sa gauche.
Il démarra immédiatement le briefing
-Daniel vous avez préparé quelque chose sur P9J654 ?
-Oui, Jack mais avant, est-ce qu’on peut avoir une petite explication sur votre absence ? à vous et à Sam. On a parlé d’arrestation ?
Sam jeta un coup d’œil à Jack. Il avait pris son air le plus indifférent et répondit simplement.
-Non, Daniel.
Etonnement du jeune archéologue.
-Non ? Pourquoi ?
-Je n’ai pas d’explications à vous donner, c’est secret défense.
-Ah ! fit Daniel
-Et si vous commenciez Daniel ?
-D’accord Jack.
Daniel se lança dans ses explications habituelles, climat, géologie, population… éventuels Goa’ulds. Tout ce qu’il fallait savoir avant d’aller pour la première fois sur une planète.
-Bien conclut Jack, vous partez dans une heure. Votre mission ne doit pas excéder trois heures. Cela vous laisse suffisamment de temps Daniel, pour les ruines du petit temple près de la porte.
Le visage du jeune homme s’éclaira d’un grand sourie.
-Merci Jack.
Sam traîna un peu pour ranger ses affaires dans l’espoir que le général O’Neill la retienne, mais en vain. Il était déjà dans son bureau en grande discussion avec Harriman.
Elle sortit d’un pas lourd de la salle de briefing et partit se préparer. Le départ était pour bientôt et elle n’avait pas fini son sac.
Quand elle se présenta à la porte d’embarquement Daniel et Teal’c étaient déjà là prêts au départ. Ce serait sans doute une mission simple, la découverte d’une nouvelle planète. Quelque chose qui aurait exalté Sam il y encore quelque temps. Depuis que c’était elle qui dirigeait, les responsabilités endossées l’empêchaient parfois d’apprécier ce qu’elle faisait. Les dangers étaient innombrables et requerrait toute son attention. Malgré tout leur groupe à trois fonctionnait parfaitement, ils étaient rôdés depuis le temps ! mais O’Neill était une force sur laquelle elle aimait s’appuyer, maintenant c’était elle la force et c’était beaucoup moins amusant.
Le général était là prêt à donner le départ.
Les chevrons s’enclenchaient rythmés par la voix du militaire de la salle de contrôle.
Comme le vortex s’ouvrait, Sam se retourna vers O’Neill et le regarda, attendant un signe, un regard, un petit geste comme il faisait souvent à l’heure du départ.
Il ne fit rien cette fois-ci se contenant de leur souhaiter bonne chance. Sam le cœur serré se détourna et commença à monter la rampe. Arrivée en haut elle laissa passer Daniel et Teal’c et se retournant une dernière fois elle fit un signe de la main, comme un au revoir, il ne répondit pas, mais son regard se fixa sur elle et s’adoucit. Elle se permit un sourire et c’est le cœur plus léger qu’elle franchit à son tour le shapaï.
Durant trois mois, ils enchaînèrent les missions, le travail, les rapports, les congés, les sorties à trois, car Jack ne venait plus. Sam ne savait plus trop quoi penser. Il s’était isolé des autres sous prétexte d’un travail intense. C’est vrai qu’il ne quittait guère son bureau, était souvent au téléphone, venait en salle de briefing juste ce qu’il fallait. Autrement dit il l’évitait.
Cela ne surprenait pas Sam, elle s’y attendait, mais c’était dur à supporter. Il se comportait avec elle comme avec une étrangère. Plus de sourires, de regards appuyés, de petite phrases à double sens, pleines de douceur ou d’ironie. Ce flirt léger qu’elle affectionnait et qui lui manquait. Mais elle savait que ce n’était qu’une question de patience, du moins elle l’espérait.
Le soir dans la solitude de ses quartiers, elle sortait de dessous son oreiller le vieux tee-shirt de Jack. C’était la seule chose à lui qu’elle possédait, mais elle aimait le toucher, enfouir son visage dans le tissu, retrouvant la légère odeur de l’after-shave qu’il utilisait. Pour rien au monde elle ne l‘aurait avoué, mais ce morceau de tissu l’aidait à patienter.
Un matin du mois d’avril, ils avaient été convoqués pour un briefing d’urgence. Sam était dans son labo, Teal’c et Daniel encore au mess, quand la voix du haut parleur avait interrompu leurs activités.
-SG1 est demandé en salle de briefing immédiatement. SG1 est demandé….
Dans la salle Jack les attendait. Il était en civil, vêtu d’un jean foncé, et d’un tee-shirt noir. Sam remarqua tout de suite le changement de tenue, son cœur s’emballa, et elle s’assit à sa place tout en s’efforçant de faire le vide dans son esprit. Ne pas se réjouir trop vite. Il pouvait y avoir tout un tas de raison à ce changement de vêtements.
-J’ai pris une décision importante concernant ma carrière dit Jack ,j’ai démissionné.
Les mots mirent un certain temps à arriver jusqu’à Sam. Il avait démissionné !
Cependant Jack ne la regardait pas particulièrement, il fixait un point devant lui.
-Démissionné ! dit Daniel qui réagit le premier.
-Nous allons avoir un autre chef au SGC ? demanda Teal’c.
Sam dévorait Jack des yeux mais ne disait toujours rien.
-En fait je n’en sais rien, ma démission de l’armée a été acceptée. Je pense qu’ils préfèreront un militaire comme commandant. Mais en attendant je reste, car je n’ai reçu aucune instruction.
-J’espère que vous allez rester O’Neill, vous nous manqueriez dit Teal’c.
-Moi aussi j’espère dit Daniel, en se retournant vers Sam comme pour avoir son approbation à elle aussi.
Elle se contenta d’incliner la tête. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Tout ne se déroulait pas comme prévu. Jack allait sûrement quitter le SGC, il était en train de les préparer à son départ. S’il part, je pars aussi pensa t-elle.
Il lui fit signe de venir dans son bureau. Les jambes tremblantes et le cœur battant d’excitation elle le suivit.
-Asseyez-vous Carter dit-il. Lui-même se mit derrière son bureau et posant les mains sur la table il la regarda droit dans les yeux.
- Carter, je suis désolé de vous avoir fait attendre si longtemps, mais ce ne fut pas simple.
-Ils ne voulaient pas vous lâcher dit-elle en souriant
-Il y a un peu de ça répliqua t-il. En fait l’Etat Major voulait me faire quitter le SGC et ma démission a chamboulé tous leurs plans.
-Il vous proposait un autre poste ?
-Oui et c’était une promotion, mais du fait de ma démission cela a tout remis en cause . On m’a donné trois mois pour réfléchir. C’est pour cela que je ne pouvais rien faire. Il fallait que ma conduite et la votre soient irréprochables. Vous savez que la fameuse photo a fait plus de dégâts qu’on ne pouvait le penser au départ.
-Je suis vraiment désolée, tout est de ma faute dit Sam.
-Ne dites pas n’importe quoi !
-Si je ne m’étais pas effondrée ce soir là chez vous…
Elle ne finit pas sa phrase le regard d’O’Neill l’en empêcha.
-Vous avez fini là ? Si ce n’avait pas été ce soir là, cela aurait été une autre fois. De toute façon, il aurait cherché à me faire chanter, d’une manière ou d’une autre.
-Il voulait de l’argent ?
-Non pas d’argent, juste se venger. me démolir. Maintenant Carter, je suis beaucoup plus libre de mes mouvements, mais je ne sais pas si ça va mener quelque part.
Le cœur de Sam menaça de s’arrêter, il reculait ! Elle n’en croyait pas ses oreilles.
-Mais… vous avez démissionné !
-Oui, mais franchement Carter, maintenant que vous connaissez mon passé, on a pas grand-chose en commun. Je suis un vieux bonhomme aigri, vous méritez beaucoup mieux que cela.
-C’est à mon tour de vous dire d’arrêter vos bêtises. Excusez moi, monsieur, mais je sais parfaitement ce que je veux, cela fait huit ans que je vous veux ! huit ans qu’un règlement nous entrave, et maintenant que nous sommes libérés, vous reculez !
Elle s’était levée et rapprochée de lui. Elle le touchait presque et pouvait sentir les effluves de son eau de toilette. Elle le prit par la main et le força à se mettre debout.
-Qu’est ce que vous faites Carter ? dit-il avec un sourire.
-Ce que je fais ? mais ce dont j’ai toujours rêvé, dit-elle en approchant son visage du sien.
Elle leva les yeux sur lui, leurs lèvres se touchaient presque et une force mystérieuse les fit se rapprocher. Ce fut elle qui fit le premier pas, elle posa sa bouche sur ses lèvres et lui fit perdre la tête par ce doux contact. Il s’enflamma aussitôt et oublia tous ses doutes. Elle passa ses bras autour de son cou et leur baiser se fit plus fort, plus sensuel, plus intense. Ils y mirent tout leur amour. Les derniers doutes tombèrent, et ils se laissèrent aller à leur passion qui les consumait depuis de longues années.
Enfin !
-Et maintenant quel est le programme, Jack ? dit Sam en savourant le fait de prononcer pour la première fois le prénom interdit.
-Que dirais-tu d’un petit séjour dans le Minnesota ? et auparavant on pourrait passer par Chicago, j’aimerais bien embrasser Madame Naymith et la remercier.
-C’est un excellent programme Jack, mais nous avons autre chose à faire, pour le moment ? non ?
-Quoi ?
-Ça dit-elle en l’embrassant de nouveau….
FIN